#474 – FK Sarajevo : Divovi

Les géants. Ce surnom est apparut récemment en 2009 lorsque la chanson « Mi smo divovi » (Nous sommes des géants) est devenu l’hymne du club. Elle a été écrite par le chanteur-compositeur Benjamin Isovic. Ce dernier est le fils du chanteur bosniaque Sevdah Safet Isović mais surtout un supporteur du FK Sarajevo et même président d’une des associations de fans du club. Le refrain dit « Mi smo divovi, svako nam je plijen, nas je cijeli svijet u bordo obojen » (Nous sommes des géants, tout le monde est notre proie, tout notre monde est de couleur bordeaux). Même si la chanson est partisane, le FK Sarajevo est sans conteste l’un des plus grands (si ce n’est le plus grand) club bosniaque.

Sous l’ère yougoslave, le club fut le plus titré de la république bosniaque (2 titres de champion et 2 coupes). Alors que les titres de champion était trustés par les équipes serbes et croates (principalement Partizan, Etoile Rouge et Hajduk Split), lors de la saison 1966-1967, le FK Sarajevo fut la première équipe bosniaque et surtout non croate et non serbe à remporter le championnat yougoslave. Cette même année, le club faillit réaliser le doublé en atteignant la finale de la Coupe de Yougoslavie. Après la dislocation de la Yougoslavie au milieu des années 90, le FK Sarajevo devint l’un des clubs principaux de la Bosnie-Herzégovine en remportant 5 championnats de Bosnie (1998-1999, 2006-2007, 2014-2015, 2018-2019 et 2019-2020), 7 Coupes de Bosnie (1997, 1998, 2002, 2005, 2014, 2019 et 2021) et une Supercoupe de Bosnie. Sur le plan européen, le club fit pour meilleur résultat deux 8ème de finale : une en Coupe des Clubs Champions en 1968 et une autre en Coupe de l’UEFA en 1983. Palmarès modeste mais au plan bosniaque, il demeure le plus grand représentant dans les compétitions européennes.

#433 – Cadix CF : el Submarino Amarillo

Le sous-marin jaune. Le surnom fait naturellement référence à la couleur jaune des maillots du club andalous. Mais, contrairement à Villarreal (cf. article #120), ce surnom n’est pas uniquement lié à la couleur et venu de l’influence de la chanson des Beatles. Fondé en 1910, le club évolua tout d’abord dans des maillots blancs, certainement car ce tissu était facile à trouver. En 1924, Cadix CF fusionna avec Mirandilla FC, qui lui, créé avec le soutien de la congrégation lasallienne (Jean-Baptiste de La Salle) arborait les couleurs de cette école, jaune et bleu. Mouvement chrétien, le jaune symbolisait la terre et la foi tandis que le bleu représentait le ciel. Le nouveau club, qui associa le nom des deux équipes au départ, conserva les couleurs jaunes et bleus à l’issu de l’Assemblée Extraordinaire du 25 juin 1936 où le club prit définitivement le nom de Cadix CF. Aujourd’hui, l’hymne officiel du club avance « Los colores que lleva el equipo, amarillo y azul se impondrán. Como el sol, el color amarillo y el azul del color de su mar » (Les couleurs que l’équipe porte, le jaune et le bleu, s’imposeront. Comme le soleil, la couleur jaune et le bleu la couleur de la mer).

Le surnom apparaîtrait au début des années 80. De la saison 1977-1978 à 1984-1985, l’équipe effectua le yoyo entre la première et seconde division tel un sous-marin qui immerge et émerge. Mais, les références claires à ce surnom eurent lieu dans la seconde moitié des années 80. Lors de la saison 1984-1985, le club remonta en première division mais cette fois, elle demeura pendant huit années au sein de l’élite. Même si le club viva lors de ses huit saisons un de ses plus belles périodes, leur maintien fut souvent difficile et miraculeux, avec un budget bien en deçà des autres équipes. Durant ces huit ans, le club apparaissait toujours « immergé » au plus profond du classement, mais finissait par « émerger » dans les dernières journée à la surface des non-relégables, comme un sous-marin. Par exemple, en 1987, le club termina dernier lors de la saison régulière et également dans les play-offs de relégation. Mais, suite à des décisions contestables de la fédération espagnole, le président de Cadix réussit à faire jouer un nouveau play-off (connu sous le nom de la Liguilla de la Muerte) entre les 3 derniers du classement et, à l’issu de ce tournoi, Cadix se maintint en première division au dépend du Racing Santander. Lors de la saison 1990-1991, même si l’équipe perdit sa confrontation face à un concurrent direct au maintien, Cadix parvint à remporter 3 de ses 5 derniers matchs (dont une victoire 4-0 contre le futur champion, le FC Barcelone) plus un nul pour terminer à la 18ème place (sur 20). Cette performance lui permit de ne pas être relégué directement et de jouer un barrage face à Malaga, 4ème de la seconde division. A l’issu des deux matchs, les deux équipes ne se départagèrent pas et Cadix sauva sa tête uniquement lors de la séance des tirs au but, lors du dernier pénalty. Par conséquent, le surnom de « Submarino Amarillo » apparut presque spontanément parmi les médias et les fans, car il était non seulement associé à l’équipe par la couleur, mais aussi par la connotation au mouvement de l’équipe dans le classement.

#346 – Guarani FC : Bugre

Bugre est un mot populaire au Brésil pour désigner les indigènes, en particulier les amérindiens vivant entre le Rio Tietê et la frontière uruguayenne. Le Rio Tietê est ce fleuve qui se trouve au nord de la ville de Campinas, où est basé le club du Guarani FC. En 1911 (le 1er avril mais officiellement le 2 pour éviter les blagues de poisson d’avril), 12 jeunes garçons brésiliens et principalement italiens ou d’origine italienne (un des fondateurs est d’ascendance allemande) se réunirent pour fonder le club sur la Praça Carlos Gomes, une place de Campinas nommée en l’honneur de Carlos Gomes, un compositeur brésilien du XIXème siècle, le plus célèbre personnage né à Campinas. Cette place eut une influence sur le club car, pour le choix du nom de la nouvelle association, les fondateurs choisirent Guarani Futebol Clube en l’honneur de l’opéra le plus connu du compositeur Carlos Gomes « O Guarani » . En outre, cette référence à Carlos Gomes rappelait également les origines nationales des fondateurs puisque le compositeur était brésilien (de Campinas donc) mais vécu une grande partie de sa vie en Italie (à Milan) pour y composer et faire jouer ses oeuvres à la Scala. En effet, parmi les 12 jeunes fondateurs, ont trouvé les italiens ou d’origine italienne Vicente Matallo, Antonio de Lucca, Pompeo de Vito, son frère Romeo Antonio de Vito, Angelo Panattoni, José Trani, Luiz Bertoni, José Giardini, Miguel Grecco, Julio Palmieri et Hernani Felippo Matallo. Le douzieme homme était Alfredo Seiffert Jaboby Junior mais il était le seul dont la famille était originaire d’Allemagne.

« O Guarani » (Le Guarani) est un opéra-ballet en quatre actes, d’après le roman éponyme de José de Alencar. Se déroulant au XVIème siècle sur fond de colonisation du Brésil par les Portugais, cet oeuvre raconte l’histoire d’amour impossible entre une jeune femme portugaise, promise en mariage à un noble, et un chef indien Guarani, Pery. Aujourd’hui, la population amérindienne Guarani existe toujours (estimé à 80.000 personnes) même si elle est menacée par l’exploitation forestière et se répartit dans les régions amazoniennes du Brésil, d’Argentine, de Bolivie, de l’Uruguay et du Paraguay. Avec un tel nom de club, le terme de Bugre s’imposa rapidement et d’autres en dérivèrent tels que Bugrao (petit Bugre) ou Família Bugrina (la famille indigène).

#120 – Villarreal CF : Submarino amarillo

Le sous-marin jaune. En valencien, le terme est submarí groguet. De sa création en 1923 jusqu’en 1946, Villarreal jouait en maillot blanc et short noir. Puis, en 1946, le club opta pour le jaune. Ce changement de couleur ne résultait pas d’un choix symbolique, comme de reprendre l’une des couleurs des armoiries de la ville (constituées des fameuses pals d’Aragon, 4 rayures verticales rouges sur fond jaune) mais d’une pure coïncidence. Manuel Vilanova, directeur au sein du club de Villarreal, étudiait pour devenir entraîneur à Valence. Le club le chargea lors d’un de ses séjours à Valence d’acheter des maillots pour l’équipe. Mais, juste après la guerre, il y avait quelques pénuries et en l’occurence, il ne trouva pas de maillot blanc dans la boutique habituelle. Le magasin lui proposa alors des maillots de couleur jaune, qui présentaient l’avantage d’être disponibles et moins onéreux. Ce jeu de maillots avec le changement fut acceptés par la direction du club.

Cette uniforme intégralement jaune engendra aussi la naissance de ce surnom lors de la saison 1967-1968. À cette époque, le club de Castellón n’était qu’une humble et simple équipe de football de village, luttant dans les divisions régionales et cherchait à remonter en troisième division. Egalement, l’année 1966 fut marquée par la chanson des Beatles « Yellow Submarine » qui eut une grande popularité en très peu de temps, restant pendant des mois au n°1 des principaux charts mondiaux. Le thème de la chanson atteignit son apogée deux ans plus tard, en 1968, avec la production d’un film d’animation (réalisé par George Dunning), du même nom, présentant un fond psychédélique avant-gardiste, et mettant en vedette les quatre garçons de Liverpool. Bien que l’Espagne à cette période connaissait la dictature de Franco et subissait une censure forte, la chanson fit également son chemin parmi les jeunes Espagnols de l’époque. Notamment grace au groupe espagnol Los Mustang qui enregistra la même année 1968 une version en espagnol qui popularisa la chanson des Beatles (130 000 copies vendus, le double de la chanson originale), et en particulier le refrain.

Donc, lors de cette année 1967, les joueurs comme les supporteurs se retrouvaient régulièrement au bar La Granja et mettaient le juke-box pour animer les soirées. Et naturellement, le titre des Beatles faisaient fureurs. Résultat, après la promotion acquise, les supporteurs de Villareal se retrouvèrent au bar et se mirent à crier le refrain en espagnol « Amarillo el Submarino es, amarillo es, amarillo es » (Jaune le sous marin est, jaune est, jaune est). La chanson fut reprise dans le stade de Villareal et une Peña (la peña hispania) fit également voler des ballons, au dessus du stade, auxquels étaient accrochés une bannière. Celle-ci affichait un sous-marin jaune accompagné d’un message : « El Submarino Amarillo avanza a toda presión y ha conseguido el ascenso a tercera división. 1º Campeón » (Le sous-marin jaune avance sous la pression et accède à la 3ème division, Champion). Ainsi, cette référence musicale faisait non seulement le lien avec la couleur de l’équipe, mais aussi à sa capacité à émerger à la fin de chaque saison. Dès 1970, la presse reprenait ce surnom. En 2001, la mascotte du club prit la forme d’un sous-marin à l’expression humaine. Et aujourd’hui, lorsque les joueurs de Villarreal entrent sur le terrain, la chanson résonne dans le stade de la Ceremica.