#1125 – Étoile Sportive du Sahel : الحمراء

Le rouge. Fondé le 11 mai 1925 dans le lycée franco-tunisien et reconnu par les autorités françaises le 11 juillet 1925, le club de Sousse qui est devenu une icone nationale s’inscrivit d’abord dans le mouvement des nationalistes sahéliens (par opposition aux clubs de Sousse qui regroupaient d’autres communautés : Patriote de Sousse pour les Français, Savoya qui réunissait les Italiens, Red Star pour les Maltais et Maccabi qui regroupait les joueurs de confession israélite). Résultat, le choix fut fait de retenir les couleurs du drapeau de la Tunisie, rouge et blanc.

Suite à la défaite de la flotte ottomane, qui comportait plusieurs navires tunisiens, face à une alliance franco-russo-britannique à la bataille navale de Navarin le 20 Octobre 1827,  Hussein II, Bey de Tunis, décida la création d’un drapeau à destination des bateaux tunisiens, pour les distinguer des autres flottes. Plusieurs pays de la Méditerranée, vassale de l’Empire Ottoman, utilisaient alors un drapeau à dominante rouge s’inspirant du drapeau de la Sublime Porte. Ainsi, la Tunisie étant elle-même un vassale de l’Empire Ottoman, le choix du drapeau se porta en 1831 sur un étendard rouge et comportant, en son milieu, un disque blanc où figure un croissant et une étoile à cinq branches rouges. Depuis cette date, le drapeau tunisien a subi peu de modification. Il y a différentes interprétations sur la symbolique attachée à ce drapeau. Il est communément admis que la couleur rouge exprimerait le sang des martyrs tombés durant la conquête par les Ottomans en 1574. Même couleur qui pour d’autres serait soit le symbole de la résistance contre la suprématie turque (sic), soit elle propagerait la lumière sur le monde musulman. Le blanc symboliserait la paix tandis que le cercle de cette couleur évoquerait le soleil. Le croissant et l’étoile à 5 branches, vieux symboles associés depuis l’Antiquité et devenus aujourd’hui une des images largement répandues du monde musulman, étaient à l’époque présent sur l’étendard de l’Empire Ottoman. La Tunisie le reprit à son compte, le croissant incarnant l’unité de tous les musulmans et les branches de l’étoile les 5 piliers de l’islam. Mais, le croissant pourrait également apporter la chance ou désigner le dernier croissant de Lune, qui marque la fin du mois du ramadan. Il n’empêche que si la Tunisie s’inspira des symboles de l’Empire Ottoman, le croissant et le soleil étaient déjà utilisés par la Carthage Punique (814 av. J.-C. – 146 av. J.-C.), et finalement, ce ne serait qu’un retour aux sources.

#1114 – Stade Lausanne Ouchy : les Lions

Créé en 2000 suite à la fusion entre le FC Ouchy et le FC Stade Lausanne, le club découvre l’élite suisse cette saison alors qu’il y a moins de 10 ans, il végétait encore en ligue interrégionale (D5). En réalité, il s’agissait d’une absorption de Ouchy par le Stade. Ce dernier fut fondé en 1901 (Ouchy étant un peu plus ancien avec une fondation en 1895) et adopta comme blason et couleurs, ceux de la ville de Lausanne. Et aujourd’hui encore, les deux demeurent. Vous avez certainement noté la présence de deux lions qui entourent l’écusson. Ces derniers donnèrent naissance au surnom.

Les origines des armoiries de la ville de Lausanne doivent se chercher dans les bannières des 5 quartiers (Le Pont, La Palud, La Cité, Bourg, St Laurent) de la ville moyenâgeuse. Ces bannières, qui remontaient au XIVème siècle, avaient le point commun d’être divisé en deux parties, dont une était rouge (gueule en langage héraldique) et l’autre blanche (argent). Lors de la fusion des 4 quartiers avec celui de La Cité en 1481, cette similitude fut le dénominateur commun qui s’imposa sur les armes de la nouvelle cité de Lausanne et copiait les armoiries de l’évêque et du chapitre de Lausanne, qui de 1032 à 1536 dominaient un petit État ecclésiastique autours de Lausanne. Ce partage rouge et blanc des armoiries de l’évêque se fixèrent également au XIVème siècle. Sur des façades de l’Hotel de Ville apparaissent les armoiries de l’évêque avec des anges les portant (elles datent de 1455-1460). Au XVème siècle, l’ange episcopale fut remplacé par un aigle sur les armes de la ville. En effet, en 1483 le Duc de Savoie accorda à Lausanne de coiffer ses armoiries d’un aigle, en raison du statut impériale de la cité. Cette sentence fut confirmée par Charles III de Savoie en 1517. L’aigle laissa sa place à deux lions (en support, ie entourant les armes) au milieu du XVIème siècle, avec l’idée d’exprimer la puissance de la cité. Ces animaux tiennent souvent l’un le sceptre et l’autre l’épée.

L’écusson du Stade peut d’ailleurs vous rappeler celui d’un autre club suisse, le FC Zurich. Etonnement, s’il n’y a aucun lien entre les deux, il n’en demeure pas moins que leur histoire est semblable (cf. #553).

#1112 – UD Almería : los Rojiblancos

Les blanc et rouge. Si, par des choix erronés et contestables, l’arbitre a désavantagé Almería en offrant au Real une victoire imméritée ce week-end à Bernabéu, le choix de porter des maillots rayés rouge et blanc, similaires à ceux du rival madrilène de l’Atlético Madrid, n’en est pas la raison. Les couleurs d’Almería ne s’inspirèrent pas des clubs anglais comme pour l’Atlético et Bilbao (cf #43 et #9) et remontent à une époque plus ancienne que l’invention du football.

En effet, le club a tout simplement repris les deux couleurs de la bannière de la ville et de la province (la dernière étant une copie de la première) et qui se retrouvent également dans les armoiries. Il s’agit d’une croix de Saint Georges (donc rouge sur fond blanc), qui n’est autre que le drapeau de l’Angleterre. Mais, une fois de plus, pas de lien avec le pays de Charles III. En 1147, les musulmans Almoravides occupaient la région d’Almería depuis des siècles. Outre les croisades vers Jérusalem et la Palestine, les Chrétiens s’étaient également donnés pour mission de chasser les musulmans d’Espagne. Le Roi de León et Castille, puis à compter de 1135, Imperator totius Hispaniæ (empereur de toutes les Espagnes), Alphonse VII décida de reprendre Almería et monta une expédition avec l’aide du Roi de Pampelune García V de Navarre, du Prince d’Aragon et Comte de Barcelone Raimond-Bérenger IV, du seigneur de Montpellier Guillaume VI, des chevaliers du Temple de Castille et d’Aragon ainsi qu’avec le soutien naval décisif des républiques de Pise et de Gênes. Les troupes génoises, composées de près de 200 navires, débarquèrent sur une des plages de Cabo de Gata et y campèrent dans cette baie pendant au moins deux mois jusqu’à l’attaque de la ville. La plage prit le nom de Playa de los Genoveses (Plage des Génois) et le drapeau de Gênes flotte désormais comme bannière de la ville et de la province.

La Croix de Saint Georges est un dérivé de l’étendard papale, le Vexillum Sancti Petri. Cette croix fut cousu sur les vêtements des chevaliers partant en croisade (pour certain en rouge, car cette couleur représentait la passion du Christ). Certains des Etats européens participant aux croisades adoptèrent alors la croix. Ce fut le cas de la République des Gênes qui prit la croix de Saint-Georges comme drapeau. Qui inspira donc à son tour, un territoire d’une autre croisade.

#1109 – SC Toulon : les Azur et Or

Le Sporting Club de Toulon naquit au lendemain de la Seconde guerre mondiale par la fusion de deux clubs de la ville, le Sporting Club du Temple (fondé en 1933) et la Jeunesse Sportive Toulonnaise. Le premier choix de couleurs se porta sur le jaune et noir, sans connaître la raison (était-ce le mélange des couleurs des deux clubs ?). Lors de la saison 1955-1956, le club abandonna ces couleurs pour adopter celles de la ville de Toulon. La cité varoise arbore un blason représentant une croix grecque jaune sur un fond bleu (D’azur à la croix d’or). Il est souvent avancé que cette croix est un rappel de celle du Christ et également une évocation des croisades. Toulon ne fut pas une ville de passage ou d’embarquement des croisés, à l’exception du Comte de Provence Gilbert de Boson qui embarqua de Toulon lors de la première croisade. Il est vrai toutefois que Toulon, du Xème siècle au XIIème siècle, fut de nombreuses fois attaqués et pillés par les Sarrasins, ce qui lia la ville au mouvement général de combat des Chrétiens face aux Musulmans à cette époque. D’autres estiment que Toulon se serait inspiré des armoiries des villes voisines de Marseille, Fréjus ou Antibes qui arborent effectivement une croix. Quand aux couleurs du blason de Toulon, les origines sont méconnues.

En 1406, les registres de comptes de la commune comportaient au bas de ses pages des petits blasons noirs et blancs contenant une croix. Ces illustrations semblaient tenir lieu de signatures aux comptables de la ville et cette pratique perdura jusqu’en 1554. Une autre représentation du blasonnement apparait en 1494 sur la couverture d’un registre de comptes trésoraires. Il montrait un écu orange à la croix d’azur. En 1553, sur un registre de délibérations de 1477, les armes de Toulon furent dessinés avec les couleurs actuels. Néanmoins, en 1563, le blason affichait cette fois des couleurs inversées, un écu d’or à la croix d’azur. Les couleurs actuelles semblèrent définitivement fixées à compter de 1584. D’ailleurs, elles furent enregistrées officiellement par le Consul de Toulon dans cette version dans les registres de l’armorial général du royaume en 1696.

#1102 – Shirak FC : Սև հովազներ

Les panthères noires. Shirak est connu pour être l’un des plus anciens clubs de football d’Arménie, le club ayant été fondé en 1958 à une époque où l’Arménie était une république de l’Union Soviétique. Seule équipe à avoir participé à toutes les saisons de la première division arménienne depuis sa création en 1992, le club compte un des plus riches palmarès d’Arménie, avec 4 titres de champion national, 2 Coupes d’Arménie et 5 Super Coupe d’Arménie. Basé dans la ville de Gyumri, deuxième ville d’Arménie, Shirak s’est inscrit dans les traditions de la ville. Tout d’abord, les couleurs du maillot sont le noir et l’orange. Ces deux teintes se retrouvent dans de nombreux bâtiments de Gyumri, en particulier les murs de l’Église du Saint-Sauveur et du Musée Dzitoghtsyan. En outre, le blason de l’équipe reprend un des éléments des armoiries de la ville et de son drapeau, une panthère surmontée d’une croix.

Au IXème siècle, l’Arménie était un état vassal des arabes omeyyades puis abbassides. Mais, les arméniens profitèrent de l’affaiblissement des omoyades et de la concentration des abbassides à défendre leur territoire face aux Byzantins pour créer un état indépendant au début des années 880, le Royaume bagratide d’Arménie. Achot Ier de la dynastie Bagratide et ses descendants furent à la tête de cet Etat jusqu’en 1080 et firent de la ville d’Ani, dans la banlieue Nord de Gyumri, la capitale de ce Royaume. Le bannière de ce dernier représentait probablement une panthère surmontée d’une croix. Ce symbole fut retrouvé sur un bas-relief dans les ruines d’Ani.

Ce nom est également celui du principal groupe de supporteurs du club.

#1100 – Brisbane Roar FC : the Roar

Le rugissement. Surnom assez logique quand il s’agit du nom du club et que son écusson fait apparaître un lion. Les origines du club actuel remontent à 1957 et au club dénommé Hollandia-Inala Soccer Club fondé par des immigrants néerlandais. Durant 20 ans, ce dernier évolua sous ce nom, représentant la communauté hollandaise. Car, depuis le début de l’importation du football en Australie, il s’agit d’une pratique sportive des immigrants, les australiens d’origine anglo-saxonnes préférant se concentrer sur des sports australiens comme le football australien (un mélange de rugby et un peu de football). Les grecs, les italiens, les croates et les autres communautés créèrent ainsi leurs équipes de soccer. Mais, en dépassant leur simple rôle sportif (puisqu’ils étaient aussi un lieu d’entraide et de maintien de l’identité), ces derniers entretenaient la séparation entre les nouveaux arrivants et les australiens anglo-saxons et fournissaient des munitions aux politiciens pas favorables à l’immigration et « défenseurs de la culture australienne » . Ainsi, en 1970, un mouvement fut entrepris pour dé-ethniciser les clubs et cela passait par un changement de nom. Hollandia-Inala accéda à cette demande sans pour autant perdre totalement son identité. Ainsi, le club évoluait en orange et prit pour nom Brisbane Lions. Orange et Lion … deux des symboles des Pays-Bas. Puis, en 2004, les Lions obtinrent le droit de participer à la nouvelle A-League (la première ligue australienne) en opérant sous le nom de Queensland Roar (car Brisbane comptait un club de football australien dénommé Lions).

Le lion apparaît sur les armoiries du Royaume des Pays-Bas, un héritage de la Maison de Nassau et de la République des Provinces-Unies. Composées en 1815 et adaptées en 1907, elles représentent un lion d’or sur champ d’azur qui tient une épée et un faisceau de sept flèches. La Maison de Nassau, d’origine de la ville allemande de Nassau, remonte au XIème siècle et dès Dedo de Laurenbourg (1093-1117), l’un des premiers membres de la Maison, le blason était un lion sur fond azur. Du côté des Provinces-Unies (1579–1795), le lion était également son symbole. Constituée de 7 provinces (Hollande, Zélande, Overijssel, Frise, Groningue, Gueldre et Utrecht), la République se référa aux lions héraldiques de la Flandre (noir sur or), du Brabant (or sur noir) et le lion rouge sur or de la Hollande. Ces lions étaient répétés dans les armes de diverses maisons nobles des Pays-Bas.

#1089 – Brescia Calcio : Leonessa

La lionne. Le vocabulaire animalier sied bien au club lombard puisque le premier surnom expliqué était rondinelle (qui signifie les petites hirondelles – cf #325). Cette fois, nous changeons de dimension en passant à la femelle du roi des animaux. Pourtant, sur l’écusson du club, il s’agit bien d’un lion qui trône depuis le premier blason établi en 1965 (sa crinière est visible). D’où vient cette divergence de genre ?

Le blason du club s’inspire directement des armoiries de la cité qui se décrivent comme « d’argent au lion d’azur, armé, langue et queue de gueule ». Le lion rampant est le symbole de la commune de Brescia depuis au moins le XIIème siècle. Mais, la genèse des armoiries de Brescia est encore inconnue en raison de l’absence de sources et de témoignages fiables. Une chose est sure : même si la commune de Brescia fut durant près de 4 siècles (de 1404 à 1797) intégrée à la république de Venise, son lion rampant ne provient pas des armes de Venise (le fameux lion de St Marc). Sa plus vieille représentation connue apparaît dans une sculpture de la Porta Romana de Milan datant de 1171 (il s’agissait de la principale porte d’entrée de la ville détruite en 1793). La frise du chapiteau montre des soldats de plusieurs villes lombarde dont Brescia en route vers Milan pour reconstruire la ville détruite par l’empereur Frédéric Barberousse en 1167. Le capitaine représentant Brescia porte sur son écu le lion rampant. Une autre représentation se trouve également à Milan sur l’arche funéraire d’Azzone Visconti (Brescia était alors sous domination de la famille Visconti) datant de 1343. Des statues représentant les villes lombardes sous l’influence des Visconti et tenant un bouclier y sont sculptées. Celle de Brescia se présente avec un lion rampant.

Il s’agit donc bien d’un lion sur les armes de la ville et pourtant la commune de Brescia est connue dans toute l’Italie comme la Leonessa d’Italia (lionne d’Italie), tous les italiens ayant appris dans leur jeunesse les vers d’un poème qui désignèrent la ville ainsi. Ces vers concluent la pièce poétique « Alla Vittoria » (A la victoire) de Giosuè Carducci, chantre du Risorgimento (période de l’unité italienne au XIXème siècle), composée en 1877 et partie intégrante de sa grande oeuvre « Odi barbare » (Odes barbares) :

Lieta del fato Brescia raccolsemi, / Heureuse du destin, Brescia me rassemble,
Brescia la forte, Brescia la ferrea, / Brescia la forte, Brescia le fer,
Brescia leonessa d’Italia / Brescia la lionne de l’Italie
beverata nel sangue nemico / ivre du sang de l’ennemi

Ces vers soulignaient le soulèvement et la résistance de la ville durant la période connue sous le nom des Dieci giornate di Brescia (Dix jours de Brescia). Dans le contexte des affrontements entre l’armée piémontaise et les troupes autrichiennes, du 23 mars au 1er avril 1849, les citoyens de Brescia se révoltèrent contre l’oppression autrichienne en résistant vaillamment aux bombardements et aux attaques des forces des Habsbourg. La révolte fut finalement violement réprimée (plus d’un millier de victimes). Malgré la défaite, la fierté manifestée par les insurgés dans les combats valut à la ville de Brescia la médaille d’or en 1899. Un autre poète, 20 ans avant Carducci, avait attribué ce surnom à Brescia suite à cette évènement : Aleardo Aleardi dans son poème « Canti patrii » publié en 1857.

D’un de’ tuoi monti fertili di spade, / De l’une de vos montagnes fertiles en épées,
Niobe guerriera de le mie contrade, / Niobé guerrière de mes terres,
Leonessa d’Italia, / Lionne d’Italie
Brescia grande e infelice / Brescia grande et malheureuse

L’héroïsme et le sacrifice de la population de Brescia, porté au nue par ces vers, contribuèrent à construire une identité italienne qui en était à ses balbutiement dans la seconde moitié du XIXème siècle.

#1085 – Cowdenbeath FC : the Blue Brazil

Le Brésil bleu. Dans le Nord des Îles Britanniques, avec ses terres arables arrosées par une pluie fine et grevées par les anciennes veines des mines de Charbon, Cowdenbeath ne présente guère le paysage brésilien verdoyant et chaleureux de l’imaginaire populaire. Pourtant, l’équipe locale, dont le palmarès demeure famélique malgré 142 ans d’existence, a gagné ce surnom. L’origine exacte est méconnue et donc plusieurs légendes existent autour du surnom.

La plus simple se rattache à la couleur des maillots de Cowdenbeath. Fondé en 1882 par la fusion de deux clubs, Cowdenbeath Rangers et Raith Rovers, le première kit enregistré du club se composaient de maillots rayés rouges, blancs et bleus, de shorts bleus et de chaussettes rouges ou bleues. Les couleurs originelles de l’équipe furent abandonnées en 1911 pour des maillots bleus et shorts blancs, couleurs que le club porte encore aujourd’hui. Ces dernières semblent éloignées du maillot traditionnelle de la Seleção, jaune et vert. Mais, avant qu’elle ne soit identifiée à ses couleurs, la Seleção évoluait principalement en blanc jusqu’en 1950. Toutefois, le 5 Juin 1938, le Brésil affrontait la Pologne au premier tour de la Coupe du Monde. Les deux équipes évoluant en blanc, un tirage au sort eut lieu et le perdant, le Brésil dut changer d’uniforme. L’équipe trouva en urgence qu’un kit intégralement bleu. Juste après la rencontre, le Brésil réadopta son maillot blanc jusqu’à la finale perdue de la Coupe du Monde 1950. Ce drame national conduisit à changer de maillot et après un appel à candidature, le maillot jaune à parement vert avec un short bleu et rayure blanche apparut. Temporairement utilisé entre 1950 et 1954 comme kit principal, le maillot bleu s’imposa par la suite comme version alternative à la tunique jaune. Avec des couleurs similaires à certaines époques entre Cowdenbeath et l’équipe nationale brésilienne, cela pourrait constituer l’origine du surnom.

Les esprits taquins avancent une autre théorie remontant aux débuts des années 1980. Survivant dans les eaux troubles de la 3ème et 4ème division écossaise, le club connaissait une situation financière fragile et la vente régulière de ses meilleurs joueurs constituait la seule stratégie pour équilibrer ses comptes. A la même période, la situation des finances publiques brésilienne n’était pas plus florissante. En 1982, la défaillance du Mexique entraina une hausse des taux d’intérêt et plongea les autres pays en développement, dont le Brésil, dans la crise de la dette. En manque de financement extérieur, le Brésil fut forcé de restreindre ses dépenses publiques et de déprécier fortement sa monnaie. Résultat, les finances de l’Etat Brésilien, lourdement endetté auprès de créanciers étrangers, se dégradèrent fortement et l’hyperinflation fit son apparition. S’en suivit une décennie perdue pour l’économie.

Enfin, la dernière version, même si elle est une fable, mérite d’être racontée. Elle rapporte qu’un trio de joueurs brésiliens jouèrent (ou plutôt se perdirent) du côté de Cowdenbeath. A la fin du XIXème siècle, la région de Fife, et en particulier la cité de Cowdenbeath, était toute tournée vers l’exploitation de mines de charbon. Les mineurs percevaient une rémunération en fonction de leur production quotidienne. Poussés à augmenter les rendements pour gagner un salaire décent, certains mineurs creusèrent si loin leur veine qu’ils atteignirent la surface. Etonnés par les vêtements des personnes rencontrées, les mineurs s’imaginèrent avoir atteint Édimbourg. Mais, ne comprenant par la langue des habitants, ils découvrirent qu’ils avaient creusé jusqu’au Brésil. De cette expédition, les mineurs, dont certains évoluaient dans les rangs de Cowdenbeath, ramenèrent trois jeunes brésiliens amateurs de football. Ces 3 joueurs furent intégrés dans l’équipe lors d’un match contre les rivaux de Dunfermline. Surpris par la couleur de peau plutôt mat de ces 3 joueurs, l’arbitre interrogea le capitaine de Cowdenbeath qui lui répondit qu’il s’agissait de 3 mineurs qui venaient à peine de sortir de la mine et n’avaient pas eu le temps de prendre une douche. Cowdenbeath écrasa Dumfermline 11 buts à 1 et les 3 joueurs, qui préfèrent, vu le climat, retourner dans leur pays, laissèrent un souvenir impérissable et un joli surnom.

#1082 – UD Las Palmas : Pio-Pio

Piu-Piu, l’onomatopée qui imite le piaillement des oiseaux. Evidemment, l’équipe évoluant en jaune et le Serin des Canaries étant une espèce de passereau jaunâtre endémique des Îles Canaries, le terme Pio-Pio apparaît adapté. D’autant plus que la cité de Las Palmas de Grande Canarie se situe dans les Îles Canaries dont le nom suggère immédiatement l’oiseau. Pourtant, ce dernier point est faux puisque, s’il existe différentes versions sur l’étymologie des Îles Canaries, la plupart converge vers … le chien. En effet, Canaries pourraient faire référence, soit aux premiers peuples berbères habitant les Îles et dont le nom était canarii (Pline l’Ancien les nommait ainsi. Le mot dérivait du latin canis (chien) et soulignait le caractère sauvage de ce peuple), soit aux chiens de garenne des Canaries qui peuplent les Îles (Pline l’Ancien les décrivit suite au voyage du Roi berbère Juba II de Maurétanie dans les Îles), soit enfin en raison des phoques dénommés chiens de mer (canis marinus) que les explorateurs européens découvrirent en arrivant sur l’Île.

Dès sa création en 1949, le club opta pour les couleurs du drapeau de l’île de Grande Canarie (où se situe Las Palmas et qui constitue l’une des îles de l’archipel des Canaries) : jaune et bleu. Le choix de ces couleurs pour Grande Canarie n’est pas documenté mais aujourd’hui, on attribut à ses couleurs le fait de représenter la mer (bleu) et le paysage désertique des sommets de l’île (jaune). Pour le club, dans l’édition du 20 octobre 1949 du journal « Canarias Deportiva », les couleurs furent décrites comme « el oro de nuestras playas y el azul de nuestro mar » (l’or de nos plages et le bleu de notre mer).

La naissance du surnom intervint bien plus tard, dans les années 1980. Lors d’un derby face au CD Tenerife, les supporteurs de Las Palmas se déplacèrent au Stade Heliodoro Rodríguez López. Ils furent reçus avec des insultes et des jets d’œufs, accompagnés des cris « canarión » (petit canarie). Le célèbre supporteur de Las Palmas, Fernando El Bandera, leur répondit alors par « Pio-Pio« . Et à chaque nouveau cri ou insulte, Fernando scandait « Pio-Pio » . Le terme devint un encouragement, une chanson qui raisonnait dans les tribunes puis enfin le surnom du club et de ses joueurs. En Décembre 1994, la mascotte sous la forme d’un canari fit son apparition et prit le nom de Pio-Pio.

#1081 – FC Rouen : les Diables Rouges

Fin du XIXème, le football normand se concentrait dans la ville du Havre, avec notamment la présence du doyen, le Havre Athletic Club, et les autres villes ne pouvaient pas laisser perdurer cette hégémonie. Après l’introduction du football vers 1896 à Rouen par un commerçant du nom de Willing, 3 clubs apparurent : US Sottevillaise, US Rouennaise et le FC Rouannais. Mais, pour concurrencer les autres équipes de la région, ces 3 clubs unirent leurs forces et le 10 juillet 1899, le FC Rouennais naquit officiellement. Il semble que le club évolua en rouge dès sa fondation et vers 1909, à l’initiative d’un journaliste local, Charles Hangard, l’équipe gagna alors le surnom de « diables rouges ». A cette époque, le club rouannais commençait à émerger sur la scène régionale. En 1910, l’équipe parvint même à obtenir son premier titre de Champion de Haute-Normandie aux dépends du redouté HAC.

La couleur rouge du maillot s’inspire vraisemblablement des armoiries de la ville de Rouen. Elles se décrivent ainsi : De gueules (rouge) à l’agneau pascal d’argent (blanc), la tête nimbée et contournée, portant une bannerette du même chargée d’une croisette d’or, au chef cousu d’azur (bleu) semé de trois fleurs de lys d’or. La partie principale se compose donc d’un agneau pascal sur fond rouge. L’agneau est le symbole du Christ (dès le XIIème siècle, Rouen fut un centre religieux important. A la fin du Moyen Âge, elle comptait près de trente églises paroissiales et quinze communautés religieuses. Elle accueillait un archevêché et un chapitre cathédrale qui étaient parmi les plus riches de France, le diocèse s’étendant sur 1 300 paroisses. La ville gagna le surnom « ville aux cent clochers ») et représente aussi la puissante corporation des drapiers (de par sa position géographique et son ancienne appartenance à la couronne d’Angleterre, Rouen fut un centre économique important faisant le lien entre l’Angleterre et l’Europe du Sud. Au Moyen Âge, les drapiers comme les autres métiers liés (laneurs, teinturiers) firent la richesse de la ville pendant 7 siècles à compter du XIIIème, en achetant la laine en Angleterre et en vendant dans les foires de Champagne et à Paris leur production renommée de tissus et draps. Leur confrérie était la plus puissante et riche de la ville).

Ces armoiries s’installèrent comme celles de la cité de Rouen à compter du XIVème siècle de façon certaine. Le rouge pourrait venir des armoiries de l’important Duché de Normandie (De gueules à deux léopards d’or) car avant l’apparition du blason décrit précédemment, il semble que Rouen adopta les armes de la Normandie. Si au départ, les léopards (ou des lions) sur fond bleu puis rouge étaient attachées à la personne du Duc de Normandie Geoffroy Plantagenêt qu’il transmit à sa descendance (Henri II Plantagenêt, Richard Cœur de Lion), elles s’ancrèrent comme celles de la Normandie vraisemblablement au cours du XIIIème siècle. Puis donc à Rouen.