#1342 – Stamford AFC : the Daniels

On va descendre dans les bas-fonds du football britannique, en Southern Football League, équivalent de la 7ème et 8ème division, où évolue le club de Stamford. Mais, son surnom, the daniels, que le club porte fièrement sur son écusson, mérite que l’on s’y attarde. Dès 1870, un club de football existait à Stamford. Vers 1894, les deux clubs les plus importants de la ville, Stamford Town et Rutland Ironworks, fusionnèrent. Initialement, la nouvelle association prit le nom de Rutland Ironworks, considéré comme le plus fort des deux fondateurs. Puis deux ans plus tard, pour augmenter sa notoriété dans la ville, le club adopta le nom de Stamford Town. Quelques années plus tard, il gagna son surnom de the daniels, pour rendre hommage à Daniel Lambert, qui était plutôt une icone de la cité de Leicester.

Mais qui était donc Daniel Lambert ? Né en 1770, il fut gardien de prison et un éleveur d’animaux réputé, notamment de chiens de chasse, de chevaux et de coqs de combat. Mais, sa renommée, il la gagna en raison de sa corpulence. Car bien qu’il fut un sportif émérite (il aurait combattu un ours), à partir de ses vingt ans, il commença à prendre du poids. 200 kg en 1793, 250 kg en 1801, cinq ans plus tard 320 kg et à la fin de sa vie 350 kg. L’origine de son obésité provenait certainement d’un dérèglement hormonal car il semblerait qu’il ne mangeait pas de quantités importantes de nourriture et ne consommait pas d’alcool. Devenu impotent, il abandonna ses activités sportives mais également professionnelles, ce qui le fit plonger dans la pauvreté. Il dut alors se résigner à s’exposer comme une bête de foire et tourna à Londres comme dans le reste de l’Angleterre. En 1809, il arriva dans la ville de Stamford où il décéda subitement le 21 juin. Il fut enterré dans le cimetière Saint-Martin de la municipalité. Sa mort ne mit pas fin à sa notoriété, bien que d’autres personnes atteignirent ou dépassèrent son poids. Partout en Angleterre, de nombreux pubs et auberges furent rebaptisés en l’honneur de Daniel Lambert, notamment à Leicester et Stamford. Puis, le terme « Daniel Lambert » entra dans le langage courant anglais pour désigner tout d’abord un homme obèse et au fil du temps, tout ce qui est exceptionnellement grand, imposant. Lambert est toujours aujourd’hui un personnage populaire à Leicester, décrit en 2009 par le « Leicester Mercury » comme « one of the city’s most cherished icons » (l’une des icônes les plus chères de la ville).

#1259 – Presidente Hayes : los Yankees

Les yankees. Dans le précédent article (#1196), nous nous intéressions au club paraguayen du CS Colombia qui rendait hommage à la Colombie. Ce pays avait été un des rares à soutenir le Paraguay dans la Guerre de la Triple-Alliance (1864-1870), où il faillit disparaître. Opposé au Brésil, à l’Argentine et à l’Uruguay,  le Paraguay ne pesa pas et perdit la guerre en 1870. Les pertes furent terribles pour le pays. Même si les chiffres sont souvent contestés et peu fiables, le Paraguay aurait perdu une grande partie de sa population (jusqu’à 60%) et se retrouva presque sans hommes (jusqu’à 80% de sa population masculine serait décédé). Occupé jusqu’en 1876 par le Brésil et l’Argentine, le Paraguay fut également amputé de 140 000 km2 (soit 70% de son territoire). 

Fondé le 8 Novembre 1907, dans le quartier Tacumbú d’Asunción, ces jeunes membres décidèrent de rendre hommage à un autre défenseur des intérêts paraguayens, le Président des Etats-Unis, Rutherford B. Hayes, de 1877 à 1881. Aux Etats-Unis, ce président ne laissa pas une grande trace. D’autant plus que son élection fut controversée puisqu’il perdit le vote populaire en 1876, mais accéda à la présidence grâce à des manœuvres des grands électeurs. Mais, au Paraguay, sa réputation est grande. Après avoir perdu une grande partie de son territoire après la Guerre de la Triple-Alliance, l’Argentine tenta de tirer profit de la faiblesse du Paraguay, occupa et revendiqua le Chaco, la vaste région sauvage du nord du Paraguay. A l’époque, il n’y avait pas d’organisation supranationale en mesure de régler le différend (comme aujourd’hui les Nations Unies). Les deux parties demandèrent donc à la grande puissance du Nord du continent, les Etats-Unis, de trancher et le président Hayes, en 1878, se rangea du côté du Paraguay. Cette décision permit au Paraguay de sauvegarder 60% de son territoire actuel et donc garantit sa survie en tant que nation.

Au Paraguay, une ville fut renommée Villa Hayes et un département prit le nom Presidente Hayes. Quand au club, outre son nom, son écusson représente les étoiles blanches du drapeau américain sur un fond bleu. Le kit du club se compose d’un maillot à rayure rouge et blanche accompagné d’un short bleu … en clair, la bannière étoilée. Les joueurs étaient devenus des yankees.

Mais d’où vient le terme yankee ? L’hypothèse la plus plausible est qu’il dériverait du terme néerlandais Janke (Jeannot), diminutif de Jan (Jean). Parmi les premiers colons arrivés dans ce nouveau monde, certains venaient des Pays-Bas et le prénom Jan était répandu parmi eux. Sa version familière Janke devint, au fil du temps, le surnom pour désigner les habitants des Etats-Unis.

#1221 – ASC Jeanne d’Arc Dakar : les Bleu et Blanc

Le club sénégalais évolue en bleu et blanc. Bien qu’il soit le doyen avec le deuxième palmarès le plus fourni du football sénégalais (après Jaraaf), la Jeanne d’Arc vit, depuis le début des années 2010, un calvaire en évoluant dans la 3ème division nationale. Tout commença à l’époque coloniale avec le Révérend Père Pierre Le Coq, Curé de Dakar et Vicaire général du Sénégal, qui fonda la Jeanne d’Arc en tant que patronage le 20 Septembre 1921. Association sportive et culturelle, l’objectif était de donner des loisirs à une jeunesse autochtone dont l’oisiveté représentait un danger. En tant que missionnaire catholique, il lui était logique de donner à cette association le nom d’une figure de proue de la religion catholique française, Jeanne d’Arc, qui représentait les valeurs du courage, de la force et d’une foi inébranlable.

Si le choix des couleurs bleu et blanche pour cette nouvelle association n’est pas documenté, nous pouvons remarquer que nombre de congrégation ou institution se référant à Jeanne d’Arc arbore ces deux couleurs. Tout simplement car il s’agit des couleurs du blason de Jeanne d’Arc. Les armes de la Pucelle d’Orléans sont souvent représentées comme une colombe tombante tenant dans son bec la devise  » de par le roi du ciel » au sein d’un écu bleu azur. Cette composition apparaissait bien sur son étendard mais il ne s’agissait pas officiellement de son blason. Lorsque la Pucelle fut anoblit en 1429, les armes qui lui furent conférées par le Roi de France Charles VII, représentaient, sur un écu d’azur, deux lys d’or entourant une épée transperçant une couronne. L’épée était de couleur argentée, simplifiée en blanc (l’argent étant la représentation du blanc en héraldisme). Toutefois, lors de son procès, Jeanne d’Arc affirma qu’elle n’avait jamais porté de blason. En tout cas, quelque soit les armes réelles de Jeanne d’Arc, le bleu et le blanc accompagnèrent toujours la Pucelle.

#1184 – Stellenbosch FC : Stellies

Diminutif du nom du club, également celui de la ville de Stellenbosch. Située le long des rives de la rivière Eerste, au pied de la montagne de Stellenbosch, la cité est séparée de 50 km du Cap et représente une destination touristique populaire. En effet, ayant été fondé en 1679, elle constitue la deuxième ville la plus ancienne d’Afrique du Sud et a conservé une architecture historique, typique des colonies hollandaises du Sud du Pays. En outre, elle bénéficie d’une position centrale dans cette région viticole. La ville abrite également une Université, l’une des plus anciennes universités d’Afrique du Sud.

La Vereenigde Oostindische Compagnie, Compagnie néerlandaise des Indes Orientales, fonda la ville du Cap en 1652. En 1679, elle confia à Simon van der Stel, un marchand qui était marié à la fille d’un des fondateurs de la Compagnie, la gestion de la cité, afin de la rendre prospère. La ville du Cap se limitait à près de 800 personnes et n’occupait pas un grand espace. La politique de van der Stel se focalisa alors sur l’extension territoriale de la colonie pour trouver de nouvelles terres agricoles vivrières (afin de rendre la ville autosuffisante pour sa nourriture) ainsi que du minerais (afin de l’exporter et rapatrier des richesses). Début novembre 1679, soit moins de 3 semaines après son arrivée au Cap, van der Stel entreprit avec des membres du Conseil politique un voyage aux Hottentots-Hollande (aujourd’hui connu sous le nom de Somerset West). Au cours du voyage, il décida d’établir une nouvelle colonie le long de la rivière Eerste. De nombreux grands arbres se situaient à cet endroit et il décida de nommer l’endroit d’après son nom, Stellenbosch, qui signifie littéralement « la forêt de (Van der) Stel » . Cette nouvelle colonie se développa très rapidement. Elle devint une collectivité locale indépendante en 1682, peuplée de 40 familles en 1684, et siège de la magistrature contrôlant 25 000 km² en 1685.

#1141 – Reading FC : the Royals

Les royaux. Pour un club certes historique (fondation le 25 Décembre 1871) mais au palmarès réduit, le surnom semble très pompeux. En réalité, il provient de la situation du comté de Berkshire où est localisée la ville de Reading. En 1958, la Reine Elisabeth II accorda au comté le titre royal, en raison des relations entre la région et la monarchie, et des lettres patentes ont confirmé ce statut en 1974.

Tout d’abord, le Berkshire abrite le chateau de Windsor (situé à 30 km à l’Est de Reading) où la Reine Elisabeth II (tout comme son fils maintenant) passait régulièrement ses week-end et congés. Plus ancien et plus grand château occupé au monde (52 000 m2 et plus de 1 000 pièces), il est la résidence des monarques britanniques depuis près de 1 000 ans. Sa chapelle St George a également accueilli de grands événements officiels comme une quinzaine de mariages. Une tradition inaugurée par le mariage d’Edward VII et de la princesse Alexandra de Danemark, en 1863, et suivie par les mariages des nombreux enfants de la reine Victoria, celui du Prince Harry et de Meghan Markle en 2018 tout comme celui du prince Charles avec Camilla en 2005. A l’inverse, le chateau abrite plusieurs lieux de sépulture royale comme le mausolée de Frogmore où sont enterrés la Reine Victoria et le Prince Albert. La chapelle Saint-Georges est aussi la dernière demeure de plusieurs monarques britanniques, dont le Roi Henri VIII et le Roi George VI. La Reine Elizabeth II et le Prince Phillip reposent également à Windsor.

Ensuite, située au cœur de Reading, l’abbaye royale fut pendant longtemps l’un des centres de pèlerinage de l’Angleterre médiévale et l’une des maisons religieuses les plus riches et les plus importantes. Entretenant des relations multiples et fortes avec le pouvoir royal, elle accueillait la tombe du Roi Henri Ier.

Le Berkshire héberge aussi le réputé collège d’Eton fondé en 1440 et où les progénitures de toute l’élite britannique se retrouvent. Evidemment de nombreux membres de la famille royale fréquentèrent cette institution, dont Harry et William. En outre, en juin, la course de chevaux de renommée mondiale, la Royal Ascot, se passe à l’hippodrome d’Ascot, dans le Berkshire. L’événement est suivi par des membres de la famille royale, qui arrivent en calèches et regardent les courses depuis la loge royale.

Enfin, des évènements politiques majeures s’y déroulèrent. En 1215, à Runnymede, le Roi Jean sans terre dut se résoudre à signer avec ses barons la Magna Carta, une charte qui limitait le pouvoir du monarque et établissait l’État de droit. En 1957, un mémorial fut érigé à Runnymede, à 500 mètres de l’endroit où cette charte aurait été négociée.

#1139 – NK Domžale : Ravbarji

Le surnom est souvent traduit par les brigands, les voleurs. Il est vrai qu’en Slovène le terme signifie des voleurs. Mais, pour l’origine du surnom du club de Domžale, il faut avant tout se reporter à une famille noble célèbre de la ville, dont le nom signifie voleur. A Gorjuša, près de la ville de Domžale, se trouve le chateau de Krumperk. Des sources mentionnent un manoir dès 1338 qui fut la possession de la famille Krumperk, puis de la famille Rusbach, qui le vendit enfin au Zellenperger au XVème siècle. A la fin du XVIème siècle, la famille Zellenperger s’éteignit et le château passa par héritage à la maison Ravbar (Rauber en Allemand). Originaire de Kravjek en Carinthie vers 1400, cette dernière famille s’appelait à l’origine Engelšalk. En l’échange de cadeaux et de services rendus au prince de Carinthie, ils auraient eut droit à piller et voler. Voler se disant rauben en allemand, cela leur resta comme nom. Aux XVème et XVIème siècles, elle comptait parmi les familles les plus remarquables de Slovénie et ses membres reçurent le titre de baron en 1516.

L’un des personnages illustres de la famille fut le Baron Adam Ravbar. Vers 1580, il fit des travaux et donna au manoir sa conception et son style renaissance actuel. En 1590, le baron fut élu commandant de la cavalerie de Carniole, une des régions historiques de la Slovénie actuel. A cette époque, les ottomans occupaient déjà depuis un siècle les Balkans et la Bosnie et leurs incursions dans les régions adjacentes (Croatie, Slovénie, Autriche) étaient fréquentes. En 1593, l’armée ottomane conquit plusieurs territoires et se présentait devant la ville de Sisak en Croatie qui constituait le dernier obstacle à la prise de Zagreb, et surtout à l’invasion de l’Europe centrale et occidentale. Adam Ravbar partit au combat avec 200 cavaliers du Duché de Carniole et se joignit aux troupes croates, de Carinthie, d’Autriche et de Styrie. Le 22 juin 1593, les troupes ottomanes, au nombre de près de 20 000 soldats, subirent une sévère défaite à Sisak et leur chef, Beylerbey Telli Hasan Pacha, y mourut. Adam Ravbar s’illustra comme un fin stratège et un ardent combattant durant cette bataille. Depuis, héros légendaire et national, il est loué dans une chanson folklorique slovène et représente une fierté de la ville de Domžale.

#1138 – Manisa FK : Tarzan

Le personnage de l’écrivain américain Edgar Burroughs s’est installé en Turquie dans la ville de Manisa et inspira un surnom à l’ensemble des équipes sportives de la cité. Né en 1899 à Bagdad ou à Samarra, Ahmet bin Carlak rejoignit, après la Première Guerre mondiale, le rang des insurgés turques et combattit lors de la guerre d’indépendance à Antep, Smyrne et Kilis. Après la guerre, Carlak se fixa à Manisa, qui avait été dévastée par un incendie provoqué par l’armée grecque en retraite, et se fixa pour objectif de reboiser la région, plantant et cultivant à lui seul de nombreux arbres sur le mont Sipylos. Vivant comme un ermite sur le mont, son surnom était alors Hacı (le pélerin) et son apparence se modifia : il laissa pousser sa barbe et ses cheveux et s’habillait uniquement en short. Durant les 40 années suivantes, il habitait très modestement dans une petite cabane sur le mont qu’il appela Topkale (château du canon), en raison d’un vieux canon dont il se servait quotidiennement pour signaler midi en tirant un coup de feu. Il se rendait régulièrement dans la ville de Manisa et servit parfois comme pompier ou jardinier. En 1934, suite à la projection du film « La Vengeance de Tarzan », avec Johnny Weissmuller, les habitants de la ville identifièrent Carlak au héros de la jungle et le surnommèrent Manisa Tarzanı (Tarzan de Manisa) en raison de son apparence (barbe, cheveu long et torse nu) et son mode de vie rudimentaire sur le mont. Ecologiste, il se servit de sa notoriété pour défendre les forêts autours de Manisa. Après un périple dans les Monts Taurus, à son retour à Manisa, il se rendit compte que la municipalité avait abattu des arbres en son absence. Il eut un choc cardiaque qui le conduisit à l’hôpital et il décéda le 31 mai 1963. Le lendemain, le quotidien national, Hürriyet, titra « Manisa’nın Tarzan’ı öldü » (Le Tarzan de Manisa est mort).

La ville de Manisa rend hommage à Carlak. La semaine de l’environnement a été baptisée du nom de Manisa Tarzanı. A cette occasion, la municipalité décerne les « Prix Tarzan ». Une école primaire ainsi qu’un boulevard ont été nommés en l’honneur de Carlak. Dans le parc Fatih de Manisa, une statue représentant Carlak a été érigée. Enfin, à chaque anniversaire de sa mort, les autorités de Manisa le commémorent, l’honorant comme un précurseur de l’écologie turc.

#1121 – Plymouth Argyle FC : the Pilgrims

Les pèlerins. Le club puise ses racines en 1886 avec son prédécesseur, le Argyle Football Club, mais sa fondation date exactement de 1897. Il réside dans la ville de Plymouth, comté du Devon, dans l’extreme Sud-Ouest de l’Angleterre. A l’embouchure de deux fleuves, proche de la Manche, dans une baie formant un port naturel, Plymouth s’est naturellement développé avec les activités maritimes. Aujourd’hui, elle abrite la plus grande base navale de la flotte britannique (HMNB Devonport), des chantiers navals et des ferries pour l’Europe Continentale. Mais, jusqu’au XVIIème siècle, Plymouth était un port commercial important, notamment soutenu par l’exportation de laine, où s’établirent de riches négociants maritimes, tels que John Hawkins, marchand d’esclave, et le célèbre corsaire Francis Drake, maire de la cité de 1581 à 1582.

Surtout, la ville vit partir en 1620 les Pilgrims Fathers (Pères Pèlerins) pour le Nouveau Monde. En 1534, le Roi d’Angleterre, Henri VIII, fonda sa propre religion protestante, l’Anglicanisme (ou Eglise d’Angleterre), en raison de ses désaccords politiques avec le Pape. En 1558 et 1559, la Reine Élisabeth I imposa la religion anglicane aux anglais. Dans une Europe au proie aux réflexions et à la pureté religieuses depuis l’avènement du protestantisme, des congrégations contestèrent naturellement cette Eglise d’Angleterre, bâtie sur des motifs bancales. En 1592, une loi fut votée pour lutter contre les mouvements religieux dissidents. En 1606, le récent nouvel archevêque de York, Tobias Matthew, entama une purge de son diocèse des influences religieuses non conformes. Logiquement, certains séparatistes se sentirent persécuter et vers 1607-1608, immigrèrent aux Pays-Bas pour retrouver une liberté de culte. Mais, après 10 ans, les difficultés à refaire sa vie dans un pays à la culture et langue différentes s’accentuèrent et poussèrent cette congrégation à envisager un départ vers les colonies britanniques du Nouveau Monde. Ils négocièrent avec les autorités coloniales britanniques et obtinrent une concession de terres en Nouvelle-Angleterre. En 1620, la communauté vivant au Pays-Bas rejoignit d’autres colons à Plymouth, et après quelques péripéties, s’élancèrent depuis ce port vers les Amériques sur le bateau Mayflower. La centaine de passagers accostèrent dans le Massachusetts le 26 Novembre 1620 et établirent une nouvelle ville du nom de Plymouth, en l’honneur de leur port de départ.

On retrouve le Mayflower sur l’écusson du club, depuis les années 1960. Auparavant, son blason représentait les armoiries de la ville, quatre tourelles noires (les fortifications de la ville) et la croix de Saint-André en vert (à qui l’église de la ville est dédiée) .

#1113 – FC Red Bull Salzburg : die Mozartstädter

Les habitants de la ville de Mozart. L’Austria Salzbourg connut ses heures de gloires entre 1993 et 1997. Le club remporta ses 3 premiers titres nationaux (1994, 1995, 1997), 3 super coupes d’Autriche (1994, 1995, 1997) et surtout atteignit une finale de Coupe de l’UEFA (1994) face à l’Inter Milan. Puis, en 2005, le groupe de boisson énergisante, Red Bull, racheta l’Austria pour établir sa première franchise footballistique. Cette acquisition intégrait une stratégie marketing globale de l’entreprise qui visait à assimiler les valeurs du sport avec les bienfaits supposés de la boisson. Résultat, les couleurs, l’écusson tout comme le nom du club changèrent pour reprendre tous les codes de Red Bull.

Un surnom survécut toutefois à cette mutation, die Mozartstädter, car il est plus attaché à la ville qu’à l’ancien club de l’Austria. Le 27 janvier 1756, Wolfgang Amadeus Mozart naquit à Salzbourg au 9 de la Getreidegasse. Même si à partir de 6 ans, Mozart entreprit des tournées à travers l’Europe, Mozart vécut à Salzbourg jusqu’à ses 24 ans et fut même le premier violon du prince-archevêque de Salzbourg, Hieronymus von Colloredo-Mansfeld. Finalement, il mourut à 35 ans après avoir passé ses 10 dernières années à Vienne. La reconnaissance mondiale et intemporelle de son oeuvre considérable (893 œuvres répertoriées) intervint après sa mort (il fut même peu connu de ses contemporains à Salzbourg). Depuis qu’il fut élevé comme un génie de la musique après son décès, Salzbourg tissa un lien fort avec Mozart. Dès 1841, un bâtiment regroupant une école de musique et une collection de documents concernant Mozart fut ouvert et porte aujourd’hui encore le nom de Mozarteum. La maison de sa naissance (et où il vécut jusqu’à ses 17 ans) fut élevé au rang de musée en 1880, tout comme le second appartement, situé au 8 Hannibalplatz (aujourd’hui Makartplatz) où il habita de 17 ans à ses 24 ans. En 1842, malgré les protestations, une statue de Mozart fut élevée sur une des places principales de la ville. En 1849, cette place fut rebaptisée Mozartplatz (Place Mozart). L’aéroport de la ville fut également nommé W-A-Mozart. Depuis la fin du XIXème siècle, de nombreux festivals et manifestations musicales en l’honneur de Mozart se sont développés dans la ville, dont le fameux festivale de Salzbourg (Salzburger Festspiele) depuis 1920.

#1088 – Vålerenga IF : St. Hallvards menn

Les hommes de Saint Hallvard. La particularité de la capitale norvégienne est que ses habitants n’ont pas de gentilé. Le Ministère des Affaires Etrangères français, en collaboration avec l’Académie française, a défini le terme Oslovien mais, en Norvégien, le terme approprié est osloenser, qui signifie les « habitants d’Oslo » . En surnom, cela n’aurait pas été très original. Car le club de Vålerenga demeure la fierté d’Oslo, le seul à défendre la capitale au sein de l’élite du football norvégien. Le club et ses supporteurs s’identifient donc totalement à la cité. Résultat, ce surnom fait référence au Saint Patron de la ville, St. Hallvard.

Né vers 1020 et issu d’une famille noble, Hallvard Vebjørnsson était un fervent chrétien, aimant son prochain. Devenu commerçant, il voyageait à travers le pays pour vendre et acheter sa marchandise. La légende raconte que, lorsqu’il s’apprêta à traverser un lac dénommé Drafn à bord d’une barque, une femme enceinte apparut soudainement et demanda en tremblant à le rejoindre à bord. Il l’accepta dans l’embarcation et commença la traversée. 3 hommes arrivèrent, sautèrent à bord d’un autre bateau et se lancèrent à la poursuite d’Hallvard et de sa passagère. La femme expliqua à Hallvard que les 3 hommes la persécutaient et l’accusaient de vol. Hallvard lui dit alors « Pouvez-vous vous purifier de cette charge en portant des fardeaux de fer ? » et elle répondit « Oui, je peux, et je suis prête à le faire tant qu’ils m’épargnent ». Les 3 hommes rattrapèrent la barque de Hallvard et lui demandèrent de leur remettre la femme. Les accusations de vol des 3 hommes ne convainquirent pas Hallvard qui estimait que coupable ou pas, la mort de la femme et de son enfant n’étaient pas la solution. L’un des hommes saisit son arc et tua Hallvard et la femme enceinte. Ils enterrent la femme sur la plage et jetèrent celui d’Hallvard dans le lac, lesté d’une pierre de meule. Toutefois, son corps flotta et il fut enterré dans son village natal en 1043.

Parce qu’il était mort pour défendre une femme innocente, la réputation d’Hallvard grandit et donna lieu à un culte dans l’Est de la Norvège. Hallvard fut canonisé dans les 30 années suivant sa mort. Lorsque la ville d’Oslo se dota d’une cathédrale pour être le siège du nouveau diocèse, des reliques étaient nécessaires pour la consacrer et les restes d’Hallvard semblaient appropriés. Ainsi, sa tombe fut transférée dans la Hallvardskatedralen d’Oslo (Cathédrale d’Hallvard) où elle fut installée au-dessus du maître-autel. Le cercueil aurait été conservé dans la cathédrale jusqu’en novembre 1532. A partir du XIVème siècle, l’image du Saint, tenant 3 flèches et une meule, intégra les armoiries de la ville. La municipalité d’Oslo a fait du jour de Hallvard le 15 mai, jour férié officiel de la ville et la plus haute distinction de la municipalité, la médaille St Hallvard, porte son nom depuis 1950.