#1318 – CS Gloria Bistrița-Năsăud : Echipa lui Dracula

L’équipe de Dracula. Héritière de l’ACF Gloria Bistrița, le club actuel n’est plus qu’une pale copie de son prédécesseur. Ce dernier connaissait ses heures de gloire dans les années 1990 et au début des années 2000, avec une victoire en Coupe de Roumanie en 1994 et une coupe de la Ligue en 2000 ainsi qu’une 3ème place en championnat lors de la saison 2002-2003. Il était même parvenu à tenir tête à l’Atletico Madrid en finale de la Coupe Intertoto en 2007. Le nouveau club, qui démarra ses activités 3 ans après la fin de l’ACF, patauge en 3ème division. Son stade, qui avait accueilli les grands noms du championnat roumain, se délabre. En clair, l’équipe de Dracula ne fait plus peur.

Le célèbre personnage de l’auteur irlandais Bram Stoker marque de son empreinte le pays et en particulier la région de Bistrița. Rappelons que l’oeuvre, de style horreur gothique, publiée en 1897, relate les agissements criminels du vampire Dracula dans son chateau puis en Angleterre. Il sera poursuivi par le célèbre chasseur de vampire, Abraham Van Helsing. De nombreuses fois adaptés au cinéma, Dracula et Van Hesling sont devenus des personnages mythiques dans la culture populaire partout dans le monde.

Si Dracula comme son chateau retiré sont fictifs, ils s’inspirent de l’histoire Roumaine et de l’environnement de la Transylvanie, une région roumaine située à l’intérieur de l’arc des Carpates. Tout d’abord, Dracula ressemblent à deux princes de Valachie du XVème siècle : Vlad III Basarab, dit Țepeș (l’Empaleur) ou Drăculea (fils du Dragon), et son père Vlad II, dit Dracul (le Dragon). Les deux Vlad construisirent leurs légendes de tyrans sanguinaires en exerçant un pouvoir autoritaire et cruel. Puis, au début du XIXème siècle, la littérature s’empara de la Roumanie, et particulièrement de la Transylvanie, pour y narrer des histoires effrayantes ou de vampire (« L’Étranger des Carpathes » de Karl Adolf von Wachsmann, « Capitaine Vampire » de Marie Nizet et « le Château des Carpathes » de Jules Verne). Bram Stoker y situa donc aussi le chateau retiré de Dracula. Précisement non loin de Bistrița. La ville roumaine (citée sous son nom allemand Bistritz dans le roman) était également la dernière étape où séjourna un de ses personnages, le clerc de notaire britannique, Jonathan Harker, avant de rejoindre le chateau de Dracula. Evidemment, la ville exploite aujourd’hui cette imaginaire et nombreuses sont les attractions sur le thème de Dracula. Notamment, un hotel « Coroana de Aur » y a vu le jour il y a une cinquantaine d’années, du nom de l’hotel où résida Jonathan Harker dans le roman.

#1308 – SV Werder Brême : Sphinx des Nordens

Le Sphinx du nord. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, les alliées occupants l’Allemagne firent dissoudre toutes les associations sportives que le régime Nazi avait toléré après leur nettoyage politique du sport allemand. De même, les fédérations et ligues disparurent. Mais, les allemands ne pouvaient rester sans loisirs sportifs et les clubs comme les ligues se reformèrent avec l’aval des autorités alliées. Ainsi, le Werder fut dissous le 10 novembre 1945 mais grâce à la fusion des clubs TV Vorwärts et Freie Schwimmer 1910, interdits à l’époque nazie, le Werder réapparut en Novembre. La même année, les premières ligues régionales élites, celles du Sud et du Sud-Ouest, furent fondées, et deux ans plus tard, celles du Nord et de l’Ouest suivirent. De 1947 à 1963 (date de création de la Bundesliga), le Werder évolua donc dans la « Fußball-Oberliga Nord » au côté notamment de Hambourg SV, FC St. Pauli et Hanovre 96, avec la possibilité de se qualifier pour le tour final du championnat allemand.

Durant ces 16 années, l’Oberliga Nord fut dominé par Hambourg qui la remporta 15 fois. Le Werder ne parvint jamais à la première place de l’Oberliga mais disputa les 16 saisons et obtint la deuxième place au classement cumulé avec 466 matchs joués pour 246 victoires. Ainsi, le Werder était un des grands animateurs du championnat, terminant vice-champion lors des 5 dernières saisons, de 1959 à 1963. Lors des matches face aux cadors de Hambourg ou St. Pauli, l’équipe de Brême s’imposait souvent. En revanche, face à des équipes plus faibles, elle perdait tout aussi régulièrement. Avec ces performances imprévisibles, l’équipe gagna le surnom de Sphinx des Nordens.

Mais, pourquoi le sphinx ? En évoquant le sphinx, l’image de l’immense statue à la tête d’humain et le corps de lion se dressant devant les grandes pyramides du plateau de Gizeh revient. Cette créature légendaire, qui revêtit différentes formes mi-humaine, mi-animal, parfois ailé, s’imposa dans le monde antique. Le terme « sphinx » viendrait du grec ancien Σφίγξ qui signifie « étrangler », lui-même dérivant du sanskrit स्थग, signifiant « dissimulé ». Ce qui corrobore le sens que les égyptiens donnaient à la créature. Placé devant les temples, les sphinx empêchaient le peuple, les non-initiés, de pénétrer dans les sanctuaires et donc d’accéder aux Dieux. Ils perpétraient l’idée que la connaissance des Dieux était entouré de mystères, réservé à des sachants. Au fil des siècles, le sphinx conserva cette imaginaire de mystère. Et, par ces résultats aléatoires, l’équipe de Brême paraissait bien mystérieuse pour ses supporteurs. Quand, de nos jours, le club retombe dans ses travers, ce surnom, un peu poussiéreux, reprend vie.

#1296 – Wellington Phoenix FC : the Nix

Diminutif du nom de la franchise. Après 26 ans d’existence, le championnat australien de football (NSL) s’essoufflait avec le départ croissant des meilleurs joueurs australiens vers des ligues étrangères, un accord de télévision désastreux, le manque d’affluence et la baisse de sponsoring qui en a résulté. Un nouveau championnat fermé, A-League, fut donc lancé en 2004 avec 10 franchises, dont 9 basées dans les principales villes australiennes. Mais, comme la NSL l’avait fait en 1999 en favorisant la fondation des Auckland Kingz, la fédération australienne invita à la création d’une franchise en Nouvelle-Zélande, New Zealand Knights à Auckland. Mais, après deux saisons, cette dernière fut dissoute car les résultats étaient catastrophiques (2 fois derniers, 6 victoires en 42 matchs) et donc les affluences aussi. Toutefois, la A-League et la fédération néo-zélandaise souhaitaient conserver cette présence étrangère et une nouvelle franchise fut donc installée.

Après les échecs de quelques candidatures, Terry Serepisos, un promoteur immobilier de Wellington porta un nouveau projet et apporta les garanties financières nécessaires. Le nouveau club de Wellington fut confirmé le 19 mars 2007. Evidemment, il fallait trouver un nom au nouveau club, élément marketing important dans les franchises des nouveaux marchés. Le propriétaire organisa un concours et plus de 250 noms furent proposés par le public le 23 mars 2007. Le Phoenix ressortit devant les autres dont FC Wellington, Wellington United et Wellington City. La liste fut réduite à 6 et une nouvelle consultation fut lancée dans le journal « Dominion Post ». Parmi les lecteurs, le nom classique « FC Wellington » reçut le plus de soutien, mais parmi les autres cinq noms, plus illustrés, « Phoenix » devança les propositions « Wasps » et « Centurions », tandis que « Thunder » et « Crew » étaient les moins populaires. Les participants avaient une idée, tel que l’écrit l’un d’eux « Follow the lead of the best, stick with a traditional name and let a nickname come from the crowd » (Suivez l’exemple des meilleurs, restez avec un nom traditionnel et laissez un surnom venir de la foule). Seulement, ce n’était peut-être pas satisfaisant pour un propriétaire de franchise qui avait besoin de créer une identité plus rapidement avec le public.

Terry Serepisos retint donc « Phoenix » car « Phoenix took my eye and has stayed with me. It symbolises the fresh start, the rising from the ashes and the incredible Wellington support that has come out » (Phoenix a attiré mon attention et est resté avec moi. Il symbolise le nouveau départ, la renaissance des cendres et l’incroyable soutien de Wellington qui s’est manifesté). Le nom faisait appel à la mythologie, ce qui créait un symbole, une identité connue de tous, et faisait référence à la renaissance du football néozélandais après l’échec de la première franchise. Et comme le dira ultérieurement l’un des membres du groupe de supporteurs, Yellow Fever, « There’s always a feeling of hope around the Phoenix » (il y a toujours le sentiment d’un espoir avec le Phoenix).

#1287 – Wrexham AFC : the Red Dragons

Les dragons rouges. Fondé en 1864, le plus vieux club gallois et l’un des plus anciens professionnels au monde, qui évolue dans les ligues anglaises, cultive sa « gallitude » . A regarder de près son écusson, on y retrouve de nombreux symboles du Pays de Galles, dont les trois plumes blanches émergeant d’une couronne d’or accompagnées de la devise en allemand « Ich dien » (je sers). Surtout, les 3 couleurs du drapeau du Pays de Galles (vert, blanc et rouge) ressortent, avec la créature fantastique qui l’illustre, le dragon rouge. L’écusson du club en affiche deux tenant un ballon de football alors que la bannière nationale n’en comporte un mais qui occupe la place centrale. Le nom du drapeau gallois est Y Ddraig Goch, qui signifie le dragon rouge.

Dans le recueil « Historia Brittonum », rédigé entre le IXème siècle et le XIème siècle, la légende raconte que Gwrtheyrn, chef du petit royaume gallois de Powys, s’enfuyait de ses terres face à l’envahisseur anglo-saxons. Il essaya de construire un château à Dinas Emrys pour consolider sa retraite. Mais, les murs ne cessaient de s’effondrer. On lui révéla que cela était dû à la présence dans la terre de deux dragons : un dragon rouge représentant les gallois-celtes et un dragon blanc représentant les anglo-saxons. Merlin prophétisa alors que les gallois reprendront l’île et repousseront les anglo-saxons vers la mer. Plusieurs autres écrits reprirent plus ou moins cette histoire du dragon rouge : le « Mabinogion » confirmait la couleur rouge du dragon et l’ « Historia regum Britanniae » racontait la légende du Roi Cadwaladr, qui avait un dragon rouge comme étendard et renonça à son trône en 688 en raison d’une prophétie selon laquelle son sacrifice entraînerait une future victoire des gallois sur les anglo-saxons.

L’animal fantastique libérateur devint alors un symbole d’indépendance et ancra le mythe d’un messie qui délivrera la Grande-Bretagne de la domination des saxons. Un certains nombres de chefs gallois reprirent à leur compte ce symbole pour renforcer leur pouvoir et d’ailleurs le terme gallois draig (dragon) fut parfois utilisé pour désigner le chef des gallois. En 1400, Owain Glyndŵr hissa l’étendard du dragon lors de ses révoltes contre l’occupation du Pays de Galles par la couronne anglaise. Pendant la guerre des Deux-Roses qui opposa les maisons d’York et de Lancastre pour le trône d’Angleterre (1455-1487), le mythe du dragon rouge servit la propagande de certains acteurs en se prétendant le messie qui allait restaurer l’authentique lignée antique de Cadwalader et bouter les saxons hors de l’Angleterre. Après la victoire de son fils à Bosworth Field (1485), Henri VII utilisa une bannière avec un dragon rouge sur un fond blanc et vert en entrant dans la Cathédrale de St Paul. Il fonda alors la dynastie des Tudor dont le dragon s’imposa dans son blason. En 1807, le dragon rouge sur une monture verte fut adopté comme insigne royal du Pays de Galles. Puis, le drapeau actuelle fut officiellement reconnu en 1959.

Pour que le surnom s’impose, fallait-il encore que les joueurs de Wrexham évoluent en rouge, ce qui est le cas de manière continue depuis 1939. De sa fondation jusqu’en 1873, l’équipe ne portait pas de maillot uniforme, au grand dam de la presse qui trouvait ces équipements pas soignés. Pour remonter leur côte, le club prit la décision de porter des maillots blancs. En 1876, Wrexham adopta les couleurs écarlate et noire. Après le retour du blanc pendant une saison, à partir de 1886, le bleu et le blanc s’imposa (parfois avec du jaune). En 1904 et pour 21 ans, les joueurs portèrent des chemises intégralement vertes. De 1921 à 1925, un maillot totalement rouge fut utilisé. Au début de la saison 1925-1926, les maillots bleu et blanc revinrent. Et enfin, en 1939, le rouge s’imposa définitivement. En 1967, le blason du club, inspiré vaguement des armoiries de Wrexham (donc sans dragon), fut ajouté aux maillots de l’équipe. Puis, cet écusson fut remplacé en 1975 par un nouveau, s’inspirant cette fois largement de l’iconographie galloise (donc avec le dragon rouge) et qui perdure aujourd’hui.

#1275 – Altınordu FK : Kırmızı Şeytanlar

Les diables rouges. A l’issue de la Première Guerre mondiale, étant dans le camp des vaincus, l’Empire Ottoman s’effondra et le traité de Sèvres répartît le territoire entre les alliés anglais, français, italiens et grecs ainsi qu’à certaines minorités opprimées comme les kurdes et les arméniens. Mustafa Kemal, héros militaire de la guerre malgré la défaite, vit l’occupation étrangère comme une humiliation et organisa la résistance. Il chassa les troupes françaises, grecques et arméniennes des régions occupées, détrôna le Sultan Mehmed VI, le considérant comme un traite à la solde des forces étrangères, et institua la République de Turquie le 29 octobre 1923.

A Izmir, avec l’avènement du nouvel Etat, Karşıyaka (fondé en 1912) et à Altay (fondé en 1914) reprirent leurs activités alors que d’autres profitèrent de cette effervescence pour créer de nouvelles structures comme Altınay (le 25 Juillet 1923) qui devint plus tard İzmirspor après une fusion avec Sakarya (fondé également en 1923). Ainsi, chaque quartier de la ville comptait son club de football à l’exception de celui de Basmane-Tilkilik-Namazgâh. 3 jeunes de cette région, Mustafa Balöz, Hüseyin Yurdakul et Mehmet Hancıoğlu, avec le soutien du Dr Hacı Hasanzade Ethem, convainquirent d’autres de les rejoindre pour créer un club le 26 décembre 1923.

Cette guerre d’indépendance avait exalté le patriotisme des turcs et les membres de ce nouveau club étaient gagnés par ce goût nationaliste. Ainsi, il fallait trouver un nom à la hauteur. Zafer (Victoire), Hilal (Croissant) et Kurtuluş (Libération) vinrent dans les premières propositions sans gagner l’adhésion de tous. Puis, les références historiques s’imposèrent pour fédérer cette nouvelle identité autour de racines communes et une grandeur passée. Ainsi, l’enseignant Mehmet Rıza insista pour Göktürk (un royaume turc s’étendant sur la Mongolie et l’Asie centrale au VIème et VIIème siècle après J.-C.) quand d’autres proposaient Sakatürk (Iakoutes ou Sakha, un peuple turcophone de Sibérie). Finalement, Süleyman Ferit remporta les suffrages avec Altınordu (la Horde d’Or), un empire turco-mongole qui domina une grande partie de l’actuelle Russie, de l’Ukraine, de la Bulgarie danubienne et de l’Asie centrale. Cette tendance nationaliste s’étendit aux couleurs. Le club opta pour le rouge, couleur du sang des martyrs et vétérans, héros de la guerre d’indépendance, et le bleu marine, couleur de l’acier, qui représente la force et la puissance.

#1264 – Venise FC : i Leoni Alati

Les lion ailés. Quand vous voyez sur un monument un lion ailé sculpté en Italie ou dans une ville côtière du bassin méditerranéen orientale, il est fort probable que ce lieu appartenait à la Sérénissime. Car, de 697 à 1797, Venise fut une grande cité indépendante, régnant sur une partie du Nord de l’Italie et du pourtour méditerranéen, et une place incontournable du commerce, où transitaient les échanges depuis les îles britanniques jusqu’aux empires byzantins ou musulmans et les routes de la soie, grâce à sa marine marchande et militaire.

Il existe plusieurs légendes autours du lien entre la cité des Doges et l’évangéliste. Originaire de Judée, l’apôtre Saint Marc se serait rendu à Alexandrie en Égypte, pour en être son évêque, mais face aux nombreuses conversions, il aurait été capturé par des païens et serait mort en martyr un 25 avril vers l’an 68-75. La première histoire évoque Saint Marc, voyageant en bateau d’Aquilée (vers Udine) à Alexandrie en Égypte, et qui fit face à une tempête et dut accoster au Rialto. Le Saint aurait alors trouvé l’hospitalité dans une pauvre cabane de pêcheurs et, dans un rêve, un ange lui serait apparu qui lui aurait prédit : « Sur cet îlot, ô Marc, un jour surgira une grande ville merveilleuse et tu y trouveras ton dernier repos et tu auras la paix » . Une autre légende raconte qu’après son supplice et son décès, le corps de Saint Marc devait être brûlé par les païens mais des averses de grêle et des éclairs les en empêchèrent. Les chrétiens d’Alexandrie récupèrent le corps et l’enterrèrent dans une église. En 828, le cadavre fut volé avec ruse par deux marchands vénitiens, Buono da Malamocco et Rustico da Torcello, et transporté à Venise. La cité construisit alors la célèbre basilique pour accueillir ces reliques.

La représentation traditionnelle de Saint Marc est un lion ailé. En effet, depuis l’Antiquité chrétienne primitive, les quatre évangélistes prennent souvent la forme allégorique du tétramorphe (quatre vivants représentant les quatre évangélistes) : l’homme pour Matthieu, l’aigle pour Jean, le taureau ailé pour Luc et donc le lion ailé pour Marc. Ce symbolisme rappelle le commencement de leurs évangiles. Pour Saint Marc, les premières lignes de son évangile décrive la prédication de Jean le Baptiste dans le désert (« un cri surgit dans le désert »), équivalent à un lion. Ses ailes symbolisent l’élévation spirituelle et demeure également une allusion à la salutation d’un ange à Saint Marc.

Ainsi, Venise reprit cette représentation de son Saint Patron comme symbole de la cité. Outre le lion ailé que l’on peut trouver sur la colonne de la place éponyme, le drapeau de la Sérénissime affichait l’animal biblique, dans des couleurs rouge et or. L’apparition de cette bannière n’est pas connue avec certitude mais, au XIIIème siècle, son utilisation est déjà attestée. Aujourd’hui, il est également un symbole du club de football, qui apparait de manière stylisée sur son écusson.

#1227 – Al Ahly SC : الشياطين الحمر

Les diables rouges. L’histoire du club égyptien débuta en 1907 sur l’initiative de Omar Lotfy alors qu’il présidait le Club des lycéens. Ce dernier avait servi de catalyseur pour le leader nationaliste, Mustafa Kamil, afin d’enflammer les étudiants contre l’occupation britannique, l’Egypte étant sous domination du Royaume-Uni depuis les années 1880. Ainsi, si l’objectif premier de Lofty était d’occuper le temps libre des jeunes avec cette nouvelle association, l’approche politique n’était pas exclue puisque le club apparaissait aussi comme un moyen de réunir des jeunes, de promouvoir l’identité égyptienne et les idéaux nationalistes. Kamil allait donc également exploité ce nouveau club pour poursuivre l’élan nationaliste. Naturellement, les fondateurs dotèrent le club de nombreux attributs nationalistes, notamment ses couleurs. Ils optèrent pour le rouge et blanc, couleurs du drapeau de l’Egypte au début du XXème siècle.

Avant l’occupation britannique, l’Egypte faisait parti de l’Empire Ottoman. Mais, à partir de l’arrivée de Méhémet Ali comme wali (gouverneur d’Égypte) en 1805, l’Egypte gagna de plus en plus d’indépendance vis-à-vis de la Sublime Porte. Mais, Méhémet Ali nourrissait de grandes ambitions et souhaitait déposer la dynastie ottomane afin de s’emparer du trône du sultan. Ainsi, pour se mettre au même niveau que le sultan dans la symbolique, il introduisit un nouveau drapeau, rappelant fortement celui des Ottomans, avec trois croissants et étoiles blancs sur fond rouge. Lors de la révolte de 1919, le drapeau de Méhémet Ali réapparût dans les rangs nationalistes.

Depuis la fondation d’Al Ahly, ces deux teintes ne quittèrent jamais le maillot et l’écusson du club. Le maillot évolua car au départ il comportait des rayures blanches et rouges. Puis, un scapulaire fit son apparition et dans les années 1930, le maillot ressembla à celui d’Arsenal ou de Blackburn. A la fin des années 1940, Al Ahly opta définitivement pour un maillot intégralement rouge, accompagné d’un short blanc. Le rouge (qui rappelle le sang – celui des crimes – et le feu – les flammes de l’enfer) est souvent associé au diable d’où le surnom. La couleur donna également d’autres surnoms comme القلعة الحمراء (château rouge) et المارد الأحمر (génie rouge).

#1211 – CA Fénix : el Ave

L’oiseau. A Montevideo, à la fin du XIXème siècle et au début du XXème siècle, les échanges commerciaux du Royaume-Uni avec la capitale uruguayenne étaient nombreux, favorisant l’arrivée des nouvelles modes britanniques, notamment le sport. Le football se répandit ainsi à Montevideo et dans chaque quartier de la capitale émergèrent des clubs de football. Dans celui de Capurro, en 1909, un club vit le jour sous le nom de Guaraní mais il cessa ses activités dès 1913. Le 7 Juillet 1916, des jeunes qui avait connu l’aventure Guaraní décidèrent de fonder un nouveau club pour le quartier de Capurro. Ils le nommèrent Fénix (Phénix en Français) en référence à l’oiseau magique qui renaît de ses cendres, afin de signifier que l’ancien club de Guaraní renaissait au travers de la nouvelle association. L’oiseau apparaît sur le blason du club sous sa forme héraldique, ie de face, tête de profil, ailes étendues, sur son bûcher, appelé « immortalité » .

Cet oiseau mythique au plumage souvent rouge et doué d’une extraordinaire longévité (pas moins de 500 ans) a le pouvoir de renaître de son cadavre ou de ses cendres, après s’être consumé sur un bûcher. Il représente ainsi la mort et la renaissance, la survie de l’âme. Cette immortalité le dote d’un grand pouvoir et il est donc un oiseau respecté. Son apparition peut être annonciateur d’un évènement important. Certes, les flammes le brulent, le tuent mais il s’agit d’un feu de purification et de passion. Ainsi, le phénix est également appelé oiseau de feu. Au final, le phénix représente la cyclicité du monde : le cycle de la vie par sa faculté à naître, vivre et mourir, le cycle solaire en accompagnant le feu du soleil de l’aube au crépuscule et le cycle du temps, tout n’étant qu’un éternel recommencement. Mentionné sous le nom de phénix chez les grecs et les romains, il apparaît également dans de nombreuses autres cultures. Ainsi, dans la mythologie égyptienne, il est l’âme du Dieu soleil, Rê et se nomme Bénou. Dans les croyances kurdes et perses, il s’appelle Simurgh ou Rokh. Dans la culture chinoise, il s’apparente à Fenghuang et pour les japonais à Ho-ou. Chez les juifs, les oiseaux Khôl et Ziz présentent les mêmes caractéristiques. Dans le bouddhisme tibétain, on le retrouve sous le nom de Khyung. Enfin, chez les chrétiens, il est l’un des emblèmes du Christ, mort puis ressuscité.

#1203 – RAEC Mons : les Dragons

Sur le logo du club, un dragon apparaît mais son style semble peu commun (même si personne n’a jamais observé un dragon) et renvoie plutôt à char de carnaval. Mons est l’une des villes du Nord (Nord de la France et Belgique) qui s’anime à l’époque du carnaval avec des fêtes traditionnelles et des figures folkloriques (des géants ou des dragons). Lors du week-end de la trinité, soit une semaine après la pentecôte ou huitième dimanche après Pâques (donc entre mi-mai et mi-juin), Mons célèbre la Ducasse (ou Doudou, nom de la musique jouée pendant la fête).

La fête s’étire du Samedi au Lundi, jalonnée de plusieurs manifestations scénarisées. Tout commence le Samedi soir, lorsque la Châsse (le coffre contenant les reliques) de Sainte Waudru, considérée comme la fondatrice de la ville, quitte la collégiale qui porte son nom et est confiée au bourgmestre. Le Dimanche, la Châsse déambule dans les rues de la ville, posée sur un immense char d’apparat de près de 2 tonnes datant de 1780 et tiré par 6 robustes chevaux, le Car d’Or, et accompagnée de près 1 500 participants en costumes d’époque représentant les corporations et personnes importantes de la ville, comme les confréries, les paroisses, la famille de la sainte et les personnages liés à sa vie. Puis, la foule en liesse pousse les chevaux pour effectuer la remontée de la rampe qui longe la collégiale. A l’issue de cette remontée commence l’apogée de la ducasse, le Combat dit Lumeçon, qui chorégraphie la lutte de Saint Georges (le bien) contre le dragon (le mal). Descendant de la collégiale, les acteurs du combat, Saint Georges et le dragon, ainsi que 44 personnages folkloriques comme les chins-chins, diables, hommes blancs et hommes de feuilles, cybèle, poliades, pompiers et policiers, rejoignent la Grand Place et se livrent à un rituel précis et parsemé de nombreux éléments symboliques, où, au final, Saint Georges terrasse le dragon. Mu par les Hommes blancs et les Hommes feuilles, le dragon se nomme El’ Biète, mesure environ 10 mètres de long et pèse 180 kilos. Un des objectifs des spectateurs est d’attraper un crin de la queue du Dragon qui est ensuite porté en bracelet comme porte-bonheur. Puis, les festivités se poursuivent jusqu’au Lundi avec des concerts, braderies, jeux …

La procession en l’honneur de la patronne de la ville remonte à 1248. Sa date aurait été fixée au dimanche de la trinité en 1349. La représentation du combat serait apparue au XVème ou XVIème siècle, selon les sources. Puis, elle cessa au XVIIIème avant de revenir au XIXème siècle. La fête reprit de la vigueur dans les années 1930, sous l’impulsion du chanoine Edmond Puissant, qui contribua à la création de nouveaux groupes et au renouvellement des costumes. Enfin, en 1972, pâtissant de nombreux débordements et bagarres, le combat fut réaménagé par Georges Raepers qui travailla sur la scénographie et son aspect ludique. En 2005, la Ducasse de Mons obtint le statut de chefs-d’œuvre du patrimoine oral et immatériel de l’humanité par l’UNESCO.

#1081 – FC Rouen : les Diables Rouges

Fin du XIXème, le football normand se concentrait dans la ville du Havre, avec notamment la présence du doyen, le Havre Athletic Club, et les autres villes ne pouvaient pas laisser perdurer cette hégémonie. Après l’introduction du football vers 1896 à Rouen par un commerçant du nom de Willing, 3 clubs apparurent : US Sottevillaise, US Rouennaise et le FC Rouannais. Mais, pour concurrencer les autres équipes de la région, ces 3 clubs unirent leurs forces et le 10 juillet 1899, le FC Rouennais naquit officiellement. Il semble que le club évolua en rouge dès sa fondation et vers 1909, à l’initiative d’un journaliste local, Charles Hangard, l’équipe gagna alors le surnom de « diables rouges ». A cette époque, le club rouannais commençait à émerger sur la scène régionale. En 1910, l’équipe parvint même à obtenir son premier titre de Champion de Haute-Normandie aux dépends du redouté HAC.

La couleur rouge du maillot s’inspire vraisemblablement des armoiries de la ville de Rouen. Elles se décrivent ainsi : De gueules (rouge) à l’agneau pascal d’argent (blanc), la tête nimbée et contournée, portant une bannerette du même chargée d’une croisette d’or, au chef cousu d’azur (bleu) semé de trois fleurs de lys d’or. La partie principale se compose donc d’un agneau pascal sur fond rouge. L’agneau est le symbole du Christ (dès le XIIème siècle, Rouen fut un centre religieux important. A la fin du Moyen Âge, elle comptait près de trente églises paroissiales et quinze communautés religieuses. Elle accueillait un archevêché et un chapitre cathédrale qui étaient parmi les plus riches de France, le diocèse s’étendant sur 1 300 paroisses. La ville gagna le surnom « ville aux cent clochers ») et représente aussi la puissante corporation des drapiers (de par sa position géographique et son ancienne appartenance à la couronne d’Angleterre, Rouen fut un centre économique important faisant le lien entre l’Angleterre et l’Europe du Sud. Au Moyen Âge, les drapiers comme les autres métiers liés (laneurs, teinturiers) firent la richesse de la ville pendant 7 siècles à compter du XIIIème, en achetant la laine en Angleterre et en vendant dans les foires de Champagne et à Paris leur production renommée de tissus et draps. Leur confrérie était la plus puissante et riche de la ville).

Ces armoiries s’installèrent comme celles de la cité de Rouen à compter du XIVème siècle de façon certaine. Le rouge pourrait venir des armoiries de l’important Duché de Normandie (De gueules à deux léopards d’or) car avant l’apparition du blason décrit précédemment, il semble que Rouen adopta les armes de la Normandie. Si au départ, les léopards (ou des lions) sur fond bleu puis rouge étaient attachées à la personne du Duc de Normandie Geoffroy Plantagenêt qu’il transmit à sa descendance (Henri II Plantagenêt, Richard Cœur de Lion), elles s’ancrèrent comme celles de la Normandie vraisemblablement au cours du XIIIème siècle. Puis donc à Rouen.