#931 – Deportivo Alavés : los Babazorros

Les porteurs de fèves mais souvent aussi traduit par les mangeurs de fèves. Parler d’Alavès, c’est se plonger 20 ans en arrière et se remémorer cette fabuleuse finale de la Coupe de l’UEFA 2001 où le petit poucet basque, emmené par Jordi Cruyff, s’arrachait les tripes pour défier l’ogre Liverpool. Certes, les basques s’étaient à la fin inclinés mais quelle fraicheur. Outre cette performance, le club est aussi connu en Espagne pour ce surnom original et unique. Il est utilisé pour la formation d’Alavés mais aussi pour tous les habitants de la province d’Alava. Pour le club, il apparut dès les années 1930, 9 ans après sa fondation. Le quotidien « La Libertad » annonçait en novembre 1930 que « el Athletic vendrá a medir sus fuerzas con los babazorros » (l’Athlétic [Bilbao] viendra mesurer ses forces avec les babazorros). L’ « Heraldo Alavés » qualifiait le match Real Sociedad-Alavès de décembre 1931 de « encuentro del domingo entre donostiarras y babazorros » (rencontre dominicale entre Saint-Sébastien et babazorros).

Son origine et sa signification sont un peu mystérieuses. La version la plus répandue, comme l’indique le Dictionnaire général basque de Koldo Mitxelena, est que le mot babazorro vient du basque et résulte du mariage du terme baba qui signifie haricot et zorro qui signifie sac. La raison est que la culture de ce légumineux était importante dans cette région. En 1745, l’écrivain prête, Manuel Larramendi, promoteur de la langue et de la culture basques, écrivait « Llamamos jocosamente a los alabeses babazorros, por la mucha haba que ahí se coge, y come » (Nous appelons en plaisantant les Alabeses babazorros, à cause des nombreux haricots qui y sont cultivés et mangés). Certains avancent une légende où un jeune homme dénommé Juan Gaztea de Arbulo se maria à une jeune demoiselle. La famille de la mariée le surnomma babacorro parce qu’il était de la province d’Alava et que sa nourriture principale était les fèves. Au-delà de ce conte, des ordonnances de la ville d’Espejo au XVIIIème siècle mentionnaient cette légumineuse à plusieurs reprises mais parmi d’autres éléments culinaires. Car, la place des fèves dans l’agriculture et dans la cuisine traditionnelle d’Alava n’est pas aussi importante que le prétend ce surnom. Le terme prit aussi une tournure négative puisqu’au sens figuré, il fut utilisé comme un synonyme de idiot. Ainsi, le Diccionario de la Real Academia Española (Dictionnaire de l’Académie Royale Espagnole) le définit comme un synonyme péjoratif d’Alavés et souligne qu’il dérive peut-être du catalan varvassor (vassal).

Toutefois, comme souvent, les personnes offensées s’approprièrent le terme désobligeant qui devint un signe d’identité, de fierté de la province d’Álava. En 1892, Alfredo Laffitte dans la revue « Euskal-Erria » imagina un dialogue comique entre un homme de Vitoria, un homme de Bilbao et un homme de Saint-Sébastien qu’il intitula « Babazorros, chimbos y choriburus » . Au XXème siècle, des articles d’Eulogio Serdán ou de Venancio del Val, entre autres, parurent dans des revues locales avec des titres significatifs tels que « Del buen humor babazorro » (De la bonne humeur babazorro) ou « Soy babazorro, soy vitoriano, como mi pueblo no hay otro igual » (Je suis babazorro, je suis de Vitoria, il n’y a aucune autre ville comme ça). Aujourd’hui, les supporteurs du club n’hésitent pas à porter des maillots où il est écrit « Dejaré de ser uno de Babazorros cuando deje de respirar » (j’arrêterai d’être l’un des babazorros quand j’arrêterai de respirer). Enfin, en 1997, le club organisa un concours pour créer la mascotte de l’équipe. Parmi plus d’une centaine de propositions, l’artiste Iñaki González-Oribe remporta les suffrages du jury avec son renard, qui représentait l’agilité, la rapidité et la ruse, qualités que les footballeurs d’Alavés devaient posséder. Mais, l’artiste joua aussi avec la ressemblance phonétique entre le terme renard en espagnol, zorro, et le surnom de l’équipe babazorro.

#930 – CSM Jiul Petroşani : Minerii

Les mineurs. Petroşani est une ville du comté de Hunedoara, en Transylvanie, au sud ouest du pays. Elle est surtout située dans la vallée de la Jiu qui fut connu pendant longtemps comme le plus grand bassin houiller de Roumanie. Entourée par les chaînes montagneuses Retezat et Parâng, qui constituaient une barrière naturelle, cette vallée fut naturellement longtemps isolée du reste du pays et donc faiblement peuplée. Au milieu du XIXème siècle, cette région particulièrement riche en ressources naturelles, surtout du charbon et de la lignite, attira les convoitises des entrepreneurs, encouragés par la révolution industrielle. L’Empire Austro-Hongrois élabora une législation favorable à l’exploitation minière (loi générale sur les mines du 23 mai 1854) et les premières mines apparaissaient alors. Pour les 150 années suivantes, cette activité minière va stimuler le développement économique et culturel de la région et complétement la transformer. Provenant de tout l’Empire, les mineurs s’installèrent dans les villes nouvelles, dont Petroşani,et firent grimper la population de la vallée, passant de 6 670 habitants en 1854 à 50 015 en 1910. La découverte de plusieurs gisements de houille ainsi que le progrès technique conduisirent à la création d’un complexe industriel moderne. La production de charbon explosa de 853 tonnes en 1868 à 2 229 850 tonnes à la veille de la Première Guerre Mondiale. Jusqu’en 1948, les mines relevaient d’exploitation privée puis, avec l’avènement des communistes, le secteur passa dans le giron public. Les différents gouvernements communistes axèrent les activités roumaines vers des industries lourdes, consommatrices de charbon. Les mines de la vallée de la Jiu fonctionnaient alors à plein régime et en 1979, le nombre de mineurs atteignait 179 000. Les mineurs faisaient alors parti des travailleurs « privilégiés » du régime. A la chute du communisme en 1989, il y avait encore 50 000 mineurs. Le changement de régime et la faible productivité de ces mines furent fatals à l’activité de la vallée. Après la révolution de décembre 1989, le gouvernement roumain maintint la politique de Ceausescu consistant à subventionner l’industrie minière déficitaire. Toutefois, sans entamer les réformes nécessaires pour améliorer la productivité des mines, cette politique ruina les finances publiques et en 1999, le gouvernement entama la fermeture des activités économiques déficitaires. Le nombre de mineurs diminua à 20 000 en 2000. Pourtant, à la fin des années 1990, 80 % de la main-d’œuvre de la vallée dépendait encore des mines. En 1990, 15 mines étaient en activité. 8 furent fermées entre 1994 et 2015 et il n’en reste que 4 en activité aujourd’hui qui assurent 12% de l’approvisionnement en charbon de la Roumanie.

Le secteur minier, principal moteur de l’économie, fut donc structurant pour la région et régit toutes les activités des populations locales. A l’été 1919, alors que le football commençait à s’installer dans la vallée du Jiu, des matchs se déroulaient sur l’emplacement actuel de la mine Dâlja. Dans la foulée, Ion Winklehner, directeur général des mines de Societății Petroșani, organisa la création du club, alors connu sous le nom de Clubul Atletic al Minelor Petroșani (Club Athlétique des Mineurs de Petroșani). Le surnom de minerii apparut particulièrement dans les années 1950 quand les surnoms fleurissaient pour toutes les équipes.

#929 – FC Ingolstadt 04 : die Schanzer

Terme que l’on pourrait traduire par les fortifiés, les retranchés. Barrant en diagonale l’écusson du club, schanzer identifie non seulement le club mais de manière générale, tous les habitants de la ville bavaroise d’Ingolstadt. Le terme schanzer dérive du mot allemand verschanzen qui signifie fortifier et rappelle que les habitants vivaient à l’intérieur d’une place forte. En effet, la cité d’Ingolstadt fut pendant de nombreuses années un pilier de la défense de l’Etat bavarois, en plus d’être une ville universitaire et commerçante. Situé sur le Danube, au centre d’un triangle constitué des 3 grandes villes de Munich, Nuremberg et Augsbourg, Ingolstadt possédait une position stratégique en Bavière tant militaire que commerciale, renforcée par ses plaines agricoles environnantes qui assuraient un bon approvisionnement en denrée alimentaire. Mentionné pour la première fois en 806 dans l’acte de partage de l’Empire de Charlemagne, Ingolstadt devint une cité vers 1250 puis, de 1392 à 1447, la capitale du duché de Bavière-Ingolstadt. Un chroniqueur médiéval écrivait « Wer Ingolstadt besaß, besaß den Schlüssel zu Bayern » (Quiconque possédait Ingolstadt possédait la clé de la Bavière). Ainsi, à partir du XIVème siècle, Ingolstadt reçut de fortes fortifications, qui au cours des siècles suivants furent continuellement renforcées.

Dès 1363, un mur de briques de trois kilomètres de long avec 87 tours crénelées et portes fortifiées furent édifiées autour de la ville. En 1418, Louis VII de Bavière dit le Barbu posa la première pierre de la forteresse d’État d’Ingolstadt, qui se voulait être la plus importante et innovante de la Bavière. Un deuxième rideau de remparts fut construit et achevé en 1430. Au XVIème siècle, les défenses de ce bastion furent encore renforcées lors de la guerre entre l’Empereur Charles Quint et la ligue de Smalkalden. En 1570, la garnison comptait 50 hommes mais monta en 1598 déjà à 170 hommes. En 1600, les effectifs atteignaient 920 soldats. Le rôle de gouverneur d’Ingolstadt devint alors l’un des postes les plus importants de l’armée bavaroise. La guerre de 30 ans (1618-1648) donna l’occasion de réaffirmer le rôle d’Ingolstadt et d’améliorer encore le bastion, en particulier ses positions sur le Danube. Le Roi de Suède, Gustav Adolf, attaqua vainement Ingolstadt. Cette défaite constitua son premier échec militaire de la guerre et coupa son avancée en Bavière. Une conséquence de cet assault raté fut d’annihiler toute autre attaque pendant cette guerre pour prendre la forteresse. Ingolstadt était le seul lieu important de l’ancien électorat de Bavière qui ne fut jamais pris pendant la guerre de 30 ans. Pendant cette période, les forces militaires varièrent considérablement. En 1632, il y avait plus de 2 600 hommes, qui pouvaient compter sur 50 canons lourds et 86 canons légers et près de 900 quintaux de poudre dans la forteresse. En 1646, les effectifs étaient d’environ 1 500 hommes et vers la fin de la guerre seulement entre 200 et 400 hommes.

En 1701, il y avait plus de 350 hommes à Ingolstadt. En temps de paix, il y avait un maximum de deux régiments d’infanterie dans la forteresse au XVIIIème siècle, soit un effectif total d’un peu plus de 1 500 hommes. Ces militaires étaient logés chez les habitants et la cohabitation devint difficile, les plaintes se multipliant. Ainsi, au XVIIIème siècle, de nombreuses casernes furent édifiées pour accueillir les troupes. Durant les deux guerres de succession (d’Espagne (1701 à 1713) puis d’Autriche (1740-1748)), en manque de soutien extérieur, le bastion d’Ingolstadt céda plusieurs fois.

A la fin du XVIIIème siècle, en raison des finances déplorables de l’Etat bavarois et du manque d’expérience militaire de ses suzerains, l’armée bavaroise atteignit son plus faible niveau et la forteresse d’Ingolstadt était dans un état de dégradation avancée. Alors qu’il y avait, en 1668 51 canons lourds à Ingolstadt, la forteresse n’en comptait plus que 13 en 1778. En 1797, des travaux furent entrepris pour rétablir les défenses mais finalement, le 23 septembre 1799, les troupes impériales autrichiennes rendirent la place forte aux armées révolutionnaires françaises. Napoléon Bonaparte donna l’ordre de raser la forteresse d’Ingolstadt, ce qui fut exécuté entre novembre 1799 et mars 1801. Quelques années seulement après la démolition de la forteresse, il était déjà envisagé de la reconstruire. La décision fut prise en 1806, mais les travaux ne commencèrent qu’en 1828, lorsque les finances gouvernementales le permirent. La construction de la forteresse royale bavaroise constitua le projet de construction le plus important et le plus coûteux sous le règne de Louis Ier de Bavière et employa environ 5 000 ouvriers jusqu’en 1848. En 1851, 433 canons et 155 mortiers étaient stockés dans la forteresse et en 1874, il y avait encore 1 007 canons et mortiers mais plus de la moitié étaient obsolètes. En 1861, la ville comptait 7 193 résidents civils contre 12 750 militaires. Si tout le développement de la ville dépendait des autorités militaires (dans le bon sens (connexion au réseau ferré, système d’approvisionnement en eau et d’évacuation des déchets) comme dans le mauvais (les développements civils étaient empêchés par les besoins militaires prioritaires), l’intérêt stratégique comme l’importance du fort diminua au fil du XIXème siècle. Lors de la Première Guerre mondiale, le bastion servit seulement de prison. En mai 1914, l’artillerie d’Ingolstadt se résumait à 180 canons, dont certains étaient déjà considérablement dépassés. Les fossés furent comblés pour permettre à la ville de construire des immeubles d’habitations. Les grands bâtiments militaires furent petit à petit convertis en immeuble administratif. Aujourd’hui, ce système sophistiqué de fortifications bien conservées fait d’Ingolstadt un musée à ciel ouvert unique.

#928 – FK Inter Bratislava : žlto-čierni

Les jaune et noir. Même si le rouge apparaît sur le blason du club, le jaune et le noir sont les deux principales couleurs qui s’imposent sur le maillot de la formation. Evoluant en 3ème division aujourd’hui, l’Inter Bratislava est un important club de football slovaque avec une riche tradition, qui au tournant du millénaire réalisa deux doublés consécutifs (Championnat slovaque et Coupe nationale en 2000 et 2001). Le club revendique un titre de champion de Tchécoslovaquie (saison 1958-1959) qui fut remporté par le CH Bratislava, club qui l’absorba en 1962. Toutefois, malgré les débats, il est communément admis que l’Inter n’a pas hérité de ce titre et que le successeur du CH Bratislava est un autre club. Il n’empêche qu’entre 1962 et 1993, le club évolua 29 saisons sur 31 dans la Première Ligue tchécoslovaque, terminant même deux fois 2ème dans les années 1970. A l’issue de la saison 2008-2009, l’Inter Bratislava remporta la seconde division et devait être promu dans l’élite slovaque. Cependant, les problèmes financiers du club conduisirent son propriétaire Lubomír Chrenko à vendre la licence de l’Inter au FK Senica en juin 2009. L’équipe professionnelle de l’Inter disparut et le club repartit dans les divisions régionales.

Le club fut fondé en juillet 1940 sous le nom de ŠK Apollo Bratislava. Les créateurs ne furent pas inspirés par la mythologie grecque, Apollo faisant en réalité référence à l’entreprise qui soutint sa création. Créée en 1895, à l’aube de l’ère de l’automobile, la société Apollo exploitait la raffinerie de Bratislava qui produisait, au bord du Danube, de l’essence, de la ligroïne (white spirit), de la cérésine, des bougies, mais aussi de la glace artificielle et diverses graisses lubrifiantes. Sa capacité de traitement était de 30 000 tonnes de pétrole brut, qui provenait du Caucase et de Galicie polonaise, mais aussi de Roumanie, du Texas et de divers gisements de l’URSS. L’usine plaça Bratislava parmi les principaux centres de traitement du pétrole d’Europe centrale et, à son apogée, dans l’entre-deux-guerres, l’entreprise possédait des champs pétrolifères et un réseau de stations-service. Mais, avec l’invasion nazie, les capacités d’Appolo tombèrent aux mains du conglomérat chimique allemand, IG Farben, malheureusement célèbre pour avoir fourni les camps de la mort en zyklon-B et avoir profité de leurs mains d’oeuvre. En 1944, les raids aériens américains ciblèrent l’usine qui fut détruite à 80%. Même si elle reprit sa production en 1945, l’entreprise cessa ses activités en 1963. En parallèle, au début des années 1950, le gouvernement tchécoslovaque décida de construire une nouvelle raffinerie pour remplacer Apollo. En 1957, la première unité de production de la nouvelle raffinerie appelée Slovnaft fut mise en service. Aujourd’hui, Slovnaft, qui a été racheté par le groupe hongrois MOL, peut traiter 5,5 à 6 millions de tonnes de pétrole et représente 65% des ventes de carburants en Slovaquie. Il exploite 253 stations-service en Slovaquie, soit 29% du parc national.

La production pétrolière et pétrochimique passant d’Appolo à Slovnaft définitivement au début des années 1960, le club fit de même. En 1962 ou 1963, le club semble avoir fusionné avec des clubs appartenant à Slovnaft et devint une filiale du nouveau géant pétrolier slovaque. Evoluant probablement en rouge avant, la direction de l’Inter ajouta certainement au moment de la fusion les couleurs jaune et noir de Slovnaft. L’équipe évolue avec des maillots jaune et noir, sur lequel le nom de Slovnaft s’étala durant de longues années comme sponsor principal.

#927 – Tromsø IL : Gutan

Les garçons. Club norvégien fondé le 15 septembre 1920, il s’agit d’un des plus septentrionales au monde. Situé à plus de 1 700 km par la route de la capitale Oslo, il faut plus de 21 heures pour relier les deux villes. Autant dire que cela n’a pas facilité le développement de cette association sportive nordique. D’ailleurs, jusque dans les années 1950, les clubs du Nord du pays ne pouvaient pas participer aux ligues nationales et il fallut attendre 1963 pour qu’ils puissent enfin concourir en Coupe de Norvège. Tromsø attendit les années 1980 pour parvenir dans l’élite norvégienne. Depuis, le club a pu glaner quelques titres (2 Coupes de Norvège en 1986 et 1996), truster quelques places menant aux joutes européennes et finalement s’installer durablement dans le paysage footballistique norvégien.

Néanmoins, situé dans le grand nord, exclu des compétitions nationales jusqu’au milieu du XXème siècle, il n’était pas évident de recruter des joueurs. Naturellement, le club se porta sur la formation pour constituer et renforcer ses équipes. Il investit donc dans son académie et Tromsø devint un fournisseur de joueurs pour les clubs huppés de l’Eliteserien (la première division norvégienne) ou l’équipe nationale. Le dernier en date est Bryan Fiabema, jeune attaquant de 19 ans, acheté par Chelsea. Mais, parmi les plus connus, des joueurs comme Steinar Nilsen (ex-Milan et Napoli), Morten Gamst Pedersen (ex-Blackburn) et Roger Nilsen (ex-Sheffield United et Tottenham) passèrent dans les rangs de Tromsø. Ce fut aussi le cas pour Sigurd Rushfeldt, Arne Vidar Moen, Nils Solstad, Lars Iver Strand, Ole Martin Årst, Truls Jenssen, Bjørn Johansen, Jonas Johansen et Runar Espejord. Ces jeunes joueurs qui se succédèrent dans la formation donnèrent ce surnom de gutan.

#926 – Club Olimpia : el Rey de Copas

Le roi des coupes. Il s’agit d’un surnom souvent utilisé pour les clubs sud-américains au riche palmarès. Au point qu’un club hondurien, homonyme du Club Olimpia, porte également ce surnom (#375). Revenons à celui objet de cet article. Déjà doyen du football paraguayen, le Club Olimpia possède aussi le plus beau palmarès locale. Fondé en 1902, le club conquit rapidement ses premiers titres. Le club fut ainsi champion du Paraguay pour la première fois lors de la saison 1912. Puis, les titres de champion s’enchaînèrent. Présent au sein de l’élite sans discontinuité depuis la création du championnat en 1906, soit 113 saisons (seul club paraguayen à avoir réalisé cette performance), Club Olimpia a remporté 46 championnats (soit 40% des titres en jeu et record national) et fut 26 fois vice-champion. La formation gagna le titre au moins une fois par décennie. Il fut également le premier à le conquérir 3 fois d’affilée (de 1927 à 1929), 5 fois (de 1956 à 1960), puis enfin 6 fois consécutivement (de 1978 à 1983). Il faut noter que le Paraguay n’avait pas de Coupe nationale avant 1976 (malgré quelques épreuves de Copa República et Torneo de Integración) et que la véritable coupe apparût seulement en 2018. Le championnat se dénommait donc Copa el Diario, pour des raisons de sponsoring et encore aujourd’hui, porte le nom Copa de Primera Tigo Visión Banco. D’où le Club Olimpia est le roi des coupes, qui sont en réalité des championnats.

Mais l’incroyable palmarès de ce club est également complété par des coupes plus classiques. Tout d’abord, il remporta 2 Torneo República en 1976 et 1992, qui était l’ancêtre de l’actuel Copa Paraguay (équivalent à notre de Coupe de France). Puis, il a déjà gagnait une Copa Paraguay en 2021 et une Super Coupe du Paraguay en 2021. Il conquit également 4 Plaqueta Millington Drake, un ancien tournoi de pré-saison qui avait une certaine renommée, en 1943, 1947, 1948 et 1951. Mais ses plus hauts faits d’armes furent réalisés sur la scène continentale. La formation fut la première et la seule à ce jour équipe paraguayenne à remporter la Copa Libertadores en 1979. Deux titres supplémentaires vinrent compléter le tableau en 1990 et 2002. Elle atteignit également 4 fois la finale dont celle de la première édition en 1960, perdue face à Peñarol. Il ramena aussi au pays 1 Supercopa Sudamericana (1990) et 2 Recopa Sudamericana (1991, 2003). Enfin, il conquit deux titres intercontinentaux : 1 Coupe Intercontinentale (1979) et 1 Copa Interamericana (1980).

#925 – Stade de Reims : les Rouge et Blanc

Le club phare français des années 1950 et 1960 s’équipe d’un maillot mythique rouge et blanc, similaire à celui d’Arsenal, qui égaya la coupe d’Europe bien avant l’arrivée du club londonien. Pourtant, ces couleurs ne furent pas toujours celles des rémois. Si le club fut officiellement fondé le 18 juin 1931, il puise naturellement ses racines dans les bulles de Champagne. Le philanthrope, Marie Charles Jean Melchior de Polignac, petit-fils de la Veuve Pommery, était président des caves Pommery et Greno depuis 1907. Passionné de sports et soucieux de communiquer un exutoire à ses ouvriers, qui souffraient notamment d’alcoolisme, il décida la construction d’un centre sportif, connu sous le nom de Parc Pommery. Couvrant une superficie de 22 hectares, il accueillait, à partir de 1910, dans un décor représentant les dieux du stade, des pistes de courses, de sauts, de lancer, des terrains de tennis, de hockey, de football, de base-ball, de jeu de paume, une piscine et un vélodrome. Outre cette infrastructure, la maison de champagne créa le 29 septembre 1910 la Société Sportive du Parc Pommery (SSPP). Ses membres pratiquent le football, la marche, la gymnastique, le rugby, l’athlétisme et le cyclisme. Les joueurs portaient alors un short vert et un maillot doré, rappelant les couleurs du champagne. Outil humaniste, le club se transforma au fil des années en un vecteur de communication de l’entreprise Pommery et Greno. Il bénéficiait alors du soutien financier de sa maison mère, ce qui lui permettait de recruter et de rémunérer des sportifs (via des emplois au sein de la maison de champagne), afin de dominer les championnats régionaux. A la fin des années 1920, la section football commença à enregistrer des résultats et à monter les échelons.

La direction de Pommery et Greno décida alors de préparer la structure à l’arrivée du professionnalisme en l’autonomisant des autres sections sportives du SSPP et de la maison de Champagne. D’un club corporatiste, il devint un outil de promotion de la ville de Reims et, le 18 juin 1931, la nouvelle entité prit le nom de Stade de Reims. Les tenues dorées et vertes paraissaient un peu pale sur le terrain et la direction opta pour des nouvelles, plus vives, reconnaissables, tango et noir (maillot tango avec un scapulaire noir et short noir). Renforcé par des joueurs et entraineurs étrangers et doté d’un nouveau stade, le club continua son évolution en atteignant la seconde division en 1935. Désormais, officiellement professionnel, le Stade de Reims peina à s’imposer dans l’antichambre de l’élite, terminant à l’avant dernière place lors de la saison 1936-1937. Pour donner un nouvel élan, il fut décidé d’unir ses forces avec celles de son rival local, le Sporting Club Rémois, fondé en 1904 et tout récent vainqueur du champion du Nord-Est (1938). Ce dernier aspirait aussi au professionnalisme mais ces demandes auprès de la fédération avaient été rejetées. La fédération estimait qu’une ville de 100 000 habitants comme Reims ne pouvait pas disposer de deux clubs professionnels. Pour lui aussi, la fusion apparaissait donc comme la seule solution. Créée en 1938, la nouvelle formation garda le nom du Stade de Reims mais adopta les couleurs rouge et blanche du Sporting. Malheureusement, il n’existe pas de document permettant d’expliquer pourquoi le Sporting évoluait dans ces couleurs. En tout cas, elles ne furent jamais remises en question pour le nouveau Stade de Reims.

En 2010 (avec Kappa) et en 2020 (avec Umbro), le marketing rencontra la tradition et des éditions spéciales du maillot de l’équipe redevinrent tango avec un scapulaire noir. A savoir aussi qu’il existe actuellement un club de rugby, fondé en 1904, dénommé Stade de Reims et évoluant en tango et noir. Est-ce le fruit du hasard car je n’ai pas trouvé de lien avec le club de football ?

#924 – UC Sampdoria : Samp, Doria

Le nom du club se divise en deux syllabes et chacune donne lieu à un surnom. Finalement, assez logique quand on connaît comment se forma Sampdoria. Il était normal de mettre à l’honneur le club génois car malheureusement, les supporteurs de foot sont affectés par la perte des idoles de leurs jeunesses en cette fin d’année 2022 et début 2023. Les plus anciens ont perdu le Roi Pelé. Ceux qui sont de ma génération se souviendront des superbes coups francs de Siniša Mihajlović et de l’élégant attaquant Gianluca Vialli. Tous deux passèrent par la Sampdoria mais à des époques différentes. Pour Gianluca, ce fut même la grande période avec un titre de Champion en Série A (1991) et une finale de Ligue des Champions (1992) au côté de son frère d’arme Roberto Mancini.

Le club se créa le 12 août 1946 par la fusion de deux équipes, SGC Sampierdarenese et SG Andrea Doria. Mais, il convient de remonter en arrière pour comprendre les origines de ce mariage. Les deux clubs prennent leur racine à la fin du XIXème siècle. D’un côté, dans la commune de Sampierdarenese (qui deviendra en 1926 un quartier de la ville de Gênes), à l’initiative de l’Associazione Studentesca Gymnasium et de la Società Operaia di Mutuo Soccorso Universale, le club omnisport SGC Sampierdarenese vit le jour le 6 juin 1891. Orienté exclusivement vers la gymnastique et l’haltérophilie à ses débuts, le club ouvrit rapidement de nombreuses nouvelles sections sportives et culturelles (escrime, cyclisme, bowling, aviron, lutte gréco-romaine, natation, tambourin, basket-ball, athlétisme, tir au pigeon d’argile, randonnée, fanfare, théâtre). Le football rejoignit cette grande famille en 1899. De l’autre côté, en 1895, des gymnastes de la Società Ginnastica Ligure Cristoforo Colombo partirent pour fonder une nouvelle association de gymnastique appelée Andrea Doria, du nom du condottiere (chef-mercenaire) et amiral de Gênes. Provenant d’un club qui mettait à l’honneur un grand homme de la cité ligurienne, Christophe Colomb, les fondateurs reprirent cette idée pour leur association et leur choix se porta sur Andrea Doria. Au XVIème siècle, chef de guerre et marin qui combattit pour différents pays, il fut un ardent défenseur de Gênes, qui était occupé par la France. Restaurant l’indépendance de la ville, il organisa ses institutions politiques et devint son censeur à vie. A sa mort, la ville lui édifia une statue avec cette inscription, « Au père de la patrie » . Porté sur la seule gymnastique, le club étendit ses activités, notamment au football en 1900.

Jusqu’en 1946, les deux clubs allaient s’ignorer, se croiser et se confronter. Andrea Doria remporta 4 tournois de la fédération italienne (qui était alors l’ancêtre de la Série A) tandis que Sampierdarenese fut finaliste du championnat italien en 1922. Ils se marièrent également une première fois. Le 27 juillet 1927, à la demande du régime fasciste, les deux formations fusionnèrent, donnant vie à l’AC La Dominante, qui prend en 1930 le nom de FC Liguria. Mais, la mariage tourna court, suite à la relégation en 1931 en 3ème division. Chaque club reprit alors sa vie séparément. Après la Seconde Guerre mondiale, à l’issue de la saison 1945-1946, Andrea Doria termina à la 9ème place du groupe Nord, tandis que Sampierdarenese concluait la saison à la 14ème et dernière position de ce même groupe, condamnant le club à la relégation. Toutefois, la décision fut prise, pour la nouvelle saison, d’unifier le groupe Nord avec le groupe Sud et de créer une Série A à 20 clubs. Pour décider des 20 clubs, la fédération ne se basa pas sur le classement de la saison 1945-1946 mais sur les clubs ayant joué dans l’élite dans les années 1940 (ie juste avant l’arrêt du championnat en 1943 et 1944 en raison de la guerre). Sous le nom d’AC Liguria, la Sampierdarenese participait à cette époque à la Série A même si ses résultats n’étaient pas flamboyants. En revanche, Andrea Doria n’avait évolué qu’en Série C jusqu’à sa dissolution en 1941. Résultat, malgré sa relégation sportive, Sampierdarenese fut admis en Série A pour la nouvelle saison tandis qu’Andrea Doria s’en voyait exclu et relégué en Série B. Seulement, Sampierdarenese était dans une situation financière déplorable tandis que, sur la base de ses résultats sportifs et pensant poursuivre dans l’élite, Andrea Doria avait déjà engagé le jeune Adriano Bassetto de Vicence pour la somme considérable de 3 200 000 lires. Après une série de rencontres, les directions des deux clubs se mirent d’accord et unirent leurs forces. Aucun des clubs absorba l’autre. Il s’agissait d’une sorte de mariage d’égaux (dans la dot de Sampierdarenese, une place en Série A ; dans celle de Doria, de l’argent). Ainsi, le nouveau maillot reposait sur une combinaison des 4 couleurs des deux clubs (cf #287). De même, le nouveau nom était la simple union des anciens, Doria-Sampierdarenese (Doria-Samp) qui finalement fut inversé pour Sampierdarenese-Doria, puis Sampdoria.


#923 – FC Lausanne-Sport : les Seigneurs de la Nuit

Ce surnom rappelle pour tous les supporteurs lausannois les grandes heures du club dans les années 1960. A l’orée de la saison 1960, le club vaudois comptait parmi les cadors du championnat et avait déjà connu une première période dorée, 30 ans auparavant. En effet, dans les années 1930, Lausanne-Sport remportait 3 championnats (1932, 1935, 1936) et deux coupes de Suisse (1935, 1939, plus une finale en 1937).

A la fin des années 1950, l’équipe possédait déjà quelques joueurs renommés tels que le latéral droit André Grobéty et l’attaquant Robert Hosp. D’ailleurs, en 1958, après être sorti premier de son groupe de la Coupe des Villes de Foire (l’ancêtre de la Ligue Europa) face à deux équipes allemandes, elle atteignit la demi-finale, perdue contre une sélectionne londonienne (le règlement de la compétition imposait la participation d’une seule équipe par ville et pour celle qui possédaient plusieurs équipes, des sélections furent constituées).

Puis, les défenseurs Ely Tacchella et Heinz Schneiter, le milieu international Norbert Eschmann ainsi que Kurt Armbruster et l’attaquant Richard Dürr renforcèrent l’équipe. Au bord de la relégation lors de la saison 1959-1960 (12ème place), puis seulement 9ème en 1961, Lausanne se métamorphosa pour terminer vice-champion lors des 2 années suivantes (1961-1962 et 1962-1963). En 1962, Lausanne gagna en outre une Coupe de Suisse face à Bellinzone. Lors de la saison 1963-1964, l’entraineur autrichien Karl Rappan reprit la direction de l’équipe, qui fut également consolidée par l’arrivée de l’attaquant international néerlandais Pierre Kerkhoffs. Si l’équipe termina à la 5ème place en championnat lors de cette saison, elle remporta une nouvelle Coupe de Suisse, empêchant alors La Chaux-de-Fonds de réaliser le doublé. La saison suivante, Lausanne toucha enfin le Graal. En tête de la première à la dernière journée, les vaudois remportèrent le 7ème titre de champion de Suisse de leur histoire (et également le dernier). Le club termina meilleure attaque (61 buts), avec Kerkhoffs finissant meilleur buteur (19 buts). Cette même année, en Coupe des Coupes, l’équipe fut stoppée en quart de finale par les anglais de West Ham United, emmenés par son légendaire capitaine Bobby Moore (champion du monde en 1966), après avoir éliminé le Budapest Honvéd, puis le Slavia Sofia. D’ailleurs, pendant ces années, le club se qualifia régulièrement en Coupe d’Europe. Or, cette équipe conquérante connut une révolution. A cette époque, le stade de Lausanne se vit doter d’un éclairage qui permit de jouer le soir. L’équipe fit ainsi vivre de grandes soirées au peuple vaudois. Dans le cadre de ces premières joutes nocturnes et victorieuses, l’équipe, avec ses maillots blancs immaculés par la lumière artificielle, gagna son surnom des seigneurs de la nuit. Peu utilisé aujourd’hui, le surnom sert à nommer actuellement l’espace VIP dans le stade.

#922 – New York Cosmos : Cosmos

Poursuivons notre hommage au Roi Pelé. La légende ne connut que deux clubs. Il faut dire qu’il ne put mener sa carrière comme il entendait. En 1961, le président du Brésil Janio Quadros publiait un décret déclarant que Pelé était un « trésor national » qui ne pouvait pas être « exporté ». En tout cas, son passage dans ces deux seuls clubs fut décisif. Arrivé à 15 ans à Santos, il le métamorphosa pour en faire l’un des plus grands clubs de l’Etat de São Paolo et du Brésil. Après avoir relevé ce challenge, il fallait au moins un défi de la taille des Etats-Unis pour séduire le Roi (évidemment, l’aspect financier rentra nettement en compte aussi). Il fallait aussi le Roi pour convaincre les américains de se laisser séduire par ce nouveau jeu appelé soccer. C’est ainsi qu’en 1974 Pelé rejoignit le New York Cosmos. Ce ne fut pas la seule star (Beckenbauer, Chinaglia, Carlos Alberto, Neeskens) à être recrutée par ce club qui devint mythique et sent bon la nostalgie.

Deux frères, Ahmet et Nesuhi Ertegun, accompagnés d’autres investisseurs, tous cadres de Kinney National et de ses filiales musicales et cinématographiques, Atlantic Records et Warner Brothers, portèrent le projet de créer une franchise de football à New York dans la jeune ligue NASL (fondée en 1968), ce qui fut fait le 10 décembre 1970. La société qui allait détenir la future franchise fut dénommée Gotham Soccer Club (Gotham étant le surnom de la ville de New York donné par l’auteur Washington Irving). Le premier acte fut de recruter un directeur général qui connaissait le football et ainsi Clive Toye rejoignit le club. Ancien journaliste de Plymouth en Angleterre, ce dernier avait déjà eut une première expérience de General Manager avec la franchise de soccer des Baltimore Bays (qui ne survécut pas à sa deuxième saison dans la NASL). Il fallait maintenant doter la franchise d’un nom. Les frères Ertegun proposaient New York Blues tandis que d’autres propriétaires voulait adopter New York Lovers. Pour s’imposer dans la ligue comme dans la mégalopole, Toye voulait traduire les ambitions du club dans son nom et milita alors pour New York Cosmos. Car, en étant un diminutif de Cosmopolitans, cela surpassait le nom de la nouvelle franchise de base-ball de la ville, les New York Mets (pour Metropolitans). Finalement, le choix fut laisser aux futurs supporteurs au travers d’un concours, ce qui permettait également de faire un coup de pub et de créer déjà un premier lien entre la franchise et ses futurs clients … pardon fans. 3 000 propositions furent déposées. Deux entraineurs sportifs de la Martin Van Buren High School dans le Queens, Meyer Diller et Al Cappelli, proposèrent Cosmos. Ils déclarèrent qu’ils avaient deux raisons de proposer ce nom. En premier lieu, le mot cosmos signifie l’univers, plaçant alors l’équipe à un niveau élevé. Ensuite, cosmos dérivant de cosmopolite, le terme traduisait la vision ouverte et universelle du club et de ses supporteurs. Cela collait bien au melting pot de la grosse pomme. Le nom fut instauré le 4 février 1971.