#141 – Newcastle United : the Magpies

Les pies. En observant le plumage noir et blanc de l’oiseau, on comprends très vite la raison de ce surnom puisque le club du nord de l’Angleterre évolue dans des maillots rayés blancs et noirs. Comme souvent, il ne s’agit pas des couleurs originels du club. Newcastle United naquit en 1892 de la fusion de deux clubs de la ville, Newcastle East End FC et Newcastle West End FC. Une fusion ? Plutôt une absorption de West End par East Eand. En effet, les deux clubs étaient rivaux mais West End connut des difficultés financières qui poussèrent les dirigeants à demander un rapprochement avec East End. Cette fusion se concrétisa donc en 1892. Si le club changea de nom pour United, afin de rappeler que les deux clubs étaient maintenant unis, la nouvelle institution garda pourtant les couleurs du vainqueur, East End, ie un maillot rouge et un short blanc (ou peut-être rayé). Les uniformes étaient chers et, si les membres des deux clubs souhaitaient s’unir et effacer leur vieille rivalité, les finances du clubs ne permettaient certainement pas d’achever cette union en changeant de couleur. Toutefois, lors de plusieurs matchs (notamment face à Liverpool ou Arsenal), les deux adversaires se retrouvaient à joueur sous les mêmes couleurs rouges, ce qui évidemment posait des difficultés d’organisation : une des deux équipes devaient trouver un kit de rechange (or, comme dit plus haut, les équipements étaient chers et les clubs n’avait pas plusieurs kits, et encore moins des maillots à domicile et d’autre pour jouer à l’extérieur – on ne parle donc même pas de version third). Il s’avéra qu’un jour de match, Newcastle trouva, comme rechange, un kit de maillots rayés noirs et blancs. On ne sait pas d’où provenait ce kit de rechange. Il semblerait que l’équipe junior jouait avec de tel maillot et l’équipe senior les emprunta. Il se pourrait aussi que Newcastle les avait empruntés à la ligue régionale du comté de Northumberland, auquel Newcastle était attaché. Au final, un passage permanent au noir et blanc suivit rapidement, très probablement pour réduire les conflits de maillots avec les équipes évoluant en rouge, et peut-être aussi afin d’apaiser les anciens supporteurs de West End qui ne se retrouvaient pas dans les couleurs de leur rival de East End. La décision fut donc prise en 1894, comme le révèle le procès-verbal de la réunion du club: « Il a été convenu que les couleurs du club devraient être changées des chemises rouges et des culottes blanches en chemises noires et blanches (rayures de deux pouces) et des culottes foncées ».

Mais pourquoi les maillots de rechange étaient de couleurs noire et blanche ? Là aussi, il existe de nombreuses versions. L’une d’elle se rattache au comté de Northumberland. Ce dernier possède un tartan officiel, également connu sous le nom de Shepherd Plaid ou Border Tartan. Il s’agit d’un tissage croisé à partir de laine de mouton noire et blanche non teinte, affichant au final des petits carreaux noirs et blancs. Une autre théorie remonte à la guerre civile anglaise et au marquis de Newcastle, William Cavendish, et à son régiment Whitecoats. Le régiment portait des manteaux de laine non teints (qu’ils juraient de teindre en rouge avec le sang de l’ennemi) et combattait sous la crête héraldique Cavendish, qui était principalement en noir et blanc. Enfin, une autre version implique une paire de pies qui nichait au stade de St James’ Park et fut « adoptée » par les joueurs de Newcastle. Cette version, qui n’est pas plus admise que les autres, pourrait boucler la boucle avec le surnom.

#41 – Partizan Belgrade : Crno-beli

Les noirs et blancs, le club évolue dans un maillot rayé verticalement en noir et blanc. Créé en 1945, le club se chercha en termes de couleurs dans ses premières années. Il joua dans des maillots entièrement rouges, bleus ou blancs. En 1950, le club adopta brièvement un maillot entièrement blanc avec une bande diagonale bleue À partir de 1952, les premiers maillots rayés apparaissent en rouge et bleu. Enfin, en 1957, le maillot rayé noir et blanc va s’imposer. Le club était en tournée en Amérique du Sud et après un match amical face à la Juventus de Turin, le président du club italien, Umberto Agnelli, fait don au club de Belgrade de deux jeux de maillots noirs et blancs. En effet, les italiens furent séduit par le jeu des yougoslaves. Les joueurs du Partizan furent eux séduits par la qualité et les couleurs des maillots du club italien. Ils demandèrent alors de définitivement porter ses maillots. Et le Partizan ne quitta plus jamais ces nouvelles couleurs.

#36 – Juventus Turin : Zebre

Plus rarement utilisé que d’autres surnoms, cet animal n’en est pas moins un symbole du club. Evidemment, Turin ne constitue pas une zone d’habitation du zèbre et ce surnom doit à la couleur et au motif du pelage de l’animal (des rayures noires et blanches) similaires au maillot du club italien. Ce fameux maillot rayé noir et blanc n’a pas été adopté immédiatement par le club. Les premières couleurs du club fut le rose et noir. Aujourd’hui, la couleur rose est devenu à la mode mais à l’époque, ce choix constituait plus qu’une singularité. En réalité, les contraintes financières s’imposèrent aux fondateurs qui durent choisir le tissu le moins onéreux, le vichy rose. Mais la mauvaise qualité des maillots fit qu’au fil des rencontres, le rose devient blanchâtre. En outre, le rose atteignait la virilité du club et de ses joueurs. En 1903, insatisfaits, les dirigeants décidèrent de changer de couleur.

Là, les versions diffèrent. Une légende raconte qu’ils commandèrent à leur fournisseur anglais des maillots rouges semblables à ceux du club de Nottingham Forets, et par malheur, une erreur fit qu’on leur livra des maillots rayés blancs et noirs, de l’autre club de la ville, Notts County. A la réception de la commande, les turinois ne furent pas ravis mais, comme le premier match de championnat était proche, il était trop tard pour les renvoyer.

L’autre version repose sur John Savage, un négociant en gros de produits textiles à Turin et joueur de football. Après avoir joué pour le Torino, il rejoignit la Juventus en 1901. Originaire de Nottingham, John Savage fournit les nouveaux maillots au club, en prenant ceux de son équipe de cœur, Notts County. Ses nouvelles couleurs furent perçues comme un symbole de « simplicité, d’austérité, d’agressivité et surtout, de pouvoir ».

L’association du Zèbre avec le club apparut en 1928. Le 10 octobre 1928, l’hebdomadaire « Guerin Sportivo » sortit dans les kiosques avec en une, un article se proposant de décrire l’héraldisme des équipes de football italiennes. L’humoriste et illustrateur Carlo « Carlin » Bergoglio avait décidé d’associer aux principales équipes un animal qui devait être leur mascotte. Pour la Juve, le choix fut le Zèbre, pour son pelage donc.

#25 – São Paulo FC : Tricolor

Comme pour beaucoup d’équipe, ce surnom, les tricolores, provient des couleurs du club : blanc, rouge et noir. Le 25 Janvier 1930, le club fut fondé par la fusion de l’AA de Palmeiras et du CA Paulistano. En mémoire de ces deux clubs, les couleurs du club furent choisi en unifiant les couleurs de ces derniers : le maillot blanc à ceinture rouge du CA Paulistano et le maillot blanc avec une rayure noire de l’AA de Palmeiras. Ceci symbolisait l’union des deux équipes en une plus grande. Mais, cela tombait bien aussi car ces trois couleurs sont celles de l’Etat de São Paolo.

A la fin de l’Empire du Brésil (1825-1889), plusieurs républicains essayaient d’imposer, de promouvoir la création de nouveaux symboles (dont les drapeaux des Etats) qui soutiendrait l’affaiblissement de la monarchie et l’avènement de la république. Dans ce contexte, l’écrivain et journaliste républicain Júlio Ribeiro, fondateur et rédacteur en chef du journal « O Rebate », publia dans sa première édition du 16 juillet 1888, une série de critiques de la bannière impériale et proposa un nouveau drapeau républicain pour l’Etat de São Paolo. Son projet ressemblait au drapeau de la démocratie voisine des Etats-Unis. Des bandes noires et blanches avec un carré rouge dans son angle en haut à gauche dans lequel se trouvait quatre étoiles et le dessin de l’Etat. Les 3 couleurs principales avaient une symbolique particulière, alors que l’esclavage vennait d’être aboli en 1888. Il décrivit ainsi dans son journal que son projet « simboliza de modo perfeito a gênese do povo brasileiro, as três raças de que ela se compõe – branca, preta e vermelha. » (symbolise parfaitement la genèse du peuple brésilien, les trois races dont il est composé – blanche [les Européens], noire [les Africains] et rouge [les Amérindiens]).

Deux autres surnoms : Tricolor Paulista (tricolor pauliste, gentilé des habitants de São Paolo) et Tricolor do Morumbi (le Morumbi étant le nom du stade où évolue le club).

#23 – Grêmio Porto Alegre : Tricolor

Il est assez simple de comprendre que le surnom Tricolor qui signifie tricolore est associé aux 3 couleurs du club, bleu, blanc et noir. Mais, le choix de ces couleurs ne se fit pas sans heurts et difficultés. Le 22 septembre 1903, soit 7 jours après la création officiel du club, une réunion se tint avec les 32 fondateurs. Joaquim Ribeiro proposa de retenir les couleurs Havane (presque orange), bleu (ainsi que le short noir et une cravate blanche), à priori en l’honneur du club anglais d’Exeter. Toutefois, cette version paraît étonnante car Exeter n’a jamais joué dans ces couleurs havane et bleu (selon l’excellent site http://www.historicalkits.co.uk). Cândido Dias, qui était l’initiateur de la création du club, voulait du rouge, du noir et du blanc (comme il était de São Paulo, Cândido Dias voulait voir les couleurs de son état dans ce nouveau club). Toutefois, la proposition de Joaquim Ribeiro fut adoptée, le rouge échouant pour 3 voix. Mais, le club se rendit compte que la couleur Havane était difficile à se procurer et décida finalement de le supprimer du maillot, se limitant au bleu, noir et blanc.

De ce surnom en est tiré un autre : Tricolor dos pampas (les tricolores de la pampa). La ville de Porto Alegre est situé dans la région du Rio Grande do Sul, constitué d’une vaste Pampa.

#3 – AC Milan : Rossoneri

Les rouges et noires. Les couleurs du club constituent assez naturellement un des surnoms, particulièrement en Italie. C’est le cas de l’AC Milan, Rossoneri signifiant les rouges et noires. Pourquoi le club évolue-t-il dans ces couleurs ? L’adoption des couleurs rouge et noir fut la volonté d’Herbert Kilpin, fondateur, joueur et premier président du club. Il déclara que « le rouge pour rappeler le diable, le noir pour inspirer la peur » et « le Milan sera comme un incendie sous un ciel orageux ! » .

A la fin des années 1980 et début des années 1990, emmené par une pléiade de stars (en particulier son trio néerlandais Van Basten, Gullit et Rijkaard), Milan apparaissait comme la plus grande équipe d’Europe voire du Monde. Les finales de Coupes d’Europe (finale de C1 en 1989, 1990, 1993, 1994, 1995) s’enchainèrent et quelques trophées supplémentaires vinrent enrichir un peu plus la vitrine déjà bien remplie du club. Une légende raconta à l’époque que Milan abandonnait son éternel maillot rayé noir et rouge lors des finales pour enfiler sa chemise secondaire intégralement blanche par superstition. Il est vrai que la première finale européenne de Milan en 1958 fut perdue face au grand Real en portant son maillot traditionnel. En 1963, face au Benfica qui conserva sa tunique rouge, Milan dut se résoudre à porter son maillot blanc mais avec à la clé sa première victoire dans l’épreuve reine. De cette histoire serait née la fameuse légende. L’histoire se confirma en 1989 et 1990 lors des deux nouvelles victoires en C1 respectivement face au Steaua Bucarest et au Benfica, Milan arborant son kit intégralement blanc. De même en 1994 lors de cette grande victoire face à Barcelone. D’ailleurs en 1993, Marseille remporta le match en finale alors que Milan jouait en noir et rouge. Mais, il faut tordre la réalité des faits pour croire en cette légende. En effet, en 1969, Milan remporta sa 2ème C1 avec son maillot traditionnel tout comme lors de la finale de Coupe des Coupes un an auparavant. Enfin, en 1995, la défaite face à l’Ajax en finale de C1 se fit en maillot blanc.