#774 – En Avant de Guingamp : En Avant

Le nom du club, assez unique dans le paysage français, se prête bien à la fois à une organisation sportive (il caractérise bien l’esprit sportif d’aller de l’avant) qu’à devenir le surnom du club, le cri de ralliement de ses supporteurs. Pour comprendre son origine, il faut replonger à la fin du XIXème siècle, quelques années avant la fondation du club (1912). Avec l’avènement de la IIIème république en 1870, le conflit entre les républicains et les catholiques monta crescendo jusqu’à la victoire définitive des laïcs au moment de l’adoption de la loi de 1905. Les républicains et progressistes laïcs voulaient un Etat qui s’affirme en se détachant défintivement de la main mise des catholiques et de leurs alliés conservateurs. Cette guerre des deux France se concentra surtout dans le domaine clé de l’éducation, là où les pensées du future génération se formaient. Historiquement, l’Eglise assurait l’éducation pour les jeunes français. Les Répub,licains passèrent à l’attaque. En 1880, les congrégations et les religieux étaient exclus des instances organisant l’éducation. En 1882, Jules Ferry fit voter la loi portant sur l’obligation et la laïcité de l’enseignement, supprimant la morale religieuse, promouvant l’instruction morale et civique et excluant du contenu de l’enseignement primaire tout dogme religieux. Un pas supplémentaire fut franchi en 1886 avec l’adoption de la loi Goblet interdisant aux religieux d’enseigner dans les établissements publics. La loi du 5 juillet 1904 interdit défitivement aux congrégations religieuses le droit d’enseigner. L’apothéose fut donc la loi de 1905 qui instaura défitivement la laïcité de l’Etat.

A cette époque, la Bretagne était un condensée de ce contexte avec des urbains progressistes et laïcs (à Rennes, Brest, Nantes …) et des campagnards attachés à leurs traditions, notamment catholiques. A Guingamp, le combat de la formation des futurs citoyens s’exporta hors de l’école pour s’installer dans le monde sportif. En effet, pour les deux camps, les sports étaient un autre moyen pour éduquer les jeunes. L’Institution Notre-Dame fonda un patronnage sportif du nom du Stade Charles de Blois. En réaction, Henri Deschamps, directeur de l’école primaire supérieure des garçons et militant laïc et républicain, fonda un nouveau patronnage, cette fois laïc, où les jeunes pouvaient pratiquer la gymnastique, l’athlétisme, l’escrime ou encore le football. Il décida de l’appeler « Société d’Éducation Physique En Avant ». Même s’il existait à Paris un club omnisport du nom d’En Avant de Paris depuis 1881, c’était un nom assez peu utilisé dans le monde sportif. En revanche, dans les milieux et journaux socialistes où évoluait Henri Deschamps, la formule était plus courante. Car l’expression collait bien à l’avant-gardisme du combat et mobilisait les militants dans la lutte. On retrouvait ainsi en Europe les publications Vorwätsen Allemagne, Forward en Grande-Bretagne ou Avanti ! en Italie. La Bretagne n’échappa pas à la mode puisque les communiqués de la structure régionale qui représentait les Républicains laïques, « Les Bleus de Bretagne » , étaient souvent signés A-raok (à l’avant en breton).

#770 – Lech Poznań : Lechici

Il s’agit du diminutif du nom du club, Lech. Lié au monde ferroviaire (cf. #93), le club n’adopta son nom Lech que le 16 janvier 1957, à un moment où la direction esperait donner une nouvelle ambition, une nouvelle dimension à l’équipe (notamment avec l’agrandissement du stade à 20 000 places). Ce choix n’est pas documenté mais je suppose que la référence au mot Lech était un moyen d’élargir l’audience du club en Pologne. En effet, Lech est intimement lié à l’histoire de la Pologne. Tout d’abord la légende. Dans la « mythologie » polonaise, Lech apparaît comme le nom du fondateur de la Pologne. L’histoire décrit trois frères Lech, Čech et Rus qui fondèrent les trois nations et peuples slaves : respectivement la Pologne, la Bohème (une partie de la République tchèque) et la Ruthénie (Russie, Ukraine et Bielorussie). Issus du même peuple qui était installé entre les fleuves de la Vistule et du Dniepr et qui connaissait une forte croissance, les 3 frères partirent coloniser des régions différentes pour assurer leurs développements et leurs pérénités. La part de réalité de cette légende concerne le nom des 3 frères qui sont tirés du gentilé de ces populations au Moyen-Âge. Pour les historiens, la naissance de la Pologne coïncide avec l’unification en 966 par Mieszko Ier, fondateur de la dynastie Piast, de plusieurs tribus slaves (Polanes, Masoviens, Poméraniens, Vislanes, Silésiens, Lendiens), peuples connus sous le nom de Léchitique. Polanes et Léchitiques vont être aux origines des deux dénominations du pays. Au XIIème siècle, l’historien byzantin Kinnamos appellait les Polonais des Lach et à la fin du même siècle, Wincenty Kadlubek, dans Chronica seu originale regum et principum Poloniae (Chroniques des rois et princes de Pologne) utilisait à plusieurs reprises les noms Lechitae (Lechites), lechiticus (léchitique) et Lechia pour décrire la Pologne médiévale. Mais, Lechia n’est pas qu’un terme médiéval puisque plusieurs langues modernes désignent l’Etat polonais avec cette étymologie (Lehia en roumain, Lahestân en perse, Lehastan en arménien et Lehistan en turc).

#769 – SpVgg Greuther Fürth : die Kleeblätter

Les trèfles. Abonné à la seconde division allemande, le club bavarois va y retourner après cette saison 2021-2022 où il termine à la 18ème place. Le trèfle qui arbore son blason ne lui aura pas porté chance. Ce trèfle provient directement des armoiries de la ville de Fürth. Les armoiries actuellement en vigueur furent approuvées en 1939 mais le trèfle apparaît pour la première fois le 18 janvier 1562 dans le sceau personnel de Johann Hornung, bailli de la cathédrale de Bamberg. Les notaires et les échevins de justice résidant dans la cour de Fürth continuèrent à utiliser le trèfle comme sceau. Puis, en 1693, le trèfle fut utilisé pour la première fois comme cachet de la commune de Fürth. Avec son élévation au rang de ville indépendante au début du XIXème siècle, Fürth se dota pour la première fois d’armoiries qui représentaient donc un trèfle.

Il y a eu de nombreuses tentatives pour expliquer la signification du trèfle et de ses trois feuilles. Cependant, son origine comme le sens demeurent toujours mystérieuses malgré l’existence de plusieurs hypothèses. Dans toutes ces versions, le trèfle à 3 feuilles représentent 3 composantes réunies et unies. Le premier maire de Fürth, Franz Joseph von Bäume, supposa que les 3 feuilles du trèfle représentaient le triumvirat qui dirigeait la ville de 1400 à 1792 : la principauté d’Ansbach (ou margraviat de Brandebourg-Ansbach), la ville impériale de Nuremberg et le diocèse de Bamberg. Version populaire, elle semble historiquement peu probable car les 3 maîtres ne formèrent pas une gouvernance unique, s’opposèrent souvent et chaque quartier de la ville ne se soummettait qu’à un seul de ces seigneurs. Une autre possibilité revient à celui qui introduit le trèfle, Johann Hornung. Etant donné qu’il était bailli de la cathédrale de Bamberg, le trèfle pouvait avoir la symbolique classique du catholisme, la trinité. En effet, St Patrick, le saint irlandais, se servit d’un trèfle pour expliquer la trinité de Dieu. Chaque feuille représente le Père, le Fils et le Saint Esprit et le tout forme le trèfe, Dieu (Trois et pourtant un). L’historien Schwammberger était un partisan de cette théorie. Enfin, comme toutes les versions tournent autour de ces 3 feuilles, il fallait une troisième hypothèse. Ce trèfle serait le symbole de la coexistence pacifique des 3 religions. Depuis la Réforme, la ville de Fürth comptait 3 confessions, les protestants, les catholiques et les juifs, qui cohabitaient pacifiquement.

#753 – Club Africain : الأفريقي

L’africain. Tiré de son nom, le sobriquet comme le nom demeure singulier pour un club qui représente avant tout la capitale tunisienne. Et même si son aura est grande, elle ne dépasse guère les frontières tunisiennes. Mais, avant de rentrer dans ce débat, repartons au début des années 1920, en évitant une autre discussion qui anime la Tunisie du football. En effet, sous protectorat français dont le représentant s’accaparait les différents pouvoirs, la Tunisie connaissait au début du XXème siècle un mouvement nationaliste qui devait naturellement s’exprimer dans le sport également. Les clubs sportifs en Tunisie personnifiaient les différentes communautés française (Racing Club de Tunis, Sporting Club de Tunis, Stade Gaulois), italienne (Italia de Tunis, Savoia de Sousse), maltaise (Mélita-Sports) et juive (Stade Tunisois, Maccabi) mais les indigènes musulmans ne se sentaient pas représenter. Toutefois, certains clubs intégraient des musulmans comme le Stade africain. En 1918, un match qui opposait le Stade Africain et le Stade tunisois tourna à l’émeute. Pour sanction, les autorités françaises dissolvaient les deux associations. Cette disparition d’un club, où elle pouvait jouer, encouragea la communauté musulmane, dans cette dynamique nationaliste, à essayer de fonder une association dédiée. L’une de ces initiatives s’inscrivait dans la tradition du Stade Africain, en reprenant notamment le nom. Toutefois, en 1919, le premier essai des fondateurs du club échoua car le nom choisit, Club islamique africain, ne passa pas la censure des autorités (ces dernières ne souhaitaient pas voir le sentiment nationaliste se crystaliser au sein d’une quelconque association). Quelques mois plus tard, les fondateurs essayèrent une nouvelle fois avec toujours la volonté d’affirmer leur racine indigène. Ainsi, le président du club était tunisien, le choix des couleurs se porta sur celles du drapeau tunisien (rouge et blanc) et l’écusson affichait les symboles musulmans, croissant et étoile. Enfin, le fait de nommer « africain » un projet sportif d’ordre national ne pouvait être le fruit du hasard ni dénué de sous-entendus. Comme le continent africain était sous domination coloniale, ce choix avait une valeur symbolique et politique, voire était une cri de ralliement pour l’ensemble des indigènes. Mais, cette référence au continent était aussi un rappel aux racines de la Tunisie. Au Moyen-Âge, la partie du territoire qui s’étendait du Nord-Est de l’Algérie au Nord-Ouest de la Libye, en passant par la totalité de la Tunisie, se dénommait Ifriqiya, qui donna plus tard le mot Afrique.

#729 – CS Sedan : les Sangliers

Le 27 mai 1956, la 39e édition de la Coupe de France proposa en finale un affrontement entre deux équipes de la région Champagne-Ardennes : Sedan face à Troyes. Sedan s’imposa 3 buts à 1 et au côté des joueurs et de la Coupe, sur la photo, un sanglier, dénommé Dudule, prit la pose. Pour les finales de 1961 et 1965, la laie Dora remplaca Dudule et Césarine reprit le rôle pour les finales de 1999 et 2005. La mascotte sedannaise était donc un sanglier et pour tout connaisseur de la région, c’était tout sauf une surprise (même si au début des années 1950, le club était représentait par un bulldog nommé Whiski). Le sanglier apparût à la même période sur le blason du club pour ne plus le quitter. Le club et l’animal était devenu indiscociable et son intronisation ne résulta pas du hasard ou d’une rencontre dominicale lors d’une partie de chasse d’un des membres de la direction du club. Le sanglier était en réalité endémique de Sedan et de la région des Ardennes.

En effet, dans la forêt des Ardennes, l’animal pullule et s’impose donc dans toute la culture de la région. Depuis, le 8 août 2008, un sanglier en méral de 8 mètres de haut et pesant 50 tonnes se dresse sur l’aire d’autoroute de Saulces-Monclin sur l’A34 (autoroute reliant Reims à Sedan). Il s’affiche, depuis la Première Guerre mondiale, sur les armoiries du département des Ardennes. Plusieurs régiments militaires de la région le prirent pour symbole (dont les résistants du maquis ardennais). Surtout il orne celles de Sedan depuis le XVIème siècle. Le seigneur souverain de Sedan, Henri-Robert de La Marck dota en 1568 la ville d’armoiries (où le sanglier y est représenté au pied d’un chêne) qui mettaient à l’honneur un de ses ancêtres surnommé le « Sanglier des Ardennes », Guillaume de La Marck. Ce liégois, acoquiné à Louis XI, gagna une réputation de barbare et d’assassin. Outre le fait, avec sa bande de ravager des villages en détruisant des récoltes et en violant des filles, Guillaume de La Marck ne cessa tout sa vie de susciter des troubles et d’ourdir des intrigues. Il écrivit sa légende noire en assassinant lachement lors d’une embuscade le prince-évêque de Liège, Louis de Bourbon, qui pourtant suppliait sa pitié. Pour se distinguer, il portait un habit rouge avec une hure de sanglier brodée sur la manche, ce qui lui valut le surnom de Sanglier des Ardennes. L’animal jouissait d’une certaine réputation depuis la nuit des temps dans les pays celtes en symbolisant la force et le courage.

En outre, pour les celtes, il était un lien vers l’au-delà en représentant une autorité spirituelle (contrairement à l’ours qui était une autorité temporelle). D’ailleurs, dans une chanson de geste au Moyen-Âge, une autre filiation se tisse entre les Ardennes et le sanglier. Par deux fois, dans « Chanson des quatre fils Aymon » (également intitulée « Chanson de Renaud de Montauban »), des vers présentent Renaud, chevalier d’Ardenne, sous les traits d’un sanglier le temps d’un songe (moment où l’esprit rejoint un monde mystérieux, parallèle). Pour certains, cette association résulte des terres d’origine de Renaud, l’Ardenne (qui correspond à la forêt et en partie au département français des Ardennes), dont les racines étymologiques puisent dans l’indo-européen commun u̯erdʰ qui signifie « pousser, poindre, se lever » et se partagent avec le grec ὀρθός et le latin orior qui signifient « se lever » (ce dernier donnant le terme arduus (se dresser)). Or, ce qui est à l’origine, au commencement et qui se dresse correspond à une autorité spirituelle (représenté donc par un sanglier). Les bois denses et mystérieux de la forêt Ardenne viendront renforcer ce côté sacré.

#718 – América Cali : el Diablo Rojo

Le diable rouge. Voila un surnom qui doit inspirer la crainte aux adversaires et galvaniser ses troupes. Pas étonnant alors de le retrouver sur le blason du club, qui d’ailleurs évolue en rouge. Sa naissance donne lieu à diverses histoires mais remontent toutes aux premières années d’existence du club. Officiellement fondé le 13 février 1927, le club puise ses origines au sein de deux formations créées quelques années auparavant. D’un côté, le Racing Club (ou Junior) naquit en 1925 et portait des maillots rayés bleu ciel et blanc qui mettait à l’honneur le club argentin du Racing que les fondateurs admiraient. De l’autre, le club d’Independiente, formé notamment de dissidents du Racing, évoluait avec un maillot bleu foncé. Le Racing absorba Independiente en 1927 et continua à utiliser ses maillots. Puis, les joueurs utilisèrent un maillot rouge associé à un short bleu. Suite à des discussions internes, les joueurs souhaitèrent changer pour des maillots et shorts respectivement rouge et blanc. La raison de ce choix est inconnu.

En 1931, le club fut suspendu de toute compétition régionale pendant un an après avoir contesté les décisions arbitrales lors de la finale d’un tournoi. Afin de maintenir l’activité football, les dirigeants d’América décidèrent d’entreprendre une tournée à travers le pays. A son arrivée à Barranquilla, América fut invité à assister à un match de basket entre Unión Colombia et Los Diablos Rojos. Cette dernière portait un uniforme intégralement rouge et sa domination était telle que le secrétaire de la tournée, Hernando Lenis, suggéra d’adopter une tenue totalement rouge. Ce choix aurait alors également coïncidé avec les déclarations d’un journaliste quelques temps plus tôt lors de cette tournée. En effet, dans le journal « El Gráfico » de Bogota un journaliste écrivit après la victoire de l’América sur Bartolino que « Los negritos del América parecen unos diablos rojos… » (Les petits noirs d’América ressemblent à des diables rouges…). Ainsi, cette tournée fut structurante pour le club puisqu’elle permit de sauver la section football, d’adopter sa couleur encore actuelle et d’y gagner un surnom.

Le diable accompagné de son trident apparut sur le blason du club entre 1940 et 1943 en remplacement de l’image du continent sud-américain. Toutefois, la présence du diable sur l’écusson du club (et qui se répandit comme une symbole de fierté dans toute la ville) ne pouvait laisser indifferent dans un fervent pays catholique. Le diable de l’América fut donc souvent tenu pour responsable des malheurs de l’équipe. Un prêtre avait même réalisé un exorcisme sur le terrain avant une rencontre. En outre, l’entraineur, Gabriel Ochoa Uribe, en raison de ses croyances et superstitions, fit disparaître du maillot le diable pendant 12 ans (lors de la période dorée du club dans les années 1980 où ils remportèrent 5 titres nationaux consécutifs et atteignirent 3 finales de Copa Libertadores d’affilée).

#716 – Heracles Almelo : Heraclieden

Evidemment que ce surnom dérive directement du nom du club néerlandais, rival du FC Twente. Le 3 mai 1903, Heracles Almelo vit le jour par la fusion de deux associations : Hollandia et Inartie. Les membres cédèrent à la mode de l’époque de donner un nom étranger à leur nouveau club et choisissent le héro grecque Hercule. Ce n’était pas le seul à l’époque puisque 3 ans auparavant l’Ajax naissait à Amsterdam. Non seulement le recours à la mythologie donnait un côté chic, érudit mais surtout se référer à des dieux ou héros grecs les plus célèbres et forts, procurant à la jeune équipe notoriété et inspiration. En 1906, la direction formula une requête pour faire admettre la première équipe d’Hercule en deuxième division de l’Association néerlandaise de football (NVB, ancêtre de la KNVB). Cette dernière accéda à cette demande sous réserve de changer de nom car il existait déjà un club portant le nom du héro grec (Hercules Enschede). Héraclès (grec ancien : Ἡρακλῆς) fut retenu car c’était tout simplement le nom de Hercule en grec.

Au cas où vous auriez quelques lacunes de mémoire, Héraclès est un demi-dieu grec, fils de Zeus et d’Alcmène, célèbre pour les 12 travaux difficiles qu’il exécuta à la demande du roi Eurysthée. Mais, au delà de ces exploits, il était connu pour aimer les femmes (son surnom était φιλογύνης, qui signifie « aimant les femmes »). Il se maria 4 fois et eut une très nombreuse descendance. Mais, avant ses mariages, le Roi Thespios, souverain de Thespies, souhaitait avoir Héraclès comme père de ses petits-enfants. Résultat, sans le savoir, Héraclès fit l’amour avec les 50 filles du Roi et devint ainsi le père de 51 fils, les Thespiades. Sa première femme, Mégara, lui donna entre 2 et 8 enfants selon les auteurs, appelés les Chalkoarai. Avec Omphale, sa 2ème femme, Héraclès fut plus performant avec 60 fils. Avec sa 3ème, Déjanire, il eut un fils dénommé Hyllos. Puis, la dernière, la déesse Hébé, eut 2 jumeaux (Alexiarès et Anicétos) avec Héraclès. Toute sa descendance est dénommée les Héraclides (Heracliden en néerlandais), même si au sens strict, le terme se concentre sur les enfants qu’il eut avec Omphale. Le surnom d’Almelo pourrait donc faire le lien avec les Héraclides, symbolisant que les joueurs du club sont des enfants d’Héraclès.

#707 – Breiðablik Kópavogur : Blikar

Le mot provient de la dernière syllabe du nom du club est fait penser à la splendeur, le scintillement. Mais, il pourrait aussi reposer sur le mot bliki qui désigne le canard mâle en islandais. Plus connu pour son équipe féminine (18 fois championnes du pays) que celle des hommes (1 fois championne en 2010 avec tout de même plusieurs secondes places ces dernières années), le club possède un nom plutôt singulier Breiðablik, sur lequel il convient de se pencher. En effet, ce dernier fait appel à la Mythologie nordique puisque le Breiðablik est le domaine où règne le dieu Baldr. Situé dans les cieux il s’agit d’une contrée où le mal est banni. Dans l’Edda de Snorri Sturluson (dans sa première partie dénommée Gylfaginning), l’auteur explique qu' »en ce lieu rien ne peut être impur » ou « il n’y a pas dans le ciel de plus belle demeure ». Il n’en fallait pas moins pour Baldr, dieu de la lumière, la beauté, la jeunesse et l’amour. Avec comme « parrain » le dieu de la lumière, le club prit pour blason une torche blanche avec une flamme rouge sur fond vert. D’où la référence à la splendeur, au scintillement paraît logique. Comme vous l’aurez noté, la couleur principale de Breiðablik est le vert. Or, le canard colvert, qui arbore un superbe plumage vert au niveau de son visage, demeure certainement le plus connu et reconnaissable de tous les canards. Le surnom joue donc certainement sur ces deux aspects.

#706 – Estudiantes de Mérida FC : Rojiblanco

Le rouge et blanc. 2021 marque le cinquantenaire du club vénézuélien. L’occasion parfaite pour se plonger dans ses racines. Le 4 avril 1971, 58 personnes se réunirent dans la ville andine pour approuver les statuts et élire le conseil d’administration d’un club de football. Avec de nombreux membres fondateurs ayant étudié au Colegio San José, le maillot rayé rouge et blanc s’imposa pour rappeler les couleurs du collège. Dans les années 1920, les prêtres de la Compagnie de Jésus (les jésuites) débarquèrent au Venezuela et fondèrent plusieurs institutions éducatives dont le Colegio San Ignacio à Caracas (8 janvier 1923) et le Colegio San José à Mérida (1927). Dans leurs valises, ils apportèrent bien entendu des bibles et des crucifix, mais, ce qu’ils considèrent aussi importants que les objets spirituels, des ballons de football. En effet, les religieux étaient des passionnées de football et, trois mois seulement après avoir ouvert les portes du collège de Caracas, ils avaient déjà constitué une équipe de football, sous le nom de Loyola, qui existe encore aujourd’hui. En 1927, la même Compagnie de Jésus implanta son projet éducatif à Mérida et tout comme à Caracas, l’équipe de football suivit immédiatement. Les prêtes, qui s’était forgés cette passion sportive dans leur Bilbao natal, dotèrent le collège et l’équipe d’un écusson (et donc de maillots) aux couleurs rayés de celles de leur club de cœur, l’Athletic Club de Bilbao. Bien que le Colegio San José ferma ses portes en 1962, les anciens élèves de ce collège lui rendirent donc hommage 9 ans plus tard en reprenant ses couleurs pour le club d’Estudiantes.

#704 – St James’s Gate FC : the Gate

La porte. Simple de reprendre, comme surnom, le nom de son club et ce n’est pas la porte ouverte à toutes les interprétations. Cette porte de Saint James (autre version du nom de Saint Jacques en ancien français) indique évidemment le quartier d’origine du club. Détruite en 1734, elle marquait l’entrée Ouest de la ville de Dublin au Moyen-Âge et correspondait au point de départ traditionnel du pèlerinage de Dublin à Saint-Jacques-de-Compostelle. Elle donna naissance au quartier qui porte son nom. Mais, si le club affiche sur son écusson une porte, ce n’est pas celle du Moyen-Âge. Il s’agit de l’une des entrées d’un de ses bâtiments remarquables, la St James’s Gate Brewery. En effet, traversé par le fleuve Liffey, le quartier de St James vit de nombreuses brasseries s’installer et devint associé à ce commerce depuis le XVIIème siècle. A vrai dire, au XIIIème siècle, les moines qui résidaient à St James’s Gate réalisaient déjà leur propre brassage. En 1759, un brasseur du nom de Arthur Guinness, qui fabriquait des bières à Leixlip, dans le comté de Kildare, loua la brasserie de St James’s Gate pour 9 000 ans. De là, l’empire Guinness se déploya. En 1838, l’usine devint la plus grande brasserie d’Irlande. En 1868, le site était passé d’environ 1 acre à plus de 64 acres. Enfin, en 1886, elle était la plus grande brasserie du monde, avec une production annuelle de 1,2 million de barils. Dans cette révolution industrielle du XIXème siècle et du XXème siècle, où le paternalisme fleurissait parmi le patronat, les grandes usines ne limitaient pas leurs influences au mur de leurs sites. Ainsi, la brasserie de St James’s Gate possédaient sa propre centrale électrique et les bâtiments environnant pour louer des logements à ses employés. La famille Guinness fit preuve également de générosité envers la ville de Dublin en finançant la construction de bains publics, de logements sociaux et en faisant don du parc St. Stephen’s Green. Comme souvent, ce patronat paternaliste offrit à sa masse d’ouvriers et d’employés de ses usines des distractions et activités sportives. Sous l’impulsion du médecin-chef de la brasserie, John Lumsden, l’équipe vit le jour en 1902, comme un club corporatiste.