#1357 – MSV Duisbourg : die Zebras

Les zèbres. L’équidé apparaît de partout au siège comme au Schauinsland-Reisen-Arena, en passant par tous les produits dérivés. Associé à l’écusson du club, il est aussi accolé aux différents éléments de sa vie : les boutiques du club (Zebra Shop), l’hymne (« Zebratwist »), le magazine (« ZebraMagazin »), les supporteurs (« Die Zebras 74 »), l’association (« Zebra-Familie ») … Et bien entendu, la mascotte du club est un zèbre dénommé « Ennatz » (provenant du surnom d’un des joueurs légendaires du club, Bernard Dietz).

Fondé le 2 juin 1902 sous le nom de Meidericher Spiel-Verein, le club arborait déjà ses couleurs désormais traditionnelles, bleu et blanche. Donc pas les couleurs du pelage du zèbre, animal qui a souvent inspiré le surnom des équipes évoluant en maillot rayé noir et blanc (Royal Charleroi #268, Miramar Misiones #1298 et surtout la Juventus #36). Toutefois, Duisbourg adopta rapidement un maillot à rayures horizontales bleues et blanches (au moins à compter de la saison 1909-1910 comme le montre une photo de l’époque). Ce motif rayé devint une identité visuelle emblématique du club et rappelait pour les supporteurs la robe d’un zèbre. Ainsi, dans les années 1920, le surnom die zebras apparut pour désigner l’équipe. Il s’agissait d’une des premières périodes d’apogée de Duisbourg qui dominait ses championnats régionaux et participa pour la première fois au championnat d’Allemagne de l’Ouest, puis au championnat allemand. Ses bons résultats firent affluer des invitations pour des matchs amicaux de toute l’Allemagne (notamment de Berlin) mais également de l’étranger (Ajax d’Amsterdam en 1920). Ce fut aussi en 1920 qu’une petite entorse fut réalisée puisque l’équipe porta une nouvelle tenue composée d’un maillot blanc et d’un short noir.

Le club exploite désormais à fond ce surnom. Le maillot du club a d’ailleurs parfois adopté des rayures toujours horizontales mais peu rectilignes pour imiter les rayures spécifiques de la robe du zèbre.

#1334 – VfL Bochum : Fahrstuhlmannschaft

L’équipe ascenseur. L’expression (comme son synonyme d’ « équipe yoyo ») est bien connu par les amateurs de ballon rond pour qualifier une équipe qui est promu à l’étage supérieur de l’organisation pyramidale du football mais qui revient rapidement à l’étage inférieur. Et dans toutes les ligues ont connaît des équipes qui alternent régulièrement joie de la promotion et pleur de la relégation. Cette année, 3 équipes ont été reléguées en seconde division allemande dont le VfL Bochum. Sans surprise si vous connaissez un peu le club de Ruhr, qui était revenu en Bundesliga en 2021–2022.

Tout commence en lors de la saison 1992-1993. Terminant à la 16ème place de la Bundesliga, Bochum fut relégué. Une évidence après une saison difficile où le club avait fréquenté la zone de relégation depuis la 9ème journée (et même la dernière place lors de 12 journées en cumulé). Mais, cette relégation mettait un terme à une présence de 22 années dans l’élite allemande, la plus longue période du club en première division. Depuis cette saison, Bochum ne parvint pas à se fixer et enchaina promotion et relégation.

Après avoir remporté la seconde division dès la saison suivante (1993-1994), Bochum remontait à l’échelon supérieur mais restait simplement une année en terminant à la 16ème place. Une nouvelle fois, Bochum demeura qu’une saison (1995-1996) au purgatoire (dominant le championnat avec 12 points d’avance sur le second). Le nouveau passage dans l’élite dura un peu plus longtemps : 3 saisons avec une incroyable 5ème place lors de l’exercice 1996-1997 et une place en Coupe de l’UEFA. Mais, inexorablement, le club descendit au classement saison après saison et en 1998-199, nouvelle relégation (avec 19 défaites au compteur pour 34 matchs). L’équipe parvint encore à remonter en Bundesliga après seulement une saison dans l’antichambre. Et encore, elle fut reléguée dès la saison suivante (2000-2001) de l’élite en finissant à la dernière place avec 21 défaites. Pour l’exercice 2001-2002, Bochum lutta mais parvint à arracher la dernière place pour la promotion en première division. Les deux saisons suivantes furent une parenthèse enchantée pour Bochum qui finit 9ème (2002-2003) puis 5ème (2003-2004) de Bundesliga, décrochant une nouvelle qualification en Coupe de l’UEFA. Malheureusement, la parenthèse prit fin dès la saison 2004-2005 avec une nouvelle relégation en Bundesliga 2. En un peu plus de dix, Bochum aura donc connu 5 relégations et autant de promotion. De sacrées montagnes russes qui pouvaient donner la nausée à ses supporteurs.

#1308 – SV Werder Brême : Sphinx des Nordens

Le Sphinx du nord. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les alliées occupants l’Allemagne firent dissoudre toutes les associations sportives que le régime Nazi avait toléré après leur nettoyage politique du sport allemand. De même, les fédérations et ligues disparurent. Mais, les allemands ne pouvaient rester sans loisirs sportifs et les clubs comme les ligues se reformèrent avec l’aval des autorités alliées. Ainsi, le Werder fut dissous le 10 novembre 1945 mais grâce à la fusion des clubs TV Vorwärts et Freie Schwimmer 1910, interdits à l’époque nazie, le Werder réapparut en Novembre. La même année, les premières ligues régionales élites, celles du Sud et du Sud-Ouest, furent fondées, et deux ans plus tard, celles du Nord et de l’Ouest suivirent. De 1947 à 1963 (date de création de la Bundesliga), le Werder évolua donc dans la « Fußball-Oberliga Nord » au côté notamment de Hambourg SV, FC St. Pauli et Hanovre 96, avec la possibilité de se qualifier pour le tour final du championnat allemand.

Durant ces 16 années, l’Oberliga Nord fut dominé par Hambourg qui la remporta 15 fois. Le Werder ne parvint jamais à la première place de l’Oberliga mais disputa les 16 saisons et obtint la deuxième place au classement cumulé avec 466 matchs joués pour 246 victoires. Ainsi, le Werder était un des grands animateurs du championnat, terminant vice-champion lors des 5 dernières saisons, de 1959 à 1963. Lors des matches face aux cadors de Hambourg ou St. Pauli, l’équipe de Brême s’imposait souvent. En revanche, face à des équipes plus faibles, elle perdait tout aussi régulièrement. Avec ces performances imprévisibles, l’équipe gagna le surnom de Sphinx des Nordens.

Mais, pourquoi le sphinx ? En évoquant le sphinx, l’image de l’immense statue à la tête d’humain et le corps de lion se dressant devant les grandes pyramides du plateau de Gizeh revient. Cette créature légendaire, qui revêtit différentes formes mi-humaine, mi-animal, parfois ailé, s’imposa dans le monde antique. Le terme « sphinx » viendrait du grec ancien Σφίγξ qui signifie « étrangler », lui-même dérivant du sanskrit स्थग, signifiant « dissimulé ». Ce qui corrobore le sens que les égyptiens donnaient à la créature. Placé devant les temples, les sphinx empêchaient le peuple, les non-initiés, de pénétrer dans les sanctuaires et donc d’accéder aux Dieux. Ils perpétraient l’idée que la connaissance des Dieux était entouré de mystères, réservé à des sachants. Au fil des siècles, le sphinx conserva cette imaginaire de mystère. Et, par ces résultats aléatoires, l’équipe de Brême paraissait bien mystérieuse pour ses supporteurs. Quand, de nos jours, le club retombe dans ses travers, ce surnom, un peu poussiéreux, reprend vie.

#1284 – SV Waldhof Mannheim : der Barackler

Terme familier, même péjoratif, attesté au XXème siècle, il désigne quelqu’un qui vit dans une caserne (baracke), un bidonville. Vous l’aurez compris, ce surnom constituait une moquerie des supporteurs adverses à l’encontre des fans du Waldhof Mannheim. Evidemment, ces derniers l’ont apprivoisé, approprié et aujourd’hui, aucun fan du Waldhof Mannheim ne sentirait insulté par l’utilisation de ce surnom. Au contraire.

Au XIXème siècle, la ville de Mannheim avait perdu son prestige politique, n’étant plus la résidence du Grand-Électeur palantin, mais, dans le triptyque constitué avec Francfort et Stuttgart, Manheim devint un important centre industriel. En 1883, Carl Benz fonda sa société Benz & Cie à Mannheim. Porté par le développement de l’automobile et par une activité de construction de moteur toujours importante, son usine de Mannheim s’étendait alors sur 30 000 m2. Au début du XXème siècle, Benz & Cie. était alors le plus grand constructeur automobile au monde. Un nouveau site plus grand en dehors de la ville était nécessaire et en 1908, cette usine fut ouverte sur un terrain de 311 000 m2 dans le quartier de Waldhof, en banlieue de Mannheim. À cette époque, Benz produisait annuellement en moyenne 520 moteurs et 400 automobiles, et le nombre d’ouvriers était d’environ 1 000.

Pour faire face à la grande crise du logement après la Première Guerre mondiale, huit baraques d’habitation en bois furent construites au milieu des années 1920 par la municipalité, à proximité directe de l’usine Benz, au 65 de la rue Sandgewann. Cette proximité leur valut rapidement le nom de Benz baracke (les baraques Benz). En 1930, 5 nouvelles baraques en pierre furent édifiées, portant le nombre de logements total à 166. Ces baraquements sommaires étaient destinés aux sans-abris et assistés sociaux. Le lotissement était construit de telle sorte que deux blocs d’habitation se faisaient toujours face et partageaient une voie centrale en bois qui servait de salle de bain et toilettes communes. Le nombre d’habitants étaient inconnus mais la cité était sans aucun doute massivement surpeuplée. Après la Seconde Guerre mondiale, les baraques, parfois détruites, furent rénovées ou reconstruites en pierre et abritèrent les victimes de la guerre. Puis, à compter des années 1950, de nouveaux immeubles furent édifiés, remplaçant petit à petit les anciens baraquements. En 1972, environ 4 000 personnes vivaient dans cette zone. Aujourd’hui, le quartier, qui ne compte plus aucune baraque de l’entre-deux guerre, accueille toujours des populations pauvres et fit l’objet de 3 saisons de l’émission TV-documentaire, « Hartz und herzlich » , qui narre la vie quotidienne des personnes qui vivent dans des zones dites socialement défavorisées.

#1258 – RB Leipzig : Plastikklub

Le club en plastique. Depuis les années 2000, la géographie des capitaux des clubs de football d’Europe de l’Ouest a été bouleversée. Détenus initialement par les municipalités, des associations d’entrepreneurs locaux ou des mécènes régionaux, certains clubs ont vu déferlé une masse d’argent venus d’abord de l’Est (les oligarques russes comme Roman Abramovitch à Chelsea ou Alicher Ousmanov à Arsenal), d’Orient (Fulham, Leicester City) puis des Etats du Golfe (Qatar à Paris, Abu Dhabi à Manchester City, l’Arabie Saoudite à Newcastle). Enfin, les fonds d’investissements américains ont également pris leur part, avec parfois quelques faillites retentissante (King Street à Bordeaux, Eagle Group à Lyon, Liverpool, Manchester United).

Dans ce paysage, la Bundesliga fait un peu exception car ces nouveaux actionnaires n’ont pas investi en Allemagne (sauf parfois sous la forme de sponsoring), en raison de la règle « 50+1 ». Jusqu’en 1998, les clubs allemands étaient détenus par leurs membres et supporteurs. Lorsque la Fédération allemande permit aux clubs de devenir des sociétés anonymes, la contrepartie fut la mise en place de la règle « 50+1 » qui garantit que les membres du club détiennent toujours la majorité des droits de vote et empêche tout investisseur privé de posséder plus de 49% des parts d’un club. Pour les supporteurs allemands, c’est le gage d’une pureté de leur football. Mais, il y a évidemment des exceptions, qui meurtrissent les fans des clubs traditionnels. Le RB Leipzig représente le totem absolu en la matière.

Le club fut fondé en 2009 par la société de boisson énergisante Red Bull GmbH qui racheta les droits du SSV Markranstädt, association amateur de 5ème division. Les deux clubs historiques de la ville de Leipzig, Chemie et Lokomotiv, n’avaient pas cédé aux sirènes de Red Bull afin de ne pas perdre leurs identités. L’investissement de Red Bull dans le sport répondait à une stratégie marketing d’envergure, afin d’associer sa marque aux exploits sportifs, véhiculant des symboles de force, courage et détermination. En 2012, il était associée à environ 500 athlètes et 600 manifestations sportives et s’investit également dans plusieurs clubs de football (New York Red Bulls, Red Bull Salzbourg, Red Bull Brasil, Red Bull Bragantino, Red Bull Ghana et FC Liefering). La création de Leipzig répondait à cette stratégie, pour la région allemande. Et comme Red Bull le fit pour les autres clubs, il modela cette nouvelle association à son image (nom, couleurs, écusson …), faisant de Leipzig un objet publicitaire à l’effigie de sa boisson. C’était un premier affront pour les défenseurs du football d’antan. En plus, Red Bull contourna avec une certaine arrogance les règles. Tout d’abord, la firme autrichienne détient bien que 49% du capital, mais le solde appartient à des membres du conseil de surveillance de Red Bull à titre personnel. Ensuite, la loi interdit au club d’accoler à leur nom celui d’un sponsor. Or, Red Bull renommait l’ensemble de ses clubs avec sa marque. Résultat, le club fut nommé RB qui signifie … Rasenballsport (qui se traduit par sport de ballon sur gazon) mais le message n’est pas subliminale.

Après les millions investis par Dietrich Mateschitz et sa société, le RB Leipzig est vu comme un club en plastique par les fans des clubs historiques. Un club sans histoire et une menace pour la culture et l’identité du football. Ce n’est pas le seul puisque Volkswagen détient Wolfsburg, Audi avec Ingolstadt et surtout SAP avec Hoffenheim, une ville d’à peine 3 100 habitants mais dont l’équipe joue en Bundesliga dans un stade de 30 000 places. Seulement, Leipzig et Red Bull affichent un tel mépris pour les traditions et valeurs du football allemand qu’il est devenu certainement le club le plus haï outre-Rhin (à l’image de Paris en France).

#1231 – Kieler SV Holstein : die Störche

Les cigognes. En 2024, un vent nouveau souffle en Bundesliga avec la promotion, pour la première fois de son histoire, du Kieler SV Holstein (communément appelé Holstein Kiel). Longtemps cantonné à une ville de Handball (THW Kiel, 23 fois champions d’Allemagne et 4 fois vainqueurs de la Ligue des Champions entre-autre), Kiel s’est rappelé récemment qu’il avait un club de football qui avait été champion d’Allemagne en 1912. Située au bord de la mer Baltique, traversée par le canal de Kiel, qui relie la mer Baltique à la mer du Nord, la cité s’est construite avec la Mer comme horizon et sa culture a une touche maritime (la compétition de voile « Kieler Woche », la quartier « Marineviertel », le musée maritime, le phare de Bülker et le mémorial naval de Laboe). Pour autant, c’est l’échassier migrateur qui s’est posé dans l’enceinte du club de football dès ses premières années.

Au départ, les joueurs du club auraient joué avec un maillot blanc, un short blanc et des chaussettes rouges, et cette association de couleurs faisait ressembler l’équipe à des cigognes. Probablement que ces teintes provenaient des armes de la ville (feuille d’ortie blanche sur fond rouge) qui elles-mêmes dérivaient des armoiries de la Maison de Schauenbourg, comte de Schauenbourg et Holstein. Mais, cette version est démentie par le club. D’autant plus que les couleurs actuelles du club sont le bleu, le blanc et le rouge, (qui correspondent aux couleurs de l’État du Schleswig-Holstein (elles-mêmes tirées des armoiries des deux composantes historiques de cette région : Duché de Schleswig (deux lions bleus sur fond jaune) et Duché de Holstein (feuille d’ortie blanche sur fond rouge)) et s’imposèrent rapidement. Au cours des premières années, Holstein joua avec des chemises à rayures horizontales bleu-blanc-rouge et à partir de 1906 avec des chemises blanches accompagnées d’une ceinture bleu-blanc-rouge. En 1910, les joueurs portaient des maillots bleus avec un H blanc sur la poitrine, des culottes noires et des chaussettes noires. Et au moins depuis 1911, la tenue de jeu était celle encore en vigueur aujourd’hui : chemise bleue, short blanc et chaussettes rouges.

Pour le club, la raison de ce surnom revient à l’emplacement du stade. Inauguré en 1911, le Stade d’Holstein, où évolue encore l’équipe, avait pour voisin, dans la Gutenbergstrasse, un pub appelé « Zum Storchnest » (Au nid de la cigogne). Dans les premières années, les joueurs s’y rendaient souvent avant et après les entraînements, notamment pour s’en servir de vestiaire. Aujourd’hui, le bar existe toujours mais sous le nom de « Gutenberg ».

#1226 – Fortuna Düsseldorf : Fortunen

Dérivé du nom du club. Dans le quartier ouvrier de Flingern à Düsseldorf, le 5 mai 1895 un premier club de sport sous le nom de Turnverein Flingern 1895, où se pratiquait notamment la gymnastique mais pas encore le ballon rond, vit le jour. Un club de football du nom de Düsseldorfer Fußballklub Spielverein fut créé le 1er mai 1908. 3 ans plus tard, un autre club émergea sous le nom de Fußballklub Alemania 1911. Milieu 1913, le Spielverein fusionna avec l’Alemania. Enfin, le 15 novembre 1919, Turnverein Flingern rejoignit les deux précédents pour donner naissance au Fortuna actuel.

Ce nom particulier, Fortuna, apparût fin 1912 lorsque le Fußballklub Alemania 1911 fut rebaptisé Football Club Fortuna 1911. Puis, lors des différentes fusions, le nom Fortuna resta attaché aux différentes organisations et ainsi en 1919, le nom actuel, Düsseldorfer Turn- und Sportverein Fortuna 1895, fut définitivement adopté. Alors, pourquoi les membres de l’époque prirent ce nom, Fortune ? Certes, l’évidence serait que la direction souhaitait s’attirer la chance, Fortune ou Fortuna étant la déesse romaine de la chance (son nom provient du latin fors qui signifie « sort »). Toutefois, il semble que ce n’est pas la déesse qui fut choisie comme patronne du club, mais, simplement, les fondateurs furent séduits par une charrette tirée par des chevaux qui arborait le nom de son propriétaire, une fabrique de pain nommée Fortuna.

Est-ce que cet heureux hasard fut synonyme de bonne fortune pour le club ? Les plus grands succès du club ont été le championnat d’Allemagne de 1933, la finale de la Coupe des vainqueurs de coupe d’Europe en 1979 (perdu contre le FC Barcelone), et les deux victoires en Coupe d’Allemagne en 1979 et 1980. Pas si mal. Malheureusement, depuis les années 1980, le Fortuna passe plus de temps dans les divisions inférieures allemandes qu’au sein de l’élite. D’ailleurs, quand l’équipe parvint à monter en première division, elle redescendait assez rapidement dans les années qui suivaient.

#1186 – 1. FC Nuremberg : der Altmeister

Le vieux maître. Depuis quelques décennies, dans la Bundesliga, le Bayern Munich concoure quasiment sans rival. Certes, le Bayer a réussi une superbe saison 2023-2024 et remporté avec brio le championnat allemand. Dortmund titille régulièrement l’arrière-train du club bavarois. Mais, fondamentalement, le Bayern demeure le maître de l’Allemagne et possède un palmarès à faire pâlir bien des clubs européens (33 Championnats d’Allemagne (record national, dont 32 à l’ère Bundesliga et 11 d’affilé), 20 Coupes d’Allemagne (record national), 10 Super Coupes d’Allemagne (oui encore record national) et 6 Coupes de la Ligue (faut-il préciser qu’il possède le record national)). Bien que le Bayern remporta quelques titres avant la Seconde Guerre mondiale, son hégémonie démarra à la fin des années 1960. Auparavant, le club dominant se trouvait également en Bavière mais à Nuremberg.

Fondé en mai 1900 par 18 lycéens en tant que club de rugby, le FC Nuremberg se concentra rapidement sur le football et se constitua un palmarès (ponctué par 3 titres de champion de Bavière et 2 titres de Champion d’Allemagne du Sud) et une certaine réputation avant le déclenchement des hostilités de la Première Guerre mondiale. Mais, la période faste du club bavarois débuta au début des années 1920 et s’étendit jusqu’au début de la Seconde Guerre mondiale. Entre juillet 1918 et février 1922, l’équipe resta invaincue lors de 104 matches officiels. En 1919, à son jeu déjà développé, le club ajouta une touche raffinée hongroise, avec l’ailier gauche Péter Szabó et l’avant-centre Alfréd Spezi Schaffer. Puis, en 1921, en provenance du rival du SpVgg Fürth, Hans Sutor renforça l’équipe, alors portée par le milieu Hans Kalb et le gardien Heinrich Stuhlfauth. Le titres s’enchainèrent : champion d’Allemagne en 1920, 1921, 1924, 1925, 1927 et 1936 (et vice-champion en 1934 et 1937), vainqueur de la coupe d’Allemagne en 1935 et 1939 auxquels s’ajoutèrent de nombreux championnat et ligues régionaux. Cette décennie des années 1920 marqua l’histoire du club comme le football allemand. En remportant 5 des 9 championnats en jeu sur cette période, le FC Nuremberg était le maître du football allemand. Dans cette décennie, Nuremberg fournit parfois la moitié de l’équipe nationale allemande. Seuls le rival du SpVgg Fürth et l’équipe d’Hambourg SV réussirent à se hisser quelque fois au niveau du club bavarois dans la lutte pour le championnat allemand.

#1124 – 1. FC Sarrebruck : die Molschder

Ceux de Malstatt. La ville comme le club, frontaliers de l’hexagone, ont un lien avec la France. En effet, pendant un an (1948-1949), alors que la région de la Sarre était sous protectorat français depuis 1947 (et jusqu’en 1956) suite à la Seconde guerre mondiale, le FC Sarrebruck affrontait « secrètement » les clubs français de seconde division sans que son affiliation à la FFF fusse accepté. Il parvint même à remporter ce championnat de manière officieuse. Mais, finalement, à l’issu des atermoiements des clubs français à ouvertement jouer contre un club allemand et donc à accepter sa promotion dans l’élite française, le FC Saarebruck réintégra le système allemand en 1951. Mais, son surnom est purement local et même attaché au dialecte de la région.

Les origines du FC Saarebruck remontent au début du XXème siècle. En 1903, quelques passionnés de football se rencontrèrent dans un restaurant avec l’idée de créer un club de football. Ce fut fait le 18 avril 1903 en affiliant cette section au club omnisport du TV 1876 Malstatt, qui existait depuis 1876. A cette époque, Malstatt, dont la première mention remonte à 930, était une ville indépendante, qui s’était unie en 1874 avec la cité voisine de Burbach. Le nom de la ville de Malstatt provient d’un lieu de justice qui y était établi (en allemand ancien, mahal désignait une assemblée publique judiciaire, où l’on discutait des lois et où l’on tranchait les litiges en plein air). En dialecte locale, le nom de la ville se dit Mòòlschd, d’où le dérivé Molschder qui est devenu le surnom du club. Puis, le 1er avril 1909, les municipalités de Sarrebruck, Saint-Jean et Malstatt-Burbach fusionnèrent pour donner naissance à une Sarrebruck élargie, comptant 105 000 habitants. Malstatt devint alors un quartier de cette nouvelle cité.

#1105 – SV Werder Brême : Millionenelf

Le onze du million. Membre fondateur de la Bundesliga, le Werder traversa les années 1960 en connaissant des hauts et des bas, ponctué tout de même d’un titre de champion en 1965. A cette époque, les règles de la Bundesliga plafonnaient le montant des transferts à 100 000 Marks ainsi que le salaire des joueurs. Mais, l’évolution du football conduisit la DBF à abroger ces règles au début des années 1970. Hans Wolff, directeur général du Werder, anticipant ce changement, déclara au conseil d’administration qu’il fallait investir massivement avant sa mise en oeuvre. Le club obtient un prêt de 700 000 Marks de la municipalité et des entrepreneurs locaux s’associèrent à ce projet. A l’aube de la saison 1971-1972, le Werder renforça son équipe en faisant l’acquisition de sept nouveaux joueurs pour un montant total de un million de Mark. Le milieu Willy Neuberger et l’attaquant Werner Weist quittèrent Dortmund pour le Werder et l’attaquant Carsten Baumann revint du VfL Osnabrück. Le Werder attira également Herbert Laumen et Peter Dietrich en provenance du Borussia Mönchengladbach, champion l’année précédente (le club ne parvint pas à se mettre d’accord avec le 3ème membre du trio, Günter Netzer).

Mais, cette stratégie se fit sans concertation avec le staff et sans cohérence sportive, conduisant malheureusement à un échec. 6 entraineurs se succédèrent au fil de la saison et l’équipe termina péniblement à la 11ème place, enregistrant 14 défaites. Après cette épisode, le club évolua dans le ventre mou et évita même de justesse la relégation lors des saisons 1974-1975 et 1975-1976. Finalement, après la saison 1979-1980, le Werder dut se contraindre à rejoindre la seconde division. En outre, cette politique eut un prix. En échange de l’argent de la ville, le Werder abandonna ses couleurs traditionnelles, verte et blanche, contre un maillot rayé rouge et blanc, reprenant les teintes du drapeau de Brême. En outre, l’écusson du club fut remplacé également par le symbole des armoiries de la ville, une clé. Les supporteurs s’hérissèrent de ce choix, surtout lorsque lors d’un derby contre Hambourg, le Werder dut emprunter des maillots à son rival, car ceux du Werder étaient trop ressemblants à ceux du HSV. L’autre prix à payer fut le poids financier de cette politique qui pesa longtemps sur les finances du club.