#1076 – FC Volendam : het Andere Oranje

L’autre orange. Le club doit son surnom aux couleurs des uniformes dans lesquels il évolue : orange et noir. Lorsque l’ancêtre du club fut créé le 1er juin 1920, sous le nom de Victoria, les joueurs comme les fondateurs ne se préoccupèrent pas vraiment du choix des couleurs. Les premiers joueurs, qui venaient de différents horizons, portaient de tout. Ainsi, une chemise rayée bleu marine et noir ou rouge et noir avec un pantalon noir constituaient régulièrement la tenue de l’équipe. Puis, quelques saisons plus tard (pour certains lors de la saison 1928-1929, pour d’autres en 1923 au moment où le club changea de nom pour RKS Volendam), il fut décidé de jouer avec un maillot orange avec un poulain comme emblème et un bas noir, qui deviendront donc les couleurs traditionnelles du club. Les raisons de ce changement ne sont pas documentées et donc inconnues.

Mais, cette couleur particulière portée pas peu d’équipe n’est pas sans rappelée la célèbre tenue de l’équipe nationale néerlandaise, surnommé Oranjes (les oranges). Alors que le drapeau néerlandais arbore 3 bandes horizontales de couleur rouge, blanche et bleue, la couleur historique des Pays-Bas demeure l’orange, en l’honneur de la famille régnante, la Maison d’Orange-Nassau (Huis Oranje-Nassau). Cette Maison remonte au XVIème siècle avec Guillaume d’Orange-Nassau. Né en 1533 dans une famille noble allemande de Rhénanie (la Maison Nassau), il hérita par son cousin du titre de Prince d’Orange en 1544. Cette principauté, état vassal du Saint-Empire, se situait dans la partie nord de l’actuel département du Vaucluse et avait la ville d’Orange pour capitale. Après avoir servi Charles Quint et les Habsbourg, Guillaume se rebella contre son fils, Philippe II, Roi d’Espagne, et mena la révolte qui conduisit à l’indépendance des Pays-Bas. Il est donc souvent considéré comme l’un des personnages clefs de la fondation de la nation néerlandaise, le Vader des Vaderlands (Père de la Patrie). Toutefois, ce ne fut qu’en 1813 que la maison d’Orange-Nassau débuta son règne sur les Pays-Bas. A l’indépendance en 1581, Guillaume d’Orange-Nassau donna le prinsenvlag (Drapeau du prince qui était basé sur les couleurs héraldiques de la Maison du Prince, orange, blanc et bleu ciel) comme drapeau aux sept Provinces-Unies (Pays-Bas), qui utilisait aussi avant l’indépendance le drapeau traditionnel rouge-blanc-bleu ciel (le statenvlag, drapeau des États). Durant des années les deux drapeaux coexistèrent et le second était parfois agrémenté d’une oriflamme orange. Mais, en 1796, le rouge supplanta l’orange, sans que la raison ne soit vraiment établie. Néanmoins, en l’honneur de Guillaume d’Orange-Nassau et de la famille royale actuelle, les équipes sportives néerlandaises portent l’orange depuis le XXème siècle.

Une enquête réalisée à l’occasion du 110ème anniversaire de l’équipe nationale néerlandaise a démontré que Volendam était l’une des principales villes pourvoyeuses de talents pour la sélection nationale. Dans la ville de Hollande du Nord, 1,7 joueurs pour 10 000 habitants ont porté le maillot des Oranjes. Les internationaux étaient Pier Tol, Wim Jonk, Keje Molenaar, Arnold Mühren et Gerrie Mühren. L’autre surnom du même acabit est Het nieuwe oranje (les nouveaux oranges).

#1056 – RCD Espanyol Barcelone : los Blanquiazules

Les blanc et bleu. L’autre club de Barcelone partage une partie de ses couleurs, le bleu, avec son grand rival, dont il vit dans l’ombre, le FC Barcelone. Mais, il ne s’agit pas du même bleu et surtout il est associé à une autre couleur, qui n’est pas la même entre l’Espanyol (le blanc) et le FC Barcelone (le Rouge). Vous pouvez lire les origines des blaugrana à l’article #200 car ici, nous allons nous intéresser au maillot de l’Espanyol. En 1897, le club du Real Sociedad Gimnástica Española fut fondé avec la volonté d’exercer divers sports. A la charnière du XIXème et du XXème siècle, la pratique du football se diffusa à Barcelone et des premiers clubs éclosirent, notamment le FC Barcelone (1899), le Català FC (1899) et l’​​Hispània AC (1900). Attiré par ce nouveau sport, Ángel Rodríguez, membre fondateur de la Real Sociedad Gimnástica Española, et un groupe d’amis décidèrent de créer une équipe de football au sein de l’association de gymnastique. La date de fondation fut fixée au 28 Octobre 1900.

Oriol Junqueras, homme politique de la gauche catalane mais surtout historien de son état, fit l’erreur en 2015 d’expliquer que les couleurs bleu et blanc du maillot rayé de l’Espanyol provenait de sa distinction obtenue du roi Alphonso XIII en 1912. Selon lui, la majorité des équipes qui détiennent le titre de Real portent ces couleurs. Mais, c’est faux.

Le choix des couleurs du premier maillot ne fit pas l’objet d’un grand débat lors de la fondation. En effet, possédant une usine de fabrication textile, un des fondateurs donna des maillots jaunes et des pantalons noires aux joueurs, et le club et ses joueurs, étant démunis comme habituellement à l’époque, ne refusèrent pas ce don. Seulement, ce membre cessa assez rapidement de participer aux matchs et ne fut donc plus en mesure d’approvisionner le club en tissu jaune notamment. Or, ce dernier étant plutôt rare (et donc chère à l’époque) et les premiers maillots jaunes s’usant, chaque joueur fut invité à se servir dans sa garde-robe personnelle pour s’équiper. Naturellement, les vêtements les plus courants étaient des chemises blanches et des pantalons noirs (et parfois bleus). Ainsi, la tenue du club évolua dès 1901 vers ces couleurs (principalement blanc et noir). Toutefois, par manque de joueurs, entre 1906 et 1909, les activités football furent suspendues. En 1909, le club renait de ses cendres et la question de la tenue se posa. Lors de l’assemblé du 20 Février 1910, les membres votèrent pour un maillot rayé bleu et blanc, en l’honneur de Roger de Lauria, un amiral dont les armoiries étaient des rayures bleues et blanches et ayant défendu la couronne aragonaise. Au XIIIème siècle, la Couronne d’Aragon était une confédération de royaumes, qui débuta par l’union du Royaume d’Aragon et du Comté de Catalogne en 1137. Avec la reconquista, la Couronne s’étendit sur les Baléares et le Royaume de Valence. En 1282, la Couronne prit possession du Royaume de Sicile, puis du Royaume de Sardaigne en 1295, devenant alors la puissance dominante de la Méditerranée. Originaire de Sicile, Roger de Lauria, suivit sa mère, dame de compagnie de la reine Constance de Sicile, épouse de Pierre III d’Aragon, à la cours à Barcelone. Son génie militaire permit de remporter de nombreuses batailles navales (dont les batailles de Malte en 1283 et de la Baie de Naples en 1284 contre le Royaume d’Anjou puis contre la France en 1285 lors des batailles des Formigues et du col de Panissars) et contribua à l’expansion et à la domination maritime de la Couronne.

#1015 – Gil Vicente FC : Gilistas

Dérivé du nom du club, il n’existe pourtant pas de ville qui s’appelle Gil Vicente au Portugal. En réalité, le club a prit pour nom celui d’un grand dramaturge portugais, considéré comme le premier. Revenons au début de l’histoire. Le club se situe à Barcelos, une municipalité du district de Braga, au Nord du Portugal. Au début du XXème siècle, le football s’implanta dans la cité et des premiers clubs apparurent (Barcellos Sporting Club ou União Barcellense). Le Gil Vicente FC fut fondé le 3 mai 1924 par un groupe de jeunes qui se réunissait régulièrement pour jouer au football sur le Largo do Teatro (aujourd’hui dénommé Largo Doutor Martins Lima). Comme le Largo do Teatro longeait le théâtre de la ville qui s’appelait Teatro Gil Vicente, les garçons nommèrent le club Gil Vicente FC.

Ouvert au public le 31 juillet 1903, le théâtre rend hommage au dramaturge Gil Vicente qui serait né à Barcelos. En réalité, sa naissance demeure un mystère, aussi bien pour la date (1465 est l’année communément admise) que le lieu (Barcelos étant concurrencé par Lisbonne et Guimarães). Sa vie fait l’objet de nombreuses versions. Sa première oeuvre « Auto da Visitação » (La Visitation), connue aussi sous le nom de « Monólogo do vaqueiro » (Monologue du vacher), date de 1502 et, donnée dans les appartements de la Reine Marie d’Aragon, est considérée comme l’acte de naissance du théâtre portugais. A cheval entre le Moyen Âge et la Renaissance, l’oeuvre vincentienne dépeint l’évolution de son temps, passant d’une époque où les hiérarchies et l’ordre social étaient rigides à une nouvelle société où l’ordre établi allait être remis en question et les arts s’épanouir. En 44 pièces, comme le fera Molière un siècle plus tard en France, il critiquait avec humour mais sévèrement les mœurs et principaux travers de son époque. Son chef-d’œuvre demeure la trilogie satirique « Auto da Barca do Inferno » (La Barque de l’Enfer – 1516), « Auto da Barca do Purgatório » (La Barque du Purgatoire – 1518) et « Auto da Barca da Glória » (La Barque de la Gloire – 1519). Outre son talent d’écriture, il serait également l’orfèvre qui réalisa le Custódia de Belém (Reliquaire de Belém). Il serait probablement mort en 1537.

#993 – CD Coronel Bolognesi : Bolo, el Coronel

Diminutifs du nom du club. Colonel Bolognesi, drôle de nom pour un club de la ville de Tacna mais qui s’explique par l’histoire de la province du même nom. Située à l’extrême sud du Pérou, Tacna est l’un des 25 départements qui composent le pays et est bordé à l’Est par la Bolivie et au Sud-Est par le Chili. Cette proximité avec d’autres pays rendit la région disputée. Entre 1879 et 1884, un conflit opposa d’un côté le Chili et de l’autre une coalition réunissant la Bolivie et le Pérou. Si la séparation entre le Chili et la Bolivie était un héritage des colonies espagnoles, la région minière et frontalière du désert d’Atacama était fortement disputée. Le Chili avait des ambitions expansionnistes qui s’étaient déjà exprimées par le passé. En 1879, suite à des décisions fiscales de la Bolivie, le Chili annexa la ville bolivienne d’Antofagasta. Le 1er Mars, la Bolivie, avec comme allié le Pérou, déclara la guerre au Chili. La guerre, dénommée « guerre du Pacifique », prit fin le 20 octobre 1883 par la victoire du Chili qui récupéra plusieurs territoires qui appartenaient au Pérou, dont la région de Tacna. Durant près de 50 ans, ces territoires perdus furent administrés et incorporés au Chili. Puis, sous l’égide des USA, une solution pacifique fut trouvée pour permettre la restitution de ces régions au Pérou entre 1925 et 1929.

Ainsi, le 28 août 1929, Tacna réintégra la nation péruvienne. A peine quelques mois après, le 18 octobre 1929, un groupe d’avocats et d’hommes d’affaires dont Fausto Gallirgos et Manuel Chepote, se réunirent pour fonder un club de football. Evidemment, dans ce contexte de retour dans le giron péruvien, les fondateurs souhaitaient au travers de leur association exprimer leur amour du pays, enfin retrouvé. Fausto Gallirgos proposa de prendre pour nom du club celui d’un héros national, qui défendit le pays pendant la guerre du Pacifique, Francisco Bolognesi. Francisco Bolognesi, né à Lima le 4 novembre 1816, était un soldat péruvien, ayant le grade de colonel. Après avoir fréquenté le séminaire et tenté une aventure entrepreneuriale, il débuta sa carrière militaire en 1853, en commandant en second un régiment de cavalerie. Il participa aux grands affrontements et batailles qui constituèrent les étapes de la construction du Pérou moderne comme la guerre civile (1856-1858) et la guerre péruano-équatorienne (1858-1860). Mais, son principal fait d’armes demeura ses combats lors de la guerre du Pacifique. Ainsi, il participa activement aux actions contre les forces chiliennes lors les batailles de San Francisco et de Tarapacá. Lors de cette dernière bataille, il combattit 10 heures durant bien qu’il avait une très forte fièvre. Enfin, le 3 avril 1880, Francisco Bolognesi prit le commandement du port d’Arica, assiégé par les forces chiliennes du général Manuel Baquedano. Il fit face avec ses hommes à des forces chiliennes bien supérieures en nombre et en puissance et promit alors de combattre « hasta quemar el último cartucho » (jusqu’à que la dernière cartouche soit brulée). Jetant toutes ses forces et malgré une bataille acharnée, Bolognesi mourut au combat et la ville tomba aux mains de l’armée chilienne. Son corps repose dans la crypte des héros de la guerre du Pacifique dans le cimetière Presbítero Maestro. En 1905, une statue en son hommage fut érigé à Lima. En 1951, il fut déclaré patron de l’armée du Pérou et élevé au rang de grand maréchal du Pérou en 1989. Face à une telle aura, gagné notamment pendant la guerre qui scella le sort de la région de Tacna, la proposition de Fausto Gallirgos fut immédiatement acceptée.

#992 – FK Voždovac : Zmajevi

Les dragons. Un beau dragon rouge déployé orne l’écusson du club de la banlieue peuplée de Belgrade (près de 155 000 habitants). Ecrasé par la rivalité Etoile Rouge – Partizan, Voždovac ne fait même pas office de petit poucet dans le football de la capitale, rôle tenu par l’OFK Belgrade. Pourtant, l’équipe évolue dans l’élite serbe, le club est un historique (fondé en 1912) et possède la particularité d’avoir un stade de 5 000 places bâti sur le toit d’un centre commercial.

Ce dragon vise à rappeler les soulèvements serbes du XIXème siècle qui permirent aux pays de s’affranchir du joug ottoman. Pendant près de 400 ans, la Serbie et les territoires voisins étaient des vassals de la sublime porte. Mais, après la défaite contre l’Empire Autrichien au XVIIIème siècle, l’Empire Ottoman ressortit affaibli, offrant l’opportunité aux populations Slaves de tester leurs idées nationalistes. Ainsi, une première révolte des Serbes se déroula entre 1804 et 1813. Ce soulèvement débuta dans la région de Šumadija, au Sud de Belgrade et de Voždovac. Les rebelles Serbes étaient dirigés par Georges Petrović, surnommé Karageorges. L’un de ses lieutenants était Vasa Čarapić, né à Beli Potok, un village au pied de la montagne Avala, à quelques kilomètres de Voždovac. En 1806, alors que Karageorges hésitait à chasser les représentants des Ottomans de Belgrade, Čarapić fut le seul à croire à la libération de la ville et réussit à convaincre Karageorges. Avec ses 3 000 soldats, Čarapić attaqua Belgrade par le Sud mais fut mortellement blessé. Dans la construction du récit national, il devint le héros qui donna sa vie pour la libération de la capitale. Les différentes troupes de rebelles Serbes étaient souvent nommées dragon et leurs chefs héritèrent de ce surnom. Ainsi, Stojan Čupić était Zmaj od Noćaja (Dragon de Noćaj). Vasa Čarapić fut surnommé Zmaj od Avala (Dragon d’Avala).

#959 – CDU César Vallejo : los Poetas

Les poètes. Le club est l’émanation sportive de l’Université César Vallejo. Cette dernière naquit le 12 Novembre 1991 dans la ville de Trujillo de la volonté de l’ingénieur César Acuña Peralta qui voulait améliorer l’offre éducative péruvienne. Elle comptait alors 58 élèves. 20 ans après, l’Université avait déjà des antennes dans 5 villes du pays et près de 100 000 étudiants. Aujourd’hui, elle fait parti des 10 meilleurs universités du pays avec plus de 150 000 étudiants et 12 campus. Cette progression rapide se transmit aussi aux résultats de l’équipe de football. Fondée en 1996, l’équipe de football atteignit la première division péruvienne, seulement 7 ans après sa création.

Le club prit le nom de l’Université qui porte celui du poète péruvien César Vallejo. César Abraham Vallejo, né à Santiago de Chuco, le 16 mars 1892, est considéré comme l’un des écrivains latino-américains les plus importants du XXème siècle et comme le plus grand représentant de la littérature péruvienne. Né dans une famille pauvre dans ce petit village des Andes péruviennes, il entra en 1913 à l’Universidad Nacional dans la ville de Trujillo, où il réalisa une thèse sur le romantisme dans la poésie castillane. Puis, il poursuivit ses études à Lima avant de voyager à partir de 1923 dans les capitales européennes, à Madrid, Moscou, Budapest, Bruxelles, Berlin et enfin Paris, où il mourut en 1938. S’exprimant pratiquement dans tous les genres littéraires (poésies, romans, nouvelles, pièces théâtrales et essais), il fit connaître son génie avec ses recueils de poèmes « Los heraldos negros » (1918) et « Trilce » (1922). Il est aussi communément admis que c’est dans sa poésie que son talent s’exprima le mieux et que son oeuvre atteint ses plus hauts sommets. C’est certainement sa grande réputation et son passage à Trujillo qui conduit César Acuña Peralta à prendre le nom du célèbre poète pour représenter son nouveau et innovant projet éducatif. Résultat, en portant le nom du poète, les joueurs héritèrent de ce surnom.

#957 – Fatih Karagümrük SK : Fatih’in Torunları

Les descendants de Fatih. Au printemps 1926, deux clubs du quartier de Fatih à Istanbul (Acıçeşme Gençleri et Karagümrük Gençleri) fusionnèrent pour donner naissance au Karagümrük İdman Yurdu. C’est en 1985 que la direction décida d’adjoindre le nom de Fatih à celui du club. Mais, plus que le nom d’un district, Fatih, qui signifie le conquérant, se réfère à Mehmed II, dit le conquérant, septième sultan de l’Empire ottoman. Il fut le Sultan qui étendit l’Empire Ottoman jusqu’en Europe et asservit la Grèce pour des siècles. Mais, pour Mehmed II, cette expansion ne pouvait se faire qu’en possédant Istanbul, qui s’appelait Constantinople et demeurait la capitale de l’Empire Romain d’Orient. Mehmed II entreprit en Avril 1453 le siège de la ville. Il fallut à peine un mois aux armées de Mehmed II pour faire tomber la ville et l’Empire Byzantin. Le Sultan pénétra dans la ville dans l’après-midi du 29 mai 1453 par le quartier de Karagümrük, situé dans le district de Fatih. Istanbul devint alors capitale de l’Empire Ottoman et le quartier de Fatih un haut lieu. Environ 10 ans après la conquête, Mehmed II ordonna la construction d’une mosquée et de son complexe en lieu et place de l’Église des Saints-Apôtres de Constantinople qui avait été démolie. L’ensemble se nomma d’après le nom du Sultan. Erigée entre 1462 et 1469, cette mosquée fut le premier projet monumental de Mehmed II et qui allait établir le style architectural ottoman. La mosquée accueille aussi les tombes de nombreux dignitaires de l’histoire ottomane, dont celle de Mehmed II. Autour de la mosquée, un ensemble de bâtiments (le complexe) fut également construit qui incluait 16 écoles coraniques, une bibliothèque, un hôpital, un hammam, un caravansérail, un marché, une école et des soupes populaires. Mehmed II fit également immigré des personnes d’Anatolie pour s’installer dans ce quartier. Ainsi, ce dernier devint le premier quartier musulman et turc de la nouvelle capitale, qui se nomme en l’honneur du conquérant. Représentant désormais l’ensemble du quartier et revendiquant cette affiliation historique (symbole à la fois nationaliste et attaché à une idée de conquête), les joueurs sont devenus les descendants de Mehmed II.

#924 – UC Sampdoria : Samp, Doria

Le nom du club se divise en deux syllabes et chacune donne lieu à un surnom. Finalement, assez logique quand on connaît comment se forma Sampdoria. Il était normal de mettre à l’honneur le club génois car malheureusement, les supporteurs de foot sont affectés par la perte des idoles de leurs jeunesses en cette fin d’année 2022 et début 2023. Les plus anciens ont perdu le Roi Pelé. Ceux qui sont de ma génération se souviendront des superbes coups francs de Siniša Mihajlović et de l’élégant attaquant Gianluca Vialli. Tous deux passèrent par la Sampdoria mais à des époques différentes. Pour Gianluca, ce fut même la grande période avec un titre de Champion en Série A (1991) et une finale de Ligue des Champions (1992) au côté de son frère d’arme Roberto Mancini.

Le club se créa le 12 août 1946 par la fusion de deux équipes, SGC Sampierdarenese et SG Andrea Doria. Mais, il convient de remonter en arrière pour comprendre les origines de ce mariage. Les deux clubs prennent leur racine à la fin du XIXème siècle. D’un côté, dans la commune de Sampierdarenese (qui deviendra en 1926 un quartier de la ville de Gênes), à l’initiative de l’Associazione Studentesca Gymnasium et de la Società Operaia di Mutuo Soccorso Universale, le club omnisport SGC Sampierdarenese vit le jour le 6 juin 1891. Orienté exclusivement vers la gymnastique et l’haltérophilie à ses débuts, le club ouvrit rapidement de nombreuses nouvelles sections sportives et culturelles (escrime, cyclisme, bowling, aviron, lutte gréco-romaine, natation, tambourin, basket-ball, athlétisme, tir au pigeon d’argile, randonnée, fanfare, théâtre). Le football rejoignit cette grande famille en 1899. De l’autre côté, en 1895, des gymnastes de la Società Ginnastica Ligure Cristoforo Colombo partirent pour fonder une nouvelle association de gymnastique appelée Andrea Doria, du nom du condottiere (chef-mercenaire) et amiral de Gênes. Provenant d’un club qui mettait à l’honneur un grand homme de la cité ligurienne, Christophe Colomb, les fondateurs reprirent cette idée pour leur association et leur choix se porta sur Andrea Doria. Au XVIème siècle, chef de guerre et marin qui combattit pour différents pays, il fut un ardent défenseur de Gênes, qui était occupé par la France. Restaurant l’indépendance de la ville, il organisa ses institutions politiques et devint son censeur à vie. A sa mort, la ville lui édifia une statue avec cette inscription, « Au père de la patrie » . Porté sur la seule gymnastique, le club étendit ses activités, notamment au football en 1900.

Jusqu’en 1946, les deux clubs allaient s’ignorer, se croiser et se confronter. Andrea Doria remporta 4 tournois de la fédération italienne (qui était alors l’ancêtre de la Série A) tandis que Sampierdarenese fut finaliste du championnat italien en 1922. Ils se marièrent également une première fois. Le 27 juillet 1927, à la demande du régime fasciste, les deux formations fusionnèrent, donnant vie à l’AC La Dominante, qui prend en 1930 le nom de FC Liguria. Mais, la mariage tourna court, suite à la relégation en 1931 en 3ème division. Chaque club reprit alors sa vie séparément. Après la Seconde Guerre mondiale, à l’issue de la saison 1945-1946, Andrea Doria termina à la 9ème place du groupe Nord, tandis que Sampierdarenese concluait la saison à la 14ème et dernière position de ce même groupe, condamnant le club à la relégation. Toutefois, la décision fut prise, pour la nouvelle saison, d’unifier le groupe Nord avec le groupe Sud et de créer une Série A à 20 clubs. Pour décider des 20 clubs, la fédération ne se basa pas sur le classement de la saison 1945-1946 mais sur les clubs ayant joué dans l’élite dans les années 1940 (ie juste avant l’arrêt du championnat en 1943 et 1944 en raison de la guerre). Sous le nom d’AC Liguria, la Sampierdarenese participait à cette époque à la Série A même si ses résultats n’étaient pas flamboyants. En revanche, Andrea Doria n’avait évolué qu’en Série C jusqu’à sa dissolution en 1941. Résultat, malgré sa relégation sportive, Sampierdarenese fut admis en Série A pour la nouvelle saison tandis qu’Andrea Doria s’en voyait exclu et relégué en Série B. Seulement, Sampierdarenese était dans une situation financière déplorable tandis que, sur la base de ses résultats sportifs et pensant poursuivre dans l’élite, Andrea Doria avait déjà engagé le jeune Adriano Bassetto de Vicence pour la somme considérable de 3 200 000 lires. Après une série de rencontres, les directions des deux clubs se mirent d’accord et unirent leurs forces. Aucun des clubs absorba l’autre. Il s’agissait d’une sorte de mariage d’égaux (dans la dot de Sampierdarenese, une place en Série A ; dans celle de Doria, de l’argent). Ainsi, le nouveau maillot reposait sur une combinaison des 4 couleurs des deux clubs (cf #287). De même, le nouveau nom était la simple union des anciens, Doria-Sampierdarenese (Doria-Samp) qui finalement fut inversé pour Sampierdarenese-Doria, puis Sampdoria.


#838 – OFK Vihren : гладиаторите

Les gladiateurs. Le 24 mai 1925, le club de Vihren (sous le nom de FC Ustrem) fut fondé dans la ville de Svéti Vratch. En 1949, les autorités communistes donnèrent un nouveau nom à la ville, Sandanski, en l’honneur du révolutionnaire bulgare Iané Sandanski. Néanmoins, un autre révolutionnaire fit la réputation de la ville et donna son surnom au club :  le chef du plus grand soulèvement de l’Antiquité, Spartacus. D’origine thrace, Spartacus serait né dans cette ville bulgare vraisemblablement aux alentours de l’an 100 avant J.C.. Si la rebellion qu’il mena fut relatée par les auteurs latins, sa vie précédent ces évènements demeure peu documentée et repose sur de nombreuses hypothèses ou déductions. Il serait un Thrace libre de la tribu des Maides. Ces derniers s’établissaient entre Paionia et Thrace, soit l’actuel sud-ouest de la Bulgarie (où se situe la ville de Sandanski). Les romains commencèrent à conquérir ces régions à l’époque de Spartacus. Ses qualités de combattants et son éducation laissent supposer qu’il était d’une condition élevée, aristocratique. Certainement capturé au cours de la campagne de Caius Scribonius Curio en Dardanie en 75 avant J.C., il fut acheté par un laniste de Capoue qui en fit un gladiateur. En 73 avant J.C., 70 gladiateurs de cette école s’évadèrent et se réfugièrent en Campanie, sur les pentes du Vésuve. Avec ses lieutenants gaulois Crixus, Gannicus, Castus et Œnomaüs, Spartacus prit la tête et organisa ces rebelles, qui étaient renforcés par des esclaves et ouvriers agricoles. Il conduisit cette révolte, qui devint la 3ème guerre servile. En effet, deux rebellions d’esclaves contre la République romaine avaient déjà eu lieues et matées. Toutefois, contrairement aux précédentes guerres, les troupes de Spartacus connurent quelques succès et menacèrent directement la République et ses citoyens durant deux ans (entre 73 et 71 avant J.C.). Spartacus et ses troupes remontèrent jusqu’en dans la plaine du Pô et battit de nombreuses armées consulaires. Face à ces succès, le Sénat Romain envoya finalement une dizaine de légions commandées par le riche et intransigeant Crassus qui finirent par anéantir les rebelles et tuer Spartacus. Cette révolte modifia que légèrement les conditions des esclaves mais avantagea les carrières politiques de Crassus et de Pompée, qui devinrent Consuls. Le XIXème siècle, qui voyait les théories sociales s’affirmer, fit de Spartacus la figure d’un révolutionnaire. Bien que les véritables raisons de cette révolte (volonté d’être affranchis ou de fuir leurs conditions ou d’abolir l’esclavage) sont méconnues, Spartacus devint pour les idéologues du XIXème siècle le symbole de la lutte contre l’esclavagisme et pour l’auto-émancipation des classes sociales opprimées.

#830 – Real Republicans FC : Osagyefo’s Own Club

Le club de Osagyefo (chef victorieux). Ce club ghanéen connut une brève existence de 1961 à 1966 mais, pourtant, il fut le fer de lance du football ghanéen et l’icone de la vision politique du président du pays, Kwame Nkrumah. Remontons en 1957, année où la Gold Coast, nom colonial du Ghana, obtint son indépendance de l’emprise britannique. L’un des leaders qui permit ce résultat était Kwame Nkrumah qui devint logiquement président du pays en 1960. Mais, l’indépendance du Ghana, premier Etat subsaharien à l’obtenir, n’était qu’une étape dans l’ambition de Kwame Nkrumah. En effet, conscient de la faiblesse du nouvel état, morcelé entre différentes ethnies, face aux grandes puissances, Kwame Nkrumah milita pour une vision transfrontalière de l’ensemble du continent africain (panafricanisme). Son Ghana se devait à la fois de s’élever au-delà de ses différents peuples mais également devenir l’élément fédérateur d’une Afrique unie et solidaire. Le sport apparaissait comme un catalyseur pour promouvoir cet objectif. En particulier, Nkrumah considérait le football africain indépendant comme un symbole de la libération du continent de la domination coloniale et la démonstration de l’unité africaine. Kwame Nkrumah fit donc de l’équipe nationale du Ghana le porte-voix du continent africain.

Sur le plan local, Kwame Nkrumah et son ministre des sports, Ohene Djan, œuvrèrent pour fonder un nouveau « super » club pour renforcer le sentiment nationaliste. Pour cela, ce club, qui fut nommé Real Republicans (inspiré par le grand Real Madrid), se devait de représenter l’ensemble du Ghana et donc ne pas être rattaché à une ethnie particulière (comme les autres associations sportives du pays). Pour faciliter l’identification de tous les ghanéens, quelque soit leur région d’origine, avec le nouveau club, la direction avait la bénédiction du gouvernement pour piller les autres équipes (choix de deux joueurs dans chacune des autres équipes du championnat) pour constituer la sienne et naturellement elle ne se priva pas de prendre les meilleurs (d’autant plus que ces recrutés ne pouvaient pas refuser l’offre sous peine de représailles par le gouvernement). Ainsi favorisé par Kwame Nkrumah qui se faisait appeler Osagyefo, le Real Republicans se vit affublé de ce surnom qui devint même le second nom du club.

Les résultats ne se firent pas attendre avec un titre de champion en 1963 et 4 coupes du pays d’affilée (de 1962 à 1965). Les athlètes du club étaient traités comme des rois et avaient un accès illimité au président. Mais, ces privilèges accordés au Real Republicans traduisaient aussi la dérive autoritaire de Kwame Nkrumah dans l’exercice du pouvoir (arrestation des opposants, censure de la presse, contrôle de la justice, culte de la personnalité). Tant au niveau politique que sportif la colère monta contre Kwame Nkrumah (les clubs historiques dépouillés chaque année de leurs meilleurs éléments menacèrent régulièrement de boycotter le championnat). Résultat, le 24 février 1966, alors en voyage en Chine, Kwame Nkrumah fut renversé par un coup d’état militaire qui ne rencontra aucune résistance. Totalement identifié à son créateur et supporteur, le Real Republicans fut immédiatement dissout après le renversement de Kwame Nkrumah.