#1097 – CA Paranaense : Furacão

L’ouragan. Le club de l’Etat du Paraná, basé dans la ville de Curitiba, naquit le 26 Mars 1924 par la fusion de l’International Football Club et de l’América Futebol Clube. Il gagna ce surnom avec sa formidable équipe de la saison 1949. Sous le commandement de l’entraineur Rui Santos, également connu sous le nom de Motorzinho, elle était composée en partie de joueurs formés au club. Les gardiens Caju (international brésilien qui fut le joueur qui disputa le plus de match sous le maillot Paranaense) et Laio, les défenseurs Délcio et Waldomiro et les milieux Waldir, Wilson et Sanguinetti constituaient son épine dorsale. Surtout son jeu offensif innovant et explosif reposa sur les 5 milieux offensifs et attaquants Viana, Rui, Neno, Jackson (le numéro 10 qui marqua 143 buts pour le club) et Cireno (le goléador au 114 buts pour le club).

La saison débuta notamment par un match amical face à Fluminense, une des équipes fortes au Brésil à cette époque, que l’équipe de Curitiba remporta sur le score fleuve de 5-2. Match prémonitoire puisque le Paranaense allait imposé, lors de cette saison, son rythme et sa domination sur le championnat d’Etat. Sur les 12 matchs de la compétition, Paranaense en gagna 11 d’affilé avant de perdre l’ultime rencontre. Il fut donc champion d’Etat (son 9ème titre de l’Etat à l’époque). L’attaque de feu parla en marquant 49 buts au total (soit un moyenne de 4 buts par match), Neno terminant meilleur buteur de l’équipe avec 18 buts marqués en 12 matchs. Dans cette avalanche de buts, Paranaense en passa 8 à son grand rival de Coritiba (sur l’aller-retour) et 7 en un seul match à Água Verde. La défense n’encaissa que 17 buts, contribuant au surnom Fortaleza Voadora (la forteresse volante) attribué au gardien Laio.

La presse locale était impressionnée par les performances de l’équipe qui balayait ses adversaires à coups de grosses raclées. Au bout du 5ème match, suite à une nouvelle large victoire (5-1 face à Britânia), le 20 juin 1949, le journal « Desportos Ilustrados » titra en une et en caractères gras « O Furacão Levou o Tigre » (la fureur prend le tigre – surnom du Britânia). Ce surnom reflétait bien la manière impitoyable avec laquelle l’équipe battait ses adversaires. Selon les chroniqueurs sportifs, ce fut l’une des meilleures formations du club à travers son histoire.

#1085 – Cowdenbeath FC : the Blue Brazil

Le Brésil bleu. Dans le Nord des Îles Britanniques, avec ses terres arables arrosées par une pluie fine et grevées par les anciennes veines des mines de Charbon, Cowdenbeath ne présente guère le paysage brésilien verdoyant et chaleureux de l’imaginaire populaire. Pourtant, l’équipe locale, dont le palmarès demeure famélique malgré 142 ans d’existence, a gagné ce surnom. L’origine exacte est méconnue et donc plusieurs légendes existent autour du surnom.

La plus simple se rattache à la couleur des maillots de Cowdenbeath. Fondé en 1882 par la fusion de deux clubs, Cowdenbeath Rangers et Raith Rovers, le première kit enregistré du club se composaient de maillots rayés rouges, blancs et bleus, de shorts bleus et de chaussettes rouges ou bleues. Les couleurs originelles de l’équipe furent abandonnées en 1911 pour des maillots bleus et shorts blancs, couleurs que le club porte encore aujourd’hui. Ces dernières semblent éloignées du maillot traditionnelle de la Seleção, jaune et vert. Mais, avant qu’elle ne soit identifiée à ses couleurs, la Seleção évoluait principalement en blanc jusqu’en 1950. Toutefois, le 5 Juin 1938, le Brésil affrontait la Pologne au premier tour de la Coupe du Monde. Les deux équipes évoluant en blanc, un tirage au sort eut lieu et le perdant, le Brésil dut changer d’uniforme. L’équipe trouva en urgence qu’un kit intégralement bleu. Juste après la rencontre, le Brésil réadopta son maillot blanc jusqu’à la finale perdue de la Coupe du Monde 1950. Ce drame national conduisit à changer de maillot et après un appel à candidature, le maillot jaune à parement vert avec un short bleu et rayure blanche apparut. Temporairement utilisé entre 1950 et 1954 comme kit principal, le maillot bleu s’imposa par la suite comme version alternative à la tunique jaune. Avec des couleurs similaires à certaines époques entre Cowdenbeath et l’équipe nationale brésilienne, cela pourrait constituer l’origine du surnom.

Les esprits taquins avancent une autre théorie remontant aux débuts des années 1980. Survivant dans les eaux troubles de la 3ème et 4ème division écossaise, le club connaissait une situation financière fragile et la vente régulière de ses meilleurs joueurs constituait la seule stratégie pour équilibrer ses comptes. A la même période, la situation des finances publiques brésilienne n’était pas plus florissante. En 1982, la défaillance du Mexique entraina une hausse des taux d’intérêt et plongea les autres pays en développement, dont le Brésil, dans la crise de la dette. En manque de financement extérieur, le Brésil fut forcé de restreindre ses dépenses publiques et de déprécier fortement sa monnaie. Résultat, les finances de l’Etat Brésilien, lourdement endetté auprès de créanciers étrangers, se dégradèrent fortement et l’hyperinflation fit son apparition. S’en suivit une décennie perdue pour l’économie.

Enfin, la dernière version, même si elle est une fable, mérite d’être racontée. Elle rapporte qu’un trio de joueurs brésiliens jouèrent (ou plutôt se perdirent) du côté de Cowdenbeath. A la fin du XIXème siècle, la région de Fife, et en particulier la cité de Cowdenbeath, était toute tournée vers l’exploitation de mines de charbon. Les mineurs percevaient une rémunération en fonction de leur production quotidienne. Poussés à augmenter les rendements pour gagner un salaire décent, certains mineurs creusèrent si loin leur veine qu’ils atteignirent la surface. Etonnés par les vêtements des personnes rencontrées, les mineurs s’imaginèrent avoir atteint Édimbourg. Mais, ne comprenant par la langue des habitants, ils découvrirent qu’ils avaient creusé jusqu’au Brésil. De cette expédition, les mineurs, dont certains évoluaient dans les rangs de Cowdenbeath, ramenèrent trois jeunes brésiliens amateurs de football. Ces 3 joueurs furent intégrés dans l’équipe lors d’un match contre les rivaux de Dunfermline. Surpris par la couleur de peau plutôt mat de ces 3 joueurs, l’arbitre interrogea le capitaine de Cowdenbeath qui lui répondit qu’il s’agissait de 3 mineurs qui venaient à peine de sortir de la mine et n’avaient pas eu le temps de prendre une douche. Cowdenbeath écrasa Dumfermline 11 buts à 1 et les 3 joueurs, qui préfèrent, vu le climat, retourner dans leur pays, laissèrent un souvenir impérissable et un joli surnom.

#1079 – CD Irapuato : la Trinca Fresera, los Freseros

Le trio fraise, les fraises. Lorsqu’en 2021 les autorités du football mexicain fermèrent les portes de la Liga de Expansión MX au nez du club bien qu’il eut remporté la Serie A de l’Etat de Mexico, CD Irapuato faillit ne jamais s’en remettre. Mais, après deux ans sans terrain et équipe, il revit le jour en 2023 avec de nouveaux propriétaires. Il ne pouvait en être autrement pour un club historique malgré un faible palmarès. Même s’il fut fondé sous son nom en 1948, par la fusion de plusieurs entités sportives de la cité d’Irapuato, les origines du club remonte à 1911.

Evidemment que la couleur rouge des maillots amena au surnom lié au fruit rouge. Néanmoins, impossible de dire lequel à influencer l’autre. En effet, l’histoire de la fraise à Irapuato débuta au milieu du XIXème siècle quand Nicolás de Tejada, alors chef du district d’Irapuato, ramena de France la célèbre plante. En 1852, il acheta un terrain vers Carrizalito où furent enregistrées les premières plantations de fraises (avec seulement 24 plants au départ). Puis, l’Allemand Oscar Droege forma les agriculteurs aux techniques de production de la plante. Avec l’arrivée du chemin de fer, la production s’intensifia et en 1883, la fraise d’Irapuato s’exportait vers le Texas, le Nouveau-Mexique et à Laredo. En 1900, la première entreprise de confiture et de fraises confites, du nom de Fresva, vit le jour. Avec le temps, la fraise prit une place centrale dans l’économie de la ville et avec l’importance et la bonne qualité de sa production, Irapuato gagna le surnom de Capitale mondiale de la fraise au XXème siècle. Aujourd’hui, plus de 1 200 hectares sont dédiés à cette culture, donnant une production d’environ 80 000 tonnes à l’année. 60% est exporté. Ce pan de l’économie locale génère 22 000 emplois et plus de 8 000 emplois dans le secteur agro-alimentaire. Evidemment, la vie culturelle de la cité tourne autours de la fraise avec notamment un grand festival organisé en été (Festival de la Fresa) qui attire plus de 5 000 personnes. La gastronomie locale aussi s’inspire du fruit rouge avec les Fresas con crema (fraises à la crème) et les Fresas cristalizadas (fraises confites).

Le trio, lui, naquit en 1949. Malgré sa relative jeunesse (le club n’était pas encore professionnel), le club fut invité à un tournoi à Mexico qui regroupait les brésilien du Vasco da Gama, le FC Léon et les Reboceros de La Piedad. A cette époque, Vasco da Gama produisait un des plus beaux football du continent sud-américain avec une équipe connue sous le surnom de Expresso da Vitória (Express vers la victoire) et disposait d’une ligne d’attaque de feu, connue sous le nom de la trinca infernal (le trio infernal). A noter que si le Vasco avait effectivement une magnifique attaque, ce surnom de trinca infernal ne semble pas avoir été utilisé à l’époque. D’ailleurs, elle ne se limitait pas à 3 joueurs offensifs puisque la tactique reposait sur un 4-2-4. On comptait alors comme force offensive en 1949 Ademir de Menezes, Heleno de Freitas, Ipojucan, Maneca, Francisco Aramburu dit Chico et Friaça. Toutefois, la légende raconte que le commentateur Agustín González, connu sous le nom de Escopeta (fusil de chasse), assista à la rencontre entre Irapuata et La Piedad, qui fut un sublime match. Alors qu’il rédigeait la chronique du duel entre León et Vasco da Gama, il déclara « ¡Si el Vazco da Gama tiene una Trinca Infernal, el Irapuato es la Trinca fresera! » (Si Vasco da Gama a un trio infernal, Irapuata a un trinca fraise). Toutefois, comme vous l’avez noté, il semblerait que cette histoire repose sur un trinca qui n’aurait pas existé. D’où, une version marginale avance que si Agustín González serait toujours à son origine, il l’aurait en revanche donné suite à un affrontement contre Querétaro au stade de la Revolución en 1950. Il déclarait « hoy he visto nacer a La Trinca Fresera del Irapuato, que bonito Juegané » (aujourd’hui j’au vu naître la Trinca Fresea d’Irapuato, qu’ils jouent bien).

#1044 – RC Bafoussam : Tout-Puissant de l’Ouest

3ème ville du Cameroun, Bafoussam put compter sur le Racing pour défendre les couleurs de l’Ouest du Pays face aux clubs de la capitale politique (Yaoundé) et de la capitale économique (Douala). Le club fut fondé en 1959 par la fusion de deux associations dénommées Lynx (représentant de la mission catholique) et Diamant (représentant de la mission protestante). Mais, ce ne fut pas ce double patronage chrétien qui donna pour surnom une comparaison avec le Dieu de ces religions.

Le club fut ainsi surnommé en raison d’un exploit qu’il réalisa dans les années 1960. En effet, l’équipe, qui évoluait déjà en première division camerounaise, parvint à finir la saison invaincue. Mais, l’exploit fut vain car le club termina à la seconde place. Selon certaines sources, cette saison incroyable se déroula en 1965 et ce fut l’Oryx de Douala qui remporta le titre.

Le Racing ne fit pas honte par la suite à son surnom. Le club connut son apogée au début des années 1990, en gagnant 4 championnats du Cameroun (1989, 1992, 1993, 1995) ainsi qu’une Coupe du Cameroun (1996 ainsi que 2 autres finales perdues en 1988 et 1991). Pour l’Ouest, il est sans conteste le plus puissant.

#1042 – Heartland FC : the Naze Millionaires

Les millionaires de Naze. Après la guerre du Biafra (1963-1970) où une partie du Sud-Est du pays tenta de faire secession, le gouvernement nigérian réforma l’organisation administrative du Sud-Est et créa l’Etat d’Imo. Dans la foulée, ce nouvel état fonda un nouveau club de football (directement détenu donc par le gouvernement de l’Etat d’Imo), dénommé Spartans of Owerri FC. Les premières performances du club furent plutôt limitées mais en 1979, le club parvint à la seconde place de la Ligue Nationale et renouvela cette exploit en 1981. En 1982, les Spartans atteignirent la finale de la WAFU Cup, une compétition continentale équivalent à la Ligue des Champions des clubs d’Afrique de l’Ouest. Malheureusement, à peine 3 ans plus tard, le club connut des difficultés financières conduisant le gouvernement à le céder à l’homme d’affaires et politique Emmanuel Iwuanyanwu, un des hommes les plus riches et puissants du Nigéria.

L’équipe fut renommée Iwuanyanwu Nationale en 1985 et le camp de base fut installé dans la commune de Naze, à 8km de la capitale d’Etat, Owerri. Avec ses importants moyens financiers, Iwuanyanwu transforma considérablement la fortune de l’équipe. Il recruta les meilleurs joueurs du pays (dont certains étaient internationaux nigérians), notamment Thompson Oliha, Uche Okechukwu, Ben Iroha, Etim Esin et Edward Ansah, et leur offrit des voitures (Peugeot 505) et des maisons neuves. Les joueurs étaient traités comme des rois. Le staff comprenait des physiothérapeutes et des médecins. En janvier 1986, il envoya 42 joueurs et 8 officiels pour une tournée d’entrainement de 3 semaines au Brésil. Ces investissements massifs eurent les effets sportifs escomptés. La première saison se conclut par une seconde place au championnat de première division. Puis, la vitrine à trophée se remplit très vite : 4 titres consécutifs de champion du Nigéria (de 1987 à 1990), suivi d’un 5ème titre en 1993. Une coupe nationale compléta ce palmarès en 1988. Avec sa pléiade de stars, l’équipe nigériane constitua aussi une référence au niveau continentale. Iwuanyanwu fut finaliste en 1988 de la Coupe des Clubs Champions Africaine (perdant contre les Algériens de l’Entente Sétif) et atteignit également les demi-finales en 1990 et 1991 respectivement face à Nkana FC (Zambie) et au SC Villa (Ouganda). Ce pouvoir financier fit surnommé l’équipe par la presse les Naze Millionaires.

Si le surnom était justifié pour ce qui fut sans conteste la meilleure équipe nigériane de la fin des années 1980 et du début des années 1990, il apparaît aujourd’hui complétement en décalage. Le 7 février 2006, l’État d’Imo racheta le club et le rebaptisa Heartland FC (Heartland étant le surnom de l’Etat d’Imo). Les bons résultats sportifs se poursuivirent (2 Coupes nationales en 2011 et 2012 et une nouvelle finale de Ligue des Champions en 2009) mais le club fait fasse depuis plusieurs années à un grave manque de fonds. Les retards de salaire (en partie en raison de détournement de fonds des dirigeants) sont récurrents, au point d’avoir atteint 11 mois en 2022 et conduit à une manifestation des joueurs dans la rue. Il est arrivé que le bus des joueurs ne pouvait pas les ramener à leur base après un match à l’extérieur car le club n’avait pas l’argent pour payer l’essence. Autre exemple des déficiences du club : les joueurs se virent équipés d’un kit de mauvaise qualité acheté le matin même d’un match de championnat, (soi-disant car les tenues officielles étaient encore à la laverie) sans marque et sans logo du club, et sur lesquels les noms des joueurs et les numéros de maillot étaient écrits au stylo. Au même moment, les officiels du club et du gouvernement d’Imo s’affichaient en tribune avec de superbes maillots. En 2021, l’équipementier attaqua le club pour non-paiement des tenues fournies. Autant dire qu’aujourd’hui le club n’est plus millionnaire et les moqueurs n’hésitent pas à l’affubler du surnom d’Owerri Thousandnaires (les milliernaires d’Owerri).

#1038 – CS Constantinois : السنافر

Les Schtroumpfs. Le club de la ville de Constantine évolue en vert et noir depuis sa création (soit en 1926 pour la date officielle de création sous son nom actuel, soit 1898 en prenant en compte ses prédécesseurs). Être alors surnommé les Schtroumpfs, les petits êtres bleus de Peyo peut apparaître surprenant. En outre, ce surnom n’est pas l’héritage d’une moquerie des fans adverses.

Lors d’une saison, la télévision diffusait les épisodes du dessin animé des Schtroumpfs. Au même moment, l’équipe constantinoise était principalement constitué de jeunes joueurs de taille relativement modeste. Le rapprochement entre les personnages de Peyo et les joueurs du club se fit naturellement. Aujourd’hui, un des groupes de supporteurs se nomment les Schtroumpfs. Par extension, ce sobriquet s’applique aussi bien au club qu’à ses supporteurs, une des bases les plus importantes d’Algérie.

#1037 – KSK Beveren : Klein Anderlecht

Le petit Anderlecht. Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le RSC Anderlecht va s’imposer comme la place forte du football belge avec un style de jeu technique et des titres à la pelle. 14 titres de champion entre 1947 et 1968. Dans les années 1970, la compétition interne s’accrut (montée en puissance du FC Bruges et du Standard notamment) et les titres pour Anderlecht s’espaçaient. Mais, le club de la capitale devint l’étandard du football belge au niveau européen (3 finales consécutives de Coupe des Vainqueurs de Coupe entre 1976 et 1978 dont 2 victoires). Anderlecht était donc la réréfence du football belge.

Dans ce panorama, Beveren parvint à se hisser au niveau de cette compétitition à 3 (Anderlecht, Bruges et Liège) à la fin des années 1970 et au début des années 1980. Une première génération dorée (avec Wilfried Van Moer, Paul Vangenechten, Jean et Omer Janssens, Robert Rogiers et Freddy Buyl) emmena le club et l’installa au sein de l’élite belge à la fin des années 1960. En 1978, entrainée par Urbain Braems, l’équipe intégrait alors de jeunes joueurs comme Jean-Marie Pfaff, Wim Hofkens ou Albert Cluytens et était encadrée par le capitaine vétéran, Jean Janssens, et deux joueurs allemands, le meneur de jeu Heinz Schönberger et l’attaquant Erwin Albert. Le SK Beveren attint alors pour la première fois la finale de la Coupe de Belgique qu’il remporta face à Charleroi 2 buts à 0. A la suite de ce premier titre national, Urbain Braems fut remplacé par Robert Goethals, avec son adjoint Rik Pauwels, tous deux néophytes au plus haut niveau, laissant supposé que l’apogée du club était derrière. Mais, la saison suivante fut certainement la plus aboutie. En premier lieu, le SK Beveren gagna son premier titre de champion avec 4 points d’avance sur Anderlecht, et s’accapara également la Super Coupe de Belgique. Puis, sur le plan continental, le club belge élimina l’Inter Milan en quart de finale de la Coupe des Vainqueurs de Coupe, en faisant match nul 0-0 à San Siro et en s’imposant 1-0 à domicile. Le gardien Jean-Marie Pfaff fut désigné en 1978 soulier d’or suivi l’année d’après par Jean Janssens. Erwin Albert termina meilleur buteur du championnat l’année du titre (avec 28 buts en 33 matchs). L’équipe pratiquait un football plaisant et avec les titres remportés, gagna le surnom de klein anderlecht. Pourtant, un certain nombre de joueurs et même l’entraineur étaient amateurs. Le stoppeur Paul Van Genechten était pompier et devait trouver un remplaçant lorsqu’il jouait. Jean Janssens gagnait sa vie comme docker dans le port d’Anvers. Bob Stevens travaillait comme ingénieur commercial et devait prendre des jours de congé pour jouer en Coupe d’Europe la semaine.

Après ces deux grandes années, et malgré le départ de certains jouers (comme Pfaff au Bayern Munich), Beveren attint la finale de la Coupe de Belgique en 1980 et en 1985 et la remporta une nouvelle fois en 1983. Enfin, en 1984, pour son 50ème aniversaire, le club gagna une seconde fois le championnat de Belgique et reçut le titre de « Société Royale » , devenant le KSK.

#1026 – Suwon FC : 막을 수 없는 공격

Attaque imparable. Face à son grand rival du Suwon Samsung Bluewings, le second club de la ville de Suwon existe tant bien que mal. Son ascension parmi l’élite coréenne n’était d’ailleurs pas prévu. Le club fut fondé en 2003 par la volonté de la municipalité de Suwon qui souhaitait qu’il y ait une équipe amateur faisant le lien entre les équipes scolaires et universitaires de la ville et le club professionnel des Bluewings. Mais, au fil des années, le Suwon FC gravit les échelons et fut finalement autorisé à obtenir le statut professionnel en 2012. A cette époque, le club venait de nommer son directeur de la formation, Cho Deok-je, au poste de manager de l’équipe première. Il restera en poste jusqu’en 2017 et, sous ses ordres, l’équipe connut une période riche. Dans le cadre d’une restructuration de la ligue coréenne, le Suwon FC fut promu en 2013 en K League Challenge (seconde division nationale). L’équipe enregistra de bons résultats (4ème en 2013, 6ème en 2014 et 3ème en 2015) et, après avoir participé au play-off/in, il toucha le graal en accédant à la K League pour la première fois en 2016. L’apprentissage fut rude, Suwon terminant à la dernière place et connaissant donc une relégation. Toutefois, Suwon FC récolta 39 points (10 victoires, 9 nuls, 19 défaites) cette saison, la meilleure performance d’une équipe reléguée. 

Pendant tout son règne, Cho Deok-je imposa un style offensif à son équipe, basée sur le 4-3-3. Malgré parfois la faiblesse de son effectif, il n’utilisait pas de tactiques axées sur la défense, même face à des équipes réputées plus fortes. Comptant parmi les meilleurs attaques du championnat chaque année, l’équipe fut prolifique en termes de buts mais sa défense laissa souvent à désirer. Les attaquants tels que Jung Gi-woon, Kim Byung-oh, Lim Seong-taek, le belge Marvin Ogunjimi, le monténégrin Bogdan Milić et le brésilien Japa purent exprimer leurs talents. Le public apprécia ce jeu offensif et la fréquentation du stade augmenta. En 2015, le monde du football applaudit ces guerriers méconnus, au jeu audacieux, et l’entraineur Cho remporta le prix du manager de l’année de la K League Challenge. Cho qualifia son style de jeu 막을 수 없는 공격, devenu la marque de fabrique du club. Depuis, ce dernier poursuit cet héritage en étant plutôt tourné vers l’attaque.

#1020 – Manchester United : Busby Babes

Les enfants de Busby. La Seconde Guerre Mondiale interrompit le championnat d’Angleterre pendant près de 7 ans. D’ailleurs, en 1941, le stade Old Trafford fut gravement endommagé lors d’un raid aérien allemand. Au lendemain de la guerre, pour relancer le club mancunien, la direction nomma à la tête de son équipe l’écossais Matt Busby. Ancien ailier droit de Manchester City pendant 8 ans, ce dernier se vit proposer un poste d’entraineur adjoint à Liverpool. Mais, souhaitant appliquer sa vision sans contrainte, il refusa Liverpool pour rejoindre Manchester United où il obtint les pleins pouvoirs (gestion des entrainements, transferts, compositions d’équipe). Outre un style de jeu offensif, Busby était convaincu qu’une politique de formation de jeunes talents était la clé du succès sur le long terme. Il créa ainsi un réseau de dépisteurs de jeunes joueurs et, secondé par Jimmy Murphy, les fit émerger au plus haut niveau. Après un premier cycle où Manchester cumula les places d’honneurs (vice-champion en 1947, 1948 et 1949, et victoire en FA Cup en 1948, le premier trophée majeur du club depuis 37 ans), Busby poursuivit sa politique avec une seconde vague de talents qui offrirent au club une période dorée (3 titres de champion en 1952, 1956 et 1957). Plusieurs exemples témoignent de la jeunesse de l’équipe fanion ou encore de la qualité de la formation. Le 28 novembre 1953, face à Portsmouth, en championnat, l’équipe de Manchester comptait 7 joueurs de moins de 22 ans. L’âge moyen des équipes de 1955-1956 et 1956-1957 qui furent sacrées championne n’était respectivement que de 21 et 22 ans. En 1952, la FA Youth Cup fut lancée et Manchester United écrasa la concurrence en remportant les cinq premières éditions. Malheureusement, en février 1958, l’accident aérien de Munich, où 8 joueurs perdirent la vie, mit un terme à cette époque. Matt Busby décida de relancer une nouvelle génération mais en modifiant de surnom, Busby Babes rappelant alors un évènement tragique.

Ainsi, nombres de joueurs sortirent des rangs de l’académie mancunienne : Geoff Bent (1948-1958), Johnny Berry (1951–1958), Jackie Blanchflower (1949-1958), Roger Byrne (1949-1958), Bobby Charlton (1953-1973), Eddie Colman (1952–1958), John Doherty (1952–1957), Duncan Edwards (1952–1958), Bill Foulkes (1950-1970), Mark Jones (1950–1958), Wilf McGuinness (1953–1959), Kenny Morgans (1956–1961), David Pegg (1952–1958), Albert Scanlon (1953–1960), Tommy Taylor (1953–1958), Dennis Viollet (1949–1962), Liam Whelan (1952–1958) et Ray Wood (1949–1958). L’expression apparut pour la première fois dans la presse écrite en 1951 sous la plume de Frank Nicklin, sous-rédacteur en chef du Manchester Evening News. Il inventa le surnom pour décrire deux jeunes joueurs (Jackie Blanchflower (18 ans) et Roger Byrne (22 ans)) qui débutèrent leur carrière lors d’un match face à Liverpool le 24 novembre 1951. Le terme se démocratisa avec la génération de joueurs qui remportèrent les titres de 1956 et 1957.

#984 – Instituto AC Córdoba : la Gloria

La gloire. Le club, qui a vu passé à leurs débuts Mario Kempes et Osvaldo Ardiles ou plus récemment Paulo Dybala, retrouve cette saison l’élite argentine, qu’il ne connut que 17 ans sur ces 104 ans d’existence. Son palmarès demeure limité, avec seulement des titres de seconde division nationale (1999, 2004). Mais, si l’Instituto possède ce surnom, c’est qu’il traversa au moins une période faste.

Fondé le 8 août 1918 par un groupe de cheminots des Ferrocarril Central Córdoba, le club s’affilia immédiatement à la Liga Cordobesa de Fútbol et débuta en seconde division. L’ascension du nouveau club fut rapide puisque en 1919 et en 1920, il remportait déjà l’antichambre de l’élite de Córdoba. Puis, l’équipe de l’Instituto mit la main sur le football local, en remportant le championnat de première division de la Liga Cordobesa de Fútbol, 4 année du suite (de 1925 à 1928). Après le premier titre de 1925, l’équipe le conserva la saison suivante en étant invaincue (11 victoires et 3 nuls). Lors de cette campagne, à l’avant dernière journée, l’Instituto restait à 5 points de Talleres mais comptait 3 matchs de retard. Il remporta ces 4 derniers matchs pour s’adjuger le titre. Le 3ème titre, en 1927, fut le plus difficile à gagner. A l’issue des 16 matchs de championnat, l’équipe comptait 10 victoires, 5 nuls et 1 défaite (avec 39 buts pour et 17 contre) mais se retrouvait pourtant à égalité avec Talleres à la tête du championnat. Le match pour les départager se joua le 6 novembre 1927 et l’Instituto écrasa Talleres 4 buts à 1. Enfin, la campagne de 1928 fut certainement la plus aboutie et facile. Le club termina avec 7 points d’avance sur le second, Talleres, remportant 14 matchs sur 16 (dont 7 d’affilée), soit 29 points sur 32 possible. Cette domination à Córdoba convainquit plusieurs des meilleurs clubs du pays à affronter l’Instituto. En 1927, Newell’s Old Boys réussit, ce qui semblait impossible, à vaincre l’Instituto 6-3 à Córdoba. Mais au match retour, l’Instituto prit sa revanche avec une victoire 4-2 à Rosario. En 1928, à Rosario, le club les battit à nouveau 5 buts à 2.

Ces quatre titres ont conduit Instituto à recevoir le surnom de Los Gloriosos, simplifier plus tard en La Gloria. De cette époque glorieuse, les noms de José María Lizondo, Pedro Saldaño, Manuel Zárate, Atilio Pedrotti, Rosendo Cepeda, Félix Pacheco, Roberto Devoto et Tomás Tapia ressortent.