#548 – Beitar Jérusalem FC : האריות מהבירה

Le Lion de la Capitale. Le club de la capitale de l’Etat d’Israël porte ce surnom à double titre. En effet, le lion est le symbole, à la fois du mouvement sioniste Beitar, dont dépend le club (cf article #420), et de la ville de Jérusalem, où il réside. Le Betar, mouvement de jeunesse sioniste fondé en 1923, signifie « Alliance de la jeunesse hébraïque en souvenir de Joseph Trumpeldor » et rappelle la ville de Betar, dernière forteresse juive à tomber face aux troupes romaines lors de la révolte des années 132-135. La cité, située en Judée, au sud-ouest de Jérusalem, n’existe plus mais, citée dans certaines prières, dans le Talmud, la Mishna, mentionnée par de célèbres rabbins (Maharal de Prague, Gaon de Vilna, Maimonide), la ville de Betar fit preuve d’héroïsme et de combativité, devenant ainsi un symbole pour la résistance juive et le retour en terre sainte. En 132 après JC, plusieurs mesures prises par l’Empereur Hadrien conduisirent à une insurrection des juifs de la province de Judée face à l’Empire Romain. La ville de Betar en était l’épicentre. Après 3 ans de guerre civile, les légions romaines encerclèrent les rebelles juifs à Betar et la cité-forteresse résista avant de tomber en août 135. Selon le rabbin Gaon de Vilna, les légions romaines, composés de 80 000 hommes, entrèrent dans Betar et massacrèrent la population en égorgeant hommes, femmes, enfants jusqu’à ce que le sang coule des porches et des égouts. Néanmoins, la bataille fut difficile car la population se battit et mourut comme des lions. Le roi des animaux devint alors le symbole de la ville, de sa résistance et fut donc repris par le mouvement Betar.

De l’autre côté, en 1958, Jérusalem adopta également le lion comme symbole. Composé en 1950, le blason de la ville affiche un lion rampant devant le Mur des Lamentations, entouré de deux branche d’olivier. L’animal est le Lion de Juda et demeure, en réalité, un symbole traditionnel des juifs et de Jérusalem. Dans la bible, Juda était le fils du patriarche Jacob et lors de sa bénédiction, Jacob qualifia son fils de גּוּר אַרְיֵה יְהוּדָה, jeune lion (Génése 49:9). Ainsi, la tribu de Juda, l’une des douze tribus d’Israël, composée des descendants de Juda, reprit le lion comme symbole. Jérusalem, comme capitale du Royaume de Juda, l’utilisa aussi.

#456 – MS Ashdod : הדולפינים

Les dauphins. Figurant en bonne place sur le blason du club, l’animal marin rappelle l’emplacement géographique de la ville et de sa forte attache à la mer. 6ème plus grande ville d’Israël, mentionnée 13 fois dans la Bible, la cité possède l’un des plus grands ports de marchandise du pays, l’un des rares ports en eaux profondes de la mer Méditerranée et où environ 60% des importations du pays transitent. En 2018, 1,477 millions de conteneurs et près de 800.000 passagers sont passés par le port. Si les opérations dans le port actuel démarrèrent en 1965 (la construction du port actuel ayant été entamée en 1961), Ashdod, l’une des cinq villes des Philistins, est une ville portuaire depuis la fin de l’âge du bronze. Elle fut pour les Philistins, le centre du culte au Dieu Dagon, appartenant à la Mythologie des peuples sémites. Dagon était le Dieu de la fertilité (donc des agriculteurs) mais son étymologie le rattache souvent avec un mot cananéen pour « poisson », le considérant alors comme « dieu-poisson ». D’ailleurs, il était souvent représenté, notamment par les assyriens, sous la forme de l’équivalent d’un triton de la Mythologie grecque (corps d’homme avec une queue de poisson à la place des jambes). Avec un tel lien maritime, n’importe quelle symbole marin aurait pu être associé au club. Mais, depuis l’antiquité, dans tout le bassin méditerranéen, le dauphin est devenu le symbole de la mer. En particulier, sur les côtes d’Ashdod, il n’est pas rare de croiser des groupes de dauphins (précisément des grands dauphins dont Flipper fut un des plus illustres représentants). Ashdod accueille d’ailleurs un musée dénommé « Le Centre des dauphins et de la mer ». Le dauphin figurant sur le blason du club est un héritage de ses clubs prédécesseurs. En effet, Ashdod se forma lorsque les deux clubs de la ville, Maccabi Ashdod et Hapoel Ashdod, fusionnèrent en 1999 suite aux difficultés financières rencontrées par les deux clubs. Le dauphin faisait partie de la crête du Maccabi et les clubs décidèrent de le garder. L’équipe est également représentée par une mascotte de dauphin avec des lunettes de soleil, nommée Skipper. 

#420 – Beitar Jérusalem FC : המנורה

La menorah, le chandelier à sept branches des Hébreux, dont la fabrication est prescrit dans la Bible (le livre de l’Exode). Il devint un des objets cultuels et sacrés du Tabernacle et plus tard du Temple de Jérusalem. Fondé en 1936, le premier nom de l’équipe fut « la Menorah » . Le choix de ce nom n’était pas le fait du hasard car le fondateur du club, David Horn, était également à la tête de la branche du Beitar à Jérusalem. Or, le mouvement sioniste avait opté pour cette Menorah comme symbole. Et le club de Jérusalem était finalement une émanation du mouvement politique. Ce dernier, comme d’autres associations sionistes, souhaitait offrir aux juifs une structure politique, militaire, culturelle et sportive. Les fondateurs du mouvement voulaient sortir de l’image du Juif en exil avec une nouvelle figure du Juif, un homme avec des capacités militaires, courageux. Ainsi, en s’inspirant de cette idéologie et également des bataillons hébreux (bataillons composés de Juifs incorporés dans l’armée britannique pendant la Première Guerre Mondiale), le Beitar adopta l’idée de créer des légions paramilitaires comme une pierre angulaire de sa vision du monde, en tant que force qui conduirait le sionisme à l’indépendance politique. A ce titre, le Beitar choisit comme emblème celui des bataillons hébreux, une Menorah. Ce symbole dépassait le cadre des bataillons car il s’agit également de l’emblème le plus vieux du judaïsme et le plus fort (bien avant l’étoile de David).

#397 – Hapoël Tel Aviv : הפועל

L’ouvrier. Le club de Tel Aviv appartient à un mouvement sportif nationale en Israël, dénommé הפועל (Hapoël) qui signifie l’ouvrier. Durant les années 1920, plusieurs mouvements politiques ou syndicalistes tels que le Maccabi ou le Beitar naquirent. Ce fut le cas du syndicat הסתדרות (Histadrout – Fédération générale des travailleurs de la Terre d’Israël) fondé en 1920 par des partis socialistes pour unir les travailleurs juifs d’Israël. Les objectifs étaient de faciliter l’aliyah des immigrants et défendre les travailleurs juifs dans la Palestine sous mandat britannique, ceci dans un cadre socialiste. Son développement offrit des structures économiques et politiques au futur état (banque, indemnisation du chômage et bureau de placement, système éducatif, caisse d’assurance-maladie, coopératives agricoles, et une armée clandestine).

En 1924, son secrétaire général, Ben Gourion, convainquit le syndicat de proposer également des activités culturelles ou sportives à ses membres, afin de cimenter la nation juive. Ainsi, le mouvement sportif Hapoël apparut, comme émanation du syndicat de gauche. De nombreux clubs sportifs dénommés Hapoël se créèrent dans tout le pays, à Tel Aviv, Jérusalem, Beer-Sheva, Petah-Tikvah ou encore Ramat Gan. Toutefois, pourquoi celui de Tel Aviv s’appropria le nom du mouvement, Hapoël, comme surnom ? Pourquoi est-il LE représentant du mouvement ? Tout simplement car le premier club sportif de l’association Hapoël fut celui de Tel Aviv, créé à l’été 1923. Malheureusement, l’association se dissout un an et demi plus tard. Une nouvelle tentative de création de l’Hapoel Tel Aviv échoua en 1925. Puis, un an plus tard, le troisième essai fut le bon et le club réussit à s’établir. En outre, en 1934, l’Hapoël Tel-Aviv remporta le championnat de Palestine de football, premier titre majeur d’un club juif.

#281 – Maccabi Netanya : היהלומים

Les diamants. Ils s’affichent en grand et au centre de l’écusson du club. Tout comme d’ailleurs, pour son rival du Betar Tobruk. Fondé en 1928, la ville de Netanya, située à une trentaine de kilomètres de Tel Aviv, avait développé une expertise dans l’industrie du diamant. Dans les années 30, des juifs belges et néerlandais immigrèrent à Tel Aviv et ses alentours (Ramat Gam et Netanya) et apportèrent avec eux leur savoir-faire, notamment dans le polissage de diamants, permettant de démarrer une économie tournée autours du diamant dans ses 3 villes. En 1938, Oved Ben Ami invita les deux premiers fabricants de diamants, Asher Daskall et Zvi Rosenberg, dans la ville de Netanya. Avec les premiers fonds levés, en 1939, la première usine de polissage du pays, Ophir, fut construite à Netanya. Par la suite, l’industrie du diamant dans la ville connue des hauts et des bas mais resta un des principaux moteurs de l’économie de la ville. En 1955, 2 800 travailleurs étaient déjà employés dans l’industrie et le volume des exportations atteignait plus de vingt millions de dollars. Netanya était alors connu comme la ville des diamants (עיר היהלומים). Mais, en 1968, la bourse aux diamants de Ramat Gan a ouvert ses portes et Netanya a perdu son caractère unique dans l’économie israélienne du diamant. Aujourd’hui, s’il existe encore des industriels, la ville s’est tournée vers d’autres secteurs, notamment le tourisme ou la high tech.

#255 – Maccabi Haifa FC : הירוקים

Les verts. Fondé en 1913, le club évoluait dans les couleurs traditionnelles du mouvement sioniste et sportif, Maccabi, soit le bleu et le blanc. Puis, en 1953, le club changea pour le vert, un peu par hasard. En effet, le club mandata l’un de ses membres, Avigdor Hershkovitz, de faire une tournée de levée de fonds aux Etats-Unis. Le club avait acquis une petite renommée suite à une tournée américaine réalisée en 1927 où le club remporta de nombreux matchs mais perdit la moitié de son effectif qui préféra rester au pays de l’Oncle Sam. Hershkovich rencontra un millionnaire juif qui possédait un magasin de vêtement. Ce dernier lui proposa d’équiper toute l’équipe avec un nouvel uniforme. Hershkovich consulta alors la direction du club pour connaître s’il y avait une couleur particulière souhaitée. Face à cette générosité et ne voulant pas abuser de la situation, la direction indiqua que la couleur n’était pas importante, tant que les uniformes n’étaient pas rouge, la couleur du rival local, l’Hapoel Haifa (qui comme toutes les équipes du mouvement sportif Hapoel portaient des maillots rouges). Finalement, le confectionneur fournit un kit complet de couleurs vert et blanc . Avec ce nouvel uniforme, l’équipe remporta une série de victoires qui convainquit les joueurs et la direction de conserver ces couleurs.

#203 – Hapoël Beer-Sheva : הגמלים

Les chameaux. Le club de la ville de Beer-Sheva a marqué récemment le football israélien. Alors que le Macabbi Tel Aviv, avec ses 25 championnats remportés, trustaient les trophées, seuls le Maccabi Haïfa, le Betar Jérusalem et l’Hapoël Tel-Aviv parvenaient à troubler son hégémonie depuis une trentaine d’année. Fondé le 1er mai 1949, le club se trouvait en 2007 en seconde division et en proie à des difficultés financières. Racheté pour 1,8 million de dollars par Alona Barkat, femme milliardaire, le club connut une renaissance qui le fit remonter en première division deux ans après son rachat. Puis, en 2014, l’Hapoël devint vice-champion d’Israël, avant de remporter 3 titres d’affilés en 2016, 2017 et 2018. Bien que situé dans la vallée du Jourdain, la ville de Beer-Sheva se trouve avant tout à l’extrémité nord du désert du Néguev et connait un climat chaud et sec, typique des déserts. Le club a donc naturellement hérité comme surnom de l’animal emblématique du désert, le chameau.

#123 – Maccabi Tel Aviv : הצהובים

Les jaunes. Le Maccabi Tel Aviv joue dans des maillots jaunes et bleus. Néanmoins, jusque dans les années 1940, le club évoluait dans les couleurs traditionnels du mouvement sportif du Maccabi : bleu et blanc. En 1942, le joueur du club, Joseph Mirmovic, proposa d’adopter le jaune comme couleur en signe de solidarité avec les Juifs persécutés par les nazis, qui étaient forcés de porter une étoile jaune. Cette proposition de Mirmovic fut approuvée par la direction de l’union mondiale Maccabi, qui chapautait l’ensemble des clubs Maccabi à travers le monde. Il fut ainsi décidé que le symbole du Maccabi, l’étoile de David, soit bleu sur fond jaune.