#718 – América Cali : el Diablo Rojo

Le diable rouge. Voila un surnom qui doit inspirer la crainte aux adversaires et galvaniser ses troupes. Pas étonnant alors de le retrouver sur le blason du club, qui d’ailleurs évolue en rouge. Sa naissance donne lieu à diverses histoires mais remontent toutes aux premières années d’existence du club. Officiellement fondé le 13 février 1927, le club puise ses origines au sein de deux formations créées quelques années auparavant. D’un côté, le Racing Club (ou Junior) naquit en 1925 et portait des maillots rayés bleu ciel et blanc qui mettait à l’honneur le club argentin du Racing que les fondateurs admiraient. De l’autre, le club d’Independiente, formé notamment de dissidents du Racing, évoluait avec un maillot bleu foncé. Le Racing absorba Independiente en 1927 et continua à utiliser ses maillots. Puis, les joueurs utilisèrent un maillot rouge associé à un short bleu. Suite à des discussions internes, les joueurs souhaitèrent changer pour des maillots et shorts respectivement rouge et blanc. La raison de ce choix est inconnu.

En 1931, le club fut suspendu de toute compétition régionale pendant un an après avoir contesté les décisions arbitrales lors de la finale d’un tournoi. Afin de maintenir l’activité football, les dirigeants d’América décidèrent d’entreprendre une tournée à travers le pays. A son arrivée à Barranquilla, América fut invité à assister à un match de basket entre Unión Colombia et Los Diablos Rojos. Cette dernière portait un uniforme intégralement rouge et sa domination était telle que le secrétaire de la tournée, Hernando Lenis, suggéra d’adopter une tenue totalement rouge. Ce choix aurait alors également coïncidé avec les déclarations d’un journaliste quelques temps plus tôt lors de cette tournée. En effet, dans le journal « El Gráfico » de Bogota un journaliste écrivit après la victoire de l’América sur Bartolino que « Los negritos del América parecen unos diablos rojos… » (Les petits noirs d’América ressemblent à des diables rouges…). Ainsi, cette tournée fut structurante pour le club puisqu’elle permit de sauver la section football, d’adopter sa couleur encore actuelle et d’y gagner un surnom.

Le diable accompagné de son trident apparut sur le blason du club entre 1940 et 1943 en remplacement de l’image du continent sud-américain. Toutefois, la présence du diable sur l’écusson du club (et qui se répandit comme une symbole de fierté dans toute la ville) ne pouvait laisser indifferent dans un fervent pays catholique. Le diable de l’América fut donc souvent tenu pour responsable des malheurs de l’équipe. Un prêtre avait même réalisé un exorcisme sur le terrain avant une rencontre. En outre, l’entraineur, Gabriel Ochoa Uribe, en raison de ses croyances et superstitions, fit disparaître du maillot le diable pendant 12 ans (lors de la période dorée du club dans les années 1980 où ils remportèrent 5 titres nationaux consécutifs et atteignirent 3 finales de Copa Libertadores d’affilée).

#706 – Estudiantes de Mérida FC : Rojiblanco

Le rouge et blanc. 2021 marque le cinquantenaire du club vénézuélien. L’occasion parfaite pour se plonger dans ses racines. Le 4 avril 1971, 58 personnes se réunirent dans la ville andine pour approuver les statuts et élire le conseil d’administration d’un club de football. Avec de nombreux membres fondateurs ayant étudié au Colegio San José, le maillot rayé rouge et blanc s’imposa pour rappeler les couleurs du collège. Dans les années 1920, les prêtres de la Compagnie de Jésus (les jésuites) débarquèrent au Venezuela et fondèrent plusieurs institutions éducatives dont le Colegio San Ignacio à Caracas (8 janvier 1923) et le Colegio San José à Mérida (1927). Dans leurs valises, ils apportèrent bien entendu des bibles et des crucifix, mais, ce qu’ils considèrent aussi importants que les objets spirituels, des ballons de football. En effet, les religieux étaient des passionnées de football et, trois mois seulement après avoir ouvert les portes du collège de Caracas, ils avaient déjà constitué une équipe de football, sous le nom de Loyola, qui existe encore aujourd’hui. En 1927, la même Compagnie de Jésus implanta son projet éducatif à Mérida et tout comme à Caracas, l’équipe de football suivit immédiatement. Les prêtes, qui s’était forgés cette passion sportive dans leur Bilbao natal, dotèrent le collège et l’équipe d’un écusson (et donc de maillots) aux couleurs rayés de celles de leur club de cœur, l’Athletic Club de Bilbao. Bien que le Colegio San José ferma ses portes en 1962, les anciens élèves de ce collège lui rendirent donc hommage 9 ans plus tard en reprenant ses couleurs pour le club d’Estudiantes.

#676 – FK Rabotnički Skopje : Црвени

Rouge. Le club fut fondé en 1937 dans le village de Debar Maalo, situé sur la rive droite de la rivière Vardar, qui intégra par la suite la ville de Skopje. Dans les années précédentes, le football apparaissait comme le loisir favori des jeunes et des ouvriers du village. Naturellement, des tentatives furent lancées pour créer une association sportive mais elles se soldèrent toutes par un échec. La Macédoine du Nord était alors intégré dans le Royaume de Yougoslavie, dominé par les Serbes. Le gouvernement poursuivait une politique de serberisation forcée de la région, ce qui entraina la naissance de mouvement indépendantiste macédonien, dont certain était encouragé par le Komintern (l’internationale communiste). Avec sa population ouvrière, Debar Maalo s’imposa comme l’un des villages les plus revendicatifs de Skopje et plusieurs personnalités révolutionnaires y sévissaient, notamment l’un qui deviendra un héros de la Macédoine, Damjan Krapchev, communiste et indépendantiste.

Conscient de l’importance du football et du pouvoir dont il disposait sur les masses, Krapchev eut l’idée de former un club qui pourrait encadrer la pratique sportive des jeunes mais également permettrait d’éveiller leur esprit révolutionnaire. Ainsi, en 1937, il fut l’instigateur de la création du club. Il proposa le nom de Rabotnički qui signifie le club des ouvriers, une évidence au vue de la population locale, et les autres membres l’adoptèrent avec enthousiasme. De même, les fondateurs adoptèrent le rouge comme couleur. Seulement, le club devait être enregistré auprès des autorités serbes et évidemment, ces dernières surveillaient de près ces nouvelles associations qui ne devaient pas constituer des foyers de contestation.

Pour contourner cette difficulté administrative, Krapchev et d’autres fondateurs, au vue de leurs activités révolutionnaires, n’apparurent pas sur les papiers officiels et des personnalités plus « acceptables » furent nommés aux postes de direction de la nouvelle entité. Les autorités serbes acceptèrent le nom mais pas la couleur dont ils savaient très bien qu’elle était un symbole des mouvements communistes. Suite à ce refus, les membres fondateurs, après de nombreuses discussions, acceptèrent de changer la couleur rouge pour du noir, afin de composer avec les autorités et permettre la création de l’association. Après l’enregistrement, l’équipe porta un maillot noir pour ses deux premiers matches puis ils furent remplacés par des maillots rouges que Rabotnicki porte encore aujourd’hui. Lors d’un match à Tetovo en 1938, la police exigea des joueurs de porter des maillots noirs conformes à ceux acceptés par les autorités au moment de l’enregistrement, sous peine de ne pas jouer. Malgré les menaces, les joueurs et la direction du club déjouèrent la police en sortant sur le terrain avec des maillots rouge foncé. Ayant eu connaissance des menaces, les supporters saluèrent l’entrée des joueurs en scandant « Црвени, Црвени ! » (rouge, rouge !). Depuis, cette couleur est définitivement celle de ce club ouvrier.

#673 – Samsunspor : Kırmızı Şimşekler

L’éclair rouge. Le football naquit dès le début du XXème siècle (1909) dans la principale ville turque de la Mer Noire, Samsun. Toutefois, les premiers clubs vécurent à peine quelques années. Puis, les années 1920 furent le véritable point de départ du développement des associations sportives dans la ville. Certains de ces clubs fusionnèrent entre eux et, lors de l’un de ces mariages, un nouveau club du nom de Samsunspor émergea en 1927. Portant des maillots noirs et blancs (dans une conception qui pouvait différer d’un joueur à l’autre), ses débuts furent chaotiques et après plusieurs fermetures-réouvertures, le club commença vraiment une nouvelle vie le 16 novembre 1950. Mais, dans le contexte de la structuration du football turque qui donna naissance à sa première division professionnelle en 1959 et à sa seconde division en 1963, la création de l’association actuelle se réalisa le 30 juin 1965 quand Samsunspor fusionna avec 4 autres clubs de la ville : 19 Mayıs, Fener Gençlik, Akınspor et Samsun Galatasaray. Cette nouvelle structure fut encouragée par le directeur régional de la Türk Ticaret Bankası (Banque Commerciale Turque), Kadri Ersan, qui accéda à sa présidence. Comme les couleurs de la banque était le rouge et le blanc, elles s’imposèrent alors au nouveau club. Même si le dessin du premier maillot était similaire à celui du Slavia Prague (un maillot séparé verticalement en deux avec une partie rouge et une partie blanche), le premier kit porté lors de sa première saison fut plus simple : un maillot rouge, un short blanc et des chaussettes rouges et blanches.

#664 – Hapoël Beer-Sheva : האדומים מהדרום

Les rouges du Sud. En 1949, Zalman Caspi, un ancien joueur de football du club du Hapoël Ramat Gan mit en place un système de scouting pour trouver de jeunes talents dans les camps de transit de la région de Beer Sheva, afin de créer éventuellement une équipe de football. Le club fut alors fondé, sous l’égide de Hapoël, une organisation sportive qui dépendait du syndicat de travailleurs הסתדרות (Histadrout – Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël).

Ce syndicat avait été fondé en 1920, porté par des mouvements socialistes, et avait pour objectif de permettre l’installation des juifs en Palestine, qui était sous mandat britannique, ainsi que la promotion et la défense des travailleurs juifs. Il investit alors toutes les sphères d’activité des ouvriers : éducation, construction de logements, santé, banque, entreprises coopératives, protection sociale, culture et donc sport. Ainsi, Histadrout fit naître en 1926 le mouvement sportif Hapoël (הפועל), ce nom étant dans la tradition de gauche du syndicat, signifiant « l’ouvrier ». Etant donné les orientations politiques du syndicat et le fait que le Comité olympique israélien était contrôlé par le rival du Maccabi, Hapoël rechercha des liens avec des organisations sportives des partis socialistes similaires et devint ainsi membre du Socialist Workers’ Sport International et de l’International Workers and Amateurs in Sports Confederation. Hapoël reprit également les codes internationaux de l’époque des mouvements de gauche : fossile et marteau dans son blason et couleur rouge pour ses tenues.

Le rouge est la couleur de tous les mouvements de gauche depuis le XVIIIème siècle, quand les premiers mouvements prolétaires émergèrent et utilisèrent le drapeau rouge comme bannière. Ce symbole proviendrait de la Marine, qui utilisait le drapeau rouge avant une bataille pour signifier qu’il ne sera pas fait de prisonnier lors du combat. Ainsi, il était un signe d’un esprit combatif sans concession, du sang prêt à couler. Et cet état d’esprit séduisit les premiers mouvements de révolte d’ouvriers (qui jaillirent dans les villes portuaires), prêts à lutter au prix de la vie jusqu’à l’abdication de leurs adversaires. Ainsi, les ouvriers du port de Londres, lors de leur grève de 1768, auraient été les premiers à utiliser le drapeau rouge. Il apparût ensuite lors de différentes révolutions en France et devint la bannière des mouvements socialistes lors de la révolution de 1848 et surtout pendant la Commune de Paris en 1871. Depuis, il s’imposa comme drapeau (avec quelques attributs) des différents pays communistes (URSS, Chine, Vietnam, Mongolie …) et des parties politiques de gauche.

Beer-Sheva copia donc les symboles de l’Hapoël et ses maillots devinrent rouge. Enfin, Beer-Sheva, 6ème ville d’Israël, est la plus grande cité du Neguev et le centre administratif pour le sud d’Israël. Résultat, afin de le distinguer des autres clubs existant sous l’égide de l’Hapoël et portant également du rouge, au surnom classique fut rajouté la localisation géographique de la ville de Beer-Sheva.

#661 – RCD Majorque : los Bermellones

Les vermillons. Le RCD Majorque évolue dans un maillot rouge foncé depuis 1922. Tout d’abord, revenons à la création du club. Le 27 février 1916, Adolfo Vázquez Humasqué, Antonio Moner, Rafael González, Alberto Elvira, Joaquín Mascaró et Fernando Pinillos, convinrent de fonder une association de football qu’ils dénommèrent Alfonso XIII FBC. Alfonso XIII était le nom du monarque espagnol qui régnait alors. Les fondateurs devaient donc être royalistes. Ce choix ne fut pas vain car dès le 28 juin de la même année, le roi Alfonso XIII honora la nouvelle équipe du titre de société royale. Jusqu’en 1922, les joueurs portaient un maillot, un pantalon et des chaussettes noirs. En 1922, Adolfo Vázquez Humasqué, un des principaux fondateurs et premier président du club, donna au club un équipement composé d’un maillot rouge et un short bleu, similaire à l’équipe de football espagnol. Outre le nom, ce choix renforçait encore le lien avec l’Espagne et sa monarchie.

Pourquoi ne pas avoir fait ce choix dès la création du club ? Tout simplement car l’équipe nationale d’Espagne naquit en 1920 afin de représenter le pays au Jeux Olympiques d’Anvers. Le maillot fut choisie par le président de l’époque du Comité olympique espagnol, Gonzalo Figueroa y Torres. Il opta pour un maillot rouge avec un lion rampant jaune comme blason. Le président du Comité olympique voulait un maillot aux couleurs du drapeau espagnol, rouge et jaune. Toutefois, il ne retint pas l’idée d’un maillot à 3 bandes comme le drapeau et préféra un lion rampant de couleur jaune. Cette figure héraldique apparaissait sur les armes du Roi Alfonso XIII et représentait les Pays-Bas des Habsbourg, qui dépendait de la couronne espagnole du XVème au XVIIIème siècle. Or, ce lion rampant, intégré dans le blason des Pays-Bas des Habsbourg, provenait des armes d’une des provinces des Pays-Bas, le Duché de Brabant, qui étaient noir avec un lion jaune. Et quelle ville se situait dans ce duché ? Anvers. Ainsi, l’Espagne se présentait avec des maillots aux couleurs nationales mais qui avait un lien avec la ville où se déroulait les Jeux Olympiques. En 1921, la sélection espagnole porta un maillot blanc mais redevint l’année suivante au rouge, période où Majorque l’adopta.

#647 – Bristol City FC : the Robins

Les rouges-gorges. Fondé le 12 Avril 1894, le club évolua dès le début dans des maillots de couleur rouge qui ressemblait alors au plumage du rouge-gorge. Pendant ses 127 années d’existence, les seules fantaisies furent un short bleu la première année et quelques touches de noir au début des années 1980 et des années 2010. Même en 1900 lorsque le club fusionna avec son voisin de Bedminster FC, qui portait des maillots bordeaux et or, Bristol conserva ses maillots rouges. La raison de porter du rouge est inconnue. Différentes hypothèses furent avancées mais aucune ne paraît tenir.

Jusqu’à l’obtention de son statut professionnel, le club se dénommait Bristol South End, peut-être en l’honneur de Preston North End, le club majeur à cette époque (champion d’Angleterre en 1889 et 1890, et vice-champion les 3 années suivantes). Comme Preston évoluait en bleu, les fondateurs auraient pu retenir le rouge (comme un parallèle de l’opposition North-South). En parlant d’opposition, le grand rival local de City est Bristol Rovers qui porte des maillots bleus. Seulement, les Rovers n’optèrent pour le bleu qu’au début des années 1930, soit bien après l’adoption du rouge par City.

Personnellement, j’avancerais que les dirigeants s’inspirèrent des armoiries de la ville (un bateau et un fort) qui apparaissent sur un fond rouge. Il se peut aussi que ce choix soit beaucoup moins réfléchit et ne résulte que du fait que le maillot rouge était le plus simple à se procurer (à l’époque, de nombreuses équipes portaient un maillot rouge). Naturellement, les premiers surnoms du club se calquèrent à la couleur du maillot.

Ce fut donc les Reds (rouge) et Red Shirts (Maillots rouges). Mais aussi les Garabaldians (garibaldiens) car les partisans du patriote italien portaient des chemises rouges (cf. #430). En 1949, le maillot afficha pour la première fois un blason où apparaissait un rouge-gorge. Cet oiseau fit certainement son apparition dans la vie du club suite à la sortie de la chanson « When The Red, Red Robin Comes Bob, Bob, Bobbing Along » (quand le rouge rouge-gorge vient, bob, bob sautille) en 1926. Dans les années 1930, le manager du club se nommait Bob Hewison et résultat, en référence au titre de la chanson (bob comme le manager + ressemblance des maillots rouges avec le plumage de l’oiseau), les supporteurs brandirent dans le stade des panneaux avec un rouge-gorge. Le rouge-gorge demeura sur le maillot jusqu’en 1969 où il fut remplacé par les armoiries de Bristol. Face au protestation des fans, 7 ans plus tard, l’oiseau revint, avec l’accession du club en première division. En 1994, nouvelle tentative de le remplacer par une version simplifiée du blason de Bristol. Nouvel échec auprès des fans mais ces derniers attendirent 2013 pour lancer une campagne demandant la restauration du rouge-gorge. En Novembre 2014, leur pétition attira 1 000 signatures. Au lieu de cela, le club répondit avec une version simplifiée du blason. Lors de la saison 2018, la direction choisit un retour timide du rouge-gorge sur les maillots extérieurs qui fut évidement bien reçu par les supporteurs. En vue de marquer les 125 ans du club en 2019, le bureau marketing Mr B & Friends, mandaté par le club, organisa une consultation auprès des fans pour déterminer le nouveau design du blason du club. 3 350 personnes répondirent et 75% d’entre eux approuvèrent le retour du rouge-gorge. Depuis, l’oiseau trône de nouveau sur le maillot rouge.

#622 – EC Vitória : Rubro-Negro

Les rouge et noir. Fondé le 13 mai 1899, l’EC Vitória figure parmi les 5 plus anciens clubs du Brésil. Le club naquit à l’initiative des frères Artur et Artêmio Valente avec dix-sept autres jeunes. Issus d’une famille bourgeoise bahianaise, ils étudièrent en Angleterre et, à leur retour à Salvador de Bahia, ramenèrent dans leur bagage les nouveaux sports britanniques, en particulier le Cricket. Sauf qu’à la fin du XIXème siècle, à Salvador, le Cricket était une affaire réservée aux immigrés anglais qui ne laissaient au brésilien que le rôle de ramasseur de balles. Lassés de cette discrimination, les 19 jeunes se réunirent pour offrir aux brésiliens une association qui leur permettrait de pratiquer ce sport. L’assemblée constituante se déroula dans la maison des frères Valente, située dans le quartier Vitória. Se voulant un club pour les brésiliens, les membres fondateurs choisirent certains symboles pour le rappeler. Ainsi, pour le choix du nom, des suggestions patriotiques furent avancées telles que Club de Cricket Baiano ou le Club de Cricket Brasileiro. Finalement, Artêmio Valente opta pour le nom du quartier où tout le monde vivait, Vitória, en ajoutant un c pour y donner une consonnance anglaise : Victoria Cricket Club. La volonté nationaliste s’exprima autrement, dans le choix des couleurs puisque le vert et le jaune, couleurs principales du drapeau brésilien, furent retenus. Mais, des tissus de ces teintes étaient difficiles à trouver pour le club, aussi bien dans la garde-robe des ses joueurs que pour son intendant. Juvenal Teixeira suggéra alors les couleurs noir et blanche car il s’agissait de coloris très communs qu’il était facile de se procurer. En conséquence, en 1901, le noir et le blanc s’affichèrent sur le maillot de la première équipe de football du club (le club se concentrait d’abord sur le cricket puis s’ouvrit à d’autres sports comme l’aviron (1902), l’athlétisme (1905), le tennis (1906) et le tir sportif (1908)). Puis, 6 mois plus tard, le rouge remplaça le blanc. Ce changement aurait été proposé par le Dr Cesar Godinho Spínola, qui venait de Rio de Janeiro et était un ancien rameur du Flamengo (dont les couleurs sont le noir et le rouge). Il fut à l’initiative de l’ouverture de la section nautique du club.

#620 – CA Osasuna Pampelune : los Rojillos

Les petits rouges (Gorritxoak en basque). La naissance du club souffre de quelques incertitudes mais tous s’accordent à penser que le CA Osasuna résulte de la fusion de deux clubs, Sportiva Foot-ball Club et New Club, en 1920. Concernant le premier jeu de maillot, certains avancent qu’il était blanc, accompagné d’un short noir, comme ceux du Sportiva FC (probablement que par manque de moyen, le nouveau club reprit l’équipement de l’ancienne équipe). Mais, dès l’année suivante, le blanc aurait été remplacé par le rouge. D’autres affirment que le club a toujours évolué depuis ses débuts avec un maillot rouge et un short bleu. En tout cas, depuis longtemps, les statuts du club ont fixés ces dernières comme les couleurs officielles. Ce choix, qui s’affiche naturellement aussi sur l’écusson du club, pourraient venir des couleurs des armes de la ville, qui représentent un lion blanc sur fond bleu et une bordure rouge portant les chaînes des armoiries du Royaume de Navarre. Ce blason fut codifié pour la première fois en 1923.

A compter du Xème siècle, autour du village originelle romain nommée Navarreria, habités par des basques, s’établissait un premier bourg, San Cernin, occupé par des francs. Au XIIème siècle, un autre bourg franc, San Nicolas, apparût. Bien que sous l’autorité de l’évêque, chaque bourg avait sa propre administration et ses privilèges. Cette organisation donna donc lieu à de nombreux et réguliers désaccords et heurts entre voisins. Finalement, le 8 Septembre 1423, afin de régler définitivement les différends, le Roi Charles III le Noble signa un traité, Privilegio de la Unión, qui regroupait les 3 bourgs en une commune, unie sous un seul blason, une seule bannière, une seule fiscalité et un seul régent. En outre, les murs d’enceinte de 3 bourgs devaient être abattus pour permettre l’édification d’une seule barrière extérieure. Ce traité, en son article 15, dotait la ville de ses premières armoiries encore utilisées aujourd’hui.

#608 – USM Alger : الحمر والسود

Les rouges et noirs. Le club de la capitale algérienne arbore un équipement aux couleurs rouges et noires. Ce mariage de couleurs, qui donne logiquement le surnom, ne découle pas de la fondation du club et la raison de ce choix n’est pas clairement identifiée. Il existe deux principales versions. Une qui est défendue par le club. Une autre qui est raconté par l’un des fondateurs, El-Hadj Ahmed Kemmat. Dans tous les cas, quelque soit la version, il faut rappeler le contexte de la création du club. Au milieu des années 1930, la création de clubs sportifs à destination de la jeunesse algérienne et excluant les européens était bien perçu par la mouvance politique nationaliste. C’était un moyen efficace à la fois de faire la publicité de la cause indépendantiste et en même temps de canaliser et endoctriner la jeunesse. Ainsi, le 5 juillet 1937, l’USM Alger fut fondé avec l’optique d’être un club musulman et nationaliste.

Selon le club, de sa création jusqu’en 1945, l’équipe évoluait dans des équipements noir et grenat (pour une raison inconnue). Puis, en 1945, suite aux répressions sanglantes par l’armée française des manifestations nationalistes algériennes à Sétif, Guelma ou encore Kherrata, la direction du club prit la décision d’opter pour le noir et le rouge pour montrer leur engagement. Le noir était synonyme de deuil et le rouge représentait le sang des victimes tombés lors de ses manifestations.

En revanche, El-Hadj Ahmed Kemmat explique tout autrement le choix des couleurs. A ses débuts, l’USMA portait du vert et blanc pour le maillot et un short rouge. Il est aisé de comprendre ces 3 couleurs qui correspondent à celles choisies par la mouvance indépendantiste et qui deviendront celles du drapeau algérien. Un jour, l’USMA devait affronter un autre club qui arborait alors des maillots verts et blancs et se fit alors prêter des maillots noirs et rouges. Le score final fut de 6 à 0 en faveur de l’USMA. Devant un tel résultat, la direction modifia les couleurs du club pour le noir et rouge.