#975 – FC Seongnam : 까치 군단

Le corps de pie. Dans sa volonté de prosélytisme, Sun Myung Moon, le fondateur de la secte moon (officiellement Église de l’Unification) envisageait dès 1975 de fonder un club de football. Les liens avec la secte, au travers de son chaebol (conglomérat industriel), Tongil Group, effrayèrent la ligue coréenne ainsi que nombre de municipalités pour accueillir son équipe. Finalement, les Jeux Olympiques de 1988, qui se déroulèrent à Séoul, furent l’impulsion pour passer à l’acte et le 18 Mars 1989, le Ilhwa Chunma FC vit le jour à Gangbuk, district de Séoul. Le club rencontra vite le succès, remportant son premier titre seulement 4 ans après sa création (Coupe de la Ligue en 1992). Derrière, suivirent 7 titres de champion (1993, 1994, 1995, 2001, 2002, 2003, 2006), 3 Coupes de Corée du Sud (1999, 2011, 2014) et deux autres Coupes de la Ligue (2002, 2004). Ilhwa marqua de son empreinte également l’Asie avec 2 ligue des Champions (1995, 2010), une Super Coupe d’Asie (1996) et une Coupe A3 (2004). Après avoir déménagé dans la ville de Seongnam en 2000, la mort de Sun Myung Moon en 2013 faillit emporter le club. Son fils, Moon Kook-jin, n’était pas séduit par la perspective de gérer un club de foot. Il envisagea de le céder et le déménager à Ansan. Mais, impossible pour la ville de Seongnam de se voir déposséder de son club phare au riche palmarès. Son maire, Lee Jae-myeong, décida de le racheter pour le rendre areligieux et en faire un club-citoyen.

L’acquisition se finalisa le 2 octobre 2013. Pour se débarrasser de sa mauvaise image religieuse et pour augmenter le sentiment d’appartenance à la ville, l’ensemble des symboles furent modifiés. La tenue traditionnelle jaune (une des couleurs de la secte) devint noire et la pie fit son apparition sur le nouveau blason. Pourquoi la pie ? Tout simplement car l’oiseau est le symbole de la cité de Seongnam, comme l’azalée pour la fleur et le ginkgo pour l’arbre. La pie représente l’esprit accueillant de la ville envers tous les peuples. Symbole œcuménique en ligne avec la volonté de la ville de rompre avec l’image contrastée ou excluante des anciens propriétaires. Pour le club, la longue queue de la pie devait également représenter son dynamisme et son avenir radieux.

Dans la culture du pays du Matin Calme , la pie n’est pas vue comme voleuse mais comme annonciatrice de bonnes nouvelle, porteuse de chance. Elle se trouve dans de nombreuses chansons folkloriques ainsi que des légendes et contes. Un dicton dit même « 한 해가 시작되는 설날 아침에 까치 소리를 가장 먼저 듣는 사람에게 큰 행운이 찾아든다 » (la grande chance vient à la première personne qui entend le son d’une pie le matin du jour de l’an) tandis que des superstitions indiquent que si une pie touche l’eau, le jour sera clair et si vous construisez une maison sous un arbre avec le nid d’une pie, vous deviendrez riche. On raconte aussi aux jeunes coréens que s’ils jettent en chantant sur le toit une dent qu’ils viennent de perdre, la pie lui ramènera une nouvelle dent. Les peintures anciennes dénommées 작호도 mettaient en avant une pie gazouillant et un tigre (généralement sous la pie et assis). Les deux animaux représentaient des porte-bonheurs, annonçant les bonnes nouvelles pour l’oiseau et chassant les catastrophes pour le félin. Cette image de la pie remonte aux premiers temps des royaumes coréens. Selon le Samguk Sagi, une chronique historique, Talhae, le 4ème roi de Silla, l’un des Trois Royaumes de Corée serait né sous la forme d’œuf. Son père, considérant que c’était un mauvais présage, fit mettre l’enfant dans une boîte et l’abandonna en mer. La boite dériva près de la côte et les bruits de pie qui l’accompagnaient attirèrent des villageois. Ces derniers découvrirent un beau garçon qui devint plus tard le roi de Silla, aimé par son peuple.

Le surnom était donc évident pour le club. Néanmoins, il apparût seulement en 2015 et après un concours mené auprès des supporteurs (toujours dans l’optique de partager la vie et les choix du club avec les citoyens). 236 personnes participèrent et ce fut 까치 군단 qui fut choisi, logique oblige. Park Hong-geun, le vainqueur, repartit avec 3 millions de won (environ 2 500 euros) et deux abonnements au stade.

#938 – Gateway United FC : Rock City Boys

Les garçons de la ville de pierre. Le club réside dans la ville d’Abeokuta, capitale de l’Etat d’Ogun au sud-ouest du Nigeria. Situé à 100 km de Lagos, Abeokuta est bordé par le Olumo Rock (Rocher d’Olumo), qui lui donna son nom. En effet, le peuple Egba se serait réfugié ici, dans les cavités naturelles du rocher, pour échapper à plusieurs guerres tribales au XIXème siècle. Résultat, Abeokuta, se traduit par « Sous un rocher » en langue yoruba (les Egba sont un sous-groupe du peuple Yoruba) et est surnommé Rock City (la ville de pierre). Le rocher offrait donc une protection mais, comme promontoire, il permettait aussi d’apercevoir au loin et anticiper les attaques ennemies. Il fut un élément essentiel pour les Egba dans la défense de leur territoire et représente encore aujourd’hui un totem nationaliste. Le monument naturel symbolise leur bravoure et leur indépendance et offre la paix et la liberté à tous les habitants d’Abeokuta. Le Rocher est devenu un esprit protecteur, vénéré dans la religion Yoruba en tant qu’orisha (des esprits envoyés par le créateur suprême, Olodumare , pour assister l’humanité et lui apprendre à réussir sur Ayé (Terre)).

Olumo Rock se dresse à une hauteur de 137 mètres. Son nom se compose du terme olu qui signifie dieu et mo qui signifie façonné et se traduit par « Dieu a mis fin à nos ennuis et à nos souffrances » . Au regard de son symbolisme, ce rocher constitue une destination touristique de premier plan au Nigéria, d’autant plus que son escalade est assez facile. Adapté en site touristique en 1976 et rénové en 2006, le rocher comprend des statuts d’anciens héros Egba comme Agaba – le grand chasseur, Okonkenu – le premier souverain suprême du pays Egba, et Jagun Jagun – le général tireur d’élite. Un nouveau musée, des restaurants, une fontaine d’eau, un marché d’artisanat et un ascenseur furent les dernières commodités installées en 2006. Pendant la saison des pluies, Olumo Rock produisait de l’eau qui avait des vertus médicales pour les homéopathes. Ce n’est plus le cas depuis une cinquantaine d’année. En outre, un arbre qui aurait plus de 200 ans et dont les feuilles ne tombent jamais s’élève sur le rocher.

#936 – Ajax Amsterdam : de Ajacieden

Les ajacides, dérivé directement du nom du club. Le club de la capitale néerlandaise, inventeur du football total, emblème d’une certaine idée romantique du football, se nomme d’après le héros grec, Ajax. Toutefois, il existe deux héros grecs qui s’appelaient Ajax : Ajax le Grand (ou Ajax fils de Télamon) et Ajax le petit (ou Ajax fils d’Oïlée). Les deux firent la guerre de Troie mais le premier a connu à travers les siècles une renommée plus grande. Pour le club d’Amsterdam, les fondateurs voulurent s’inspirer certainement du premier. 3 amis, Han Dade, Carl Bruno Reeser et Floris Stempel fondèrent un premier club de football le 15 octobre 1893 dénommé Union. Mais, après quelques mois d’existence, le nom fut changé pour Footh-Ball Club Ajax. Le club disparut en raison de problèmes de terrain et administratifs. Mais les 3 amis refondèrent un club dénommé Ajax le 18 mars 1900.

A l’époque, la mode pour les fondateurs de ces toutes nouvelles associations sportives était de prendre un nom anglicisé, pour rendre hommage au pays où a été inventé le football (tel que Standard, Racing), ou un nom latin ou étranger (comme la Juventus de Turin, le Velocitas Breda ou le Vitesse Arnhem – cf article #111). Les références mythologiques eurent aussi le vent en poupe, les dieux étant porteurs de certaines valeurs. Ainsi, aux Pays-Bas, naquirent en 1882 le Hercule Utrecht, en 1888 le Sparta Rotterdam, en 1894 Achille Assen, RFC Xerxes en 1904, KSV Achilles ’12 en 1912, Achille ’29 en 1929 et Fortuna’54 en 1954. Cette mode n’était pas propre aux Pays-Bas. Evidemment les clubs grecs et chypriotes y souscrivirent (Apollon Smyrnis, Apollon Kalamaria, Aris Salonique, Iraklis Salonique, Apollon Limassol) mais également dans le reste de l’Europe (Hercules Alicante en Espagne, Atalanta Bergame en Italie, Fortuna Düsseldorf en Allemagne, Sparta Prague en Tchéquie, Spartans en Ecosse).

Les 3 fondateurs de l’Ajax, encore de jeunes étudiants d’un Hogereburgerschool (école d’enseignement secondaire) du centre d’Amsterdam, prirent en référence ce héros grec qu’ils avaient dû apprendre dans une leçon de mythologie. Ajax symbolisait le courage et l’audace, valeurs que les fondateurs souhaitèrent probablement défendre et infuser dans leur équipe. Toutefois, quand ils décidèrent de prendre ce nom, il existait déjà aux Pays-Bas un club dénommé Ajax, Ajax Sportman Combinatie, fondé le 1 juin 1892 à Oegstgeest, près de Leiden. Les fondateurs de l’Ajax Amsterdam demandèrent l’accord d’utiliser le nom du héros grec au club d’Oegstgeest. La direction de ce dernier accepta sous réserve de revoir le point au bout de 99 ans. Cet accord fut formalisé et déposé à la fédération néerlandaise. Mais, quand l’échéance se rapprocha, l’Ajax Sportman Combinatie se renseigna auprès de la fédération qui répondit que l’acte original de cette accord avait été perdu. Fin heureuse pour le club de la capitale dont le nom ne pourra pas être remis en cause.

#935 – Hibernian FC : Hibs, Hibbies

Diminutif du nom du club. Dans le quartier surpeuplé de Cowgate, dans le vieux centre ville, en 1875, le club de Hibernian naquit, par la volonté de la communauté irlandaise. En effet, l’Ecosse connut au XIXème siècle une forte immigration irlandaise. Une série de mauvaises récoltes de pomme de terre engendra une période de famine et de maladie en Irlande de 1845 à 1852 qui bouleversa la société irlandaise et son histoire. Cette époque tragique se solda par le décès d’un million d’irlandais mais entraina également une exode massive des habitants, principalement vers les Etats-Unis et le Royaume-Uni. Les études estiment que plus d’un million de personnes ont fui le pays, provoquant une chute de la population du pays de 20 à 25 % (dans certaines villes, jusqu’à 67 %) entre 1841 et 1871.

En Ecosse, la plupart des migrants s’installèrent à Glasgow, mais une petite partie fit son chemin jusqu’à Édimbourg. Les irlandais se regroupèrent dans le quartier de Cowgate qui devint alors connu sous le nom de Little Ireland (petite Irlande). D’ailleurs, construite pour le rite anglican, l’Eglise St Patrick, située dans le Cowgate et qui avait l’avantage de porter le nom du Saint Patron de l’Irlande, fut rachetée par les catholiques en 1856 et devint un des repères de la communauté irlandaise. Cette paroisse fonda en 1865 la Catholic Young Men’s Society (CYMS), dont l’objectif était de favoriser la formation spirituelle, culturelle et sportive des jeunes hommes irlandais en accord avec la foi catholique. Mais, ces initiatives communautaires ne facilitaient pas l’intégration de la population irlandaise, renforcée par les préjugés anti-irlandais qui demeuraient forts chez les écossais.

Michael Whelahan et ses amis s’intéressaient au football mais avaient conscience qu’il était pratiquement impossible pour eux de jouer pour l’un des clubs écossais établis. Whelahan suggéra alors au père Edward Joseph Hannan de l’Eglise Saint Patrick que le CYMS formât son propre club de football. Après avoir réalisé son enquête sur ce nouveau jeu, le père se montra favorable à cette requête, pensant en outre qu’elle aiderait à rapprocher les irlandais des écossais. Lors d’une réunion du CYMS le 6 août 1875, le Hibernian FC fut fondé. Le choix de la date n’était pas le fruit du hasard et marquait déjà l’orientation du club. En effet, le 6 aout 1875 correspondait au centenaire de la naissance de Daniel O’Connell, chef politique des catholiques d’Irlande et promoteur d’un nationalisme irlandais dans la première moitié du XIXème siècle. Le club était donc celui des irlandais d’Édimbourg. La harpe celtique, symbole de l’Irlande, s’étala sur le blason du club. Le vert, couleur de l’Irlande, fut retenu pour les uniformes des joueurs. La devise était « Erin Go Bragh » (L’Irlande pour toujours). Enfin, le nom du club ne pouvait échapper à cette tendance même s’il y eut quelques débats parmi les fondateurs. Plusieurs idées furent avancées, mais en fin de compte, Michael Whelahan rappela que le CYMS avait absorbé quelques années auparavant la société catholique Ancient order of the Hibernians (L’ordre ancien des Hiberniens). Or, Hibernian était l’ancien nom latin de l’Irlande. Il fut donc décidé que le nom serait Hibernian Football Club. Comme tous les joueurs-fondateurs étaient catholiques et irlandais (à l’exception d’un, Danny Browne, qui était d’ascendance irlandaise), il fut édicté que tous nouveaux membres devaient également être catholique et d’origine irlandaise.

Toutefois, ce communautarisme s’analysa comme du sectarisme par les organisations écossaises. Ainsi, quand le nouveau club voulut s’affilier à l’association écossaise de football, ils reçurent la réponse laconique « We are catering for Scotsmen, not Irishmen » (Nous servons des Écossais, pas des Irlandais). L’accueil fut aussi froid auprès de la fédération d’Édimbourg, qui interdit en plus à tous ses clubs-membres de jouer ou avoir des contacts avec les Hibernians. Ainsi, privé de matchs amicaux ou officiels, les rencontres des Hibernians se limitaient à des entrainements. Finalement, un club brisa cet isolement à Noël 1875, Heart of Midlothian, donnant ainsi naissance au grand derby d’Édimbourg, encore d’actualité. Finalement, à force de persévérance, les Hibernians s’imposèrent dans le paysage footballistique écossais et devint une référence. Malheureusement, sa mauvaise gestion conduisit à sa disparition en 1891. En 1892, le club fut reconstitué, avec un changement significatif puisqu’il n’y avait plus d’obligation fait à ses joueurs d’être membres de la CYMS (donc plus nécessaire d’être irlandais et catholique). En tout cas, ce choix des premières années de représenter la communauté irlandaise d’Édimbourg fit des émules puisque des clubs irlandais naquirent à Dundee et Glasgow (Dundee Harp, Dundee Hibernian et Celtic Glasgow).

Le nom d’Hibernia fut donc attribué par les Romains dans l’Antiquité à l’île de l’Irlande. L’origine du terme n’est pas certaine et plusieurs versions se confrontent. Tout d’abord, Hibernia proviendrait du bas latin hibernum (Hiver) en raison du climat froid et pluvieux de l’Irlande. Ensuite, Hibernia pourrait venir de Ivernia dérivant du latin Ierne qui était le nom donné à l’Irlande par Pythéas, un marchand et explorateur grec du IVème siècle avant J.-C.. Ierne puiserait ses sources dans Erin le nom mythologique de l’Irlande. La dernière hypothèse repose sur le celte. En effet, Hibernia pourrait provenir de l’irlandais primitif Iweriu ou Ériu qui lui-même descend de la racine indo-européenne PiHwerjoHn (qui signifie le pays fertile).

#909 – US Monastirienne : أبناء الرباط

Les fils du Ribat. Monastir, ville de près de 100 000 habitants, à proximité de Sousse, est située sur la côte méditerranéenne. Son nom est tiré du terme grec monastrion, qui signifie monastère, car à l’époque byzantine, un monastère se dressait dans la cité et en étant même le monument principal. Avec l’invasion arabo-musulmane, le monastère disparut mais un autre monument s’éleva face à la mer et constitue encore aujourd’hui le point de repère et l’image de la ville. Il s’agit du Ribat. Pour faire face aux attaques byzantines, le royaume d’Ifriqiya, dont la capitale était à Kairouan, laissait à des communautés religieuses le soin de défendre la côte. Ces derniers bâtirent des monuments à la fois forteresses défensives et lieux de prière. Une chaîne de ribats s’étendait tout au long de la côte de l’Afrique du Nord. Celui de Monastir fut édifié en 796 probablement par Mohammed ibn Qadim et commandité par le général abbasside, Harthimâ Ibn A’yûn. Petit fortin au départ, il subit plusieurs extensions à son époque médiévale. Du XVème au XVIIIème siècle, les fortifications de l’édifice furent renforcées. avec des tours et des bastions. Aujourd’hui, il s’agit d’une enceinte massive rectangulaire, entrecoupée de tours carrés et rondes, ceinturant deux cours intérieures. Le porche d’entrée est décoré par cinq niches plates coiffées par des arcs outrepassés et surmontés d’une frise à motifs floraux. Les bâtiments intérieures accueillent de nombreuses cellules pour les moines-soldats ainsi que des salles de prières, dont la plus spacieuse accueille, aujourd’hui, une collection d’objets de culte et d’artisanat musulmans d’époque médiévale. Le Ribat est dominé par la tour-vigie (Nadhour), composée d’une centaine de marches en spirales. Le Ribat avait donc cette double fonction de forteresse et de lieu de prière. A ses débuts, il hébergeait des guerriers, des voyageurs, mais aussi des étudiants en religion et parfois des savants illustres. Puis, à la fin du Moyen-Age, il devint un grand centre religieux considéré comme un monastère islamique tandis que la ville de Monastir apparaissait alors comme une ville sainte, une des portes du paradis. Des soufis, mystiques musulmans, habitaient également le ribat. Dès le Xème siècle, un espace fut même réservé pour les femmes. Aujourd’hui, il est l’emblème, le monument phare de la ville. Il apparaît en position central et incontournable sur les armes de la cité comme sur l’écusson du club. Il est considéré comme le ribat le plus ancien et le plus important du Maghreb. Au Xème siècle, le géographe et chroniqueur Mohammed Abul-Kassem ibn Hawqal décrivit l’édifice comme le plus grand ribat de l’Ifriqiya.

#885 – Shandong Taishan FC : 泰山队

L’équipe du Mont Tai. Basé dans la ville de Jinan dans la province du Shandong, le club s’est établi comme une place importante du football chinois, avec ses 4 titres de champion dont celui remporté lors de la saison 2021. Le club actuel trouve sa source dans une association semi-professionnelle, créée le 10 avril 1956 par le gouvernement local de la province du Shandong, avec pour objectif de représenter la province dans la nouvelle ligue de football chinoise. En 1993, la professionnalisation du football chinois entraina la fondation du club, soutenu par la municipalité de Jinan, avec toujours la province comme zone de « chalandise ». Représentant de la province, il en prit l’un des symboles, le Mont Tai. D’ailleurs, le terme Taishan est dérivé du Mont Tai. Ce dernier est situé dans l’ouest du Shandong, juste au nord de la ville de Tai’an et au sud de Jinan. Son point culminant est le pic de l’Empereur de Jade, qui s’élève à 1 532,7 mètres.

Ce mont tient une place particulière dans la culture de la région mais également dans toute la Chine. Signifiant montagne tranquille, il est d’une importance cultuelle clé aussi bien pour la religion traditionnelle chinoise (en étant l’une des cinq montagnes sacrées de Chine et même la première d’entres-elles), que pour la Taoïsme et le Bouddhisme. Il est associé au levée du soleil, à la naissance et au renouveau. 5 Dieux de la mythologie chinoise lui sont associés dont la grande divinité du Mont Tai, qui est une « réincarnation » de Pangu, l’un des principaux êtres, responsable de la séparation du ciel et de la terre. Lieu de culte depuis au moins 3 000 ans, il accueille de nombreux temples et a été l’un des centres cérémoniels les plus importants de Chine. Il fut un lieu de pèlerinage pour les empereurs chinois au moins depuis l’an 1 000 avant J.-C.. Les empereurs installaient sur le mont des autels pour offrir des sacrifices afin de prier pour la paix ou rendre hommage au ciel et à la terre (cérémonies de Fengchan). Le mont, ses paysages et sa charge religieuse sont également des sources d’inspiration pour les écrivains et les poètes. Confucius et Du Fu le visitèrent et écrivirent des poèmes. Un célèbre dicton de Confucius dit « 登泰山而小天下 » (Escaladez le mont Tai et rendez le monde petit). Depuis 1987, le Mont Tai est classé au patrimoine mondial de l’UNESCO. Il est l’un des premiers sites touristiques en Chine, avec, en 2003, environ 6 millions de visiteurs.

#881 – MC Oran : المولودية

Le mouloudia. Au début du XXème siècle, les clubs sportifs musulmans furent l’un des premiers moyens de rassembler la communauté arabe et d’expression des nationalistes au Maghreb. Après la Seconde Guerre Mondiale, un certain nombre de clubs avait disparu mais l’indépendantisme algérien connut un nouvel élan, suite aux évènements de Sétif le 8 mai 1945. Ainsi, sous l’impulsion des oulémas représentés par Cheïkh Saïd Zemmouchi, cinq nationalistes, Ali Bentouati, Mohamed Bessoul, Boumefraa, Omar Rouane Serrik et Mahmoud Sayah Miloud Bendraou, se réunirent chez le coiffeur Si Ahmed Al Mahaji, dans le quartier El Hamri (à l’époque quartier Lamur), pour fonder le nouveau club de football d’Oran. Le choix du nom était un marqueur identitaire important pour un club nationaliste. Cette réunion de fondation se tint dans la nuit du 14 mai 1946, la veille de l’anniversaire de la naissance du prophète Mahomet, fête connu sous le nom de ليلة أل مولد (laylat al mawlid, veille du mouloud). Le mouloud (المولد – en arabe dialectal mûlûdiyya) est le jour de l’anniversaire de Mahomet, le 12 Rabi-el-aouel (dans le calendrier hégirien). En Algérie, cela constitue une fête centrale de l’année qui dure 7 nuits. Durant ces sept nuits, les écoles sont décorées et des poèmes en l’honneur du prophète (appelés مولدي Mawlidiyya) sont déclamés. En l’appelant Mouloudia, les fondateurs rappelaient le lien du club avec la culture algérienne dont l’Islam était estimé être le socle. Cela attestait d’un geste de déférence envers le prophète mais également une revendication identitaire vis-à-vis des européens de religion chrétienne.

Il est souvent raconté que le MC Oran avait un prédécesseur du nom de Mouloudia Club Musulman Oranais, fondé le 1er janvier 1917. Si cette dernière association a bien existée, l’affiliation entre les deux clubs est contestée. Certains avancent que le MCM Oranais n’avait pas de section sportive et son activité se réduisait à une fanfare. D’autres estiment que ce dernier club n’exista que deux ans et qu’il ne participa jamais à une compétition officielle. Le club présente généralement sa fondation en 1946 même si la tentation d’afficher une filiation avec un club plus ancien est forte.

#835 – Charleston Batterry : Holy City FC

Le FC Ville Sainte. Si le club n’évolue pas dans la grande ligue nationale de la MLS (il appartient aujourd’hui à l’USL), il demeure un des piliers du football professionnel américain. D’une part, il est l’un des plus anciens clubs de football professionnels en activité aux États-Unis (titre partagé avec les Richmond Kickers). D’autre part, son palmarès demeure l’un des plus fournies du pays dans les ligues mineures, avec un titre USISL Pro League en 1996, une USL A-League en 2003, la dernière saison de la USL Second Division en 2010 et en 2012, le championnat USL Pro. Mais, ce n’est ni sa longévité, ni son palmarès qui lui permit d’être en odeur de sainteté mais plutôt la réputation de Charleston. En termes de spiritualité, on pense naturellement à Jérusalem (3 fois saintes en tant que lieu saint des 3 grandes religions monothéistes) et Rome (résidence de la papauté). Charleston a quant à elle gagné ses galons grace à sa grande tolérance religieuse et aux nombreux lieux de prière que compte la cité de Caroline du Sud.

En effet, depuis la côté, la vue de l’horizon ciselée par les nombreux clochers de la cité, est saisissante. On y dénombre plus de 400 clochers (pour une ville de 150 000 habitants). Fondée en 1670, la cité accueillit de nombreux immigrants d’Écosse, de France, d’Allemagne, d’Irlande et d’autres pays, apportant avec eux de nombreuses branches protestantes ainsi que le judaïsme et le catholicisme romain. Ne trouvant pas d’opposition à la libre expression de leurs confessions, différents lieux de cultes se construisirent. En 1681, s’établissait la Circular Congregational Church, la plus ancienne du Sud des Etats-Unis. Cette congrégation fut fondée par des protestants anglais, des presbytériens écossais et des huguenots français. Déjà un début d’ouverture d’esprit. La First Baptiste Church apparut en 1682. Fuyant les persecutions en France, un groupe de 40 huguenots trouvèrent également refuge à Charleston et construisirent leur église en 1687. En 1702, la communauté religieuse de Charleston se définissait à 45 % calviniste, 42 % anglicane, 10% baptiste et le solde quaker et juive. L’église luthérienne St Jean fut établi par des immigrants allemands en 1742. En 1749, la première synagogue du nom de Kahal Kadosh Beth Elohim fut réalisée, pour ce qui est devenu la plus ancienne congrégation juive de la côte Est, également centre du judaïsme réformé. L’église Catholique Romaine se posa à Charleston en 1789. En 1810, deux églises anglicanes furent érigées (la cathédrale St Luc et l’église St Paul). En 1791, les affranchis et esclaves noirs américains se réunirent au sein de l’Emanuel African Methodist Episcopal Church et construisirent leur église en 1818. A cette époque, les noirs ne bénéficiaient pas d’une grande liberté pour prier (en étant notamment séparer dans les offices des églises des communautés blanches) et cette église à Charleston faisait partie des premières ouvertes pour et diriger par les afro-américains. La deuxième synagogue fut fondée en 1854 et est la plus ancienne synagogue orthodoxe du Sud. Sa congrégation d’origine était formée d’immigrants prussiens et polonais. La légende raconte que ce surnom de Holy City fut donné à la ville par un admirateur passionné mais d’autres estiment que le surnom fut inventé au 20ème siècle, probablement comme une moquerie de l’attitude suffisante des Charlestoniens à propos de leur ville.

#806 – The New Saints FC : TNS

Il s’agit des initiales du nom du club. Ce n’est pas très original et vous vous dîtes que cela ne mérite de s’y attarder et encore moins d’y consacrer un article. Mais son nom a une véritable histoire qui mérite d’être raconté. Le club fut fondé en 1959 comme représentant du village de Llansantffraid. Longtemps cantonné dans les divisions amateurs régionales du Pays de Galles, le club connut une ascension fulgurante dans l’élite galloise au début des années 1990. En 1996, Llansantffraid remporta la Coupe du Pays de Galle et se qualifia ainsi pour la première fois pour la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Ces bons résultat attira les regards et une société informatique d’Oswestry, Total Network Solutions, proposa de parrainer le club (à hauteur de 250 000 £) en contrepartie d’incorporer le nom de la société dans le nom du club. Ainsi, le club devint Total Network Solutions Llansantffraid FC. Mais, qualifié régulièrement en coupe d’Europe. le club dut se conformer à la réglementation de l’UEFA sur le sponsoring et il fut donc indiqué dans les compétitions européennes sous le sigle TNS. Puis, en 1997, le club alla plus loin en changeant de nom pour Total Network Solutions FC, devenant le premier club de football britannique à se nommer uniquement d’après le nom de son sponsor. Mais, en 2006, la société Total Network Solutions fut rachetée et absorbée par British Telecom et le sponsoring du club prit fin. La direction du club devait donc trouver un nouveau nom. Dans un premier temps, ils tentèrent vainement de vendre aux enchères les droits de dénomination sur eBay. Après cet échec, ils finirent par se mettre d’accord pour le nom « The New Saints » . Premièrement, le club de Llansantffraid était surnommé « The Saints » et pour cette nouvelle naissance, les New Saints paraissaient logique. D’autant plus qu’en 2003 le club de Llansantffraid avait fusionné avec celui d’Oswestry Town et il s’agissait donc d’une nouvelle organisation. Ensuite, il semblait cohérent avec les origines des villes de résidence. les deux villes de Llansantffraid et Oswestry ont un lien avec les Saints. Le nom de la ville de Llansantffraid signifie « l’église de Sainte Brigitte » (Brigitte d’Irlande). De même, l’étymologie d’Oswestry provient de Saint Oswald (roi de Northumbrie). Enfin, The New Saints présentait l’avantage de conserver le sigle TNS.

#781 – Ayr United FC : the Honest Men

Les hommes honnêtes. L’air de rien, le surnom est tiré d’un poème célèbre du XVIIIème siècle. Ecrit dans un mélange d’anglais et de dialecte scot par le poète écossais Robert Burns en 1790, « Tam o’ Shanter », comme se titre ce poème, raconte les mesaventures d’un fermier nommé Tam, qui, suite à une nouvelle nuit de beuverie, rencontrera le diable et des sorcières. Il est alors témoin de scènes fantastiques où les socières l’enchantent, le séduisent mais dès qu’il est conquis, elles se mettent à le chasser. Il s’agissait en quelque sorte de la première campagne de prévention contre l’alcool. Long d’environ 228 vers et principal oeuvre du poète, Robert Burns redigea cette histoire de sorcières suite à sa rencontre avec l’antiquaire Francis Grose. Ce dernier écrivit plusieurs livres sur les monuments anciens du Royaume-Uni, illustrés avec ses propres croquis. En 1789, il entama une deuxième tournée en Ecosse pour identifier des bâtiments remarquables. Burns suggéra à Grose d’inclure les ruines de l’Eglise Alloway Auld Kirk dans son livre. Né à Ayr, le poète connaissait bien les lieux puisque son père, sa mère et sa soeur avaient leur sépulture dans le cimetière adjacant. Grose accepta à condition que Burns fournisse un conte de sorcières pour accompagner son dessin. Cette ruine se situait dans le South Ayrshire et donc le poète Burns installa son histoire dans la ville d’Ayr. Ainsi, commence son poème « Auld Ayr, wham ne’er a town surpasses/For honest men and bonnie lasses » (le bon vieil Ayr, bien supérieur à toutes les autres villes en honnêtes hommes et jolies filles). Ce vers donna ainsi le surnom de l’équipe. Mais pas que. Le titre de ce poème est devenu maintenant le nom du berret écossais.