#1352 – Calcio Padoue : Biancoscudati

Le bouclier blanc. Le 29 Janvier 1910, au sein d’un club nautique créé 5 ans plus tôt, l’équipe de Padoue vit le jour, avec le baron Giorgio Treves de’ Bonfili comme président et le marquis Giuseppe Corradi comme vice-président. Le baron déclara « I colori saranno quelli della città di Padova: il bianco e il rosso » (Les couleurs seront celles de la ville de Padoue : blanc et rouge). Le 20 février 1910, l’AC Padova disputait son premier match officiel contre l’Hellas Vérone et la rencontre se solda par un score nul et vierge. Le maillot porté par les onze joueurs ce jour-là était donc blanc et rouge (une partie rouge à gauche ou à droite selon les joueurs et l’autre partie blanche, à la façon de Blackburn). Puis, l’activité s’interrompit brusquement pour reprendre à partir le 25 novembre 1912. Le nom de l’association demeura. En revanche, jusqu’en 1920, les joueurs portèrent un maillot rayé noir et blanc. Cependant, il fut décidé de revenir aux origines et, à partir de la saison 1920-1921, Padoue se présenta sur le terrain avec un maillot blanc bordé de rouge sur les manches. La véritable nouveauté du maillot fut l’apparition de l’écusson du club : un blason en forme de bouclier intégrant à gauche la croix rouge sur fond blanc (armoiries de la ville) et à droite le nom du club en blanc sur un fond rouge. La tenue traditionnelle du club était alors née et son surnom avec.

Même si le maillot évolua au fil des années dans la présentation des couleurs rouges et blanches (maillot blanc avec quelques liserés rouges, maillot rouge à manches blanches …), un détail immuable demeura sur la poitrine des joueurs, le blason-bouclier qui ne variait pas. Le maillot des saisons 1972-1973 et 1973-1974 laissèrent les supporteurs bouches bées puisque pour la première fois depuis 1920, l’écusson disparut du maillot. Pour le plus grand bonheur des fans, il revint la saison suivante pour ne plus quitter le maillot. À partir de la saison 1990-1991 et jusqu’au début des années 2000, sous la présidence de Marino Puggina, le blason en forme de bouclier évolua vers une forme plus carré. Avec l’arrivée d’Alberto Mazzocco à la présidence en 2000, Padoue lança un sondage d’opinion auprès de ses supporters dans les pages du quotidien « Il Mattino di Padova » concernant l’écusson à adopter. Le résultat fut sans appel : les fans demandèrent le rétablissement du blason original.

Les armoiries de la ville présente donc cette croix rouge sur fond blanc. Leurs origines sont difficiles à établir bien qu’elles semblent apparaître au XIIème siècle. A cette époque, le pape et le Saint-Empire romain germanique connurent un différend sur la nomination des évêques et des abbés puis sur la succession au titre d’Empereur. Les cités-États d’Italie centrale et du Nord se divisèrent alors entre les factions rivales des guelfes et des gibelins qui défendaient respectivement les intérêts du pape et du Saint-Empire. Commune indépendante, Padoue rejoignit la ligue lombarde, une association de cités italiennes qui soutenait le partie guelfe et qui affronta l’Empereur Frédéric Barberousse qui cherchait à les soumettre. En 1167, lors du serment de Pontida, la Ligue adopta comme symbole l’emblème de Milan, une croix rouge sur fond blanc (la croix de Saint-Georges) qui fut brandit triomphalement lors de la victoire de Legnano le 29 mai 1176. Padoue l’aurait donc adopté à partir de cette date comme armoiries.

Depuis, on y trouve plein de symbolisme. Le rouge représenterait la couleur du sang versé par les Padouans lors des nombreuses batailles pour défendre la ville. Le blanc symboliserait la pureté, la foi et la justice. Enfin la croix, symbole chrétien, rappellerait que Padoue était l’une des villes italiennes qui soutenaient les campagnes religieuses. Pour d’autres, la croix collerait à la géographie du centre-ville, qui fut modelé par les routes perpendiculars romaines (Le Cardo maximus (du Nord au Sud) et le Decumanus maximus (d’Ouest en Est)).

#1335 – CS Italiano : Tano

Tano est un terme de l’espagnol rioplatense, un dialecte typique de la région du Rio de la Plata (Argentine et Uruguay) qui désigne les immigrés italiens et leurs descendants dans ces deux pays sud-américains. Pour peupler un jeune pays et soutenir sa croissance, l’Argentine fit de l’immigration l’un de ses piliers, au point de l’inscrire dès 1853 dans sa première Constitution (article 25). Le gouvernement argentin promut sa politique en Europe et subventionnait le voyage en bateau des immigrants. Résultat, plus de trois millions d’Italiens émigrèrent vers l’Argentine en près d’un siècle (entre 1857 et 1940) et en 2011, plus de 25 millions des Argentins (soit 62,5 % de la population) avaient des origines italiennes.

Au départ, les immigrants italiens provenaient principalement du Nord de l’Italie (Ligurie, Piémont, Lombardie et Frioul) et étaient surnommés bachicha (qui dérivait d’un nom typique de Gênes). Toutefois, au début du XXème siècle, l’immigration en provenance du Mezzogiorno (midi et tiers sud de l’Italie) devint plus importante. Lorsque les agents des services de l’immigration interrogeaient les immigrants sur leur provenance, ils répondaient donc régulièrement napulitano (signifiant qu’ils avaient embarqué dans le port de Naples). A force, les employés de l’administration réduisirent le terme à ces deux dernières syllabes, tano, qui présentait aussi l’avantage de rimer avec le gentilé italiano.

Le surnom parait évident pour un club dont toute la symbolique tourne autour de la péninsule italienne : dénommé Italiano, jouant dans le stade « República de Italia », avec un écusson se résumant au drapeau italien et des joueurs évoluant en bleu. Evidemment, même si la forte immigration italienne influença la culture argentine, de nombreuses associations se créèrent pour conserver un lien entre les immigrants et avec leur origine commune. Ce fut le cas du CS Italiano qui fut fondé le 7 mai 1955 par des membres de la communauté italienne de Buenos Aires afin de participer à un championnat réservé à cette communauté.

#1311 – US Lecce : Lupi

Les loups. Sur le blason de l’équipe, une louve se balade sous un chêne vert et ces deux icones proviennent des armories de la cité. En 1869, alors que l’unité italienne progressait, l’imprimeur trévisan Gaetano Longo prit l’initiative de regrouper dans un ouvrage toutes les armes des cités du Royaume. Sans symbolique officielle et ne souhaitant pas être omis, la municipalité de Lecce chargea deux héraldistes de créer un blason qui reflèterait l’histoire et les traditions de Lecce. Leur choix se porta sur le chêne vert et la louve, rappelant ainsi la toponymie du nom de la ville. Les armes se décrivent ainsi : « une louve noire au naturel, passant de droite à gauche, sous un chêne vert, déraciné et portant des fruits en or, sur un champ d’argent ».

L’histoire de la Lecce débuta avec la colonie romaine Lupiae dont le nom dérive de Lupus (loups en latin). Parmi les peuples anciens de l’Italie, les jeunes membres d’une communauté pouvaient la quitter pour en fonder une nouvelle lors d’une migration sacrée, le ver sacrum (printemps sacrée). Selon la légende, la génération de jeunes hommes était guidée dans cette quête par un animal sacré (loup, taureau, aigle …) et le nom de cet animal servait à baptiser la nouvelle cité ainsi formée. Le loup, symbole de liberté, de communauté et de ruse, devait donc constituer l’animal-totem des habitants de Lupiae.

Puis, le nom de la ville évolua au fil des siècles en Licea, Litium, Lippiae, Licia, Licium et Liccia pour enfin finir en Lecce, qui provient de leccio (chêne vert en italien). Cet arbre, symbole de puissance, est en effet caractéristique de la région Terre d’Otrante et aurait offert avec son feuillage un abri à la fameuse louve.

En 2016, l’équipe de marketing s’empara de cet emblème et créa un t-shirt affichant le slogan « Nella tana dei lupi » (dans l’antre du loup). Il symbolisait « al meglio la nostra salentinità. Riesce ad esprimere al meglio quelli che sono i nostri valori e l’attaccamento al nostro stadio, il “Via del Mare”, che ogni tifoso giallorosso vuole sia un fortino inespugnabile » (le mieux notre identité salentine . Il exprime au mieux nos valeurs et notre attachement à notre stade, la « Via del Mare », que chaque supporter Giallorossi veut être une forteresse imprenable).

#1285 – Inter Milan : Baüscia

Terme du dialecte milanais qui désigne des fanfarons. Le football s’est retrouvé rapidement être le reflet de la société, avec ses contradictions et ses oppositions. Au départ, le jeu se répandit au travers des étudiants des universités anglaises qui venaient tous des classes bourgeoises de la société. Mais, la facilité de sa pratique séduisit rapidement les couches populaires qui y voyaient un loisir simple et plaisant. Comme au XIXème et au début du XXème siècle, ces deux strates de la société ne pouvaient cohabiter ensemble, chacune se développa au sein de ses propres structures. Parfois, ces clubs ne s’ouvraient pas statutairement aux autres classes. Et lorsqu’il n’y avait pas d’interdiction, c’était tout simplement la géographie de la ville qui empêchait des joueurs de rejoindre un club d’une autre couche sociale (Les clubs étaient attachés à un quartier de la ville où était concentrée une classe). Résultat, dans les grandes villes, il existait le club de la bourgeoisie et le club des couches populaires, ouvrières.

Milan n’échappa pas à cette rivalité. Le Milan AC vit le jour en 1899 et en 1908, suite à la dissidence de certains membres, l’Inter Milan fut fondé. Chaque classe sociale supporta son club : les ouvriers étaient plutôt derrière le Milan AC tandis que la petite bourgeoisie et les classes moyennes appréciaient plutôt l’Inter Milan. On ne sait pas pourquoi la population de Milan se répartit ainsi. Les supporteurs de l’Inter Milan commencèrent à surnommer les fans du Milan AC Casciavìt qui signifie les tournevis, afin de rappeler leur origine ouvrière (#209). En réponse, les fans du Milan AC appelèrent ceux de l’Inter Baüscia pour se moquer qu’ils venaient de manière hautaine et vantarde au stade, en automobile et endimanché. Terme du dialecte lombard, Baüscia désigne en effet une personne qui prend des airs, un vantard. Il existe des variantes comme bascia et basia, qui dérive tous de mots signifiant la salive, la bave ou le crachat.

#1264 – Venise FC : i Leoni Alati

Les lion ailés. Quand vous voyez sur un monument un lion ailé sculpté en Italie ou dans une ville côtière du bassin méditerranéen orientale, il est fort probable que ce lieu appartenait à la Sérénissime. Car, de 697 à 1797, Venise fut une grande cité indépendante, régnant sur une partie du Nord de l’Italie et du pourtour méditerranéen, et une place incontournable du commerce, où transitaient les échanges depuis les îles britanniques jusqu’aux empires byzantins ou musulmans et les routes de la soie, grâce à sa marine marchande et militaire.

Il existe plusieurs légendes autours du lien entre la cité des Doges et l’évangéliste. Originaire de Judée, l’apôtre Saint Marc se serait rendu à Alexandrie en Égypte, pour en être son évêque, mais face aux nombreuses conversions, il aurait été capturé par des païens et serait mort en martyr un 25 avril vers l’an 68-75. La première histoire évoque Saint Marc, voyageant en bateau d’Aquilée (vers Udine) à Alexandrie en Égypte, et qui fit face à une tempête et dut accoster au Rialto. Le Saint aurait alors trouvé l’hospitalité dans une pauvre cabane de pêcheurs et, dans un rêve, un ange lui serait apparu qui lui aurait prédit : « Sur cet îlot, ô Marc, un jour surgira une grande ville merveilleuse et tu y trouveras ton dernier repos et tu auras la paix » . Une autre légende raconte qu’après son supplice et son décès, le corps de Saint Marc devait être brûlé par les païens mais des averses de grêle et des éclairs les en empêchèrent. Les chrétiens d’Alexandrie récupèrent le corps et l’enterrèrent dans une église. En 828, le cadavre fut volé avec ruse par deux marchands vénitiens, Buono da Malamocco et Rustico da Torcello, et transporté à Venise. La cité construisit alors la célèbre basilique pour accueillir ces reliques.

La représentation traditionnelle de Saint Marc est un lion ailé. En effet, depuis l’Antiquité chrétienne primitive, les quatre évangélistes prennent souvent la forme allégorique du tétramorphe (quatre vivants représentant les quatre évangélistes) : l’homme pour Matthieu, l’aigle pour Jean, le taureau ailé pour Luc et donc le lion ailé pour Marc. Ce symbolisme rappelle le commencement de leurs évangiles. Pour Saint Marc, les premières lignes de son évangile décrive la prédication de Jean le Baptiste dans le désert (« un cri surgit dans le désert »), équivalent à un lion. Ses ailes symbolisent l’élévation spirituelle et demeure également une allusion à la salutation d’un ange à Saint Marc.

Ainsi, Venise reprit cette représentation de son Saint Patron comme symbole de la cité. Outre le lion ailé que l’on peut trouver sur la colonne de la place éponyme, le drapeau de la Sérénissime affichait l’animal biblique, dans des couleurs rouge et or. L’apparition de cette bannière n’est pas connue avec certitude mais, au XIIIème siècle, son utilisation est déjà attestée. Aujourd’hui, il est également un symbole du club de football, qui apparait de manière stylisée sur son écusson.

#1212 – AC Fiorentina : Gigliati

Ceux à la fleur de lys. Il s’agit d’une traduction approximative car le terme n’existe pas en italien et dérive en réalité du mot giglio, qui désigne le lys. Et depuis quasiment la fondation du club historique de Florence en 1926 son écusson affiche un lys rouge, le fameux symbole des armes de la ville. Depuis le XIème siècle, la fleur de lys est le symbole de la ville mais son origine est incertaine, plusieurs légendes se disputant. La plus connue remonte à la fondation de la ville par les Romains en l’an 59 avant J.C.. Elle aurait eu lieu au printemps, au moment des Jeux Floraux (Ludi Florales ou Floralia), qui correspondaient à des fêtes et célébrations en l’honneur de la déesse des fleurs, des jardins et du printemps, Flore. Ainsi, le village prit le nom latin de Florentia (la ville des fleurs) et l’association avec le lys, qui pousse en abondance dans les alentours de Florence (notamment sur le Monte Morello), se fit naturellement. Pour d’autres, l’association serait plus tardive et liée au culte marial auquel la ville fut toujours dévouée. En effet, on attribue au lys des vertus divines, purificatrices et virginales, ce qui en fait la fleur de la Vierge Marie.

Si l’origine est incertaine, l’association florale plaisait aux florentins car le lys de Florence se compose de trois pétales et de deux étamines chargées de boutons, qui donc écloront et donneront des fleurs. Or, la floraison est le signe de la production d’un fruit (une allégorie de la production de richesse). Ainsi, ce symbole présentait l’image d’une cité florissante, c’est à dire prospère. Et cette aisance financière engendrait pour les florentins une autre vertu de leur cité, la bienveillance, la générosité.

Difficile de dater l’adoption de la fleur de lys comme armes de la ville. Il semble que les florentins l’utilisèrent dès les premières croisades (XIème siècle). Contrairement aux armoiries actuelles, la fleur de lys était blanche sur un fond rouge à cette époque. En 1251, les Guelfes (soutien du Pape) décidèrent d’inverser les couleurs pour marquer leur victoire à Florence sur les Gibelins (Soutien du Saint-Empire). Par la suite, le lys fleurit partout dans la cité florentine, sur les murs des édifices et monuments civiques et religieux, comme sur les monnaies et dans les manuscrits. D’ailleurs, en 1252, la monnaie florentine en or, qui deviendra l’équivalent du dollar d’aujourd’hui, prit le nom de fiorino (florin), qui dérivait du terme lys. De même, la nouvelle cathédrale fut baptisée Santa Maria del Fiore (Sainte-Marie-de-la-Fleur).

Toutefois, pour la petite histoire, le lys de Florence est en réalité un iris …

#1189 – Audax Club Sportivo Italiano : los Itálicos

Les Italiens. Le club de Santiago du Chili représente la communauté italienne depuis ses origines. Quand on parle d’immigration italienne en Amérique du Sud, on pense naturellement à l’Argentine où plus de trois millions d’Italiens émigrèrent en près d’un siècle (entre 1857 et 1940), soit 10% de l’immigration italienne dans le monde. Elle laissa une trace indélébile dans le pays des gauchos. En 2011, plus de 25 millions des Argentins (soit 62,5 % de la population) avaient des origines italiennes. Le football n’y échappa pas (Boca Junior #1, River Plate #900, CS Independiente Rivadavia #1171). Mais, au tournant du XIXème et XXème siècle, l’Argentine ne fut pas la seule terre d’accueil et des italiens se retrouvèrent aux Etats-Unis et dans tous les pays d’Amérique du Sud.

Au Chili, l’immigration démarra timidement puisque le recensement de 1854 établissait qu’il y avait seulement 406 résidents italiens dans le pays. Mais, avec l’industrialisation du Chili et les difficultés économiques et politique de l’Italie, l’immigration italienne s’accéléra fortement entre 1880 et 1930 et le recensement de 1920 dénombrait alors 12 342 italiens au Chili, le chiffre le plus élevé jusqu’à présent, faisant de la colonie italienne la deuxième plus importante après la communauté espagnole. Comme pour l’Argentine, l’Etat Chilien favorisa cette immigration en allant faire directement sa promotion en Europe même (avec l’Agencia General de Colonización de Chile en Europa). Aujourd’hui, en fonction des études, les descendants d’immigrés italiens représenteraient entre 150 000 et 600 000 chiliens.

Originaires principalement du nord de l’Italie (Ligurie et Piémont), les immigrés italiens se répartirent dans tout le pays, à hauteur de 80% dans les zones urbaines, comme Valparaíso et Santiago, et dans les zones agricoles de Capitán Pastene, Parral et La Serena. A Santiago, les italiens vivaient principalement dans le quartier Barrio Italia (ou aussi connu sous le nom de Barrio Santa Isabel). Bien intégrés dans la population et constituant des piliers du développement économique et social du pays, les immigrés italiens fondèrent aussi de solides réseaux sociaux entre eux, servant à créer de la solidarité et à défendre leur identité et leur culture. En 1910, la communauté italienne offrit la statue Monumento al Genio de la Libertad pour célébrer le centenaire du Chili qui fut érigée sur la Plaza Baquedano à Santiago. La même année, 3 de ses membres, Alberto Caffi, Ruggero Cozzi et Amato Ruggieri, décidèrent de créer une institution sportives qui les représenterait. La symbolique du club s’attacha donc à se concentrer sur le rappel des liens avec l’Italie. Le premier écusson présentait une croix blanche sur un champ rouge, qui était l’écu de la Maison de Savoie, qui régnait sur l’Italie depuis son unification. Elle fut remplacée dans les années 1950 par une roue cycliste intégrant en son centre le tricolore italien (vert, blanc et rouge). Pour le maillot, le choix se porta sur le vert, accompagné d’un short blanc, s’inspirant du drapeau italien. En 2020, pour commémorer les 110 ans de la fondation du club, un maillot bleu a été porté par les joueurs, en hommage aux couleurs représentatives de la Maison de Savoie, qui inspira l’uniforme de l’équipe nationale italienne.

#1177 – Côme 1907 : Lariani

Grace à son lac, sa nature luxuriante, son climat doux et ses vues sublimes, la ville de Côme constitue une destination de charme prisée, souvent considérée comme l’une des plus romantiques et belles du monde. Mais, depuis quelques jours, elle a regagné ses galons sportifs. 20 ans après sa dernière apparition, l’équipe de football fait de nouveau partie de l’élite italienne, la Série A. Et les habitants se mettent à rêver d’un destin footballistique, avec les propriétaires du club, les frères indonésiens Hartono, 71ème et 76ème fortunes mondiales selon le classement Forbes qui font du club, le plus riche de Série A. Au côté des Hartono, d’autres grands noms ont aussi investi comme Thierry Henry, Denis Wise et Cesc Fabregas. Quand en 2019, les frères Hartono reprirent le club, ce dernier venait de nouveau de faire faillite (à deux reprises au cours des deux dernières décennies) et redémarrait tout juste Série D. 5 ans plus tard, Côme est donc de retour en Série A.

Le surnom du club ne provient pas de son histoire mais de la situation géographique de la ville. Son lac se dénomme en italien lago di Como ou Lario, qui dérive directement de son nom latin de Larius lacus (qui donna donc le surnom lariani). Car l’environnement enchanteur du lac séduisait dès le premier siècle après JC, les riches citoyens romains dont les villas et les fermes parsemaient les rives. Pline le Jeune y construisit les stations balnéaires de Comedia et de Tragedia. Puis, le le lac devint la résidence privilégiée des rois barbares. Par la suite, au XVIIIème siècle, la coutume du « Grand Tour », un voyage initiatique que les gens instruits entreprenaient pour visiter la ville, découvrir les œuvres d’art et admirer le paysage, se répandit dans toute l’Europe. Stendhal, Liszt, Bellini, Churchill et aujourd’hui George Clooney, Madonna et Donatella Versace profitèrent également de la région et investirent les prestigieuses demeures.

D’une superficie de 146 kilomètres carrés, le lac se distingue par sa forme en « Y » et constitue le troisième plus grand lac d’Italie, après le lac de Garde et le lac Majeur. Avec plus de 400 mètres de profondeur, c’est le cinquième lac le plus profond d’Europe. Le lac dessine un fjord, creusé dans les pentes montagneuses des Préalpes. Côme se situe à l’extrémité de la branche sud-ouest.

#1171 – CS Independiente Rivadavia : Azul del Parque

Le bleu du parc. Le club de Mendoza prend ses racines en 1902 avec la fondation d’un de ses prédécesseurs Club Belgrano, qui en 1908 devint le CA Belgrano. Mais, subissant régulièrement les foudres de la fédération de football locale, le CA Belgrano disparaît en 1913 au profit d’un nouvelle entité du nom de CA Independiente. Le CA Belgrano évoluait dans un maillot vert « mousse ». En 1913, le CA Independiente le transforma en un uniforme tricolor : manche blanche, et poitrine arborant des rayures verticales blanches, rouges et vertes. En 1919, le club fusionna avec le CS Rivadavia et la décision fut prise de changer de couleurs. Le président du club, Bautista Gargantini, originaire d’Italie (comme beaucoup d’Argentin), décida de retenir le bleu foncé, couleur de l’équipe nationale de l’Italie. Pour rappel, la fédération italienne choisit le bleu en 1911 lors d’un match contre la Hongrie afin de rendre hommage à la Maison de Savoie, famille régnante.

En 1861, Mendoza fut dévasté par un terrible tremblement de terre, qui fut suivi par d’importantes épidémies de diphtérie, de choléra et de rougeole. Lors de la reconstruction, les problématiques de santé publique apparurent essentiels pour les autorités et la décision fut prise de boiser la partie Est, afin de protéger la cité des inondations. La municipalité embaucha l’architecte et paysagiste français Charles Thays qui conçut le parc de San Martín ouvert à la fin du XIXème siècle. S’étendant sur 393 hectares, le plus grand parc de la ville abrite notamment l’Université Nationale de Cuyo, l’amphithéâtre Frank Romero Day, le Musée d’anthropologie et de sciences naturelles, un théâtre, un hippodrome, une piste d’athlétisme, un golf, un vélodrome, un jardin botanique et le parc zoologique. Le football n’y est pas banni puisque le parc abrite le stade Malvinas Argentinas, qui accueillit des matchs de la Coupe du monde de football de 1978. Mais, ce n’est pas la seule enceinte de football du parc qui est le siège des deux clubs les plus prestigieux de la cité. D’un côté, le CA Gimnasia y Esgrima évolue dans son antre du stade Víctor Antonio Legrotaglie (au Nord du parc). De l’autre, le stade Bautista Gargantini (à l’Est du parc) accueille le CS Independiente Rivadavia.

#1153 – US Salernitana : i Granata

Les grenats. S’il est inenvisageable pour les fans d’aujourd’hui d’imaginer son équipe de la Salernitana jouer dans d’autres couleurs que le grenat, il ne s’agit pourtant pas des teintes historiques du club. Avant la Première Guerre mondiale, plusieurs clubs coexistaient à Salerne : le FC Salerno (qui évoluait pour des raisons pratiques avec une chemise blanche), le FC Settembrini, Vigor Salerno, Juniores Giovine Italia, FC Campania (qui jouait avec un maillot grenat), SG Pro Salerno, ainsi que l’Audax Salerno (qui avait opté pour un maillot à rayure noire et blanche). Avec la fin des hostilités, en 1919 certains joueurs et dirigeants auparavant actifs dans les équipes mentionnées avant qui avaient toutes sombrées avec le conflit (sauf Audax), se réunirent pour créer une nouvelle association multisports. Le 19 Juin 1919, l’US Salernitana vit le jour avec Adalgiso Onesti, comme premier président, et des maillots bleu ciel et blanc. Il existe principalement 2 théories quant à la raison pour laquelle ces deux couleurs furent choisies. L’hypothèse la plus admise serait d’honorer la mer (bleu) et le ciel (blanc), une coutume à la mode à l’époque pour les clubs des villes balnéaires (Salerne est située sur le golfe du même nom, englobé par la mer Tyrrhénienne). L’autre version est plus pragmatique, ces maillots bleus et blancs ayant été les seuls trouvés par le président Onesti. Selon une autre source, Adalgiso Onesti aurait été séduit par la beauté du maillot de l’équipe nationale argentine que lui avait offert un de ses amis émigrés, Giuseppe Cuomo. L’albiceleste jouait avec son maillot traditionnel dès 1911 et la communauté italienne émigrée en Argentine était importante à cette époque. Néanmoins, étant donné les problèmes d’approvisionnement courant dans ces années, il n’était pas rare de voir les joueurs de la Salernitana entraient sur le terrain avec des maillots bleu, rouge-noir, blanc et même vert.

En 1922, la cité de Salerne comptait deux équipes en 1ère division : l’US Salernitana et le SC Audax. Le bon sens et leurs faiblesses économiques conduisirent en Décembre de la même année à la fusion entre les deux associations, donnant naissance à la SS Salernitanaudax. L’US évoluant en bleu et blanc et l’Audax en noir et blanc, le choix des nouvelles couleurs se porta sur le bleu et le noir, éliminant la teinte commune, le blanc. Malheureusement, la fusion ne résolut pas les soucis financiers et lors de la saison 1924-1924, la Salernitanaudax ferma ses portes. Sous l’impulsion de la politique sportive fasciste, deux clubs de Salerne, Campania et Libertas, s’unirent pour créer l’US Fascista Salernitana en 1927. Cette nouvelle association reprit principalement l’héritage du Campania, dont sa couleur grenat (au détriment du jaune de Libertas). Lors de la saison 1928-1929, l’association décida de revenir au biancoceleste (blanc et bleu ciel) à rayure verticale. Dans les années 1930, il arrivait à l’équipe de revêtir un maillot uni bleu ciel (parfois avec des bords blancs ou noirs ou avec une grand bande horizontale noire ou blanche).

La Seconde Guerre mondiale eut raison du club, qui reprit ses activités en 1944. Pour la Coupe de la Libération, les joueurs de Salerne se présentèrent avec des maillots grenats. Une légende raconte que suite à une collecte organisée auprès des fans, vingt pulls en laine furent achetés à un dépôt militaire. Il n’eut pas le choix de la couleur, beige, mais les dirigeants suggèrent de les teindre. Dans un magasin, ils trouvèrent des teintures, une caisse rouge et une noire. En les passant dans les deux couleurs, le grenat apparût, comme par magie. Plus prosaïquement, la version communément avancée est que le club voulait se différencier des autres. Depuis, le club n’abandonna pas cette couleur, mais elle se maria souvent avec du blanc ou du noir, au fil des années. Lors d’une seule saison, le club dut se résoudre à ne pas jouer dans sa couleur traditionnelle. En 2011, le club fit faillite et une nouvelle association, Salerno Calcio, fut recréée dans la foulée. Toutefois, cette dernière ne put récupérer immédiatement les droits sur les symboles de l’ancien club. Ainsi, la nouvelle entité évolua avec un maillot à rayures verticales bleu et grenat puis sur la seconde partie de la saison, le maillot associa le rouge, le jaune et le bleu, couleurs du drapeau de la municipalité de Salerne. En 2012, le club retrouva son nom (US Salernitana), son logo (l’hippocampe) et sa couleur, le grenat.