L’ampoule. En 1926, l’Américain George Lewis Capwell prît la direction de Empresa Eléctrica del Ecuador, la société en charge de la production et la distribution de l’électricité pour la ville de Guayaquil. Pratiquant et fan de sports, en particulier la boxe, Capwell favorisa le développement du sport au sein de l’entreprise en faisant découvrir aux ouvriers des sports tels que handball ou le baseball et en faisant organiser des championnats internes. L’un des patios de l’entreprise était alors consacré à ses ligues entre collègues. L’opération rencontra une franc succès et les équipes sortirent de l’entreprise pour commencer à affronter des clubs externes. Naturellement, en avril 1929, Capwell proposa de créer une structure dédiée dénommée Emelec (EMpresa ELéctrica del ECuador). Seulement au départ, seules les sections de natation, baseball, boxe, basket-ball et athlétisme ouvrirent, Capwell n’était pas fan de football. Toutefois, ce sport était populaire et avait même précédé la création officielle de Emelec. En effet, en 1925, des employés de Empresa Eléctrica del Ecuador avait déjà constitué une équipe de football dénommé Emelec qui avait remporté une ligue locale, jouissant d’une certaine popularité. Mais, cet Emelec eut une vie éphémère, n’étant jamais constitué sous une forme d’une entité dûment organisée. Le retard à l’allumage en 1929 fut rattrapé quelques mois après puisque le 7 juin 1929, la section football fut ouverte et s’inscrivit à la fédération de Guayas.
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#349 – Inter Milan : Nerazzurri
Les noirs et bleus. La tenue traditionnel de l’Inter se compose d’un maillot à rayures verticales noires et bleues, combinée avec un short et des chaussettes noirs (à partir de 1924, avant le short étant blanc). En 1908, une dissidence se créa au sein du Milan Cricket and Football Club (futur AC Milan) et le 9 mars, un groupe d’italiens et de suisses s’éloignèrent du Milan, en fondant l’Internazionale. Les raisons de ce schisme étaient multiples mais la principale demeura le refus du Milan d’intégrer des joueurs étrangers. Les dissidents créèrent donc un club qui acceptait des joueurs étrangers sans limites ainsi que des italiens (d’où le non Internazionale). La fondation eut lieu au restaurant « Orologio » de la Piazza del Duomo à Milan, le 9 mars 1908, en fin de soirée.
Le peintre futuriste Giorgio Muggiani, l’un des membres, réalisa le premier blason du club et choisit également les couleurs du club, noir et bleu. Un des fondateurs déclara plus tard que « Questa notte splendida darà i colori al nostro stemma: il nero e l’azzurro sullo sfondo d’oro delle stelle. Si chiamerà Internazionale, perchè noi siamo fratelli del mondo » (Cette merveilleuse nuit donnera les couleurs de notre blason : noir et bleu sur le fond doré des étoiles. Il s’appellera International, parce que nous sommes frères du monde). Le choix du noir et du bleu résulterait donc du moment de la création du club, en représentant les couleurs du ciel.
Mais, la réalité serait moins « romantique ». Une des premières versions raconte que le bleu fut choisi car, à l’époque, il existait des crayons bicolores, rouge d’un côté et bleu de l’autre. Symboliquement le bleu était opposé au rouge, couleur qui était celle de l’ancien club des dissidents et futur rival, l’AC Milan. Mais, selon une autre version encore moins poétique, le peintre n’avait que deux couleurs sur sa palette : le noir et le bleu.
En 1928, suite à la fusion avec l’Unione Sportiva Milanese, imposée par le régime fasciste, le club fut contraint d’adopter un maillot blanc arborant une immense croix-rouge (reprenant alors le drapeau de Milan) accompagné d’un short noir. Cependant, déjà la fin de la même saison, l’Inter recommença à porter les rayures verticales noires et bleues plus habituelles.
#307 – Cruz Azul : los Liebres, los Conejos
Les lièvres, les lapins. Même s’il ne s’agit pas du même animal, les supporteurs comme les journalistes utilisent indifféremment les deux. Pourtant, devenu mascotte du club, dénommé Blu, le conseil d’administration du club statua que la mascotte était un lièvre et non un lapin. Les origines de ce surnom sont multiples même si une version « officielle » se détache. En effet, dans les années 1960 (d’autres avancent dans les années 1940), l’équipe développa un style de jeu vertical, basé sur la vitesse et la mobilité des joueurs. En outre, comme à l’époque, l’équipe évoluait dans un maillot blanc, les supporteurs les comparèrent à des lièvres. Avec les années, ce lièvre se transforma en lapin. L’attribution du surnom fut facilité par le fait que les lièvres et lapins pullulaient dans la région d’Hidalgo où évolue le club. Une autre histoire est avancée et liée à l’usine de cimenterie, à l’origine de la création du club (cf article #81). Quand les ouvriers sortaient de l’usine après une journée de travail, ils étaient recouverts d’une poussière blanche, résidus de la production de ciment, et qui faisait penser au pelage du lapin. Enfin, une dernière histoire, plutôt ironique et assez peu répandue, prétend que ce surnom provient des qualités reproductrices des habitants de la région. Dans les années 50, les familles étaient souvent composées de plus de 5 enfants. Les footballeurs étaient encore plus prolifiques, leur moyen financier leur permettant d’entretenir de plus grandes familles. Les adversaires disaient alors qu’ils se reproduisaient comme des lapins.
#285 – AZ Alkmaar : Kaaskoppen
Le terme n’est pas traduisible car il s’agit d’un utensil de forme ronde pour fabriquer les fromages hollandais, en particulier l’Edam. La ville d’Alkmaar est connue pour son marché aux fromages (Edam et Gouda) qui se déroule sur la place Waagplein, au centre ville. L’année 1593 est considérée comme la première année du marché au fromage. Dès 1612, la ville comptait 4 balances à fromage et des archives datant de 1619 mentionnaient déjà la Guilde des Porteurs à Fromage (kaasdragers). Au XVIIème siècle, le marché au fromage avait lieu le vendredi et le samedi, du mois de mai à la Toussaint et au XVIIIème siècle, jusqu’à quatre jours par semaine. Aujourd’hui, il se déroule les vendredis (du premier vendredi d’avril au premier vendredi de septembre) et présente un aspect folklorique, touristique mais demeure encore une vrai bourse aux fromages.
Par extension, le mot est utilisé pour une tête humaine ronde et s’utilise également de manière péjorative pour désigner un cancre. Pour les Belges (surtout les les Limbourgeois du Sud) et les Allemands (sous le terme Käskopp), le mot est devenu le surnom des néerlandais. Aux Pays-Bas, le surnom a été attribué aux habitants d’Alkmaar et de Gouda. Alkmaar a transformé ce surnom en un événement annuel, appelé Kaeskoppenstad, qui célèbre le siège d’Alkmaar en 1573. Lors de la Guerre de Quatre-Vingts Ans, Alkmaar faisait partie de la confédération des provinces rebelles et fut assiégée par les espagnols entre la fin du mois d’août et le 8 octobre 1573. Ce siège s’acheva par une victoire hollandaise, suite au retrait des troupes de Don Fadrique Álvarez, duc de Toledo. Cette victoire est considérée comme le moment charnière de cette guerre où les troupes hollandaises prirent le dessus sur les armées espagnoles.
#277 – Bayer Leverkusen : Pillendreher
Pilulier. Le club est également connu sous Pillenklub, le club des pilules. Et ces pilules ne cherchent pas à cacher (désolé pour le jeu de mot) le lien du club avec le groupe chimique Bayer. En février 1903, Wilhelm Hauschild adressa une lettre signée par 170 collaborateurs du groupe Bayer à la direction de l’entreprise, leur demandant de fonder son propre club sportif. Il fallut attendre le 1er juillet 1904 pour que le Turn- und Spielverein 1904 der Farbenfabrik vormals Friedrich Bayer Co. Leverkusen soit fondé. Enfin, le 31 mai 1907, le club se dota d’une section football qui deviendra plus tard le Bayer Leverkusen 04.
Aujourd’hui encore, le club appartient à 100% à l’entreprise Bayer AG et jusque dans les années 1970, la majorité des joueurs étaient encore employés dans l’usine. Et comme le note, Rüdiger Vollborn, l’ancien gardien ayant évolué de 1983 à 1999 au Bayer, « l’association et l’usine ne font qu’un tout comme la ville et l’usine ne font qu’un ». Car Bayer s’installa dans un village en 1895 qui, accompagnant le développement du siège et de l’usine de Bayer, devint la ville de Leverkusen en 1930. Débutant dans les colorants et la peinture, l’entreprise connut une croissance dans les produits pharmaceutique, notamment en déposant le brevet et la marque Aspirin, en 1899. Aujourd’hui, les activités de Bayer s’articulent autour des divisions Pharmaceuticals (médicaments de prescription), Consumer Health (médicaments en vente libre), Crop Science (produits phytosanitaires), et Animal Health (produits vétérinaires).
A l’image d’autres entreprises (Fiat avec la Juventus, Philips avec le PSV), le rôle paternaliste était assumé et Bayer voyait donc en la création d’un club sportif une façon de renforcer le lien entre les collaborateurs et la société, d’assurer une mission sociale et culturelle. Ainsi, l’entreprise Bayer est encore identifiée comme Mutter Bayer (la mère Bayer) par les habitants de Leverkusen et les supporteurs du club. Dans les années 80, Vollborn estime que 7 spectateurs sur 10 étaient des employés de Bayer. Aujourd’hui, le taux est certes un peu plus bas, mais seulement un peu.
#186 – FC Universitatea Cluj : Șepcile roșii
Les casquettes rouges. Le surnom paraîtrait logique si le club jouait en rouge. Mais ce n’est pas le cas puisque les couleurs sont noirs et blancs. Parfois, le club arbora des maillots rouges mais ce fut exceptionnel et ce n’est clairement pas la raison de ce surnom. Le FC Universitatea Cluj fut fondé en 1919 par la Société sportive des étudiants universitaires (Societatea Sportivă a Studenților Universitari). En effet, avec l’indépendance de la Roumanie, de nombreux étudiants émigrèrent vers les universités renommées de Cluj et l’émergence du football dans la jeune nation conduisit à la fondation du club comme débouché sportive pour les étudiants. Or, ces derniers portaient des casquettes rouges.
#176 – Djurgårdens IF : Järnkaminerna
Les poêles en fonte. Le surnom remonte au second age d’or du club, dans les années 50. A compter de 1920 et pendant 35 ans, le club faisait l’ascenseur entre la seconde division et l’Allsvenskan, l’élite du football suédois. Au passage, l’équipe subissait, lors de la saison 1945-1946, la plus grosse défaite de tous les temps dans l’Allsvenskan contre l’IFK Norrköping (11 buts à 1).
En 1954, la direction nomma comme entraineur, le sino-anglais Franck Soo (qui exerçait depuis deux ans en Suède). Sous son impulsion, le club retrouva son lustre d’antan. Pour cela, Franck Soo développa un style de jeu rugueux et physique, basé sur des entraînements physiques rigoureux. Ainsi, le club remporta le championnat de Suède en 1955, avec le plus grand nombre de victoires (14), le plus petit nombre de défaite (3), la meilleure attaque (53) et la meilleure défense (27). Franck Soo ne resta qu’une saison à la tête de l’équipe mais son jeu s’imposa au club pour la décennie, avec son joueur emblématique Gösta « Knivsta » Sandberg. Djurgårdens rajouta ainsi 3 nouveaux titres de champion en 1959, 1964 et 1966. Ce jeu physique, dur fut symbolisé par ce surnom de poêle en fonte (cet ustensile de cuisine était si dur et faisait mal quand on se cognait avec). Cette image collait bien également avec les couleurs du club. L’équipe arborait un maillot rayé bleu foncé et rouge foncé. Le bleu rappelait la fonte, tandis que le rouge la lueur du feu.
#52 – PSV Eindhoven : Lampen
Les lampes. Les joueurs du PSV sont-ils des lumières pour autant ? Non, ce surnom fait référence à l’entreprise qui favorisa la naissance du club : Philips. Philips est une société néerlandaise fondée en 1892 à Eindhoven qui commença son activité par la production des lampes à filament de carbone devenant au début du XXème siècle l’un des plus grands fabricants d’Europe. Son expansion rapide encouragea une forte immigration nationale à Eindhoven pour alimenter son usine. Mais, même si ces immigrés étaient néerlandais, les tensions existaient entre les différents communautés au sein de l’entreprise. En 1910, des employés de l’usine créèrent un club de football, sport naissant au sein des Pays-Bas, dénommé Philips Elftal. Mais, ses faiblesses financières ainsi que les grèves des ouvriers de Philips (notamment en 1911) entraînèrent la quasi-disparition de l’équipe. En 1913, avec le soutien des fondateurs de Philips, le club du Philips Sport Vereniging fut fondé par et pour les employés de Philips. Le reste de Philips Elftal intégra cette nouvelle structure, qui regroupait plusieurs sections sportives. Jusqu’en 1928, le club n’accueillait que des employés de Philips. Comme Philips était avant tout un fabricant d’ampoules, le premier écusson du PSV était une ampoule et son surnom fut naturellement Lampen.
#45 – Sevilla FC : las Palanganas
Las palanganas sont des bassines et il existe plusieurs versions à l’origine de ce surnom, qui sont très différentes les unes des autres.
Selon la rumeur, aucun supporteur ne se rappelle que ce surnom de palanganas soit utilisé avant les années 1970. Avant cette période, le club évoluait dans une tenue intégralement blanche, voire avec des parements noires (de sa fondation aux années 1950). Mais, au milieu des années 1970, la direction associa au maillot blanc intégral des lignes rouges sur le col et le bout des manches, teinte que l’écusson du club affichait depuis des décennies. Or, ce nouveau maillot faisait penser aux anciennes vasques blanches aux bords rouges typiques de la céramique de Triana. Situé à l’Ouest de la ville, ce quartier accueille traditionnellement les artisans spécialisés dans l’art de la poterie et des azulejos.
Une autre version avance que cela est lié à l’antre du club, le stade Ramón Sánchez-Pizjuán. Construit en 1958, la forme de l’enceinte ainsi que la couleur des sièges (la plupart était blanc avec certaines rangées rouges) rappelaient la forme de ces bassines.
Enfin, une légende se base sur un apprenti coiffeur nommé Félix Medina Mancera qui, dans les années 1930, s’occupait d’un directeur fondateur du FC Séville, qui aimait lui raconter des histoires sur le club. Il contait que le Sevilla FC souhaitait recruter un jeune joueur prometteur. Mais, ce dernier venait d’un milieu modeste. Certains membres virent d’un mauvais œil le recrutement d’un joueur appartenant à la classe ouvrière alors que le club représentait la noblesse et la bourgeoise. La signature de ce joueur créa une telle polémique que certains membres quittèrent l’équipe de Séville pour fonder un club dissident, le Real Betis. Au moment des adieux, ils offrirent à leurs anciens équipiers une bassine blanche avec une bande rouge (couleurs de Séville) accompagnée de la note suivante : « Aquí os dejamos como despedida esta palangana, que la utilizaréis de por vida para recoger las lágrimas que derramaréis, no por vuestros fracasos, sino por nuestros triunfos, pues a partir de ahora estaréis más pendientes de ellos que de vuestra propia realidad » (Nous vous laissons ce bassin en guise d’adieu, qui vous servira toute votre vie à recueillir les larmes que vous verserez, non pas pour vos échecs, mais pour nos triomphes, parce qu’à partir de maintenant, vous serez plus préoccupés par eux que par votre propre réalité).
#43 – Atlético de Madrid : los Colchoneros
Los colchoneros signifie les matelassiers. Le jeu développé par l’équipe de Diego Simeone n’est certes pas flamboyant mais de là à faire penser que l’équipe fait dormir … Evidemment, ce surnom date de bien avant les années 2010 et n’est pas lié au style de jeu de l’Atlético. Son origine remonte aux années après la guerre civile (1933-1936). À l’époque, les matelas étaient recouverts de tissu à rayures rouges et blanches, à l’image du maillot du club. Résultat, l’Atlético de Madrid hérita de ce surnom, qui est le plus usité.
Toutefois, il y a une autre variante reposant sur la même origine, moins connue et sujette à caution. En 1911, le club évoluait avec un maillot semblable à celui de Blackburn Rovers. Ce choix avait été dicté par le fait que le club madrilène fut créé par des étudiants basques, fan de l’Athletic Bilbao. Ainsi, l’Atlético fut à son origine affilié au club basque. Il prit donc un nom et des maillots similaires (cf #9 pour savoir pourquoi les basques jouaient dans ces couleurs). Seulement en 1911, l’Atlético devait s’approvisionner en maillot et il fut difficile de le faire avec des fournisseurs anglais. La solution était donc locale. Or, à l’époque, les matelassiers espagnols recouvraient leur fabrication de tissus rouge et blanc. Ainsi, il était aisé de trouver des chutes de qualité et en quantité auprès de ses artisans. Les madrilènes furent convaincus par cette solution moins onéreuses et changèrent de couleurs. Cette version est contestable car le passage du bleu/blanc aux rayures rouges et blanches pour Madrid a une autre explication, qui est la plus admise. En 1909 ou 1911, les deux clubs qui portaient le même maillot, l’Atlético et l’Athletic, eurent besoin de constituer un stock de maillot. Les deux clubs entretenant de bonnes relations (étant donné le lien historique), un joueur de Madrid, Juan Elorduy fut chargé par les deux clubs de se rendre en Angleterre et de trouver des nouveaux maillots pour les deux entités. N’ayant pas trouvé ces maillots, il se procura des maillots rouges et blancs du club de Southampton. Conquis par ses maillots, l’Athletic Club de Bilbao opta pour changer les couleurs de son maillot du bleu/blanc aux rayures rouges et blanches. Il conserva en revanche le short noir de Blackburn. Du côté de Madrid, le maillot séduit également mais les madrilènes optèrent pour un short bleu, en rappel des anciennes couleurs.
Il n’en reste pas moins que c’est la couleur des revêtements des matelas qui inspira le surnom madrilène.
