#1068 – KVC Westerlo : de Kemphanen

Les coqs de combat. La ville de Westerlo n’est pas réputée pour l’élevage de coqs de combat et aucune équipe du club ne proposa un jeu qui se comparait au gallinacé. En réalité, il s’agit d’un jeu de mot avec le nom de la région où se situe Westerlo, la Campine. En néerlandais (puisque la Campine est en zone néerlandophone), la Campine se dit de Kempen.

Le nom de la région est une déformation du mot latin Campinia ou Campina, qui signifie « plaine ouverte » ou « terre de champs ». Partagée entre le Nord de la Belgique et le Sud des Pays-Bas, la région occupe en Belgique la majeure partie de la province d’Anvers, du Limbourg et l’extrême Nord du Brabant flamand. Au delà de la frontière néerlandaise, la Campine s’étend du Sud-Est du Brabant septentrional jusqu’au Nord d’Eindhoven. La pauvreté du sol, généralement sablonneux, ne favorisa pas le développement économique de la province jusqu’au XXème siècle (suite à l’exploitation du sable dans l’industrie du verre et la découverte en 1901 du bassin houiller qui permit l’essor de Westerlo). Toutefois, la province est verte avec ses vastes espaces naturelles préservées (forêts, prairies, marais et tourbières) et appréciées des marcheurs. D’ailleurs, Westerlo est surnomée de groene parel der Kempen (qui signifie « la perle verte de la Campine »), en raison des vastes bois qui entourent la commune, dont les principaux sont De Beeltjens, Het Riet et De Kwarekken (zone marécageuse).

Si le surnom se base sur un jeu de mot, il convient de noter que les gallinacés ne sont pas étrangers à la région. En effet, une espèce de poule se nomme campine (kempisch hoen en néerlandais). Originaire de la Campine anversoise, il s’agit d’une petite poule plutôt d’ornement, dont le plumage est soit doré, soit argenté.

#870 – TSG 1899 Hoffenheim : Hoffe, Hoppenheim

Ces deux surnoms sont des combinaisons, des jeux de mot constitués à partir du nom de la ville de Hoffenheim et celui du propriétaire du club, l’entrepreneur Dietmar Hopp. D’un côté, le nom de Hopp s’est inclus assez naturellement dans le nom de la ville, soulignant l’imbrication entre le club et son président. De l’autre côté, Hoffe apparaît comme le diminutif du nom de la ville mais, en allemand, « Ich hoffe » signifie « j’espère ». Or, an anglais, cela se traduit par « I hope » , qui est un homonyme du nom du président. Alors pourquoi le club s’assimile autant à son président-propriétaire et pourquoi, de l’espoir, il fallait en avoir pour diriger ce club. Remontons le temps en 2008. Cette année-là, le TSG 1899 Hoffenheim apparut pour la première fois de son histoire en Bundesliga et parvint à réaliser une superbe phase aller, terminant champion d’automne. La performance était d’autant plus remarquable que Hoffenheim est un village de 3 000 âmes. Oui, en Bundesliga, dans un pays de 80 millions d’habitants, comptant de grands clubs européens comme le Bayern et le Borussia Dortmund, un tout petit poucet menait la danse, en pratiquant un football offensif et direct. Cet exploit fut réalisable car le club était porté à bout de bras par le milliardaire Dietmar Hopp. Fondé en 1945, par la fusion du Turnverein Hoffenheim (1899) et du Fußballverein Hoffenheim (1921), le club demeura dans les bas-fonds des championnats régionaux allemands (8ème division) jusqu’en 1990, date à laquelle Dietmar Hopp arriva à la présidence du club.

Dans sa jeunesse, il avait été un attaquant du club mais surtout, en 1972, il fonda avec 4 autres anciens employés d’IBM, la désormais fameuse société de progiciels SAP. Dietmar Hopp fut le PDG de ce leader mondial des ERP de 1988 à 1998, puis devint le président du conseil de surveillance jusqu’en 2003. Il possède aujourd’hui 5,03% des actions du groupe, qui a fait sa fortune estimée à 18 milliards de dollars US (soit la 86ème fortune mondiale en 2020). Forcément, avec cette force de frappe financière, Hoffenheim grimpa vite les différents échelons, gagnant cinq divisions en onze ans. Dietmar tenta de fusionner plusieurs clubs avec le sien et de s’installer dans une plus grande ville, Heidelberg (150 000 habitants), qui étaient aussi sa ville natale, afin de devenir la référence footballistique du land de Bade-Wurtemberg. Mais, son opération échoua et il consacra alors encore plus de moyens pour permettre à Hoffenheim d’atteindre les sommets. Le succès fut donc au rendez-vous en 2008 et depuis, le club évolue au sein de l’élite, venant parfois titiller les grosses écuries. Dietmar Hopp finança la construction d’un stade de 30 000 places, localisée dans la cité voisine de Sinsheim. Hoffenheim accueillit quelques belles références comme David Alaba, Roberto Firmino, Timo Hildebrand, Luiz Gustavo, Kevin Volland ou Demba Ba. Le club est donc viscéralement lié à son propriétaire milliardaire, qui devait avoir de l’espoir à revendre pour rêver d’emmener ce petit club vers les sommets.

#686 – Ruch Chorzów : Niebiescy

Les bleus. Deuxième club le plus titré de Pologne, avec 14 titres de champion à son actif entre 1933 et 1989, Ruch constitue, depuis un siècle, une véritable vitrine de la ville de Chorzów mais également de la Haute-Silésie et évolue dans un kit bleu et blanc. Il n’existe pas d’explication officielle justifiant ce choix de couleurs. Plusieurs histoires circulent même si une apparaît dominante et remonte à la création du club.

Au début du XXème siècle, la Haute-Silésie, et donc Chorzów, se situait au sein de l’Empire Allemand bien que sa population était majoritairement polonaise (60% vs 40% de germanophone). Forcément, il existait des tensions entre les deux communautés, sur des bases ethniques, religieuses et sociales, et dès la fin du XIXème siècle, les habitants polonais de Chorzów s’animèrent d’un sentiment nationaliste. Le traité de Versailles de 1919 offrit l’opportunité à cette population polonaise de rallier la République de Pologne, de nouveau indépendante depuis 1918. En effet, un référendum connu sous le nom de Plébiscite de Haute-Silésie fut organisé sous l’égide des alliés pour connaître à quel pays souhaitaient être incorporés les habitants de cette région : la République Allemande de Weimar ou la République de Pologne, de nouveau indépendante en 1918. Ce processus conduisit à la division de la Silésie, une partie étant rattachée au territoire polonais en 1922. Durant cette période, les silésiens d’origine polonaises menèrent de nombreux mouvements et soulèvements pour emporter la décision. Ainsi, le Commissariat du Plébiscite polonais (organisme nationaliste pro-Pologne) s’inquiéta de la germanisation de la jeunesse silésienne au travers des associations sportives allemandes et lança un appel le 27 janvier 1920 à la création de nouveaux clubs sportifs polonais en Haute-Silésie (ceci afin d’éveiller la jeunesse à la cause nationaliste). L’appel fut entendu avec, à l’été 1920,112 clubs déjà fondés, rassemblant plus de 15 000 adhérents. Dans ce contexte, le représentant du Commissariat à Chorzów créa le club le 20 avril 1920. Le nom Ruch, qui signifie mouvement en polonais, était censé faire référence aux mouvements insurrectionnels silésiens (mais les autres clubs créés lors de l’appel affichèrent des références plus explicites tels que Polonia (Pologne en Latin), Powstaniec (Insurgés), …). La couleur devait donc être un choix politique également et les membres auraient opté pour le bleu et blanc, couleurs des armes de la Haute-Silésie. Ces dernières se composent d’un aigle jaune sur fond bleu et proviennent directement des armoiries de la Maison Piast. Les Piast étaient la première dynastie régnante historique de la Pologne à compter du Xème siècle. Si le règne royal des Piast en Pologne prit fin en 1370 avec la mort du roi Casimir III le Grand, d’autres branches de la famille dominèrent encore des duchés, en particulier ceux de Mazovie et de Silésie (basse et haute). Toutes ces branches avaient pour armoirie un aigle, seuls les couleurs changées. En Basse-Silésie, l’aigle était noir sur fond jaune et donc en Haute-Silésie, jaune sur fond bleu. Pour la Haute-Silésie, ces armes sont affirmés dès 1222. Quand aux teintes, la plus ancienne représentation en couleur des armoiries est conservée dans le château de Lauf près de Nuremberg, où 114 armoiries des principautés, des évêchés et des villes d’Europe furent sculptées dans la pierre en 1353. Celles du duché d’Opole, dépendant de la Haute-Silésie, présentent encore aujourd’hui des traces de jaune sur l’aigle et de bleu sur l’écu. Cette palette de couleurs est confirmée dans l’Armorial de Gueldre (établi entre 1370 à 1395). Seulement, vous aurez noté une différence de taille : les armes sont de couleurs jaune et bleu tandis que le club évolue en blanc et bleu. Comment expliquer cette différence alors que le jaune figure sur les armoiries des Piasts de Haute-Silésie depuis au moins le XIVème siècle ? Certains prétendent que la couleur jaune ne fut pas permanente sur les armes et qu’il arriva qu’elle fusse remplacée par du blanc. Cela aurait été le cas dans l’entre-deux guerres. Ce qui vient corroboré cette hypothèse est l’Etoile de Haute-Silésie. Il s’agit d’une distinction militaire polonaise établie en 1925 pour décorer les insurgés de Silésie. Elle se composait notamment d’un aigle en argent (ici la matière mais en héraldisme l’argent correspond au blanc) sur une croix bleue et blanche. D’autres avancent que le club aurait remplacé le jaune par du blanc car le mariage du bleu et jaune aurait pu faire référence aux couleurs de l’Ukraine voisine, avec qui les relations n’étaient pas au beau fixe. Dans la même veine, la Basse-Silésie était la région voisine (mais très majoritairement germanophone) dont les armes étaient un aigle noir sur fond jaune. Les populations polonaises de Haute-Silésie n’auraient donc pas souhaité partager une couleur commune avec leur voisin « honni » . Enfin, l’explication la plus simple serait qu’à l’époque, les gardes-robes des joueurs, qui constituaient la « réserve » vestimentaire du club, étaient simples et ne comptait pas de jaune mais plutôt du blanc.

D’autres versions ont fleuri parmi les fans. Tout d’abord, le bleu du club ferait référence aux bleus de travail portés par les joueurs et les supporteurs qui travaillaient majoritairement dans les usines, notamment l’aciérie Huta Bismarck. Sauf que beaucoup indiquent que les employés de Huta dans les années 1920 ne travaillaient pas en uniforme bleu, mais avec ce qu’ils avaient dans leur garde-robe.

Une autre légende se rapporte aux soulèvements de Silésie de l’entre-deux guerres, au cours desquels les insurgés auraient porté des brassards bleus sur leurs manches et les populations les appelaient niebiescy. Résultat, la couleurs et le surnom se seraient reportés vers le club et ses joueurs. Seulement il semble que les insurgés portaient des brassards de différentes couleurs : blanc, blanc et rouge, blanc et bleu.

Une autre histoire fait appel à la rivalité avec le club germanophone de l’AKS Królewska Huta (aujourd’hui AKS Chorzów) qui évoluait en vert. Par opposition, le Ruch aurait opté pour le bleu. Mais, dans ce cas pourquoi pas le rouge, le blanc ou toute autre couleur qui par définition s’oppose au vert ?

Certains estiment que le surnom est venu plus tard, dans les années 1930. A cette époque, le Ruch Chorzów posait la première pierre de sa légende, en remportant 5 Championnats de Pologne (dont 4 d’affilé, 1933 à 1936 et 1938). Au même moment, un autre club de football en Allemagne s’imposa comme l’équipe dominante, à la popularité immense en Allemagne et grandissante dans le reste de l’Europe, Schalke 04. Après un premier championnat d’Allemagne remporté en 1929, Schalke disputa 14 des 18 finales du championnat d’Allemagne entre 1933 et 1942. Pour décrire son écrasante domination, rappelons que de 1935 à 1939, Schalke ne perdit aucun match de championnat. Les supporteurs de Ruch établirent alors le parallèle avec le club allemand qui évoluait également en bleu et dont le surnom était die königsblauen (les bleus royaux). Par mimétisme, les fans de Ruch adoptèrent le surnom niebiescy et le scandèrent à leurs joueurs.

Enfin, l’histoire la moins crédible mais finalement la plus sympathique. Depuis les cieux, le diable (bies) et l’archange Gabriel (Gabryjel) regardait un match. L’équipe de Ruch jouait un superbe football et les joueurs paraissaient inspirés. Gabryjel déclara à l’attention des joueurs de Ruch « Wyście som Anielscy » (Vous êtes des anges). Ce à quoi Bies répondit « Nie ! » (Non !) et Gabriel dit alors « Biescy » (diabolique). Les supporteurs de Ruch entendirent les deux derniers mots Nie et Biescy et crièrent alors à leurs joueurs « niebiescy » (les bleus).

#458 – Górnik Zabrze : Żabolami

Les grenouilles. Ce surnom donné à l’équipe 14 fois champion de Pologne résulte d’un jeu de mot, d’une association de sonorité. En effet, les habitants de la ville de Zabrze se nomment zabrzańscy mais auparavant le gentilé était zabrscy. Pour les supporteurs adverses, la prononciation comme l’orthographe du mot était alors proche de celui de żabol, qui signifie grenouille. Ce surnom qui aurait pu être moqueur fut finalement accepté par les fans du Górnik. L’un des principaux groupes de supporteurs du club, du nom de Torcida, n’hésite pas à le reprendre sur leurs autocollants, bannières ou écussons. Enfin, pour une parfaite information, Zabrze provient du protoslave et son étymologie désigne un établissement situé derrière des arbres, soit un fossé derrière un fourré. Certains dérivés ou termes associés précisent même la présence d’un cours d’eau dans cette zone boisée. Peut-être que dans cet environnement, des grenouilles se sentiraient comme chez elle.

#415 – KV Mechelen : de Kakkers

Les cacas. Le surnom n’est évidemment pas flatteurs et fut donné aux supporteurs du club de Malines. En 1904, des étudiants de 3 écoles catholiques différentes (l’internat Saint-Victor d’Alsemberg, l’Université de Louvain et le collège Saint-Rombout) se réunirent pour créer un club afin de pratiquer leur sport favori, le football. Puis, le 28 janvier 1906, le club s’affilia à la fédération belge de l’URBSFA et le club élit à la tête de son conseil d’administration le chanoine, Francis Dessain. Le club était alors définitivement associé au mouvement catholique. A l’inverse, l’autre club de la ville, le Racing Mechelen, représentait plutôt celui de la classe moyenne de gauche. Dans les années 20, lors des derbys, les supporteurs du Racing surnommèrent péjorativement ceux du KV les kakkers, en faisant un « jeu de mot » entre katholieke (catholique) et kakker (caca). Cette version paraît la plus probable mais ce n’est pas la seule. Les autres histoires sont en revanche bien plus drôles. Dans l’une, un ancien président du KV Mechelen portait un chapeau haut de forme quand il venait assister au match. Puis, il s’asseyait sur son chapeau en guise de chaise, le long du terrain. La scène fut immortalisée par un photographe qui publia l’image dans les journaux le lendemain. Evidemment, les lecteurs imaginèrent tous la même chose : le président du KV faisait caca. Dans l’autre histoire, nous sommes plus proche de la blague que de la légende mais elle mérite d’être raconté. Les deux clubs furent fondés en 1904 et s’affilièrent à la fédération en 1906. Lors de l’affiliation, un numéro unique d’identification était attribué au club et ceux-ci étaient simplement donnés dans l’ordre de la date d’affiliation. Le représentant du KV Mechelen se présenta à la fédération mais s’en alla aux toilettes faire la grosse commission. Pendant ce temps, celui du Racing arriva et affilia le club. Aujourd’hui, le Racing a le numéro matricule 24 tandis que le KV a le matricule 25. Quelque soit la véritable raison de ce surnom, comme souvent, les supporteurs, dont il était censé se moquer, se l’approprièrent et en sont aujourd’hui fiers, au point d’organiser une campagne dénommée « kakken for life » (caca pour la vie) où étaient vendus des rouleaux de papier toilette aux couleurs du club.

#232 – FC Twente : Tukkers, Twentenaren

Le premier est le surnom donnés aux habitants de la région de Twente aux Pays-Bas tandis que le second est leur gentilé en néerlandais. Le club a surtout hérité du premier, Tukkers, et ses fans s’en revendiquent. Twente est une région à l’est des des Pays-Bas qui a son propre dialecte (le Tweants qui est un dérivé du bas-saxon) et une identité forte.

Tukker viendrait du mot « tuk » , qui signifie poche de pantalon. Il semblerait que ce soit une allusion à l’habitude des habitants de la région de marcher dans la rue avec les deux mains dans la poche de pantalon. En fait, cela mettait en avant l’attitude zen, nonchalante parfois attribué aux habitants. Dans le dialecte locale, le mot est devenu un verbe, tukkern, qui signifie « allez-y doucement ».

En 1949, une autre version est avancée. Le linguiste H.L. Bezoen de Twente établissait un lien avec le mot « kneu » (la linotte en Français), un oiseau qui, au Moyen-Âge, se reproduisait couramment aux Pays-Bas. En effet, cet oiseau était dénommé « tukker » à Twente. Le mot kneu vient du brabançon « heikneuter« . Mais, selon ce linguiste, le mot « heikneuter » était aussi un gros mot (qui se rapprocherait de péquenaud ou idiot du village en Français) et il fut donc aussi associé aux habitants de la région rurale de Twente au début du XXème siècle.

Résultat dans les deux cas, le surnom n’était pas flatteur pour les habitants de Twente. Il faut dire que le peuple de Twente était méprisé par les hollandais métropolitains, vu comme un peuple paysan, fermé, au fort accent, particulier (avec son humour sec) et religieux de l’extrême est du pays. Au XXème siècle, les habitants de Twente s’étaient donc demandé si « Tukker » était finalement un bon surnom. Les adversaires du mot estimait qu’il avait trop d’associations négatives. D’autres pensait que le mot correspondait à l’ambition régionaliste de Twente après la Seconde Guerre mondial en donnant une identité forte et propre. Finalement, il est resté pour la région et le club.

#182 – Hammarby IF : Bajen

Hammarby n’est pas le club le plus connu de Stockholm et de Suède (son palmarès est assez réduit) mais il bénéficie d’un fort soutien populaire (la moyenne de spectateurs est de 22 000 par saison, soit la plus haute de Scandinavie) et compte un grand nombre de joueurs dans ses différentes équipes (près de 3 000) ainsi que Zlatan Ibrahimović comme actionnaire (23,5%). Fondé par la section aviron, le club est aujourd’hui omnisports, avec notamment une section de Hockey sur Glace qui fut l’une des plus grandes équipes de Suède. Au lendemain de la Seconde Guerre Mondiale, l’économie suédoise était à plat. Le football ne faisait plus recette, au contraire du Hockey sur Glace qui demeurait le sport le plus populaire. En outre, à compter des années 20, pour Hammarby, la section de football fit le yo-yo entre première et seconde division, sans réaliser aucun exploit marquant. En revanche, la section Hockey enregistra ses plus belles performances, en remportant 7 fois le championnat de Suède entre 1932 et 1945. Résultat, les joueurs de football d’Hammarby émigraient vers d’autres équipes ou se tournaient vers le Hockey. Ainsi, le surnom du club provient du Hockey sur Glace. En 1946, lors de la tournée en Grande-Bretagne réalisée par l’équipe de Hockey, l’un des joueurs stars, Stig-Emanuel « Stickan » Andersson, détourna la pronunciation anglaise de Hammarby (qui se disait Hammerbay en Anglais) pour en faire le diminutif Bajen. Le surnom s’ancra au sein des supporters dans les années 60 et en 1981, l’un des principaux groupes de supporteurs (6 000 membres en 2012) se créa avec le nom de « Bajen Fans ».

#100 – Dunfermline Athletic FC : Pars

Intraduisible et à l’origine floue. En tout cas, les théories ne manquent pas. Tout d’abord, le club arbore un maillot à rayures verticales blanches et noires. Ces rayures sont évidemment parallèles et « Pars » en serait le diminutif.

Mais Pars pourrait être aussi le diminutif de Paralytics (Paralytiques). Ce qualificatif utilisé de façon moqueuse trouve aussi ses racines dans deux versions différentes. La première fait mention du style de jeu déployé par l’équipe qui n’aurait pas été flamboyant. Et donc pour se moquer, les joueurs étaient supposés être paralysés pour justifier de joueur aussi mal. La seconde est plus amusante puisque les joueurs gagnèrent leur réputation non pas sur le terrain mais plutôt au bar. Après des 3ème mi-temps bien arrosé, leur état en fin de soirée ne leur permettait pas d’être bien fringuant. Au point qu’ils n’arrivaient plus à rentrer par leur propre moyen, comme s’ils étaient paralysés.

Pour en revenir au surnom Pars, une autre légende indique que les anglais qui vinrent travailler dans les usines d’armement de Rosyth (proche de Dunfermline) créèrent une association de supporteurs de leur ancien club (Plymouth Argyle) dont les banderoles autour du stade affichaient PAR (Plymouth Argyle Rosyth Supporters Club).

Pars pourrait également venir du nom gaélique de Dunfermline, Dùn Phàrlain. Son étymologie pourrait se rapporter à des fortifications, situées près de la ville. Le premier élément « dùn » traduit du gaélique ferait référence à une colline fortifiée et pourrait correspondre au site surélevée de la tour de Malcolm Canmore à Pittencrieff Park. Pour le reste du nom, cela reste plus mystérieux. Le terme « ferm » pourrait avoir été un nom alternatif pour la Tour Burn, une fortification qui doublait une autre, les deux située de part et d’autre d’une rivière selon un document médiéval publié en 1455.

Enfin, comme il manquait de version, le mot Pars serait dérivé de Parr, qui est un saumon juvénile avec des marques noires sur les écailles, qui rappellent le maillot rayé noir du club. N’oublions pas que le saumon pullule en Écosse (malheureusement souvent en ferme aujourd’hui), les eaux froides des lochs des Highlands et des îles d’Écosse offrant des conditions idéales à la croissance de ce poisson.

Avec toutes ses histoires, je vous laisse choisir votre part.

#71 – Glasgow Rangers : Teddy Bears

Les tendres ours. Comme pour le surnom d’Hibernian (Cabbage – Article #49), il s’agit d’un jeu de mot en argot écossais (rhyming slang). La prononciation de Rangers avec l’accent écossais accentue la dernière syllabe et celle-ci rime avec Bears. Le jeu de mot consiste à remplacer un mot par une phrase, sans rapport avec le mot mais ayant la même sonorité que le mot. Puis, la phrase est réduite à son premier terme pour signifier le mot initial. Par exemple, si vous dîtes « I’m going up the apples » (je monte les pommes), cela signifie « I’m going up the stairs » (je monte les escaliers). En effet, stairs (escalier) rime avec apples and pears (pommes et poires) et, au final, dans le jargon, apples remplace stairs. Dans celui des Rangers, le jeu de mot est plus simple puisqu’il ne joue que sur la sonorité.

Pourquoi le club s’appelle-t-il Rangers ? Galvanisés après avoir vu une équipe locale de Glasgow, Queen’s Park, jouer une nouvelle forme de football, cinq jeunes sportifs enthousiastes (pratiquant essentiellement l’aviron) fondèrent les Rangers en mars 1872 : les frères Moses et Peter McNeil, et les amis Peter Campbell, David Hill et William McBeath. Moses McNeil, qui est considéré comme la force motrice dans la formation du club, aurait vu le nom de « Rangers » dans un magazine intitulé « English Football Annual » rédigé par Charles Alcock (membre fondateur et plus tard secrétaire de la Football Association, et également créateur de la FA Cup). Dans ce livre, publié chaque année depuis 1868, Moses McNeil découvrit une équipe de rugby anglaise dénommée les Swindon Rangers qui jouaient en chaussette blanche, short blanc et maillot blanc avec une étoile bleue sur la poitrine. Le nom aurait tellement plu à Moses qui l’aurait proposé et fait adopté au reste de la troupe. Les fondateurs des Rangers copièrent non seulement le nom des rugbymen de Swindon, mais également leur kit. Selon certain, Moses avait aimé ce nom car Rangers rimait avec strangers (étrangers), ce qui symbolisait le rassemblement sous la houlette du club d’hommes différents (mais tout de même protestants) provenant de toute la ville.

#68 – Bayer Leverkusen : Neverkusen

Il s’agit d’un jeu de mot (ou un mot-valise si on veut être gentil) ayant pour base le nom du club (kusen) et intégrant en première syllabe Never (Jamais). En Allemand, le surnom se transforme en VizeKusen, Vize signifiant Second. Il fait référence à l’incapacité du club à obtenir des titres et à toujours finir dans les places d’honneur.

Evidemment, ce surnom fut donné de manière ironique par les supporteurs adverses à l’équipe du Bayer Leverkusen de la fin des années 90 et début des années 2000. A cette période, l’équipe s’appuyait sur le génial milieu Michael Ballack, le défenseur Jens Nowotny et l’attaquant bulgare Dimitar Berbatov. Le rugueux défenseur brésilien Lúcio, le besogneux milieu défensif Carsten Ramelow, le talentueux Bernd Schneider (surnommé le brésilien blanc), le fin attaquant Oliver Neuville complétaient cette équipe, qui ne manquait donc pas de talent. Avec un tel effectif, les résultats suivirent assez vite mais malheureusement, ne furent pas suffisants pour atteindre la première place.

Le club termina 4 fois vice-champion d’Allemagne (1997, 1999, 2000, 2002) et 1 fois finaliste de la Coupe d’Allemagne (2002). Surtout, ils atteignirent la finale de la Ligue des Champions en 2002, face au Real Madrid. Mais, la sublime reprise de volée de Zinedine Zidane les priva une nouvelle fois d’un trophée. Cette malédiction poursuivit les allemands de l’équipe. A la Coupe du Monde en Corée du Sud et au Japon, l’équipe d’Allemagne qui comptait dans ses rangs 5 joueurs du Bayer (Oliver Neuville, Carsten Ramelow, Bernd Schneider, Hans-Jörg Butt et Michael Ballack) s’inclina en finale face au Brésil. 2 finales perdues en 2002 et une place de vice-champion, de quoi devenir la risée des Allemands. Plutôt que d’être offusqué, le club breveta pour des raisons commerciales ce surnom.

En 2024, quand le club réalisa, sous la houlette de Xabi Alonso, une saison historique, où le club remporta son premier titre de champion d’Allemagne, réalisa le doublé et échoua simplement en finale de Ligue Europa, toute la presse rappela que le surnom n’avait peut-être plus raison d’être.