Les lion ailés. Quand vous voyez sur un monument un lion ailé sculpté en Italie ou dans une ville côtière du bassin méditerranéen orientale, il est fort probable que ce lieu appartenait à la Sérénissime. Car, de 697 à 1797, Venise fut une grande cité indépendante, régnant sur une partie du Nord de l’Italie et du pourtour méditerranéen, et une place incontournable du commerce, où transitaient les échanges depuis les îles britanniques jusqu’aux empires byzantins ou musulmans et les routes de la soie, grâce à sa marine marchande et militaire.
Il existe plusieurs légendes autours du lien entre la cité des Doges et l’évangéliste. Originaire de Judée, l’apôtre Saint Marc se serait rendu à Alexandrie en Égypte, pour en être son évêque, mais face aux nombreuses conversions, il aurait été capturé par des païens et serait mort en martyr un 25 avril vers l’an 68-75. La première histoire évoque Saint Marc, voyageant en bateau d’Aquilée (vers Udine) à Alexandrie en Égypte, et qui fit face à une tempête et dut accoster au Rialto. Le Saint aurait alors trouvé l’hospitalité dans une pauvre cabane de pêcheurs et, dans un rêve, un ange lui serait apparu qui lui aurait prédit : « Sur cet îlot, ô Marc, un jour surgira une grande ville merveilleuse et tu y trouveras ton dernier repos et tu auras la paix » . Une autre légende raconte qu’après son supplice et son décès, le corps de Saint Marc devait être brûlé par les païens mais des averses de grêle et des éclairs les en empêchèrent. Les chrétiens d’Alexandrie récupèrent le corps et l’enterrèrent dans une église. En 828, le cadavre fut volé avec ruse par deux marchands vénitiens, Buono da Malamocco et Rustico da Torcello, et transporté à Venise. La cité construisit alors la célèbre basilique pour accueillir ces reliques.
La représentation traditionnelle de Saint Marc est un lion ailé. En effet, depuis l’Antiquité chrétienne primitive, les quatre évangélistes prennent souvent la forme allégorique du tétramorphe (quatre vivants représentant les quatre évangélistes) : l’homme pour Matthieu, l’aigle pour Jean, le taureau ailé pour Luc et donc le lion ailé pour Marc. Ce symbolisme rappelle le commencement de leurs évangiles. Pour Saint Marc, les premières lignes de son évangile décrive la prédication de Jean le Baptiste dans le désert (« un cri surgit dans le désert »), équivalent à un lion. Ses ailes symbolisent l’élévation spirituelle et demeure également une allusion à la salutation d’un ange à Saint Marc.
Ainsi, Venise reprit cette représentation de son Saint Patron comme symbole de la cité. Outre le lion ailé que l’on peut trouver sur la colonne de la place éponyme, le drapeau de la Sérénissime affichait l’animal biblique, dans des couleurs rouge et or. L’apparition de cette bannière n’est pas connue avec certitude mais, au XIIIème siècle, son utilisation est déjà attestée. Aujourd’hui, il est également un symbole du club de football, qui apparait de manière stylisée sur son écusson.
