#108 – América Cali : la Mechita

La traduction de ce mot qui relève de l’ « argot » colombien dépend de l’origine de ce surnom. La plus communément admise raconte qu’avant les années quarante (difficile de dater plus précisément cette histoire tant les versions diffèrent), les joueurs arboraient les fameux maillots rouges. Mais, par manque de moyen, ces maillots étaient rarement remplacés et s’usaient au fil du temps. Avant un match, un des joueurs déclara, en regardant les maillots abîmés, une phrase du genre « No tocó ponernos la misma mechita siempre » , ce qui signifie « Nous ne pouvons pas mettre toujours le même haillon ». La mechita designe effectivement un vieux vêtement en laine usé, comme une serpillière. Mais il faut savoir aussi qu’il peut désigner une robe de gala …

Une autre version se réfère au mot espagnol mecha (dont mechita est dérivé) qui signifie la mèche (d’un explosif). En effet, dans les années 80, le club colombien était une place forte du football locale (5 championnats remportés d’affilée) et surtout sud-américain, avec 3 finales consécutives de Copa America (malheureusement sans succès). En 1982 et 1983, América gagna deux championnats avec une défense impénétrable. Mais, dans l’intersaison qui suivi, le manager, Gabriel Ochoa Uribe, souhaita engager absolument le milieu de terrain Willington Ortiz qui était l’une des plus grandes stars du football colombien. Ce transfert allait radicalement changer le caractère et la stratégie de l’équipe car si Ortiz était vieillissant, il était toujours un joueur technique et rusé capable de lancer une attaque rapide et soudaine. Ainsi, le jeu de l’équipe passa d’une défense totale à une attaque rapide, explosive (d’où l’image de la mèche). Grâce à ce changement, le club poursuivit ses conquêtes et sa suprématie.

#91 – Millonarios FC : los Embajadores

Les ambassadeurs. Au début des années 1950, le football colombien connut son age d’or. Sans l’accord de la fédération nationale, les équipes colombiennes se professionnalisaient et, en ouvrant leur capital à leurs fans, accumulaient d’importantes sommes d’argent. Les clubs créèrent alors un championnat professionnel. Exclus par la fédération colombienne et la FIFA, les clubs colombiens vivaient dans l’illégalité et profitèrent de la situation pour piller les clubs des pays d’Amérique du Sud en recrutant leurs joueurs. En effet, sans existence légale, ils pouvaient recruter des joueurs sans verser de compensation à leur club d’origine. Au même moment, en 1948, le championnat argentin connut une grève des joueurs, qui estimaient que la répartition des bénéfices entre les clubs et les joueurs n’était pas assez équitable. Les meilleurs joueurs s’expatrièrent alors en Colombie pour profiter des importants salaires offerts.

Pour Millonarios, tout commença en 1949 avec l’embauche des argentins Carlos Aldabe, en tant qu’entraîneur-joueur, et Adolfo Pedernera. Ambassadeurs du club, les deux argentins convainquirent d’autres compatriotes dont Alfredo Di Stéfano et Néstor Raúl Rossi à les rejoindre et les deux derniers firent leurs débuts le 13 août 1949. Plus tard, l’équipe se renforça avec les arrivées du gardien de but de l’équipe nationale argentine, Julio Cozzi, ainsi que ses compatriotes Hugo Reyes, Antonio Báez, Reinaldo Mourin, Adolfo Jorge Benegas, Felipe Stemberg, Roberto Martinez, Julio Avila et Oscar Contreras. D’autres nationalités vinrent compléter la formation : les uruguayens Raul Pini, Ramon Villaverde, Alcides Aguilera et Víctor Bruno Lattuada, le paraguayen Julio César Ramírez et les péruviens, Alfredo Mosquera, Ismael Soria et Jacinto Villalba. Des européens s’expatrièrent également dans le club de Bogotá dont l’écossais Robert Flawell et l’anglais Billy Higgins.

Avec une telle équipe, la réputation du club grandit et le club remporta de nombreux trophées, dont les premiers du football colombien à l’étranger tels que le Campeonato Bodas de Oro del Real Madrid (tournoi du cinquantenaire du Real Madrid) en 1950 et le Mundialito de Clubes (tournoi mondial des clubs) en 1953. C’était la première équipe colombienne à côtoyer et s’imposer face aux plus grands formations étrangères et elle devenait alors le représentant du paus, son ambassadeur. Finalement, le club était devenu l’une des composantes colombiennes de ce que l’on appelle aujourd’hui le soft power. En 2010, ce rôle fut reconnu par la FIFA qui qualifia Millionarios comme le premier ambassadeur du football colombien.

L’avantage de ce surnom est qu’il permet aussi de faire référence aux premières années d’existence du club. Les joueurs se mettaient au vert avant chaque match à l’hôtel Ambassador de la ville de Bogotá.