#1334 – VfL Bochum : Fahrstuhlmannschaft

L’équipe ascenseur. L’expression (comme son synonyme d’ « équipe yoyo ») est bien connu par les amateurs de ballon rond pour qualifier une équipe qui est promu à l’étage supérieur de l’organisation pyramidale du football mais qui revient rapidement à l’étage inférieur. Et dans toutes les ligues ont connaît des équipes qui alternent régulièrement joie de la promotion et pleur de la relégation. Cette année, 3 équipes ont été reléguées en seconde division allemande dont le VfL Bochum. Sans surprise si vous connaissez un peu le club de Ruhr, qui était revenu en Bundesliga en 2021–2022.

Tout commence en lors de la saison 1992-1993. Terminant à la 16ème place de la Bundesliga, Bochum fut relégué. Une évidence après une saison difficile où le club avait fréquenté la zone de relégation depuis la 9ème journée (et même la dernière place lors de 12 journées en cumulé). Mais, cette relégation mettait un terme à une présence de 22 années dans l’élite allemande, la plus longue période du club en première division. Depuis cette saison, Bochum ne parvint pas à se fixer et enchaina promotion et relégation.

Après avoir remporté la seconde division dès la saison suivante (1993-1994), Bochum remontait à l’échelon supérieur mais restait simplement une année en terminant à la 16ème place. Une nouvelle fois, Bochum demeura qu’une saison (1995-1996) au purgatoire (dominant le championnat avec 12 points d’avance sur le second). Le nouveau passage dans l’élite dura un peu plus longtemps : 3 saisons avec une incroyable 5ème place lors de l’exercice 1996-1997 et une place en Coupe de l’UEFA. Mais, inexorablement, le club descendit au classement saison après saison et en 1998-199, nouvelle relégation (avec 19 défaites au compteur pour 34 matchs). L’équipe parvint encore à remonter en Bundesliga après seulement une saison dans l’antichambre. Et encore, elle fut reléguée dès la saison suivante (2000-2001) de l’élite en finissant à la dernière place avec 21 défaites. Pour l’exercice 2001-2002, Bochum lutta mais parvint à arracher la dernière place pour la promotion en première division. Les deux saisons suivantes furent une parenthèse enchantée pour Bochum qui finit 9ème (2002-2003) puis 5ème (2003-2004) de Bundesliga, décrochant une nouvelle qualification en Coupe de l’UEFA. Malheureusement, la parenthèse prit fin dès la saison 2004-2005 avec une nouvelle relégation en Bundesliga 2. En un peu plus de dix, Bochum aura donc connu 5 relégations et autant de promotion. De sacrées montagnes russes qui pouvaient donner la nausée à ses supporteurs.

#1291 – Fluminense : Time de Guerreiros

L’équipe des guerriers. La fin des années 2000 fut mouvementée pour le club de Rio. Tout démarra bien. En 2007 , Fluminense remporta la Copa do Brasil, signant ainsi son retour en Copa Libertadores après 23 ans d’absence. Puis, en 2008, le club attint la finale de la Copa Libertadores, perdue contre les équatoriens du LDU Quito. Mais, une première alerte apparut, Fluminense terminant à la quatorzième place du championnat brésilien cette saison là, à seulement un point du premier club reléguable.

En 2009, 27 joueurs furent recrutés, et bien que l’équipe comptait quelques bons joueurs (l’ancien attaquant lyonnais Fred, l’ailier Marquinho, le milieu Thiago Neves et l’argentin Dario Conca), la mécanique ne prit pas et l’équipe se trainait au classement. La direction usa 4 entraineurs (René Simões, Carlos Alberto Parreira, Vinícius Eutrópio et Renato Gaúcho) pour redresser les résultats. Seulement, à la 23ème journée, Fluminense stationnait à la dernière place du championnat brésilien, avec seulement 20 points, 4 victoires et à 5 points du premier non-relégable. Dans ce contexte, la direction rappela à la tête de l’équipe Cuca, qui officiait déjà en 2008, mais il fallut un peu de temps pour que la mayonnaise prît. Après 4 matchs, Fluminense demeurait toujours en queue de peloton et les statistiques donnaient 2% de chance de se maintenir. En clair, Fluminense était promis à la relégation malgré les dix matchs restant. Cuca décida de se débarrasser de certains des joueurs les plus expérimentés et donna sa chance aux jeunes. Fluminense alla gagner à Santo André, un autre relégable, à la 29ème journée puis enchaina 2 matchs nuls. Le 29 Octobre, à domicile, Flu remporta la rencontre face à l’Atlético Minero, lui permettant de remonter à la 17ème place et de se lancer dans une série de 7 victoires d’affilée. 66 884 supporters assistèrent au Maracanã à la victoire 1-0 contre Palmeiras le 8 novembre, 55 030 la semaine suivante, lors de la victoire 2-1 contre l’Atlético Paranaense et 55 083 lors de la victoire 4-0 contre l’EC Vitória le 29 novembre. A 3 journées de la fin, Fluminense sortait de la zone de relégation et terminait finalement à la 16ème place.

En même temps que l’incroyable remontada en championnat, Fluminense réussit un magnifique parcours en Copa Sudamericana, les conduisant en finale. La seconde finale continentale en deux ans et toujours face à LDU Quito. Ce fut toutefois une nouvelle défaite. Cette belle dynamique se poursuivit l’année suivante et en 2010, Flu remporta le championnat brésilien pour la troisième fois de son histoire, 26 ans après le second.

Pour réaliser ce sauvetage en si peu de matchs, il fallait adopter un certain état d’esprit, qui fut qualifié de guerrier par la presse. Ce qui donna le surnom. La brasserie Cervejaria Brahma rendit hommage à cette équipe en faisant fabriquer une cuirasse dorée, frappée de l’écusson de Fluminense et en 2016, le club remplaça son ancienne mascotte par une nouvelle, dénommée Guerreirinho, représentant un guerrier.

#915 – Blackburn Rovers FC : Rovers

Il s’agit du nom du club, qui signifie vagabond. Le terme est peu flatteur mais, comme pour son synonyme Wanderers, il fut utilisé par un certain nombre de clubs anglais (Bolton, Bristol, Cray, Doncaster, Forest Green, Tranmere, Wolverhampton, Wycombe) comme étrangers (Sliema à Malte, Bray, Shamrock et Sligo en Irlande, Albion et Raith en Ecosse, Santiago au Chili, Montevideo en Uruguay) pour souvent signifier leur statut précaire qui les faisait notamment vagabonder d’un terrain à un autre. Non seulement, les terrains pour jouer étaient rares mais en outre, les clubs ne disposaient pas de grands moyens pour les louer (le soutien des collectivités étaient rares), s’ils n’en étaient pas simplement chassés en raison d’un projet immobilier.

Fondé le 5 Novembre 1875, en tant que précurseur, Blackburn n’échappa pas à la règle. Le premier terrain de Blackburn était à Oozehead Ground, près de l’école St Silas à Preston New Road en 1876. Oozehead n’évoquait pas le football de haut niveau vu les installations rudimentaires (pas de tribune) et la piètre qualité du terrain (presque au milieu du terrain se trouvait un ancien bassin de drainage d’une ferme, qui avait été recouverte de planches de bois et d’herbes). Sans surprise, leur séjour ici fut de courte durée et les membres trouvèrent un nouveau lieu d’accueil en 1877 : le terrain de cricket de Pleasington. Mais ce dernier était en très grande banlieu de Blackburn. D’où, un an plus tard, ils déménagèrent à Alexandra Meadows, proche du premier terrain de Oozehead. Pour la saison 1881-82, le club loua un nouveau terrain à Leamington Street, non loin du précédent. Le club investit 500 £ pour fournir des installations aux spectateurs. Mais, en 1890, Blackburn fut obligé de changer une nouvelle fois de terrain car les propriétaires du terrain de Leamington Street augmentèrent le loyer de manière exorbitante. La direction se pencha sur un lieu, dénommé Ewood situé un peu plus au Sud que leur quartier d’origine. Ewood n’était pas inconnu pour le club car l’équipe y joua 4 fois en 1882. À l’époque, Ewood était un terrain de sport polyvalent qui accueillait du football, de l’athlétisme et des courses de chiens. Ce site avait été construit en 1882 par quatre entrepreneurs locaux. Blackburn loua le terrain pendant dix ans pour commencer, à un loyer annuel de 60 £ pour les cinq premières années et de 70 £ pour le reste. Mais, le coût du déménagement (environ 2 700 £) pesait sur les finances du club, les recettes de match étant peu élevées. En 1893, il fut décidé de racheter le stade de Ewood pour 2 500 £, chargeant un peu plus le fardeau financier à court terme mais qui devait permettre à long terme d’assurer l’autonomie financière du club.

#836 – CSM Diables Noirs : Yaka dia Mama

Le manioc de sa mère. Sous le nom de l’Association Sportive de la Mission, le club naquit en 1950 par la volonté du Français Aimé Brun. Il est le représentant de l’ethnie Lari. Sous-groupe du peuple Kongo, les Laris compteraient pour 20% à 25% de la population totale du Congo. Outre le soutien naturel apporté par cette large partie de la population, le club gagna aussi sa réputation grace à son palmarès, l’un des plus fournis du pays (7 championnats et 9 coupes nationals). Ce fort soutien populaire ne s’est jamais démenti même dans les périodes difficiles du club. Ceci faisait dire que les fans supportaient leur club quelque soit les résultats comme les enfants mangeaient le manioc préparé par leur mère qu’il soit bon ou mauvais.

#751 – FC Bayern Munich : FC Hollywood

Le Bayern a remporté son 10ème titre de champion d’Allemagne consécutif ce week-end, son 32ème de son histoire, qui s’ajoute également à tous les autres trophées. Cela justifie son surnom de Rekordmeister (#619) et devrait engendrer une atmosphère sereine, bienveillante au sein du mastodonte germanique. Mais, comme tout club, le Bayern a connu son lot de crise avec un pic dans les années 1990 qui conduit à ce surnom peu flatteur. En se référant à Hollywood et son parterre de stars, le surnom voulait rappeller la constellation de grands joueurs qui consituaient l’équipe mais dont les égos surdimmensionnés menaient à de nombreux incidents et affaires, dans le vestiaire et en dehors. Lotthar Matthäus, Stefan Effenberg, Mario Basler, Oliver Kahn … des grands joueurs mais aussi des personnalités arrogantes, au caractère bien trempé et aux comportements indisciplinés. Ce cocktail ne pouvait déjà créer que des inimitiés connues de tous.

Stefan Effenberg et Lothar Matthäus se détestaient et leur relation ne se détendèrent pas, même aujourd’hui. Dans son autobiographie, Stefan Effenberg qualifiait Matthäus de grandes gueules et suggéraient qu’il ne connaissait rien au football. Matthäus, en fin de carrière à l’époque, quitta un entrainement après un échange très viril avec Lizzarazu en Juillet 1999. L’ex-star allemande n’hésitait pas à donner son avis sur tout, tout le monde et tout le temps ce qui agaçait beaucoup au sein du vestiaire. Surtout quand on découvra qu’il était une taupe pour le journal Bild. Son attitude arrogante ne collait pas avec son comportement peu professionnel. Matthäus se fit prendre en photo sur des skis alors qu’il était en convalescence.

Effenberg, adepte des doigts d’honneur à destination de la presse ou du public, faisait régulièrement la une des tabloïds, notamment après avoir révélé qu’il avait une liaison avec l’épouse d’un de ses coéquipiers, Thomas Strunz (qu’il épousera en 2004). La police lui retira son permis pour avoir conduit en état d’ébriété. En 2001, il fut même condamné à une amende après avoir été reconnu coupable d’avoir agressé une femme dans une boîte de nuit.

Pour leur entraineur Ottmar Hitzfeld, Mario Basler était certainement le plus fou de la bande, le plus incontrolable. Grand fumeur (1 paquet par jour) et buveur de bière (rien de plus normal finalement en Allemagne), il s’était plusieurs fois battu en boîte de nuit. Même les agneaux du club se rendirent coupables de quelques erreurs comme Élber et Pizzaro qui rentraient de vacances trop tard. Uli Hoeness compara finalement cette équipe d’égos à une meute de loups, que le célèbre entraineur italien Giovanni Trappatoni ne parvint pas à domestiquer (ce que Ottmar Hitzfeld, qui lui succéda, avec pour mission de ramener la paix dans le vestiaire, réussit).

Aujourd’hui, à la moindre situation de crise, le surnom ressurgit instantanément pour rappeler cette époque et indiquer que ces conflits font partis de la culture du club qui ne se démentirait pas malgré les mouvements de joueurs ou au sein de la gouvernance.

#434 – Toulouse FC : les Pitchouns

Les enfants, en occitan. Revenu du purgatoire (une saison en seconde division), Toulouse connaît un exercice 2000-2001 catastrophique avec une nouvelle relégation, malgré un recrutement ambitieux. Surtout, la DNCG rétrograda le TFC en National après la découverte d’un déficit de 70 millions de francs (plus de 10 millions d’euros). Le club n’avait alors que deux ans pour remonter à l’étage supérieur sous peine de perdre le statut professionnel et son centre de formation. Sans le sou, le TFC prît le parti de confier les reines de l’équipe à ses jeunes joueurs issus du centre encadrés par quelques anciens tels que Prunier, Revault et Bancarel et conduit par l’entraineur Erick Mombaerts. En cours de saison, une nouvelle épreuve se mit en travers de la route : l’explosion de l’usine AZF le 21 Septembre 2001 qui priva le club de son enceinte et dut se rabattre sur le stade de rugby, les sept deniers. Malgré tout cela, les jeunes du club parvinrent à remonter en seconde division. Pour la saison 2002-2003, le promu toulousain réussit l’exploit de remporter le titre de champion, avec aisance, et de gagner sa place dans l’élite pour le prochain exercice. Les pitchouns, la jeune génération toulousaine, auront donc sauvé le club, en le ramenant en première division en seulement deux ans. Pourtant, peu de joueurs de cette génération ne sortit du lot et réussit une carrière remarquable. Cette histoire rappelle celle de l’OM des années 80 qui donna également le même type de surnom (cf. article #298).

#401 – FC Aarau : die Unabsteigbaren

Ce terme signifie « ceux qui ne peuvent être relégué ». Le FC Aarau fut fondé le 26 mai 1902 dans les couleurs de la ville (noir, blanc et rouge) dans la brasserie Ryniker à Aarau et fut accepté dans la première division suisse (Serie A) pour la première fois en 1907. Le club vivra rapidement sa première époque dorée en remportant son premier titre de champion de Suisse en 1912 (face à l’Etoile La Chaux-de-Fonds) puis en 1914 (face au BSC Young Boys). Puis, lors de la saison 1935-1936, le club finit par faire ses adieux à la scène nationale (en étant relégué en seconde division) pour plusieurs décennies. Le club passa donc 29 ans d’affilée en première division, ce qui constituait un exploit dans la lige suisse et valut son surnom.

En 1981, le club du canton d’Argovie accéda de nouveau à la première division. Quelques coups d’éclat marquèrent alors la vie du club : un titre de champion en 1993, une coupe de Suisse en 1985, 5 qualifications d’affilée aux joutes européennes entre 1993 et ​​1997. Le reste du temps, l’équipe joua plutôt dans le bas du classement et échappa plus fois (parfois miraculeusement) à la relégation. Souvent, le FC Aarau n’avait tiré sa tête hors de l’eau qu’au dernier moment, à la dernière journée (comme en 2004). Le plus gros défi auquel le club eut été confronté fut en 2002, lorsque le club rencontrait de graves difficultés financières. Une augmentation de capital lancée par la direction recueillit 510 000 francs suisses (environ 1,4 million d’euros) auprès des fans, sauvant le club de la liquidation. Finalement, la sanction arriva en 2010, avec une descente au second échelon nationale. Certes pour seulement deux saisons, mais la montée en 2013 fut suivi d’une nouvelle relégation en 2015.

#370 – Belenenses SAD : Torres de Belém

Les tours de Belém. Pour tout amateur de football portugais, Belenenses n’est pas un club inconnu. Club fondateur de la ligue portugaise et vainqueur du championnat en 1946, le club lisboète a tout de même sa petite renommée. Jusqu’en 1982, il faisait même parti du quatuor des Grandes, avec Porto, Benfica et le Sporting, car jusqu’à cette date, ces quatre clubs n’avaient jamais quitté la première division. Malheureusement, cette année-là, Belenenses fut rétrogradé. En 1999, comme beaucoup d’autres associations, le club créa sa Sociedade Anónima Desportiva (Société Anonyme Sportive) pour gérer l’équipe professionnelle, le reste des activités amateures demeurant en son sein. En 2012, aux prises avec des difficultés financières, le club amateur vendit 51% des parts de la SAD à un investisseur, Codecity, dirigé par Rui Pedro Soares. En parallèle de cette vente, un pacte d’actionnaires fut également signé dans lequel le club fondateur conservait certains droits (droit de veto sur certaines résolutions et droit de racheter, unilatéralement, les actions de la SAD à un prix et une échéance convenue). Toutefois, les relations entre le club, Codecity et les supporteurs se dégradèrent et cette situation conduisit Codecity à rompre le pacte d’actionnaires, acte validé par le Tribunal Arbitral du Sport en 2017. La SAD conserva ainsi le statut professionnel et changea de nom pour Belenenses SAD. Le nom, le palmarès comme le stade demeurèrent, suite à une nouvelle décision judiciaire, la propriété de l’équipe amateure, CF Os Belenenses (mais cette dernière redémarra au 6ème échelon nationale). Dénué de toute histoire et palmarès, le club professionnel se devait de créer un nouveau symbolisme pour enraciner le club et ne pas perdre ses fans. Comme Os Belenenses était un club de Belém, un quartier de Lisbonne, Belenenses SAD garda la référence à ce quartier en reprenant dans son nouveau blason un B majuscule, couronné d’un mâchicoulis, rappelant la Tour de Belém, monument emblème du quartier. En effet, sur les bords du Tage, se dresse depuis le XVIème siècle, cette tour de style manuélin qui avait pour vocation de défendre l’entrée maritime de la ville mais également servait de port pour les expéditions portugaises vers les nouveaux mondes. Symbole majestueux qui servait le destin du nouveau club.

#337 – SSC Naples : i Ciucciarelli

Les petits ânes dans le dialecte napolitain. Après Boca Junior, autre hommage à Diego Maradona avec son second club de cœur, le SSC Napoli, et l’un de ses surnoms que le club n’aurait pas hérité si l’équipe napolitaine des années 1920 avait compté Diego dans ses rangs. Dans les premières années du club, le cheval en était son symbole et s’affichait sur son écusson. L’attachement de la ville avec le cheval remontait aux premières heures de son existence. Les premiers colons grecs, fondateur de la cité, aurait découvert des chevaux dont les sabots résistants leur permettaient de se balader sur les pentes abruptes et recouvertes de blocs de lave du Vésuve. Ils firent du cheval l’emblème de leur nouvelle cité et, au moins, à partir IIIème siècle, un culte équin était célébrait dans la cité. Les habitants se réunissaient auprès d’une statue monumentale de cheval en bronze, attribuée à Virgile, pour prier et obtenir la guérison de leur équidé. Au XIVème siècle, le cheval était toujours vénéré puisque l’évêque de Naples fit abattre une statue de cheval en 1322 pour faire cesser cette tradition païenne. Au XIXème siècle, un cheval cabré orna les armes de la province. Une race de cheval est même issue de la région et est dénommée encore aujourd’hui Napolitain.

Pourtant, lors de la saison 1926-1927, la première du club, le symbole passa du cheval vers l’âne et cette transformation n’avait pas pour objectif de rendre hommage aux joueurs. Le club concourrait dans l’un des groupes de la Série A et la saison se révéla catastrophique. L’équipe termina dernière de son groupe de 10 avec seulement un point obtenu, 61 buts encaissés et 7 marqués. En 18 matchs, les joueurs parvinrent seulement à obtenir un résultat positif : un match nul face à Brescia à domicile. Le reste des confrontations se résuma uniquement à des défaites, dont certaines particulièrement sévères (9-2 face à l’Inter ou 8-0 face à la Juventus).

Les supporteurs napolitains, avec l’ironie qui les caractérisent, affublèrent les joueurs du surnom de ciucciarelli. Selon une légende, la scène se déroula dans un bar brésilien, lieu de rencontre de fervents supporteurs. Un des fans, exaspéré par les résultats, déclara : « sta squadra nosta me pare o ciuccio ‘e fichelle: trentatrè piaghe e ‘a coda frucida » (cette équipe me paraît être un âne se plaignant de ses trente-trois plaies et de sa queue pelucheuse). L’anecdote fut rapportée au journal local, qui reprit dans son édition un âne plein de tâches et une petite queue pour caricaturer le club. Depuis, l’animal, prénommé O Ciuccio, a supplanté le cheval qui disparaît du blason en 1928.

#298 – Olympique de Marseille : les Minots

Il s’agit d’un terme utilisé en Provence et qui signifie les enfants. Ce surnom demeure souvent attaché à l’équipe de jeunes joueurs de l’Olympique de Marseille. Mais il rappelle aussi les heures sombres du club et les belles heures de son centre de formation. Les années 70, pour le club marseillais, se composèrent de hauts et de bas, mais avec les signatures des brésiliens champions du monde, Paulo César et Jairzinho, le duo d’attaquants, Josip Skoblar et Roger Magnusson, et le premier doublé coupe-championnat de 1972, les supporteurs marseillais en gardent de bons souvenirs. A partir de 1986, le rachat du club par Bernard Tapie va donner encore une autre dimension avec l’OM, avec comme apothéose, le titre européen de 1993.

Entre ces deux périodes, le trou noir. A l’issue de la saison 1979-1980, malgré la présence de joueurs confirmés comme Marius Trésor et Didier Six, l’OM descendit en seconde division. La nouvelle saison se déroula mal : les finances était dans le rouge et le club flirtait avec la relégation. L’OM risquait de disparaître. Au vu de la situation, le président, Christian Carlini, n’eut pas d’autres choix que de mettre au chômage technique la plupart de ses joueurs professionnels, et l’entraîneur, Roland Gransart, puisât alors dans le centre de formation des jeunes, tels que José Anigo, Éric di Meco, Marcel de Falco ou Jean-Charles de Bono, pour compléter son effectifs. Il restait alors 6 matchs pour sauver le club.

Malgré l’inexpérience des joueurs, leur fougue suffit à ne perdre aucun des six derniers matchs et terminer 6ème du championnat de Division 2A (1-0 contre Grenoble pour le premier match, match nul contre la difficile équipe de Toulouse et victoire 3-1 contre le futur champion de D2, Montpellier). Au fil des matchs, le Vélodrome vit son bouillonnant public revenir (respectivement 7 000 pour le premier, puis 12 000 et enfin 20 000) et se prit de passion pour ces jeunes joueurs venant de la région (Anigo et de Falco sont de Marseille, di Meco d’Avignon). Certes, le club continua encore deux saisons dans l’anti-chambre mais, sans ces minots, l’OM aurait-il été champion d’Europe en 1993 ?