#1046 – Etoile Filante de Ouagadougou : la Reine des Stades

Depuis 1961 et le premier championnat du pays, l’EFO domine le football burkinabais (ex-Haute Volta). Tout d’abord, il est parvenu à remporter 13 championnats de première division (1962, 1965, 1985, 1986, 1988, 1990, 1991, 1992, 1993, 1994, 2001, 2008, 2014), dont 5 d’affilées entre 1990 et 1994. Ces 13 championnats constituent le record de titre remporté, à égalité avec son grand rival du ASFA Yennenga. Côte Coupe nationale, la coupe est bien plus peine avec 22 titres (1963, 1964, 1965, 1970, 1972, 1975, 1976, 1985, 1988, 1990, 1992, 1993, 1996, 1999, 2000, 2001, 2003, 2006, 2008, 2011, 2017 et 2022), cette fois le record national sans partage. Par 2 fois, l’EFO s’attribua la Coupe 3 années de suite (1963, 1964, 1965 et 1999, 2000, 2001). Aucun autre club burkinabais n’est parvenu à réaliser cette performance. A ce palmarès, il convient de rajouter 7 Super Coupes du Burkina Faso (1994, 1996, 1999, 2003, 2006, 2011, 2017), là aussi le record.

Sans conteste, ce palmarès impressionnant, le plus important du pays, fait de l’EFO la Reine des Stades du Burkina Faso. Pourquoi pas le Roi ? Tout d’abord, l’EFO est une étoile. Par ailleurs, son grand rival du ASFA Yennenga prît le nom de la Reine fondatrice du Royaume Mossi, Yennenga. Être la reine des stades était aussi un pied de nez à ceux qui avait prit le nom d’une Reine historique. Si l’EFO remporta la coupe l’année dernière, son aura pâlit, le club ayant flirté avec la relégation lors du dernier exercice du championnat.

#1025 – FC Sankt Pauli : Weltpokalsiegerbesieger

Vainqueur de la Coupe du monde. Le club a pris l’habitude de se surnommer ainsi et de nombreux t-shirts portés par ses supporteurs arborent fièrement ce surnom. Mais prétendre à ce titre alors que le palmarès du club se limite à un championnat de seconde division en 1977, n’est-ce pas un peu prétentieux ? Evidemment ce n’est pas ce sacre qui conduisit à ce surnom un peu tape-à-l’œil. Mais, une simple victoire contre le Bayern Munich suffit au bonheur des fans de Sankt Pauli.

A l’issu de la saison 2000-2001, Sankt Pauli accéda à la Bundesliga. Mais, au sein de l’élite, l’équipe de Hambourg s’écroula. Le club termina à la dernière place avec seulement 4 victoires à son compteur et à 12 points du premier non-relégable. Seulement, dans cette saison noire, il y eut une éclaircie le 6 février 2002. 21ème journée du championnat, Sankt Pauli, déjà dernier du championnat, accueillit le Bayern Munich, 2ème, dans son stade du Millerntor. La partie semblait déséquilibrée pour une équipe de Sankt Pauli qui n’avait remporté que deux matchs depuis le début du championnat. En face, l’ogre bavarois qui comptait dans ses rangs Willy Sagnol, Bixente Lizarazu, Mehmet Scholl, Stefan Effenberg, Ciriaco Sforza, Giovane Élber et bien d’autres stars. Surtout, quelques mois auparavant le Bayern avait remporté sa deuxième coupe intercontinentale face à Boca Junior. L’équipe munichoise avait donc gagné le titre officieux de « champion du monde » . Mais, le scénario du match ne se déroula pas comme prévu. A la 30ème minute, le milieu Thomas Meggle marqua le premier but pour Sankt Pauli, suivi 3 minutes plus tard par un second de Nico Patschinski. Le Bayern était abasourdi et ne réagit qu’à la 87ème en réduisant le score par l’intermédiaire d’une tête de Willy Sagnol.

Même si la suite de la saison fut catastrophique, cette victoire redonna un peu d’espoir et d’honneur aux fans de Sankt Pauli. 10 ans plus tard, lors d’une célébration de cette victoire (car oui Sankt Pauli fête cette victoire à défaut de célébrer d’autres titres), Nico Patschinski déclarait « Der Sieg war eine Sensation zu der Zeit, ganz klar. Wir hatten lange nicht gewonnen und schlagen dann ausgerechnet die Bayern » (La victoire fit sensation à l’époque, c’est clair. Nous n’avions pas gagné depuis longtemps et nous avons battu le Bayern). Mais Sankt Pauli n’avait pas seulement battu le Bayern, l’équipe avait gagné face au dernier vainqueur de la Coupe du Monde. Le battage médiatique autour de cette victoire qui s’en suivit fut important. Dans la foulée, les t-shirts imprimées spécialement pour l’occasion, sur lesquels le club se célébrait comme Weltpokalsiegerbesieger, se vendirent comme des petits pains auprès des fans. En battant le dernier vainqueur de la Coupe du Monde, Sankt Pauli avait l’impression aussi de remporter cette coupe.

#1024 – Ittihad Alexandrie : سيد البلد

Les rois de la ville. Alexandrie, ville millénaire, compte en son sein de nombreux clubs de football, Ittihad, Tram Club, Al Olympi, Haras El-Hedood Club et Smouha SC, qui participèrent ou défendent encore l’honneur de la ville au niveau national. Mais, parmi ces clubs, Ittihad se distingua au niveau régional et national. Avant 1948, le football égyptien se disputait au sein de ligues locales (Le Caire, Alexandrie, Bahri, et Canal de Suez) et d’une compétition nationale, la Coupe d’Egypte. Dans ces compétitions, Ittihad remporta un certain nombre de titres, bien plus que ses rivaux. Tout d’abord, la Ligue d’Alexandrie se joua entre 1922 et 1953 (la première ligue égyptienne fut créée en 1948, provoquant la fin des championnats locaux dont celle d’Alexandrie en 1953) et Ittihad laissa peu de place à la concurrence. Entre 1926 et 1953, Ittihad fut champion d’Alexandrie chaque année, soit 27 fois d’affilée. Au niveau d’Alexandrie, Ittihad était donc le maître du football sans contestation. Par ailleurs, en Coupe d’Egypte, l’équipe gagna 6 fois le trophée (1926, 1936, 1948, 1963, 1973, 1976), soit le record pour un club d’Alexandrie. Finalement, seul Al Olympi réussit pour Alexandrie à remporter le titre de champion national (en 1966) mais le reste de son palmarès est famélique. Résultat, Ittihad possède le palmarès le plus fourni des clubs d’Alexandrie et fut le roi de la ville lorsqu’elle possédait son propre championnat.

#994 – AS Monaco : le Club Princier

Monaco a un statut à part (je ne rentrerai pas dans les considérations fiscales). En effet, Monaco est un état indépendant de la France mais il possède une équipe qui évolue dans le championnat de France. Ce type de curiosité n’est pas unique en Europe. Derry City, club nord-irlandais, affilié à la fédération de la République d’Irlande. Les gallois de Swansea et Cardiff City évoluent également dans les championnats anglais. A l’inverse, les anglais du Berwick Rangers participe au championnat écossais. Cette particularité ne se limite pas aux anglo-saxons. En Espagne, Andorra FC joue en seconde division. Sept clubs du Liechtenstein (dont le FC Vaduz) et un club amateur allemand (FC Büsingen) évoluent dans les ligues Suisses.

Dès sa création en 1924, l’AS Monaco, qui est un club et non l’équipe nationale de Monaco, fut affilié à la Fédération Française de Football et fit ses débuts en première division française lors de la saison 1953-1954. Ce lien footballistique avec la France s’explique par les relations étroites entre la Principauté et la République Française. Enclavée dans le territoire français, la cité-Etat de la French Riviera est indépendante de la France depuis 1489 mais en était devenu un protectorat à compter du XVIIème siècle. A la fin de la Première Guerre Mondiale, un traité franco-monégasque était signé et établissait que Monaco devait s’aligner sur les intérêts politiques, militaires et économiques de la France. En outre, Union douanière, utilisation du Français, monnaie commune, code civile basée sur le code napoléonien … l’influence française sur la vie monégasque est forte.

Il n’en demeure pas moins que Monaco est un Etat indépendant et une principauté. La famille Grimaldi, par son ancêtre François Grimaldi dit Malizia, mit le grapin sur le rocher en janvier 1297. Au fil des ans, le Saint Empire Romain Germanique, le Royaume Espagnol et le Royaume de France reconnaitront la souveraineté de Monaco tout en faisant un protectorat. Etant donné sa faible étendue (à peine 24 km2 dans ses temps les plus forts) et son lien de vassalité avec d’autres royaumes, Monaco ne pouvait alors qu’être une principauté et son suzerain, un prince. Le club représentant la principauté et étant même détenu par elle (à hauteur du tiers du capital aujourd’hui), il est devenue le club princier.

#926 – Club Olimpia : el Rey de Copas

Le roi des coupes. Il s’agit d’un surnom souvent utilisé pour les clubs sud-américains au riche palmarès. Au point qu’un club hondurien, homonyme du Club Olimpia, porte également ce surnom (#375). Revenons à celui objet de cet article. Déjà doyen du football paraguayen, le Club Olimpia possède aussi le plus beau palmarès locale. Fondé en 1902, le club conquit rapidement ses premiers titres. Le club fut ainsi champion du Paraguay pour la première fois lors de la saison 1912. Puis, les titres de champion s’enchaînèrent. Présent au sein de l’élite sans discontinuité depuis la création du championnat en 1906, soit 113 saisons (seul club paraguayen à avoir réalisé cette performance), Club Olimpia a remporté 46 championnats (soit 40% des titres en jeu et record national) et fut 26 fois vice-champion. La formation gagna le titre au moins une fois par décennie. Il fut également le premier à le conquérir 3 fois d’affilée (de 1927 à 1929), 5 fois (de 1956 à 1960), puis enfin 6 fois consécutivement (de 1978 à 1983). Il faut noter que le Paraguay n’avait pas de Coupe nationale avant 1976 (malgré quelques épreuves de Copa República et Torneo de Integración) et que la véritable coupe apparût seulement en 2018. Le championnat se dénommait donc Copa el Diario, pour des raisons de sponsoring et encore aujourd’hui, porte le nom Copa de Primera Tigo Visión Banco. D’où le Club Olimpia est le roi des coupes, qui sont en réalité des championnats.

Mais l’incroyable palmarès de ce club est également complété par des coupes plus classiques. Tout d’abord, il remporta 2 Torneo República en 1976 et 1992, qui était l’ancêtre de l’actuel Copa Paraguay (équivalent à notre de Coupe de France). Puis, il a déjà gagnait une Copa Paraguay en 2021 et une Super Coupe du Paraguay en 2021. Il conquit également 4 Plaqueta Millington Drake, un ancien tournoi de pré-saison qui avait une certaine renommée, en 1943, 1947, 1948 et 1951. Mais ses plus hauts faits d’armes furent réalisés sur la scène continentale. La formation fut la première et la seule à ce jour équipe paraguayenne à remporter la Copa Libertadores en 1979. Deux titres supplémentaires vinrent compléter le tableau en 1990 et 2002. Elle atteignit également 4 fois la finale dont celle de la première édition en 1960, perdue face à Peñarol. Il ramena aussi au pays 1 Supercopa Sudamericana (1990) et 2 Recopa Sudamericana (1991, 2003). Enfin, il conquit deux titres intercontinentaux : 1 Coupe Intercontinentale (1979) et 1 Copa Interamericana (1980).

#913 – FK Oleksandria : фараони

Les pharaons. Les pyramides ne sont pas légions dans la région de Kirovohrad mais la sonorité du nom de la ville Oleksandria (en ukrainien : Олександрія) rappelle étrangement celle d’Alexandrie en Egypte. Et c’est tout simplement pour cette homonymie que les supporteurs du club le surnommèrent en référence aux rois de l’Egypte antique. Pourtant, le nom de la ville ukrainienne n’a rien à voir avec celui de la cité égyptienne … ou plutôt le lien est lointain.

Les premières mentions de la ville remontent au XVIIIème siècle. L’Ukraine était alors partagé entre l’Empire Ottoman en Crimée, un état cosaque sur la partie orientale, et la République des Deux-Nations (Pologne-Lituanie) au Nord-Ouest, tout ceci sous l’œil attentif de l’Empire Russe voisin. Dès 1739, au confluent de la rivière Berezivka avec la rivière Inhoulets (ie aux environs d’Oleksandria), il y avait plusieurs colonies d’immigrants cosaques. En 1746, ces différentes colonies se réunirent sous l’impulsion du chef cosaque Hrytsky Usyk et formèrent un bastion fortifié dont l’objectif était de faire obstacle aux raids tatars (ottoman). La ville se nomma en l’honneur de Hrytsky Usyk, Oussivka. Au milieu du XVIIIème siècle, Catherine la Grande, impératrice de Russie, mit fin à l’état cosaque, le Hetmanat, et invita de nombreux peuples (dont des slaves, des allemands, des hollandais, des roumains, …) à venir coloniser ces terres nouvelles. La région de Kirovohrad (où se situe Oleksandria) accueillit ainsi une importante colonie serbe et fut renommée Nouvelle-Serbie. En 1751, une garnison de l’armée russe (3ème compagnie du régiment novo-serbe de Pandoure) s’installa à Oussivka et était composée de serbes, de roumains, de hongrois, de croates et de bulgares. La ville fut renommée en Becha, en l’honneur de la cité serbe de Bečej dont les serbes étaient originaires. En 1764, la Nouvelle-Serbie fut dissoute avec la volonté de réintégrer définitivement ces nouvelles colonies dans le système impérial russe. En 1784, un décret réorganisa les provinces de l’ancienne Nouvelle-Serbie et la fortification de Becha devint un chef-lieu, dénommé Oleksandriysk. Puis, vers 1806, Oleksandria fut adopté.

D’où vient ce nom ? Avec la colonisation de l’Ukraine au XVIIIème siècle, le pouvoir impérial russe décida de créer de nombreuses nouvelles villes, habitées par des migrants de tout l’Empire, et même d’Europe centrale. Pour nommer ces nouvelles cités, deux tendances étaient à la mode : la première consistait à rendre hommage à des membres de la famille impériale et l’autre s’inscrivait dans un mouvement européen d’exaltation de l’antiquité. Ainsi, l’antiquité grec s’imposa dans le nom de nombreuses villes ukrainiennes qui ont pour suffixe la syllabe « pol » qui provient du mot grec ancien πόλις (polis) signifiant cité. Simferopol résulta du mariage de simphero qui signifie « se rassembler, se connecter » ou « être utile, bénéficier » avec polis et véhicule l’idée d’une ville du bien commun. Ville portuaire sur la Mer Noire fondée en 1783, Sébastopol rassemble sebastos (majestueux, royal) et polis d’où la ville sacrée. Et la liste peut s’allonger : Nikopol (Niko étant le nom de la déesse de la victoire), Ovidiopol (du poète romain Ovide), Teofipol (la ville de Téophile) ou Melitopol (méli signifiant miel). Mais, le suffixe polis n’était pas la seule marque de cette vogue grecque. La ville de Kherson a été fondée en 1778 et Potemkine lui donna son nom en souvenir de l’antique Chersonèse, une colonie grecque à l’ouest de la Crimée, près de l’actuelle Sébastopol. A la fin du XVIIIème siècle sur le site de l’ancienne colonie slave de Kotsyubievo, une ville nommée Odessa apparut. Son nom était tiré de l’ancienne colonie grecque Odessos, dont on pensait à l’époque qu’elle se situait à cet endroit (en réalité elle se trouvait dans la région de la ville de Varna en Bulgarie). L’autre mode était donc de rendre hommage à la famille impériale. Avant de s’appeler Dnipro, la cité se nommait Ekaterinoslav ou Iekaterinoslav, qui signifiait gloire de Catherine, en l’honneur de l’impératrice Catherine II. Marioupol mixe même les deux tendances puisque le nom signifie en grec ville de Marie et fut nommée en 1779 en l’honneur de Marie Féodorovna (nom russe de Sophie-Dorothée de Wurtemberg), impératrice de Russie et femme du tsar Paul Ier. Même si les origines d’Oleksandria aurait pu s’attacher à la mode antique, il s’avère qu’elles pencheraient plutôt sur la seconde tendance. Des théories pensent que le nom rendrait hommage à Alexandre Nevski (prince de Novgorod, héros national russe suite à ses victoires militaires) ou à Alexandre le Grand (le célèbre conquérant macédonien pour lequel Catherine II aurait été une admiratrice. Or, roi bâtisseur, sa plus grande oeuvre fut la fondation d’Alexandrie). Mais, l’opinion la plus admise est que la ville fut nommée en l’honneur du tsarévitch Alexandre (fils de Paul Ier et Marie Féodorovna), le futur tsar Alexandre Ier.

#826 – NK Travnik : Veziri

Les vizirs. Située dans la vallée de la rivière Lašva, la cité ancestrale de Travnik constitue un des hauts lieux de l’Islam en Bosnie et conserve un important héritage et patrimoine de l’époque ottomane. Si une présence romaine est attestée dans la région de Travnik, l’époque médiévale et la monarchie bosniaque marqua le début du développement de la ville. Toutefois, l’occupation ottomane constitua son age d’or. Au XVème siècle, l’Etat indépendant de Bosnie tomba face à l’avancée de l’Empire Ottoman et la région passa sous domination musulmane. En 1580, une nouvelle division administrative fut créée, regroupant l’actuelle Bosnie-Herzégovine ainsi qu’une partie de la Croatie, du Montenegro et de la Serbie, qui était nommé Pachalik de Bosnie. A sa tête un pacha conseillé par des vizirs. Au départ, la capitale du Pachalik fut établi à Banja Luka, an nord du pays. Mais la présence musulmane le menaçant, le Saint Empire Germanique rentra en conflit lors de la grande guerre turque (1683-1699) et défait l’Empire ottoman, notamment en ravageant et incendiant Sarajevo, qui était devenu capitale alors du Pachalik en 1639. Résultat, Travnik fut élevé au rang de nouvelle capitale et devint la résidence des vizirs bosniaques de 1699 à 1832. Avec ce nouveau rôle politique, les mosquées et infrastructures se multiplièrent ainsi que l’arrivée des consulats de la France et de l’Autriche. Aujourd’hui, Travnik reste profondément marqué par cette période. Souvent surnommé « l’Istanbul européenne », Travnik était considérée comme la ville la plus orientale en Bosnie. Au regard de sa population, le nombre de mosquées et de minarets parait démesuré. On y dénombre aussi de nombreux mausolées, dont des tombes de vizirs.

#748 – Real Salt Lake : Real

Royal. Le surnom royals est également cité. La ville de Salt Lake se dota d’une franchise de MLS en 2004, 10 ans après la création de la ligue américaine de football. Dave Checketts, un businessman américain actif dans le sport et qui fit ses études dans l’Utah, fut à l’origine de la création de la franchise. Il avait notamment dirigé des clubs de basket de NBA (Utah Jazz et New York Knicks) mais également fut en charge au début des années 1990 du développement à l’international de la NBA. Il déclarait en 2005 « In the early 1990s when I was working for N.B.A. International, my purpose was to take basketball to Europe. But I found that I fell in love with soccer and with taking it to the United States » (Au début des années 1990, lorsque je travaillais pour NBA International, mon objectif était d’amener le basket en Europe. Mais j’ai découvert que je suis tombé amoureux du football et je voulais l’emmener aux États-Unis). Quand le projet fut présenté, le nouveau club de football ne possédait pas encore de nom mais Dave Checketts voulait un nom authentiquement footballistique. Là encore, il fit appel à ses bons souvenirs européens car en découvrant le basket à Madrid, il rencontra le Real Madrid, actif dans le basket et le football avec la même aura : « In Madrid, I was looking at an organization that was amazing. I wanted to draw on Real Madrid’s brand credibility. And we wanted a name where no one would question what sport the team is playing » (À Madrid, je regardais une organisation qui était incroyable. Je voulais m’appuyer sur la crédibilité de la marque du Real Madrid. Et nous voulions un nom où personne ne remettrait en question le sport pratiqué par l’équipe). Real était utilisé par Madrid mais également par plusieurs autres clubs espagnols (Sociedad (cf #292), Betis, Valladolid, Saragosse, Murcie, Gijon, Espanyol …) et était une distinction accordée par le Roi Alfonso XIII, au début des années 1910, à certaines associations sportives, sans donner de droit particulier (sauf pour le souverain qui pouvait assister gratuitement et en grande pompe aux matchs de son choix et devenait Président d’honneur du club). Toutefois, dans un sport naissant en Espagne, cette distinction honorifique donnait un certain prestige et une légitimité au club. Alfonso XIII exporta son adoubement hors d’Espagne, en accordant le titre Real au Real Club España, club de Mexico, en 1920. Tradition perpetuée par le Roi Juan Carlos Ier qui donna cette distinction au club hondurien du Real España. D’autres familles royales ont également couronné des clubs comme en Belgique (Anderlecht, Anvers, Charleroi, Liège, Seraing …). Pour Checketts et son nouveau club, cela permettait donc de l’ancrer dans la culture football et de profiter du rayonnement du Real Madrid. Toutefois, ce choix ne faisait pas l’unanimité parmi les futurs fans qui semblaient préférer Pioneers, Blitzz, Golden Spikers ou Highlanders. En outre, Checketts craignait que le terme espagnol fusse confondu avec le mot anglais real (réel). Finalement, à l’issu d’un vote, Real l’emporta et Checketts obtint l’approbation du conseil d’administration du Real Madrid pour utiliser le nom en 2004.

Le plus drôle, dans cette histoire, provient du choix des couleurs. En effet, Checketts choisit le bleu et bordeau, comme couleurs de l’équipe. Cependant, l’équipe américaine, « sœur » du Real Madrid, s’affichait ainsi avec les couleurs de l’éternel rival de Madrid, le FC Barcelone. Face à cette contradiction, Checketts déclara « But we had so much educating to do, that if someone came up to me and asked, ‘Why’d you use the Real name with Barcelona colors,’ I would have said, ‘I’m so happy you know that.’ » (Mais nous avions tellement de culture générale à acquérir que si quelqu’un venait me voir et me demandait: Pourquoi as-tu utilisé le nom Real avec les couleurs de Barcelone, j’aurais répondu Je suis si heureux que tu le saches). Comme quoi la culture du football demeurait encore limitée outre-atlantique.

#734 – Grenade CF : los Nazaríes

Les nasrides. Grenade, ville d’Andalousie, fut influencé par les Carthaginois et les Romains mais, sans aucun doute que c’est l’occupation musulmane au Moyen-Âge qui façonna la cité et sa culture. Tout débuta avec la dynastie Berbère des Zirides qui constitua le taïfa puis le Royaume de Grenade entre 1012 et 1090. Puis les Almoravides, autre dynastie berbère, conquièrent al-Andalus, les régions espagnoles sous domination berbère, et y rattachèrent le Royaume de Grenade. D’autres dynasties berbères se succèderent jusqu’à l’arrivée d’une famille arabe du nom des Nasrides. Instauré en 1238 par l’émir arabe Mohammed ben Nazar, elle reconstitua le royaume de Grenade. Il fut le dernier bastion musulman à tomber ((avec la chute de Grenade) sous le joug catholique en 1492 lors de la reconquista. Durant ces deux siècles, Grenade connut un âge d’or avec les Nasrides. Mohammed ben Nazar construisit une résidence fortifiée qui par suite d’embellissement devint le célèbre palais de l’Alhambra, un des des plus hauts-lieux de la ville et de l’architecture hispano-mauresque. D’autres palais ou monuments furent également édifiés dans la ville tels que les thermes el bañuelo, le caravansérail el corral del Carbón et le palais de Dar al-Horra. Au delà de cette architecture flamboyante et raffinée, la ville connut une prospérité économique et le règne des Nasrides favorisa le rayonnement culturel et spirituel de la ville (les poètes Ibn al-Yayyab et Ibn Zamrak, le philosophe Lissan-Edine Ibn al-Khatib) comme la coexistence des communautés (notamment juives et musulmanes), ce qui contribua à forger la légende dorée d’Al-Andalus.

#733 – Parme Calcio : Ducali

Les ducaux. Crespo, Buffon, Zola, Chiesa, Asprilla, Baggio … quelques uns de la nouvelle noblesse du football italien des années 1990 qui fréquentèrent le club et lui firent connaître son âge d’or. Ils se frayèrent un chemin dans l’aristocratie du calcio en cumulant de nombreux titres : un titre de vice-champion d’Italie en 1997, 2 Coupes d’Italie (1992 et 1999), 2 Coupes de l’UEFA (1995 et 1999) et 1 Coupe des Coupes (1993).

Mais ces seigneurs ne furent pas à l’origine du surnom du club qui provint de l’histoire de la ville. Située en Émilie-Romagne, la ville de Parme fut pendant plus de 3 siècles la capitale du Duché de Parme et Plaisance, un des états préexistant à l’unité italienne. Séparé du duché de Milan, le duché de Parme nacquit de nulle part en 1545, de la seule volonté du pape Paul III, qui souhaitait donner un titre et des terres à son fils Pierre-Louis Farnèse. Jusqu’en 1731, la famille Farnèse conduisit le destin de ce duché, flambeau qui fut par la suite repris par les Bourbon-Parme. Pendant ces 100 dernières années d’existence, si le duché fut indépendant, il exista tout de même sous l’ombre tutellaire de la France ou de l’Empire. En 1859, le duché intégra le Royaume de Sardaigne avant un an plus tard de fondre dans l’unité italienne.