#1283 – Club Puebla : Franja, Franjiazules

La bande, la bande bleue. Le maillot de l’équipe de la ville de Puebla (de Zaragoza) se distingue des autres équipes mexicaines par cette bande qui le scinde diagonalement, de l’épaule droite vers la hanche gauche. Cette particularité se retrouve sur d’autres tenues d’équipe sud-américaines comme les fameux argentins de River Plate (#900), les péruviens de Municipal (#480) et les uruguayens de Danubio (#109). Et si je cite cette similitude avec ces équipes, ce n’est pas par hasard.

Le 7 mai 1944, un groupe d’hommes d’affaires d’origine espagnole dirigé par Joaquín Díaz Laredo et Alfonso Sobero Nevares, fondait l’équipe de Puebla. Initialement, le maillot de l’équipe devait avoir deux bandes verticales, une placée sur chaque épaule. Mais, finalement, les fondateurs préférèrent placer l’équipe sous de meilleures auspices en choisissant un design qui rendait hommage à River Plate. L’équipe argentine comptait déjà un beau palmarès (6 championnats d’Argentine) mais surtout éblouissait par son jeu offensif et sa quintette d’attaquants (surnommée La Máquina).

Le maillot était donc blanc mais contrairement à River Plate, la bande était bleue. Les couleurs bleu et blanche rendaient hommage à l’artisanal traditionnel local, les Talavera. Ces céramiques principalement de couleur bleu et blanche sont des faïences émaillées de type majolique, représentant des ustensiles courants tels que des assiettes, des plats, des vases, des bols, des vases et des articles religieux. La qualité de l’argile se trouvant dans la région de Puebla favorisa le développement de cet artisanat, importé d’Espagne, à compter du XVIème siècle, au moment de la fondation de la ville.

Certains avancent également que le bleu et le blanc plaisaient au fondateur Joaquín Díaz Laredo, un homme pieux, qui vénérait la Vierge de l’Immaculée Conception. En effet, la Vierge Marie est systématiquement représentée vêtue d’une robe bleue. Cette couleur est porteuse de nombreuse signification telle que la fidélité, la justice et la spiritualité. Dans l’ancien testament, le bleu représente la fidélité du peuple d’Israël à Dieu tout comme la Vierge Marie. L’étoffe qui recouvre l’Arche d’Alliance est bleue et pour rappeler que la Vierge Marie, en ayant porté Jésus Christ, est comme l’Arche, elle serait représentée avec des vêtements bleus. Plus prosaïquement, à compter du XIIIème siècle, le bleu est la couleur des princes et nobles car le pigment bleu (dit de lapis-lazuli) était l’un des plus chers. Les tissus bleus démontraient donc la richesse et la noblesse de son porteur. L’Eglise se serait servie de cette riche symbolique pour désigner le caractère sacré de la Sainte Vierge.

Ce maillot fait donc l’identité du club et la fierté de ses supporteurs, au point, qu’il donna naissance à une expression rentrée dans le langage populaire mexicain, « Ponte la del Puebla« . Comme la bande qui divise le maillot, cette expression familière signifie le partage, dans le sens « s’il te plaît, partage avec moi ». Malgré cela, par deux fois, des tentatives furent faites d’abandonner cette histoire. En 1996, la famille Abed racheta l’équipe de Puebla et, dans le cadre d’une stratégie visant à établir une nouvelle identité, le bleu fut remplacé par l’orange. Après un an et de nombreuses protestations des supporters, le bleu revint. En 2012, sous la direction de Ricardo Henaine, Puebla changea le bleu par du rouge dans le cadre d’un conflit politique avec le gouvernement de l’État. Là aussi, le retour à la tradition fut fait rapidement.

#839 – NK Inter Zaprešić : Keramičari

Les céramistes. Vous avez évidemment deviné que la poterie ne constitue pas une activités des entrainements de l’équipe. En revanche, la présence de l’usine de porcelaine d’Inkerpor, filiale du groupe espagnole Porvasal, dans la ville de Zaprešić n’est certainement pas étrangère à ce surnom. En 1929, le club de football fut fondé sous le nom de NK Sava. En 1932, le club changea son nom en NK Jelačić, qu’il porta jusqu’à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Après la guerre, nouveau changement de nom pour NK Zaprešić. Puis, en 1962, le nouveau nom qui nous intéresse : NK Jugokeramika. En effet, à partir de cette date et jusqu’à l’indépendance du pays, le club fut patronné par la société Jugokeramika. Son usine s’installa dans la ville de Zaprešić en 1953. Sa production était diversifiée et sa gamme allait de carreaux de céramique aux appareils sanitaires, en passant par la vaisselle en porcelaine, dès 1956. Ses produits avaient alors une bonne réputation dans toute la Yougoslavie. A l’orée de l’indépendance du pays en 1991, le club obtint le titre non-officiel de champion de Croatie (ce premier championnat n’était pas encore officiellement reconnue mais il avait une haute valeur symbolique pour le peuple). A la même époque, Jugokeramika fut privatisé et changea de nom pour INKER (INdustrija KERamike). En conséquence, le club modifia son nom pour Inker Zaprešić. Mais, avec l’effondrement de la Yougoslavie, les marchés des territoires de l’ancien État n’étaient plus porteurs et les marchés étrangers connaissaient la crise. L’activité de l’usine déclina alors comme son soutien au club. Finalement, au début des années 2000, l’usine ne manifestait plus aucun désir de coopérer avec le club et aucune aide financière ne parvenait. Selon les dirigeants de l’époque, l’usine ne répondait même plus aux demandes d’explication ou d’aide de l’équipe. La direction du club constata donc le divorce en 2003 en abandonnant le nom de l’entreprise et devint l’Inter Zaprešić, qui avait l’avantage d’être proche de son ancienne dénomination. Le surnom en revanche resta.

#768 – Stoke City FC : the Potters

Les potiers. Grâce aux abondantes réserves d’argile de la région, de sel et de plomb pour l’émail et de charbon, pour alimenter les fours, Stoke-on-Trent est façonné par la production de poterie depuis des siècles et a gagné une réputation mondiale en la matière. La production artisanale de faïence et de grès remonte au moins au XVIIème siècle. En créant son entreprise en 1759, Josiah Wedgwood aida à passer la production locale à l’ère industrielle et avec d’autres potiers célèbres du Staffordshire, tels que Joseph Spode, Thomas Minton, la famille Wood et Thomas Whieldon, il contribua à rendre la région synonyme de céramique. La croissance fut également portée par l’ouverture, en 1777, du canal Grand Trunk (aujourd’hui le canal Trent et Mersey), qui offrait un débouché aux ports de Hull et de Liverpool afin de transporter les matières premières vers la ville et pour l’exportation de la marchandise. Au XIXème siècle, les 6 différents villages (Burslem, Fenton, Hanley, Longton, Stoke-upon-Trent et Tunstall), connus sous le nom de Potteries et qui plus tard donneront naissance à Stoke, étaient devenus des villes importantes, comptant près de 300 poteries. L’écrivain, Arnold Bennett (né à Hanley en 1867) coucha sur papier la vie quotidienne des potiers de la région. Aujourd’hui, bien qu’il ne reste qu’une usine et un four en fonction, Stoke-on-Trent est toujours le centre de l’industrie britannique de la céramique et est le plus grand producteur d’argile au monde.