#311 – FC Schalke 04 : Schalker Kreisel

La toupie de Schalke. En 1920, deux frères allemands Fred et Hans Ballmann furent expulsés d’Angleterre vers l’Allemagne et atterrirent à Schalke, après avoir rencontré un des membres du club lors de leur internement pendant la Première Guerre Mondiale. N’ayant quasiment vécu qu’en Angleterre (même si la famille était originaire de Dortmund, la ville rivale), tous deux ne parlaient pratiquement pas l’allemand. En revanche, ils apprirent à jouer au football dans la patrie de ce sport. Ils importèrent ainsi dans l’équipe de Schalke le style de jeu inventé par les écossais, fait de passes courtes et de mouvements des joueurs, inconnu alors en Allemagne. Les joueurs couraient ainsi librement créant des espaces et des opportunités, et se passaient rapidement la balle de manière transversale ou latérale. Les mouvements des joueurs et de la balle qui tournaient donnait l’impression d’une toupie. Le maître à jouer de Schalke, Hans Bornemann, résuma plus tard le principe du jeu: « Nicht der, der im Ballbesitz ist, bestimmt das Spiel, sondern die, die sich freilaufen, zwingen zum Abspiel » (Ce n’est pas celui qui a le ballon qui détermine le jeu, mais ceux qui courent librement qui font le jeu). Le Schalker Kreisel était né. Encore fallait-il des joueurs capables de le développer. Ce fut le cas avec Fritz Szepan et Ernst Kuzorra. Nés tous les deux à Schalke et plus tard beaux-frères, ils sublimèrent le Schalker Kreisel. Face à ce style de jeu, les équipes allemandes utilisaient la tactique du Scottish Furche (le sillon écossais) qui consistaient en une organisation pyramidale : 2 défenseurs, 3 milieux amenant la balle de l’arrière vers l’avant et une attaque de 5 joueurs à plat. Ces deux styles s’opposèrent mais le Schalker Kreisel donna le tournis aux équipes adverses, transformant Schalke d’une association locale en une machine de guerre. A partir de 1926, Schalke se qualifia constamment au championnat ouest-allemand et conquit ses premiers titres nationaux, champion ouest-allemand en 1929, 1930, 1932 et 1933.

#307 – Cruz Azul : los Liebres, los Conejos

Les lièvres, les lapins. Même s’il ne s’agit pas du même animal, les supporteurs comme les journalistes utilisent indifféremment les deux. Pourtant, devenu mascotte du club, dénommé Blu, le conseil d’administration du club statua que la mascotte était un lièvre et non un lapin. Les origines de ce surnom sont multiples même si une version « officielle » se détache. En effet, dans les années 1960 (d’autres avancent dans les années 1940), l’équipe développa un style de jeu vertical, basé sur la vitesse et la mobilité des joueurs. En outre, comme à l’époque, l’équipe évoluait dans un maillot blanc, les supporteurs les comparèrent à des lièvres. Avec les années, ce lièvre se transforma en lapin. L’attribution du surnom fut facilité par le fait que les lièvres et lapins pullulaient dans la région d’Hidalgo où évolue le club. Une autre histoire est avancée et liée à l’usine de cimenterie, à l’origine de la création du club (cf article #81). Quand les ouvriers sortaient de l’usine après une journée de travail, ils étaient recouverts d’une poussière blanche, résidus de la production de ciment, et qui faisait penser au pelage du lapin. Enfin, une dernière histoire, plutôt ironique et assez peu répandue, prétend que ce surnom provient des qualités reproductrices des habitants de la région. Dans les années 50, les familles étaient souvent composées de plus de 5 enfants. Les footballeurs étaient encore plus prolifiques, leur moyen financier leur permettant d’entretenir de plus grandes familles. Les adversaires disaient alors qu’ils se reproduisaient comme des lapins.

#274 – CA Independiente : los Diablos Rojos

Les diables rouges. Les diables, les rouges, les diables rouges sont indistinctement utilisés comme surnom pour Independiente. Et tous ces surnoms proviennent d’une histoire de style de jeu. Fondé en 1904, les premières équipes jouaient avec un maillot blanc et bleu, équipement hérité d’un club disparu. Mais, en 1908, le club anglais de Nottingham Forest réalisa une tournée en Argentine et affronta la meilleure équipe argentine de l’époque, Alumni. Cette dernière reçut une raclée (défaite 6-0). Dans les travées du stade, le président-fondateur d’Independiente, Arístides Langone, fut impressionné par le jeu des anglais ainsi que leur maillot rouge. Cette admiration l’amena à prendre la décision d’équiper Independiente avec des maillots similaires. Une autre légende raconte que ces maillots reflétaient le climat politique en Argentine à cette époque. où le socialisme et la gauche s’éveillaient. En tout cas, ce sont peut-être ces maillots rouges qui inspirèrent le jeu offensif du club en 1926. En cette année, le club remporta la Copa de Competencia de Primera División et le Campeonato de Primera División en alignant une ligne d’attaque composée de Manuel Seoane, Luis Ravaschino, Zoilo Canavery, Alberto Lalín et Raimundo Orsi. Le journaliste Hugo Marini, du journal Crítica décrivit ces attaquants comme des armes létales pratiquant un jeu diabolique. Un style unique qui les distingua des autres équipes et c’est pourquoi Marini les baptisa Los Diablos Rojos.

#260 – Glasgow Rangers : the Light Blues

Les bleus clairs. Oui, les Rangers jouent en bleu. Mais, officiellement, il s’agit d’un bleu royal et non clair. Pour les supporteurs, il est surtout utilisé par les journaux mais peu ou pas du tout par eux. Ce surnom est donc surprenant et la raison de son apparition n’est pas clairement établie.

Le surnom pourrait malgré tout faire référence à la couleur des maillots du club. Fondé en 1872, le club opta immédiatement pour un maillot bleu. Les photographies de l’époque (en noir et blanc) laissent supposer que le maillot bleu était alors plutôt clairs. Toutefois, dans son livre « The Story of the Rangers – Fifty Years of Football 1873-1923 » , John Allan écrit qu’un procès-verbal du comité de direction de 1883 décréta un retour du club au maillot uni bleu royal. En effet, durant 4 ans, de 1879 à 1883, le club jouait avec un maillot rayé bleu et blanc. Ainsi, ce décret confirmerait que l’équipe ne portait pas de maillot clair avant 1879. Cet adjectif clair aurait peut-être eu pour raison de distinguer le bleu porté par les Rangers des maillots bleus sombres portés par d’autres équipes écossaises telles que Dundee FC (qui a pour surnom the dark blues) et Vale of Leven FC.

Néanmoins, selon un autre version, ce light pourrait faire référence au style de jeu de l’équipe plus qu’à qualifier la teinte du bleue. Cette autre histoire se rattache également et indirectement au club de Vale of Leven. Après une finale de Coupe d’Écosse contre Vale of Leven (les deux clubs s’étant affrontés deux fois en finale en 1876-1877 et 1878-1879), des journalistes décrivirent l’équipe des Rangers comme « light and speedy blues » (des bleus légers et rapides).

#259 – Club Blooming : Academia

L’académie. Le club rentre directement en concurrence avec le fameux Club Bolívar qui porte le même surnom en raison de son style de jeu et de la qualité de sa formation (#179). Mais, l’origine de ce surnom n’est pas connue avec certitude et serait même inconnue.

En tout cas, une des versions qui est souvent avancée diffère des raisons du Club Bolívar. Ce surnom ferait référence à la provenance des fondateurs du club. Le 1er mai 1946, un groupe de jeunes étudiants au collège Florida et à l’Université Gabriel René Moreno décida de fonder un club social, sportif et culturel (nom caractéristique de ces années où les associations avaient une vocation plus large que le sport) baptisé du nom de Blooming. Outre le fait que les fondateurs étaient étudiants, la vocation large et pédagogique du club pourrait avoir influencé sur le surnom.

Une autre version se rattache au style de jeu de l’équipe. A une époque, celui-ci aurait été flamboyant, fluide et était transmis d’une équipe à une autre. D’où l’idée d’une philosophie de jeu enseigné dans ce club.

#201 – Argentinos Junior : el Bicho, los Bichos Colorados

La punaise, les punaises rouges. Ce surnom fut attribué par un journaliste au club dans les années 50. Club amateur reconnu et triomphant, Argentinos Junior négocia mal le virage du professionnalisme dans les années 30. Participant à la création du championnat professionnel, les charges salariales des joueurs plongèrent le club dans les difficultés économiques et connut le déclin sportif en sombrant en seconde division argentine. De 1937 à 1955, le club se débâtât dans les divisions inférieures. En 1956, Argentinos Junior remonta enfin en première division et commença à titiller les 5 grands argentins (Boca, River, Racing, Independiente ou San Lorenzo) qui trustaient tous les titres. L’apothéose demeura la saison 1960 où le club atteignit la finale face à River Plate. Cette renaissance se fit grâce à une génération de jeunes joueurs tels que Pederzoli, Pando, Oscar Distéfano, Sciarra, Ditro, Sainz, Moreno et Nappe et un style de jeu offensif et flamboyant. Au lendemain d’une victoire face à Boca Juniors (1-0 le dimanche 4 août 1957, but de Héctor Tedeschi), le journaliste Diego Lucero publia une tribune dans le quotidien Clarín où il utilisa pour le première fois le terme de « bichitos colorados » pour désigner le club. En fait, son style de jeu fit penser à des insectes qui piquaient son adversaire à chaque attaque.

Le rouge faisait évidemment référence à la couleur des maillots. Le club fut fondé en 1904 par l’union de deux associations sportives dont les membres étaient anarchistes ou socialistes. Pour honorer l’élection d’Alfredo Palacios à la députation (le premier député socialiste élu en Argentine), les membres décidèrent d’opter pour la couleur rouge du Parti Socialiste, en remplacement du vert et du blanc.

Parfois, le surnom est complété par « La Paternal » , référence au quartier dont est originaire le club.

#192 – Racing Club : la Academia

L’Académie. Le surnom du club de Avellaneda, dans la banlieue de Buenos Aires, a plus de 100 ans, en remontant à 1915. Si le club semble aujourd’hui en retrait parmi le big five argentin (avec River Plate, Boca Junior, Independiente et San Lorenzo), il demeure l’un des plus anciens de ce club fermé et surtout affiche le plus beau palmarès de l’ère amateur du football argentin. Tout débuta par l’accession en première division en 2010 et, en 1912, par le gain de la Copa de Honor MCBA qui faisait office de coupe d’Argentine. Le 8 décembre 1913, l’équipe remporta la première coupe internationale officielle organisée par la fédération Argentine et celle d’Uruguay, la Copa de Honor Cusenier, après avoir battu le Nacional. Vingt jours plus tard, elle gagna le premier championnat du club. Cette victoire marqua le début d’une ère d’or pour le club. En effet, de 1913 à 1919, le Racing domina la championnat d’Argentine, en remportant 7 titres consécutifs. Sur le plan national, le club devint également le plus grand vainqueur de la Coupe d’Honneur MCBA (1913 , 1915 et 1917 ) et de la Coupe Ibarguren (1913 , 1914, 1916, 1917 et 1918). Au niveau international, il remporta la Coupe Aldao à deux reprises (1917 et 1918).

En 1914, le Racing termina le championnat en étant invaincu et renouvela cet exploit en 1915, avec 22 victoires et 2 nuls. Lors de cette dernière saison, il affligea également une défaite 3-0 à son ennemi de River Plate le 1er août 1915. L’équipe afficha une telle supériorité face à River que près de 10 000 supporters accompagnèrent les athlètes à la sortie du stade, de La Boca à Avellaneda, en scandant : « Academia, Academia, Academia » (Académie, Académie, Académie). Le club effectivement donnait des leçons à ses adversaires. Et cet enseignement se tirait de leur style de jeu. De 1891 à 1912, seuls les clubs créaient par des britanniques avaient remporté le titre de champion d’Argentine. En 1913, le Racing fut le premier club fondé par des argentins à être champion. Il parvint à ce succès en pratiquant un football à l’opposé de ceux des britanniques (jeu de passe au sol plutôt que du kick and rush).

Le 18 avril 2015, en commémoration du 100ème anniversaire de cet victoire sur River, le conseil municipal de Buenos Aires plaça une plaque commémorative à l’intersection de l’avenue Alicia Moreau de Justo et de la rue Rawson Dellepiane, dans le quartier de Puerto Madero.

#191 – Vålerenga IF : Bohemene

Les bohémiens. Beaucoup d’équipes anglo-saxonnes ont été nommées Wanderers ou Bohemians car au début de leurs existences, le club n’avait pas de terrain attitré et errait de stade en stade pour jouer au football. Ce n’est pas le cas du club Norvégien où il est plutôt fait référence à une équipe et à son style de jeu. Au début des années 60, le club d’Oslo intégra une bande de jeunes joueurs, originaire du coin, tels que Einar Bruno Larsen , Terje Hellerud et Leif Eriksen. Sous la houlette du directeur sportif, Helmuth Steffens, et de l’entraîneur autrichien, Anton Ploderer, l’équipe développa un jeu brillant, débridé, offensif. En outre, les joueurs gagnèrent en popularité grâce à leur nonchalance, leurs commentaires spirituels et leur humour. Avec cette équipe, le club connut sa première époque dorée, marquée par le premier titre de champion de Norvège en 1965. Avec la fin de cette génération, le club sombra, en étant d’abord relégué en seconde division en 1968, puis en troisième division en 1970. Cette attitude non-conventionnelle sur et en dehors du terrain, dans un contexte général de montée du « flower power« , donna le surnom de Bohémiens, qui perdure encore aujourd’hui.

#185 – Académica de Coimbra : a Briosa

Les vaillants, les fiers. L’association sportive de l’Académie de Coimbra est l’une des plus vieilles institutions du Portugal. Créée en 1887, cette association visait à offrir des loisirs sportifs aux étudiants de l’Université. La section football fut l’une des plus renommées, et jusqu’en 1974, l’équipe, qui était semi-professionnel, était composée notamment d’étudiants. Face aux autres équipes qui se professionnalisaient dans les années 1930, les étudiants n’avaient que leur panache à offrir pour lutter. Et cette force de caractère suffisait pour intégrer la première division, nouvellement créée en 1935, ainsi que remporter la première Coupe du Portugal le 26 juin 1939. Si le surnom serait apparu à ce moment là, il mit quelques décennies à s’installer comme un synonyme du club. Aujourd’hui, il fait partie intégrante des valeurs et symboles du club.

Mais, l’origine du surnom pourrait remonter beaucoup plus loin et se rattacher à l’Académie plus qu’au club de football. A la fin du XIXème siècle, l’Université regroupait deux types d’étudiants : les classes aisées et bourgeoises surnommées polainudos (les guêtres) et les étudiants provenant de classe plus populaire (sans être ouvrière pour autant). Evidemment, les deux castes ne se mélangeaient pas, voire s’ignoraient. En 1885, la rupture fut définitive, avec la mort de Fernando II de Portugal, prince consort du Portugal et veuf de la Reine Maria II. Un groupe de polainudos décida de se rendre à l’enterrement, en se présentant comme les représentants élus de l’Académie. Selon les autres étudiants, ce groupe n’avait aucune légitimité et déclara que cette action était une offense faite à l’honneur (Brio en portuguais) de l’Académie. En réponse, les polainudos traitèrent dédaigneusement les autres étudiants de briosa, surnom qui serait finalement resté.

#179 – Club Bolívar : la Academia, la Academia Paceña

L’académie. A la fin des années 1930 et dans les années 40, l’équipe du Club Bolívar connut son âge d’or de l’époque amateur et devint une référence du football bolivien, en développant un beau style de jeu, fluide, avec un certain touché de balle. Cette équipe était dirigée par des joueurs tels que son canonnier Mario Alborta, Walter Saavedra, Rojas, Romero, Cabro Plaza, Beriche Rengel, K’ullu Baldellón, Guardiaco Molina, Gutiérrez et Garzón. Les résultats s’en ressentirent puisque, dans le championnat amateur de La Paz, le Bolívar fut vice-champion en 1938, puis champion pendant quatre années consécutives entre 1939 et 1942. Il finit vice-champion également en 1943, en 1945, en 1946 et en 1947. Lors d’un match, en admirant un magnifiquement enchainement de passes courtes et précises entre des joueurs de Bolívar, qui ressemblait à un véritable ballet, un spectateur enthousiaste cria depuis les travées du stade « ¡está jugando la Academia! » (l’Académie joue). Ce cri devint le ralliement des fans qui exprimait ainsi la supériorité de leur club, donnant des leçons de football à leurs adversaires.

Ce surnom a pu continuer car le club se targue d’avoir pendant ses 100 ans d’histoire former des footballeurs remarquables comme les attaquants Víctor Agustín Ugarte, surnommé el Maestro (le Maître) et reconnu comme le meilleur joueur bolivien de tous les temps, Ramiro Blacut (également surnommé el Maestro) et le milieu Carlos Aragonés entre autres.

Le surnom devient parfois la Academia Paceña pour faire référence à la ville où se situe le club, La Paz.