Les lions de la ville. Dans la ville d’Anvers, le football se réduit souvent au doyen du Royal Anvers (#139) et au club de Beerschot (#685) mais un troisième, souvent oublié ou négligé, a su aussi marquer l’histoire sportive de la ville. Basé dans le quartier de Berchem, le club connut son heure de gloire après la guerre, en terminant 3 fois de suite vice-champion de Belgique (1949, 1950 et 1951).
Au début du XXème siècle, un groupe d’amis, qui se nomment eux-même Vlaamsche Vrienden (amis flamands) souhaitaient pratiquer des sports tout en ne se fondant pas dans les clubs existants à l’époque qui rassemblaient les communautés francophones ou anglophones de la ville. En outre, ces derniers étant plutôt élitistes, ces amis voulaient une association sportive ayant un caractère populaire. Ainsi, le 13 août 1906, dans le café Limburgia situé à la Beernaertstraat, ils fondèrent un club de lutte et d’athlétisme (la section football apparu en 1908). Cette identité flamande se traduisit dans le choix des couleurs, jaune et noir, celles de la Flandre. En effet, les armes de la Flandre sont ornées d’un lion noir sur fond jaune. Probablement que ce lion, symbole des flamands, donna son surnom au club qui se revendiquait être le club flamand d’Anvers (Anvers est surnommé ‘t stad).
Selon la légende, le lion apparaît sur les armes du Comté de Flandre pour la première fois à compter du XIIème siècle. Lors de la troisième croisade, Philippe d’Alsace, comte de Flandre, aurait combattu Nobilion, roi d’Abilene et de Syrie et, après l’avoir tué, aurait pris ses armes avec le lion dessus. Toutefois, le lion (ou un « animal courageux ») serait apparu sur le blason de Philippe dès 1162, soit quelques années avant la croisade (1177). Ainsi, l’autre version serait que le comte Philippe adopta le lion rampant (ie debout) des armoiries de Guillaume d’Ypres, dont Philippe voulait s’accaparer le titre et les terres au détriment du fils de Guillaume. Guillaume aurait peut-être hérité de son père, Philippe d’Ypres, ces armes où le lion était toutefois marchant. Une autre hypothèse prétend que Guillaume se serait inspiré du lion marchant de son oncle, Geoffrey Plantagenêt (fondateur de la Maison Plantagenet qui régna sur le Royaume d’Angleterre), qu’il combattit en 1137. Enfin, une autre hypothèse avance qu’il ramena ce lion d’Angleterre où il émigra après avoir été banni de ses terres flamandes. En tout cas, dès sa première représentation en couleur, au XIIIème siècle, le lion flamand était entièrement noir sur fond jaune. Quand le Comté de Flandre devint une possession d’autres maisons (Bourgogne, Habsbourg, Espagne …), le lion flamand s’intégra dans les armes de ces maisons (le lion figura dans les armoiries des rois d’Espagne jusqu’en 1931). En 1816, le lion flamand devint une partie des armoiries des provinces de Flandre orientale et de Flandre occidentale qui couvraient la majeure partie du territoire de l’ancien comté. En outre, au XIXème siècle, le mouvement nationaliste flamand s’appropria des symboles historiques, dont le lion, comme un instrument de ralliement, de construction d’une identité flamande. En 1838, Hendrik Conscience rédigea un roman historique populaire titré « De leeuw van Vlaanderen » (Le lion de Flandre). Dans cet oeuvre, il fit de la Bataille de Courtrai (1302), également connue sous le nom de bataille des éperons d’or, où les troupes flamandes anéantirent les soldats du Roi de France, une incarnation de la résistance flamande contre l’oppression étrangère. Cette Bataille de Courtrai entre les flamands et les français était une allégorie parfaite pour traduire les tensions entre la France et la jeune Belgique (indépendante en 1830) au XIXème siècle. Ce même contexte conduisit en 1847 Hippoliet van Peene à écrivir l’hymne « De Vlaamse Leeuw » (le lion flamand). Comme pour « la Marseillaise », « De Vlaamse Leeuw » est une chanson de combat nationaliste. À la fin du XIXème siècle, les partisans du mouvement flamand hissaient le drapeau au lion noir sur fond jaune chaque 11 juillet, date anniversaire de la bataille de Courtrai.
