#446 – FC Admira Wacker Mödling : Admiraner

Le surnom est dérivé du nom du club, Admira. Il s’agit du terme latin pour « admirer ». Comme nous en avons parlé dans plusieurs articles, le nom des clubs de football fondés à la fin du XIXème siècle et au début du XXème associait souvent un terme anglais, pour rappeler la patrie d’origine du football ou s’inspirer des noms des clubs anglais, ou un terme latin pour rendre le nom plus chic ou aristocrate (cf article #111). Ce fut peut-être le cas du club créé à Vienne et qui émigra dans les années 1960 à Mödling. En 1905, un nouveau club fut fondé dans le quartier viennois de Jedlesee, par la fusion de deux anciennes associations, Burschenschaft Einigkeit et Sportklub Vindobona. Il s’avéra difficile de trouver un nom lors de la première réunion du club. Finalement, un homme qui revenait des Etats-Unis proposa de retenir le nom du navire sur lequel il fit son voyage transatlantique, « Admira ». Cette suggestion remporta une large approbation et cloua le débat.

#440 – MTK Budapest : MTK

Le surnom est simpliste quand il reprend simplement les initiales du nom du club. Mais ce MTK a une forte portée symbolique lors de la création du club et perdura pendant quasiment toute la vie de l’association. A la fin du XIXème siècle, l’activité sportive était monopolisée par l’aristocratie chrétienne de Budapest. Du fait de leurs origines juives et/ou non-aristocrates, de nombreux pratiquants ne pouvaient pas franchir les portes des associations sportives existantes. Dans l’appartement de Kálmán Szekrényessy, une nouvelle association fut créée le 16 novembre 1888, le MTK. La renommée nationale et internationale de l’athlète Szekrényessy ainsi que ses aspirations démocratiques et son origine noble hongroise constituaient une garantie pour la légalisation de ce nouveau club en dehors des cercles chrétiens. Pour le nom, les fondateurs voulurent éviter de faire référence à leur confession juive aussi bien pour signifier que le club était ouvert à tous que pour ne pas subir de répression antisémite. En outre, dans une montée des nationalismes au sein de l’Empire Austro-Hongrois, ils retinrent un nom à consonnance hongroise Magyar Testgyakorlók Köre (Cercle des praticiens physiques hongrois). C’était une innovation pour l’époque alors que les clubs de gymnastiques étaient sous l’influence allemande et ceux d’athlétisme sous domination anglaise. Malgré quelques évolutions au fil du temps, le trigramme MTK demeura quasiment pendant toute la vie du club à l’exception du début des années 1950. De 1950 à 1956, suite à sa renaissance après la seconde guerre mondiale, les autorités communistes placèrent d’abord le club sous la tutelle du Ministère de l’Intérieur puis du Syndicat des ouvriers textiles, ce qui conduit à changer le nom du club et ses couleurs. Mais, la puissance du nom et des couleurs de l’un des plus grands clubs hongrois l’emportèrent et le MTK redevint le MTK en 1956.

#438 – ASEC Mimosas : les Mimos

Diminutif du nom du club. Depuis la création du championnat ivoirien, deux formations luttent pour le titre national l’ASEC Mimosas et l’Africa Sport. Les Mimos devancent leur rival au plan national (avec 24 titres contre 18) et à l’international (avec la victoire en 1998 de la Ligue des Champions). Un groupe d’employés de commerce et de fonctionnaires aux origines multiples (Bénin, Burkina Faso, Côte d’Ivoire, Ghana, Togo, Sénégal, Liban et France), passionnés de football, fondèrent le club le 1er janvier 1948. Le nom ASEC découlait de leurs fonctions (ASEC est l’acronyme de Amicale Sportive des Employés de Commerce). A cet acronyme, les fondateurs collèrent le nom d’un arbuste aux fleurs jaunes, le mimosa (connu surtout sous le nom d’Acacia), qui pullulaient dans la région. Depuis longtemps, en Côte-d’Ivoire, les pratiques agricoles traditionnelles utilisaient la jachère pour reposer le sol. Ce dernier était aussi riche que dans les régions tempérées mais il était aussi plus fragile. D’abord, l’ardeur du soleil équatorial tendait à les brûler en surface, tandis que la chaleur, toujours élevée, accélérait la décomposition de la réserve chimique du sous-sol. De plus, le manque d’arbustes ou d’herbes protégeaient mal le sol contre la violence des averses mais également leurs racines ne retenaient pas assez les principes fertilisants en surface. Ainsi, dans les années 1940-50, les français introduisirent le mimosa en masse, en tant que plante de couverture pour améliorer la fertilité du sol. En effet, la culture des plantes de couvertures entre périodes de plantation permettaient notamment de retenir ou de faire remonter à la surface les éléments fertilisants, de favoriser l’infiltration de l’eau et de briser les cycles de certains ravageurs et maladies.

#432 – Sanfrecce Hiroshima : サンフレッチェ

Sanfrecce, Sanfre. Comme pour la plupart des clubs japonais, le surnom provient directement de leur nom. Il s’agit d’un mot valise, rassemblant un mot japonais (San, qui signifie 3) et un mot italien frecce (レッチェ, qui signifie flèches). Le nom du club veut dire 3 flèches, que l’on retrouve croisées sur le blason du club.

La préfecture d’Hiroshima se situe dans la région du Chūgoku. Cette dernière fut unifiée et dirigée au XVIème siècle par un Daimyo nommé Mōri Motonari (毛利元就). Issu du clan Mōri, ce dernier en prit la tête en 1523. La région était alors dominée par deux familles puissantes : les Amago (尼子氏) et les Ōuchi (大内氏). Motonari s’allia à la famille Ōuchi et devint ennemi des Amago. Ces derniers tentèrent d’anéantir le clan Mōri en attaquant leur principal chateau mais avec l’aide des Ōuchi, Motonari les vainquit. Il monta alors en grade au sein des Ōuchi et étendit son pouvoir sur les terres des Amago. Puis, par un subtil jeu d’alliance (il maria ses fils à différents clans soumis aux Ōuchi), Motonari accentua la puissance de sa famille.

En 1551, Ōuchi Yoshitaka, le suzerain de Motonari, fut tué par un de ses vassaux, Sue Harukata (陶 晴賢), qui cherchait à s’emparer du pouvoir. Motonari décida d’affronter en 1555 Harukata et remporta la bataille. Cette victoire offrit toute la région du Chūgoku au clan Mōri. Avec l’extension de ses possessions, Motonari souhaitait renforcer le pouvoir de son clan mais aussi assurer sa cohésion. La légende raconte qu’il réunit ses 3 fils et leur demanda à chacun de briser une flèche. Ce qu’ils firent et réussirent. Puis, il leur donna 3 flèches chacun et leur demanda de nouveau de les casser. Les flèches réunies résistèrent et aucun enfant ne parvint à briser l’ensemble. Motonari expliqua qu’une flèche peut être rompue facilement mais que trois flèches maintenues ensemble ne le peuvent pas. Il démontra ainsi à ses enfants l’importance au clan de rester souder.

#419 – Knattspyrnufélagið Víkingur : Víkingar

Les vikings. Le surnom est bien entendu tiré du nom de l’équipe. Il s’agit d’un des plus anciens clubs de football du pays et fut fondé par des pré-adolescents en 1908 afin de réunir des fonds pour s’acheter un ballon. Les principaux initiateurs habitaient au centre-ville, au plus proche du port. Pour le choix du nom, ils se référèrent à l’histoire de la ville et du pays. S’il est probable que des romains puis des moines irlandais avaient vécus sur ces terres, le développement du pays se réalisa avec la colonisation viking au IXème siècle. L’Histoire nationale veut que le viking d’origine suédoise Garðar Svavarson fut le premier d’entre eux à vivre en Islande. Par la suite, des vikings norvégiens s’installèrent. A Reykjavik, au XIème siècle, les vikings islandais venaient ancrer leurs navires, rassembler leurs forces et s’abriter avant de retourner explorer les océans et piller les terres européennes. Vík signifie en norrois « anse, crique, baie » mais ne serait pas pour autant à l’origine du mot víking. En vieil islandais, il fut utilisé pour la première fois sous la forme víking (mot féminin) dans l’expression fara í víkingu qui signifiait « partir en rapine, en maraude, en piraterie ». Le terme aurait été emprunté très certainement au vieil anglais, où le mot wīcing signifie « pirate », attesté dès le VIIIème siècle.

#397 – Hapoël Tel Aviv : הפועל

L’ouvrier. Le club de Tel Aviv appartient à un mouvement sportif nationale en Israël, dénommé הפועל (Hapoël) qui signifie l’ouvrier. Durant les années 1920, plusieurs mouvements politiques ou syndicalistes tels que le Maccabi ou le Beitar naquirent. Ce fut le cas du syndicat הסתדרות (Histadrout – Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël) fondé en 1920 par des partis socialistes pour unir les travailleurs juifs d’Israël. Les objectifs étaient de faciliter l’aliyah des immigrants et défendre les travailleurs juifs dans la Palestine sous mandat britannique, ceci dans un cadre socialiste. Son développement offrit des structures économiques et politiques au futur état (banque, indemnisation du chômage et bureau de placement, système éducatif, caisse d’assurance-maladie, coopératives agricoles, et une armée clandestine).

En 1924, son secrétaire général, Ben Gourion, convainquit le syndicat de proposer également des activités culturelles ou sportives à ses membres, afin de cimenter la nation juive. Ainsi, le mouvement sportif Hapoël apparut, comme émanation du syndicat de gauche. De nombreux clubs sportifs dénommés Hapoël se créèrent dans tout le pays, à Tel Aviv, Jérusalem, Beer-Sheva, Petah-Tikvah ou encore Ramat Gan. Toutefois, pourquoi celui de Tel Aviv s’appropria le nom du mouvement, Hapoël, comme surnom ? Pourquoi est-il LE représentant du mouvement ? Tout simplement car le premier club sportif de l’association Hapoël fut celui de Tel Aviv, créé à l’été 1923. Malheureusement, l’association se dissout un an et demi plus tard. Une nouvelle tentative de création de l’Hapoel Tel Aviv échoua en 1925. Puis, un an plus tard, le troisième essai fut le bon et le club réussit à s’établir. En outre, en 1934, l’Hapoël Tel-Aviv remporta le championnat de Palestine de football, premier titre majeur d’un club juif.

#391 – Ventforet Kōfu : ヴァンフォーレ

Venforet. Le surnom est tout simplement le nom du club mais, étant original, il se suffit à lui-même. Il s’agit, comme pour beaucoup d’autres équipes japonaises, d’un mot-valise, rassemblant deux mots français Vent et Forêt. Ce mot-valise est partiellement dérivé de la célèbre bannière du samouraï et un des principaux daimyōs ayant combattu pour le contrôle du Japon durant l’époque Sengoku, Takeda Shingen (武田信玄). Ce chef de guerre éminent, hériter d’un clan puissant, les Takeda, vécut au XVIème siècle et possédait la province de Kai, où se situe aujourd’hui la ville de Kōfu. Célèbre pour son génie tactique et ses innovations, on peut trouver aujourd’hui sa statue par exemple à la gare de Kōfu. Sa bannière, dénommée fūrinkazan (風林火山), signifiant littéralement « Vent, forêt, feu et montagne », affichait une phrase tirée du chapitre 7 du livre du militaire chinois, Sun Tzu, « L’Art de la guerre » :

疾如風、徐如林、侵掠如火、不動如山 (être aussi rapide que le vent, aussi calme que la forêt, aussi féroce que le feu et aussi inébranlable qu’une montagne)

Le club de football conserva les deux premiers symboles Vent et Forêt. Il donna aussi le mon (insigne héraldique japonais) de Takeda Shingen, comme base à son blason (damier de losanges rouges et blancs). Pour l’instant, cette référence guerrière n’a pas eu d’effet sur l’équipe qui n’affiche pas un grand palmarès.

#388 – New England Revolution : Revs

Revs est tout simplement le diminutif du nom du club. La contrepartie de l’attribution de la coupe du monde 1994 aux Etats-Unis était la création d’une ligue de football professionnel la Fédération américaine de football. Son démarrage prit un peu de retard mais en 1996, 10 franchises furent donc constituées pour sa première saison, dont les New England Revolution, fondé par Robert Kraft, milliardaire américain. Dirigeant du groupe éponyme, qui comprend des sociétés actives dans le sport, le divertissement, l’industrie du papier, l’emballage et l’immobilier, son intérêt dans le football se concrétisa au début des années 1990 lorsqu’il fit du Foxboro Stadium (stade qui appartenait à son groupe), l’un des neuf sites hôtes de la Coupe du Monde. Le succès de cette dernière le convainquit d’investir dans une franchise MLS. Installé dans le Massachusetts, dans la région de Boston, le groupe Kraft soumit donc à la MLS la création d’une franchise. En 1994, le groupe s’était également porté acquéreur de la franchise de football américain des New England Patriots. Voulant profiter de la notoriété du nom de cette franchise (ayant été fondé en 1959), le groupe s’en inspira pour le nom du club de football à créer. Alors pourquoi Patriots et Revolution ? A la création de la franchise de football américain, les habitants soumirent des idées pour le nom officiel de l’équipe et le choix le plus populaire fut « Boston Patriots ». « Patriots » faisait référence aux colons des Treize Colonies américaines qui se rebellèrent contre la domination britannique et déclarèrent les États-Unis d’Amérique indépendante en juillet 1776. Les bostoniens choisirent cette référence car leur ville fut au cœur de la Révolution Américaine. En 1773, un groupe de citoyens de Boston en colère jeta à la mer une cargaison de thé de la Compagnie des Indes orientales en réponse aux nouvelles lois fiscales britanniques, lors d’un événement connu sous le nom du Boston Tea Party. Ce fut un événement clé menant à la Révolution Américaine.

#381 – Fram Reykjavík : Framarar

Les attaquants. Le terme est dérivé du nom du club Fram, qui signifie « En avant ». Evidemment rien à voir avec le cher club du président de la FFF, l’En Avant Guingamp. Le club islandais fut fondé au printemps 1908 dans le centre de Reykjavík par un groupe de jeunes garçons. Pendant sa première année d’existence, cette organisation était plutôt informel : Aucun conseil d’administration n’avait été nommé, aucun statut rédigé et le club n’avait même pas de nom. Mais au fil des mois, la création d’une véritable structure se fit sentir afin de participer aux matchs locaux avec un vrai équipement. Chose faite avec la première réunion du conseil d’administration le 15 mars 1909. Il fut alors convenu que le nom du club serait Knattspyrnufélagið Kári (Kári Football Club), en hommage au célèbre mercenaire viking Kári Sölmundarson, un des personnages principaux de la saga islandaise Njála, qui vécut à la fin du Xème siècle et au début du XIème. Mais, ce nom ne faisant pas consensus, il fut décidé de changer pour Knattspyrnufélagið Fram (En avant Football Club). La raison de ce choix n’est pas connue mais plusieurs possibilités sont avancées. En début du siècle, l’Islande demeurait une dépendance du Danemark et peut-être que les jeunes de Reykjavík furent influencés par le nom de clubs danois tels que BK Frem (fondé en 1886 et l’un des plus anciens clubs de football danois) ou BK Fremad Valby (Frem ou Fremad signifiant aussi aller de l’avant). Une autre version fait référence au nom du célèbre navire d’exploration polaire norvégien Fram (également traduit par en avant). Cette goélette à trois mâts avec moteur à vapeur, conçue et construite par Colin Archer, accompagna les expéditions de nombreux explorateurs norvégien tels que Fridtjof Nansen au pôle Nord en 1895 ou Roald Amundsen au Pole Sud en 1911. Enfin, dans cette Islande en route vers l’indépendance, il est possible que Fram provienne du nom du partie autonomiste islandais, Heimastjórnarfélagsins Fram (En avant vers notre autonomie), principal soutien du premier ministre de l’époque, Hannes Hafstein.

#376 – Asante Kotoko SC : Porcupine Warriors

Les guerriers porcs-épics. Le début de l’autre grand club ghanéen (honneur partagé avec le Hearts of Oak) furent laborieux. Tout commença à l’époque coloniale lorsque Kwasi Kumah, un natif de Kumasi, devint chauffeur d’un colonel Ross, officier anglais au sein de la Gold Coast Artillery Force. La fréquentation de cet officier lui permit de découvrir le football pratiqué par l’élite coloniale et qui se développait dans la capitale, Accra. Il développa un tel intérêt pour le football qu’il nourrit l’ambition de former son propre club. De retour dans la ville de Kumasi en 1924, il créa le club de Kumasi Rainbow. Les 10 premières années de ce nouveau club furent chaotiques, peinant à trouver une identité. En 1926, le nom changea pour Ashanti United après que les dirigeants avaient réussi à recruter un certain nombre de jeunes étudiants prometteurs venant de 2 écoles différentes. En 1931, il fut à nouveau décidé de changer le nom pour Kumasi Titanics. Ce changement de nom n’aida pas au développement du club, la plupart de ses joueurs, qui étaient fonctionnaires, ayant dû quitter Kumasi. Nouveau changement de nom en 1934 (Mighty Atoms) mais sans impact sur la vie du club. En 1935, James Frimpong, un enseignement de Kumasi, entraîna quelques jeunes garçons énergiques de son école dans le club et proposa également de changer le nom pour Asante Kotoko. Selon certaine version, un sage lui aurait prédit que ce nom leur porterait chance et, sans un prophète, il était évident que ce nom serait un plus pour aider le club. En effet, Asante est le nom du peuple vivant dans la région de Kumasi et Kotoko signifie porc-épic, le symbole de ce peuple et animal endémique. Le peuple Asante (ou Ashanti) développa un grand, riche et influent Empire au XVIIème siècle le long du lac Volta et du golfe de Guinée, avec comme capitale Kumasi. Le club fut officiellement inauguré et nommé ainsi le 31 août 1935, avec la bénédiction de l’Asantehene (l’Empereur), Nana Sir Osei Agyeman Prempeh II, qui en devint le premier président. Depuis que le club se plaça sous la garde et la tutelle de l’Asantehene et ses successeurs, il gagna en stabilité au niveau de son organisation et en soutien auprès de la population. Les résultats suivirent avec notamment 24 titres de champion du Ghana et deux ligues des champions de la CAF. Dans la langue de Asante (le twi), Asante signifie guerrier et le porc-épic est donc l’animal symbole de ce peuple. Ce dernier apparaît sur l’emblème du club, avec une apparence menaçante. Il symbolise l’esprit de combat inflexible du peuple du royaume d’Asante. Cet esprit est également matérialisé, sur cet écusson, par la devise «Kum Apem a, Apem Beba» (tuez mille, et mille autres viendront).