#1346 – Casa Pia AC : os Gansos

Les oies. Fondé le 3 juillet 1920, le club lisboète est lié à l’institution d’utilité publique Casa Pia dont la mission est de promouvoir les droits et de protéger les jeunes. Créée en 1780, elle se vouait à l’éducation des orphelins et à la réinsertion, par le travail, des mendiants et des prostituées. La formation des jeunes passa également par l’éducation sportive. En 1898, l’institution forma une équipe de football qui remporta un match face un club d’expatriés britanniques (Carcavelos Club), une victoire contre une référence de l’époque et qui allait populariser la pratique du football parmi la population portugaise. 22 ans plus tard, alors que des anciens bénéficiaires de Casa Pia avaient participé à la fondation du Benfica et au GS Luz Soriano, le football s’institutionnalisa au sein d’un club officiel, notamment grâce à Cândido de Oliveira, entraîneur national et joueur du Benfica, et futur co-fondateur du journal A Bola (la référence des quotidiens sportifs portugais).

L’Oie est la mascotte du club et, dans une des salles du stade, on peut trouver un tableau, signé par un ancien de l’institution Casa Pia, Tavares Correia, représentant une scène cocasse où un peintre revient vers sa toile et la trouve entourée d’oies. A l’arrière plan, on aperçoit la chapelle du Restelo où les pensionnaires de Casa Pia étudiés. Car ce surnom est un autre lien entre le club et l’institution puisque les oies est le surnom des élèves de Casa Pia. Plusieurs histoires viennent expliquer ce sobriquet qui serait apparu au milieu du XIXème siècle. Les Lisboètes aurait choisi ce surnom à cause de la posture fière et disciplinée des étudiants lors des défilés. En effet, la reine disait lors des cortèges en voyant les casapiens « Aí vêm os gansos ! » (Voilà les oies !).

Une autre explication réside dans la pratique sportive des étudiants de Casa Pia. L’institution était la première école à proposer des cours de natation. Or, les nageurs couraient torse nu de la plage de Jerónimos à celle de Bom Sucesso pour nager. Comme des oies selon les observateurs.

#1305 – SL Benfica : os Encarnados

Les rouges. Comme je le racontais dans l’article précédent sur le FC Porto (#1266), le football portugais est bien fait car il semblerait que les 3 grands du pays, Benfica, FC Porto et Sporting du Portugal, se soient réparties les couleurs de l’arc en ciel pour faciliter la vie de leurs supporteurs. Le Sporting joue en vert et blanc, le FC Porto en bleu et blanc et Benfica en rouge (et blanc).

Le rouge est la couleur historique, traditionnelle du club lisboète. Le 28 février 1904, un groupe de 24 anciens élèves de la Casa Pia de Lisbonne (une institution d’Etat dont la mission est de promouvoir les droits et la protection des enfants) fondèrent un club de football. Ils hésitèrent pour le nom entre Sport Lisbonense de Lisboa ou Sport Lisboa, ce dernier étant finalement retenu. Lors de cette première réunion, les membres décidèrent de la symbolique complète du club, l’aigle (#153) ainsi que la devise latine « E Pluribus Unum » qui signifie « de plusieurs, un ! » . De même, le rouge et le blanc furent établies comme couleurs des maillots. L’inspirateur était José da Cruz Viegas, un joueur, qui trouva son bonheur dans un catalogue de tissus de l’armée britannique (dont les vareuses étaient rouges). Son objectif était de choisir une couleur qui distinguerait l’équipe, marquerait l’esprit de tous les passants qui verrait l’équipe jouer. Ainsi, comme les insectes volants devant une ampoule, les maillots rouges devaient attirer le public et les convertir en fans du Benfica. Par ailleurs, José da Cruz Viegas indiqua que le rouge devait transmettre la joie de vivre, de la couleur et de la vivacité.

En 1908, le Sport Lisboa fusionna avec son voisin du Sport Clube de Benfica. Sport Lisboa fournit tous ses joueurs, ses couleurs, son oiseau fétiche et son écusson à la nouvelle association dénommée Sport Lisboa e Benfica.

En portugais, 2 mots désignent la couleur rouge : vermelho et encarnado. Même si vermelho apparaît le plus courant, leur utilisation dépend uniquement des habitudes et de l’origine des locuteurs. Une version portugaise du pain au chocolat versus la chocolatine. Le rouge façon encarnado est bien implanté dans la région de Lisbonne et ses environs (bien qu’on le retrouve également dans d’autres zones du pays). Résultat, le maillot de Benfica est qualifié d’ « encarnado » même si un de ses principaux groupes de supporteurs se nomment diabos vermelhos, les diables rouges. Selon certaines histoires, les benfiquistes retinrent le terme encarnado car vermelho désignait les communistes, ce qui n’était pas une référence honorable sous la dictature de Salazar.

#1266 – FC Porto : Azuis e brancos

Les bleu et blanc. Le football portugais est bien fait car il semblerait que les 3 grands du pays, Benfica, FC Porto et Sporting du Portugal, se soient réparties les couleurs de l’arc en ciel pour faciliter la vie de leurs supporteurs. Benfica joue en rouge, le Sporting en vert et blanc et le FC Porto en bleu et blanc. Et à Porto, à chaque exploit du club, les bannières bleus et blanches décorent les maisons au point d’avoir quasiment remplacées les couleurs officielles vertes et blanches de la ville.

Fondé le 28 septembre 1893, les premières années furent marquées par l’absence d’unité. Un dessin montre que la première équipe de football du club omnisport comprenait huit joueurs : 5 portaient des maillots blancs à col rouge (avec un short noir ou blanc), deux joueurs évoluaient avec des maillots à rayures bleues et blanches (avec un short noir ou blanc) et un joueur (certainement le gardien) était équipé d’un maillot rouge. Tous, en revanche, arboraient une casquette rouge. Peut-être était-ce dû à un manque de moyen financier du club ou de ses joueurs. En tout cas, en 1907, un débat sur les couleurs anima la direction. Certains voulaient que le club adopta les couleurs du club anglais d’Arsenal, rouge et blanc, qui connaissait une petite réputation (Arsenal avait accédé à l’élite en 1904 et avait atteint en 1906 et en 1907 la demi-finale de Coupe d’Angleterre). Porto avait longtemps accueilli une colonie britannique influente, qui favorisait les échanges commerciaux (le vin de Porto contre la morue péchée par les navires anglais). Mais, les membres du club refusèrent cette idée pour ne pas apparaître comme un vassal des anglais. Autre proposition : reprendre les couleurs de la ville, vert et blanc. Seulement, son président, José Monteiro da Costa, déclara « As suas cores devem ser as da bandeira da Pátria [azul e branco naquela altura], e não as cores da bandeira da cidade, que tenho esperança que o futuro clube há-de ser grande, não se limitando a defender o bom nome da cidade, mas também o de Portugal, em pugnas desportivas contra os estrangeiros » (Ses couleurs devraient être celles du drapeau national, et non celles du drapeau de la ville, car j’espère que le futur club sera grand, défendant non seulement le nom de la ville, mais aussi celui du Portugal, dans les batailles sportives contre les étrangers). Et donc, le club prit le bleu et blanc, couleurs du drapeau national, qui était celui de la monarchie. Et même si ce régime était de plus en plus contesté et que Monteiro da Costa était un républicain convaincu, il lui paraissait plus important de dépasser ces limites et que le club prône l’unité et soit le représentant de l’identité portugaise.

Si, comme aujourd’hui, les armoiries du Portugal apparaissaient sur le drapeau national, à l’époque, le fond qui l’accompagnait, affichait une partition bleue et blanche (alors qu’aujourd’hui il s’agit du vert et du rouge). Le premier symbole connu du Portugal apparut vers 1095 et était les armoiries d’Henri de Bourgogne, comte du Portugal, ancêtre de la première famille royale portugaise. Henri portait un bouclier avec une simple croix bleue sur fond argenté (blanc) dans la lutte contre les Maures. Puis au XIIème siècle, la croix fut remplacée par cinq écus bleus comprenant chacun 5 points blancs et disposés en forme de croix. Les écus représentaient la victoire d’Afonso Henriques, fils de Henri de Bourgogne et futur premier Roi du Portugal, sur les cinq rois Maures lors de la bataille d’Ourique en 1139. Les 5 points blancs (qui sont 5 pieces, besant) symbolisaient les 5 plaies du Christ. Aujourd’hui, on retrouve encore ce symbole au cœur des armoiries du Portugal.

#1204 – SC Farense : Leões de Faro

Les lions de Faro. Dans l’Algarve, le SC Farense représente la ville de Faro, capitale de la région, et constitue le doyen de l’Algarve, ayant été fondé le 1er avril 1910. Le football fut importé dans la région, comme dans beaucoup d’autre partie du monde, par les échanges maritimes. En 1904, mouillait dans le port de Faro un bateau-école nommé « Duque de Palmela » et dont les marins pratiquaient le football contre des jeunes de la ville. Finalement, 5 frères du nom de Gralho (João, José, Joaquim, António et Jorge) décidèrent de former une vrai équipe qui bénéficierait d’un terrain, d’un siège et de kit, en l’échange d’une cotisation. Le club se dénomma d’abord Faro Foot-Ball.

Dans un football portugais naissant, les clubs de la capitale, parfois à peine plus âgées, imprimaient déjà leur aura sur les autres jeunes associations du pays, notamment par leurs résultats ou par leurs infrastructures/organisations développées. En 1910, le Benfica (fondé en 1904) et le Sporting Clube Portugal (fondé en 1906) voyaient leur réputation dépasser les frontières de Lisbonne. Le Sporting se voulait être une référence (l’un de ses fondateurs, José Alvalade, se donnait comme objectif « Queremos que o Sporting seja um grande Clube, tão grande como os maiores da Europa » (Nous voulons que le Sporting soit un grand club, aussi grand que le plus grand d’Europe)) et bénéficiait de meilleure infrastructure sportive qui avait déjà attiré des joueurs du Benfica en 1907. En outre, en 1910, le Sporting se distinguait sportivement, ses athlètes remportant des titres nationaux au saut à la perche, au lancer du poids, au saut en longueur et à la corde. En football, le club avait été vice-champion de Lisbonne en 1908. Les fondateurs du club de Farense avaient alors des sympathies pour le Sporting et décidèrent d’en adopter le nom et les symboles. Le Faro Foot-Ball devint le Sporting Clube Farense. Le Sporting jouait déjà à cette époque avec son maillot scindé en deux, vert et blanc. Mais, les photos de l’époque étant en noir et blanc, les membres de Farense reprirent le même maillot mais en noir et blanc. Enfin, le lion, symbole du Sporting (cf. #295) depuis sa fondation, influença également le club de Faro. Aujourd’hui, le roi des animaux, figurant sur le blason de Farense, représente la force, la bravoure et la noblesse, valeurs qui doivent se diffuser dans toutes les activités du club.

Cette influence du Sporting sur Farense se traduisit par l’affiliation de ce dernier en 1922 au club de la capitale. En effet, même s’il est indépendant, Farense a la statut de filiale du Sporting, qui en compte près de 180 dans le monde entier. Il est même officiellement la deuxième filiale.

#1132 – Rio Ave FC : Rioavistas

L’origine de ce surnom est assez simple puisqu’il dérive directement du nom du club. Ce qui est plus original, c’est que le club réside dans une ville qui se nomme Vila do Conde. Donc rien à voir avec son patronyme. Le club a tout simplement prit le nom de la rivière Rio Ave, qui coule à Vila do Conde. L’histoire de cette ville, à la longue histoire (première mention en 953), a toujours été étroitement liée à l’Océan Atlantique et surtout au fleuve Rio Ave. Située sur la rive nord de l’embouchure de ce dernier, Vila do Conde est une terre de pêcheurs, un port actif, un centre industriel et surtout une des stations balnéaires les plus prisées du pays. Avant l’époque des découvertes, Rio était un village de pêcheurs. Puis, au XVIème siècle, de par sa situation géographique sur la côte et avec l’activité économique débordante liée aux grandes Découvertes, Vila do Conde attint son apogée commerciale et maritime. Son port et ses douanes constituaient un important entrepôt commercial pour les denrées venant des nouvelles terres. En outre, ses chantiers de construction navale devinrent réputées et une de ses activités principales. Aujourd’hui, la ville est appréciée pour ses grandes plages. Les plages de Vila do Conde s’étendent quasiment sur 18 kilomètres jusqu’à l’embouchure du Rio Ave. La Plage de Caxinas est privilégiée par les pêcheurs tandis que la Plage de Turismo par sa proximité avec le centre urbain est très courue. La Plage Bleue demeure la plus recherchée par les surfeurs.

#1078 – Portimonense SC : os Marafados

Le terme est typique de l’Algarve et désigne une personne facilement irritable. En effet, comme dans d’autres régions, la langue, les expressions et l’accent de l’Algarve diffèrent du portugais standard. Ce mot est souvent utilisé dans l’expression Ah moce marafade! qui se comprend comme « Ah, ce marfade ! » et qui désigne une personne en colère. Mais, il peut également désigner, pour un jeune garçon, un caractère espiègle, coquin. Donc, le mot s’utilise plutôt dans un sens tendre, affectueux. Même s’il y a bien d’autres expressions et mots typiques de l’Algarve, Marafados est totalement identifié avec la région et en est devenu son « gentilé » non-officiel.

Portimonense Sporting Clube réside dans la ville de Portimão, dans la région de l’Algarve. Agglomération portuaire de 60 000 habitants, la cité est très marquée par le sport, notamment en beach soccer. Elle a déjà accueilli la Coupe du Monde de Beach Football et la Ligue européenne de Beach Football. Mais, depuis deux ans et la relégation du Sporting Clube Farense, Portimonense est le seul représentant de la région au sein de l’élite portugaise. Après avoir connu plusieurs groupes de supporteurs, depuis quelques années, le principal s’appelle Ultra Marafados.

#1015 – Gil Vicente FC : Gilistas

Dérivé du nom du club, il n’existe pourtant pas de ville qui s’appelle Gil Vicente au Portugal. En réalité, le club a prit pour nom celui d’un grand dramaturge portugais, considéré comme le premier. Revenons au début de l’histoire. Le club se situe à Barcelos, une municipalité du district de Braga, au Nord du Portugal. Au début du XXème siècle, le football s’implanta dans la cité et des premiers clubs apparurent (Barcellos Sporting Club ou União Barcellense). Le Gil Vicente FC fut fondé le 3 mai 1924 par un groupe de jeunes qui se réunissait régulièrement pour jouer au football sur le Largo do Teatro (aujourd’hui dénommé Largo Doutor Martins Lima). Comme le Largo do Teatro longeait le théâtre de la ville qui s’appelait Teatro Gil Vicente, les garçons nommèrent le club Gil Vicente FC.

Ouvert au public le 31 juillet 1903, le théâtre rend hommage au dramaturge Gil Vicente qui serait né à Barcelos. En réalité, sa naissance demeure un mystère, aussi bien pour la date (1465 est l’année communément admise) que le lieu (Barcelos étant concurrencé par Lisbonne et Guimarães). Sa vie fait l’objet de nombreuses versions. Sa première oeuvre « Auto da Visitação » (La Visitation), connue aussi sous le nom de « Monólogo do vaqueiro » (Monologue du vacher), date de 1502 et, donnée dans les appartements de la Reine Marie d’Aragon, est considérée comme l’acte de naissance du théâtre portugais. A cheval entre le Moyen Âge et la Renaissance, l’oeuvre vincentienne dépeint l’évolution de son temps, passant d’une époque où les hiérarchies et l’ordre social étaient rigides à une nouvelle société où l’ordre établi allait être remis en question et les arts s’épanouir. En 44 pièces, comme le fera Molière un siècle plus tard en France, il critiquait avec humour mais sévèrement les mœurs et principaux travers de son époque. Son chef-d’œuvre demeure la trilogie satirique « Auto da Barca do Inferno » (La Barque de l’Enfer – 1516), « Auto da Barca do Purgatório » (La Barque du Purgatoire – 1518) et « Auto da Barca da Glória » (La Barque de la Gloire – 1519). Outre son talent d’écriture, il serait également l’orfèvre qui réalisa le Custódia de Belém (Reliquaire de Belém). Il serait probablement mort en 1537.

#963 – Atlético Clube de Portugal : Carroceiros

Les charretiers. Club de la ville de Lisbonne fondé le 18 septembre 1942, à la suite de la fusion entre Carcavelinhos FC et União Lisboa, l’Atlético Clube de Portugal constitua, selon le site du club, une « bouffée d’air frais » face aux 3 grands qui dominaient le football portugais. En effet, les premières années de la nouvelle association s’avérèrent être les plus réussies, avec 2 apparitions en finale de la Coupe du Portugal ainsi que 2 places sur le podium du championnat national de première Division.

Les origines du club remontent donc à ses deux fondateurs. D’un côté, União Lisboa fut créé le 3 mars 1910 par un groupe de 15 amis. De l’autre, le Carcavelinhos FC s’établit deux ans plus tard, le 14 février 1912. Ces deux entités étaient situées dans le quartier lisboète d’Alcântara, à l’Ouest du centre ville. Village de fermiers périurbain jusqu’au XVIIIème siècle, le quartier s’intégra petit à petit à la capitale portugaise et se transforma en un important centre industriel à compter du XIXème siècle, principalement tourné vers les entreprises textiles et la production de savons, bougies et d’huile d’olive. Au XXème siècle, l’Empresa Industrial Portuguesa, une des plus grandes usines métallurgiques du pays, opérait à Alcântara. Bénéficiant d’un accès au Tage, des docks purent également s’établir dans cette aire. Naturellement, la population qui s’installa dans ce quartier était principalement constituée des ouvriers des usines avoisinantes et des dockers. Ainsi, les deux associations, União et Carcavelinhos, tout comme leur enfant, l’Atlético, bénéficiaient d’un soutien prolétaire. Or, dans ce quartier bouillonnant, les supporteurs du club se déplaçaient en chariot (pratique pour des dockers ou des ouvriers) dont les chevaux revêtaient un drapeau de l’Atlético. D’où le surnom dont héritèrent les supporteurs.

#917 – Leixões SC : os Bébés do Mar

Les bébés de la mer. Résidant dans la ville de Matosinhos, Leixões est un club omnisports fondé le 28 novembre 1907, l’un des plus vieux du Portugal. Son surnom se compose de deux aspects : les bébés d’un côté et la mer de l’autre. Commençons par la mer. Située face à l’Océan Atlantique et au nord de Porto, Matosinhos offrait un terrain favorable aux activités maritimes. En effet, sur une côte souvent tourmentée par les tempêtes et le brouillard, la crique de Leixões constituait un refuge idéal pour les marins, dès l’antiquité romaine. En 1812, le marin et homme politique portugais, Marino Miguel Franzini écrivait alors à propos de Leixões « talvez seja este o único ponto desta costa que oferece algum abrigo às embarcações acossadas pela travessia » (c’est peut-être le seul point de cette côte qui offre quelque abri aux navires harcelés par la traversée). Ainsi, les activités portuaires se développèrent rapidement et à la fin du XIXème siècle, un port moderne émergea à l’embouchure de la rivière Leça (Les travaux de construction commencèrent le 13 juillet 1884, furent dirigés par l’ingénieur français Wiriot et se terminèrent en février 1895). Plus grand port artificiel du Portugal, il est le débouché maritime naturel pour la production industrielle du grand Porto. Dénommé Porto de Leixões, 25% du commerce international portugais transitent par ses 5 kilomètres de quai, pour environ deux mille cinq cent navires, plus de 400 000 containers et 16 millions de tonnes de marchandises par an. Leixões est l’un des ports les plus compétitifs et polyvalents du pays. Egalement port de croisière, avant le Covid, il accueillait près de 100 000 voyageurs pour une centaine de navires. Naturellement portée vers la mer, l’économie de Matosinhos repose également sur les activités de pêche.

Les bébés rappellent une formidable épopée d’une bande de « gamins » qui représentèrent brillamment Leixões et ramenèrent le seul trophée de la section football. Club à faible moyen, Leixões s’attacha à former des jeunes pour renforcer l’équipe première. Au début des années 1960, des jeunes nés à Matosinhos et formés à Leixões comme Raul Machado et Jacinto Santos intégrèrent l’équipe première. A l’issue de la saison 1959-1960, Leixões monta en première division portugaise. En 1961, l’équipe réalisa un formidable parcours en Coupe du Portugal. Après avoir éliminé en demi-finale, le tenant du titre, Belenenses, Leixões devait affronter en finale ses voisins et rivaux du FC Porto. Match totalement contrasté entre le puissant Porto (déjà vainqueur de 5 championnats et 2 coupes nationals) et le petit club de banlieue, ce déséquilibre était accentué par le lieu de la finale. Comme usuellement, elle devait se dérouler à l’Estádio Nacional, à Lisbonne mais le FC Porto, arguant que les deux clubs étaient de la région de Porto, la fit délocaliser dans son antre, l’Estádio das Antas. La légende raconte qu’à la veille du match, les joueurs du FC Porto portaient un toast en l’honneur de la conquête d’un futur trophée et que les moins prévoyants s’endettaient en prévision du probable pari remporté. Pire, le périodique « Norte Desportivo » lançait en avance le tirage du journal en titrant sur la victoire du FC Porto. Mais, à la surprise générale, Leixões tint tête au FC Porto et, en seconde période, en l’espace de deux minutes, marqua deux buts par l’intermédiaire de Silva et Oliveirinha. Leixões remportait son premier et unique trophée. L’année suivante, le club atteignit les quart-de-finale de la Coupe d’Europe des vainqueurs de coupe. Les joueurs de Leixões furent alors surnommés par le journaliste Alfredo Farinha, os bébés do mar. Cette génération marqua le début de la politique de Leixões qui en fit l’un des bastions de la formation des joueurs au Portugal. De ses rangs sortirent des joueurs tels que Chico Faria, Jacinto, Folha, Fonseca, Tibi, Tozé.

#873 – UD Leiria : os Lis

Quand on parle de José Mourinho, the Special One, le panthéon du football européen s’étale dans la discussion : Real Madrid, Chelsea, Manchester United, Inter Milan … Toutefois, José a du faire ses classes comme tout le monde et après une première expérience écourtée d’entraineur à Benfica, il rebondit à Leiria pour emmener le club à une inespérée 5ème place en championnat. La performance ne passa pas inaperçue et dès la saison suivante, il signa à Porto pour l’aventure que l’on connait. Au delà de ce passage, le club affiche un palmarès vierge et est depuis redescendu dans les divisions inférieures.

Agglomération de 130 000 habitants, l’identité de Leiria est fortement marquée par la rivière Lis qui la traverse. Long d’une quarantaine de kilomètres, ce cours d’eau prend sa source à 5 kilomètres de la ville de Leiria. Dans la commune, ses rives ont été aménagées, avec de nombreux espaces verts et aires de jeux, et plusieurs ponts emblématiques l’enjambent, devenant un lieu de promenade et de récréation des habitants. Hors de la cité, ses berges accueillent de nombreuses espèces d’oiseaux et irriguent des plaines agricoles. La rivière regorgeait de poissons et des concours de pêche étaient organisés à Leiria. Élément prépondérant de la ville, elle inspira des poètes et écrivains locaux. Une légende pretend même que le Lis et son affluent le Lena qui se rejoignent à Leiria vécurent une histoire d’amour. Au Moyen-Âge, la rivière constituait un vecteur de développement important, servant de voie de navigation et de source d’énergie. Les nombreux moulins à eau permirent la naissance d’une industrie florissante de mouture de blé, de maïs et d’aliments pour animaux. De même, des fabriques de papier émergèrent. Une des spécialités sucrées de la ville se nomment Brisas do Lis (Brises de Lis). Le Lis étant tellement gravé dans la culture de la ville, son club de football ne pouvait y échapper. La présence d’une fleur de Lys (flor de lis en portugais) sur le blason de l’UDL n’est certainement pas un hasard et souligne certainement ce lien.