#1122 – Deportivo Pereira : el Grande Matecaña

Le grand matecaña. Le club émergea d’une bagarre. Au début des années 1940, la rivalité des deux clubs de la ville de Pereira, Vidriocol (l’équipe des classes populaires de Pereira) et Otún (l’équipe des classes aisées de la ville), se traduisait par des affrontements excessifs sur le terrain. A l’issu d’une nouvelle altercation lors d’un derby en Février 1944, plusieurs personnes, soutenues par le capitaine de Police, proposèrent de créer un nouveau club, ce qui fut fait le 12 février 1944. 78 ans plus tard, le club de la province de Risaralda remporta le titre de champion de Colombie, avec une équipe composée uniquement de joueurs colombiens. Un véritable exploit.

Il est difficile de dire pourquoi le club a hérité de ce surnom. Matecaña, que l’on peut traduire par « tueur de cannes à sucre », est le nom de l’aéroport de la ville. Il fut construit sur l’ancien hippodrome qui portait déjà ce nom. Ces terrains se dénommaient déjà ainsi au milieu du XIXème siècle, ce qui laisse supposé qu’il y avait une exploitation de cannes à sucre à cette époque. De par sa construction difficile et les services rendues, l’aéroport constitue une fierté pour les habitants de la ville et son nom est utilisé parfois comme un gentilé.

Quand au club, son équipe joua dans le stade « El fortín de Libaré » (aujourd’hui nommé Mora Mora) jusqu’en 1971. Il ne semble pas que le stade ait été construit sur un ancien champs de cannes à sucre. Donc le terme Matecaña fut certainement retenu dans le surnom comme un synonyme de Pereira. Pour le terme Grande, il symbolise peut-être le fait que « El fortín de Libaré » (le fort de Libaré) était un lieu imprenable où le club réalisa de grands exploits. Après un match mémorable, le Deportivo tint en échec (4 buts partout après avoir mené) le Millonarios de Di Stéfano le 23 Juillet 1953. Le club enregistra dans cette enceinte la victoire 9 à 0 contre Huracán en 1951 et la victoire historique 6 à 0 sur l’Atlético Nacional en 1962. L’autre surnom de la même trempe est la Furia Matecaña (la fureur matecaña).

#1117 – CA Unión Santa Fe : los Tatengues

Dans l’argot argentin du début du XXème siècle, il existait ce mot, tatengue. Ce terme désignait les personnes appartenant à la bourgeoisie, l’élite et qui étaient raffinés. La traduction n’existe pas mais nous pourrions dire « bien-né » ou « snob ». Pour certain, l’équivalent actuel serait le mot cheto qui est utilisé dans de nombreux pays sud-américains pour désigner péjorativement quelque chose ou quelqu’un de distingué, de snob, de « m’as-tu-vu » . Pour comprendre, pourquoi les supporteurs de l’Unión sont appelés ainsi, il faut aussi se reporter au surnom de son grand rival, le CA Colón. Car, comme pour les deux grands rivaux de Rosario, CA Newell’s Old Boys et le CA Rosario Central (cf. #104 et #681), les surnoms de l’Unión et de Colón se lisent en miroir.

Colón était moqué par les fans adverses de l’Unión avec le sobriquet los sabaleros. Ce terme provient de l’argot sabalaje, qui désigne de manière péjorative un groupe d’individus pauvres, venant des banlieues ou vivant dans la boue, à l’image du club de Colón qui résida et réside toujours dans les quartiers périphériques de la ville de Santa Fe et dont les supporteurs viennent des classes populaires (cf. #692). A l’inverse, le club de l’Unión fut fondé le 15 avril 1907 par un groupe d’amis qui avaient quitté le Santa Fe FC et étaient arrivé à la conclusion qu’aucun club ne les accepterait. Les fondateurs dirigés par Belisario Osuna se rencontrèrent alors dans la maison familiale d’un des membres (Antonio Baragiola), située dans la rue Catamarca (aujourd’hui Avenue Eva Perón), au cœur du centre ville. Le siège du club comme le stade où il jouait dans ses premières années se situaient également dans le centre ville. Même si le club se déplaça, cette position géographique centrale ne changea pas jusqu’à aujourd’hui. Ces quartiers du centre étaient ceux des classes sociales aisées. En les surnommant tatengues, les fans des équipes adverses insultaient ceux de l’Unión mais comme souvent, le sobriquet devint un motif de fierté, une composante de l’identité du club. Ainsi, la rivalité entre l’Unión et Colón synthétise l’affrontement entre ceux vivant dans le centre et ceux des quartiers périphériques, les riches contre les pauvres.

Un autre surnom en est dérivé : el Tante.

#1099 – AFC Leopards : Ingwe

Les léopards en langue Luyia. Au Kenya, le football est dominé par deux équipes, Gor Mahia et Leopard, chacune étant le représentant d’une des principales ethnies du pays, respectivement les Luo (11%-13% de la population) qui vivent principalement dans la province de Nyanza, au sud-ouest du pays sur les bords du lac Victoria et les Luyia (14%-15%), établie dans la Province de l’Ouest, au nord du Lac Victoria. Ces deux clubs furent créés pour offrir des possibilités de socialisation et pour forger les identités ethniques des groupes luhya et Luo dans la capitale, Nairobi. A sa création le 12 Mars 1964, peu après l’indépendance du pays (12 Décembre 1963), le club prit le nom de Abaluhya United, Abaluhya étant une autre dénomination anglaise des luyia. Puis, en 1973, après l’assimilation de plusieurs petits clubs, il devint Abaluhya FC. En 1980, le président kenyan, Daniel arap Moi, décida de détribaliser le nom des clubs kenyans afin de développer l’unité nationale. En effet, cette division tribale des clubs football nuisait à la performance sportive (les joueurs ne pouvaient pas changer de club s’il n’appartenait pas à l’ethnie du club) et encourager les rivalités internes aux pays. Ainsi, Abaluhya FC changea de nom pour AFC Leopards. Le « A » signifiait toujours Abaluhya mais le nom principal devint l’animal endémique du pays.

Dans ses parcs naturels, le Kenya compte en effet de nombreuses girafes (plus de 30 000) mais surtout un big five connu mondialement (lion, éléphant, rhinocéros, buffle et donc léopard) qui font le bonheur du pays et des touristes. Mais, le léopard est également un animal-totem sacré du peuple Luyia. Un dicton luyia dit « omwami kafwile ingwe yasalile » (une personne importante est morte, le léopard a accouché). Pour ce peuple, la mort d’une personne importante serait marquée par les dieux en provoquant l’accouchement d’un léopard dans la nature. Pour de nombreux peuples luyia, l’animal symbolise le courage, la noblesse et l’honneur. Un poème « Nise Ingwe » (Je suis un léopard) rappelle que le léopard est invincible, car même provoqué, il demeure calme, sans-pitié et méticuleux. Ainsi, il est interdit de tuer des léopards et ces peuples sont censés préserver son habitat et environnement. Le fait de prendre le léopard comme nom et emblème était un moyen de contourner le décret présidentiel. Car, le peuple Luyia, qui est apparu à compter des années 1940 et qui est composé de plus de 800 clans et 18 dialectes, ne connait l’unité et le succès qu’à travers son équipe de football et il était donc difficile de perdre ce marqueur fort de leur identité qu’est le club de football.

#1095 – Karşıyaka SK : Kaf Sin Kaf

Vous avez peut-être remarqué que la phrase Kaf Sin Kaf présente les mêmes initiales que le nom du club Karşiyaka Spor Kulübü : KSK. Ce n’est évidemment pas un hasard et tout simplement, Kaf Sin Kaf, est la prononciation en turc ottoman (ou turc osmanlı ou turc ancien) des initiales KSK. Lorsque Mustafa Kemal dit Atatürk fonda la Turquie après l’effondrement de l’Empire Ottoman et suite à la guerre d’indépendance (1919-192), il entreprit une véritable révolution des institutions et redéfinit l’identité du pays : déplacement de la capitale à Ankara, abolition du sultanat et du califat, proclamation de la République, expulsion de l’ancienne famille impériale, droit de vote accordée aux femmes, encadrement ferme de la religion musulmane, laïcité constitutionnalisée, instauration du mariage civil, adoption des systèmes internationaux pour l’heure, le calendrier et les poids et mesures … La Turquie rentrait dans l’ère moderne. Cela passa aussi par une évolution de la langue. Dans l’Empire Ottoman, le turc ottoman constituait la langue officielle de l’Empire depuis la constitution de 1876. Basée sur l’alphabet arabe, cette langue reprenait de nombreux termes venant de l’arabe ou du persan. Mais, cette arabisation ne plaisait pas aux mouvements nationalistes turques au XIXème siècle qui souhaitaient purifier la langue de ces influences. Atatürk lança cette réforme linguistique en 1928, connu sous le nom de Harf Devrimi (révolution des signes), et fit adopter l’alphabet latin enrichi de 6 lettres (ç, ğ, ı, ö, ş et ü). L’idée était que l’alphabet latin était plus approprié à la structure de la langue turque et à sa phonétique que l’alphabet arabe (en raison du nombre de voyelles). Cette simplification permit de réduire l’analphabétisation dans le pays.

Si le club a pour surnom sa prononciation dans l’ancienne langue, c’est que sa fondation date de l’époque ottomane. En 1908, le football en Turquie était généralement pratiqué par des étrangers. Ainsi, les équipes d’Izmir (où se situe KSK) représentaient chacune une des communautés grec, arménienne et britanniques et elles dominaient la pratique sportive. Un jour, 6 jeunes de Karşıyaka s’abritèrent sous un olivier sous la pluie battante et décidèrent de créer leur propre club, représentant la communauté turque, en signe de rébellion contre la domination des autres minorités. Le 1er novembre 1912, le Karşıyaka Türk Mümarese-i Bedeniyye Terakki Kulübü, aujourd’hui connu sous le nom de Karşıyaka SK, fut fondé.

#1078 – Portimonense SC : os Marafados

Le terme est typique de l’Algarve et désigne une personne facilement irritable. En effet, comme dans d’autres régions, la langue, les expressions et l’accent de l’Algarve diffèrent du portugais standard. Ce mot est souvent utilisé dans l’expression Ah moce marafade! qui se comprend comme « Ah, ce marfade ! » et qui désigne une personne en colère. Mais, il peut également désigner, pour un jeune garçon, un caractère espiègle, coquin. Donc, le mot s’utilise plutôt dans un sens tendre, affectueux. Même s’il y a bien d’autres expressions et mots typiques de l’Algarve, Marafados est totalement identifié avec la région et en est devenu son « gentilé » non-officiel.

Portimonense Sporting Clube réside dans la ville de Portimão, dans la région de l’Algarve. Agglomération portuaire de 60 000 habitants, la cité est très marquée par le sport, notamment en beach soccer. Elle a déjà accueilli la Coupe du Monde de Beach Football et la Ligue européenne de Beach Football. Mais, depuis deux ans et la relégation du Sporting Clube Farense, Portimonense est le seul représentant de la région au sein de l’élite portugaise. Après avoir connu plusieurs groupes de supporteurs, depuis quelques années, le principal s’appelle Ultra Marafados.

#1054 – CA La Paz : la Palomilla

Littéralement, le mot se traduit par papillon de nuit mais ce n’est pas son sens ici. Le CA La Paz est un club récent qui a été fondé le 22 avril 2022. Tout commença le 21 avril 2022 quand le propriétaire du Tampico Madero FC céda sa franchise à l’homme d’affaires Arturo Lomelí, actionnaire du Mazorqueros FC. Dans la foulée de l’acquisition, la nouvelle équipe déménagea dans le département de la Basse-Californie du Sud, à La Paz et fut renommée CA La Paz. Ce nouveau club ne reprit pas les symboles de son prédécesseur et créa sa propre identité. Ainsi, son surnom puisa dans le jargon local.

Le mot palomilla est populaire dans les régions côtières du Mexique, mais aussi dans d’autres pays comme le Chili, le Pérou et le Honduras. Il était souvent utilisé pour désigner des bandes de jeunes espiègles, provenant des classes modestes. Le terme s’est popularisé dans l’ensemble du Mexique dans les années 1950, lorsque le comédien et chanteur emblématique du cinéma populaire mexicain Germán Valdés, connu sous le nom de Tin Tan, s’amusait dans ses films avec sa bande d’autres acteurs, qui était surnommé palomilla. En Basse-Californie du Sud, ce mot est assez courant, même si au début des années 2000, il semblait avoir disparu de la circulation. Il désigne maintenant un groupe de personnes qui se réunissent fréquemment pour s’amuser. Avec le temps, ce terme qui était attribué à des jeunes qui venaient des milieux populaires se déporta vers des personnes à la mode. Il est même devenu par la suite un synonyme de amigos (amis).

#1007 – Sunderland AFC : Makem

Voila le gentilé des habitants de Sunderland qui caractérise leur accent et leur dialecte (il peut également s’écrire Mackam, Mak’em, Mackum …). Plus on s’éloigne de Londres en montant vers le Nord du pays, plus l’accent s’accentue et le dialecte se développe (plus l’oreille des non-britanniques se tends aussi pour tenter d’accrocher quelques mots). Dans le Pays Noir, le dialecte se nomme Yam-Yam et Dee-Dah à Sheffield. Newcastle est très connu pour son Geordie (qui est également la manière de désigner ses habitants). Un peu plus au Sud, du côté de Durham, le dialecte comme les citoyens s’appellent Pitmatic. Entre les deux, se situe la ville de Sunderland qui a développé également son propre dialecte. Et n’allez pas dire qu’il ressemble aux deux autres (même si les différences sont parfois subtiles).

Il est communément admis que le terme Makem proviendrait de l’expression « Mak ’em and Tak’em« . Mak’em serait la prononciation locale de « make them » (faîtes-les) et Tak ’em de « take them » (prenez-les). Même s’il y a de nombreux débats pour identifier l’origine du terme, il semble que toutes mènent à l’activité de construction navale de la cité. Cette dernière fit la fortune de Sunderland en particulier au XIXème siècle. Sur une distance de 3 miles, 65 chantiers jalonnaient la rivière Wear (qui traverse la ville) vers 1840. En 1901, les chantiers de Sunderland produisaient 77 navires et 95 en 1905. Construit le long des berges, les marins emmenaient alors ces nouveaux navires sur la rivière Wear jusqu’à la mer ou à Tyneside pour être équipés. D’où l’idée que les ouvriers de Sunderland fabriquaient les bateaux et les marins les emmenaient. Une autre explication est que les navires étaient à la fois construits et réparés (ou pour comprendre l’expression « pris en charge pour des réparations ») à Sunderland. Le terme pourrait également faire référence au volume de navires construits durant la guerre et l’expression signifierait « Nous les fabriquons et ils les coulent ». D’ailleurs, l’augmentation des commandes à cette époque auprès des chantiers de Sunderland fit dire aux ouvriers de Newcastle que ceux de Sunderland leur avaient volé leur travail et les auraient alors surnommé Makem.

Bien qu’il exista avant (dès 1929 des articles le mentionnent), le terme se démocratisa grace au sport à la fin des années 1970 et au début des années 1980. L’expression « we still tak’em and mak’em » fut utilisée en 1973 pour faire référence au Sunderland Cricket & Rugby Football Club. Mais, ce fut la rivalité footballistique, avec le développement du hooliganisme, qui représenta le terreau fertile à sa propagation. Les supporteurs de Newcastle l’auraient utilisé pour désigner avec dédain leur rivaux de Sunderland (la première mention écrite de ce surnom péjoratif date de 1980). Puis, ces derniers se l’auraient approprié dès 1989 pour désormais le porter avec fierté.

#1002 – Real Saragosse : los Maños

L’erreur serait de traduire le terme maños par « mains » car ce n’est pas sa signification dans cette région de l’Espagne. Utilisé dans la vie courante et de affectueuse, le mot est devenu la manière de désigner les habitants de Saragosse et ceux du sud de l’Aragon. De ce terme est dérivé un surnom pour Saragosse, Mañolandia. Son origine est incertaine et plusieurs versions se racontent, chacun choisissant celle qui lui convient.

Une version assez répandue raconte que le mot provient du latin magnus ou magnum qui signifie grand. Par la suite, l’hispanisation du mot fit remplace le « gn » par « ñ ». Si l’histoire est répandue, cela peut s’expliquer par le fait que ce surnom peut rendre fier les habitants de Saragosse.

Une autre théorie, remontant à l’occupation arabe de l’Espagne, suggère que le terme maño vient du mot arabe mawla, qui signifie « ami » ou « protecteur ». D’un côté, ce terme aurait été utilisé par les mudéjars aragonais, les musulmans tolérés en Espagne après la reconquête. De conditions modestes et inférieures (du fait de leur religion), les mudéjars disaient maño pour appeler affectueusement un de ses compagnons, en tant que membres d’un peuple soumis, frères d’infortune. D’un autre côté, à l’inverse, il est avancé que pendant la domination musulmane de la péninsule ibérique, les habitants de Saragosse étaient connus pour leur loyauté et leur amitié avec les musulmans.

Mais ces deux explications sont souvent contestées car le lien entre le mot d’origine et maño n’est pas aussi évidente.

Il existe donc une troisième théorie beaucoup moins avancé. Le terme proviendrait du mot latin matianus, qui signifie « habitant de Matiena », une ville romaine qui se trouvait dans l’actuelle province de Huesca (au Nord de la ville de Saragosse). Au fur et à mesure que le latin évoluait vers l’espagnol, le mot se transforma en matiano puis finalement maño.

#943 – Pau FC : les Maynats

Les garçons en béarnais (prononcé Maï-Nah-Tsse – Merci à Gillen). Au Sud de la France, au pied des Pyrénées, la ville au célèbre maire, François Bayrou, est le chef-lieu du département des Pyrénées-Atlantiques mais fut surtout entre 1464 et 1620 la capitale de la principauté du Béarn. Cette région historique connut son indépendance entre 1347 et 1620 mais surtout possède une culture riche et forte. Sa langue, le béarnais, demeure l’un des éléments différenciant et marqueur de son identité. Il s’agit d’un parler occitan, qui fut la langue institutionnelle de ce territoire durant sa période souveraine. Il resta longtemps la langue parlée dans le territoire bien que l’intégration du français se développa, notamment avec son annexion par le Royaume de France en 1620. Son usage recula à compter du XIXème siècle mais connut une nouvelle vie à partir de la seconde partie du XXème siècle. Selon une enquête réalisée en 2008 par la région Aquitaine, 8% des personnes interrogées déclarent parler béarnais sans difficulté, ce qui représenteraient 29 locuteurs. En outre, 7% estiment pouvoir tenir une conversation simple en béarnais. D’où, au final, 15% des populations vivant dans le Béarn parleraient le béarnais, environ 55 000 béarnophones. Maynats est donc le terme béarnais qui signifie les enfants comme les gones en lyonnais (#2), les minots en provençal (#298) et les pitchouns en occitan (#434). Il est utilisé pour les joueurs mais de manière général pour désigner les enfants.

#908 – Valence CF : el Che

Terme intraduisible mais dont les valenciens raffolent. Cette interjection est l’une des caractéristiques les plus identitaires des habitants de Valence par rapport au reste de l’Espagne, au point que le mot est aujourd’hui synonyme des valenciens et s’utilise comme surnom du club de football. Le club avait une chaîne de télévision nommée « che » et même un magazine « che, che, che » . Dans les rues de la ville, il est courant de voir des endroits appelés « che » mais surtout on entend le terme dans les bouches valenciennes régulièrement. « ¿che, que fas? » (che que fais-tu ?), « che, bon dia » (che bonne journée) ou « che, qué mala suerte » (che quelle malchance). Les habitants le glisse pour souligner quelque chose, exprimer une colère ou simplement pour remplir un vide. Il est également synonyme de hombre comme dans « Que sí, che, que yo lo he visto » (mais oui, mec, je l’ai vu). Il est souvent associé au pronom « tu« , étant donné que le terme est tout de même un peu familier. On pourrait l’assimiler au « hey » ou « oyé ». Dans son roman « Pour qui sonne le glas », Ernest Hemingway réunit toutes ses connaissances de l’Espagne, ses coutumes, ses langues et ses modes de vie. Pour Valence, l’écrivain fut marqué par cette expression et faisait décrire la cité à l’un de ses personnages comme suit : « Les gens n’ont pas de manières ou quelque chose comme ça. Je n’ai pas compris ce qu’ils disaient. Tout ce qu’ils ont fait s’est se crier « che » l’un à l’autre » .

L’origine de cette expression est débattue car elle peut se retrouver dans d’autres langues et régions. En Catalogne, on entend ainsi « xe » , « xeic » dans le delta de l’Ebre et en Sardaigne «  » . Il se pourrait qu’il provienne de l’arabe à l’époque d’Al-Andalus. Sous l’occupation arabe de Valence, l’expression chouf qui signifie « regardez » était couramment utilisée par les habitants maures et juifs. Avec le temps, chouf serait devenu che. D’autres estiment qu’il dérive de l’arabe Cheikh et certains philologues italiens pensent qu’il provient d’un dialecte vénitiens, le cocoliche. L’expression a voyagé depuis et s’est intégré dans l’argot argentin, avec les populations espagnoles et italiennes qui immigrèrent à la fin du XIXème et au début du XXème siècle en Amérique du Sud. En Argentine « che » est devenu une sorte de pronom ou de nom interpersonnel, avec une utilisation assez proche de celle en valencien. Mais, elle s’est nettement popularisée à travers le monde comme surnom d’Ernesto Guevara.