#1243 – Etoile Carouge : les Stelliens

Le terme stellien dérive du mot latin Stella qui désigne une étoile. Tout paraît logique pour un club qui se dénomme Etoile. Le football prend ses racines dans la commune de Carouge à la fin du XIXème siècle. En 1889, des étudiants fondèrent le FBS Studium, avec en tête la célèbre citation latine Mens sana in corpore sano (un esprit sain dans un corps sain). En effet, cette nouvelle association était une société littéraire avec une section sportive pratiquant le football. En 1900, le mélange des genres prit fin, la société abandonnant sa vocation culturelle pour se concentrer sur le football. Au passage, elle changea de nom pour devenir le FC Victoria. En 1905, le FC Victoria devint le FC Carouge. En parallèle de ce club, un autre vit le jour au début du XXème siècle sous le nom de FC Etoile Sportive du Léman, par la volonté de quelques écoliers âgés de 10 à 14 ans. En 1922, pour gagner en « puissance », l’Etoile Sportive et le FC Carouge opéraient leur fusion pour devenir l’Etoile Carouge.

Signe distinctif, évocateur d’une aura, de la noblesse ou la splendeur, l’étoile demeura le symbole du nouveau club et s’inscrit aujourd’hui encore dans son nom et, en couleur or, sur l’écusson du club. D’autres associations suisses avaient déjà opté pour ce symbole comme l’Etoile Sporting La Chaux-de-Fonds (fondé en 1898) ou l’Etoile Sportive FC Gland et aurait donc pu inspirer les fondateurs de Carouge. Une autre hypothèse pourrait également être avancée. Le 17 avril 1867, trois élèves (Charles Dupan, Charles Girard et Alfred Prévost) du gymnase de Genève décidèrent de fonder une société dont le nom était Stella. Cette association étudiante visait à créer entre ses membres des liens de camaraderie et d’amitié.

Alors pourquoi cette hypothèse paraît plausible alors qu’aucun document ne vient l’attester (en tout cas, je n’en ai pas trouvé) ? En premier lieu, l’association étudiante naquit au milieu du XIXème siècle et au début du XXème siècle, lorsque le club sportif émergeait, elle était bien établie, au point qu’une structure nationale dénommée Stella Helvetica regroupait depuis 1870 les 5 sections cantonales de Vaud, Genève, Neuchâtel, Berne et Zürich. En second lieu, Carouge est la banlieue de Genève où l’aura de l’association Stella pouvait déteindre. En troisième lieu, les fondateurs de l’Etoile Sportive était des écoliers qui pouvaient être influencés par le courant des mouvements étudiants. En quatrième lieu, en Suisse francophone et romande, le mot stellien désigne avant-tout les membres comme tout ce qui se rapporte à l’association étudiante Stella. Enfin, le symbole du club sportif est une étoile dorée tout comme celle qui orne la faluche des membres du Stella estudiantin.

#1239 – Athens Kallithéa : Πεντάστερη

Les 5 étoiles. Le mercato de l’été 2024 a marqué le retour à 40 ans de Matthieu Valbuena dans le championnat grecque. Après ses passages à l’Olympique de Marseille et l’Olympique Lyonnais, Petit Vélo avait fait un séjour remarqué à l’Olympiakos entre 2019 et 2023. A son âge avancé (pour un footballeur), son point d’atterrissage a été un club de première division mais moins prestigieux d’Athènes, Athens Kallithéa.

Fondé en 1966, Athens Kallithéa s’était rapidement établi au sein de la seconde division nationale. Une première incursion au sein de l’élite avait été réalisée en 2002 mais le club redescendit en 2006. 2024 annonce le retour du club de la capitale (après le Panathinaïkós, l’AEK et Paniónios) au sein du plus haut échelon de la hiérarchie. Mais, est-ce vraiment un club d’Athènes ? Athens Kallithéa est apparu en 2022 lorsque le club omnisport GS Kallithéa, basé dans la banlieue éponyme d’Athènes, a décidé de renommer sa section football en ajoutant le nom de la capitale afin d’augmenter sa notoriété et d’élargir sa zone de chalandise. Ce renommage fut accompagné d’un relookage moderne du blason, oubliant au passage la tradition du club. En effet, les supporteurs s’offensèrent de l’abandon des cinq étoiles rouges barrant diagonalement l’ancien blason bleu et qui était le symbole de Kallithéa.

Mettons les choses au clair : la présence de ces étoiles ne témoigne pas du palmarès de Kallithéa, qui est famélique. Dans les années 1960, un mouvement de fusion de clubs de football fut initié dans toute la Grèce, sous l’impulsion de la junte militaire, qui souhaitait réduire significativement le nombre d’associations sportives afin d’une part créer des places fortes et d’autre part de plus facilement les surveiller et contrôler. La ville de Kallithéa ne fut pas exclue de cette démarche et quatre clubs (Esperos, Iraklis, Kallithea AE et Kallithaikos) fusionnèrent en Août 1966 pour donner naissance au GS Kallithéa. Pour symboliser ces 4 fondateurs, le blason de l’équipe affichait 4 cercles entrelacées. Les cercles représentaient l’harmonie et la fraternité entre les clubs. Un an plus tard, le club de Pyrsos s’associa, amenant à rajouter un 5ème cercle. Seulement, 5 cercles entrelacées introduisait une confusion avec le fameux symbole olympique. La décision fut prise en 1972 de remplacer les cercles par des étoiles, ajoutant du prestige à l’insigne.

A noter que le nouvel écusson présente un monogramme où se mêle les initiales du nouveau nom du club, « A » et « K », et qui possède 5 sommets, censés symboliser les 5 clubs fondateurs. Mais sans succès auprès de fans plus conservateurs … à juste titre.

#1145 – Melbourne Victory FC : Big V

Le grand V. Au début des années 2000, la ligue professionnelle de football, la NSL, connaissait un fort déclin avec la baisse des revenus du sponsoring et la fuite des meilleurs joueurs à l’étranger. La fédération australienne chercha alors à réorganiser le football professionnel dans le pays, en créant une nouvelle ligue (mais cette fois fermée), la A-League. La capitale de l’Etat de Victoria, 2ème agglomération urbaine du pays, ne pouvait pas ne pas être représentée et ce fut le projet porté par le consortium de Geoff Lord qui fut choisi. La nouvelle franchise prit le nom de Victory en l’honneur de l’Etat, ce nom étant en plus évocateur pour un club de sport. L’Etat avait été nommée ainsi en l’honneur de la célèbre Reine de Grande-Bretagne Victoria, en 1856.

La référence ne s’arrêta pas là et le symbolisme du club se reposa également sur d’autres images de l’Etat. La couleur bleu rappelait celle du blason de Victoria. Les armes, octroyées par le Roi de Grande-Bretagne Georges V en 1910, montrent sur un champ bleu, cinq étoiles d’argent (blanche) disposées pour représenter le Croix du Sud. Les armoiries dérivent directement du drapeau de l’Etat qui flotta pour la première fois en 1870. Ce dernier est une adaptation du Blue Ensign (pavillon bleu), un drapeau bleu avec, dans le coin supérieur gauche, l’Union Jack. Il est utilisé par la marine britannique, qui fut modifiée et adoptée par certaines organisations ou certains territoires liés du Commonweatlth. 

Le club de football s’inspira également d’une autre référence sportive de l’Etat, l’équipe de football australien (un sport autochtone proche du rugby, avec un peu plus de violence et de jeu au pied). Cette équipe représentait l’Etat de Victoria jusqu’en 1999 dans les compétitions interétatiques australiennes qu’elle domina pendant près de 100 ans. De 1899 à 1979, l’équipe de Victoria remporta 74 matchs sur 98 contre l’Australie du Sud et 50 sur 62 contre l’Australie de l’Ouest. L’équipe de l’Etat porta dès ses débuts vers 1870 régulièrement un maillot bleu marine et en 1908, un grand « V » blanc, initiale du nom de l’Etat, apparut pour la première fois sur la poitrine. Ce grand « V » blanc constitua l’identité et le synonyme de l’équipe et lui donna son surnom, big V. Pendant quelques saisons dans les années 1920, le V fut remplacé par un scapulaire blanc. A compter de la saison 2007, Melbourne Victory adopta le scapulaire blanc sur son maillot et son blason, renforçant son identité. Naturellement, le surnom big V s’imposa pour l’équipe de football, espérant récupérer le prestige de sa grande cousine.

#858 – Dalian Shide FC : 八星大连

L’équipe aux 8 étoiles. Fondé officiellement en 1983 par la volonté de la commission municipale des sports de Dalian, le club reprenait les activités de plusieurs équipes déjà existantes. En 1993, la direction du Dalian FC opta pour le statut professionnel, devenant ainsi le premier club de football professionnel de l’histoire du football chinois. En 1994, le club participa à la création du championnat professionnel chinois, Chinese Super League et fut repris la même année par l’important conglomérat Wanda. Le club mit alors la main sur le championnat durant les premières années. Il remporta ainsi le premier championnat en 1994. Puis, de 1995 à 1997, l’équipe obtint des résultats brillants, remportant deux championnats (1996 et 1997), établissant un record de 55 matchs de championnat invaincus et en gagnant une Super Coupe de Chine en 1996. En 1998, le club remporta un troisième championnat consécutif. 4 autres titres de champion de Chine se rajoutèrent en 2000, 2001, 2002 et 2005. Ainsi, sur les 11 premières éditions du championnat professionnel chinois, le club en gagna 8. Cette domination sans partage conduisit à adopter ce surnom d’équipe aux 8 étoiles (reprenant une tradition et recette marketing du football sud-américain et européen où chaque étoile représente un trophée remporté). Ces 8 étoiles s’affichèrent naturellement sur le blason du club et donc sur son maillot.

A ces titres, d’autres trophées complétèrent le palmarès de la meilleure équipe chinoise de la fin des années 1990 et du début du nouveau siècle. 2 Coupes de Chine en 2001 et 2005 (plus 3 finales perdues en 1999, 2003 et 2006). 3 Super Coupes de Chine en 1997, 2001 et 2003 (plus 3 finales perdues en 1998, 1999 et 2002). L’équipe parvint également à exister sur le plan continental, avec une finale de Coupe d’Asie des Vainqueurs de Coupe en 2001 et une autre en Ligue des champions de l’AFC en 1998. A cette époque, quelques connaissances du football français atterrirent dans ce club exotique. L’ancien attaquant de la grande époque nantaise, Nicolas Ouedec, qui en 20 matchs, marqua 10 buts pour le compte de Dalian. Le tchèque Václav Němeček, qui réalisa plusieurs saisons à Toulouse, fréquenta également Dalian en 1999.

Repris en 2000 par le groupe Shide, le club ne survit malheureusement pas à la déchéance de son président, Xu Ming, dans la cadre de l’affaire Bo Xilai. Le club fut dissous en 2012 tandis que Xu Ming mourut à l’age de 44 ans en 2015.

#725 – FC Lugano : V bianche

Le V blanc. Le club du Tessin, région italophone de la Suisse, fut fondé le 28 juillet 1908, avec comme président, Er­ne­sto Cor­si­ni. Comme beaucoup de clubs à cette époque, les premières années d’existence virent quelques changement dans les équipements. Initialement intégralement blanc, le maillot afficha par la suite un col et le bout des manches bleus. Puis, des rayures jaunes et noires firent leur apparition. Enfin, le 14 novembre 1916, il fut décidé que les couleurs sociales seraient le noir et le blanc, couleurs qui accompagnèrent le club tout au long de son histoire. Le maillot fut alors intégralement noir avec le col et le logo blanc jusqu’en dans les années 1930. A cette époque, le club céda à la mode du scapulaire. Ainsi, toujours noir, le maillot fut alors baré d’un scapulaire blanc (le scapulaire représentant un V) dans sa partie supérieure. Difficile de savoir d’où provient cette mode qui inspirèrent plusieurs clubs à l’époque. Très présent au sein des clubs de Rugby à XIII, on sait que Manchester porta un maillot avec un scapulaire en 1909 puis de 1922 à 1927, ce qui inspira les écossais d’Airdrieonians (cf #657). Bordeaux adopta son célèbre scapulaire en 1938 (cf #44). Le SC Fives (ancêtre du LOSC) arborait aussi cet élèment tout comme les italiens de Brescia qui le portaient dès les années 1920 (cf #325). En Argentine, le scapulaire fit également son apparition sur le maillot de Vélez Sarsfield en 1933. Alors que cet élèment va disparaître à partir des années 1960 dans la plupart des clubs, Lugano fut un des seuls (avec Bordeaux ou Vélez Sarsfield) à le conserver et à en faire un marqueur d’identité. Il faut noter que lorsqu’il apparut sur le maillot du club suisse dans les années 1930, celui-ci commenca alors à connaître ses premiers succès (dont la Coupe de Suisse en 1931 et le Championnat en 1938). Il disparaitra dans les années 1970 où les meilleurs de club furent souvent réduits à leur plus simple expression. Mais, il réapparut de manière sporadique dans les années 1980 et 1990. Le club du Tessin fit faillite en avril 2003 en raison de graves problèmes financiers. La saison suivante, il fut refondé mais repartit en deuxième ligue interrégionale (soit le cinquième niveau suisse), avec son équipe des moins de 21 ans. Pour retrouver le haut niveau, le nouveau club fusionna le 30 juin 2004 avec un club de la banlieu, le FC Malcantone Agno, qui venait de monter en seconde division. Mais, cette renaissance et cette fusion dilua l’identité du club historique et ne convainquit donc par les supporteurs qui boudait les travées du stade. Pour retrouver un peu de lustre et du soutien, le 4 juin 2008, l’année du centenaire du club historique, le conseil d’administration réadopta le nom FC Lugano et reprit les symboles associés (couleurs, maillot avec scapulaire, blason …). Le scapulaire fut même intégré dans le blason du club pendant quelques années.

#702 – Helsingfors IFK : Tähtirinnat

La poitrine avec l’étoile. Bien que les joueurs évoluent dans un maillot rouge, ils arborent sur leur poitrine le célèbre écusson du club, bleu et blanc. Surtout, ce dernier présente la date de création du club, 1897, le sigle IFK ainsi qu’une étoile à 4 branches. Si la section football apparut en 1907, le club omnisport débuta son existence en 1897 par le ski. Puis, il se développa vers l’athlétisme, la natation, le patinage de vitesse, la lutte, le kayak et la gymnastique. Mais, revenons à sa création. Le sigle IFK signifie Idrottsföreningen Kamraterna et se réfère au mouvement sportif suédois. En 1895, deux étudiants, dont Louis Zettersten, créèrent ce mouvement IFK (Camaraderie d’associations sportives, en français) et publièrent une annonce dans le journal « Kamraten » exhortant les jeunes à créer des clubs sportifs pour filles et garçons. Ainsi, plusieurs clubs se créèrent sous l’égide de l’IFK en Suède mais le mouvement se propagea également dans les autres pays scandinaves. Il faut rappeler qu’à la fin du XIXème siècle, la Norvège était unie à la couronne suédoise et la Finlande, sous domination russe, était auparavant intégrée à la Suède jusqu’en 1809. Le journal Kamraten fut donc certainement lu en Finlande et l’appel de Louis Zettersten trouva un écho au sein des étudiants du Ruotsinkielisen Reaalilyseon, lycée de langue suédoise, à Helsinki. Georges Doubitsky, un élève de 15 ans du Lycée, contacta alors la Suède pour approuver la création de la filiale d’IFK à Helsinki. Comme tout club s’inscrivant dans le mouvement IFK, celui d’Helsinki reprit ses couleurs (bleu et blanc) et son symbole (l’étoile). Cette dernière se compose de 4 branches qui décrivent les quatre valeurs cardinales du club : la persévérance (Ihärdighet), l’habileté (Färdighet), la puissance (Kraft) et la camaraderie (Kamratskap). Toutefois, l’étoile du HIFK est doré tandis que celle de l’organisation est blanche.

#625 – Red Star FC : l’Etoile Rouge

La traduction française de son nom est un symbole fort du club et de ses supporteurs. Même si le club évolue en vert et blanc (et que le rouge n’a jamais été une couleur marquante de ses équipements), l’étoile rouge orne fièrement depuis sa création son écusson. En outre, si le club changea de nombreuses fois de nom au gré des fusions avec d’autres associations, le terme Red Star y demeura toujours et sévèrement ancré (Red Star Club Français, Red Star Amical Club , Red Star Olympique, Red Star Olympique Audonien, Stade français-Red Star, Red Star FC, AS Red Star, AS Red Star 93, Red Star FC 93, Red Star FC). Installé à St Ouen, l’étoile rouge semblerait assez logique. En effet, la commune comme son département de Seine-Saint Denis se sont mariés à la cause rouge lorsque la banlieue Est parisienne accueillit des usines et sa cohorte d’ouvriers dès le XIXème siècle. A la fin de ce dernier, les partis de gauche ravirent la mairie de St Ouen, et de 1945 à 2020, la municipalité fut même dirigée par seulement 3 maires et mairesses, tous d’obédience communiste. St Ouen était alors au cœur de la Ceinture Rouge, ce cordon communiste entourant la bourgeoise capitale parisienne. Supporté par les ouvriers et les syndicalistes du coin, le club adopta également une conscience de gauche. On peut encore entendre aujourd’hui, dans son vieux stade, des chants politisés (« flic, arbitre ou militaire, qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour un salaire ? »). En Septembre 21, des rumeurs de cessions apparaissent et mettent le feu aux poudres entre la municipalité et la direction, le maire (PS) arguant que la vente pourrait se faire au profit d’un partenaire financier (gros mot dans la bouche de gens de gauche) qui ne serait pas en phase avec les valeurs de la ville et du club.

Pourtant, ce lien entre l’Etoile Rouge et les mouvements politiques de gauche résulte d’un malentendu. Tout d’abord, le club adopta l’étoile rouge dès sa fondation en 1897 avant que ce symbole soit accaparé par l’Internationale ouvrière ou les régimes communistes (elle apparût sur le drapeau de l’URSS en 1922). Ensuite, le club à sa naissance et pendant quelques années fut un repère bourgeois. En effet, il naquit et établit son siège dans un bar au croisement de la rue de Grenelle et de l’avenue de La Bourdonnais, au sein du chic et aristocrate 7ème arrondissement de Paris. Ses fondateurs, les frères Modeste et Jules Rimet (l’instigateur de la Coupe du Monde de Football), Jean de Piessac, Georges Delavenne, Ernest Weber et Charles de Saint-Cyr (un des éminents membres du Racing Club de France), étaient tous issus de famille bourgeoise. Même si leur volonté était, au travers des valeurs du sport, de créer un club qui rapprochent les classes sociales, leur association n’attira d’abord que les fils de bonne famille sur le Champs de Mars voisin. Dans un monde sportif dominé par les anglo-saxons (tous les nouveaux sports venaient d’Outre-Manche), les fondateurs cédèrent, comme beaucoup de club à l’époque, au snobisme britannique en dénommant le club Red Star. Rimet raconta plus tard que le choix de ce symbole provenait de sa gouvernante anglaise, Miss Jeny, qui avait proposé de reprendre le nom de la compagnie britannique Red Star Line qu’elle empruntait souvent pour retourner au pays. Au XIXème siècle, plusieurs compagnies de transport maritime apparurent et dont les navires se différenciaient en mer par leurs drapeaux et les couleurs de leurs cheminées. Un des symboles largement repris par ces compagnies (car facilement reconnaissable) étaient l’étoile et chacune choisit sa couleur. Ainsi, naviguaient la White Star Line (qui exploita le Titanic), la Blue Star Line et donc la Red Star Line.

Une autre légende était racontée par le capitaine emblématique du club, Lucien Gamblin (joueur du club de 1907 à 1923). Selon lui, l’Etoile Rouge aurait été inspirée par la présence d’un cirque américain sur le Champs de Mars. Par n’importe quel cirque, celui de William Cody, mieux connu sous le nom de Buffalo Bill. Son attraction connut un grand succès à Paris en 1889, lors de l’exposition universelle. Or, Buffalo Bill arborait une étoile rouge qui aurait alors inspiré Jules Rimet.

Consulter le site du footichiste pour son article dédié au Red Star

#570 – FC Volyn Loutsk : Хрестоносці

Les croisés. La croix est un symbole fort qui se retrouve sur l’écusson du club, le drapeau de la ville de Loutsk et sur les armes de la région de Volhynie (le nom Volyn du club fait référence à la région). Cette croix pattées qui s’affichent sur ces différents éléments est appelée souvent la croix de Volhynie ou croix de Loutsk. Dès le XIVème siècle, des images de croix se trouvent sur les pièces de monnaie du prince Lubart de  Volhynie, le dernier souverain du royaume russe (1340-1383) et de son fils Fédor (1384-1387). A cette époque, la Volhynie était au centre du royaume russe et la croix était dans la forme d’une croix de Saint-Georges. Au début du XVème siècle, le grand sceau du grand-duc de Lituanie et de Russie (aussi bien Vytautas le Grand que Sigismond Ier Kęstutaitis) affichait une croix pour représenter la Volhynie. Vytautas choisit Loutsk comme deuxième résidence après Vilnius et la ville devint pratiquement la capitale de la principauté lituanienne. C’est aussi à cette époque qu’apparaît les premières versions colorisées où la croix était blanche sur fond rouge. Puis au fil des époques et des dominations (Polonaise ou Russe), la croix blanche sur fond rouge demeura l’emblème de la Volhynie. Elle se transforma parfois à compter du XVIIIème en croix pattée. Les raisons du choix de cette croix sont inconnues. En revanche, pour la ville de Lutsk, capitale de la Volhynie, même si le symbole de la croix est lié à celle de la région, elle pourrait aussi se justifier par le fait que la ville est un grand centre religieux, aussi bien orthodoxe que catholique romain. En 1427, Vytautas le Grand transféra l’évêché catholique de Volodymyr-Volynskyi à Loutsk. La ville se développa rapidement et à la fin du XVe siècle, elle comptait 19 églises orthodoxes et deux églises catholiques. C’était le siège de deux évêques, un catholique et un orthodoxe. En conséquence, la ville était surnommée la Rome de Volhynie.

#325 – Brescia Calcio : Rondinelle

Les petites hirondelles. Alors qu’un lion figure sur le blason du club, un autre animal s’est invité comme surnom, l’hirondelle. Alors, comment cela-a-t-il pu arriver ? L’origine de ce surnom semble remonter aux années 1920. Lors d’un match entre Brescia et le Torino, où l’équipe lombarde dominait (3-1), un fan de Brescia connu sous le nom de Bogia s’exclama « Mais vardì…. i somea ‘na team de rondéne qui va zo a becàga i coregn del tòr ! » (Regardez … ils ressemblent à un troupeau d’hirondelles descendant pour picorer les cornes du taureau !). La similitude séduisit et le surnom fut lancé. Pourquoi comparer les joueurs à des hirondelles ? Brescia est un des rares clubs à arborer un scapulaire (comme Bordeaux et Velez) qui de loin ressemble à une hirondelle stylisée. Il apparût pour la première fois lors de ce fameux match contre le Torino. Le club venait de déménager dans un nouveau stade, stadium di Viale Piave, qui appartenait à la congrégation de l’Oratoire de San Filippo Neri, dite « des Pères de la Paix ». Pour occuper le stade de manière perpétuelle et gratuite, le club reprit le scapulaire sur son maillot du club avec qui il venait de fusionner et qui était une émanation de la congrégation, le Voluntas Pace. Ce dernier avait un scapulaire qui symbolisait le V de son nom.

#319 – MVV Maastricht : de Sterrendragers

Les porteurs de l’étoile. Bien qu’un célèbre traité européen porte son nom et que le drapeau de l’Europe se caractérise par 12 étoiles en cercle, le surnom de l’équipe de football de la ville n’y puise pas son explication. En fait, ce surnom provient de l’écusson du club qui reprend celui de la ville : une étoile à 5 branches blanche sur fond rouge. L’origine de cette étoile à cinq branches comme armoiries de Maastricht est inconnue même si le fort culte à l’Etoile de Mer (Sterre der Zee) pourrait en être la raison. L’Etoile de la Mer est un ancien titre donné à Marie, allégorie de la Vierge comme étoile, guide des hommes vers Dieu. Sterre der Zee est le nom populaire d’une statue de la Vierge Marie du XVème siècle exposée dans la Basilique Notre-Dame de Maastricht. La dévotion à Marie, Etoile de la mer est particulièrement populaire dans le sud des Pays-Bas (Marie, Etoile de la Mer est même la sainte patronne des Pays-Bas.) et la statue de la basilique Notre-Dame constitue le plus important sanctuaire marial des Pays-Bas. L’étoile à 5 branches est mentionné pour la première fois en 1253 comme sceau de la ville. Une oeuvre confirme ces armes. Ainsi, le tableau Gerechtigheidstafereel (Scène de Justice), attribué à Jan Van Brussel et daté de 1475, représente une riche source d’information pour la ville de Maastricht puisqu’il décrit notamment le premier paysage urbain de Maastricht. Surtout, le tableau contient trois images des armoiries. Le premier apparait sur les vêtements d’une personne. Le deuxième blason de la ville est représenté sur un vitrail dans la salle d’audience. Le troisième est tenu par une figure féminine, placée comme une statue au sommet d’une colonne. Le tableau fut suspendu pendant plus de 350 ans à la mairie de Maastricht. A compter du 16ème siècle, un ange, porteur du blason, fut ajouté. Si l’écusson du club de football reprend à l’identique les armoiries de la ville, l’ange n’y apparaît pas mais cet ange porteur fait partie du folklore de la ville. Et les joueurs du club sont donc les porteurs de l’étoile.