Les héroïques. Ce surnom est avant tout attaché aux habitants de la ville de Carthagène des Indes. Pendant plus de 275 ans, Carthagène était une ville importante de l’Empire Américain Espagnole, notamment en ayant un rôle clé dans l’administration de l’Empire et la traite négrière. Avec l’annexion de l’Espagne par la France au début du XIXème siècle, le sentiment indépendantiste grandit dans l’Empire et Carthagène y joua un rôle essentielle. En 1811, la ville déclara son indépendance et le leader indépendantiste, Simón Bolívar, entama une libération de la Colombie et du Venezuela. Avec le retrait des troupes françaises d’Espagne en 1815, le Roi retrouva des moyens et lança, sous la houlette de Pablo Morillo, une expédition pour rétablir son pouvoir aux Amériques. Le 18 août 1815, Morillo aborda les côtés de la ville de Carthagène et commença le siège de la ville. Jusqu’au 6 décembre de la même année, la ville et ses habitants résistèrent, malgré la faim et les épidémies. A la fin du siège, remporté par les espagnols, 6 000 personnes étaient mortes dans les murs de la ville (sur une population de 20 000) et la ville était quasiment détruite. Carthagène des Indes fut ruinée par le siège et perdit son leadership politique et son rôle de premier plan. Reconquise par les patriotes le 10 octobre 1821, il faudra plus d’un siècle à la ville pour retrouver la population de 1815. À la suite de cet épisode, la ville recevra le titre de Ville héroïque. Depuis, ses habitants sont héroïques.
Étiquette : Colombie
#509 – CD Tolima : los Pijaos
Les Pijaos sont un peuple amérindien, localisé principalement aujourd’hui dans le département colombien du Tolima. Selon le recensement de 2005, le peuple pijao se résume à 58 810 personnes. A l’époque précolombienne, les Pijaos étaient agriculteurs et également des experts en métallurgie, fabriquant des articles en or. Leurs oeuvres étaient reconnus par les autres peuples des régions andines. Les Pijoas n’avaient pas de hiérarchie stricte et ne créèrent pas d’empire. Pour autant, au XVIIème siècle, ils réussirent à s’opposer farouchement à la colonisation espagnole. Selon certaines chroniques, ils auraient cannibalisé jusqu’à 100 000 espagnols en 50 ans environ. Ils furent finalement anéantis sans se rendre. Un véritable génocide fut réalisé, avec conversion forcée au catholicisme et métissage des femmes asservies. Leurs réserves furent par la suite dissoutes au cours du XIXème siècle. Mais, emmené par Manuel Quintin Lame, le peuple Pijao commença la récupération de leur territoire dans les années 1910. D’abord réprimé, ce mouvement obtint gain de cause à la fin des années 1930. Malheureusement, la violence contre les peuples autochtones s’accentua à partir de 1945, aboutissant à la dépossession de la quasi-totalité de leurs terres, à la désintégration sociale et culturelle et à des migrations massives. Résultat, leur culture s’éteint petit à petit, leur langue ayant par exemple disparue dans les années 1950.
#467 – Once Caldas : los Albos
Les blancs, albo provenant du terme latin albus (blanc). Depuis 1961, Once Caldas évolue dans un maillot blanc, une des rares équipes colombiennes à le porter. L’équipe originaire de la ville de Manizales, fut fondée le 15 janvier 1961 après la fusion entre les clubs de « Deportes Caldas » (qui opta pour le vert et jaune) et « Once Deportivo » (qui jouait en rouge et blanc). Pour le nouveau club, la direction choisit un maillot aux rayures verticales blanches, vertes et rouges, reprenant alors celles de la ville de Manizales. Le drapeau de la cité se compose de trois bandes horizontales de largeur égale et de couleurs blanc, vert et rouge. Chef-lieu du département de Caldas, l’économie de Manizales repose sur la culture et la production de café. Résultat, les couleurs de la bannière se rapportent au café. Le blanc rappelle les fleurs du caféier, le vert le feuillage des plantations de café et le rouge la couleur des grains de café mûrs. Seulement, lorsque, le 23 avril 1961, l’équipe affronta l’Atlético Nacional avec ses maillots rayés verts et blancs, Once Caldas dut changer les siens et opta alors pour un kit intégralement blanc. Once Caldas remporta le match 3 buts à 1. Depuis lors, Once Caldas évolue dans cette tenue immaculée, même si parfois elle affiche quelques patchs verts et rouges.
L’autre surnom équivalent est blanco ou blanco blanco.
#425 – Cúcuta Deportivo FC : el Doblemente Glorioso
Le double glorieux. Il y a une histoire dominante pour expliquer ce surnom mais elle comporte quelques curiosités. Il est répandu que pendant la période dorée du football colombien (entre 1949 et 1953), le Deportivo Cali était alors une des meilleurs équipes du pays, qui remporta notamment le championnat trois années consécutives. Pour cet exploit, cette équipe fut alors dénommé el glorioso (l’équipe glorieuse). Lors d’une saison, le Cúcuta Deportivo réussit à battre le Deportivo Cali à l’aller comme au retour. Un journaliste radio déclara après cette double confrontation victorieuse : « Si el Deportivo Cali es el equipo glorioso, entonces el Cúcuta Deportivo es el doblemente glorioso » (si le Deportivi Cali est l’équipe glorieuse, alors le Cúcuta Deportivo est le le double glorieux). Ainsi, cette double victoire contre el glorioso justifia le fait d’être surnommé el doblemente glorioso. Mais, le Deportivo Cali ne connut pas une période faste durant el dorado du football colombien, ne remportant aucun championnat et ne terminant qu’une seule fois vice-champion. Il est donc probable que le Deportivo Cali avait reçu le surnom d’el glorioso lorsqu’il remporta 3 fois de suite le championnat du département de Cali, l’un des championnats régionaux les plus relevés du pays (à une époque où il n’existait pas de championnat national), de 1934 à 1936. Ceci, même si une décennie avant, le club avait réalisé l’exploit d’être 5 fois de suite champion de 1927 à 1931. Malheureusement, ce surnom n’empêcha pas de placer le club en liquidation judiciaire en Décembre 2020. Il est inenvisageable pour les habitants et nombreux supporteurs de la ville de Cúcuta que cette dernière se retrouve sans équipe professionnelle. Une solution sera certainement trouvée.
#374 – Jaguares de Córdoba : los Felinos
Les félins. Ce surnom provient du nom du club qui fait la part belle au jaguar. Le choix de cet animal ne résulte évidement pas du hasard. En effet, le club réside dans la ville de Montería, qui se situe dans le département de Córdoba. Or, la ville comme le département affichent sur leur blason le jaguar. La Colombie et le département de Córdoba constituent une partie de l’aire de répartition du félin, ce qui en fait naturellement un symbole pour la région. Un symbole en réalité ancien. Car, le jaguar était un animal mystique pour la civilisation pré-colombienne des Zenú (ou Sinú) qui vivait dans un territoire correspondant aux actuels départements de Córdoba et de Sucre, entre 450 et 1500 après J.C.. De manière générale, de nombreux peuples préhispaniques (Aztèques, Mayas, Kogi, Muisca, Embera …) avaient une fascination pour ce félin. Tout d’abord, le jaguar, dans son milieu naturel, est le prédateur par excellence, un chasseur précis, le plus fort des carnivores du continent américain. Voyageant librement à travers toutes les zones de son territoire, il représentait le guerrier, le gardien de la lignée et le souverain. D’où, beaucoup se prétendait descendant du jaguar; parfois considéré parmi le premier habitant de la terre. En plus de sa relation symbolique avec la force et le pouvoir, son rugissement rauque, profond et sonore, semblait être la garantie du bien-être du milieu naturel. Il annonçait alors l’arrivée des pluies et, avec elles, une nature luxuriante, des sols fertiles. Enfin, la figure du jaguar était transcendantale et permettait au chaman de faire le lien avec la nature environnante. Ainsi, ce félin représentait souvent dans cette mythologie l’harmonie entre les êtres humains et la nature. Résultat, pour un club avec si peu d’histoire (sa fondation eut lieu en 2012 en reprenant les activités du Sucre FC), se rattacher à un animal endémique de la région, à la symbolique forte et présent dans la mythologie locale, c’était du pain béni pour s’ancrer auprès des supporteurs.
#322 – CDP Junior de Barranquilla : el Tiburón
Le requin. L’équipe colombienne de Junior Barranquilla était connu depuis les années 40/50 comme « los miuras » , un race de taureau apprécié pour participer au corralejas (spectacle de tauromachie des régions caribéennes de Colombie où le taureau n’est pas tué à la fin du combat, cf article #652). Mais, en 1978, un fan du nom de Oscar Borrás décida de se rendre au stade avec un costume de requin en papier mâché, fil de fer et carton. L’inspiration fut simple pour ce supporteur puisqu’il était membre d’un club de natation de la ville qui s’appelait « los Tiburones » . Ce costume fut bien accueillit par les autres supporteurs car le requin n’était pas étranger à la ville de Barranquilla. Cette dernière est située sur la côte de la Mer des Caraïbes et est traversée par le Río Magdalena. Justement, l’embouchure de la rivière Magdalena dans la mer des Caraïbes, appelée « Bocas de Ceniza« , abrite des requins. Par ailleurs, ce nouveau surnom correspondait aussi bien avec la nouvelle période qui s’ouvrit pour le club. Si le surnom de los miuras restait attaché à l’équipe courageuse, forte et multiculturelle des années 50, le requin était plus à l’image de la nouvelle équipe de la fin des années 70, emmenée par des argentins (l’entraineur José Varacka, les joueurs Eduardo Solari, Juan Ramón Verón, Juan Carlos Delmenico et Alfredo Arango) qui prônaient la victoire avant tout. Les résultats suivirent puisque le club décrocha en 77 son premier championnat colombien. Et un autre en 1980.
Avec ce déguisement, Oscar Borrás fut la mascotte non-officielle du club pendant près de 30 ans. Mais, dans les années 2000, la direction prit la décision d’officialiser cette mascotte. Ainsi, un costume gonflable fut fabriqué et un autre supporteur du nom de Willy Evaristo de la Hoz Martínez prit la relève. Cette mascotte fut donc nommée Willy. Ayant des traits plutôt sympas, certainement dans un soucis de marketing pour attirer, séduire les jeunes supporteurs, la mascotte Willy fut pourtant plusieurs fois suspendue en raison de comportements inappropriés (frottement contre la mascotte adverse ou les pom-pom girls, déchirage de maillot adverses …). Un requin reste un requin.
#247 – Independiente Santa Fe : los Cardenales
Les cardinaux. Plusieurs versions se rapportent à ce surnom mais ils font tous référence à la couleur rouge que les maillots du club arborent. Ainsi, ce maillot rappellerait le rouge des habits des cardinaux ou celui du plumage du Cardinal Rouge (sachant que cette oiseau tire son nom de la couleur rouge du plumage du mâle qui rappelle les vêtements rouges des cardinaux). Au final, tout revient aux cardinaux catholiques. Pourquoi le club joue en rouge et blanc ? Là aussi, il existe plusieurs versions. Une chose est sure, lors de son premier match, l’équipe évoluait avec un maillot bleu. Mais, la couleur souffrit au fil des lavages. Le club confectionna un nouvel uniforme en vert pour le remplacer. Mais, ces derniers se délavèrent également. Les supporteurs et l’un des fondateurs du club décidèrent de passer au rouge et blanc en référence au club anglais d’Arsenal. En mai 1942, Santa Fe fut invité à jouer dans la première division de la Ligue de Bogota. Il affronta alors la puissante équipe de l’Université, match auquel le club porta pour la première fois son maillot rouge à manches blanches. Il le remporta 7 buts à 3.
#189 – Deportivo Independiente Medellín : El Poderoso de la Montaña
Le puissant de la montagne. L’origine du surnom n’est pas connue avec exactitude mais il remonte certainement aux années où l’équipe dominait le football colombien amateur. Fondé en 1913, le club est l’un des plus vieux du pays. Avant 1948 et la création de la première division professionnelle, le football colombien était amateur et composé de championnats régionaux puis nationaux. Dès son match inaugural, l’équipe impressionna le public en battant par 11 buts à 0 l’équipe du Sporting (également appelé Los Extranjeros – les étrangers), une équipe de Paisa fondée en 1913 par un groupe de locaux et d’Européens, notamment belges et suisses. Dès sa première année d’existence, l’équipe était respectée par ses rivaux (Antioquia, Unión et Sporting) qui étaient des équipes reconnues et qu’elle avait battu aisément. Le club de Medellín remporta 8 championnats nationaux (1918, 1920, 1922, 1923, 1930, 1936, 1937, 1938) ainsi que 8 championnats régionaux de la Liga Antioqueña (1937, 1938, 1939 1941, 1942, 1943, 1944 et 1945). En 1941, elle sortit même invaincu du championnat régional. En 1924, dans des jeux inter-régionaux, les joueurs de l’Independiente Medellín représentait la quasi-totalité de l’équipe du département d’Antioquia. En 1930, le club fut invitée à un tournoi à Bogota car son équipe était considéré comme étant la meilleure d’Antioquia.
A l’ère du football professionnel, même s’il fut moins dominateur, le club remporta 6 championnats de Colombie (1955 , 1957 , 2002-Clôture , 2004-Ouverture , 2009-Clôture et 2016-Ouverture) et 3 Coupes nationales (1981, 2019, 2020).
Enfin, Medellín est la capital d’Antioquia, un des départements de la Colombie et occupe la vallée encaissée de l’Aburrá. La cité repose sur un sol incliné, entre 1 800 et 1 500 mètres d’altitude et la hauteur officielle est de 1 479 m d’altitude. Un tiers de la région est occupé par des chaînes de montagnes, constituant la partie centrale et occidentale des Andes. Plus 200 sommets importants se détachent dans la région, culminant à des altitudes comprises entre 1 000 et 4 080 m d’altitude. Quand à la cité de Medellín, elle est entourée de plateaux et montagnes qui dépassent les 2 000 m d’altitude. Les principales hauteurs du territoire de Medellín sont l’Alto Padre Amaya (3 100 m d’altitude), l’Alto Patio Bonito (2 750 m d’altitude), l’Alto Boquerón (2 600 m d’altitude), l’Alto Venteadero (2 500 m d’altitude) et l’Alto Las Cruces (2 400 m d’altitude), entre autres.
#165 – CDC Atlético Nacional : el Verde, el Verde y Blanco
Le vert, le vert et blanc. Ces deux couleurs sont celles du club colombien, ayant l’un des plus beaux palmarès du pays. Né en 1947, le club opta pour les couleurs vertes et blanches, celles qui apparaissent sur le drapeau du département d’Antioquia. Le club représente la ville de Medellín, qui est la capital du département d’Antioquia. Ce drapeau remonte à l’indépendance du pays en 1810. Les couleurs choisit faisaient référence à celles de l’Université d’Antioquia, fondée quelques années plus tôt, en 1803. Mais également aux couleurs de la province de Carthagène lorsqu’elle déclara son indépendance de l’Espagne en 1811. Le drapeau est composé de deux bandes horizontales, une blanche en haut et une verte en bas, de largeur égale. Selon la version officielle, la couleur blanche symbolise la pureté, l’intégrité, l’obéissance, l’éloquence et le triomphe. Le blanc rappèle aussi pour le club la couleur de la fleur du Pourpier, une plante endémique de la régio, qui donna également un autre surnom au club. La couleur verte représente les montagnes du département, l’espoir, l’abondance, la foi, le service et le respect. Pour unifier le département, Medellín retiendra également le même drapeau, en rajoutant ses armoiries au centre. D’autres surnom ont dévié de ceux-ci, en particulier el verde de la montaña (le vert de la montagne). Le département d’Antioquia est traversé par deux chaînes de la cordillère des Andes, les chaînes de montagnes occidentale et centrale, qui atteignent plus de 4.000 mètres. Pour cette raison, Medellín est appelée « la capitale de la montagne ». Le club est également surnommé el Verde Paisa, le paisa vert. Paisa est à la fois le nom de la région nord-est de Colombie, englobant plusieurs départements dont celui d’Antioquia, ainsi que les habitants de cette région. Paisa est un apocope du mot espagnol Paisano, qui signifie paysan (la région étant une important aire de production agricole du pays, notamment le café). Dans certains pays d’Amérique du sud (Panamá, Equateur, Venezuela), le terme est un synonyme de Colombien.
#132 – Deportivo Cali : los Azucareros
Les sucriers. Si la ville de Cali est connu pour le trafic de la cocaïne, ce n’est pas la seule poudre blanche à faire sa richesse. En effet, depuis les années, la culture de la canne à sucre et la production de sucre est devenu un des pans importants de l’économie colombienne et en particulier de la vallée de Cauca où se situe Cali. Importé par Sebastián de Belalcázar, conquistador espagnol du XVIème siècle, le secteur du sucre colombien se concentre dans la vallée du Cauca et compte, dans cette région, 225.560 hectares de plantation, qui approvisionnent 13 usines dans la région. La ville de Cali concentre un certain nombre d’usines de confiserie notamment. Ce développement dans la région de Valle de Cauca a été favorisé par le climat local qui permet de planter et récolter de la canne à sucre toute l’année, contrairement aux autres zones de production dans le monde (à l’exception d’Hawaï et du nord du Pérou). Résultat, le rendement est l’un des plus élevé au monde en atteignant 14 tonnes de sucre par hectare et par an. En Colombie, en 2013, 2,12 millions de tonnes de sucre ont été produites à partir de 21,56 millions de tonnes de canne. La production est destinée à 50% pour le marché local et 25% pour l’export (principalement vers le Chili, les îles des Caraïbes, le Pérou, les États-Unis, Haïti, le Mexique et la Bolivie). L’importance de cette culture ne devrait pas disparaître car un nouveau relais a été promu par le Gouvernement avec la production d’éthanol. 387 millions de litres d’éthanol ont été produits en 2013.
