#1294 – CD Castellón : los Orelluts

Les grandes oreilles, en valencien. Déambulez dans le stade de Castàlia, antre du CD Castellón, et vous entendrez un célèbre chant s’élever des tribunes, « Pam-pam, orellut« , qui constitue une grande partie de l’identité du club de la communauté valencienne. Ce cri de guerre a des origines qui remontent aux années 1920. A cette époque, José Alanga défendait les cages du CD Castellón et ses prouesses effrayaient les équipes adverses. Son frère, qui avait participé à la guerre du Rif (un conflit armé des années 1920 qui opposa les troupes coloniales espagnoles, françaises et marocaines aux tribus berbères de la région du Rif dans le Nord du Maroc), lui avait ramené de son séjour africain un souvenir : un petit éléphant en ébène. José le plaçait en guise d’amulette derrière son but et cet éléphant participa à sa légende. En effet, quand Alanga réalisait un arrêt spectaculaire, les supporters s’exclamaient « Olé, Orellut » ou « Molt bé Orellut ! » (Très bien grandes oreilles !), orellut faisait référence à son animal totem.

L’éléphant d’Afrique n’était pas le seul à avoir des grandes oreilles. Le long de la ligne de touche, un supporteur de Castellón, dénommé Jaime Varella, encourageait avec beaucoup d’enthousiasme son équipe. Il était connu pour deux choses. D’une part, il avait de grandes oreilles. D’autre part, pour exhorter les joueurs, il claquait sèchement dans ses mains deux fois de suite (ce qui faisait un bruit du type « pam pam »). Des fans taquins répondaient en écho à ses claquements « orellut« . Mais, pour ne pas le vexer, ils prétextaient que ces cris s’adressaient à Alanga ou qu’il s’agissait d’une chanson à l’encontre de leur rival, en rajoutant la phrase « el Valencia ha perdut » (Valence a perdu).

En 1939, après la guerre civile, la direction du club fit créer un hymne officiel au compositeur Eduardo Bosch et au parolier de Vicente Andres, avec comme titre « Pam-pam, orellut« . Mais, le titre tomba dans l’oubli jusqu’au début des années 1970. En 1971-1972, le club accéda à la première division et le journaliste sportif Crescencio López del Pozo alias Chencho souhaitait redonner vie au viel hymne. Vicente Andres, seul membre vivant du duo original, participa à la réécriture de la chanson et, le 29 mai 1972, la chanson fut enregistrée. Aujourd’hui, il s’agit d’un hymne emblématique du football espagnol.

#1142 – CA Barracas Central : el Guapo

Le beau gosse. Situé dans le quartier de Barracas à Buenos Aires, ce club possède une longue histoire puisqu’il a été fondé le 5 avril 1904. Il est né la même année que River Plate, Ferro Carril Oeste et Atlanta et un an avant Independiente et Boca Juniors. Entre 1920 et 1930, Barracas jouait dans la catégorie la plus élevée du football argentin. Lorsque le professionnalisme fut établi en 1931, il fit le choix de rester du côté amateur et participa aux tournois de la Fédération Argentine de Football (AFA). En 1932, il obtient la deuxième place du championnat amateur. Mais, les tournois professionnels et amateurs fusionnèrent en 1934 et Barracas rejoignit la deuxième division dont il fut relégué en 1941. Puis, il s’enfonça pendant de nombreuses années dans les profondeurs des ligues argentines. En 2001, Claudio Tapia prit la présidence de ce petit club de quartier qui zonait en 4ème division et qui était couvert de dettes. Après quelques investissements, Barracas Central grimpa de 3 divisions en une décennie et revint jouer parmi l’élite après 87 ans d’absence.

Pour en revenir à la fondation du club, un garçon de 20 ans s’appellant Silvero Ángel Gardella, plus connu sous le sobriquet de Saquito, convainquit les jeunes de son quartier à créer une association de football. Dans la cuisine de sa maison du 2745 de l’avenue Suárez, le rêve prit forme. Pour le nom, les fondateurs hésitèrent entre « Estrella del Sud » , « Estrella de Barracas » et retinrent finalement « Barracas Central del Sud » . Les couleurs du maillot (rouge et blanc) et les rayures s’inspirèrent de celles d’un autre club, Alumni Athletic Club. Le premier espace de jeu fut le terrain vague, propriété du père de Saquito, et la cuisine faisait office de club-house. Né en 1884, Saquito était un homme mince, d’environ 1,70 m, aux cheveux bruns avec une moustache. Son sobriquet indiquait qu’il portait toujours un sac. Il était connu pour être élégant et sa belle apparence donna le surnom de guapo au club.

#454 – PEC Zwolle : Blauwvingers

Les doigts bleus. En 1990, le club néerlandais était au bord de la faillite. Les pertes financières et les mauvais résultats sportifs des dernières années avaient fini d’achever un club qui connut déjà une banqueroute en 1982. La nouvelle direction en charge de sauver le club décida de faire table rase du passé, en changeant le nom du club et ses couleurs. Les relations entre la municipalité et l’ancienne direction ayant été très distendues, le club opta pour les couleurs de la ville (bleu et blanc à la place des couleurs historiques, verte et blanche) pour s’en rapprocher. Le blason évolua aussi en s’inspirant de celui de la ville. En s’identifiant ainsi à la ville, le surnom des habitants de Zwolle déteignit naturellement sur l’équipe.

Pourquoi les habitants de Zwolle ont les doigts bleus ? Différentes versions de l’histoire tournent mais globalement la légende est la suivante. Semble-t-il en 1682, les habitants de la ville de voisine de Kampen étaient riches et achetèrent une cloche à Zwolle, à un prix élevé. Or, cette cloche sonna faux (ou le carillon qui l’accompagnait entonna un air moqueur), ce qui fâcha les habitants de Kampen. Ces derniers décidèrent d’honorer leur dette mais payèrent le prix en petite coupure (en pièce de cuivre du nom de duit). Zwolle reçut donc une montagne de pièce. Zwolle se méfiant de Kampen, ses habitants décidèrent de compter cette énorme somme d’argent. A force de manipuler ces pièces de cuivre, leurs doigts devinrent bleus et ainsi le surnom naquit.

#449 – Atlante FC : Prietitos

Les petits prieto. Prieto est un terme de l’espagnol mexicain (que l’on retrouve aussi en République Dominicaine) qui désigne une personne à la peau sombre. Au début du XXème siècle, lorsque le football s’exporta au Mexique, ce sport était tout d’abord pratiqué par les expatriés anglais puis se propagea dans la bourgeoisie mexicaine via les écoles privées de la capitale (où étudiaient les enfants des expatriés britanniques). Toutefois, à l’image de son développement en Europe, le football se diffusa petit à petit dans toutes les classes de la population, en particulier dans les banlieues populaires. Mais le manque de moyen empêcha aux équipes d’ouvriers de structurer une association officielle. Ce fut le cas pour Trinidad Martínez et un groupe d’amis, employés dans l’usine de chaussures Excelsior, qui se réunissaient régulièrement dès 1916 pour jouer des matchs informels. Il leur fallut attendre 1918 pour enfin officiellement fonder un club de football, du nom de Sinaloa, qui devint en 1921 Atlante. Durant les années 30, Atlante étaient toujours supportés par des personnes aux origines modestes. Or dans la société inégalitaire mexicaine, les membres des classes populaires avaient pour beaucoup la peau matte. Ainsi, Atlante hérita du surnom prietitos. Surtout que les adversaires du club à l’époque était des associations nées au sein de la bourgeoisie (America), parmi les mexicains d’origine hispanique (CF Asturias, Real Club España) ou les colonies européennes (Germania FV) dont les membres avaient naturellement la peau plus claire.

#369 – Coritiba FC : Coxa-Branca

Les cuisses blanches. Au début du XXème siècle, les clubs sportifs brésiliens étaient souvent une association communautaire. A sa fondation en 1909, Coritiba regroupait alors la communauté allemande résidente de la ville de Curitiba. La ville se développa avec l’immigration européenne au XIXème siècle et les allemands furent les premiers à s’installer à Coritiba à partir de 1833. Ils participèrent à l’industrialisation de la ville (sidérurgie, imprimeries), développèrent le commerce, introduisirent des changements dans l’architecture et propagèrent de nouvelles habitudes alimentaires. Aujourd’hui, la colonie allemande est la deuxième plus grande de l’Etat du Paraná.

Au début du siècle dernier, la communauté allemande était donc bien intégrée au sein de la municipalité comme au Brésil de manière générale. Toutefois, lors de la Seconde Guerre Mondiale, le Brésil s’engagea au côté des alliés. Les associations sportives allemandes et italiennes subirent alors la foudre des autorités comme des supporteurs des autres équipes. Par exemple, la Societá Sportiva Palestra Italia, fondé par les immigrants italiens, dut changer de nom pour devenir le Palmeiras. Pour Coritiba, en 1941, lors d’un Atletiba (le derby entre Coritiba et Atlético Paranaense), un joueur adverse, Jofre Cabral e Silva, décida de provoquer Hans Breyer, l’un des meilleurs joueurs de Coritiba. Comme Breyer était né en Allemagne (il vint au Brésil avec sa famille à l’âge de six ans), il lui déclara « Alemão, quinta coluna ! » (Allemand, 5ème colonne). Lorsqu’il se rendit compte que Breyer ne l’écoutait pas, Jofre Cabral e Silva accentua ses moqueries et cria « Coxa-Branca ! Coxa-Branca !« . Il faisait alors référence non pas au maillot blanc de Coritiba mais aux jambes du joueur de Coritiba. Les paroles de Jofre avait en effet un relent raciste puisque les joueurs de Coritiba qui étaient d’ascendance allemande étaient censés avoir une peau plus claire (blanche) que les autres. Malgré la provocation, Coritiba remporta le match 3 buts à 1.

Toutefois, cette comparaison heurta les fans de Coritiba comme la direction du club, particulièrement dans le contexte de la Seconde Guerre Mondiale. Il blessa encore plus Breyer qui préféra arrêter sa carrière en 1944. Jusqu’à la fin des années 60, ce surnom demeura une insulte scandée par les adversaires de Coritiba. Puis, en 1969, lors de la célébration de la conquête du titre de l’Etat, les supporteurs de Coritiba choisirent comme cri de guerre « Coxa, Coxa, Coxa« . En effet, les fans se rendirent compte qu’il n’y avait aucune raison d’avoir honte des origines allemandes du club (la guerre était terminée depuis longtemps et l’influence allemande fut déterminante pour la croissance de la ville). L’expression perdit ainsi son caractère péjoratif, à tel point que les fans chantent aujourd’hui un hymne nommé « Coxa eu te amo ! » (Coxa je t’aime !). Le terme est même apposé sur la pierre tombale de Breyer. 

#283 – Bursaspor : Yeşil Timsahlar

Les crocodiles verts. 2 août 1995, le club de Bursa affrontait le Karlsruher SC en quart de finale de la toute nouvelle Coupe Intertoto. Bursaspor avait réalisait un beau parcours pour y arriver, notamment en terminant premier de son groupe (composé d’équipes telles que Wimbledon). Le club fut éliminé par les allemands au tir au but, après un match nul 3 partout. Durant cette épopée, la nouvelle recrue du club, l’attaquant ougandais, Majid Musisi, marqua 4 buts. Pour célébrer ses réalisations, il embarqua ses coéquipiers dans une chenille à quatre pattes, qui fut décrite comme la marche du crocodile, les joueurs évoluant dans leur maillot vert. Ainsi, naquit le surnom du club qui remplaça le précédent Yeşil İnci (la perle verte).

Le club évolue en vert et en blanc depuis sa fondation. Issu de la fusion de 5 clubs, les fondateurs ne reprirent pas les couleurs de ces 5 clubs et leur choix se porta sur l’image véhiculée par la cité. Tout d’abord, Bursa est surnommé Yeşil Bursa (Bursa la verte), en référence aux nombreux parcs et espaces verts qui jalonnent l’agglomération ainsi qu’aux forêts environnantes. Ainsi, le vert fut retenu. En outre, Bursa se situe au Nord de la montagne Uludağ, dont le sommet enneigé culmine à 2 543 mètres d’altitude, et fait de la ville l’une des stations de ski préféré de la bourgeoisie stambouliote. Le blanc fut donc associé au vert.

#269 – Atlético de Madrid : los Indios

Les indiens. Ce n’est pas la couleur rouge de leur tenue qui les a fait identifié aux peaux rouges. Le surnom a en fait plusieurs explications possibles. Il se pourrait que ce soit les supporteurs du club ennemi du Real Madrid qui donna ce surnom. En effet, l’ancien stade du club, le Vicente Calderón, était situé au bord du Manzanares (un cours d’eau qui longe Madrid sur son côté ouest avant d’aller se jeter dans le Jarama, l’un des affluents du Tage) comme le campement des indiens qui se trouvaient généralement au bord des rivières. En outre, dans l’imaginaire collectifs, les indiens détestaient l’homme blanc (le blanc couleur du rival, le Real Madrid).

Mais une autre histoire fait référence aux signatures par le club de joueurs sud-américains dans les années 1970. Tout commença en 1973 avec le recrutement de 3 internationaux argentins : les défenseurs Ramón Heredia et Rubén Osvaldo Díaz ainsi que l’attaquant Rubén Ayala. Cette communauté argentine fut renforcée par l’arrivée de l’attaquant Rubén Cano en 1976. Puis, 3 brésiliens complétèrent ou remplacèrent ces joueurs (Leivinha en 1975, Dirceu en 1979 et Luís Edmundo Pereira en 1975). Outre venir des Amériques, ces joueurs portaient des cheveux longs (au coeur des années hippies) et/ou avaient le teint mat, ce qui amena des supporteurs de clubs rivaux à appeler les joueurs et supporteurs de l’Atlético Madrid avec mépris, les Indiens. C’était peut-être aussi de la jalousie car pendant les années 1970, l’Atlético enchaina quelques beaux succès (2 championnats, 2 coupes d’Espagne, une finale des Coupes des Clubs Champions et un titre intercontinental). Il faut lire également ce surnom en mirroir de celui gagné à la même époque par les rivaux du Real Madrid, les Vikings (cf #42).

#212 – PFK Lokomotiv Plovdiv : Смърфовете

Les Schtroumpfs. Que viennent faire les petits hommes bleus au bonnet blanc dans le football bulgare ? A force de lire les articles du site, vous allez me répondre « car le club évolue en bleu et blanc ». Je vous rassure j’ai eu la même réaction lorsque je découvrit ce surnom étrange. Sauf que le Lokomotiv Plovdiv évolue avec un maillot noir et blanc et son blason arbore un bicolore noir et rouge. Aucune couleur bleu donc à l’horizon. En réalité, cela remonte à la saison 1991-1992. Le club évoluait avec des maillots sur lesquels il était difficile de distinguer les numéros des joueurs dans le dos. Lors d’une émission, le commentateur de radio Nikolay Galov interrogea l’entraîneur du club Atanas Dramov : « Докога Локомотив ще играе с тези екипи, с които всички футболисти са еднакви и не могат да се различават?! » (Pendant combien de temps le Lokomotiv jouera-t-il avec ces maillots, avec lesquels tous les joueurs sont identiques et ne peuvent pas être différenciés ?!). Dramov répondit : « Ние сме еднакви като Смърфовете и точно като тях, в края винаги побеждаваме лошите ! » (Nous sommes comme les Schtroumpfs, tous identiques, et tout comme eux, à la fin nous battons toujours les méchants !). L’entraîneur fit cette référence aux héros de Peyo car à cette époque, le film d’animation était diffusé à la télévision nationale bulgare et connaissait un certain succès. Galov aima beaucoup cette réponse et l’utilisa alors dans ses commentaires, imposant donc ce surnom.

#191 – Vålerenga IF : Bohemene

Les bohémiens. Beaucoup d’équipes anglo-saxonnes ont été nommées Wanderers ou Bohemians car au début de leurs existences, le club n’avait pas de terrain attitré et errait de stade en stade pour jouer au football. Ce n’est pas le cas du club Norvégien où il est plutôt fait référence à une équipe et à son style de jeu. Au début des années 60, le club d’Oslo intégra une bande de jeunes joueurs, originaire du coin, tels que Einar Bruno Larsen , Terje Hellerud et Leif Eriksen. Sous la houlette du directeur sportif, Helmuth Steffens, et de l’entraîneur autrichien, Anton Ploderer, l’équipe développa un jeu brillant, débridé, offensif. En outre, les joueurs gagnèrent en popularité grâce à leur nonchalance, leurs commentaires spirituels et leur humour. Avec cette équipe, le club connut sa première époque dorée, marquée par le premier titre de champion de Norvège en 1965. Avec la fin de cette génération, le club sombra, en étant d’abord relégué en seconde division en 1968, puis en troisième division en 1970. Cette attitude non-conventionnelle sur et en dehors du terrain, dans un contexte général de montée du « flower power« , donna le surnom de Bohémiens, qui perdure encore aujourd’hui.

#164 – Club Bruges KV : les Gazelles

Ce surnom est surtout utilisé par les francophones. Il fait référence aux premières années du Club, au début du XXème siècle. Après quelques fusions, absorptions, scissions, le club trouva de la stabilité à partir de 1902. Commença alors une période dorée pour le club même s’il fallut attendre près de 20 ans pour remporter le premier titre (Championnat de Belgique en 1920). Jusqu’au début de la première guerre mondiale, le club termina 8 saisons consécutives sur le podium, dont 3 fois fois vice-champion (1906, 1910 et 1911) et 5 fois troisième. Le titre de 1910 lui échappa lors d’un test-match décisif face à l’Union Saint-Gilloise. En 1911, le club échoua d’un point derrière leurs rivaux du Cercle Bruges. Cette équipe qui fit connaître ses premières heures de gloire au Club Bruges était emmené par un trio de joueurs offensifs, Charles Cambier, Hector Goetinck et Robert De Veen. Les 3 joueurs étaient nés à Bruges et les deux premiers furent toujours fidèles au club, jouant même respectivement jusqu’à 41 et 42 ans. Charles Cambier fut considéré comme le meilleur joueur belge d’avant-guerre. Leur renommé dépassa les frontières en portant la tunique des diables rouges. Ces deux joueurs étaient notamment connus pour leur pointe de vitesse et furent surnommés les Gazelles.

La gazelle est l’un des rares animaux à pouvoir rivaliser avec le guépard, l’animal le plus rapide sur terre (en pointe à 120 km/h). En effet, la gazelle cours en moyenne à 80 km/h sur des distances de 20 km. Elle peut faire des pointes à quasiment 100 km/h. Parmi la famille des gazelles, le springbok et l’antilope se distinguent avec des pointes à 110/115 km/h.