#391 – Ventforet Kōfu : ヴァンフォーレ

Venforet. Le surnom est tout simplement le nom du club mais, étant original, il se suffit à lui-même. Il s’agit, comme pour beaucoup d’autres équipes japonaises, d’un mot-valise, rassemblant deux mots français Vent et Forêt. Ce mot-valise est partiellement dérivé de la célèbre bannière du samouraï et un des principaux daimyōs ayant combattu pour le contrôle du Japon durant l’époque Sengoku, Takeda Shingen (武田信玄). Ce chef de guerre éminent, hériter d’un clan puissant, les Takeda, vécut au XVIème siècle et possédait la province de Kai, où se situe aujourd’hui la ville de Kōfu. Célèbre pour son génie tactique et ses innovations, on peut trouver aujourd’hui sa statue par exemple à la gare de Kōfu. Sa bannière, dénommée fūrinkazan (風林火山), signifiant littéralement « Vent, forêt, feu et montagne », affichait une phrase tirée du chapitre 7 du livre du militaire chinois, Sun Tzu, « L’Art de la guerre » :

疾如風、徐如林、侵掠如火、不動如山 (être aussi rapide que le vent, aussi calme que la forêt, aussi féroce que le feu et aussi inébranlable qu’une montagne)

Le club de football conserva les deux premiers symboles Vent et Forêt. Il donna aussi le mon (insigne héraldique japonais) de Takeda Shingen, comme base à son blason (damier de losanges rouges et blancs). Pour l’instant, cette référence guerrière n’a pas eu d’effet sur l’équipe qui n’affiche pas un grand palmarès.

#387 – SKN St. Pölten : die Wolfe

Les loups. Un surnom assez répandu avec une explication assez logique. Le canidé apparaît férocement sur le nouvel emblème du club, dont il a tout de même toujours fait partie au fil des époques. Il provient directement des armes de la ville de St. Pölten où un loup se dresse. Dans le district de St. Pölten, ce n’est pas la seule ville à intégrer cet animal dans ses armes comme par exemple les municipalités de Böheimkirchen, Gerersdorf, Kasten bei Böheimkirchen, Obritzberg-Rust, Purkersdorf, Pyhra et Wolfsgraben. Le loup est une figure héraldique assez connue mais lorsqu’il se dresse, il est dénommé rampant ou plus particulièrement pour cette région, Loup de Passau. Car la ville bavaroise de Passau et son évêché affichaient un loup rouge dressé sur leurs blasons. Ce choix remonte probablement au XIIIème siècle, soit à l’évêque Wolfger d’Erla, soit à l’évêque Rüdiger de Bergheim. En 1259, l’évêque Otto de Lonsdorf utilisait clairement un sceau avec l’image d’un loup à son revers. Puis, au milieu du XIVème siècle, le loup était clairement établi comme symbole de l’évêché de Passau, apparaissant sur son drapeau décrit dans l’Armorial de Zurich.

Et effectivement, le loup de St. Pölten est une référence à celui de Passau. Revenons aux origines. A compter du Ier siècle, le site de St. Pölten était une colonie romaine, relativement importante dans la région, du nom d’Aelium Cetium. A compter du Vème siècle jusqu’au VIIIème siècle, la ville disparaît quasiment, ses habitants migrant vers d’autres zones. Puis, à la fin du VIIIème siècle, l’Empire Franc de Charlemagne chassa de la région la population locale des Avars et importa avec lui le christianisme. De nouvelles colonies et monastères émergèrent alors en Basse-Autriche, y compris à St. Pölten, qui connut alors une renaissance. Ainsi, un premier monastère bénédictin bavarois, dépendant de Tegernsee, fut construit et reçu les reliques de St Hippolyte de Rome, qui donna le nom à la ville (St Hippolyte deviendra St. Ypolit puis St. Pölten). Un autre monastère augustinien sous l’influence du diocèse de Passau s’établit également. Avec ces présences religieuses, la ville se développa et obtint plusieurs droits. Puis l’évêque de Passau, Konrad, accorda une charte aux citoyens de St. Pölten dès 1159, élevant St. Polten alors au rang de cité. La dépendante à l’évêché de Passau se confirma au fil du Moyen-Âge (l’évêque de Passau était même le seigneur de la ville) et se refléta dans les armoiries et le sceau de la ville (un loup debout tenant une crosse dans sa patte à l’époque).

#385 – MFK Ružomberok : Ruža

La rose. Le club n’a pas adopté la couleur rose, ses joueurs portant un maillot orange à parements noirs. Pour trouver l’origine de ce surnom, il faut se tourner plutôt vers le blason du club qui affiche une énorme rose, barré verticalement d’une flèche. D’où vient cette rose ? En fait, le club n’a pas fait dans l’originalité pour son écusson puisqu’il a repris à l’identique les armes de la ville de Ružomberok. Cette ville slovaque se trouve au confluent des rivières Váh et Revúca, bordée par d’importantes montagnes slovaques (Veľká Fatra, Nízke Tatry et Chočské vrchy). Si le territoire de Ružomberok actuel et ses environs étaient habités il y a environ 2.000 ans, la première mention écrite de la ville date de 1233. Surtout, à compter du XIIIème siècle, des colons allemands vinrent s’installer dans cette petite colonie et aider à on développement. Ainsi, en 1318, la ville de Ružomberok se vit accorder des privilèges. Ces colons allemands dénommèrent la ville Rosenberg, ce qui signifie montagne rose. Ils auraient découvert la montagne Veľká Fatra envahie par une végétation composée de roses. Ceci étant rare, les roses seraient devenus la base du nom de ville et son symbole. Et donc aussi celui de son club de football.

#384 – Spezia Calcio : Aquilotti

Les aiglons. Le club actuel fut sauvé de la liquidation en 2008 grâce à l’intervention de la municipalité de La Spezia, qui voulait garantir la continuité de la tradition footballistique locale. Ainsi, le nouveau club hérita de l’histoire et des traditions de l’association initialement fondée en 1906. Et dans ces bagages, il y avait ce surnom des aigles. L’origine n’est pas connue avec certitude mais la version la plus communément admise est la suivante. En 1913, un journaliste aurait qualifié les joueurs d’aigle afin de caractériser le style de jeu de l’équipe, qui était agressif, tel un rapace. Toutefois, il est intéressant que d’autres versions seraient possibles. En effet, un aigle noir, couronné, surplombant une tour apparaît sur le blason de la ville comme de la province. L’origine de ce blason n’est pas connue non plus mais l’aigle pourrait être celui de la famille Doria, une des familles nobles, anciennes et puissantes de Gênes, qui possédait un palais à La Spezia qu’ils occupèrent jusqu’à la Seconde Guerre Mondiale. Au Moyen-Âge, au sein des cités italiennes, dont Gênes, deux camps s’affrontaient : les guelfes (partisans du pape, et opposants à la présence impériale en Italie) et les gibelins (favorables à l’empereur germanique). Les Doria prirent le parti des gibelins. Au début du XIVème siècle (1310 ou 1311), Henri VII du Luxembourg, alors Roi des Romains, vint se faire couronner Empereur du Saint-Empire en Italie. Afin de récompenser un de ses fidèles alliés, Henri VII accorda à la famille Doria d’afficher l’aigle impérial sur ses armes.

#380 – NK Olimpija Ljubljana : Zmaji

Les dragons. Cet animal mythique orne l’écusson du club comme celui de la ville. Ce symbole est si attaché à la ville que l’Olimpija n’était pas la seule équipe de Ljubljana à afficher le dragon dans ses armes (c’était par exemple le cas des anciens clubs du NK Ljubljana ou SK Ljubljana). Pourquoi un dragon pour Ljubljana ? Plusieurs légendes coexistent. Il y a longtemps, le Roi de la Colchide, Éétès, se vit offrir par Phrixos la toison d’un bélier ailé. Le Roi suspendit cette toison à un chêne et la fit garder notamment par un dragon. Sur les ordres de son oncle Pélias, le héros grec Jason et ses compagnons Argonautes volèrent au Roi, la Toison d’or. Cherchant à échapper à ses poursuivants, Jason et ses compagnons, au lieu de naviguer vers le sud pour rejoindre la mer Égée, prirent un mauvais chemin jusqu’à l’embouchure du Danube. Dans l’impossibilité de rebrousser chemin, ils continuèrent sur le Danube, puis la Sava et finalement la Ljubljanica. Entre l’actuelle Vrhnika et Ljubljana, les Argonautes trouvèrent un grand lac entouré d’un marais où vivait un dragon. Jason combattit ce terrible monstre des marais et finalement le tua. C’était le dragon de Ljubljana. Une autre histoire existe et paraît plus réaliste. Saint Georges fut désigné comme saint patron de la chapelle du château de Ljubljana, qui fut construit au Moyen-Age sur un lieu d’anciennes croyances. Le choix de Saint Georges était une métaphore. Il était souvent représenté lance à la main terrassant un dragon, d’après La Légende dorée, comme l’Eglise catholique « terrassait » les rites païens, avec ce château construit sur ce site. Quelques soit la bonne version, le dragon est devenu partie intégrante des armoiries de la ville de Ljubljana depuis la période baroque. Il incarne la force, le courage et la grandeur. Il est représenté sur le pont du Dragon à Ljubljana, sur les bâtiments de la ville ou encore sur les marches de la tour du château.

#374 – Jaguares de Córdoba : los Felinos

Les félins. Ce surnom provient du nom du club qui fait la part belle au jaguar. Le choix de cet animal ne résulte évidement pas du hasard. En effet, le club réside dans la ville de Montería, qui se situe dans le département de Córdoba. Or, la ville comme le département affichent sur leur blason le jaguar. La Colombie et le département de Córdoba constituent une partie de l’aire de répartition du félin, ce qui en fait naturellement un symbole pour la région. Un symbole en réalité ancien. Car, le jaguar était un animal mystique pour la civilisation pré-colombienne des Zenú (ou Sinú) qui vivait dans un territoire correspondant aux actuels départements de Córdoba et de Sucre, entre 450 et 1500 après J.C.. De manière générale, de nombreux peuples préhispaniques (Aztèques, Mayas, Kogi, Muisca, Embera …) avaient une fascination pour ce félin. Tout d’abord, le jaguar, dans son milieu naturel, est le prédateur par excellence, un chasseur précis, le plus fort des carnivores du continent américain. Voyageant librement à travers toutes les zones de son territoire, il représentait le guerrier, le gardien de la lignée et le souverain. D’où, beaucoup se prétendait descendant du jaguar; parfois considéré parmi le premier habitant de la terre. En plus de sa relation symbolique avec la force et le pouvoir, son rugissement rauque, profond et sonore, semblait être la garantie du bien-être du milieu naturel. Il annonçait alors l’arrivée des pluies et, avec elles, une nature luxuriante, des sols fertiles. Enfin, la figure du jaguar était transcendantale et permettait au chaman de faire le lien avec la nature environnante. Ainsi, ce félin représentait souvent dans cette mythologie l’harmonie entre les êtres humains et la nature. Résultat, pour un club avec si peu d’histoire (sa fondation eut lieu en 2012 en reprenant les activités du Sucre FC), se rattacher à un animal endémique de la région, à la symbolique forte et présent dans la mythologie locale, c’était du pain béni pour s’ancrer auprès des supporteurs.

#366 – Hellas Vérone FC : i Mastini

Les mastiffs. Si le nom du club fait référence à la Grèce antique (Hellas), pour ses couleurs comme son blason, le club fit appel à l’histoire de la ville. En 1945, le blason du club évolua en fusionnant le symbolisme de la ville (une croix or sur fond bleu) avec celui de sa province (une échelle d’argent sur fond rouge). La province rendait ainsi hommage à une célèbre famille noble véronaise, Della Scala (ou Scaligera). À Vérone, cette famille apparut à partir de la fin du XIème siècle et faisait partie de la classe aisée. Ses membres étaient des hommes de loi et faisaient partie de l’administration municipale. Puis, en 1259, un des membres de la famille, Mastino I della Scala, devint Podestat de Vérone. A partir de là, la famille Della Scala exerça son emprise sur les affaires communales jusqu’à quasiment la fin du XIVème siècle. Ses armes affichaient donc une échelle (scala en italien) blanche sur fond rouge. Elles évoluèrent avec l’ajout de part et d’autre de l’échelle de deux mastiffs se faisant face, en l’honneur de ses deux plus illustres membres, Mastino I et Mastino II (mastino étant un prénom et le mot italien pour mastiff). En 1984, le Hellas changea de blason et fit appel alors à l’agence de publicité Orti Manara, avec l’objectif d’apposer ce nouveau logo sur les maillots. Le choix des dirigeants se porta sur un blason, qui renforçait le symbolisme avec la famille Scala, avec deux têtes de mastiff en forme de « V », partagé au centre par la fameuse échelle. Depuis cette date, les mastiffs ne quittèrent plus le blason du club et devint le surnom de l’équipe.

#365 – Kuopion Palloseura : Kanarialinnut

Les canaris. Assez naturellement ce surnom se réfère à la couleur jaune des maillots du club finlandais. En Mars 1923, 16 personnes se réunirent afin de créer un club de football à Kuopio, qui fut finalement fondé le 16 Mars 1923, en présence de 25 membres. Les premiers équipements de l’équipe étaient rayés noir et vert avec un short blanc. Mais, au regard de la difficulté de trouver des tissus verts, les dirigeants décidèrent de changer de couleur en 1935. Différentes options furent étudiées mais finalement, le choix se porta sur des maillots rayés noir et jaune, les couleurs traditionnelles de la Savonie. Cette dernière est une province historique de la Finlande, habitée par les Savoniens, et dont Kuopio était une des capitales administratives au XIXème siècle.

#362 – Sport Boys : los Rosados

Les rosés. Le club de Callao est considéré comme le 4ème plus grand club du Pérou (après Alianza Lima, Sporting Cristal, et Universitario) et le premier en dehors de la capital. Il jouit donc d’une grande popularité au Pérou. Un autre élément le distingue fortement des différentes équipes péruviennes : le club joue en rose et ce, depuis 1927. Pour des raisons marketing, le rose s’est démocratisé, popularisé dans le sport masculin, même les plus virils tels que le rugby. Mais, en 1927, il s’agit d’une couleur plutôt peu commune et fortement marqué.

Le club fut fondé par un groupe de jeune étudiants qui fréquentaient le Collège Mariste San José de Callao. Le premier maillot était rayé jaune et rouge, accompagné d’un short noir. La raison n’est pas connue mais il ne serait pas déraisonnable de supposer que les ecclésiastiques espagnols (ou spécifiquement catalans) du Collège Mariste avaient pu suggérer ou influencer les couleurs du club en reprenant celles de l’Espagne et de la Catalogne (en particulier les rayures jaunes et rouges sont une réplique du drapeau catalan Barras de Aragon, cf article #190) ou auraient pu faire don du premier ensemble d’uniformes. Toutefois, ce ne fut pas un choix pérenne car, après le premier championnat auquel le club participa (un tournoi pour enfants organisé par le Raimondi Intellectual Club de La Victoria), les fondateurs du club décidèrent de changer de couleur en adoptant le rose. Là encore, la raison de ce choix est inconnue. Certains avancent que les fondateurs des Boys étaient d’origine italienne et choisirent la couleur de l’équipe de la ville d’où provenaient leurs parents, Palerme et Turin (dans les premières années, la Juventus évoluait en rose).

Un autre récit soutient que les fondateurs décidèrent d’opter pour les couleurs du drapeau du premier navire qui rentrerait dans le port de Callao. Selon la légende, ce fut un navire de l’Union soviétique, avec un drapeau rouge fané. Mais, cette histoire ressemble à une adaptation locale (voire un plagiat) de celle de l’équipe argentine de Boca Juniors (cf. article #219).

Il y a quelques temps, Don Abraham Alfaro, le dernier membre fondateur vivant de Sport Boys, ruina toutes ces versions car, selon lui, certains des fondateurs voulaient une couleur, d’autres une autre. Finalement, ils optèrent pour le rose et le noir simplement pour se distinguer des autres équipes.

#340 – CA Newell’s Old Boys : Rojinegros

Les rouges et noires. Le club qui rapatria Diego Maradona après ces derniers déboires européens et qui lui permit de participer à la Coupe du Monde 1994. Des anciens étudiants du Colegio Comercial Anglicano Argentino qui souhaitaient poursuivre le football qu’ils apprirent au collège fondèrent le club en 1903. Le directeur de l’école, l’immigrant anglais, Isaac Newell, avaient importé le football à Rosario. En son honneur, le club prit son nom. Les couleurs du club furent également influencées par la famille Newell, dont le fils, Claudio Lorenzo Newell, faisait parti des membres fondateurs. Le rouge représentait la couleur du drapeau anglais, patrie de Isaac Newell, tandis que le noir, la couleur du drapeau allemand, les parents de sa femme, Katherine Gertrude Dodd, étant allemand.