#305 – Club Universidad de Chile : el León

Le lion. Drôle de surnom pour ce club qui affiche une chouette sur son blason et dont justement son surnom est la chouette (cf article #26). Dans les années 60, le club argentin d’Estudiantes La Plata domina le football sud-américain et même mondial. Sous la houlette de l’entraîneur Osvaldo Zubeldía, le club argentin mit en place une équipe jeune terriblement douée, dont Carlos Bilardo est le capitaine. Cette équipe brisa d’abord l’hégémonie des 5 grands clubs argentins (River Plate, Boca Juniors, Racing Club, Independiente et San Lorenzo) en remportant le championnat de 1967. Dans la foulée, le club remporta la Copa Libertadores 3 fois de suite (1968, 1969 et 1970), première équipe à réaliser cet exploit. Puis, en 1968, Estudiantes grimpa sur le toit du monde en battant le Manchester United de Georges Best lors de la finale de la Coupe Intercontinentale. L’équipe d’Estudiantes était alors surnommé el Léon (le lion). L’une des légende indique que ce surnom fut hérité du style de jeu de cette équipe qui se battait comme un lion sur le terrain et dont les attaques griffaient ces adversaires. A cette époque, la Universidad vivait aussi une époque dorée mais seulement au niveau national (Champion du Chili en 1962, 1964, 1965, 1967 et 1969). L’équipe jouait un football offensif et technique. Les deux équipes s’affrontèrent et l’équipe chilienne battit Estudiantes. La presse chilienne s’emballa devant ce qu’elle qualifia de démonstration de beau football et surnomma alors la Universidad el león chileno (le lion chilien), en référence au surnom de l’équipe argentine. Aujourd’hui, le lion est devenu la mascotte du club.

#231 – CD Cobreloa : los Naranjas

Les oranges. La couleur des premiers maillots du club était rouge (accompagné d’un short blanc) mais ce choix résultat d’une improvisation pour permettre de jouer un match. Très rapidement, le club mua vers un kit orange. Il existe plusieurs versions pour expliquer ce choix.

Selon l’un des premiers présidents, José Gorrini Sanguinetti, le club opta pour l’orange afin de rendre hommage à l’équipe de football des Pays-Bas. Le club fut créé en 1977 et à cette époque, Cruyff, Rensenbrink, Repp et autre Neeskens faisaient rêver le monde du foot. L’équipe des Pays-Bas était alors surnommé « l’orange mécanique ». Une autre version raconte que l’orange fait référence à la couleur du cuivre et de la société minière Codelco, éléments indissociables de la région de Calama (où réside le club). L’extraction du cuivre est un des piliers de l’économie du pays. Le Chili est en effet le premier producteur de la planète (plus de 30% de la production mondiale) et plus de 5,6 millions de tonnes de cuivre ont été extraits en 2013. L’activité minière représente plus de 50% de ses exportations et près de 20% de son PIB. L’extraction du cuivre s’effectue surtout au nord du pays, dans le désert d’Atacama, et notamment à Chuquicamata, plus grande mine à ciel ouvert du monde, situé à 15 km de Calama. Cette activité est contrôlée par Codelco, société d’État chilienne et plus grande entreprise mondiale d’extraction du cuivre. Or, le football à Calama a toujours été soutenu par Codelco. D’ailleurs, l’entreprise fut largement associée à la création du club, son directeur adjoint, José Gorrini Sanguinetti déclarant que la société Codelco soutiendrait pleinement l’initiative afin de « donner aux travailleurs de l’entreprise un bien-être, via des activités de loisirs et de loisirs sains ». Une autre version avance également une hypothèse liée aux entreprises de la région. En choisissant la couleur orange, le club cherchait à obtenir le soutien financier de la compagnie aérienne Ladeco. Disparue en 1998, Ladeco était la compagnie aérienne dédiée au transport du fret et des passagers des camps miniers du nord et du centre du Chili, principalement ceux appartenant à Codelco. D’autres versions indiquent que la couleur orange fut choisie, sous l’influence de Pierre Kerkhoffs Nijstens, l’un des fondateurs de Cobreloa et qui descendait d’une famille néerlandaise. 

Quelque soit la véritable raison, le choix fut certainement influencé par l’activité minière et son représentant Codelco ainsi que par les Pays-Bas. En tout cas, le club a depuis lors toujours conservé cette couleur.

#188 – Audax Club Sportivo Italiano : Audinos

Ce surnom est évidemment dérivé du nom du club (Audax) et ne veut rien dire. En revanche, Audax a une signification. Le 12 Juin 1897, une douzaine de cycliste italien se lancèrent le défi de partir de Rome au levée du Soleil pour rallier Naples au coucher du Soleil, soit 230 km. Neuf réussirent. Leur tentative fut qualifié d’audacieuse dont la traduction latine est Audax. Aujourd’hui, l’Audax désigne une épreuve de cyclo-tourisme (ou pédestre) de régularité et d’endurance où un parcours doit être réalisé en équipe sur un rythme imposé. Ce type de course connut un certain succès au début du XXème siècle. Henri Desgrange, le fondateur du Tour de France, en fut un promoteur.

En 1910, 3 membres de la communauté italienne résidant au Chili décidèrent de créer une institution presque exclusivement axée sur le cyclisme d’où la référence à Audax dans le nom. Mais au fil des années et de l’augmentation considérable du nombre de membres, elle s’ouvrit à d’autres activités sportives dont le football en 1921. La section football est la dernière survivante aujourd’hui et remporta 4 championnats du Chili. L’écusson du club fait apparaître en son centre une roue de vélo blanche, honorant les origines de l’équipe en tant que club de cyclisme.

#161 – CD Universidad Católica : los Cruzados

Les croisés. Le club est rattaché à l’Université Catholique de Santiago. Pour cette raison, les symboles du club ont été choisis en lien avec la religion. Ainsi, l’écusson du club se présente sous la forme d’un triangle, avec une croix bleu, sur fond blanc avec les initiales du nom du club en rouge. Le blanc symbolise la pureté immaculée, la vertu et la morale tandis que la croix de couleur bleue représente Jésus-Christ et son royaume céleste. Enfin, les initiales en rouge rappelle le sang divin qui rachète l’homme. Naturellement, avec la présence de cette croix, le surnom de croisé vint. En outre, avec cette forme triangulaire, il y a une référence claire aux bannières des chevaliers croisés, guerriers des croisades. D’où le surnom dévie aussi en cruzados caballeros (les chevaliers croisés). En 1988, le club en joua en faisant intervenir un chevalier lors de l’inauguration du stade San Carlos de Apoquindo.

#27 – CSD Colo Colo : el Cacique

El cacique était un titre de chef d’une tribu des Caraïbes ou d’Amérique centrale. Par extension, ce mot a été utilisé par les chroniqueurs espagnols du XVIème siècle, pour d’une manière générale, désigner les souverains des civilisations précolombiennes. Le Colo Colo fut fondé en 1925, après la dissidence de certains joueurs du club de CSD Magallanes. Pour le nom du club, ils décidèrent de prendre le nom d’un célèbre cacique des Mapuches (peuple amérindiens du Chili et d’Argentine), Colo Colo. L’histoire de ce dernier est floue mais on sait qu’il fut l’un des chefs des soulèvements contre les Espagnols. Son aura provient surtout du poème épique d’Alonso de Ercilla y Zúñiga : La Araucana. Grâce à ce poème, Colo-colo est devenu un symbole de sagesse et d’héroïsme pour les Mapuches comme pour l’ensemble des Chiliens.

#26 – Club Universidad de Chile : la Chuncho

La Chuncho est le hibou de Patagonie. Il s’agit du symbole de club, qui apparaît sur le blason. Ce symbole, version chilienne de l’oiseau de Minerve, provient du « Club Náutico Universitario », le club de natation de l’Université, un des clubs fondateurs du CU de Chile. A la fondation du club de natation, un dirigeant distingué, Pablo Ramírez Rodríguez, avocat et l’un des principaux dirigeants sportifs de l’époque, ramena d’un de ses voyages en Allemagne les écussons de plusieurs clubs de sport. Or, certains utilisaient la chouette qu’il attribua alors à son club. Il déclara que « le chuncho de le U symbolise la sagesse, la connaissance mutuelle, l’harmonie entre le corps et l’esprit, aspiration suprême du sport. ». Depuis, l’antiquité la chouette possède une forte charge symbolique. Toutefois, le hibou a une image tantôt négative, tantôt positive, en fonction des époques et des peuples. D’un côté, comme le hibou a une vie nocturne, un cri stridant et peut voir dans l’obscurité, nos ancêtres pensaient qu’il possédait des pouvoirs magiques et était lié à la mort. Le rapace était l’interprète d’Atropos, la Moire qui coupe le fil de la destinée. Pour les Romains, le cri du hibou présageait une mort prochaine. D’ailleurs, le meurtre de César aurait été annoncé par le cri de hiboux. Des peuples amérindiens l’associaient également à la mort et pour les Aztèques, la chouette symbolisait Mictecacihuatl, le dieu de la mort. Enfin, les Romains associèrent le nom de hibou (strix) avec celui des sorcières (striga), réputation de sorcellerie que la religion chrétienne entretint également au Moyen-Âge. D’un autre côté, la chouette était également le compagnon de la déesse de la guerre et de la sagesse, Athéna, dont son attribution était l’intelligence. Les Romains poursuivirent cette tradition avec Minerve. L’oiseau devenait donc associé à la sagesse et à la connaissance. Du fait que la chouette a une vision perçante et nocturne, le philosophe français René Guénon estimait que cette aptitude symbolisait la connaissance rationnelle (perception de la lumière dans la nuit) par opposition à la connaissance intuitive (perception directe via la lumière solaire). Enfin, le philosophe allemand Friedrich Hegel fit de cet oiseau le représentant de la philosophie. Intelligence, sagesse, connaissance, les valeurs défendues par une université comme celle du Chili.