#310 – Real Betis Balompié : Heliopolitanos

La Cité du Soleil en grec. Fondé en 1907, le Betis avait, comme beaucoup d’autres clubs de l’époque, erré entre différents terrains à ses débuts. Ainsi, sur les 10 premières années d’existence, le club connut 4 terrains (Campo del Papalardo, Huerto de la Mariana, Prado de Santa Justa et Prado de San Sebastián). Au départ, les terrains se situaient au centre de la ville, les fondateurs étant étudiants à l’école polytechnique de la calle Cervantes. Mais le dernier terrain du Prado de San Sebastián (de 1910 à 1918) s’en éloignait pour se rapprocher des nouveaux quartiers du sud de la ville. En 1918, la mairie de Séville décida d’agrandir la Feria de Abril (ou Feria de Sevilla) en annexant le terrain du Prado de San Sebastián et donna alors au club un terrain un peu plus au Sud dans le quartier de Porvenir. Jusqu’en 1936, le nouveau terrain du Campo del Patronato fut le stade et le siège du club. En 1929, la ville de Séville accueillit l’Exposition hispano-américaine. Un nouveau quartier, dénommé Heliópolis, situé au Sud du Porvenir fut aménagé pour recevoir certains édifices de l’exposition dont le nouveau stade de football. A la fin de l’exposition, le club commença a jouer des matchs dans cette enceinte moderne. Puis, en 1936, le conseil municipal loua définitivement au Betis le stade. Mais le nouveau bail fut signé deux jours avant le début de la guerre civile et en conséquence, l’équipe ne put utiliser le nouveau terrain pendant toute la période de la guerre. En effet, le quartier général des forces militaires italiennes envoyées par Benito Mussolini occupaient le terrain. Le Betis dut attendre 1939 pour enfin intégrer le stade. De 1939 à 1961, le Betis occupa l’enceinte qui fut dénommé Stade Heliópolis, du nom du quartier. Le 12 août 1961, alors que Benito Villamarín était président, le club acquit la propriété du stade pour un montant de 14 036 550 pesetas (84 370 €). Le terrain changea ensuite de nom mais Heliópolis, nom du stade et du quartier, resta attaché au club, d’autant plus que le club y réside toujours.

Mais pourquoi ce nom ? L’origine du choix est inconnu mais ferait référence au soleil, si présent à Séville. Selon les données météorologiques, l’ensoleillement moyen atteint près de 3 000 heures par an, soit près de 8 heures par jour. D’ailleurs, quand l’Andalousie se chercha une bannière, des propositions voulaient retenir le soleil comme symbole héraldique.

#308 – St Johnstone FC : the Saints

Les saints. Le surnom est directement tiré du nom du club Saint Johnstone, qui fait référence à Saint Jean le Baptiste, saint majeur du christianisme comme de l’islam. A l’Automne 1884, l’équipe locale de cricket cherchaient à occuper son temps une fois la saison terminée. Les joueurs de cricket donnaient alors des coups de pied dans un ballon de football autour du South Inch, un grand parc public au bord de la rivière Tay. Cette pratique incita les joueurs à créer un club spécifique de football et ainsi naquit St Johnstone FC. Pour le choix du nom du club, les fondateurs s’inspirèrent de l’ancien nom de la ville où ils habitaient, Perth. Le nom Perth dérive d’un mot picte désignant le bois ou le bosquet. Mais, pendant la période médiévale, la ville était connue familièrement par ses habitants comme « St John’s Toun » ou « Saint Johnstoun ». Ce nom s’expliquait par le fait que la principale église au centre de la ville était dédiée à St Jean le Baptiste. Perth fut ainsi appelée « St Johns ton » jusqu’au milieu des années 1600. Depuis, ce nom est devenu le surnom de la ville et St Jean le Baptiste demeure le saint patron de la cité. D’ailleurs, le blason de la ville comme celui du club reprennent les couleurs de Saint Jean le Baptiste (rouge et blanc) et son symbole, l’agneau.

#276 – Crystal Palace FC : Palace

Le surnom n’a pas été trop difficile à trouver puisqu’il reprend une partie du nom du club. Ce dernier est tiré de la structure d’acier et de verre conçue par Joseph Paxton à Hyde Park en 1851, pour accueillir une grande exposition universelle, dénommée Great Exhibition of the Works of Industry of All Nations. A l’issue de l’exposition, le bâtiment fut déplacé dans un quartier du sud de Londres connu sous le nom de Penge Common (exactement au sommet de Penge Peak, à côté de Sydenham Hill, une banlieue aisée). Autour de cette structure, tout un quartier fut remodelé pour créer quasiment un parc d’attraction. Le quartier résidentiel voisin fut rebaptisé Crystal Palace. Un parc, Crystal Palace Park, fut aménagé, comprenant notamment un espace dédié à des statuts de dinosaures, Crystal Palace Dinosaurs. Des terrains de sports, principalement de cricket, furent également érigés. Mais surtout, le stade de football, Crystal Palace National Sports Center, fut construit et accueillit la finale de la toute jeune FA Cup entre 1895 et 1914. Ce complexe était exploité par la Crystal Palace Company. Pour occuper ses employés qui jouaient au cricket l’été, la compagnie créa un club de cricket, forcément dénommé Crystal Palace, qui développa par la suite une section football pour proposer une activité l’hiver. Ce club fut un des membres fondateurs de la Football Association, la fédération anglaise, en 1863. Mais, le club disparut en 1875, pendant une vingtaine d’année. La raison de la disparition est inconnue mais il est possible que la pratique du football l’hiver endommageait le terrain de cricket. Finalement, en 1905, porté par la construction du Crystal Palace National Sports Center, un nouveau club de football (le Crystal Palace que nous connaissons) prit la suite, avec comme actionnaire majoritaire, la Crystal Palace Company.

#273 – Montpellier HSC : la Paillade

Le football à Montpellier connut de nombreux soubresauts, avec un exploit remarquable, et surtout de nombreuses fusions pour enfin arriver au Montpellier HSC. Avant guerre, le football montpelliérain, représenté par le Stade Olympique Montpelliérain, navigua dans les championnats régionaux avant d’atteindre à deux reprises la finale de la Coupe de France (1929 et 1931), pour une victoire (1929). Puis, avec l’apparition du professionnalisme et du Championnat de France, le club alterna entre seconde et première division. Après guerre, l’ascenseur continua, bien que le club fréquenta plus la seconde que la première division. En 1969, les problèmes financiers s’accumulaient et le club fut obligé d’abandonner le statut professionnel. Il redescendit alors dans les championnats amateurs. A partir de là, plusieurs fusions se réalisèrent entre différents clubs pour arriver au Montpellier HSC. En particulier, le 1er juin 1974, une nouvelle fusion eut lieu entre le Montpellier Littoral SC, successeur du SOM, et l’AS Paillade, club du quartier éponyme. Puis, avec la fusion du club avec l’équipe corporatiste de Louis Nicollin, une nouvelle vie débuta pour le football à Montpellier. Même si aujourd’hui, le club considère que sa véritable création remonte à l’arrivée de Louis Nicollin, le quartier de la Paillade lui est toujours associé. Notamment car le Stade de la Mosson s’y situe.

Cela a donné aussi comme surnom, les pailladins.

#270 – EC Vitória : Leão da Barra

Le Lion de Barra. Fondé le 13 mai 1899 à Salvador da Bahia, le club se concentra d’abord sur le cricket avant d’ouvrir d’autres sections, l’aviron en 1902, le football en 1903, l’athlétisme en 1905, le tennis en 1906 et le tir en 1908. Et c’est un exploit en Aviron qui va donner naissance à ce surnom qui deviendra également la mascotte du club. En 1902, les rameurs du club relièrent Porto da Barra à Porto dos Tainheiros, à Itapagipe, soit environ 9 milles marins. Cet exploit eut un grand retentissement à l’époque et ces athlètes héritèrent du surnom de Leão da Barra. Les fondateurs du club ne pouvaient en être que satisfaits puisque des lions ornaient l’entrée de leur maison. En outre, le lion symbolisait la noblesse et la force. Aujourd’hui, le lion est devenu la mascotte du club, dont le nom est Lelê Leão, et également le titre du deuxième hymne du club.

#232 – FC Twente : Tukkers, Twentenaren

Le premier est le surnom donnés aux habitants de la région de Twente aux Pays-Bas tandis que le second est leur gentilé en néerlandais. Le club a surtout hérité du premier, Tukkers, et ses fans s’en revendiquent. Twente est une région à l’est des des Pays-Bas qui a son propre dialecte (le Tweants qui est un dérivé du bas-saxon) et une identité forte.

Tukker viendrait du mot « tuk » , qui signifie poche de pantalon. Il semblerait que ce soit une allusion à l’habitude des habitants de la région de marcher dans la rue avec les deux mains dans la poche de pantalon. En fait, cela mettait en avant l’attitude zen, nonchalante parfois attribué aux habitants. Dans le dialecte locale, le mot est devenu un verbe, tukkern, qui signifie « allez-y doucement ».

En 1949, une autre version est avancée. Le linguiste H.L. Bezoen de Twente établissait un lien avec le mot « kneu » (la linotte en Français), un oiseau qui, au Moyen-Âge, se reproduisait couramment aux Pays-Bas. En effet, cet oiseau était dénommé « tukker » à Twente. Le mot kneu vient du brabançon « heikneuter« . Mais, selon ce linguiste, le mot « heikneuter » était aussi un gros mot (qui se rapprocherait de péquenaud ou idiot du village en Français) et il fut donc aussi associé aux habitants de la région rurale de Twente au début du XXème siècle.

Résultat dans les deux cas, le surnom n’était pas flatteur pour les habitants de Twente. Il faut dire que le peuple de Twente était méprisé par les hollandais métropolitains, vu comme un peuple paysan, fermé, au fort accent, particulier (avec son humour sec) et religieux de l’extrême est du pays. Au XXème siècle, les habitants de Twente s’étaient donc demandé si « Tukker » était finalement un bon surnom. Les adversaires du mot estimait qu’il avait trop d’associations négatives. D’autres pensait que le mot correspondait à l’ambition régionaliste de Twente après la Seconde Guerre mondial en donnant une identité forte et propre. Finalement, il est resté pour la région et le club.

#230 – VfB Stuttgart : die Schwaben

Les souabes. La ville de Stuttgart, qui compte plus de 600.000 habitants (tandis que la région métropolitaine de Stuttgart compte près de 6 millions de personnes), fait partie de la région de la Souabe. Il s’agit d’une région historique de l’Allemagne, comprise entre le Rhin qui la sépare à l’Ouest de l’Alsace, le lac de Constance au Sud qui fait office de frontière avec la Suisse, le Lech qui marque son territoire avec la Bavière à l’Est, et au Nord par la Franconie. Historiquement, elle constituait un des grands duchés du Saint-Empire romain germanique qui donna son nom au pays (puisqu’elle était aussi dénommé l’Alémanie). Son nom provient du peuple germain des Suèves et regroupe plus que l’aire géographique puisqu’il désigne également les habitants comme son dialecte. Même si la région s’est éclaté entre différents pays au fil des siècles et qu’elle ne constitue pas un Land, sa culture demeure forte. Fière de cette identité, Stuttgart se revendique comme Schwabenmetropole (métropole souabe).

#222 – FK Radnički Niš : Real sa Nišave

Le Real de la Nišava. Ce surnom place le club serbe au même niveau que le Real Madrid et s’est vu attribué au club par ses supporteurs (on n’est jamais mieux servi que par soit-même). Le 14 avril 1963, lors du match FC Radnicki – OFK Belgrade, les supporteurs du club déployèrent dans le stade une banderole où était inscrit « le Real de la Nišava ». Cette banderole fut régulièrement arboré dans le stade du club pendant les années 60. Pourtant le club de Niš, avant 1963, était un modeste club de région et errait dans les divisions inférieures de Yougoslavie. En 1963, le club atteignit pour la première fois la première division et les supporteurs voulurent indiquer par cette banderole (et avec cette comparaison très flatteuse pour le club serbe) que les fans considéraient leur club au sommet, qu’ils en étaient fiers, à quel point il lui portait de l’estime. Malgré ce surnom, le club serbe n’a jamais été en mesure de lutter avec les grands clubs serbes (Etoile Rouge et Partizan) mais il réussit tout de même l’exploit de parvenir en demi-finale de Coupe de l’UEFA en 1982. En 2019, le club termina pour la première fois vice-champion de Serbie. La Nišava est la rivière qui traverse la ville de Niš et qui lui a donné son nom.

#218 – Aston Villa : the Villans

Parfois orthographié ou énoncé de manière erroné en Villains, le surnom Villans est dérivé du nom du club. Le club est parfois aussi plus simplement surnommé Villa. Pour un club situé à Birmingham, pourquoi les fondateurs ont-ils choisi ce nom ? La légende veut que le club fut fondé en 1874 à la lumière d’un réverbère par 4 joueurs du club de cricket de la chapelle méthodiste Villa Cross Wesleyan Chapel afin de s’occuper pendant l’hiver. Cette chapelle était alors située dans la localité d’Aston, qui à l’époque n’était pas encore absorbée par Birmingham. Dès le XVIIIème, était mentionné un bâtiment du nom d’Aston Villa. Aston a été mentionné pour la première fois dans le Domesday Book en 1086 comme « Estone » (qui signifie la colline de l’Est), où se trouvait un moulin, un prêtre et donc probablement une église, un bois et des terrains agricoles. Il fut un fief de certaines familles nobles, dont les Holtes qui l’ont possédée pendant 400 ans. Villa Cross était à la jonction de 3 routes importantes où aurait été construit un bâtiment, une villa, suffisamment importante pour léguer son nom à ce quartier. L’église méthodiste fut construite en 1865 et 9 ans plus tard donna son nom à un club de football.

Le terme villans apparût au début du XXème siècle et fit, au fil du temps, les belles heures du merchandising du club de Birmingham. En effet, autour de Villa Park ou dans ses travées, vous pouvez quelques fois apercevoir la mascotte Villa Villan (ou Villa Villain), un personnage plutôt espiègle portant une longue cape, un chapeau pointu, un masque (parfois) et une longue moustache. Le rédacteur en chef de l’hebdomadaire sportif de Birmingham « Sports Argus » (publié entre 1897 et 2006), Jack Urry, serait l’inventeur du terme qui s’anima sous le crayon du dessinateur Tom Webster vers 1905. Dans les années 1930, le personnage réapparut dans les cartes produites par Ogdens. La marque de cigarette avait sorti une série de 50 cartes nommée « AFC Nickname » où était présenté un surnom des équipes de l’élite anglaise accompagné d’une illustration. Cette carte précisait que le villain est « an appropriate representation of one of the most formidable teams [with] classical style which is the envy of their rivals » (une représentation appropriée de l’une des plus formidables équipes [avec] un style classique que ses rivaux envient).

#205 – Santos FC : Alvinegro

Les blancs et noirs. Lorsque le club de Santos fut fondé en 1912, le premier choix des couleurs se portèrent sur le blanc, le bleu et l’or. Le maillot était alors rayé bleu et blanc, avec de fines bandes dorées. Mais, après à peine un an d’existence, le 31 mars 1913, les membres décidèrent de changer pour opter pour un maillot rayé noir et blanc, fixant alors définitivement les couleurs du club. Les raisons du changement étaient simples. Il est probable que les joueurs constatèrent que les couleurs bleus et dorées passaient assez vite après quelques lavages. Il fallait donc refaire régulièrement des maillots. Or, les finances du club ne devaient pas le permettre. Surtout, la couturière de l’équipe, connue sous le nom de Dona Didi, se plaignait de ne pas réussir à trouver les tissus nécessaires (en particulièrement celui doré) pour réaliser le maillot du club. Lors de cette réunion du 31 mars 1913, Paulo Peluccio, membre du club, suggéra de retenir un maillot à rayures blanches et noires. Le noir aurait représenté la noblesse et le blanc symbolisait la paix. Surtout, ces couleurs étaient plus simple à trouver à l’époque.

En 1913, le maillot fut donc rayé verticalement en noir et blanc. Mais, en 1915, en même temps qu’il dut changer de nom pour participer au tournoi de Santos, le club porta un maillot intégralement blanc, marqué seulement de son blason. Ce fut une réussite avec le titre au bout. En 1925 et en 1935 (pour le premier titre dans le championnat de l’Etat de São Paolo), le maillot fut une nouvelle fois intégralement blanc. Dans la version de 1925, le maillot intégrait toutefois au niveau de la taille une bande noire, comme une ceinture. Pour celle de 1935, tout l’équipement était blanc, les chaussettes ayant quelques détails noirs. Au milieu des années 1930, Santos porta l’uniforme le plus inhabituel de son histoire. En effet, si le short était blanc, le maillot était dans une couleur surprenante pour le club, rouge. Cet uniforme fut utilisé que dans quelques matchs. Au début des années 1940, Santos avait pour équipement une chemise à larges rayures noires et blanches mais cette fois horizontales. Lors de la grande période du Santos de Pelé, l’uniforme redevint complètement blanc, à l’exception de la taille où la ceinture était noire. Toutefois, en 1963, la direction tenta un nouveau maillot blanc à fines rayures noires, le short et les chaussettes demeurant blancs. Ce fut un échec auprès des supporteurs et le club revint au kit blanc. Dans les années 1970, l’équipement se stabilisa avec comme premier uniforme, un kit intégralement blanc, et en maillot extérieur, celui rayé noir et blanc. Enfin, dans les années 1990, le club céda à la mode des tenues extravagantes et si les couleurs demeurèrent, les shorts affichèrent des damiers, des étoiles, des traits …

Comme d’autres équipes ont adopté ces couleurs et ont donc gagné ce surnom d’Alvinegro, celui de Santos a été enrichi par la suite en Alvinegro da Vila et Alvinegro Praiano. Le premier se réfère au stade dans lequel évolue Santos, le stade Urbano Caldeira, mieux connu sous le nom de Vila Belmiro, quartier où il se situe. Enfin, Praiano est un adjectif pour désigner un objet, un lieu ou une personne situé sur le littoral. Ce qui est le cas de la ville de Santos, située sur la côte de l’ État de São Paulo et qui est le plus grand port d’Amérique Latine.