#1264 – Venise FC : i Leoni Alati

Les lion ailés. Quand vous voyez sur un monument un lion ailé sculpté en Italie ou dans une ville côtière du bassin méditerranéen orientale, il est fort probable que ce lieu appartenait à la Sérénissime. Car, de 697 à 1797, Venise fut une grande cité indépendante, régnant sur une partie du Nord de l’Italie et du pourtour méditerranéen, et une place incontournable du commerce, où transitaient les échanges depuis les îles britanniques jusqu’aux empires byzantins ou musulmans et les routes de la soie, grâce à sa marine marchande et militaire.

Il existe plusieurs légendes autours du lien entre la cité des Doges et l’évangéliste. Originaire de Judée, l’apôtre Saint Marc se serait rendu à Alexandrie en Égypte, pour en être son évêque, mais face aux nombreuses conversions, il aurait été capturé par des païens et serait mort en martyr un 25 avril vers l’an 68-75. La première histoire évoque Saint Marc, voyageant en bateau d’Aquilée (vers Udine) à Alexandrie en Égypte, et qui fit face à une tempête et dut accoster au Rialto. Le Saint aurait alors trouvé l’hospitalité dans une pauvre cabane de pêcheurs et, dans un rêve, un ange lui serait apparu qui lui aurait prédit : « Sur cet îlot, ô Marc, un jour surgira une grande ville merveilleuse et tu y trouveras ton dernier repos et tu auras la paix » . Une autre légende raconte qu’après son supplice et son décès, le corps de Saint Marc devait être brûlé par les païens mais des averses de grêle et des éclairs les en empêchèrent. Les chrétiens d’Alexandrie récupèrent le corps et l’enterrèrent dans une église. En 828, le cadavre fut volé avec ruse par deux marchands vénitiens, Buono da Malamocco et Rustico da Torcello, et transporté à Venise. La cité construisit alors la célèbre basilique pour accueillir ces reliques.

La représentation traditionnelle de Saint Marc est un lion ailé. En effet, depuis l’Antiquité chrétienne primitive, les quatre évangélistes prennent souvent la forme allégorique du tétramorphe (quatre vivants représentant les quatre évangélistes) : l’homme pour Matthieu, l’aigle pour Jean, le taureau ailé pour Luc et donc le lion ailé pour Marc. Ce symbolisme rappelle le commencement de leurs évangiles. Pour Saint Marc, les premières lignes de son évangile décrive la prédication de Jean le Baptiste dans le désert (« un cri surgit dans le désert »), équivalent à un lion. Ses ailes symbolisent l’élévation spirituelle et demeure également une allusion à la salutation d’un ange à Saint Marc.

Ainsi, Venise reprit cette représentation de son Saint Patron comme symbole de la cité. Outre le lion ailé que l’on peut trouver sur la colonne de la place éponyme, le drapeau de la Sérénissime affichait l’animal biblique, dans des couleurs rouge et or. L’apparition de cette bannière n’est pas connue avec certitude mais, au XIIIème siècle, son utilisation est déjà attestée. Aujourd’hui, il est également un symbole du club de football, qui apparait de manière stylisée sur son écusson.

#1246 – Kabuscorp SCP : os Palanquinos

Les petits Palancas. Dans le district de Cazenga de la capitale angolaise, les week-end, les enfants des quartiers de Palanca, Rangel et Cazenga s’affrontaient dans des tournois de football. L’ancien militaire et businessman, Bento Kangamba, qui dirigeait le conglomérat Kabuscorp, décida d’unir les jeunes de Palanca et Cazenga sous la bannière d’un nouveau club qui fut fondé en Décembre 1994. Habitant le quartier, il plaça le siège du club à Palanca. 14 ans après sa création, Kabuscorp SCP intégra l’élite du football angolais et à peine 5 ans plus tard, il remporta le titre national, avec dans son effectif, le ballon d’or brésilien, Rivaldo.

Le P de SCP correspond à Palanca et donc au nom du district où réside le client. Mais, il ne faut pas réduire le surnom du club à son quartier de résidence. Car le Palanca représente surtout le symbole du pays. Il s’agit d’un animal endémique de l’Angola qui est une sous-espèce de l’antilope noire (ou antilope charbonnière ou zibeline) et qui n’est présente que dans deux endroits du pays, le parc national de Cangandala et la réserve naturelle de Luando. Elle se distingue par sa force, sa grande taille, notamment avec des cornes, recourbées vers l’arrière, pouvant mesurer jusqu’à 1m60 pour les males et sa capacité à sauter des barrières d’une hauteur de 2 mètres.

L’antilope occupe une place importante dans la culture africaine, en symbolisant la vivacité, la force et la beauté. Son apparence majestueuse l’élève, dans certaines tribus, au rang d’animal totem. D’ailleurs, il a gagné le statut d’idole national de l’Angola. Source de fierté pour les angolais, l’antilope est représentée sur de nombreux timbres, billets de banque et même sur le passeport du pays. On peut également le voir sur le fuselage de tous les avions de la compagnie aérienne nationale TAAG Angola Airlines. Dans le domaine du football, l’équipe nationale est surnommée palanca negras. Donc, pas étonnant pour Kabuscorp de jouer sur le nom du quartier et de ce symbole nationale, en l’affichant un temps sur son blason.

#1234 – Crystal Palace FC : the Eagles

Les aigles. Les premières années de la décennies 1970 ne furent pas synonyme de réussite sportive pour le club du Sud de Londres et pourtant elles s’avérèrent fondamentales dans la construction de sa nouvelle identité. Lors de la saison 1972-1973, Crystal Palace évoluait en première division depuis 4 ans et son équipe réussit quelques belles performances, comme une victoire 5 buts à 0 face à Manchester United. Malheureusement, c’était anachronique dans une saison globale plus morose. Après avoir mené le club de la quatrième à la première division, Arthur Wait fut remplacé à la présidence par Raymond Bloye en novembre 1972. Ce dernier prit la décision de remplacer le manager Bert Head par Malcolm Allison, qui venait d’officier avec succès durant 8 ans à Manchester City. Cette nomination ne permit pas de sauver le club de la relégation.

Animé par une grande ambition et jouissant d’une grande aura, l’influence du nouveau manager ne se limita pas au sportif. Suite à la relégation subie, Malcolm Allison voulait rebondir avec force et désira renforcer l’image du club. Tout d’abord, il mit fin à 68 ans d’association du club avec les couleurs bordeaux et bleu (ie depuis la création du club en 1905), et opta pour des maillots plus flamboyants, à rayures rouges et bleues, à l’image du FC Barcelone. Il décida aussi de doter le club d’un nouveau surnom (en remplacement de Glaziers #114), qui allait déteindre sur un nouveau blason. Et ce fut aussi du côté de la péninsule ibérique que son inspiration vint.

En ce début des années 1970, le Benfica Lisbonne était déjà un grand d’Europe, porté par le génial Eusebio. Le club lisboète avait déjà remporté 2 Coupes des Clubs Champions (plus 3 finales perdues). En 1970, le manager anglais Jimmy Hagan fut nommé à la tête du Benfica et durant les 3 années de son mandat, l’équipe portugaise connut une nouvelle période dorée, en remportant 3 championnats et une coupe. En 1972-1973, avec 28 victoires, 2 nuls et 0 défaite et 101 buts marqués pour seulement 13 encaissés, Benfica devint le meilleur champion du Portugal et le premier invaincu. Benfica brilla aussi en Europe lors de la saison 1971-1972, avec une victoire 5-1 contre Feyenoord, et une demi-finale perdue face à l’Ajax de Johan Cruyff. Impressionné par l’équipe lisboète, Malcolm Allison voulait reproduire leur succès et donner une impulsion à son équipe et ses fans en copiant le symbole puissant du Benfica, l’Aigle (#153). Ainsi, un aigle devint le surnom du club et s’imposa sur l’écusson.

Le surnom fut vite adopté (le « Mirror » titrait déjà 4 jours après l’adoption du surnom « Allison’s eagles will fly high » (les aigles d’Allison voleront haut)) mais cela n’eut pas l’effet escompté puisque Crystal Palace enchaina une seconde relégation en 1973-1974 et Malcolm Allison quitta le club en 1976, sans avoir pu ramener l’équipe simplement en seconde division. Entre 2010 et 2020, comme à Benfica, Crystal Palace posséda un véritable aigle comme mascotte, qui survolait Selhurst Park avant le début des matchs. Nommé Kayla, il s’agissait d’un pygargue à tête blanche américain. Malheureusement, elle décéda en 2020 des suites d’une maladie et aucun autre aigle ne vint le remplacer pour perpétuer cette tradition.

#1232 – Djurgårdens IF : Apor

Les singes. Dans les années 1980, les supporteurs adverses, en particulier ceux des rivaux de l’AIK et de Hammarby IF, avaient pris l’habitude de jeter aux joueurs et aux fans de Djurgårdens des bananes, les comparant ainsi aux primates. Evidemment que ce geste était insultant mais se basait sur une réalité du quartier insulaire de Stockholm. En effet, l’île de Djurgården accueille depuis la fin du XIXème siècle le musée en plein air de Skansen, qui abrite également un parc zoologique. Alors que la Suède connaissait de profonds changements, Artur Hazelius, craignait que la culture populaire suédoise disparût et créa ainsi en 1891 un musée réunissant des pièces de la vie quotidienne. Plus de 140 bâtisses typiques furent ainsi reconstruites pierre par pierre dans ce parc. Dans les premières années, le musée hébergea également des espèces présentes en Suède comme des rennes, des chiens, des poules, des oies et des canards. Puis, il fut reconnu comme un zoo en 1924 lorsqu’il reçut les fonds nécessaires pour construire la maison des singes, appelée Djurhuset. A compter de cette date, le cheptel d’animaux comprenait ceux endémiques de la Suède ainsi que des exotiques comme des perroquets, tortues, poissons et donc aussi des babouins, gibbons et petits singes. Ainsi, depuis plus d’un siècle, le quartier de Djurgården est connu pour ce musée et sa montagne aux singes.

Comme souvent avec des surnoms ironiques, les fans moqués se l’approprient et le tournent alors en fierté. Et donc les supporteurs de Djurgården n’hésitent pas aujourd’hui à afficher des primates et les tiffos affichant un gorille (un gorille est plus impressionant et moins amusant qu’un singe) ne sont pas rares. Le club lui-même joue sur cet aspect en vendant des t-shirts où le logo de l’entreprise Chiquita, un des plus grands producteurs de bananes au monde, était confondu avec celui du club et le slogan « Ge oss bananer » (donnez nous des bananes) apparaissait en dessous. Résultat, beaucoup dans les tribunes pensaient que la tradition du lancer de bananes était innocente et était un élément folklorique de la rivalité historique entre les supporters des trois grands clubs de Stockholm.  Toutefois, elle trouva ses limites quand, au début des années 2000, le gardien de Djurgårdens IF était le gambien Pa Dembo Touray. Le folklore empruntait alors le chemin de manifestations racistes et finit donc par disparaitre. En revanche, le surnom résista à cette prise de conscience du public.

#1231 – Kieler SV Holstein : die Störche

Les cigognes. En 2024, un vent nouveau souffle en Bundesliga avec la promotion, pour la première fois de son histoire, du Kieler SV Holstein (communément appelé Holstein Kiel). Longtemps cantonné à une ville de Handball (THW Kiel, 23 fois champions d’Allemagne et 4 fois vainqueurs de la Ligue des Champions entre-autre), Kiel s’est rappelé récemment qu’il avait un club de football qui avait été champion d’Allemagne en 1912. Située au bord de la mer Baltique, traversée par le canal de Kiel, qui relie la mer Baltique à la mer du Nord, la cité s’est construite avec la Mer comme horizon et sa culture a une touche maritime (la compétition de voile « Kieler Woche », la quartier « Marineviertel », le musée maritime, le phare de Bülker et le mémorial naval de Laboe). Pour autant, c’est l’échassier migrateur qui s’est posé dans l’enceinte du club de football dès ses premières années.

Au départ, les joueurs du club auraient joué avec un maillot blanc, un short blanc et des chaussettes rouges, et cette association de couleurs faisait ressembler l’équipe à des cigognes. Probablement que ces teintes provenaient des armes de la ville (feuille d’ortie blanche sur fond rouge) qui elles-mêmes dérivaient des armoiries de la Maison de Schauenbourg, comte de Schauenbourg et Holstein. Mais, cette version est démentie par le club. D’autant plus que les couleurs actuelles du club sont le bleu, le blanc et le rouge, (qui correspondent aux couleurs de l’État du Schleswig-Holstein (elles-mêmes tirées des armoiries des deux composantes historiques de cette région : Duché de Schleswig (deux lions bleus sur fond jaune) et Duché de Holstein (feuille d’ortie blanche sur fond rouge)) et s’imposèrent rapidement. Au cours des premières années, Holstein joua avec des chemises à rayures horizontales bleu-blanc-rouge et à partir de 1906 avec des chemises blanches accompagnées d’une ceinture bleu-blanc-rouge. En 1910, les joueurs portaient des maillots bleus avec un H blanc sur la poitrine, des culottes noires et des chaussettes noires. Et au moins depuis 1911, la tenue de jeu était celle encore en vigueur aujourd’hui : chemise bleue, short blanc et chaussettes rouges.

Pour le club, la raison de ce surnom revient à l’emplacement du stade. Inauguré en 1911, le Stade d’Holstein, où évolue encore l’équipe, avait pour voisin, dans la Gutenbergstrasse, un pub appelé « Zum Storchnest » (Au nid de la cigogne). Dans les premières années, les joueurs s’y rendaient souvent avant et après les entraînements, notamment pour s’en servir de vestiaire. Aujourd’hui, le bar existe toujours mais sous le nom de « Gutenberg ».

#1230 – Sandnes Ulf : Ulf

Ce nom particulier suffit en lui-même pour faire le surnom du club. Le football fit son apparition dans cette ville du Sud du pays, près de Stavanger, au début du XXème siècle (vers 1907), lorsque les frères anglais Arnold et Hubert Thomas vinrent y travailler. Séduite, la jeunesse de la ville s’organisa rapidement puisque dès l’année suivante, le club de Sandnes Fodboldforening vit le jour. Au départ des frères Thomas qui retournèrent en Angleterre en 1911, le club fut dissous. Pourtant, l’engouement suscité par cette nouvelle pratique sportive ne disparut pas parmi les jeunes de la ville. Le 3 mai 1911, Arnulf Asserson, Trygve Bergeland, Åge Bergeland, Ola Nygård, Sverre Svendsen, Jonas Øglænd, Erik Ivarson, Tønnes Øksnevad et Olaf Nygård se réunirent pour fonder une nouvelle association de football.

Naturellement, lors de la création d’un club, le nom demeurait un choix important et l’objet de débat mais souvent suivait des modes. Et, en Norvège, au début du XXème siècle, la mode était à des noms courts, de préférence une seule syllabe : Fram (3 clubs fondés en 1892, 1894 et 1907), Odd (1894 – #653), Lyn (1896), Start (1905), Brann (1908), Frigg (1904), Ørn (1904) et Skeid (1915). Le premier président du Sandnes Ulf, Nils Voss, un des membres les plus âgés du défunt Sandnes Fodboldforening, souhaitait que le nouveau club porte un nom différent de celui de Sandnes Fodboldforening. Ainsi, lors de l’assemblée générale extraordinaire du 27 juin 1911, trois propositions de noms furent soumises au vote : Smart (vif, intelligent – proposition du conseil d’administration) Gann (terme utilisé avant le Moyen-Âge pour désigner la région de Sandnes – proposition de Johan Iversen) et Ulf (proposition d’Arnulf Asserson). Bien que soutenu par le conseil d’administration, Smart ne recueillit que 3 voix (comme Gann). En revanche, Ulf, nom court, simple, accrocheur, avec une certaine sonorité, remporta la mise, avec dix voix. Arnulf Asserson l’imagina certainement à partir de son prénom, en se rappelant que ulf dérive du mot vieux norrois úlfr qui signifie loup.

#1229 – FC Roskilde : Ørnene

Les aigles. Evoluant dans le stade Roskilde Idrætspark surnommé Ørnereden (le nid d’aigle) et affichant la tête d’un l’aigle sur son écusson, le club aime le majestueux oiseau. En 2004, 3 clubs (Roskilde Boldklub (fondé en 1906), Svogerslev Boldklub et Himmelev-Veddelev Boldklub (fondé en 1925) de la région de la ville de Roskilde, en Zélande, décidèrent de créer une superstructure, portant leur équipe élite. L’objectif était que ce nouveau club eût les moyens d’évoluer au plus haut niveau professionnel, constituât l’identité sportive de Roskilde et retînt les talents locaux. Objectif réussit en 2008 quand il gagna sa promotion au sein de l’élite danoise.

Pour la symbolique de cette nouvelle structure, les 3 clubs optèrent pour l’emblème de la ville, l’aigle. En effet, l’écusson actuel de la municipalité, enregistré le 15 mars 1938, est un aigle aux ailes déployés (Un bouclier d’argent [blanc] avec un aigle noir aux bras d’or au-dessus d’un mur rouge entourant une source bleue avec trois roses nageuses) et ce symbole n’est pas né d’une lubie d’une équipe marketing. Les premières traces de l’aigle remontent à un sceau de la ville, datant de 1286 (mais ses origines pourraient s’établir vers 1250). A vrai dire, le sceau fait apparaître un oiseau, assimilé à un aigle. Peut-être l’aigle impérial du Saint Empire car, au XIIIème siècle, les finances de la ville étaient tenus par un ressortissant du Saint Empire. Probablement aussi que l’aigle représentait un signe de puissance et de fierté d’une guilde de la ville. Toutefois, cela aurait pu être un faucon car, selon certaines légendes, la ville disparue de Høgekøbing serait à l’origine de la cité de Roskilde. Dans le Chronicon Lethrense, un texte danois du XIIème siècle, le roi légendaire Hrothgar aurait choisi de déplacer les habitants de la ville de Høgekøbing vers l’endroit où il fonda Roskilde. Or, Høgekøbing signifiait la ville faucon et les armes de Roskilde serait donc parlante.

#1224 – Sarıyer SK : Beyaz Martılar

Les mouettes blanches. Intégré au grand Istanbul, Sariyer se situe au nord-est de la capitale turque, sur les bords de la Mer Noire, à l’ouest de l’embouchure du Bosphore, côté européen. Avec ses bâtiments historiques (la forteresse Rumeli Hisarı, le chateau de Rumeli Feneri, le phare de Rumeli, les magnifiques demeures côtières Yalı), ses espaces verts (notamment la forêt de Belgrad se déployant sur quelque 5 500 hectares et le parc de Bentler), les restaurants de poisson (en particulier à Tarabya et Garipçe) et la mer avec ses plages, le district constitue une destination touristique appréciée par les stambouliotes. Mais, comme ville maritime et de pêcheurs, elle est également très « fréquentée » par les mouettes. Pour ses habitants, Sariyer est la patrie de la mouette et il serait habituel de se lever avec le cri des mouettes.

Dans les années 1980, le club de Sariyer jouait dans l’élite turque (de 1982 à 1994) et représentait le quatrième club de la capital. Mais, bien entendu, il souffrait de la comparaison avec les 3 autres ogres stambouliotes (Galatasaray, Fenerbahçe et Beşiktaş). Son dirigeant de l’époque, Maral Öztekin, membre du club depuis sa fondation en 1940, avait pour obsession que Sarıyer bénéficie d’une plus grande couverture médiatique. S’il savait que cela passait par les résultats, il était conscient que les symboles avaient également leur importance. Ainsi, lors de son discours d’ouverture de la saison 1986-1987, il déclarait « Fener’in Kanaryası, BJK’nin Kartalı, GS’nin Aslanı var. Bizim niçin olmasın. Bizim de ‘Beyaz Martı’ olsun. » (Fener a son canari (#373), BJK [Beşiktaş] son aigle (#22), GS [Galatasaray] a son lion. Pourquoi pas nous ? Ayons aussi la Mouette Blanche). Ainsi, la mascotte et le surnom naquirent. La mouette s’est imposée dans la culture du club (L’hymne « Sariyer marsi » (La marche de Sariyer) du chanteur et vice-président du club Ferhat Göçer débute par « Beyaz martıdır göklerde süzülen » (C’est la mouette blanche qui plane dans le ciel)) mais également pour tout le district (la statue d’une mouette blanche de 6 mètres de haut fut érigée en 2019).

#1222 – Helmond Sport : Kattenmeppers

Les tapettes à chats ou les mangeurs de chats (traduction non littérale mais proche dans l’idée). Surnom assez peu flatteur pour ce club mais qui s’attache plus généralement aux habitants de la ville de Helmond et pas seulement à ce club fondé en 1967.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les restrictions et confiscations allemandes limitèrent l’accès à la nourriture pour les populations civiles des pays occupés. En particulier, aux Pays-Bas, les conditions climatiques de l’Hiver 1944-1945, l’opération « Market Garden » et les actes de résistance qui bloquèrent les transports et surtout les représailles allemandes accentuèrent cette pénurie alimentaire. Crise amplifiée par la rupture d’approvisionnement en charbon (ce qui limitait l’usage du chauffage et de la cuisine pour les civils). Cette période connue sous le nom Hongerwinter (L’hiver de la faim) se conclût par la mort de plus de 20 000 civils. Pour pallier le manque de nourriture et limiter la malnutrition, la population se mit à chasser et manger des animaux domestiques, en particulier du chat, et des bulbes de plantes. Le chat, dont le goût de la viande se situerait entre le lapin et le lièvre, fut appelé dakhaas (lièvre de toit), ce qui offrait un bel euphémisme. Le phénomène fut généralisé mais c’est précisément Helmond qui reçut ce surnom, parce qu’il semble que ce soit dans cette cité que l’on consommait le plus de chats.

Outre cette version de la pauvreté, il existe une autre théorie. Durant la période du carnaval, par le passé, les habitants de Helmond participaient à un jeu cruel qui ferait hurler aujourd’hui les défenseurs des animaux, le Katknuppelen. Un chat était enfermé dans un tonneau, puis les fêtards tapaient sur le tonneau jusqu’à son éclatement, libérant la créature apeurée. Celui qui parvenait à l’attraper, était récompensé par de la bière. Dans les pires versions, l’animal pouvait être ensuite placé dans une cage en fer et gardé au-dessus d’un feu jusqu’à ce qu’il meure. Tout cela était considéré comme un divertissement populaire, et pas seulement à Helmond.

#1211 – CA Fénix : el Ave

L’oiseau. A Montevideo, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, les échanges commerciaux du Royaume-Uni avec la capitale uruguayenne étaient nombreux, favorisant l’arrivée des nouvelles modes britanniques, notamment le sport. Le football se répandit ainsi à Montevideo et dans chaque quartier de la capitale émergèrent des clubs de football. Dans celui de Capurro, en 1909, un club vit le jour sous le nom de Guaraní mais il cessa ses activités dès 1913. Le 7 Juillet 1916, des jeunes qui avait connu l’aventure Guaraní décidèrent de fonder un nouveau club pour le quartier de Capurro. Ils le nommèrent Fénix (Phénix en Français) en référence à l’oiseau magique qui renaît de ses cendres, afin de signifier que l’ancien club de Guaraní renaissait au travers de la nouvelle association. L’oiseau apparaît sur le blason du club sous sa forme héraldique, ie de face, tête de profil, ailes étendues, sur son bûcher, appelé « immortalité » .

Cet oiseau mythique au plumage souvent rouge et doué d’une extraordinaire longévité (pas moins de 500 ans) a le pouvoir de renaître de son cadavre ou de ses cendres, après s’être consumé sur un bûcher. Il représente ainsi la mort et la renaissance, la survie de l’âme. Cette immortalité le dote d’un grand pouvoir et il est donc un oiseau respecté. Son apparition peut être annonciateur d’un évènement important. Certes, les flammes le brulent, le tuent mais il s’agit d’un feu de purification et de passion. Ainsi, le phénix est également appelé oiseau de feu. Au final, le phénix représente la cyclicité du monde : le cycle de la vie par sa faculté à naître, vivre et mourir, le cycle solaire en accompagnant le feu du soleil de l’aube au crépuscule et le cycle du temps, tout n’étant qu’un éternel recommencement. Mentionné sous le nom de phénix chez les grecs et les romains, il apparaît également dans de nombreuses autres cultures. Ainsi, dans la mythologie égyptienne, il est l’âme du Dieu soleil, Rê et se nomme Bénou. Dans les croyances kurdes et perses, il s’appelle Simurgh ou Rokh. Dans la culture chinoise, il s’apparente à Fenghuang et pour les japonais à Ho-ou. Chez les juifs, les oiseaux Khôl et Ziz présentent les mêmes caractéristiques. Dans le bouddhisme tibétain, on le retrouve sous le nom de Khyung. Enfin, chez les chrétiens, il est l’un des emblèmes du Christ, mort puis ressuscité.