#1320 – Loughgall FC : the Villagers

Les villageois. Une belle lecture aujourd’hui dans l’Equipe où le quotidien revient à des articles de qualité plutôt que faire l’agence de com de Wemby ou un énième article sur les exploits extra-sportifs de KMB. En Irlande du Nord, à une soixantaine de kilomètres à l’Ouest de Belfast, perdu au milieu des champs de pommiers et des moutons, se trouve le village de Loughgall, dans le comté d’Armagh. Pourtant la modeste bourgade attire les lumières de l’Europe entière depuis la saison 2023-2024. Car, elle peut s’engorneuillir de détenir le record de la plus petite commune disposant d’une équipe en première division d’une ligue européenne, détrônant ainsi Streymnes, village des Îles Féroé de 334 habitants accueillant l’équipe d’EB/Streymur. Oui, Loughgall est vraiment un petit village de seulement 282 habitants (au dernier recensement de 2011).

Vous connaissez le RC Lens, qui joue dans un stade de 38 000 places alors que la ville ne compte que 32 000 habitants. Encore plus fort avec Hoffenheim, ce charmant village de 3 191 habitants qui évolue avec la manne financière du patron de SAP dans un stade de 30 000 places en Bundesliga. Désormais, vous connaissez le champion en la matière. Dans ce village où il n’y a même pas un pub pour réunir les fans, les joueurs de Loughgall FC évoluent dans un stade pouvant accueillir 2 000 spectateurs (dont seulement une centaine peuvent s’assoir) et représentent 10% de la population locale.

En terminant champion de deuxième division en 2023, le Loughgall FC s’est offert le privilège de remonter dans l’élite du football nord-irlandais, qu’il avait quitté en 2007. Par deux fois, la montée s’était refusée au club : en 2010, les autorités n’avaient pas accordé la licence nécessaire et en 2020, le championnat avait été annulé en raison de la pandémie de Covid-19. Malgré les railleries et les insultes, Loughgall avait déjoué les pronostiques et terminait la première saison au sein de l’élite à la 9ème place. La saison actuelle demeure plus compliquée et, malheureusement, la magie risque de prendre fin avec une probable relégation. Toutefois, leurs exploits ne sont pas passés inaperçus. L’émission « Football Focus » de la chaîne publique anglaise, BBC s’est rendu sur place, tout comme le célèbre cinéaste allemand Max Neidlinger qui a tourné un reportage pour la ZDF.

#1250 – Linfield FC : the Blues

Les bleus. Linfield constitue l’un des plus célèbres et plus forts clubs de l’Irlande du Nord. Fondé en Mars 1886, le club de Belfast fut l’un des huit membres fondateurs de la Ligue nord-irlandaise en 1890, remporta le titre de champion inaugural et est l’un des trois seuls clubs à n’avoir jamais quitté l’élite nord-irlandaise. Son palmarès demeure incroyable, avec, à fin 2024, 56 titres de champion (soit plus du double que tout autre club nord-irlandais), 44 Coupes d’Irlande du Nord et 12 Coupes de la Ligue. Traditionnellement, les joueurs de Linfield porte un maillot bleu, un short blanc et des chaussettes rouges, mais il ne semble pas qu’il reste de documents qui permettent d’expliquer ce choix. Toutefois, je suppose que ce n’est peut-être pas un hasard que ces teintes soient celles de l’Union Jack. En effet, en parlant de l’Irlande du Nord et du football, on ne s’éloigne évidemment pas de la politique.

Le club fut donc fondé en Mars 1886 par les ouvriers de l’usine Ulster Spinning Company’s Linfield Mill, située dans le quartier sud de la capitale nord-irlandaise, Sandy Row. Il s’agit d’une zone résolument loyaliste (ie fidèle à la couronne britannique), habitée par une classe ouvrière profondément protestante. Dans ce quartier, nombres de groupes paramilitaires loyalistes se formèrent dont les plus célèbres, l’Ulster Defence Association et l’Orange Order. Les bâtiments et les maisons s’habillent de drapeaux britanniques, de banderoles et de bannières aux messages loyalistes. D’ailleurs, les couleurs rouge, blanc et bleu de l’Union Jack sont largement peintes sur les bordures de trottoir, les lampadaires … . Une des fresques emblématiques placée dans ce quartier commémore la victoire du roi Guillaume III d’Angleterre le 12 Juillet 1690 contre le roi catholique Jacques II à la bataille de la Boyne (la tradition veut qu’une partie de l’armée de Guillaume ait campé dans ce quartier) et fut peinte en 2012 pour recouvrir un message de l’Ulster Freedom Fighters, un groupe para-militaire, qui avertissait que vous entriez dans une zone loyaliste.

Le club n’échappe pas à cette histoire. Pendant de nombreuses années, une règle non écrite du club consistait à recruter exclusivement des joueurs protestants. Le blason du club affiche le chateau de Windsor car l’équipe évolue sur un terrain nommé Windsor Park mais il s’agit surtout de l’une des principales résidences de la famille royale britannique. Pendant de nombreuses années, Linfield partageait une rivalité féroce avec le Belfast Celtic, le club des irlandais nationalistes et catholiques. Et les travées de Windsor Park virent de nombreux affrontements avec les supporteurs nationalistes et catholiques adverses. Donc, le choix de ces 3 couleurs, qui sont celles de l’Union Jack et également celles des loyalistes nord-irlandais (avec l’Orange), n’est certainement pas le fruit du hasard.

Mais, les choses changent puisqu’en 2020, Umbro proposa à Linfield un maillot extérieur violet barré d’une diagonale orange. Or, ce modèle suscita de vives réactions et des critiques car il présentait une similitude frappante avec les couleurs du mouvement loyaliste de l’Ulster Volunteer Force, responsable de la mort de plus de 500 personnes pendant les années de guerre civile (1960-1990). Umbro s’excusa et ne fit plus la promotion de ce maillot.

#1096 – Glentoran FC : the Glens

Il s’agit bien entendu du diminutif du nom du club de l’Est de Belfast. Club dominant de la ligue nord-irlandaise et cher au cœur de George Best, Glentoran sent bon la nostalgie des amoureux du football. Ces matchs pièges de Coupe d’Europe joués dans un champs de patate où les joueurs adverses crachaient leur poumon et taclaient haut. Paris et Marseille y avaient gouté respectivement en 1983 et en 1992 (l’année de l’épopée du club phocéen en Ligue des Champions). Aujourd’hui, il est perdu dans les affres du foot business et ne retrouvera jamais les lustres des coupes d’Europe. Pourtant, en 1914, il remportait la Coupe de Vienne, ce qui fait du club pour certains la première équipe britannique à remporter un trophée européen, mais aussi tout simplement la première vainqueur d’un titre européen (record non reconnu par l’UEFA).

Glentoran n’est pas le nom du quartier de Belfast où naquit le club. En 1882 (date de fondation du club), quelques industriels détenaient l’Est de Belfast, dont la famille Coates qui avait fondé une fonderie à Lagan. Williams était le patriarche qui avait fait fructifié la petite affaire familiale débutée au XVIIIème siècle. L’un de ses fils, Victor, le rejoignit dans l’entreprise et poursuivit son développement, amassant une importante fortune et une grande notabilité. En 1882, Victor décida de fonder Glentoran FC, pensant que le sport encourageait une saine camaraderie et était bon pour l’âme. Il réunit un mélange éclectique de jeunes joueurs principalement venus de l’Est de la ville qui devint une équipe indomptable sous la houlette de son fougueux capitaine irlando-italien, Modesto Silo. Le nom du club provient simplement du nom de l’imposante maison où habitait Williams Coates et ses fils à Lagan, Glentoran House. Il se pourrait que ce terme soit la combinaison de glen (qui désigne en Irlande et en Ecosse principalement une vallée longue et délimitée par des flancs concaves) et toran (mot gaélique désignant la foudre).

Avec les succès du club et la forte croissance du chantier naval voisin qui glana une masse importante de nouveaux ouvriers, le nombre de supporteurs crut et le club se trouva vite à l’étroit dans son stade. Après quelques déménagements, ce fut un autre riche industriel local, Sir Daniel Dixon, accompagné par des mécènes de la Society Belfast qui aidèrent Glentoran à acquérir son enceinte actuel, « the Oval » , en 1892. En 1939, le fils de Sir Daniel Dixon, Herbert Dixon, reçut le titre de Baron (Baronet). En hommage au lien entre la famille et le club, Dixon choisit le titre de Baron Glentoran du comté de Ballyoly Down.

#859 – Deportivo Cali : los Verdiblancos

Les vert et blanc. Les raisons du choix de ces couleurs peuvent s’appuyer sur plusieurs histoires différentes mais aux racines communes. Le site du club, dans ses pages histoires, se garde bien de prendre une position entre ces différentes versions. Le Deportivo Cali fut fondé grâce aux frères Lalinde (Nazario, Juan Pablo et Fidel). Ces derniers avaient réalisé leurs études en Angleterre où ils avaient découvert et succombé aux charmes du football. De retour en Colombie et après plusieurs pourparlers, ils établirent le Cali Football Club le 23 septembre 1912. Dans les premières années d’existence, il y eut une scission qui mena à la création de deux équipes. L’une s’appelait le Cali FC A. L’autre Cali FC B. Les raisons de la scission ne sont pas claires. Une des versions avance que Gustavo Lotero prétendait au poste de gardien de but, dont le titulaire était l’italien Eduardo Goeta. Mais, en raison de sa petite taille (1,57 mètres), il n’obtint pas le poste et décida donc de créer une autre équipe.

L’équipe A évoluait dans un maillot composé d’une bande rouge et une autre blanche dans toutes les versions (copiée sur Arsenal d’après certaines sources, ce qui peut-être probable car les frères Lalinde auraient étudié à Londres). En revanche, les couleurs de l’équipe B varient selon les histoires. Pour l’une, le maillot était vert et blanc (les couleurs auraient été inspirés par celles de l’Irlande du Nord). Tandis que pour les autres, il était rouge et vert, accompagné d’un short blanc et de chaussettes noires. Les deux versions se rejoignent sur le fait qu’il était prévu une opposition entre les deux équipes afin de determiner laquelle représenterait la ville et le département dans les compétitions régionales. Le match eut lieu avec une victoire 3 buts à 1. Dans l’une des histoires, l’équipe B aurait été le vainqueur et ses couleurs vertes et blanches s’imposèrent. Toutefois, elles demeurent minoritaires et une grande majorité des sources reconnaissent plutôt une victoire de l’équipe A. A la fin des années 1930 et au début des années 1940, les deux équipes semblent disparaître et deux autres apparurent, Aire y Sol et Pingüinos. En 1945, elles fusionnèrent et donnèrent naissance au Deportivo Cali dont le maillot était vert et le short blanc.

#785 – Crusaders FC : the Crues

Diminutif tiré du nom du club qui signifie les croisés. Le club de football des Crusaders fut fondé en 1898 dans la région de Skegoneill au nord de Belfast. La première réunion des fondateurs se tint au 182 North Queen Street. Le nom du club n’est pas associé à la région ou au quartier où il naquit. Pourtant, lors de la cette fameuse réunion, différents noms furent étudiés, et comme souvent avec les clubs irlandais, les propositions se rattachaient au nom des rues du quartier tels que Rowan Star, Cultra United (Cultra street), Mervue Wanderers (Mervue street), Moyola et Queen’s Rovers (North Queen street). Même la rue Lilliput Street inspira les membres et donna l’idée de Lilliputians. Cette proposition n’était pas ironique car les liliputiens, terme inventé par Jonathan Swift dans son roman « Les Voyages de Gulliver », sont une fierté pour les habitants de Belfast. La ville est flanquée au nord (non loin du quartier des Crusaders) par une série de collines, dont Divis Mountain, Black Mountain et Cavehill. La légende raconte qu’elles inspirèrent Jonathan Swift pour ce fameux livre. En effet, lorsque Swift vivait à Lilliput Cottage, il voyait dans les contours de Cavehill la forme d’un géant endormi protégeant la ville.

Toutefois, tout ceci apparut trop local, en particulier pour l’un des principaux membres fondateurs, Thomas Palmer, qui voulait un nom qui aurait un prestige internationale. Sa suggestion fut donc de faire référence aux fameux chevaliers chrétiens qui menèrent les croisades au Moyen Âge face aux musulmans en Terre Sainte. En 1095, le pape Urbain II, lors du concile de Clermont, encouragea les chrétiens à aller libérer Jérusalem, alors sous domination d’une tribu musulmane turcique. Ces chevaliers arboraient sur leurs vêtements une croix cousue, rappelant la croix de Saint George, et qui donna leur nom au XIIIème siècle.

#156 – Shamrock Rovers FC : Hoops

Les cerclés. Les cercles auxquels il est fait référence ici sont les rayures horizontales du maillot du club. Ces rayures vertes et blanches forment comme des cercles autours du joueurs. Pourtant, de la création du club jusqu’en 1926, le club jouait certes avec des maillots rayés verts et blancs mais les traits étaient verticaux. A l’époque, le club entretenait une relation étroite avec l’équipe nord-irlandaise de Belfast Celtic. Ce dernier arborait le même maillot que le club qui inspira son nom, le Celtic Glasgow. John Sheridan, membre des instances dirigeantes, suggéra alors de reprendre les rayures horizontales pour rendre hommage au club de Belfast. Ce lien était lié à l’histoire récente où l’indépendance de l’Irlande du Sud était effective en 1922 tandis qu’en Irlande du Nord, Belfast Celtic était un îlot catholique et irlandais au sein d’une marée unioniste. Ainsi, Shamrock voulait apporter son soutien nationaliste au club nord-irlandais. Le 9 janvier 1927, lors d’un match de Coupe face à Bray Unknows, Shamrock abora son nouveau maillot et, malgré la défaite (3-0), le club conserva ce nouveau maillot qu’elle n’abandonna jamais.

#58 – Derry City FC : Candystripes

Les bonbons. Un doux surnom attaché au maillot rayé rouge et blanc qui rappelle des bonbons … Mais pourquoi ce maillot ? A sa fondation, le club opta pour le célèbre maillot bordeaux et bleu d’Aston Villa. Ses couleurs perdurèrent jusqu’en 1932, lorsque des maillots blancs avec des shorts noirs furent adoptés. Puis, en 1934, le maillot rayé actuel remplaça le blanc, en se basant sur ceux de Sheffield United, en hommage au joueur Billy Gillespie, originaire de la ville voisine de Donegal. 25 fois international irlandais, il joua pour Sheffield United de 1913 à 1932. A la fin de sa carrière à Sheffield, il rejoignit Derry City comme entraineur-joueur et sa renommée était telle que, deux ans après son arrivée, le club accéda à sa demande de changer les maillots du club.