#940 – RFC Seraing : les Métallos

S’il y a deux pays européens dont le football national a souffert ces 20 dernières années, ce sont la Roumanie et la Belgique. Nombre de clubs, notamment des historiques, s’évanouirent dans leurs gouffres financiers. Mais, leurs prestiges et une vie locale orpheline conduisirent à tenter de les ressusciter au travers de fusion, de rachat de licence et d’acquisition du nom/marque qui donna lieu à de nombreux imbroglios juridiques et à l’existence parallèle de club réclamant le même héritage. La ville de Seraing en est un exemple en Belgique. Le club historique naquit entre 1900 et 1904 et obtint le matricule 17 lorsque la fédération tint son registre officielle. Après une première faillite en 1984, le club fut abandonné par son président en 1996 qui le « céda » à son voisin du Standard de Liège. Un autre club, Royale Union Liégeoise (matricule 23), profita du vide pour s’installer à Seraing et endosser l’héritage du précédent club, avec la bénédiction de la municipalité. Toutefois, en 2014, le club de Seraing se fit une nouvelle fois absorbé par une union de 3 autres clubs de la région, entérinant une nouvelle fois la disparition du football à Seraing. Dans la ville de Boussu, le club local était en difficulté financière et se trouva en 2014 racheté par le propriétaire du FC Metz. Voyant le club de Seraing disparaître, le club de Boussu (matricule 167) s’exila alors à Seraing pour occuper la place vacante et bénéficier de l’aura des précédents clubs. Après quelques changements de nom et quelques débats avec la fédération, il récupéra le nom du RFC Seraing. Mais, même s’il s’appropria de nombreux attributs (nom, couleurs, surnom), les supporteurs historiques ne lui reconnaissent pas l’héritage de l’ancien RFC. Toujours club satellite du FC Metz, le RFC Seraing a retrouvé cette année le chemin de l’élite belge et peut-être retrouvé tous ses supporteurs.

Située sur la Meuse, en amont de Liège, la cité Seraing est synonyme en Belgique de fumée d’usines, de mines et de classes ouvrières. Au début du XIXème siècle, Seraing était une modeste bourgade de moins de deux mille habitants, principalement tournée vers l’Agriculture mais également l’extraction de houille. Or, cette ressource abondante, qui donnait l’énergie ainsi qu’un minerai appelé coke, essentielle dans la métallurgie, la présence de minerai de fer, couplée avec une voie de circulation, la Meuse, et une population connaissant le travail de la mine et de la métallurgie depuis des siècles, transformèrent le paysage et l’économie local. En 1809, la Fabrique de Fer d’Ougrée, une métallurgie, ouvrit et plusieurs mines, allant au delà de l’extraction en surface, débutèrent leur exploitation. Mais, ce fut surtout l’installation, en 1817, de deux frères britanniques, John et Charles-James Cockerill, qui révolutionna Seraing et ses alentours. Ils commencèrent par ouvrir, dans le le château de Seraing, l’ancienne résidence d’été des princes-évêques de Liège, un atelier où ils construisaient des machines à vapeur. Ayant un schéma industriel intégré, ils fabriquaient également leur propre fonte et fer. Puis, un haut-fourneau à coke, le premier du genre en Belgique, fut mis à feu en 1826. Cockerill y ajouta des fonderies, forges, laminoirs et ateliers de construction mécanique ainsi qu’une filature. Dans son sillon, d’autres s’établirent comme le Charbonnage de Marihaye (à Ougrée, Espérance et Six-Bonniers), des entreprises métallurgiques (l’Espérance, la Fonderie Quiriny-Goreux et la Fabrique de Fer d’Ougrée), ainsi que la cristallerie du Val-Saint-Lambert. La région croqua alors à pleine dent dans la Révolution Industrielle, faisant de la Belgique la deuxième puissance économique du monde, derrière le Royaume-Uni au milieu du XIXème siècle. Jusqu’à l’aube de la Première Guerre Mondiale, la région demeura un des cœurs industriels de l’Europe, grand producteur de fer, d’acier et de verre. Les 21 hauts-fourneaux produisaient près de 40 % de la production belge d’acier en 1914. Après avoir été démantelée durant le conflit par l’occupant allemand, l’outil industriel belge fut reconstruit et jusqu’à la crise énergétique des années 1970, développa encore sa production. Malgré un regain dans les années 1980, les mines et les usines métallurgiques licencièrent puis fermèrent face à la concurrence asiatique. Aujourd’hui, la production d’houille, de fer et d’acier est nulle. Néanmoins, pendant plus d’un siècle, la région viva au rythme de cette activité. Au fil des installations et du développement des usines, la ville de Seraing attira une population ouvrière nombreuse. En 1846, Seraing comptait 10 000 habitants, en 1868, le double et en 1883, le triple. En 1825, 800 ouvriers travaillaient pour Cockerill et dès l’année suivante son nombre d’employés doublait. En 1840, il était estimé que sept ou huit mille personnes dépendaient de ces ateliers. Puis, de 1842 à 1913, le nombre d’ouvriers travaillant pour Cockerill était quasiment multiplié par 5, pour atteindre 10 427 ouvriers. De 1850 à 1899, le nombre de mineurs passait de 3 000 à près de 5 000. Puis, l’immigration italienne, portugaise et polonaise fournit les bras manquant au développement de l’industrie. A la veille de la crise énergétique de 1973, le nombre de travailleurs étaient de 20 000. Autant dire que nombre de familles dépendaient des activités minières et métallurgiques. Naturellement, les luttes ouvrières furent aussi fortes dans le bassin. Enfin, au bord de la Meuse, les usines et les maisons des ouvriers s’installèrent côte à côte et encore aujourd’hui, les deux sont inextricables. Seraing était donc connu comme la ville du fer et ses habitants y étaient viscéralement attachés.

#805 – RKS Raków Częstochowa : Hutnicy

Les métallurgistes. En 1921, soutenu par l’Organisation de la jeunesse de la Société universitaire des travailleurs, affiliée au Parti Socialiste Polonais (PPS), le club de sport et de football vit le jour sous le nom de Klub Sportowo-Footballowy Racovia. Dans une Pologne qui venait de retrouver son indépendance (1918) et qui s’opposait déjà à ses voisins (Guerre soviéto-polonaise de 1919-1921), la jeune démocratie était fragile et les partis politiques cherchaient à s’imposer par tous les moyens. L’encadrement de la jeunesse était un des moyens de diffuser ses idées. Ainsi, le PPS favorisa l’emergence de ce club dans l’une des grandes villes ouvrières du sud du pays. Le club fut rapidement fréquenté par les adhérents du PPS et par ceux de la section locale du syndicat des métallurgistes. Sous le patronage de ces deux institutions, le club bénéficia des aides également des usines sidérurgiques et métallurgiques de la ville. Le premier terrain fut construit sur un emplacement mis à disposition par la direction de l’aciérie de Częstochowa en échange de son entretien. En 1935, le directeur de l’aciérie de Częstochowa alloua des fonds pour acheter des équipements et aménager le terrain. Mais ce soutien n’était pas inconditionnel. Pendant la grande crise économique, le club connut des difficultés financières et les joueurs devaient acheter leurs tenues et financer par leurs propres moyens leurs déplacements. Pour les aider, un groupe de musique et de théâtre fut créé pour collecter des fonds. Avec l’avènement d’une démocratie populaire après la Seconde Guerre Mondiale, le club demeura évidemment sous le patronage du syndicat de la métallurgie. Le blason traduisit cette appartenance avec les cheminées fumantes des hauts fourneaux qui rappelaient les rayures du maillot. Le nom même du club intégra le terme « acier » (stal) pendant quelques années.

Selon certaine recherche archéologique, la cité de Częstochowa fut un centre de métallurgie dès l’age du bronze. Evidemment la présence en abondance de minerai de fer (ainsi que de charbon et de rivières) en Silésie favorisa le développement de l’industrie métallurgique. Dans la région de Częstochowa, la première forge fut construite en 1374. Dès 1577, 32 forges existaient déjà et les usines locales étaient alors devenues les leaders de la métallurgie polonaise, tant en termes de technologie que d’organisation. Au début du XVIIème siècle, l’un des premiers hauts fourneaux polonais fut établi dans la région de Częstochowa et en 1782, il y en avait 5 autres de plus. En 1840, douze hauts fourneaux fonctionnaient, produisant près de 8 000 tonnes de fonte par an. A partir de la seconde moitié du XIXème siècle, l’industrie métallurgique déclina face à la concurrence des aciéries de Zagłębie Dąbrowskie (Cracovie). En 1878, le haut-fourneau de Mijaczów fut fermé suivi en 1881 par celui de Panki, en 1891 de Przystajnia, en 1895 de Poręba Mrzygłodzka et en 1901 ceux de Stara Kuźnica et Blachownia. L’arrêt de ces derniers hauts fourneaux était lié à la construction d’une grande usine sidérurgique moderne à Raków près de Częstochowa en 1896-1901 employant bientôt environ 2 500 ouvriers. Même si la métallurgie était désormais supplantée par l’industrie textile, elle demeurait une activité majeure de la région. Une grande partie du minerai de fer extrait en Silésie tchèque était d’ailleurs encore exporté vers Częstochowa. La région en elle-même était devenue la plus grande région d’extraction de minerai de fer de Pologne. Aujourd’hui, cette industrie demeure présente. Construite en 1896, l’usine Huta Częstochowa à Raków fonctionne toujours et constitue l’une des plus grandes aciéries et le plus grand fournisseur de tôles fortes en Pologne. Une cokerie subsiste aussi (Koksownia Częstochowa Nowa).

#731 – Pohang Steelers : 강철전사

Guerrier d’acier. Au vue de son nom, steelers, ce surnom apparaît logique. Mais il est encore plus logique quand on connaît les origines du club. Fondé le 1er avril 1973, ce dernier était une association corporatiste d’un chaebol (les fameux conglomérats coréens) dénommé POSCO. Lors de la création du championnat coréen en 1983, il fut l’un des 5 membres fondateurs. Vainqueurs de 5 championnats et de 3 ligues des champions asiatiques, il demeure l’un des grands clubs du jeune football coréen. Mais, pour revenir au début, l’équipe fut montée par la volonté de Park Tae-joon, alors président de POhang iron and Steel COmpany dit POSCO. POSCO n’avait alors que 5 ans d’existence car, dans les années 1960, l’administration sud-coréenne considéra que le développement économique du pays passait par l’indépendance dans la production d’acier. En 1968, POSCO vit donc le jour avec le soutien financier du Japon et du gouvernement. POSCO concentra sa production pour alimenter les besoins des entreprises nationales avec de l’acier compétitif. La croissance du groupe accompagna le développement des chaebols coréens tels que Samsung ou Hyundai. A la fin des années 1980, elle était la 5ème plus grande entreprise sidérurgique au monde, avec une production annuelle approchant les 12 millions de tonnes. Aujourd’hui, POSCO demeure l’un des plus grands sidérurgistes mondiaux, 4ème producteur avec 42 000 millions de tonnes en 2015. Le club de football, qui appartient toujours à POSCO, a suivi le développement de l’entreprise. Initialement semi-professionnel , le club opta pour le statut professionel en 1984 et changea son nom en POSCO Dolphins. Un an plus tard, il fut renommé POSCO Atoms. Enfin, en 1997, le club adopta le nom de Pohang Steelers. Quelques soit le nom du club, son logo comme sa mascotte firent toujours référence au propriétaire du club, au steelers. Les mascottes sont Soedori et Soesooni, personnages mi-humains mi-robots avec un corps en acier, une tête qui symbolise les vagues bleues de la mer de Pohang, et une marque V sur le front, signe de victoire.

#650 – FC Gueugnon : les Forgerons

Fondé en 1940, le club tire son surnom de l’activité économique qui forgea la réputation et la vie de la ville de Gueugnon. En 1724, dans un méandre de l’Arroux, le marquis Jean Hector de Fay de La Tour-Maubourg créa la première usine métallurgique de la région, limitée à une dizaine d’ouvriers, d’un haut-fourneau, d’une forge et d’une fonderie. La présence du bassin houiller de Blanzy ainsi que les ressources en eau offraient à la Saône et Loire les deux principaux éléments nécessaires aux activités métallurgiques. En 1845, un nouveau souffle fut trouvé avec la reprise du site par la société Campionnet et Compagnie qui exploitait déjà une usine à Mornay, à une trentaine de kilomètres de Gueugnon. L’usine fut modernisée et se développa notamment dans le laminage à chaud (afin de produire de la tole noire jusque dans les années 1970). Les effectifs suivirent passant de 80 salariés en 1845 à plus de 600 salariés en 1888.

La vie de l’usine se confondait alors avec celle de la ville de Gueugnon. En 1888, près de 20% de la population travaillaient aux Forges. Ces dernières, dans l’esprit paternaliste du capitalisme français, façonnèrent l’urbanisme de la ville en construisant des maisons ouvrières. Enfin, les différents membres de la famille Campionnet dirigeaient les Forges et également le destin de la ville en étant Maire entre 1852 et 1919. Pendant la Première Guerre mondiale, la production de l’entreprise décupla pour répondre à l’effort de guerre. Néanmoins, l’âge d’or des forges survint entre les années 1950 et 1970 avec des investissements dans le laminage à froid qui permit aux forges de devenir numéro 1 mondial de l’acier inoxydable (inox). 3 750 salariés au début des années 1960 travaillaient dans l’usine. La crise sidérurgique, en 1973, n’épargnera pas Gueugnon et marqua le début du déclin de l’usine. Aujourd’hui, après avoir été racheté par le géant Arcelor Mittal, elle appartient à Aperam, produit près 400 000 tonnes par an avec moins de 800 salariés. Mais, le transfert de près du tiers de sa production vers une usine à Genk en 2022 menace de nouveau l’existence des Forges de Gueugnon.

#626 – Huachipato FC : los Acereros, los Siderúrgicos

Ceux de l’acier, les sidérurgistes. Basé dans la ville de Talcahuano, le club fut fondé le 7 juin 1947 par des salariés de la société Compañía Siderúrgica Huachipato qui détient l’usine sidérurgique de Talcahuano. En raison du coût élevé des produits provenant de l’aciérie vieillissante de Corral, la société chilienne de développement (CORFO) décida de soutenir la construction d’une nouvelle aciérie à Talcahuano. L’usine fut construite en 1947 et officiellement inaugurée en 1950. Principale usine sidérurgique du Chili, sa capacité de production a été multipliée par plus de huit, atteignant aujourd’hui 1 450 000 tonnes d’acier liquide par an. Huachipato est un terme qui vient de la langue mapuche et signifie « piège pour la chasse aux canards ». Grand employeur de la ville, la Compañía Siderúrgica Huachipato encouragea le développement auprès de ses salariés de domaines aussi variés que l’éducation, le sport, l’art et la culture. Ainsi, l’entreprise soutient le club de football mais également la Corporación Cultural Artistas del Acero, une association culturelle créée en 1958 par des ouvriers de l’usine.

Le lien avec le monde de l’acier étant important, l’écusson du club intégra le steelmark. Ce symbole, constitué d’un cercle blanc dans lequel se trouve 3 étoiles ayant la forme d’une astroïde, de couleur jaune, rouge et bleu, fut créé à l’initiative de la société US Steel puis reprit en janvier 1960 par l’American Iron and Steel Institute pour promouvoir les industries de l’acier américaine. Il devait rappeler aux consommateurs l’importance de l’acier dans leur vie quotidienne. Les 3 astroïdes signifient : l’acier allège votre travail, illumine vos loisirs et élargit votre monde. Ils représentent également les trois matériaux utilisés pour produire l’acier : le jaune pour le charbon, le rouge pour le minerai de fer et le bleu pour la ferraille. En 1962, le fabricant d’acier Republic Steel proposa à l’équipe de football américain, Pittsburgh Steelers, de porter sur leur casque le steelmark. Ceci était logique au vue du nom de l’équipe et constituait une bonne publicité pour les producteurs d’acier. CD Huachipato suivit le mouvement et rendit hommage ainsi à ses origines.

#500 – West Bromwich Albion FC : Baggies

Il s’agit bien du short large et long que le club a pour surnom. A la mode chez les adolescents dans les années 1990, ce n’est pas ce phénomène à l’origine de ce sobriquet. Mais, la véritable source est inconnue et plusieurs histoires existent. La première version fait référence aux recettes du club et à leur transport. A la fin du XIXème siècle, son stade de The Hawthorns comptait deux entrées, une derrière chaque but. Les jours de matchs, le personnel du stade partaient des guichets avec la recette et traversaient le stade, escortés par des policiers, jusqu’au niveau de la ligne médiane où se trouvait un petit bureau sous la tribune. La recette, issue de la vente des billets d’entrée, s’élevait à des montant importants et était transporté dans de grands sacs en tissu. En passant devant les tribunes, les supporteurs prenaient l’habitude de crier « Here come the bag men ! » (eh ! les hommes aux sacs) et, ce rituel deviendra avec le temps « Here come the baggies ! » . Une autre histoire se concentre sur les accoutrements des supporteurs du club. La ville de West Bromwich se situe dans le Black Country, cette région industrielle du centre de l’Angleterre. Riche de nombreux minerais (charbon, fer …), les mines y fleurirent puis les industries lourdes de transformation (sidérurgie, métallurgie, aciéries). Dans les hauts fourneaux, les ouvriers y travaillant portaient des vêtements robustes, en moleskine, et larges pour résister aux durs labeurs et à la chaleur. Ou alors, selon d’autres, les vêtements étaient réalisés dans un tissu nommé duck. De couleur claire au départ, le vêtement s’assombrissait au fil des lavages. Pour les réparer, une pièce blanche en duck étaient rajoutée. Ceci donnait un effet volumineux au pantalon, qui donnait l’apparence de sacs de farine. Le surnom baggies serait donc né de ces vêtements amples. Certains avancent que le terme fut attribué par les supporteurs rivaux d’Aston Villa. Quand ceux d’Albion se déplaçaient dans le stade des Villans, en nombre et avec ces vêtements, ils étaient accueillis par des cris « Here come the Baggies of Bromwich » . Enfin, la version la moins connue se reporte aux shorts des joueurs de football. Ces derniers étaient amples et auraient donc influer sur le surnom.

#465 – 1.FC Union Berlin : Eiserne

Les ferreux. Fondé en 1966 pour offrir aux travailleurs de Berlin-Est un club à supporter, l’Union puise ses origines dans le club dénommé FC Olympia Oberschöneweide créé le 17 juin 1906 par l’union de 3 petites associations sportives. Oberschöneweide était alors une municipalité (qui fut intégrée à Berlin en 1920) qui connut un fort développement à la fin du XIXème siècle en raison de son industrialisation. De grandes entreprises, telles qu’AEG ou Niles, achetèrent d’importants terrains alors agricoles, notamment le long des rives de la Spree, pour y construire un ensemble remarquable d’usines à plusieurs étages, de vastes halls de production et de bâtiments administratifs. La ville devint ainsi un important centre industriel, dominé par les entreprises électriques (aussi bien des centrales que des fabricants de matériel électrique), l’industrie métallurgique et la construction mécanique.

Les habitants étaient alors les ouvriers des usines, les industriels faisant construire près de leurs usines des habitations pour leurs employés. Dans ses premières années d’existence, le FC Olympia Oberschöneweide, initialement composé presque entièrement d’étudiants, s’associa en tant qu’équipe de jeunes à d’autres clubs plus matures. Ainsi, après une première association infructueuse, il se lia avec le récent vainqueur du championnat allemand, le BTuFC Union 1892. Son effectif constitua pendant deux ans la quatrième équipe réserve du BTuFC. En février 1909, l’équipe voulut voler de ses propres ailes et se détacha du BTuFC. Par amitié et afin de les honorer, les joueurs reprirent à la fois le nom (le club devenant désormais Union Oberschöneweide) ainsi que les couleurs bleu et blanc de l’Union 92. Or, ce maillot bleu à parement blanc faisait penser aux bleus de travail des ouvriers qui travaillaient dans l’industrie métallurgique d’Oberschöneweide. Ainsi, le surnom Eiserne s’imposa. En 1998, Nina Hagen, la chanteuse punk, associa sa voix avec le nouvel hymne du club, Eisern Union.

Après la Seconde Guerre mondiale, le club se divisa en deux, une partie en RDA et une autre en RFA. Mais, le club est-allemand était fortement affaibli par la perte de la quasi-totalité de l’équipe première. Pour le maintenir en première division, les autorités communistes l’intégèrent au sein de la structure sportive d’une branche industrielle et le club se retrouva associé à la VEB Transformatorenwerk Karl Liebknecht, un fabricant de transformateur électrique. Les couleurs traditionnelles furent également modifiées : le bleu et blanc du club précédent (et du club frère à l’ouest) furent bannis au profit du rouge et blanc, qui demeure jusqu’à présent.

#313 – West Ham United : the Hammers

Les marteaux. Les joueurs de West Ham ne sont pas plus fous que les autres et les plus marteaux étaient le crazy gang de Vinnie Jones, Dennis Wise et consorts (mais qui évoluaient au milieu des années 80 à Wimbledon). Ici, il est fait plutôt référence aux origines du club. Au XIXème siècle, au bord de la Tamise, au niveau des quartiers de Blackhall et Bow Creek, au sud de West Ham, était érigé l’usine de la Thames Ironworks and Shipbuilding Company, à la fois un chantier naval, spécialisé dans les bateaux construits en fer, et une aciérie. Elle se diversifia également dans tous les ouvrages en fer, tels que dans le génie civil, les moteurs marins, les grues, l’électrotechnique et les automobiles.

En 1895, son directeur général, Arnold Hills, se laissa convaincre par l’un de ses contremaîtres, l’arbitre de football local Dave Taylor, de créer un club de football pour les ouvriers de l’usine. Syd King, ancien joueur et président du club, résuma ainsi la création du club : « In the summer of 1895, when the clanging of « hammers » was heard on the banks of Father Thames and the great warships were rearing their heads above the Victoria Dock Road, a few enthusiasts, with the love of football within them, were talking about the grand old game and the formation of a club for the workers of the Thames Iron Works Limited. There were platers and riveters in the Limited who had chased the big ball in the north country. There were men among them who had learned to give the subtle pass and to urge the leather goalwards » (À l’été 1895, lorsque le bruit des « marteaux » se fit entendre sur les rives de Father Thames et que les grands navires de guerre élevaient leurs têtes au-dessus de Victoria Dock Road, quelques passionnés, avec l’amour du football en eux, parlaient sur le vieux grand jeu et la formation d’un club pour les travailleurs de la Thames Iron Works Limited. Il y avait des plaqueurs et des riveteurs dans la Limited qui avaient chassé la grosse balle dans le nord du pays. Il y avait parmi eux des hommes qui avaient appris à donner la passe subtilement et pousser les cuirs vers le but). Les marteaux étaient un des outils principaux de ces ouvriers qui fondèrent West Ham et on retrouve aujourd’hui cet instrument sur l’emblème du club.

Par ailleurs, outre la référence à l’activité de l’enterprise dont est originaire le club, le mot hammers présente aussi l’avantage d’apparaître comme une extension du nom du quartier de West Ham.

#228 – EC Bahia : Esquadrão de Aço

L’équipe d’acier. Bahia gagna ce surnom lors d’un match contre le São Paulo FC en 1946. Le club du Nord-Est brésilien le remporta 7 buts à 2, dominant le match de bout en bout. L’ancien joueur et membre fondateur du club, Aristóteles Góes, devenu journaliste au quotidien local A Tarde, titra son article résumant le match « Esquadrão de Aço« , marquant ainsi la force et la solidité que dégagea l’équipe lors de ce match. Toutefois, ce fut éphémère car le reste de la saison fut plus difficile pour le club, voyant même son rival, Guarany, remporter son premier championnat de l’Etat. En 1947, le surnom fut plus justifié, le club remportant le championnat d’Etat avec 14 victoires en 19 matches, trois nuls et seulement deux défaites. En 1979, le dessinateur Ziraldo créa la mascotte du club, ressemblant à Superman. D’une part, Superman est surnommé l’homme d’acier. D’autre part, il porte un uniforme bleu et rouge, couleurs du club de Bahia. En 2015, Penalty, l’équipementier du club, sortit un maillot du club version third de couleur argenté (Camisa de Aço). Ce fut un véritable succès, les ventes enregistrant des records dès son lancement : 3.000 pièces vendues en 24 heures et plus de 7.500 en une semaine.

#181 – FC Schalke 04 : die Knappen

Les mineurs. Schalke est un quartier de la ville de Gelsenkirchen, située dans le bassin de la Rurh, dans le Land de Rhénanie du Nord-Westphalie. Sur 100 km de long, se concentrent plus de 5,2 millions d’habitants, au sein de grandes villes telles que Dortmund, Essen, Bochum, Duisbourg et donc Gelsenkirchen. Si le taux de chômage est deux fois supérieur à la moyenne allemande, la région demeure un important complexe industriel, qui s’est bâti sur les richesses de son sous-sol (le charbon).

Au début du XIXème siècle, les villes étaient des villages portées sur l’agriculture. Mais, à compter du milieu du XIXème siècle, la découverte des réserves de charbon, ressource indispensable à la révolution industrielle, bouleversa le paysage. En 1850, on dénombrait déjà près de 300 mines, et au fur et à mesure de nouveaux gisements furent découverts et exploités. Les ressources étaient considérables et estimées à 200 milliards de tonne, soit 10 fois celle de la France. Avec l’énergie produite par la consommation du charbon, l’industrie sidérurgique prit son envol et des empires se créèrent tels que Krupp, Thyssen et Stinnes. A son apogée dans les années 50, la mine Prosper-Haniel (situé à Gelsenkirchen) employait près de 500 000 personnes. Elle fut la dernière mine du bassin de la Rurh à fermer le 21 Décembre 2018, clôturant un processus de fermeture des mines enclenché au début des années 90 et une histoire économique débutée près de 150 ans auparavant.

L’importante main d’œuvre aussi bien allemande qu’étrangère (notamment polonaise) qui immigra dans la région pour travailler dans les mines chercha des loisirs qui pourraient la distraire et lui faire oublier les conditions de vie et de travail difficile. Le football fut l’un de ses exutoires. En 1904, 8 jeunes garçons de 14-15 ans, mineurs ou ouvriers dans les industries locales se rencontrèrent pour jouer au football, alors sport de la bourgeoisie. Le 4 mai, ils créèrent l’ancêtre du Schalke 04. Ensuite, le développement du club fut intimement lié à l’essor des mines, notamment au lendemain de la Seconde Guerre mondiale où les infrastructures et les moyens manquaient aux clubs de football.