#1246 – Kabuscorp SCP : os Palanquinos

Les petits Palancas. Dans le district de Cazenga de la capitale angolaise, les week-end, les enfants des quartiers de Palanca, Rangel et Cazenga s’affrontaient dans des tournois de football. L’ancien militaire et businessman, Bento Kangamba, qui dirigeait le conglomérat Kabuscorp, décida d’unir les jeunes de Palanca et Cazenga sous la bannière d’un nouveau club qui fut fondé en Décembre 1994. Habitant le quartier, il plaça le siège du club à Palanca. 14 ans après sa création, Kabuscorp SCP intégra l’élite du football angolais et à peine 5 ans plus tard, il remporta le titre national, avec dans son effectif, le ballon d’or brésilien, Rivaldo.

Le P de SCP correspond à Palanca et donc au nom du district où réside le client. Mais, il ne faut pas réduire le surnom du club à son quartier de résidence. Car le Palanca représente surtout le symbole du pays. Il s’agit d’un animal endémique de l’Angola qui est une sous-espèce de l’antilope noire (ou antilope charbonnière ou zibeline) et qui n’est présente que dans deux endroits du pays, le parc national de Cangandala et la réserve naturelle de Luando. Elle se distingue par sa force, sa grande taille, notamment avec des cornes, recourbées vers l’arrière, pouvant mesurer jusqu’à 1m60 pour les males et sa capacité à sauter des barrières d’une hauteur de 2 mètres.

L’antilope occupe une place importante dans la culture africaine, en symbolisant la vivacité, la force et la beauté. Son apparence majestueuse l’élève, dans certaines tribus, au rang d’animal totem. D’ailleurs, il a gagné le statut d’idole national de l’Angola. Source de fierté pour les angolais, l’antilope est représentée sur de nombreux timbres, billets de banque et même sur le passeport du pays. On peut également le voir sur le fuselage de tous les avions de la compagnie aérienne nationale TAAG Angola Airlines. Dans le domaine du football, l’équipe nationale est surnommée palanca negras. Donc, pas étonnant pour Kabuscorp de jouer sur le nom du quartier et de ce symbole nationale, en l’affichant un temps sur son blason.

#1232 – Djurgårdens IF : Apor

Les singes. Dans les années 1980, les supporteurs adverses, en particulier ceux des rivaux de l’AIK et de Hammarby IF, avaient pris l’habitude de jeter aux joueurs et aux fans de Djurgårdens des bananes, les comparant ainsi aux primates. Evidemment que ce geste était insultant mais se basait sur une réalité du quartier insulaire de Stockholm. En effet, l’île de Djurgården accueille depuis la fin du XIXème siècle le musée en plein air de Skansen, qui abrite également un parc zoologique. Alors que la Suède connaissait de profonds changements, Artur Hazelius, craignait que la culture populaire suédoise disparût et créa ainsi en 1891 un musée réunissant des pièces de la vie quotidienne. Plus de 140 bâtisses typiques furent ainsi reconstruites pierre par pierre dans ce parc. Dans les premières années, le musée hébergea également des espèces présentes en Suède comme des rennes, des chiens, des poules, des oies et des canards. Puis, il fut reconnu comme un zoo en 1924 lorsqu’il reçut les fonds nécessaires pour construire la maison des singes, appelée Djurhuset. A compter de cette date, le cheptel d’animaux comprenait ceux endémiques de la Suède ainsi que des exotiques comme des perroquets, tortues, poissons et donc aussi des babouins, gibbons et petits singes. Ainsi, depuis plus d’un siècle, le quartier de Djurgården est connu pour ce musée et sa montagne aux singes.

Comme souvent avec des surnoms ironiques, les fans moqués se l’approprient et le tournent alors en fierté. Et donc les supporteurs de Djurgården n’hésitent pas aujourd’hui à afficher des primates et les tiffos affichant un gorille (un gorille est plus impressionant et moins amusant qu’un singe) ne sont pas rares. Le club lui-même joue sur cet aspect en vendant des t-shirts où le logo de l’entreprise Chiquita, un des plus grands producteurs de bananes au monde, était confondu avec celui du club et le slogan « Ge oss bananer » (donnez nous des bananes) apparaissait en dessous. Résultat, beaucoup dans les tribunes pensaient que la tradition du lancer de bananes était innocente et était un élément folklorique de la rivalité historique entre les supporters des trois grands clubs de Stockholm.  Toutefois, elle trouva ses limites quand, au début des années 2000, le gardien de Djurgårdens IF était le gambien Pa Dembo Touray. Le folklore empruntait alors le chemin de manifestations racistes et finit donc par disparaitre. En revanche, le surnom résista à cette prise de conscience du public.

#1230 – Sandnes Ulf : Ulf

Ce nom particulier suffit en lui-même pour faire le surnom du club. Le football fit son apparition dans cette ville du Sud du pays, près de Stavanger, au début du XXème siècle (vers 1907), lorsque les frères anglais Arnold et Hubert Thomas vinrent y travailler. Séduite, la jeunesse de la ville s’organisa rapidement puisque dès l’année suivante, le club de Sandnes Fodboldforening vit le jour. Au départ des frères Thomas qui retournèrent en Angleterre en 1911, le club fut dissous. Pourtant, l’engouement suscité par cette nouvelle pratique sportive ne disparut pas parmi les jeunes de la ville. Le 3 mai 1911, Arnulf Asserson, Trygve Bergeland, Åge Bergeland, Ola Nygård, Sverre Svendsen, Jonas Øglænd, Erik Ivarson, Tønnes Øksnevad et Olaf Nygård se réunirent pour fonder une nouvelle association de football.

Naturellement, lors de la création d’un club, le nom demeurait un choix important et l’objet de débat mais souvent suivait des modes. Et, en Norvège, au début du XXème siècle, la mode était à des noms courts, de préférence une seule syllabe : Fram (3 clubs fondés en 1892, 1894 et 1907), Odd (1894 – #653), Lyn (1896), Start (1905), Brann (1908), Frigg (1904), Ørn (1904) et Skeid (1915). Le premier président du Sandnes Ulf, Nils Voss, un des membres les plus âgés du défunt Sandnes Fodboldforening, souhaitait que le nouveau club porte un nom différent de celui de Sandnes Fodboldforening. Ainsi, lors de l’assemblée générale extraordinaire du 27 juin 1911, trois propositions de noms furent soumises au vote : Smart (vif, intelligent – proposition du conseil d’administration) Gann (terme utilisé avant le Moyen-Âge pour désigner la région de Sandnes – proposition de Johan Iversen) et Ulf (proposition d’Arnulf Asserson). Bien que soutenu par le conseil d’administration, Smart ne recueillit que 3 voix (comme Gann). En revanche, Ulf, nom court, simple, accrocheur, avec une certaine sonorité, remporta la mise, avec dix voix. Arnulf Asserson l’imagina certainement à partir de son prénom, en se rappelant que ulf dérive du mot vieux norrois úlfr qui signifie loup.

#1222 – Helmond Sport : Kattenmeppers

Les tapettes à chats ou les mangeurs de chats (traduction non littérale mais proche dans l’idée). Surnom assez peu flatteur pour ce club mais qui s’attache plus généralement aux habitants de la ville de Helmond et pas seulement à ce club fondé en 1967.

Pendant la Seconde Guerre mondiale, les restrictions et confiscations allemandes limitèrent l’accès à la nourriture pour les populations civiles des pays occupés. En particulier, aux Pays-Bas, les conditions climatiques de l’Hiver 1944-1945, l’opération « Market Garden » et les actes de résistance qui bloquèrent les transports et surtout les représailles allemandes accentuèrent cette pénurie alimentaire. Crise amplifiée par la rupture d’approvisionnement en charbon (ce qui limitait l’usage du chauffage et de la cuisine pour les civils). Cette période connue sous le nom Hongerwinter (L’hiver de la faim) se conclût par la mort de plus de 20 000 civils. Pour pallier le manque de nourriture et limiter la malnutrition, la population se mit à chasser et manger des animaux domestiques, en particulier du chat, et des bulbes de plantes. Le chat, dont le goût de la viande se situerait entre le lapin et le lièvre, fut appelé dakhaas (lièvre de toit), ce qui offrait un bel euphémisme. Le phénomène fut généralisé mais c’est précisément Helmond qui reçut ce surnom, parce qu’il semble que ce soit dans cette cité que l’on consommait le plus de chats.

Outre cette version de la pauvreté, il existe une autre théorie. Durant la période du carnaval, par le passé, les habitants de Helmond participaient à un jeu cruel qui ferait hurler aujourd’hui les défenseurs des animaux, le Katknuppelen. Un chat était enfermé dans un tonneau, puis les fêtards tapaient sur le tonneau jusqu’à son éclatement, libérant la créature apeurée. Celui qui parvenait à l’attraper, était récompensé par de la bière. Dans les pires versions, l’animal pouvait être ensuite placé dans une cage en fer et gardé au-dessus d’un feu jusqu’à ce qu’il meure. Tout cela était considéré comme un divertissement populaire, et pas seulement à Helmond.

#1207 – Real Potosí : el León Imperial

Le lion impérial. Malgré une jeune histoire, le club ayant vu le jour seulement en 1988, il est devenu la fierté de la ville de Potosí, face à son vieux rival du Nacional (fondé en 1942). Le Real remporta le premier titre de champion de Bolivie pour la ville de Potosí en 2007 et en 2002, le club faisait découvrir pour la première fois la Copa Libertadores aux potosinos. Toutefois, ces exploits ne sont pas à l’origine de son surnom qui provient de l’histoire de Potosí. Le club opta pour le lion comme symbole et mascotte car le roi des animaux représente le pouvoir, la force et la royauté, des valeurs attachée à l’histoire de la ville de Potosí (tout comme le terme impérial utilisé dans le surnom).

La découverte des terres vierges des Amériques au XVème siècle fit naître rapidement des mythes et des légendes vivaces auprès des explorateurs européens en quête de nouvelle richesse. Il y eut Eldorado (de l’espagnol El Dorado qui signifie « le doré ») qui faisait exister de mystérieuses cités regorgeant d’or au Nord du continent sudaméricain. De même, au Sud, il y avait la célèbre légende de la Sierra de Plata (la montagne d’argent), une montagne qui abriterait des tonnes de métaux précieux. Aucun de ces trésors ne fut découvert mais une montagne entretint ces mythes, le Cerro Rico (Montagne riche). Haute de 4 782 mètres, cette montagne renfermait d’importants gisements de minerai d’argent, déjà connus des incas. Les espagnols s’empressèrent de les exploiter et fondèrent au pied de la montagne la ville de Potosí en 1545. L’immense richesse du Cerro Rico et l’exploitation intense des Espagnols furent la source de sa richesse et provoquèrent son incroyable développement. En 1560, quinze ans seulement après sa naissance, sa population atteignait déjà 50 000 habitants. En 1573, Potosí comptait 120 000 habitants, 150 000 en 1611 et 160 000 habitants en 1650, soit plus que de nombreuses villes européennes comme Séville, Paris et Madrid. Entre 1545 et 1600, la moitié de la production mondiale d’argent était extraite des mines de Potosí et la ville battait monnaie pour la couronne espagnole, dont elle faisait la richesse. La renommée et l’opulence de la ville était si grande qu’un dicton espagnol disait « vale un Potosí » (cela vaut un Potosí) pour signifier que quelque chose vaut une fortune.

Dès 1547, Charles 1er, Roi d’Espagne (mieux connu sous le nom de Charles Quint, Empereur du Saint Empire), accorda le statut de ville impériale à Potosí, titre qui fut confirmé et renforcé par un acte du 21 Novembre 1561, dénommé Capitulación de Potosí. Dans ses armes, la ville hérita logiquement d’abord de l’aigle bicéphale du Saint Empire, puis le Roi Philippe II d’Espagne lui ajouta les armoiries de la couronne espagnole, dont les fameux lions de León (il s’agit des armes parlante du Royaume de León, qui joua un rôle de premier plan dans la Reconquista et dans la formation du Royaume d’Espagne). Ils apparaissent encore aujourd’hui sur le drapeau et le blason de Potosí et ne sont certainement pas étrangers au surnom du club de football.

Du fait de la localisation de la ville au pied du Cerro Rico, à 4 000 mètres d’altitude, le surnom du club de football est également León de las Alturas (le lion des hauteurs).

#1204 – SC Farense : Leões de Faro

Les lions de Faro. Dans l’Algarve, le SC Farense représente la ville de Faro, capitale de la région, et constitue le doyen de l’Algarve, ayant été fondé le 1er avril 1910. Le football fut importé dans la région, comme dans beaucoup d’autre partie du monde, par les échanges maritimes. En 1904, mouillait dans le port de Faro un bateau-école nommé « Duque de Palmela » et dont les marins pratiquaient le football contre des jeunes de la ville. Finalement, 5 frères du nom de Gralho (João, José, Joaquim, António et Jorge) décidèrent de former une vrai équipe qui bénéficierait d’un terrain, d’un siège et de kit, en l’échange d’une cotisation. Le club se dénomma d’abord Faro Foot-Ball.

Dans un football portugais naissant, les clubs de la capitale, parfois à peine plus âgées, imprimaient déjà leur aura sur les autres jeunes associations du pays, notamment par leurs résultats ou par leurs infrastructures/organisations développées. En 1910, le Benfica (fondé en 1904) et le Sporting Clube Portugal (fondé en 1906) voyaient leur réputation dépasser les frontières de Lisbonne. Le Sporting se voulait être une référence (l’un de ses fondateurs, José Alvalade, se donnait comme objectif « Queremos que o Sporting seja um grande Clube, tão grande como os maiores da Europa » (Nous voulons que le Sporting soit un grand club, aussi grand que le plus grand d’Europe)) et bénéficiait de meilleure infrastructure sportive qui avait déjà attiré des joueurs du Benfica en 1907. En outre, en 1910, le Sporting se distinguait sportivement, ses athlètes remportant des titres nationaux au saut à la perche, au lancer du poids, au saut en longueur et à la corde. En football, le club avait été vice-champion de Lisbonne en 1908. Les fondateurs du club de Farense avaient alors des sympathies pour le Sporting et décidèrent d’en adopter le nom et les symboles. Le Faro Foot-Ball devint le Sporting Clube Farense. Le Sporting jouait déjà à cette époque avec son maillot scindé en deux, vert et blanc. Mais, les photos de l’époque étant en noir et blanc, les membres de Farense reprirent le même maillot mais en noir et blanc. Enfin, le lion, symbole du Sporting (cf. #295) depuis sa fondation, influença également le club de Faro. Aujourd’hui, le roi des animaux, figurant sur le blason de Farense, représente la force, la bravoure et la noblesse, valeurs qui doivent se diffuser dans toutes les activités du club.

Cette influence du Sporting sur Farense se traduisit par l’affiliation de ce dernier en 1922 au club de la capitale. En effet, même s’il est indépendant, Farense a la statut de filiale du Sporting, qui en compte près de 180 dans le monde entier. Il est même officiellement la deuxième filiale.

#1167 – Huddersfield Town AFC : the Terriers

Les terriers. Huddersfield était encore pensionnaire de la Premier League il y a à peine 5 ans mais le club fleurte avec la relégation en 3ème division anglaise en cette fin de saison 2023-2024. Il semble que son état d’esprit « terriers » ne soit pas suffisant. Fondé en 1908, le club connut d’abord plusieurs surnoms avant que le simple mot « the Town » s’imposa, vu qu’il s’agissait du nom de l’équipe. Lors de l’exercice 1969-1970, l’équipe réalisait une belle saison et la montée en première division devint un objectif réalisable. Bill Brook, le responsable du marketing et de la communication, estima qu’il fallait profiter de cet élan pour l’accompagner avec une nouvelle identité, qui serait plus moderne, traduirait l’état d’esprit de l’équipe et rappellerait le Yorkshire, la région de Huddersfield. Bill Brook tomba sur Skippy, un Yorkshire Terrier appartenant à Colin Fisher de la ville de Honley. Cette race de chien était originaire du Yorkshire (avec le nom du comté en prime) et avait la réputation, malgré sa petite taille, d’être agressif et jappeur. Ce tempérament collait bien à ce club modeste mais à l’équipe tenace sur le terrain.

Petit gabarit avec un pelage long, de couleur beige sur la tête et gris acier foncé sur le corps, le Yorkshire Terrier est une race de chien appartenant au groupe des terriers et originaire du comté anglais qui lui donna son nom. Au milieu du XIXème siècle, des ouvriers écossais immigrèrent dans le Yorkshire à la recherche de travail et amenèrent avec eux plusieurs variétés de chiens terriers, qui donnèrent naissance par croisement au Yorkshire Terrier. Il est communément admis que le chien nommé Huddersfield Ben né en 1865 serait le père fondateur de la race. Malgré sa courte durée de vie (6 ans environ), il fut le procréateur male de la majeure partie du cheptel de base de Yorkshire Terrier. Il fut élevé à Huddersfield et remporta de nombreux concours canins.

Pour en revenir au club de football, le surnom de terriers apparût pour la première fois dans le programme officiel du match à domicile contre les Bolton Wanderers le 27 septembre 1969. Ce dernier comportait une photo de Skippy et un message de Frank Drabble, le président de l’époque, justifiant le changement en affirmant qu’il avait reçu de nombreuses lettres de jeunes supporters se demandant pourquoi d’autres clubs avaient des mascottes mais pas Huddersfield. Dès le lendemain, le journal local « Huddersfield Daily Examiner » indiquait que quelqu’un dans l’assistance réclama la présence de la nouvelle mascotte pour supporter l’équipe, juste avant qu’elle ne marque le but victorieux.

Pour autant, ce choix ne ravit pas les supporteurs à ses débuts. En plus de Skippy comme mascotte, l’image du chien avait fait son apparition sur le maillot du club en 1969 mais l’insigne ne perdura que jusqu’en mai 1970. En 1974, sous la pression des supporteurs qui préféraient le traditionnel town, la direction abandonna officiellement le surnom terriers. Finalement, ce dernier résista et le club se le réappropria. A la fois avec une lignée de mascotte terrier (en remplaçant définitivement les anciennes – une chèvre, une lampe d’Aladin, un âne entre autre – et en passant d’un vrai chien (Skippy fut la première mais son règne fut court, 6 mois) à un stadier déguisé en terrier, aujourd’hui appelé Terry) et l’image du terrier dans le blason de l’équipe revenu au début des années 1980.

#1157 – Maghreb AS : النمور الصفر

Les tigres jaunes. Avec ses maillots jaunes et noirs (traditionnellement rayés), ce surnom sonnait comme une évidence. Au Maghreb, l’émergence de clubs indigènes faisait écho à la montée des nationalismes arabes. Par opposition aux clubs réunissant les communautés européennes, les indigènes fondèrent des associations sportives pour porter la voix des indépendantistes. Cette histoire fut donc celles de nombreux clubs maghrébins dont le MAS. En 1946, face au vieux club de l’US Fès qui intégraient les français depuis 1915, plusieurs équipes autochtones de quartiers se battaient, agaçant alors les autorités françaises. Les indépendantistes prirent le partie d’unifier ces différentes équipes pour monter un nouveau projet commun, fédérant la jeunesse et diffusant les idées nationalistes. Ainsi, le 16 octobre 1946, le MAS vit le jour.

Représentant les valeurs indépendantistes, le choix du nom du club ainsi que ses couleurs furent dictées par cette vision. Le nom faisait référence à cette région historique de l’Afrique du Nord, à la fois période dorée de la puissance arabe (sous les dynasties Ommeyade et Abbasside) et époque de soumission à la puissance coloniale française (Maghreb désignait l’Afrique Française du Nord qui regroupait le Maroc, l’Algérie et la Tunisie). Les couleurs furent celles de l’Empire Chérifien, rouge et vert. Depuis les Almohades, les dynasties régnantes sur le Maroc arboraient des bannières rouges, parfois ornées de certaines symboliques. C’était le cas de la dynastie alaouite qui avait un drapeau intégralement rouge. En 1915, pour éviter toute confusion avec de nombreux drapeaux maritimes qui étaient également rouges, Moulay Youssef décida d’intégrer, au drapeau rouge, le sceau de Salomon en vert.

L’équipe joua dans ses couleurs jusqu’à l’indépendance du Maroc en 1956. Le choix fut alors fait de passer au bleu et blanc. Puis, au début des années 1960, nouveau changement de couleur. Cette fois, le jaune et noir s’établit sur le blason et le maillot du club.

#1123 – Macarthur FC : the Bulls

Les taureaux. La grande ville de Sydney comprend deux franchises en A-League. Depuis 2018, profitant du projet d’extension de la ligue, deux clubs, United for Macarthur et South West Sydney FC, s’unirent pour présenter un projet d’une nouvelle franchise, avec la volonté de représenter les quartiers du Sud-Ouest de Sydney. Le 15 mai 2019, la nouvelle entité annonça son nom, son logo et ses couleurs. Le club prit le nom de Macarthur FC, les couleurs noir et ocre et fut surnommé les Bulls, une tête de taureau apparaissant sur son blason.

Souhaitant s’ancrer dans sa zone de chalandise (le Sud-Ouest de Sydney), le club puisa dans les vieilles histoires de la région pour déterminer son symbolisme. Dans le pays aborigène des Dharawals, où se situe le club, l’ocre était utilisée pour les peintures, les dessins et les pochoirs à main sur les surfaces rocheuses. Le nom MacArthur provient directement de celui qui colonisa ses terres au XIXème siècle, le britannique John Macarthur, considéré comme le père de l’industrie lainière australienne. Or, MacArthur participa également à cette histoire de taureaux dans la région, origine du surnom. En 1788, les colons de Sydney importèrent du Cap un troupeau de vaches et de taureaux. 5 mois après leur débarquement, 2 taureaux et 4 vaches s’échappèrent de la colonie. En 1795, les autorités constatèrent que des bovins sauvages prospéraient au Sud-Ouest de Sydney, région qu’ils appelèrent alors Cowpastures (pâturages de vache). En 1801, le bétail sauvage comptait entre 500 et 600 têtes. En 1803, pour protéger le bétail sauvage, une autorisation du gouvernement était nécessaire pour entrer dans les Cowpastures et le bétail devint la propriété du gouvernement. Résultat, un an plus tard, on dénombrait entre 3 000 et 5 000 bovins sauvages dans les Cowpastures, avec une exploitation mesurée de cette ressource. Mais, bien alimentées en eau par la rivière Nepean, ces terres constituaient de beaux pâturages et attirèrent les convoitises de John Macarthur qui souhaitait lancer son élevage de moutons et sa production de laine. Il obtient 5 000 acres de terres. A partir de 1815, le gouvernement de Nouvelle-Galles du Sud mena une politique pour réduire le troupeau sauvage de bovins. En 1824, le bétail, qui avait été en grande partie apprivoisé, fut déplacé afin que John Macarthur puisse prendre possession de 10 400 acres de terre supplémentaire. Et les moutons remplacèrent les taureaux et les vaches … jusqu’au moment de réapparaître avec le club de football.

#1115 – CD Guadalajara : el Rebaño Sagrado

Le troupeau sacré. Tout d’abord, l’équipe de Guadalajara est vu comme un troupeau car l’un de ses surnoms les plus communs est las chivas (les chèvres). Au départ, ce surnom leur avait été attribué car évidemment le jeu produit lors d’un match en 1948 n’emballa pas les spectateurs et la presse. Repris par les fans adverses comme une moquerie, les supporteurs du CD Guadalajara se l’approprièrent finalement et aujourd’hui, il s’agit d’une fierté, pour un ultra du club, d’être comparé à une chèvre. Pour en savoir plus, je vous invite à lire l’article #361.

Mais, il ne s’agit pas de n’importe quel troupeau car en l’occurrence, celui-ci est sacré. En 1957, le club et ses supporteurs s’étaient récemment réappropriés le surnom de chivas et dans la ville de Guadalajara officiait un évêque du cru, José Garibi y Rivera. Né dans la Perla de Occidente (la perle de l’occident est le surnom de Guadalajara) en 1889, il fit ses études au séminaire de Guadalajara et, en tant que prêtre, favorisa la construction de la basilique du Saint-Sacrement de Guadalajara. Sa carrière ecclésiastiques se poursuivit dans sa ville natale : évêque auxiliaire le 16 décembre 1929, vicaire général de l’archidiocèse en 1933, évêque coadjuteur en 1934, archevêque de Guadalajara le 12 août 1936 et enfin cardinal le 15 Décembre 1958. Homme d’Eglise certes mais aussi homme passionné de football et supporteur du CD Guadalajara. Ainsi, lorsque le club remporta son premier championnat mexicain lors de la saison 1956-1957, l’archevêque Garibi donna une messe, au cours de laquelle il entonna un Te Deum (chanté à l’occasion de messe solennelle célébrant une victoire, lors de fêtes nationales, de naissances monarchiques, de processions …) pour célébrer le titre de champion. Puis, Garibi reçut tout l’équipe de chivas et montra aux joueurs, que sous sa soutane, il portait le maillot de Guadalajara.

Mais, l’action de Garibi ne s’arrêta pas là. En effet, il fit envoyer le 3 Janvier 1957 au Pape un télégramme pour l’informer que le CD Guadalajara dédicaçait au Saint-Père le championnat gagné. Monseigneur Garibi demandait en retour une bénédiction pour l’équipe de football. Ce que le Pape Pie XII fit en invoquant les grâces célestes et en leur envoyant sa bénédiction.

Résultat, le fait que l’équipe puisse être soutenu par d’aussi importants hommes d’Eglise donna lieu dans la presse à l’utilisation du surnom rebaño sagrado.