#973 – Aston Villa : the Lions

Les lions. L’écusson du club de Birmingham affiche un lion rampant depuis quasiment la création de l’association en 1874. Il s’agit d’un des marqueurs de l’identité des villans. L’animal est un symbole commun en héraldisme et véhicule certaines valeurs de force, de noblesse et de bravoure. Mais, pour Aston Villa, le roi des animaux créait un lien avec la population écossaise qui joua un rôle important dans les premières années de la vie d’Aston Villa.

Le club fut fondé en 1874 par quinze joueurs, principalement de l’équipe de cricket de Villa Wesleyan Chapel, afin de s’occuper pendant les mois d’hiver. Entre 1760 et 1850, les années centrales de la révolution industrielle, Birmingham devint un des plus importants centres industriels et financiers de l’Angleterre. L’industrie métallurgique, textile, chimique, ferroviaire et de construction navale supportèrent le développement de la cité. Naturellement, la croissance de l’activité industrielle nécessita une importante main d’oeuvre. Entre 1800 et 1900, la population de la ville passa d’environ 100 000 personnes à 600 000. Ces ouvriers et ingénieurs venaient des autres contrées de l’Angleterre mais égaiement des autres régions britanniques, principalement de l’Ecosse et de l’Irlande. Ainsi, à la fin du XIXème siècle, une grande communauté écossaise vivait à Birmingham. Elle participa naturellement à la structuration du club comme à former le gros des troupes de supporteurs du club. Les deux principaux acteurs écossais qui menèrent le club au succès furent William McGregor et George Ramsay.

Né dans le Perthshire en 1846, William McGregor déménagea de l’Écosse à Birmingham pour créer une entreprise de draperie en 1870. La présence de trois Écossais dans l’équipe d’Aston Villa éveilla son intérêt pour le club qu’il rejoignit en 1877. En 1881, il devint administrateur du club et le servit pendant près de 20 ans, notamment en tant que président. Né à Glasgow en 1855, Georges Ramsay intégra Aston Villa en 1876. La légende raconte que Georges passait devant une séance d’entraînement de l’équipe lorsqu’il fut invité à venir la compléter pour faire le nombre. Son talent éclata aux yeux des joueurs qui, une fois la session terminée, lui demandèrent de rejoindre le club, et quelques mois plus tard, il en devint le capitaine. En 1882, Ramsay prit sa retraite en raison d’une blessure au genou, et en 1886, il fut nommé entraîneur, le premier professionnel dans le pays. Manager jusqu’en 1926, il forgea l’identité de jeu du club (basée sur des mouvements rapides et des passes courtes tels que les écossais pratiquaient le football) et lui fit connaître son age d’or, avec 6 titres de champion et 6 FA Cups. D’autres écossais occupèrent également des postes sur le terrain ou dans les sphères de direction. Fergus Johnstone fut vice-président pendant que McGregor était président. Son fils, Charles, joua pour Aston Villa et devint plus tard également vice-président dans les années 1920. Né à Peterhead en Ecosse en 1834, George Kynoch fut président d’Aston Villa de 1887 à 1888. Il était également un homme d’affaires local et un député. Enfin, sur le terrain, l’écossais Archie Hunter fut aussi un des maîtres à jouer de l’équipe et son capitaine (après le retrait de Ramsay). Il joua pour le club pendant 12 ans et était une idole des fans. Fiers de ce lien, McGregor et Ramsay en 1878 insistèrent pour que le club ait un blason qui intègre le lion, symbole de l’Ecosse. Ils savaient aussi que l’animal attirerait les écossais de Birmingham dans les travées du stade.

Pour rappel, le lion rampant constitua les armoiries et l’étendard royal d’Ecosse du XIIème siècle (certainement la première fois sous le règne de Guillaume Ier, dit William the Lion) jusqu’à l’unification des couronnes en 1603.

#390 – Burnley FC : Clarets

Les grenats. Burnley évolue dans un maillot bleu et grenat, souvent porté en Angleterre. Membres fondateurs de la Ligue de football, Burnley commença sa vie en tant que club de rugby sous le nom de Burnley Rovers. Voyant d’autres clubs de rugby de la région passés au football (appelé football association à l’époque), les membres de Burnley firent également la conversion en 1882 et changea alors de nom. Ils continuèrent tout de même avec les couleurs des Rovers, bleu et blanc, sous différentes variations, jusqu’en 1891. Une exception en janvier 1889 : les joueurs se présentèrent vêtus de maillots noirs unis lors d’un match contre Derby County en hommage à un joueur du nom de Cropper, décédé des suites de blessures subies en jouant pour le Staveley FC la semaine précédente. Puis de 1891 à 1900, les couleurs changèrent de nombreuses fois (maillot rayé jaune et grenat, maillot rayé noir et jaune, maillot rayé rose et blanc puis intégralement rouge). De 1900 à 1910, le club stabilisa son uniforme en optant pour un maillot intégralement vert et un short blanc. Seulement cette période coïncida avec des années difficiles sur le plan sportif, le club connaissant les affres de la relégation de la première division et demeurant en seconde division pendant toutes cette période.

Pour conjurer le mauvais sort supposément lié à la couleur verte, le comité de direction, poussé par son manager fraichement nommé, John Haworth, prit la décision d’abandonner cette couleur en 1910 au profit des couleurs de l’équipe dominante de l’époque, Aston Villa, alors déjà en bordeau et bleu. Ce changement accompagna effectivement le renouveau de l’équipe. Lors de la saison 1912–13, l’équipe gagna sa promotion en première division et atteignit la demi-finale de FA Cup. Burnley remporta son premier grand titre l’année suivante, en battant Liverpool lors de la finale de la FA Cup (1 but à 0).

Depuis plus de 100 ans, Burnley s’est donc approprié les couleurs d’Aston Villa (et parfois même le design du maillot). Toutefois, à partir de 1935 et jusqu’à la fin de la Second Guerre Mondiale, le club fit une disgression en arborant un maillot blanc et short noir. Selon certaines sources, ce choix s’expliquerait par des raisons économiques, les teintures étant chers à cette époque. A la sortie de la guerre, les supporteurs écrivirent de nombreuses lettres au journal Burnley Express pour réclamer le retour aux couleurs traditionnelles. Ils envoyèrent même des tissus grenats et bleus qui finirent par céder la direction en 1946.

#218 – Aston Villa : the Villans

Parfois orthographié ou énoncé de manière erroné en Villains, le surnom Villans est dérivé du nom du club. Le club est parfois aussi plus simplement surnommé Villa. Pour un club situé à Birmingham, pourquoi les fondateurs ont-ils choisi ce nom ? La légende veut que le club fut fondé en 1874 à la lumière d’un réverbère par 4 joueurs du club de cricket de la chapelle méthodiste Villa Cross Wesleyan Chapel afin de s’occuper pendant l’hiver. Cette chapelle était alors située dans la localité d’Aston, qui à l’époque n’était pas encore absorbée par Birmingham. Dès le XVIIIème, était mentionné un bâtiment du nom d’Aston Villa. Aston a été mentionné pour la première fois dans le Domesday Book en 1086 comme « Estone » (qui signifie la colline de l’Est), où se trouvait un moulin, un prêtre et donc probablement une église, un bois et des terrains agricoles. Il fut un fief de certaines familles nobles, dont les Holtes qui l’ont possédée pendant 400 ans. Villa Cross était à la jonction de 3 routes importantes où aurait été construit un bâtiment, une villa, suffisamment importante pour léguer son nom à ce quartier. L’église méthodiste fut construite en 1865 et 9 ans plus tard donna son nom à un club de football.

Le terme villans apparût au début du XXème siècle et fit, au fil du temps, les belles heures du merchandising du club de Birmingham. En effet, autour de Villa Park ou dans ses travées, vous pouvez quelques fois apercevoir la mascotte Villa Villan (ou Villa Villain), un personnage plutôt espiègle portant une longue cape, un chapeau pointu, un masque (parfois) et une longue moustache. Le rédacteur en chef de l’hebdomadaire sportif de Birmingham « Sports Argus » (publié entre 1897 et 2006), Jack Urry, serait l’inventeur du terme qui s’anima sous le crayon du dessinateur Tom Webster vers 1905. Dans les années 1930, le personnage réapparut dans les cartes produites par Ogdens. La marque de cigarette avait sorti une série de 50 cartes nommée « AFC Nickname » où était présenté un surnom des équipes de l’élite anglaise accompagné d’une illustration. Cette carte précisait que le villain est « an appropriate representation of one of the most formidable teams [with] classical style which is the envy of their rivals » (une représentation appropriée de l’une des plus formidables équipes [avec] un style classique que ses rivaux envient).

#173 – Trabzonspor FT : Bordo-Mavililer

Les bordeaux et bleu. Ce jeu de couleurs n’est pas forcément répandu sauf en Angleterre où Aston Villa, West Ham, Burnley et Scunthorpe United arborent ces étonnantes teintes. Et ce n’est pas le fruit du hasard si le club turc s’inspire de ces clubs pour son maillot.

Trabzon fut l’une des premières villes d’Anatolie à rencontrer le football en raison de sa position qui en faisait le centre névralgique des échanges commerciaux de l’Empire Ottoman en Mer Noire. Au delà des flux de marchandises, la culture des autres régions irriguaient également la cité pontique. et favorisait également les échanges. Réservé au départ aux populations étrangères de la ville, le football s’invita aussi chez les autochtones et en 1911, le premier club de turques fut fondé sous le nom d’İdmanyurdu. S’en suivirent de nombreux autres comme İdmanocağı, İdmangücü, Necmiati, Birlikspor, Karadenizgücü, Doğanspor, Yolspor, Martıspor, Erdoğdu Gençlik. Deux émergèrent et nourrissaient une rivalité acharnée : İdmanocağı et İdmangücü. Les derbys entre les jaune et rouge d’İdmanocağı et les vert et blanc d’İdmangücü animaient la ville et était comparable à celui de Galatasaray-Fenerbahçe.

Plus tard, en pleine structuration du football turc (création du championnat de première division en 1959 et de seconde division en 1963), les autorités du football ainsi que celles de la municipalité poussèrent pour que les différentes « petites » équipes locales réunirent leurs forces pour fonder une nouvelle place forte. Mais, les instances firent face au refus des deux principaux clubs (İdmanocağı et İdmangücü) pour qui ils étaient impensables de s’unir au regard de leur antagonisme. Finalement, les 3 clubs amateurs d’İdmangücü, Karadenizgücü et Martıspor fusionnèrent le 21 juin 1966 pour donner vie à Trabzonspor. Les couleurs initiales étaient le rouge et le blanc. Inquiet de voir son vieil ennemi se renforcer, İdmanocağı déposa une plainte auprès de la justice qui lui donna raison. Trabzonspor première version disparaissait. Après de nombreuses tractations et pressions des autorités, İdmanocağı se joignit à l’initiative et Trabzonspor seconde version naquit définitivement le 2 août 1967.

Selon une version, les moyens étaient alors limités et le club ne disposait pas de jeu de maillots. Les dirigeants du club décidèrent de contacter plusieurs formations anglaises pour obtenir un don de maillot. Aucun ne répondit … sauf Aston Villa qui envoya un jeu de ses maillots. Peut-être que le club de Birmingham se rappela qu’à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, les maillots anglais inspirèrent de nombreux et débutants clubs européens et certains héritèrent de don.

#58 – Derry City FC : Candystripes

Les bonbons. Un doux surnom attaché au maillot rayé rouge et blanc qui rappelle des bonbons … Mais pourquoi ce maillot ? A sa fondation, le club opta pour le célèbre maillot bordeaux et bleu d’Aston Villa. Ses couleurs perdurèrent jusqu’en 1932, lorsque des maillots blancs avec des shorts noirs furent adoptés. Puis, en 1934, le maillot rayé actuel remplaça le blanc, en se basant sur ceux de Sheffield United, en hommage au joueur Billy Gillespie, originaire de la ville voisine de Donegal. 25 fois international irlandais, il joua pour Sheffield United de 1913 à 1932. A la fin de sa carrière à Sheffield, il rejoignit Derry City comme entraineur-joueur et sa renommée était telle que, deux ans après son arrivée, le club accéda à sa demande de changer les maillots du club.

#11 – Aston Villa : Claret and Blue Army

L’armée bordeaux et bleu … une nouvelle référence aux couleurs du club. Le club se chercha longtemps en termes de couleurs. De 1874 à 1878, le premier maillot du club était à rayure horizontale bleu et rouge. Puis, de 1878 et pendant 2 ans, le club se posa avec des maillots unis noirs arborant un lion rouge sur la poitrine. En 1880, les changements de maillot et de couleurs s’accélèrent. Pendant deux ans, le maillot était bordeaux accompagné d’un short blanc. En 1882, le maillot redevint à rayure horizontale, bleu et blanche. Mars 1884, un maillot type blackburn fit son apparition avec deux teintes de vert. La saison suivante (1884-1885), toujours en short blanc, le maillot était un rouge uni tandis que l’année d’après, il fut partagé entre une moitié marron et l’autre corail (bleu clair). De Mai à Octobre 1886, retour des rayures mais cette fois noires et blanches. Enfin, le lundi 8 novembre 1886, il fut proposé et adopté les couleurs chocolat (qui deviendra bordeaux) et bleu. Mais, personne ne connait les motivations du choix de ces couleurs.

Selon l’un des connaisseurs du club, Tony Matthews, la Scottish Connection aurait influencé sur la couleur des maillots. Il faut rappeler qu’au XIXème siècle, Birmingham était une ville en pleine essor industriel. Ce fort développement entraîna une immigration écossaise d’ouvriers et d’hommes d’affaires, dont certains intégrèrent la direction du club, d’autres l’équipe de football et une grande majorité formèrent la masse des supporteurs. Notamment, l’homme d’affaires écossais William McGregor qui fut un membre du conseil d’administration dès 1877 et qui joua un rôle influent dans le club. Il fut notamment celui qui introduit le lion écossais sur le maillot du club en 1878. Résultat, le rouge foncé représenterait les Hearts d’Edimbourg et le bleu royal, les Glasgow Rangers.

John Lerwill, un des historiens du club, préfère retenir une autre hypothèse et pense que ces couleurs sont liées avec la victoire du club en Cup en 1887. Après cette Cup, le club changea de la couleur « chocolat » vers « bordeaux », cette dernière étant plus royale. Ce changement aurait donc voulu marqué la noblesse acquise par le club après cette victoire, qui était la première acquise par un club des Midlands.