#1281 – Hapoël Ra’anana : קוטלת העליות

Le tueur de promotion. Le club de football de la ville de Ra’anana fut fondé le 18 Juin 1938 par Martin Drucker, un immigrant en provenance d’Allemagne. L’équipe joua principalement dans les ligues inférieures et les matchs amicaux au début de son existence avant de devenir une valeur établie du football israélien, principalement en seconde division. Le club gagna ce surnom durant la première décennie des années 2000 lorsqu’évoluant en seconde division, il empêcha 3 équipes concurrentes à accéder à l’élite du football.

Tout commença lors de la saison 2002-2003. Pour la dernière journée de championnat de seconde division, l’Hapoël Jérusalem était au coude à coude avec l’Hapoël Bnei Sakhnin, devançant cette dernière d’un point, pour la dernière place donnant accès à la première division. Mais, l’Hapoël Jérusalem ne parvint pas à faire mieux qu’un match nul (0-0) face à l’Hapoël Ra’anana tandis que l’Hapoël Bnei Sakhnin remportait son dernier match, passant devant Jérusalem et lui ravissant le dernier ticket pour l’élite. La saison suivante, le même schéma se reproduisit. L’Hapoël Nazrat-Ilit et l’Hapoël Kiryat-Shmona se battaient pour la promotion en première division et était à égalité de points avant le dernier match. Pour ce dernier club, son sort allait se jouer sur son terrain mais face à l’Hapoël Ra’anana. Une nouvelle fois, un score de parité (2-2) scella l’issue de la rencontre, privant Kiryat-Shmona de l’accession au profit de Nazrat-Ilit. 7 ans plus tard, pour ne pas trahir le fameux adage « jamais deux sans trois », ce cruel scénario (pour les adversaires de Ra’anana) se renouvela. Les promus à l’étage supérieur étaient alors décidés à l’issue de play-off auquel participaient les 6 premiers de la saison régulière. Parmi ces 6 candidats, on retrouvait le leader, l’Hapoël Kfar-Saba, ainsi que Ra’anana, 5ème de la saison régulière. A la dernière journée des play-off, Kfar-Saba devançait d’un point l’Hapoël Rishon LeZion. Mais, Kfar-Saba échoua à la dernière marche suite au match nul (1-1) face à Ra’anana, ce qui permit à Rishon LeZion de lui chipper la dernière place pour l’élite.

Durant toutes ces années, Ra’anana se contenta souvent de places d’honneur (généralement la 5ème place). Mais, lors de la saison 2008-2009, en raison de l’expansion du championnat de première division, cinq clubs furent automatiquement promus, ce qui permit à Ra’anana d’accéder à l’élite pour la première fois de son histoire. Ce fut seulement pour une saison …

#1280 – St Patrick’s Athletic : the Saints

Les surnoms du club dérivent naturellement de son nom et incluent donc the Saints (les Saints) mais également St Pat’s, Pats. Contrairement à Paris qui peine à disposer de deux clubs dans l’élite (sachant que les deux actuels résultent déjà d’une carence à l’époque de leur fondation), Dublin bénéficie d’une forte identité football dont le résultat est la présence de 4 grands clubs, Shamrock Rovers, Bohemian FC, St. Patrick’s Athletic, et Shelbourne FC, qui représentent avant tout un quartier de la capitale irlandaise. St. Patrick’s Athletic s’ancre dans le quartier populaire de Inchicore, à l’Ouest du centre-ville. Avec l’implantation d’une caserne de l’armée britannique et surtout d’Inchicore railway works, le principal centre d’ingénierie et de maintenance des chemins de fer en Irlande, le petit village se métamorphosa au XIXème siècle en une importante banlieue industrielle et résidentielle pour devenir un quartier de Dublin au XXème siècle.

Dans ce contexte ouvrier, le football s’installa naturellement. Si le club actuel fut fondé en 1929, des premières associations au nom de St Patrick existaient dès la fin du XIXème siècle dans ce quartier. Formé en 1886, une première équipe de football s’appellant St Patrick’s évoluait à Inchicore mais elle pratiquait le football gaélique. En 1898, un autre club appelé St Patrick’s débarqua à Inchicore mais cette fois-ci pour jouer au football (celui que nous connaissons). Une compétition pour U19 devait être organisée et Dick Neville, un apprenti de l’usine de maintenance ferroviaire, était convaincu qu’une équipe de jeunes de l’usine pourrait s’y distinguer. Ils nommèrent leur formation, St Patrick’s, car leur capitaine, Jack Mangan, vivait à St Patrick’s Terrace à Inchicore. La trace de cette équipe disparut après 1902.

Le St Patrick’s Athletic se réclama un temps de son héritage. Dans un des programmes de 1947, un article retraçant l’histoire du St Patrick’s Athletic commençait par celle des St Patrick’s de 1898. Il y était écrit « St Patrick’s Athletic are the modern and grown-up successors » (les St Patrick’s Athletic sont les successeurs modernes et adultes). Est-ce la raison d’avoir le même nom ? Personne ne le sait.

#1279 – Deportivo Cali : el Decano

Le doyen. Lorsque la Colombie devint un état indépendant en 1831, le pays connut rapidement une croissance économique. Cependant, plusieurs conflits dans la seconde moitié du XIXème siècle ralentirent son développement mais aussi l’implantation du football. Heureusement, la culture du café poussa, à partir de 1881, le pays à accroitre ses infrastructures (ports et voix ferrés et routières) entre le centre du pays, producteur, et les villes côtières, centre d’exportation. Or, que trouvait-on à l’époque dans les ports ? Des marins britanniques. Qui construisait les chemins de fer ? Des ingénieurs britanniques. Evidemment, ils apportèrent dans leur bagage des ballons de football.

Néanmoins, ni la date exacte, ni le lieu du début du football colombien ne sont connus avec certitude, menant de nombreuses villes (Barranquilla, Pasto, Santa Marta et Bogotá) à revendiquer aujourd’hui sa paternité. Certains avancent que le football arriva en 1892 à Bogotá, à l’initiative du directeur de l’École militaire, le colonel américain Henry Rown Lemly qui publia les règles dans le journal « El Telegrama » et organisa le 22 juin le premier match de football entre deux équipes de son école. Ce n’est pas l’avis des défenseurs de Barranquilla qui affirment qu’en 1903 eut lieu le premier match de football sur le territoire colombien, joué entre des ingénieurs anglais qui construisait une chemin de fer à Barranquilla et des jeunes locaux. Evidemment, d’autres préfèrent raconter l’histoire de marins anglais débarquant à Santa Marta pour charger des cargaisons de banane et qui se divertissaient en jouant au football vers 1909. Une chose est sure : la fragmentation du pays n’aida pas à diffuser et populariser le football qui se développa certainement de manière indépendante dans chaque région au début du XXème siècle.

Ce retard de développement par rapport aux autres pays sud-américains se ressentit dans la fondation de structures organisées. En effet, les premiers clubs colombiens apparurent en 1908 avec le Deportivo Santa Marta et en 1909 avec le Barranquilla FBC. Cette naissance du précurseur fait également débat puisque le premier club de la capitale, le Football Club de Bogotá, serait apparu en 1902. En tout cas, tous ces clubs disparurent et aujourd’hui, le plus vieux du football colombien est le Deportivo Cali fondé le 23 novembre 1912. Et là aussi, les britanniques n’étaient pas loin. Les frères Lalinde (Nazario, Juan Pablo et Fidel) firent leurs études en Angleterre pendant plus de cinq ans. Ils découvrirent le football en regardant jouer des équipes comme Aston Villa et Arsenal. Dès leur retour à Santiago de Cali, les frères Lalinde entrainèrent d’autres hommes pour fonder le Cali Football Club.

#1278 – CA Lanús : los Globetrotters

Les globetrotteurs. Les années 1950 correspondirent à la première période dorée du club argentin. Pourtant la décennie avait mal débuté puisqu’à l’issue de la saison 1949, le club fut relégué de la première division suite à une série de matchs de barrage face à Huracán. Il fallut quatre matchs pour départager les deux équipes mais les décisions arbitrales et de la fédération firent polémiques et laissèrent, au delà de la sanction sportive, un gout amer et d’injustice aux supporters de Lanús. Finalement, il s’agissait peut-être d’un mal pour un bien puisque cette « injustice » permit de construire les bases d’une superbe équipe.

Lanús revint dans l’élite argentine le 16 septembre 1950. Sa première saison fut une réussite pour un promu et laissait présager de belles promesses pour les années suivantes. Après avoir terminé les matchs aller à la première place, Lanús obtint une belle 5ème place à l’issue de la saison. Seulement, pendant la saison, le club avait transféré l’attaquant José Florio pour 1 million et demi de pesos au Torino et l’équipe s’en trouva affaiblie. Il fallut 3 nouvelles saisons et l’émergence de plusieurs jeunes qui transfigurèrent le jeu de l’équipe et comptent aujourd’hui parmi les plus grandes idoles du club, pour retrouver un certain rang. Au milieu de terrain, la triplette constituée de Héctor Guidi, Nicolás Daponte et José Nazionale marqua l’équipe et imprima un style de jeu offensif et élégant, qualifiée par la presse de « galera y bastón » (une expression qui caractérise l’élégance, la beauté). Ce collectif comptait également le gardien de but Tito Álvarez Vega, l’ailier Osvaldo Gil et les attaquants Emilio Prato et Dante Lugo.

En 1954, l’aventure débuta par une prometteuse 5ème place en championnat. L’année suivante, la saison démarra par une victoire dans la nouvelle coupe Juan Domingo Perón, une compétition régionale mais relevée. Puis, l’équipe termina une nouvelle fois à la 5ème place en championnat, lui ouvrant les portes pour l’année suivante à une compétition continentale, la Coupe Atlantique. 1956 devait être l’apothéose de cette équipe. Pendant tout le championnat, Lanús fit jeu égal avec le grand River. Malheureusement, le 28 octobre 1956, à 6 journées de la fin du championnat, les espoirs de titre s’envolèrent, Lanús perdant 3 buts à 1 face à River alors qu’il menait 1 à 0 à l’issue de la première mi-temps. Le club termina vice-champion (à 2 points de River), sa meilleure performance à cette époque, ce qui constituait un exploit car la suprématie des grandes équipes paraissait alors un obstacle insurmontable pour des clubs comme Lanús. Cette année-là, l’équipe parvint également en demi-finale de la Coupe Atlantique.

Le surnom de Globetrotteur surgit en 1956 sous la plume du journaliste Lorenzo Molas, qui avait un certain savoir faire pour trouver des surnoms aux équipes. Cette année-là, les basketteurs des Harlem Globetrotters faisaient leur tournée en Argentine et impressionnèrent par leur dextérité, leur collectif bien huilé et leur sens du spectacle. Dans le journal « Critiqua », Molas écrivit à propos de l’équipe de Lanus « Esos jugadores tienen manos en los pies, y se conocen tan bien que pueden jugar con los ojos bendados… Hacen lo que quieren con la pelota; ¡son los Globetrotters del fútbol! » (Ces joueurs ont les mains à la place des pieds et se connaissent si bien qu’ils peuvent jouer avec leurs yeux bandés…. Ils font ce qu’ils veulent avec le ballon, ce sont les Globetrotters du football !).

#1277 – FC Koper : Kanarčki

Les canaris. En plus de son port et de sa charmante vieille ville, Koper abrite le club de football qui, lors de la saison 2009-2010, secoua le football slovène. En effet, après avoir frôlé la relégation l’année précédente, Koper vécut une renaissance sous la direction du milieu de terrain vétéran Pavlin, qui était joueur et directeur sportif. Ainsi, le FC Koper remporta le titre de champion de Slovénie et devint seulement le 5ème club à remporter le titre slovène depuis l’indépendance (soit 19 saisons).

En 1920, le football s’ancra définitivement dans la cité avec la création du club de Circolo sportivo Capodistriano par la communauté italienne (la région était alors en Italie). Capo d’Istria était le nom italien de la ville et signifiait « tête de l’Istrie ». L’équipe était composée principalement d’étudiants, d’ouvriers et de pêcheurs et évoluait en noir et blanc, avec un emblème rouge. En 1928, le club fut rebaptisé Unione sportiva Capodistriana. Pendant la Seconde Guerre mondiale, la ville de Koper subit de lourds dégâts et, à l’issue de la guerre, la région intégrant la Yougoslavie, seulement 5 clubs revirent le jour. En 1955, deux des associations survivantes, Aurora et Meduza fusionnèrent pour donner naissance au NK Koper. S’en suivit quelques changements de nom pour arriver à l’actuel en 2017.

A un moment, le club opta pour des maillots jaunes à parements bleu ciel. Donc, le jaune donna comme pour beaucoup d’autres clubs dans cette situation le surnom Kanarčki. Si on ne sait pas quand le club changea pour ces couleurs, en revanche, l’inspiration venait probablement des armoiries de la ville. En effet, dès le XIXème siècle, la ville avait pour blason une méduse or sur un fond bleu ciel. Puis, au fil des années, la méduse fut remplacée par le soleil. Certainement que ces deux couleurs évoquaient les couleurs de deux éléments essentiels de la nature de la ville, le bleu de la mer et du ciel, et le jaune du soleil.

#1276 – FK Obolon Kiev : Пивовари

Les brasseurs. Quand vous regardez un match de football devant votre TV, vos compagnons idéaux sont alors une pizza et de la bière. Au stade aussi, la bière coule à flot. Cette association n’est pas étonnante vu que la bière, boisson populaire qui se retrouve dans tous les pays, ne pouvait que s’associer à un sport également apprécié par tous. Les brasseurs s’intéressèrent donc rapidement à ce débouché naturel et écoulant d’important volume et en firent un outil marketing, un support des ventes. Dès le XIXème siècle, des clubs s’étaient liés à des brasseurs comme Manchester City (#678) et cette tradition se poursuivit au fil du temps et des pays (Quilmes en Argentine #160 et Sporting Cristal au Pérou #116).

L’Europe de l’Est n’échappa à cette tendance. Le 13 Juin 1992, un nouveau club de football était fondé à Kiev, dans le district d’Obolon (nord du centre-ville), sous le nom de FC Zmina (zmina signifiant « la génération suivante »). Rapidement, cette nouvelle association s’installa durablement dans la seconde division ukrainienne puis à l’issue de la saison 1998-1998, gagna son ticket pour l’élite. Cette réussite attira et nécessita l’arrivée de nouveaux soutiens financiers. Or, le quartier d’Obolon abritait la plus grande brasserie du pays, détenu par l’entreprise de boisson ukrainienne, Obolon. Footballeur amateur dans sa jeunesse, son président trouvait alors un moyen d’allier sa passion et sa production, avec un lien local. Ce sponsoring dura jusqu’en 2013 lorsque des divergences entre la direction du club et celle du sponsor conduisirent l’entreprise à abandonner le club et en créer un nouveau, sous le nom Obolon Brovar (Brasserie Obolon), reprenant toute sa symbolique. Désormais renommé FK Obolon, il fait parti intégrante de l’entreprise.

La brasserie d’Obolon est encore la plus grande du pays et même d’Europe. Elle démarra son activité en 1980 avec pour objectif de fournir une bière soviétique aux Jeux Olympiques à Moscou, en profitant de la qualité de l’eau et des céréales de la région de Kiev. En 2020, l’entreprise éponyme, active dans la bière, les sodas et les eaux minérales, détenait 17,5 % du marché ukrainien de la bière et exportait 80% de sa production dans 33 pays. 60% de son activité se concentre sur la bière. Avant la guerre, elle employait plus de 7 500 personnes réparties sur 9 sites. En 2008, 111 100 000 décalitres de bière furent produites, ce qui constitua son record.

#1275 – Altınordu FK : Kırmızı Şeytanlar

Les diables rouges. A l’issue de la Première Guerre mondiale, étant dans le camp des vaincus, l’Empire Ottoman s’effondra et le traité de Sèvres répartît le territoire entre les alliés anglais, français, italiens et grecs ainsi qu’à certaines minorités opprimées comme les kurdes et les arméniens. Mustafa Kemal, héros militaire de la guerre malgré la défaite, vit l’occupation étrangère comme une humiliation et organisa la résistance. Il chassa les troupes françaises, grecques et arméniennes des régions occupées, détrôna le Sultan Mehmed VI, le considérant comme un traite à la solde des forces étrangères, et institua la République de Turquie le 29 octobre 1923.

A Izmir, avec l’avènement du nouvel Etat, Karşıyaka (fondé en 1912) et à Altay (fondé en 1914) reprirent leurs activités alors que d’autres profitèrent de cette effervescence pour créer de nouvelles structures comme Altınay (le 25 Juillet 1923) qui devint plus tard İzmirspor après une fusion avec Sakarya (fondé également en 1923). Ainsi, chaque quartier de la ville comptait son club de football à l’exception de celui de Basmane-Tilkilik-Namazgâh. 3 jeunes de cette région, Mustafa Balöz, Hüseyin Yurdakul et Mehmet Hancıoğlu, avec le soutien du Dr Hacı Hasanzade Ethem, convainquirent d’autres de les rejoindre pour créer un club le 26 décembre 1923.

Cette guerre d’indépendance avait exalté le patriotisme des turcs et les membres de ce nouveau club étaient gagnés par ce goût nationaliste. Ainsi, il fallait trouver un nom à la hauteur. Zafer (Victoire), Hilal (Croissant) et Kurtuluş (Libération) vinrent dans les premières propositions sans gagner l’adhésion de tous. Puis, les références historiques s’imposèrent pour fédérer cette nouvelle identité autour de racines communes et une grandeur passée. Ainsi, l’enseignant Mehmet Rıza insista pour Göktürk (un royaume turc s’étendant sur la Mongolie et l’Asie centrale au VIème et VIIème siècle après J.-C.) quand d’autres proposaient Sakatürk (Iakoutes ou Sakha, un peuple turcophone de Sibérie). Finalement, Süleyman Ferit remporta les suffrages avec Altınordu (la Horde d’Or), un empire turco-mongole qui domina une grande partie de l’actuelle Russie, de l’Ukraine, de la Bulgarie danubienne et de l’Asie centrale. Cette tendance nationaliste s’étendit aux couleurs. Le club opta pour le rouge, couleur du sang des martyrs et vétérans, héros de la guerre d’indépendance, et le bleu marine, couleur de l’acier, qui représente la force et la puissance.

#1274 – Sporting Cristal : el Equipo que Nació Campeón

L’équipe qui naquit championne. Dans le quartier Rimac à Lima, dans les années 1950, le club du Sporting Tabaco, alors en grande difficulté financière, évoluait en première division péruvienne, professionnelle depuis 1951. A la même époque, la brasserie du quartier dénommée Backus & Johnston était rachetée par un groupe d’hommes d’affaires péruviens, emmené par Ricardo Bentín Mujica. Voulant favoriser la pratique du sport et en faire un vecteur de marketing, Ricardo Bentín Mujica investit dans le sport local, notamment en faisant l’acquisition du Sporting Tabaco et en le renommant Sporting Cristal. L’avantage de reprendre ce club était de pouvoir démarrer dans l’élite péruvienne dès la première saison avec son épine dorsale, notamment le gardien Rafael Asca, les défenseurs Alberto del Solar et Alfredo Cavero et le buteur Faustino Delgado.

Et cette première saison d’existence pour le Sporting Cristal s’avéra exceptionnel. En effet, les nouveaux moyens financiers permirent d’attirer le meilleur buteur du championnat Máximo Mosquera en provenance du futur grand rival, l’Alianza Lima, ainsi que le trio uruguayen Dardo Acuña, Antonio Sacco et Carlos Zunino et le célèbre entraineur chilien, Luis Tirado. Face au Sporting, se dressaient les grandes équipes habituées de la première division comme l’Alianza Lima (champion en titre et déjà sacré 8 fois champions), le Club Universitario (7 fois champions), le Deportivo Municipal (4 fois champions) et le Sport Boys (4 fois champions). La saison débuta le 5 août 1956 par une défaite 2-1 contre Alianza Lima. Mais, dès la deuxième journée, l’équipe redressa le tir avec une victoire 3-0 contre Ciclista Lima puis enchaîna alors une série de 15 matchs sans défaite. Le Vendredi 7 Décembre 1956, pour l’ultime rencontre de la saison, le Sporting battit le dernier du classement, Carlos Concha, par 4 buts à 0 (avec pour buteurs, Faustino Delgado (x2), Luis Navarrete, et Carlos Zunino). Mais, il fallut attendre le lendemain et la défaite de l’Alianza Lima face au Sport Boys (4 à 0) pour que le Sporting remportât officiellement son premier titre de champion. Et cet exploit se réalisa dès sa première saison dans l’élite et alors que le club n’avait pas un an d’existence (sa fondation remontant au 13 Décembre 1955). À l’issue de la saison, le Sporting Cristal termina également meilleur attaque (43 buts) et meilleur défense (19 buts). Les journalistes péruviens commencèrent à utiliser l’expression el equipo que nació campeón et la FIFA la consacra en 2012 en la reprenant comme titre d’un article présentant le club péruvien.

#1273 – Olympique Safi : les Sardines

Le long de la côte marocaine donnant sur l’Atlantique, la vieille cité de Safi s’étire et s’est développée au fil des siècles entre terre et mer. Son arrière-pays est riche de terres agricoles où sont cultivés des céréales (principalement de l’orge), des légumineuses, des fruits (les agrumes, l’abricot, le raisin, la pomme) et du maraîchage (câpres), et regorge de phosphate, exploité par le groupe public OCP. A l’opposé, l’Océan Atlantique et ses rives offrent ses richesses à la ville et ses habitants. Au-delà de ses plages réputés et de sa vague, spot de surf prisé, la pêche demeure l’un des piliers de l’activité économique de la ville.

Comptoir phénicien, Safi devint à compter du XIIème siècle un port important, débouché naturelle sur la mer de Marrakech, capitale de l’Empire Almohade puis Chérifien. Et les différentes influences et dominations ne firent que renforcer son importance commerciale. Au XXème siècle, le port prit une nouvelle dimension avec la pêche industrielle à la sardine. En effet, la fraîcheur du courant des Canaries rendirent les eaux de Safi foisonnantes de sardines et de thons. Couplé avec un savoir-faire qui donne un produit fini sans peau et sans arêtes, entièrement préparées à la main, Safi développa toute la filière de la pêche à la conserve. Dans les années 1950-1960, il était le premier port sardinier mondial en tonnage, avec jusqu’à 130 bateaux ramenant 100 000 tonnes de poissons par an. Douze mille personnes travaillaient alors dans la filière, qui comptait 38 conserveries. Au milieu des années 70, le port abritait près de 75 conserveries. A compter des années 1980, l’activité déclina avec la raréfaction de la ressource et le déplacement des zones de pêche au sud d’Agadir. En 2019, la production s’établissait à 42 000 tonnes et en 2022, il restait une vingtaine d’unités de traitement de poissons seulement (19 conserveries, 4 usines de valorisation de déchets de poisson, 2 unités de congélation). Malgré tout, selon un rapport de l’organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO), le port de Safi occupe le 13ème rang à l’échelle internationale dans la production mondiale de poisson et encore 15% des habitants travaillent dans le secteur maritime au sens large (marins, chantier de construction naval …).

L’abondance de sardines permit à ce poisson de s’imposer dans la cuisine locale et aujourd’hui, les Safiots en consomment au moins une fois par semaine. Il s’imposa également sur le logo du club et donna son surnom à l’équipe.

#1272 – Lyon – La Duchère : le Club des Pieds-Noirs

Dans l’Ouest lyonnais, s’étire le 9ème arrondissement de la capitale des Gaules, dénommé La Duchère. Cet espace accueillait un chateau dès le XIVème siècle, commandé par Bernard de Varey de la Duchère, conseiller de ville à Lyon. Puis, entre 1844 et 1851, un fort fut établi à La Duchère, intégré au sein d’un vaste réseau de fortifications servant de ceinture défensive autour de Lyon. Mais, au fil des siècles et jusqu’à la fin des années 1950, cette zone était avant-tout agricole. Toutefois, la ville de Lyon, comme la France en générale, connaissait depuis le lendemain de la Seconde Guerre mondiale, une grave crise immobilière, mêlant déficit d’habitations et logements insalubres. D’ailleurs, le quartier ouvrier de Vaise, en contre-bas de la colline de La Duchère, était surpeuplé et abritait un grand nombre de logements malpropres. Ainsi, le Maire de Lyon, Louis Pradel, s’attacha dès son premier mandat en 1957 à moderniser la ville, incluant notamment un vaste programme de construction de logements neufs, en particulier sur le quartier de La Duchère.

Alors que les premières barres d’immeuble, qui devaient accueillir les lyonnais, sortaient, une nouvelle vague d’habitants démunis arriva sur Lyon. En effet, de l’autre côté de la méditerranée, en 1962, le département français tombait et l’Algérie accédait à son indépendance. Sa population européenne et juive, venant d’Alger, Oran, Constantine et de toutes les communes, devait fuir en métropole, sans aucune ressource. Plus d’1 millions, de ceux qu’on appelait les pieds-noirs, furent rapatriés, dans des conditions difficiles et chaotiques en France. Le Fort de la Duchère accueillit ces rapatriés à qui une partie des nouveaux logements de La Duchère fut attribuée (près d’un tiers des logements).

Des associations réunirent cette population qui connaissait peu la métropole et dont les mœurs étaient différentes, dont l’Amicale des Rapatriés et de leurs Sympathisants de la Duchère-Champagne et région lyonnaise. Elle avait pour but de se mettre au service des rapatriés dans tous les domaines, sports et culture compris. Ainsi, le 25 Juin 1963, la section football vit le jour au sein de l’association. Les couleurs retenus, jaune et rouge, feraient référence soit aux armoiries de la ville d’Oran, à l’époque de l’Algérie Française, soit au drapeau espagnol (dans les deux cas, nombreux étaient les rapatriés venant d’Oranie ou aux origines espagnoles). En 1964, la section football devint indépendante et le club de l’Association Sportive Lyon-Duchère fut fondé. Aujourd’hui, cette époque et lien avec les pieds-noirs sont terminés.