#1220 – SC Corinthians : Timão

La grande équipe ou barre (de gouvernail). Deux traductions car il existe deux versions à l’un des surnoms les plus connus de l’équipe de São Paulo. Si vous circulez dans les travées de l’Arena Corinthians, vous entendrez l’explication des supporteurs. En 1933, sous la présidence d’Alfredo Schurig, l’aviron fut intégré dans la palette des sections sportives des Corinthians et, connaissant un certain succès dans les sports nautiques, le club rajouta en 1939 dans son blason une bouée (entourant le cercle central), ainsi qu’une paire d’avirons croisée et une ancre. Avec ces nouveaux attributs marins, la barre de gouvernail comme surnom semble logique. Surtout que les supporteurs voient dans la composition de ces trois attributs, le dessin d’une barre de gouvernail à roue.

Mais, dans le musée du club, la version officielle est tout autre. L’équipe de football des Corinthians connut un âge d’or dans les années 1950 en remportant le championnat paulista par 3 fois (1951, 1952 et 1954) et le tournoi Rio-São Paulo également 3 fois (1950, 1953 et 1954). Elle atteignit même le toit du monde en gagnant la Copa Presidente Marcos Pérez Gimenez (également connue sous le nom de Petite Coupe du Monde) de 1953, avec six victoires en six matchs face notamment à des équipes européennes (Roma et Barça). Seulement, après cette période faste, le club fit face à une longue disette, distancée par ses rivaux de Palmeiras, São Paulo FC et Santos (avec un certain Pelé). Pour tenter de redresser la situation, en 1966, le président Wadih Helu alloua des fonds records au département de football, qui se lança dans d’onéreux transferts. L’équipe intégra le défenseur Ditão et le mileu Nair (en provenance de Portuguesa) et surtout recruta l’ailier star, Garrincha (pour un montant équivalent aujourd’hui à 100 000 dollars américains). Ces joueurs venaient épauler le jeune prometteur Roberto Rivellino. Avec un tel effectif,  la presse fut séduite. Le 2 mars 1966, le journal « A Gazeta Esportiva » titra « Voces vão ver como é Ditão, Nair e Mané » (Vous verrez comment sont Ditão, Nair et Mané – le prénom de Garrincha) en allusion à la chanson de samba de Jackson do Pandeiro, composée en l’honneur de l’équipe brésilienne, championne du monde en 1962 « Vocês vão ver como é, Didi, Garrincha e Pelé » (Vous verrez comment sont Didi, Garrincha et Pelé). Dans la foulée, le même journal commença à traiter l’équipe comme la Timão do Corinthians (la grande équipe des Corinthians).

Mais, alcoolique et gêné par ses problèmes au genou, Garrincha n’était plus que l’ombre de lui-même et finalement, l’équipe de « stars » n’obtint pas les résultats espérés. Le club termina a la seconde place du championnat pauliste et remporta le tournoi Rio-São Paulo. Toutefois, pour ce dernier, Corithians termina à la première place ex-aequo avec Botafogo, Santos et Vasco et aucun départage ne fut effectué pour désigner un unique vainqueur. Après seulement 13 matchs et 2 buts, Garrincha partit et la disette de trophées pour les Corithians se poursuivit jusqu’en 1977. Résultat, face à cet echec, les fans adverses scandaient « Cadê Timão, Cadê Timão » (Où est Timão, où est Timão).

#1207 – Real Potosí : el León Imperial

Le lion impérial. Malgré une jeune histoire, le club ayant vu le jour seulement en 1988, il est devenu la fierté de la ville de Potosí, face à son vieux rival du Nacional (fondé en 1942). Le Real remporta le premier titre de champion de Bolivie pour la ville de Potosí en 2007 et en 2002, le club faisait découvrir pour la première fois la Copa Libertadores aux potosinos. Toutefois, ces exploits ne sont pas à l’origine de son surnom qui provient de l’histoire de Potosí. Le club opta pour le lion comme symbole et mascotte car le roi des animaux représente le pouvoir, la force et la royauté, des valeurs attachée à l’histoire de la ville de Potosí (tout comme le terme impérial utilisé dans le surnom).

La découverte des terres vierges des Amériques au XVème siècle fit naître rapidement des mythes et des légendes vivaces auprès des explorateurs européens en quête de nouvelle richesse. Il y eut Eldorado (de l’espagnol El Dorado qui signifie « le doré ») qui faisait exister de mystérieuses cités regorgeant d’or au Nord du continent sudaméricain. De même, au Sud, il y avait la célèbre légende de la Sierra de Plata (la montagne d’argent), une montagne qui abriterait des tonnes de métaux précieux. Aucun de ces trésors ne fut découvert mais une montagne entretint ces mythes, le Cerro Rico (Montagne riche). Haute de 4 782 mètres, cette montagne renfermait d’importants gisements de minerai d’argent, déjà connus des incas. Les espagnols s’empressèrent de les exploiter et fondèrent au pied de la montagne la ville de Potosí en 1545. L’immense richesse du Cerro Rico et l’exploitation intense des Espagnols furent la source de sa richesse et provoquèrent son incroyable développement. En 1560, quinze ans seulement après sa naissance, sa population atteignait déjà 50 000 habitants. En 1573, Potosí comptait 120 000 habitants, 150 000 en 1611 et 160 000 habitants en 1650, soit plus que de nombreuses villes européennes comme Séville, Paris et Madrid. Entre 1545 et 1600, la moitié de la production mondiale d’argent était extraite des mines de Potosí et la ville battait monnaie pour la couronne espagnole, dont elle faisait la richesse. La renommée et l’opulence de la ville était si grande qu’un dicton espagnol disait « vale un Potosí » (cela vaut un Potosí) pour signifier que quelque chose vaut une fortune.

Dès 1547, Charles 1er, Roi d’Espagne (mieux connu sous le nom de Charles Quint, Empereur du Saint Empire), accorda le statut de ville impériale à Potosí, titre qui fut confirmé et renforcé par un acte du 21 Novembre 1561, dénommé Capitulación de Potosí. Dans ses armes, la ville hérita logiquement d’abord de l’aigle bicéphale du Saint Empire, puis le Roi Philippe II d’Espagne lui ajouta les armoiries de la couronne espagnole, dont les fameux lions de León (il s’agit des armes parlante du Royaume de León, qui joua un rôle de premier plan dans la Reconquista et dans la formation du Royaume d’Espagne). Ils apparaissent encore aujourd’hui sur le drapeau et le blason de Potosí et ne sont certainement pas étrangers au surnom du club de football.

Du fait de la localisation de la ville au pied du Cerro Rico, à 4 000 mètres d’altitude, le surnom du club de football est également León de las Alturas (le lion des hauteurs).

#1199 – Chelsea FC : Chelski

Consonnance russe donnée au nom du club suite à son rachat par l’oligarque Roman Abramovitch. En 2003, le long règne de 20 ans de Ken Bates à la direction de Chelsea prenait fin. Après 10 premières années difficiles où le club avait connu la seconde division, Chelsea avait grandi avec l’avènement de la Premier League dans les années 1990, remportant 2 Coupes d’Angleterre, 1 Coupe de la Ligue et une Coupe de l’UEFA en recrutant quelques stars européennes comme Gianfranco Zola, Ruud Gullit et Gianluca Vialli. Mais, avec le palmarès, la dette avait également augmenté pour atteindre près de 100 millions de livres et Ken Bates n’était pas en mesure de résorber le déficit. Ainsi, Bates conclut en Juin 2003 un accord avec l’homme d’affaires et politique russe Roman Abramovitch pour acheter un peu plus de 50% du capital pour environ 30 millions de livres.

Actionnaire de plusieurs sociétés exploitant les matières premières russes (en particulier Sibneft, l’une des plus grandes compagnies pétrolières), Roman Abramovitch était la 46ème plus riche personne du monde et évidemment proche du pouvoir russe. Son acquisition de Chelsea visait d’un point de vue personnel à s’acheter une honorabilité au Royaume-Uni, principale place financière mondiale, et d’un point plus global à développer le soft power du pouvoir poutinien. A l’époque, cette politique d’actionnaire aux poches profondes et aux visées politiques était encore peu répandue (les Etats de la péninsules arabiques suivront cet exemple quelques années après : en 2008 avec les Emirats Arabes Unis et Manchester City, en 2011 avec la Qatar et Paris et en 2021 avec l’Arabie Saoudite et Newcastle United).

Comme prévu, Abramovitch inonda le club de billets (100 millions de livres pour les transferts + 80 millions pour rembourser des dettes), lui permettant d’être très actifs sur le marché des transferts avec des joueurs étrangers expérimentés (Claude Makélélé, Geremi et Hernán Crespo) et des britanniques prometteurs (Wayne Bridge, Glen Johnson, Joe Cole et Damien Duff). Cette arrivée massive d’argent déplaisant à de nombreux fans de football, les médias créèrent ce surnom pour souligner la transformation de Chelsea en une force majeure du football grâce au soutien financier russe. Il était donc plutôt péjoratif et d’ailleurs s’écrivait souvent Chel$ki. Ceci n’arrêta pas Abramovitch qui poursuivit sa politique dans les 20 ans qui suivirent, avec un certain succès (2 Ligues des Champions entre-autre), et n’offensa pas le club, qui déposit la marque Chelski.

Supportée indirectement par la stratégie expansionniste poutiniène, l’ère Abramovitch s’acheva aussi avec les choix du locataire du Kremlin. Suite à la guerre déclenchée par la Russie à l’encontre de l’Ukraine, les sanctions occidentales frappèrent les oligarques russes, dont Abramovitch qui fut donc contraint de céder le club le 30 mai 2022 au consortium dirigé par Todd Boehly pour de 4,25 milliards de livres.

#1162 – FK Jablonec : Galácticos

Les galactiques. Pour tout fan de football, ce surnom fait remonter de bons souvenirs et le transporte directement dans les années 2000 au cœur de la péninsule ibérique, de la maison blanche. Les Zidane, Figo, Beckham, McManaman, Owen ou Robinho illuminaient le Santiago Bernabéu et les autres enceintes européennes. Mais, là, nous sommes perdus dans la campagne tchèque, au Nord de Prague, avec le club du FK Jablonec qui n’a jamais fait trembler la Tchéquie ou l’Europe.

Pourtant, en 2014, le propriétaire du club, Miroslav Pelta, qui était également le président de la fédération tchèque de football, décida de changer de braquet pour son club, qu’il dirigeait depuis 1991. En effet, la saison précédente fut un échec avec une onzième place en championnat, à seulement cinq points des places relégables. Pelta promit aux supporters « rapidní změny a velké posílení kádru » (des changements rapides et un grand renforcement du staff). Il fit d’abord appel au charismatique entraîneur Jaroslav Šilhavy puis il déclencha une avalanche de transferts, parfois onéreux. Le gardien Vlastimil Hrubý de Znojmo, le défenseur polyvalent Milan Mišůn de Příbram, le défenseur Luděk Pernica du Zbrojovka Brno, le latéral droit espagnol José Antonio Romera du Dukla Prague, le milieu Martin Pospíšil du Sigma Olomouc, le célèbre milieu Tomáš Hübschman du Shakhtar Donetsk, l’ailier turkmène Ruslan Mingazov et l’attaquant Tomáš Jun de l’Austria Vienne rejoignirent ainsi le club, offrant à Šilhavy un effectif de joueurs expérimentés et de jeunes talents. Pelta, dans un élan d’enthousiasme, certainement pour justifier sa politique et séduire ses supporteurs, attribua le surnom de galácticos à son équipe. La première saison fut un succès avec une 3ème place mais rapidement le soufflet retomba, le club retrouvant le ventre mou les années suivantes. Un an et demi après le lancement de cette stratégie, Pelta licencia Šilhavy et transféra plusieurs joueurs de cette époque. Il déclara enfin que l’ère des galácticos était terminé.

#1110 – Everton Viña del Mar : los Ruleteros

Les roulettes. Ce club chilien n’a pas eu le plaisir d’accueillir ZZ venu effectuer quelques roulettes dans son enceinte Estadio Sausalito. Pour autant, il fait parti des principaux clubs du pays, avec 4 titres de champion, et avec un nom évocateur. Car, comme certains autres clubs sud-américains (Liverpool FC en Uruguay, Arsenal Sarandi en Argentine, Barcelona SC en Equateur, CSD Rangers au Chili, CA Torino au Pérou), le vieux continent avec ses institutions sportives constituèrent une source d’inspiration. Tout débuta le 24 juin 1909 quand le club fut porté sur les fonds baptismaux de la ville de Valparaíso par un groupe de jeunes mené par les enfants d’immigrés anglais David et Arturo Foxley, Frank et Hugh Boundy, Percy Holmes, Malcon Fraser et les frères « chiliens de souche » Abelardo et Carlos González. La légende la plus répandue prétend que le nom fut choisit en l’honneur du club de Liverpool qui effectuait alors une tournée en Argentine et en Uruguay. Il se peut d’ailleurs que la famille Foxley qui était le principal moteur du projet était originaire de la ville de la Mersey.

Dans les années 1930, la vie du club fut mouvementée avec par deux fois des arrêts prolongés de l’activité. Une première fois en 1933 car le club s’estima lésé par les décisions prises par la ligue de Valparaíso à son encontre suite à une plainte de son rival, Unión Española de Valparaíso. En 1936, le club reprit son activité mais moins d’un an plus, nouvelle pause en raison de problèmes financiers. Il fallut attendre 1942 pour enfin voir le club renaître. La direction entreprît alors d’importants chantiers pour structurer le club et le préparer au professionnalisme. En premier lieu, le club déménagea dans la ville voisine de Viña del Mar. Ensuite, il agrandit son stade de Sausalito et envisagea d’acheter son siège Viana 161 à Viña del Mar. Pour cela, le club emprunta auprès de ses membres et de ses supporteurs mais également avec le soutien du monde des affaires de la cité, dont le Casino de Viña del Mar, qui sponsorisait le club à hauteur de 0,03% de ses revenus. Ce fort sponsoring du Casino fut à l’origine du surnom.

#1105 – SV Werder Brême : Millionenelf

Le onze du million. Membre fondateur de la Bundesliga, le Werder traversa les années 1960 en connaissant des hauts et des bas, ponctué tout de même d’un titre de champion en 1965. A cette époque, les règles de la Bundesliga plafonnaient le montant des transferts à 100 000 Marks ainsi que le salaire des joueurs. Mais, l’évolution du football conduisit la DBF à abroger ces règles au début des années 1970. Hans Wolff, directeur général du Werder, anticipant ce changement, déclara au conseil d’administration qu’il fallait investir massivement avant sa mise en oeuvre. Le club obtient un prêt de 700 000 Marks de la municipalité et des entrepreneurs locaux s’associèrent à ce projet. A l’aube de la saison 1971-1972, le Werder renforça son équipe en faisant l’acquisition de sept nouveaux joueurs pour un montant total de un million de Mark. Le milieu Willy Neuberger et l’attaquant Werner Weist quittèrent Dortmund pour le Werder et l’attaquant Carsten Baumann revint du VfL Osnabrück. Le Werder attira également Herbert Laumen et Peter Dietrich en provenance du Borussia Mönchengladbach, champion l’année précédente (le club ne parvint pas à se mettre d’accord avec le 3ème membre du trio, Günter Netzer).

Mais, cette stratégie se fit sans concertation avec le staff et sans cohérence sportive, conduisant malheureusement à un échec. 6 entraineurs se succédèrent au fil de la saison et l’équipe termina péniblement à la 11ème place, enregistrant 14 défaites. Après cette épisode, le club évolua dans le ventre mou et évita même de justesse la relégation lors des saisons 1974-1975 et 1975-1976. Finalement, après la saison 1979-1980, le Werder dut se contraindre à rejoindre la seconde division. En outre, cette politique eut un prix. En échange de l’argent de la ville, le Werder abandonna ses couleurs traditionnelles, verte et blanche, contre un maillot rayé rouge et blanc, reprenant les teintes du drapeau de Brême. En outre, l’écusson du club fut remplacé également par le symbole des armoiries de la ville, une clé. Les supporteurs s’hérissèrent de ce choix, surtout lorsque lors d’un derby contre Hambourg, le Werder dut emprunter des maillots à son rival, car ceux du Werder étaient trop ressemblants à ceux du HSV. L’autre prix à payer fut le poids financier de cette politique qui pesa longtemps sur les finances du club.

#1042 – Heartland FC : the Naze Millionaires

Les millionaires de Naze. Après la guerre du Biafra (1963-1970) où une partie du Sud-Est du pays tenta de faire secession, le gouvernement nigérian réforma l’organisation administrative du Sud-Est et créa l’Etat d’Imo. Dans la foulée, ce nouvel état fonda un nouveau club de football (directement détenu donc par le gouvernement de l’Etat d’Imo), dénommé Spartans of Owerri FC. Les premières performances du club furent plutôt limitées mais en 1979, le club parvint à la seconde place de la Ligue Nationale et renouvela cette exploit en 1981. En 1982, les Spartans atteignirent la finale de la WAFU Cup, une compétition continentale équivalent à la Ligue des Champions des clubs d’Afrique de l’Ouest. Malheureusement, à peine 3 ans plus tard, le club connut des difficultés financières conduisant le gouvernement à le céder à l’homme d’affaires et politique Emmanuel Iwuanyanwu, un des hommes les plus riches et puissants du Nigéria.

L’équipe fut renommée Iwuanyanwu Nationale en 1985 et le camp de base fut installé dans la commune de Naze, à 8km de la capitale d’Etat, Owerri. Avec ses importants moyens financiers, Iwuanyanwu transforma considérablement la fortune de l’équipe. Il recruta les meilleurs joueurs du pays (dont certains étaient internationaux nigérians), notamment Thompson Oliha, Uche Okechukwu, Ben Iroha, Etim Esin et Edward Ansah, et leur offrit des voitures (Peugeot 505) et des maisons neuves. Les joueurs étaient traités comme des rois. Le staff comprenait des physiothérapeutes et des médecins. En janvier 1986, il envoya 42 joueurs et 8 officiels pour une tournée d’entrainement de 3 semaines au Brésil. Ces investissements massifs eurent les effets sportifs escomptés. La première saison se conclut par une seconde place au championnat de première division. Puis, la vitrine à trophée se remplit très vite : 4 titres consécutifs de champion du Nigéria (de 1987 à 1990), suivi d’un 5ème titre en 1993. Une coupe nationale compléta ce palmarès en 1988. Avec sa pléiade de stars, l’équipe nigériane constitua aussi une référence au niveau continentale. Iwuanyanwu fut finaliste en 1988 de la Coupe des Clubs Champions Africaine (perdant contre les Algériens de l’Entente Sétif) et atteignit également les demi-finales en 1990 et 1991 respectivement face à Nkana FC (Zambie) et au SC Villa (Ouganda). Ce pouvoir financier fit surnommé l’équipe par la presse les Naze Millionaires.

Si le surnom était justifié pour ce qui fut sans conteste la meilleure équipe nigériane de la fin des années 1980 et du début des années 1990, il apparaît aujourd’hui complétement en décalage. Le 7 février 2006, l’État d’Imo racheta le club et le rebaptisa Heartland FC (Heartland étant le surnom de l’Etat d’Imo). Les bons résultats sportifs se poursuivirent (2 Coupes nationales en 2011 et 2012 et une nouvelle finale de Ligue des Champions en 2009) mais le club fait fasse depuis plusieurs années à un grave manque de fonds. Les retards de salaire (en partie en raison de détournement de fonds des dirigeants) sont récurrents, au point d’avoir atteint 11 mois en 2022 et conduit à une manifestation des joueurs dans la rue. Il est arrivé que le bus des joueurs ne pouvait pas les ramener à leur base après un match à l’extérieur car le club n’avait pas l’argent pour payer l’essence. Autre exemple des déficiences du club : les joueurs se virent équipés d’un kit de mauvaise qualité acheté le matin même d’un match de championnat, (soi-disant car les tenues officielles étaient encore à la laverie) sans marque et sans logo du club, et sur lesquels les noms des joueurs et les numéros de maillot étaient écrits au stylo. Au même moment, les officiels du club et du gouvernement d’Imo s’affichaient en tribune avec de superbes maillots. En 2021, l’équipementier attaqua le club pour non-paiement des tenues fournies. Autant dire qu’aujourd’hui le club n’est plus millionnaire et les moqueurs n’hésitent pas à l’affubler du surnom d’Owerri Thousandnaires (les milliernaires d’Owerri).

#914 – Excelsior Rotterdam : Oud-Papier-Club

Le club des vieux papiers. Ecrasé par Feyenoord, la ville de Rotterdam compte tout de même d’autres clubs de football dont l’Excelsior qui est même une association historique. Excelsior fut fondée le 23 juillet 1902 sous le nom de Rotterdam Football and Athletics Association Excelsior par un groupe d’amis du quartier de Kralingen-Crooswijk. Il était le premier club hollandais de la classe ouvrière et fut longtemps un partenaire du Feyenoord (échanges de joueurs, prêts d’infrastructure et soutien financier), au point d’en être officiellement un club satellite pendant près de 20 ans (1997 à 2015). Même s’il vit dans l’ombre de Feyenoord, Excelsior fut un percusseur dans le domaine financier. Dans les années 1950, lorsque la fédération néerlandaise refusait d’autoriser la rémunération des footballeurs, le président de l’Excelsior, Henk Zon, prit les rênes du mouvement qui mit la pression et permit l’introduction du professionnalisme en 1954. 20 ans plus tard, Excelsior était le premier club à afficher un sponsor maillot de façon dissimulée puisque cela n’était pas licite. En effet, le club apposa un « A » sur le maillot de l’équipe. Cette lettre signifiait soit-disant qu’il s’agissait de l’équipe A (ie l’équipe première), mais en réalité il faisait la publicité de la marque japonaise Akai.

Malgré ces développements, Excelsior était un petit club aux moyens financiers limités et devaient faire preuve d’imagination pour boucler son budget. Cette politique était personnifiée pendant un quart de siècle (de 1952 à 1977) par son président Henk Zon. L’histoire raconte qu’après chaque discours, Henk Zon sortait son chapeau melon pour collecter de l’argent et tout le monde donnait. En outre, en tant que dirigeant de la fédération néerlandaise, il accompagnait régulièrement l’équipe nationale. Après le banquet, il se levait, chantait la chanson du club et récoltait des fonds auprès des participants. Mais son action la plus médiatisée concernait la collecte de vieux papiers. À l’aide d’une vieille camionnette, un groupe de bénévoles partait chaque semaine collecter de vieux papiers. Ces derniers étaient vendus à des usines de recyclage et cela rapportait à Excelsior des milliers de florins. Excelsior transformait donc des vieux papiers en billet de banque. Le président Henk Zon participait souvent personnellement à ses tournées. Une fois, Henk Zon était tombé sur une adresse où des vieux journaux étaient empilés jusqu’au plafond. Il se tourna vers les bénévoles en riant et déclara « Bel Jaap Bontenbal, we kunnen Cruijff kopen ! » (Appelle Jaap Bontenbal [vice-président du club], nous pouvons acheter Cruijff !). Cette politique menée pour des considérations économiques rejoint aujourd’hui les enjeux environnementaux et le club poursuit donc la collecte de vieux papiers. Des conteneurs sont placés sur le parking du stade pour récupérer cet « or » blanc.

#756 – FC Unirea Urziceni : Chelsea par Ialomița

Le Chelsea de Ialomița. Voila un autre club qui pourrait servir d’exemple aux nouveaux riches qui s’imaginent être un grand d’Europe grâce aux subventions de leurs mécènes. Fondé en 1954, l’équipe évolua principalement au 3ème échelon roumain jusqu’en 2002. A cette date, un homme d’affaires, Dumitru Bucșaru, proche du président roumain, Traian Basescu, racheta via sa société Valahorum le club, qui, avec les fonds de son nouveau mécène, commença son ascension dans le football roumain, atteignant en 2006 la première division nationale. Outre cet apport financier, la nomination de l’ancien joueur Dan Petrescu comme entraineur en 2007 favorisa la progression du club. Il amena le club en finale de la Coupe nationale en 2008 puis au titre de Champion en 2009. L’année suivante, en phase de poule de la Ligue des Champions, Urziceni battit les Glasgow Rangers et enregistra deux matchs nuls face aux écossais et au VfB Stuttgart. Dan Petrescu était la pierre angulaire du projet footballistique de Bucșaru, avec le directeur général, Mihai Stoica, également ancien footballeur. Ancien lateral droit, Petrescu joua 5 saisons pour Chelsea et remporta plusieurs titres dont une Coupe des Vainqueurs de Coupes et une Super Coupe d’Europe en 1998 (plus une Coupe d’Angleterre en 1997 et une Coupe de la Ligue en 1998). Il se plaisait tellement dans ce club anglais qu’il prénomma sa fille Chelsea. Résultat, il prit l’initiative de convertir Urziceni au mode de fonctionnement de l’équipe londonienne. Cela passa notamment par le changement d’écusson qui copia fortement celui de Chelsea (ce qui était facilitait par le fait que l’écussion d’Urziceni était déjà bleu et blanc et incorporait un lion comme Chelsea). Et comme le club anglais avec Roman Abramovich, Urziceni connaissait une nouvelle naissance grâce à un mécène ambitieux et généreux. Il n’en fallait pas plus pour surnommer le club de la région de Ialomița le Chelsea de Ialomița. Seulement, ce soutien s’arrêta plus tôt que celui d’Abramovich. En 2010, en raison d’une dette contractée auprès du propriétaire du Steaua, Unirea Urziceni vendit presque toute l’équipe au cours de la première moitié du championnat. Terminant la saison avec des joueurs prêtés par le Steaua et le Dinamo, le club évita de justesse la relégation. La saison suivante, Dumitru Bucșaru renonça à renouveller la licence du club qui fut donc dissout. Dumitru Bucșaru aurait dilapidé une grande partie de sa fortune dans le football (estimée à 80 millions d’euros) mais d’autres avances qu’il piocha allègrement dans le butin du club, constitué lors de la campagne européenne de 2010 (près de 20 millions d’euros) pour renflouer ses piteux projets immobiliers. Il a aujourd’hui disparu de la circulation, avec toutefois la justice au trousse en raison de différents délits financiers. Du côté du football, la municipalité d’Urziceni a relancé une nouvelle structure en 2016.

#746 – FC Dordrecht : de Schapekoppen

Les têtes de mouton. Lorsque le visiteur vient à Dordrecht, il ne peut pas éviter les moutons. Dans les restaurants, il trouvera de la bière Schapenkopje et des biscuits Schapekoppen. Dans les magasins à souvernir, le moindre produits dérivés de la ville reprendra le mouton. Que dire des nouveaux nés qui recevront une peluche en forme de mouton. Dans cet environnement, logique que le blason du club de la ville affiche une tête de mouton. La légende qui explique l’omniprésence de l’ovin dans la ville et qui s’est imposé comme le surnom des habitants de Dordrecht est connue de tout les Pays-Bas. Tout d’abord, Dordrecht, plus vielle commune de Hollande, se situe sur l’île de Dordrecht. Au XVIIème siècle, la cité était prospère, notamment en raison des taxes que la municipalité prélevait sur les marchandises entrantes, y compris le bétail destiné à l’abattage. Comme elle était une ville insulaire accessible que par bateau (le premier pont sera construit en 1872 pour le train), les contrôles et le recouvrement étaient facilités. Mais, les droits d’accises étant exorbitants, les habitants et commerçants cherchaient toujours des stratagèmes pour y échapper. Ainsi, un jour, deux habitants achetèrent un mouton dans les environs de Dordrecht (Alblasserwaard). Sur le chemin vers Dordrecht, ils aperçurent un épouvantail près de Papendrecht et décidèrent de le dépouiller de ses vêtements pour habiller le mouton avec, afin d’éviter les taxes. Pour le faire passer pour un enfant, ils maintenaient l’animal sur ces deux pattes arrières, ces pattes avant s’appuyant sur leurs épaules. Dans la barge, les voyageurs se laissèrent berner tout comme les gardes à la porte de la ville. Soulagés, les deux « contrebandiers » s’imaginaient déjà déguster ce mouton à moindre frais quand l’animal se mit à bêler, ce qui alerta les gardes et stoppa l’évasion fiscale. Selon certaines histoires, si tout le monde fut abusé par cette manoeuvre, un chien ne s’y trompa pas et aboya, ce qui provaqua le bêlement. Pour d’autres, le mouton n’en pouvait plus et bêla de fatigue. Au final, les spectateurs se délectèrent de la scène et répandirent l’histoire en se moquant des habitants de Dordrecht avec ce surnom de schapekoppen. Plusieurs statues de moutons sont érigées dans la ville dont une en acier jaune dénommée schapekoppen de l’artiste Dordtenaar Cor van Gulik représentant les deux contrebandiers entourant le mouton, objet du délit.