#1074 – Energie Cottbus : Energie

Lorsque votre nom n’est pas commun, il a l’avantage de bien vous identifier et donc la presse comme vos supporteurs se simplifient la vie en l’utilisant comme raccourci et surnom. Ce fut naturellement le cas pour ce club de l’ex-RDA. Le 7 Octobre 1949, l’Allemagne de l’Est se sépara officiellement de la partie occupée par les troupes alliées et devint la République Démocratique d’Allemagne (RDA). Les autorités communistes entreprirent alors d’importantes réformes en ligne avec leur idéologie. Le sport n’y échappa pas. Dans le nouveau district de Cottbus, une première équipe de football vit le jour, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg, sous le patronage d’Aktivist, qui regroupait les associations sportives d’entreprise des industries minières et des matériaux de base de la RDA. Mais, au début des années 1960, les autorités décidèrent une restructuration du système des clubs sportifs qui conduisait à un club sportif par district, situé dans la capitale. Résultat, le club omnisport du SC Cottbus fut créé. Situé à 40 km de la capitale du district et déclinant sportivement, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg disparût au début de la saison de football 1963-1964 en se fondant dans le SC Cottbus. Mais, fin 1965, l’Association de football de la RDA prît le partie de séparer les sections de football des clubs omnisports et d’en faire des clubs à part entière. Ainsi, la section football du SC Cottbus devint indépendante en se transformant en une association sportive corporatiste, sous le nom d’Energie Cottbus à partir du 31 janvier 1966.

Le quotidien locale, « Lausitzer Rundschau » , organisa un concours pour trouver le nom de ce nouveau club. Bodo Krautz, l’un des 450 passionnés de sport qui participèrent, proposa le terme « Energie ». Car, la région de Cottbus était connue comme un producteur d’énergie grace à ses nombreuses centrales électriques et mines de lignite. Rien donc d’étonnant que son prédécesseur, le SC Aktivist Brieske-Senftenberg, fusse sous le patronage des industries minières. Cottbus-Senftenberg est l’un des principaux centres d’exploitation du bassin de lignite de Lusace, qui s’étend dans le sud-est du Brandebourg et le nord-est de la Saxe (même aux frontières avec la Pologne et la Tchéquie auapravant). Il s’agit du 2ème plus grand gisement de lignite d’Allemagne après le bassin rhénan. L’exploitation de ce bassin démarra vers 1789 mais, avec la révolution industrielle, elle s’intensifia. Après la Première Guerre mondiale, les mines à ciel ouvert de Lusace devinrent névralgiques pour l’économie allemande en alimentant les centrales à charbon. L’utilisation du lignite fut par la suite particulièrement intensive en RDA. Les gisements fossiles étaient de loin la première source d’énergie du pays et servait pour tout (électricité, chauffage urbain, briquettes, coke, goudron, pétrole, gaz). Au plus fort de l’exploitation minière du lignite, un tiers du district de Cottbus, qui avait gagné le surnom Energiebezirk (district énergétique), était consacré à l’exploitation minière. La centrale électrique de Boxberg (à 50 km de Cottbus) consommait environ 100 000 tonnes de lignite par jour. Aujourd’hui, environ un tiers du lignite allemand est extrait dans la région de Lusace. En 2018, 60,7 millions de tonnes était extrait en Lusace (provenant de 4 mines à ciel ouvert) sur les 166,3 millions produites en Allemagne. Ses débouchés portent essentiellement vers les centrales électriques de Jänschwalde, Schwarze Pumpe, Boxberg et Chemnitz-Nord. L’industrie du lignite emploie environ 4 500 personnes dans le Land de Brandebourg actuellement, l’un des plus grands employeurs privés. Cottbus, qui accueille aujourd’hui le Braunkohlenausschuss (Comité Lignite) qui prend des décisions régionales en matière de planification et de rénovation, connaissait une première mine, dont l’exploita débuta en 1981 et s’arrêta le 23 décembre 2015. La seconde mine de Jänschwalde se situe au nord-est de Cottbus. Environ 10 millions de tonnes de lignite y sont extraites chaque année, qui sert exclusivement à alimenter en combustible la centrale électrique de Jänschwalde.

#1073 – Kerala Blasters FC : the Tuskers

Les éléphants. Né en 2014 avec la création de la nouvelle ligue de football indienne, ISL, le club de l’Etat du Kerala, qui réside dans la capitale Kochi, ne reçut pas pour surnom son nom (Blasters). A sa fondation, l’un des principaux actionnaires du club était Sachin Tendulkar, légende vivant du cricket indien et mondial. Considéré comme l’un des meilleurs batteurs de l’histoire du cricket, son surnom est « Master Blaster » (maître artificier) et lorsqu’il fallut choisir le nom de l’équipe, il déclara « People call me Master Blaster… One can say there is possible association » (Les gens m’appellent Master Blaster … Une association doit être possible).

Pour le blason du club, les discussions allèrent vite également. La volonté de Sachin Tendulkar et de son associé, l’entrepreneur Prasad Potluri, était de réunir sous leur bannière la ville de Kochi et tout l’Etat de Kerala. Ainsi, le choix du blason et des couleurs se portèrent sur des symboles forts de l’Etat. Avec un éléphant tenant dans sa trompe un ballon de football, l’écusson reflète l’héritage culturel de Kerala et son attachement profond au football. L’éléphant est l’animal symbole de l’Etat de Kerala. Tout d’abord, le pachyderme est une espèce spécifique et endémique de la région, dénommé éléphants indiens (Elephas maximus indicus). Outre une importante population d’éléphants sauvages (5 706 dénombrés en 2018 sur une population d’éléphant d’Asie en Inde de 30 000 individus environ), le Kerala compte plus de 700 éléphants captifs. Mais, son importance dans l’identité de l’Etat ne repose pas seulement sur sa présence. En effet, il tient un rôle particulier dans la culture de la province. Le temple hindou de Guruvayur abrite plus de 60 éléphants dans un temple annexe (le seul dédié à des éléphants) qui demeurent au cœur des rites du temple. De même, les églises catholiques de l’Etat sont richement décorés d’éléphants (portes et piliers). Des éléphants participent à quasiment toutes les processions et festivals de l’Etat, portant notamment les divinités. Les éléphants figurent aussi dans de nombreux poèmes et légendes du Kerala. Ainsi, dans l’ « Aitihyamala » de Kottarattil Sankunni, chacun des 8 tomes qui composent l’oeuvre se conclut par une histoire avec un éléphant. Le poème « Sahyante Makan » de Vyloppalli Sreedhara Menon appelle les éléphants, les « fils du Sahyadrī » (la chaîne montagneuse Ghats occidentaux). Enfin, l’Etat abrite le sanctuaire et centre de réhabilitation des éléphants de Kottur, dans le district de Thiruvananthapuram, le premier et le plus grand centre de soin des éléphants d’Inde.

Evidemment, en tant que symbole de l’Etat, l’éléphant figure sur les armoiries du gouvernement de l’État du Kerala. En cela, elles s’inspirent des armes des anciens royaumes de Travancore et de Cochin, qui couvraient une grande partie de l’Etat. Le pachyderme apparaît donc sur le blason du club de football. Il représente le lien fort avec l’Etat et son identité mais il permet également de véhiculer pour l’équipe un sentiment d’unité, de puissance et de fierté. Enraciné dans sa famille et sa communauté, l’humble éléphant, comme le dit le club, met en valeur l’aspiration et l’esprit des Kerala Blasters.

#1072 – US Avellino : Lupi

Les loups. Niché au cœur d’une vallée d’origine volcanique dans les Apennins campaniens, la ville d’Avellino possède des armoiries où trône un agneau pascal. Etonnant alors d’aller choisir le prédateur de l’agneau comme symbole et surnom. Mais, dans les bois de cette partie des Apennins, le loup gris était un habitant endémique qui, comme dans d’autres régions d’Europe occidental, avait disparu ces dernières décennies. Mais il semble avoir fait sa réapparition depuis quelques années. Le Loup d’Italie (ou Canis lupus italicus), une sous-espèce du loup gris, a vu le jour dans cette chaîne montagneuse des Apennins avant de se répandre dans les Alpes, le Sud de la France et en Alsace. Au-delà de sa présence et de son appartenance à cette région, le loup y a aussi construit une légende.

La ville d’Avellino fut fondée par les Hirpins. Ces derniers étaient l’une des quatre tribus qui composaient le peuple samnite, une ligue de communautés italiques établies dans le Samnium. Or, la tradition rapportée par les auteurs anciens (en particulier Strabon) est que les Hirpins se seraient établis dans la région d’Avellino suite à une migration sacrée, le ver sacrum (printemps sacrée). Ce rite, dédié à un dieu (principalement Mars, Jupiter ou Apollon) à qui avait été fait un vœu, poussait une communauté à expulser une génération de jeunes hommes afin de fonder une nouvelle colonie, guidée dans cette quête par un animal sacré (loup, taureau, aigle …). Le nom de cet animal servait à baptiser la nouvelle communauté ainsi formée. Mais, selon les conclusions d’historiens, ce récit serait phantasmé et permettait de travestir rétrospectivement une réalité plus violente. Pour en revenir à notre récit, la légende, évoquée par Sextus Pompeius Festus, rappelle que, guidé par un loup, un peuple s’installa à Avellino et se nomma Hirpins. Ce terme dérive de Hirpus qui signifie loup en langue osque (celle que parlait les Samnites). Ainsi, le loup est un animal sacré dans la région d’Avellino et qui trouve sa place sur le blason du club de football.

#1071 – Moghreb Atlético Tétouan : الحمامة البيضاء

La colombe blanche. Située à 60 km de Tanger, au Nord du Maroc, sur les bords du Rif et de la Méditerranée, Tétouan possède une culture et une architecture singulières au sein de l’Empire Chérifien. En effet, par sa proximité avec l’Espagne, Tétouan fut le réceptacle de nombreuses immigrations qui remodelèrent la cité marocaine. Au XVème siècle, la Reconquista des monarques catholiques sur les derniers territoires occupés d’Andalousie parvenait à sa fin et conduisait à l’émigration des populations maures et juives vers le Maroc voisin. Ces derniers atterrirent à Tétouan et participèrent à sa reconstruction puisque, ville millénaire, elle fut détruite plusieurs fois par les espagnols puis les portugais à la même époque. Puis, entre 1609 et 1614, une nouvelle vague d’immigration eut lieu lorsque Philippe III d’Espagne expulsa les derniers musulmans vivant encore en Andalousie. Ces nouvelles populations s’établirent notamment à Tétouan tout en maintenant leurs propres traditions andalouses. Ainsi, les émigrés venant d’Espagne constituèrent l’élite intellectuelle et les classes aisées qui influencèrent durablement le paysage urbain et culturel. Grace à cet héritage, Tétouan est une ville à l’architecture hispano-mauresque unique avec une médina magnifique, considérée comme la plus belle du Maroc et inscrite sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO. Entourée de remparts datant du XVème siècle percés de 7 portes, la médina se compose de nombreuses maisons et palais blancs (avec des patios, des fontaines et des jardins). Cette histoire, ce style de vie et cet urbanisme préservés firent désigner Tétouan sous les surnoms de « la fille de Grenade » ou « la petite Jérusalem ». Mais, elle fut également appelée par l’ancien occupant espagnol Tetuan la Paloma Blanca (Tétouan, la Colombe Blanche) ou encore la « Colombe Blanche des poètes arabes ». Sur la place al-Hamama (la colombe), une statue d’une colombe blanche réalisée par l’artiste espagnol né à Tétouan, Carlos García Muela, trône comme symbole de la ville.

#1070 – CD Coopsol : el Submarino Amarillo

Le sous-marin jaune. Voici donc un troisième club dans le monde qui se revendique de la célèbre chanson des Beatles (les autres étant Cadix #433 et surtout Villareal #120). Comme pour les deux autres clubs, le fait d’évoluer en couleur jaune a naturellement donné le surnom. La raison de cette teinte est simple. L’actionnaire et sponsor du club est le groupe Coopsol, un conglomérat péruvien né il y a 28 ans et comptant 12 filiales, offrant différents services (intérim et recrutement, nettoyage, services d’ingénierie …). Coopsol est l’acronyme de Cooperativa Solar (Coopérative solaire) et le soleil apparaît sous forme stylisée sur le blason de l’entreprise. Logique alors de retenir le jaune comme couleur.

Certes, la capitale péruvienne qui accueille l’équipe se situe sur la côte de l’Océan Pacifique mais la référence à l’engin subaquatique ne provient pas de la situation géographique. En réalité, au début des années 2000, le groupe Coopsol tentait d’investir le football sur 2 fronts, en rachetant 2 clubs évoluant en première et en seconde division. Mais ce fut deux échecs et finalement en 2004, il reprit un autre club, le Deportivo Aviación. Ce dernier fut fondé en 1964 comme une émanation sportive des forces aériennes péruviennes (Fuerza Aérea del Perú). Le club était donc soutenu par l’armée de l’air, notamment en étant sponsorisé par la compagnie aérienne militaire, TANS. Mais, deux accidents aériens intervenus en 2003 puis en 2005 eurent raison de la compagnie, qui fait faillite en 2006. Résultat, au début des années 2000, TANS et les forces aériennes retirèrent leur soutien financier au Deportivo Aviación, qui déclina et chercha de nouveaux parrains. Ce fut dans ce contexte que Coopsol mit la main sur le Deportivo Aviación pour fonder son nouvel étendard sportif. D’abord dénommé Aviación-Coopsol, il perdit tout lien avec ses racines aériennes en 2009 en devenant le Deportivo Coopsol. Néanmoins, dans la mémoire collective et en particulier dans celle des adversaires, ce lien existe toujours et donc, le sous-marin du surnom est pour moquer les origines aériennes du club.

#1069 – CA Chaco For Ever : Albinegro

Les blanc et noir. Le club argentin de la ville de Resistencia, située dans la province du Chaco, fut fondé le 27 juillet 1913, par des jeunes qui décidèrent de quitter le CA Sarmiento et de créer une nouvelle institution sportive. Depuis, les deux clubs sont les grands rivaux de Resistencia. Le choix du nom était important pour les fondateurs car ils voulaient qu’il soit agréable et s’inscrive dans le temps. Une connaissance des fondateurs, d’origine anglaise et surnommée « Mister King », il suggéra « Chaco for Ever » (Chaco – le nom de la province – pour toujours), un cri identitaire et fière. Le choix des couleurs releva finalement du hasard. En effet, un jour, l’équipe fut rejoint par un étudiant en droit nommé Maistegui. Il se présenta sur le terrain avec un maillot rayé noir et blanc qui fit forte impression auprès des autres joueurs. Il s’agissait d’un maillot du club CA Estudiantes de Buenos Aires. Tous les joueurs décidèrent d’opter pour ce maillot qu’ils considéraient élégant mais aussi dont les couleurs rappelaient les richesses de la province : le blanc pour la culture du coton et le noir pour le charbon.

L’agriculture constitue une des principales activités de la province du Chaco. En particulier, la filière du coton. Historiquement (culture développée dès le début du XXème siècle), le Chaco était le principal producteur national de coton depuis les années 1950 même si sa position fut remise en cause ces dernières années avec la réduction de la surface cultivée de coton en raison de la concurrence des céréales et des oléagineux (principalement maïs, tournesol et soja …). Toute la filière (égreneurs, filatures, ateliers de tissage, fabrication de produits textiles) s’est développée dans le Chaco. La culture s’étend dans pratiquement toute la province et les égreneurs représentent 60 % de la capacité argentine. En 2019-2020, la superficie plantée était de 185 000 hectares, avec une production de 338 000 tonnes, principalement tournée vers le marché intérieure, soit respectivement 42% et 32% de la part nationale. En 2021-2022, la production monta à 379 000 tonnes. L’industrie textile représentait 21,3% de l’emploi total de l’industrie manufacturière. En 2019, 36 usines d’égrenage étaient en activité, avec une capacité totale d’égrenage de 890 500 tonnes.

Dans la province du Chaco, la production de charbon ne provient pas de mines car il s’agit de charbon végétal (et non minéral). En effet, la région comprend de vastes forêts de quebracho. Cet arbre, symbole du Chaco, présente un bois extrêmement dur et durable, qui est exploité pour réaliser des meubles, des tanins et du charbon de bois. Dans les années 1950 et 1960, cette production de charbon de bois trouvait un débouché naturel vers la province de Jujuy où étaient situées des usines sidérurgiques en demande de coke. En 1967, le Chaco produisait 11,58% de la production nationale de charbon (environ 50 000 tonnes). Désormais, en 2018, la production de charbon de la province s’élevait à 272 000 tonnes par an et le Chaco représentait 80 % des exportations argentines.

#1068 – KVC Westerlo : de Kemphanen

Les coqs de combat. La ville de Westerlo n’est pas réputée pour l’élevage de coqs de combat et aucune équipe du club ne proposa un jeu qui se comparait au gallinacé. En réalité, il s’agit d’un jeu de mot avec le nom de la région où se situe Westerlo, la Campine. En néerlandais (puisque la Campine est en zone néerlandophone), la Campine se dit de Kempen.

Le nom de la région est une déformation du mot latin Campinia ou Campina, qui signifie « plaine ouverte » ou « terre de champs ». Partagée entre le Nord de la Belgique et le Sud des Pays-Bas, la région occupe en Belgique la majeure partie de la province d’Anvers, du Limbourg et l’extrême Nord du Brabant flamand. Au delà de la frontière néerlandaise, la Campine s’étend du Sud-Est du Brabant septentrional jusqu’au Nord d’Eindhoven. La pauvreté du sol, généralement sablonneux, ne favorisa pas le développement économique de la province jusqu’au XXème siècle (suite à l’exploitation du sable dans l’industrie du verre et la découverte en 1901 du bassin houiller qui permit l’essor de Westerlo). Toutefois, la province est verte avec ses vastes espaces naturelles préservées (forêts, prairies, marais et tourbières) et appréciées des marcheurs. D’ailleurs, Westerlo est surnomée de groene parel der Kempen (qui signifie « la perle verte de la Campine »), en raison des vastes bois qui entourent la commune, dont les principaux sont De Beeltjens, Het Riet et De Kwarekken (zone marécageuse).

Si le surnom se base sur un jeu de mot, il convient de noter que les gallinacés ne sont pas étrangers à la région. En effet, une espèce de poule se nomme campine (kempisch hoen en néerlandais). Originaire de la Campine anversoise, il s’agit d’une petite poule plutôt d’ornement, dont le plumage est soit doré, soit argenté.

#1067 – Middlesbrough FC : the Smoggies

Le terme est dérivé de smog (brouillard) mais cet article vous permettra de sortir … de ce brouillard. Ce surnom s’attache à tous les habitants de Middlesbrough et ceux de la région du Teesside. Le terme désigne également l’accent local et le dialecte de la région. Il fut un peu plus tard utilisé ironiquement par les supporteurs adverses pour nommer les fans du club de Middlesbrough. Pour comprendre sa signification, il faut revenir à ce qui modela la région : la sidérurgie.

L’histoire de Middlesbrough se confond avec celle de la révolution industrielle et de l’avènement de la Reine Victoria et de l’Empire Britanique. Comme un certain nombre de villes du Nord de l’Angleterre, soutenues par les découvertes de mine de charbon, de fer ou d’autres minerais, Middlesbrough devint au cours du XIXème et XXème un important centre industriel mondial. L’essor de Middlesbrough fut d’ailleurs remarquable puisqu’en 1801, il s’agissait d’un petit hameau de 25 habitants qui se transforma en un siècle en une ville de plus de 90 000 habitants. Avec une infrastructure de transport naturelle (le fleuve Tees qui se jette dans la Mer du Nord) et des riches ressources (la découverte de réserves de fer dans les collines de Cleveland en 1850), la première usine sidérurgique (Henry Bolckow et John Vaughan) s’étendait dès 1864 sur plus de 280 hectares le long des rives de la rivière Tees. Puis, l’entreprise Dorman Long prit le relais et devint le principal producteur d’acier et le plus grand employeur. À l’apogée, 91 hauts fourneaux dans un rayon de 10 milles le long de la Tees fonctionnaient. En outre, le poids économique de la région faisait que le prix mondial de l’acier et du fer étaient fixés dans ce coin de l’Angleterre. Mais, au fil des années, la concurrence poussa au déclin. Dans les années 1960, afin de les sauver, de nombreuses entreprises (dont Dorman Long) furent nationalisées sous l’égide de British Steel. Ceci n’empêcha pas le déclin face à l’acier asiatique et les dernières aciéries fermèrent en 2015.

L’importance de l’industrie lourde et son empreinte dans le développement de Middlesbrough conduit la ville à gagner rapidement le nom d’Ironopolis. Mais, la contrepartie fut des niveaux élevés de pollution, qui se concrétisaient par un épais brouillard recouvrant régulièrement la région. Les supporters rivaux de Sunderland et Newcastle ne manquèrent pas de s’en moquer. A domicile, ils scandaient « What’s it like to smell fresh air ? » (Qu’est-ce que cela fait de sentir de l’air frais ?) et à l’extérieur « smog monsters » (les monstres du brouillard). Ce dernier terme se transforma par la suite en smoggies et finalement, les supporteurs de Middlesbrough se l’approprièrent et le revendiquèrent.

#1066 – Gimcheon Sangmu FC : 불사조

Le phénix. L’histoire de ce club coréen se confond avec l’association sportive de l’armée de Corée du Sud. Avant 1982, chaque corp d’armée avait sa propre association de sportifs : celle de l’armée de terre se dénommait 충의 (Loyauté), celle de la Marine était 해룡 (Dragon des mers) et celle des forces aériennes se nommait 성무 (Nébuleuse). Puis le Ministère de la Défense réunifia les 3 unités et le 4 janvier 1984 apparaissait 국군체육부대 (Corps d’athlétisme des forces armées), avec 21 sports pratiqués et 400 athlètes. Sachant que la durée du service militaire était de 18 mois, l’objectif de cette institution était de permettre aux sportifs de haut niveau de ne pas suspendre leur carrière le temps de leur obligation militaire en participant aux compétitions nationales. La nouvelle entité prit le nom de 상무 (Directeur) et le phénix (불사조) comme symbole (noir sur fond orange). Cet animal extraordinaire apparait dans de nombreuses cultures de l’antiquité et à travers le monde. Il s’agit d’un oiseau à la longue longévité et qui a la particularité de de renaître soit de son propre cadavre, soit après s’être consumé dans les flammes. Ainsi, pour l’institution, l’animal mythologique représente, en tant qu’espèce immortel, l’esprit brave, indestructible et sacrificiel d’un soldat qui protège son pays. Il traduit un célèbre proverbe coréen 칠전팔기 qui signifie au travers de ces 4 caractères Hangeul « Même si vous tombez sept fois, relevez vous une huitième fois ».

Dans la foulée de la création du 국군체육부대, plusieurs clubs furent fondés afin de permettre aux sportifs évoluant dans des sports collectifs de participer aux compétitions nationales. Ainsi, apparut le club de football de Sangmu FC, le 11 janvier 1984. Le club reprit alors, comme toutes les autres sections sportives, les symboles dont le phénix. Il trône sur l’emblème du club.

#1065 – SD Aucas : Papá Aucas

Le papa Aucas. Le club de la capitale équatorienne a gagné une aura paternelle auprès de ses fans dès ses premières années d’existence. En 1945, Marius J. Federicus Hulswit, cadre néerlandais de la Royal Dutch Shell en Équateur, avait l’ambition de créer la meilleure équipe. Il reçut le soutien de son employeur et le SD Aucas vit le jour. Pour le choix du nom, Enrique Illingworth Quevedo, directeur de la compagnie pétrolière, suggéra Aucas. Il s’agit du nom donné par le peuple Quichua aux Huaorani, des indigènes d’Amazonie connus pour être des guerriers intrépides et des chasseurs extraordinaires. Cette réputation, entretenue par leur agressivité vis-à-vis des autres peuples indigènes et des envahisseurs blancs, engendra ce terme péjoratif d’auca qui signifie en langue quichua « sauvage ». Or, lorsque la compagnie pétrolière Shell réalisa des prospections dans la forêt amazonienne, elle subit la résistance des Huaorani et, convaincu que cet état d’esprit devait inspirer les joueurs mais aussi pour redorer l’image de sa compagnie, Enrique Illingworth Quevedo suggéra donc ce nom.

Avec le fort soutien financier de Shell, Aucas s’imposa rapidement comme l’une des meilleures équipes équatoriennes dans les années 1940 et 1950. En 1945, elle remporta son premier championnat de la province de Pichincha (celle de Quito). Mais la puissance de l’équipe fut telle qu’elle gagna également les championnats en 1946, 1947, 1948 et 1949. Alors que le championnat national n’existait pas encore, elle fut considérée comme le champion du pays en 1946 quand elle fut vainqueur de la meilleure ligue régionale et demeura invaincu lors des matchs qui l’opposa aux champions des autres provinces. La fédération la retint même pour des matchs internationaux. Résultat, le club devint l’idole de la capitale avec une base de fans qui ne cessait d’augmenter. Cette aura remplissait les stades où le club évoluait. Le professionnalisme n’existait pas encore d’où les recettes importantes générées par Aucas étaient redistribués aux autres équipes de la région de Pichincha. La solidarité du club s’exprima aussi dans sa participation gratuite à des matchs caritatifs. Il contribua ainsi à la récolte de fonds pour les victimes du tremblement de terre d’Ambato, de l’incendie de Durán, de l’incendie de Santa Ana de Manabí, de l’incendie d’Archidona, pour les joueurs blessés de toutes les équipes … Cette générosité et cette bienveillance envers toutes les équipes lui fit gagner le surnom de Papá.