#1300 – Stade Brestois : les Pirates

Egalement surnommé Team Pirates (l’équipe pirates). Ce surnom s’est imposé dans les travées du stade Francis-Le Blé ainsi que dans la presse depuis quelques années, balayant les sobriquets historiques comme Ti’Zefs (#445) et les rouge et blanc. Tout démarre au début de l’année 2012. Le club évoluait encore en Ligue 1 quand la direction décida de dévoiler une nouvelle mascotte : Zef le pirate. Il s’agit d’un enfant, habillé d’une marinière rouge et blanche, un bandeau rouge sur la tête et un pantalon court blanc. Pour l’équipe marketing du club, le personnage est combatif, malin, un peu irrévérencieux, et toujours prêt à partir à l’abordage. Malgré ces nombreuses qualités, la mascotte ne porta pas chance au club qui fut relégué en seconde division. Pour autant, cette image se déclina sur les produits dérivés du club (des sabres furent même ajoutés sur le logo du club) et s’imposa comme la nouvelle star du club.

Rien de plus naturel que de prendre un pirate comme symbole quand vous êtes une ville liée à la mer. Même si les pirates possédaient une mauvaise image (et encore aujourd’hui dans le Golf d’Aden et le Mer Rouge), elle s’est beaucoup adoucie, surtout sous les traits d’un enfant. Brest fut un point de rendez-vous pour les corsaires qui hantaient les mers du Nord-Ouest de l’Europe. En effet, les pirates ne se trouvaient pas seulement dans les caraïbes, les flibustiers des mers pluvieuses du Nord de l’Europe existant dès l’antiquité. En parallèle de la montée en puissance de la ville comme base navale royale au XVIIème siècle, des armateurs et commerçants brestois sans scrupules armaient des navires, une frégate comme un rapide petit cotre, pour effectuer des actes de pirateries, parfois avec la bénédiction d’un Roi ou d’une compagnie marchande (cela devenait alors une « course » ). L’apogée de la piraterie brestoise fut atteinte au XVIIème siècle sous Louis XIV et entre 1688 et 1713, la cité fut même capitale corsaire du Royaume de France. L’activité connut un regain au moment de la guerre d’Indépendance des États-Unis, de la Révolution française et du Premier Empire.

Le plus célèbre d’entre-eux fut Jean-François Riou de Kerhallet. En 1788, il acheta une propriété dans l’anse de Kervallon et y fit construire un port avec cales, chantiers de construction et d’importants magasins. Il y armait aussi bien des bateaux de commerce que des navires de corsaires et entreposait ses butins. Selon la légende, un des ses corsaires captura une fois 4 navires, dont la vente de leur cargaison permit de récolter la somme record de 1,2 million de francs. Mais, d’autres personnages plus nobles au premier abord n’hésitèrent pas à financer des corsaires comme M. Hocquart, intendant de la marine à Brest.

#1294 – CD Castellón : los Orelluts

Les grandes oreilles, en valencien. Déambulez dans le stade de Castàlia, antre du CD Castellón, et vous entendrez un célèbre chant s’élever des tribunes, « Pam-pam, orellut« , qui constitue une grande partie de l’identité du club de la communauté valencienne. Ce cri de guerre a des origines qui remontent aux années 1920. A cette époque, José Alanga défendait les cages du CD Castellón et ses prouesses effrayaient les équipes adverses. Son frère, qui avait participé à la guerre du Rif (un conflit armé des années 1920 qui opposa les troupes coloniales espagnoles, françaises et marocaines aux tribus berbères de la région du Rif dans le Nord du Maroc), lui avait ramené de son séjour africain un souvenir : un petit éléphant en ébène. José le plaçait en guise d’amulette derrière son but et cet éléphant participa à sa légende. En effet, quand Alanga réalisait un arrêt spectaculaire, les supporters s’exclamaient « Olé, Orellut » ou « Molt bé Orellut ! » (Très bien grandes oreilles !), orellut faisait référence à son animal totem.

L’éléphant d’Afrique n’était pas le seul à avoir des grandes oreilles. Le long de la ligne de touche, un supporteur de Castellón, dénommé Jaime Varella, encourageait avec beaucoup d’enthousiasme son équipe. Il était connu pour deux choses. D’une part, il avait de grandes oreilles. D’autre part, pour exhorter les joueurs, il claquait sèchement dans ses mains deux fois de suite (ce qui faisait un bruit du type « pam pam »). Des fans taquins répondaient en écho à ses claquements « orellut« . Mais, pour ne pas le vexer, ils prétextaient que ces cris s’adressaient à Alanga ou qu’il s’agissait d’une chanson à l’encontre de leur rival, en rajoutant la phrase « el Valencia ha perdut » (Valence a perdu).

En 1939, après la guerre civile, la direction du club fit créer un hymne officiel au compositeur Eduardo Bosch et au parolier de Vicente Andres, avec comme titre « Pam-pam, orellut« . Mais, le titre tomba dans l’oubli jusqu’au début des années 1970. En 1971-1972, le club accéda à la première division et le journaliste sportif Crescencio López del Pozo alias Chencho souhaitait redonner vie au viel hymne. Vicente Andres, seul membre vivant du duo original, participa à la réécriture de la chanson et, le 29 mai 1972, la chanson fut enregistrée. Aujourd’hui, il s’agit d’un hymne emblématique du football espagnol.

#1207 – Real Potosí : el León Imperial

Le lion impérial. Malgré une jeune histoire, le club ayant vu le jour seulement en 1988, il est devenu la fierté de la ville de Potosí, face à son vieux rival du Nacional (fondé en 1942). Le Real remporta le premier titre de champion de Bolivie pour la ville de Potosí en 2007 et en 2002, le club faisait découvrir pour la première fois la Copa Libertadores aux potosinos. Toutefois, ces exploits ne sont pas à l’origine de son surnom qui provient de l’histoire de Potosí. Le club opta pour le lion comme symbole et mascotte car le roi des animaux représente le pouvoir, la force et la royauté, des valeurs attachée à l’histoire de la ville de Potosí (tout comme le terme impérial utilisé dans le surnom).

La découverte des terres vierges des Amériques au XVème siècle fit naître rapidement des mythes et des légendes vivaces auprès des explorateurs européens en quête de nouvelle richesse. Il y eut Eldorado (de l’espagnol El Dorado qui signifie « le doré ») qui faisait exister de mystérieuses cités regorgeant d’or au Nord du continent sudaméricain. De même, au Sud, il y avait la célèbre légende de la Sierra de Plata (la montagne d’argent), une montagne qui abriterait des tonnes de métaux précieux. Aucun de ces trésors ne fut découvert mais une montagne entretint ces mythes, le Cerro Rico (Montagne riche). Haute de 4 782 mètres, cette montagne renfermait d’importants gisements de minerai d’argent, déjà connus des incas. Les espagnols s’empressèrent de les exploiter et fondèrent au pied de la montagne la ville de Potosí en 1545. L’immense richesse du Cerro Rico et l’exploitation intense des Espagnols furent la source de sa richesse et provoquèrent son incroyable développement. En 1560, quinze ans seulement après sa naissance, sa population atteignait déjà 50 000 habitants. En 1573, Potosí comptait 120 000 habitants, 150 000 en 1611 et 160 000 habitants en 1650, soit plus que de nombreuses villes européennes comme Séville, Paris et Madrid. Entre 1545 et 1600, la moitié de la production mondiale d’argent était extraite des mines de Potosí et la ville battait monnaie pour la couronne espagnole, dont elle faisait la richesse. La renommée et l’opulence de la ville était si grande qu’un dicton espagnol disait « vale un Potosí » (cela vaut un Potosí) pour signifier que quelque chose vaut une fortune.

Dès 1547, Charles 1er, Roi d’Espagne (mieux connu sous le nom de Charles Quint, Empereur du Saint Empire), accorda le statut de ville impériale à Potosí, titre qui fut confirmé et renforcé par un acte du 21 Novembre 1561, dénommé Capitulación de Potosí. Dans ses armes, la ville hérita logiquement d’abord de l’aigle bicéphale du Saint Empire, puis le Roi Philippe II d’Espagne lui ajouta les armoiries de la couronne espagnole, dont les fameux lions de León (il s’agit des armes parlante du Royaume de León, qui joua un rôle de premier plan dans la Reconquista et dans la formation du Royaume d’Espagne). Ils apparaissent encore aujourd’hui sur le drapeau et le blason de Potosí et ne sont certainement pas étrangers au surnom du club de football.

Du fait de la localisation de la ville au pied du Cerro Rico, à 4 000 mètres d’altitude, le surnom du club de football est également León de las Alturas (le lion des hauteurs).

#1167 – Huddersfield Town AFC : the Terriers

Les terriers. Huddersfield était encore pensionnaire de la Premier League il y a à peine 5 ans mais le club fleurte avec la relégation en 3ème division anglaise en cette fin de saison 2023-2024. Il semble que son état d’esprit « terriers » ne soit pas suffisant. Fondé en 1908, le club connut d’abord plusieurs surnoms avant que le simple mot « the Town » s’imposa, vu qu’il s’agissait du nom de l’équipe. Lors de l’exercice 1969-1970, l’équipe réalisait une belle saison et la montée en première division devint un objectif réalisable. Bill Brook, le responsable du marketing et de la communication, estima qu’il fallait profiter de cet élan pour l’accompagner avec une nouvelle identité, qui serait plus moderne, traduirait l’état d’esprit de l’équipe et rappellerait le Yorkshire, la région de Huddersfield. Bill Brook tomba sur Skippy, un Yorkshire Terrier appartenant à Colin Fisher de la ville de Honley. Cette race de chien était originaire du Yorkshire (avec le nom du comté en prime) et avait la réputation, malgré sa petite taille, d’être agressif et jappeur. Ce tempérament collait bien à ce club modeste mais à l’équipe tenace sur le terrain.

Petit gabarit avec un pelage long, de couleur beige sur la tête et gris acier foncé sur le corps, le Yorkshire Terrier est une race de chien appartenant au groupe des terriers et originaire du comté anglais qui lui donna son nom. Au milieu du XIXème siècle, des ouvriers écossais immigrèrent dans le Yorkshire à la recherche de travail et amenèrent avec eux plusieurs variétés de chiens terriers, qui donnèrent naissance par croisement au Yorkshire Terrier. Il est communément admis que le chien nommé Huddersfield Ben né en 1865 serait le père fondateur de la race. Malgré sa courte durée de vie (6 ans environ), il fut le procréateur male de la majeure partie du cheptel de base de Yorkshire Terrier. Il fut élevé à Huddersfield et remporta de nombreux concours canins.

Pour en revenir au club de football, le surnom de terriers apparût pour la première fois dans le programme officiel du match à domicile contre les Bolton Wanderers le 27 septembre 1969. Ce dernier comportait une photo de Skippy et un message de Frank Drabble, le président de l’époque, justifiant le changement en affirmant qu’il avait reçu de nombreuses lettres de jeunes supporters se demandant pourquoi d’autres clubs avaient des mascottes mais pas Huddersfield. Dès le lendemain, le journal local « Huddersfield Daily Examiner » indiquait que quelqu’un dans l’assistance réclama la présence de la nouvelle mascotte pour supporter l’équipe, juste avant qu’elle ne marque le but victorieux.

Pour autant, ce choix ne ravit pas les supporteurs à ses débuts. En plus de Skippy comme mascotte, l’image du chien avait fait son apparition sur le maillot du club en 1969 mais l’insigne ne perdura que jusqu’en mai 1970. En 1974, sous la pression des supporteurs qui préféraient le traditionnel town, la direction abandonna officiellement le surnom terriers. Finalement, ce dernier résista et le club se le réappropria. A la fois avec une lignée de mascotte terrier (en remplaçant définitivement les anciennes – une chèvre, une lampe d’Aladin, un âne entre autre – et en passant d’un vrai chien (Skippy fut la première mais son règne fut court, 6 mois) à un stadier déguisé en terrier, aujourd’hui appelé Terry) et l’image du terrier dans le blason de l’équipe revenu au début des années 1980.

#1075 – Grêmio Barueri : Abelhão

Les abeilles. Fondé le 26 Mars 1989, le club représente Barueri, une ville à la périphérie Nord-Ouest de la métropole de São Paulo. Au début de l’année 2010, après des divergences politiques entre les anciens propriétaires du club et la municipalité de Barueri, le club déménagea à l’ouest de São Paulo, dans la ville de Presidente Prudente mais finalement revint dans sa ville d’origine le 11 mai 2011.

Le club se choisit comme mascotte un animal assez peu utilisé par les autres clubs sportifs brésiliens, l’abeille (EC São Luiz a un bourdon comme mascotte). L’insecte véhicule de nombreuses valeurs que le club voulait défendre. L’abeille exprime la simplicité, la force du travail collaboratif et la production de richesse. En effet, si une abeille seule apparaît petite et faible, lorsqu’elles sont en groupe, elles deviennent fortes et capables de réaliser des travaux importants. Plusieurs de leurs piqures peuvent abattre un gros animal, même un homme. Enfin, la ruche produit du miel, un produit naturel et sain mais également de la gelée royale, les deux produits représentant une grande valeur économique. Humilité et travail d’équipe pour obtenir un résultat riche, ce sont les valeurs que la direction souhaitait.

#1051 – Atlético Goianiense : Dragão

Le dragon. Si de nombreux clubs ont choisi leurs mascottes bien après leur fondation, l’Atlético Goianiense hérita du choix du dragon de ses fondateurs. Le 2 avril 1937, une bande d’adolescents dont Edison Hermano (premier gardien du club), les frères Gordo – Nicanor (premier président), Afonso et Alberto – Benjamim Roriz, Ondomar Sarti, João de Brito Guimarães et João Batista Gonçalves se réunit dans le salon de l’hôtel Pouso Alto, situé dans le quartier de Campinas. Les fondateurs retinrent le rouge et le noir comme couleurs, en hommage aux deux clubs qu’ils supportaient, le Flamengo et le São Paulo FC. Par ailleurs, ils décidèrent de prendre un dragon pour mascotte. L’animal légendaire était une figure populaire dans le quartier de Campinas dans les années 1930 grâce aux films de kung-fu qui étaient alors projetés dans les cinémas locaux. Dans la culture chinoise, contrairement à l’image violente véhiculée par le dragon européen, cette figure mythologique représente le pouvoir impérial en étant souvent à l’origine des grandes dynasties. Ce symbole de puissance plaisait aux fondateurs. Bien plus tard, la mascotte, qui a les traits des dragons asiatiques (et non européens), reçut le nom de Dragolino, un mot-valise entre Dragão et Lino. Cette décision rendait hommage au défenseur Leandro Lino de Freitas, qui marqua le but qui permit au club de remporter son 13ème titre de champion de l’Etat du Goiás en 2014.

Les autres surnoms associés sont Dragas et Dragão Campineiro.

#932 – Club Universidad de Chile : el Romántico Viajero

Le voyageur romantique. Ce surnom du club chilien invite au voyage et au lyrisme, à la poésie mais certainement au football. Il faut expliquer que ce surnom est tiré directement du titre de l’hymne officiel du club. En 1933, un groupe d’étudiants en architecture, appartenant à la Casa de Bello, réalisa un voyage en bateau, à bord du Reina del Pacífico, en direction de la ville d’Antofagasta. Pendant ce voyage, les étudiants se laissèrent aller à clamer leur amour pour leur Universidad de Chile et petit à petit, leurs inspirations se marièrent pour se transformer en une chanson. Cette chanson ne parlait pas de football mais de leur adoration pour leur école, de leurs rêves. En outre, leur chanson se terminait par un mot qui est devenu un célèbre cri au Chili : Ceacheí. Dans ce groupe, figurait Julio Cordero Vallejos qui composa les accords de la chanson et la nomma « Romántico Viajero« . Il enregistra les paroles et la musique de l’hymne à la Bibliothèque nationale, raison pour laquelle il est reconnu officiellement comme son auteur. Toutefois, il a toujours été soucieux de reconnaître qu’il s’agissait d’une oeuvre collective avec ses compagnons de voyage. Pendant quelques années, ce groupe d’étudiants oublièrent la chanson jusqu’au moment où on leur rapporta que la chanson était entonné dans les travées du stade universitaire. En effet, en 1940, elle devint l’hymne officiel du club. Dans les années 1950, Jaime Aranda Farías, chanteur lyrique de l’Académie de chant Lucía del Campo et qui travaillait à Radio Minería, fut choisit pour l’interpréter.

Ser un romántico viajero y el sendero continuar, (Soyez un voyageur romantique et le chemin continue)
ir más allá del horizonte, do remonta la verdad (pour aller au-delà de l’horizon, là où la vérité s’élève
)
y en desnudo de mujer contemplar la realidad
(et dans la nudité de la femme contempler la réalité)

Brindemos, camaradas, por la Universidad (Portons un toast, camarades, à l’Université)
en ánforas azules de cálida emoción. (dans des amphores bleues d’émotion chaleureuse.)
Brindemos por la vida fecunda de ideal (Portons un toast à la vie fructueuse de l’idéal)
sonriendo con el alma prendida en el amor. (souriant avec une âme prise dans l’amour.)

Ser un romántico bohemio, cuyo ensueño es el querer (Être un bohémien romantique, dont la rêverie est de)
ver las amadas ya olvidadas y dejadas al pasar
(voir les êtres chers déjà oubliés et laissés pour compte.)
y en desnudo de mujer contemplar la realidad
(et dans le nu d’une femme contempler la réalité)

Brindemos, camaradas, por la Universidad (Portons un toast, camarades, à l’Université)
en ánforas azules de cálida emoción.
(dans des amphores bleues d’émotion chaleureuse.)
Brindemos por la vida fecunda de ideal
(Portons un toast à la vie fructueuse de l’idéal)
sonriendo con el alma prendida en el amor.
(souriant avec une âme prise dans l’amour.)


La, lará, lará, lará, lará
la ,lará, lará, lará, lalará
ceacheí, ceacheí, ceacheí
CEACHEÍÍÍÍ

#921 – Santos FC : o Leão do Mar

Le lion de mer, plus communément appelé l’otarie. Pelé nous a quitté. Le Roi est mort. L’adage voudrait que l’on rajoute « Vive le Roi ». Sauf que son successeur n’est pas encore connu. Il ne suffit pas de s’afficher en photo avec Pelé et de croire sur parole un entourage et une bande de journalistes complaisants pour se réclamer de son héritage. Revenons à notre histoire de surnom. Celui-ci provient de l’un des hymnes du club. J’écris l’un car il existe deux hymnes pour Santos : l’officiel et l’officieux.

En 1955, un an avant que le Roi Pelé intègre les rangs de l’équipe professionnelle, Santos réalisa l’exploit de remporter le championnat de São Paulo. D’une part, peu d’équipe n’appartenant pas à la mégalopole de São Paulo parvenait alors à remporter le championnat de l’Etat. Sur les 53 premières éditions du championnat (sachant qu’il y a eu des saisons où deux ligues coexistaient), seuls deux avaient été remportés par des équipes situées hors des murs de São Paulo (dont une fois Santos en 1935). D’autre part, la victoire de 1955 mettait fin à une disette de succès pour Santos de 20 ans dans le championnat pauliste. Son attaquant Emmanuele Del Vecchio devenait meilleur buteur de la compétition avec 23 buts. Pour célébrer ce titre, une chanson fut commandée. Mangeri Neto écrivit les paroles et la musique fut composée par Mangeri Sobrinho. Elle s’intitula « Leão do Mar » ou « a marchinha Leão do Mar » (la marche du lion de mer).

Agora quem dá bola é o Santos / Maintenant Santos contrôle le ballon
O Santos é o novo campeão / Santos est le nouveau champion
Glorioso alvinegro praiano / Glorieux alvinegro praiano
Campeão absoluto desse ano / Le champion absolu de cette année

Santos, Santos sempre Santos / Santos, Santos toujours Santos
Dentro ou fora do alçapão / Que ce soit à la maison ou à l’extérieur
Jogue o que jogar / Peu importe comment tu joues
És o leão do mar / Tu es le lion de la mer
Salve o nosso campeão / Saluez notre champion

Le choix de cet animal n’est pas documenté mais l’explication la plus logique apparaît être celle-ci. Imposant, dominant, conquérant, le lion est le roi des animaux. L’équipe de Santos devait renvoyer alors cette image d’avoir dominé le championnat et d’être un lion. Or, la ville de Santos a un lien important avec la mer (#142). Donc son lion ne pouvait pas être celui de la savane mais celui de la mer. Cet hymne commença à résonner dans le stade quand deux ans plus tard, en 1957, une autre chanson apparut. Dénommée « Sou Alvinegro da Vila Belmiro » (Je suis Alvinegro de Vila Belmiro), elle fut écrite par Carlos Henrique Paganetto Roma (un ancien conseiller du club issu d’une famille étroitement liée à l’histoire de Santos. Son père, Modesto Roma, et son frère, Modesto Roma Júnior, furent présidents du club, respectivement entre 1975 et 1978 et entre 2015 et 2017) et fut approuvée le 11 juillet 1996 comme hymne officiel du club (13 ans après les décès de son créateur). Néanmoins, la chanson « Leão do Mar » avait déjà conquis le cœur de nombreux supporteurs, pour qui elle rappelait le premier succès qui allait en annoncer d’autres avec le Roi Pelé. Aujourd’hui, si « Sou Alvinegro da Vila Belmiro » est joué dans le stade avant les matchs de Santos, la foule scande encore « Leão do Mar » dans les travées. Certains médias l’utilisent également lors des retransmissions des matchs pour accompagner un but de Santos. Et quand en Septembre, en pleine convalescence, la fille du Roi Pelé donna des nouvelles de son paternel, ce fut un post où on entendait le Roi chantait l’hymne traditionnel, « Leão do Mar » .

#920 – América FC : Coelho, Coelhão

Le lapin. Mascotte du club, il est apparut pour la même raison que le coq de l’Atlético Mineiro (cf. #24) et le renard de Cruzeiro (#78). En effet, en 1945, Álvares da Silva, secrétaire du quotidien Folha de Minas, qui délivrait l’une des pages sportives les plus importantes et dynamiques de la presse du Minas Gerais à cette époque, décida d’imiter son confrère de Rio de Janeiro, Jornal dos Sports, qui avait décidé quelques années auparavant de personnaliser les équipes cariocas au travers de personnages de bande dessiné. Flamengo était Popeye, Fluminense était Pó-de-arroz, Vasco était Almirante, Botafogo était Donald Duck et America était le Diable. Álvares da Silva confia à Fernando Pierucetti (mieux connu sous le pseudonyme de Mangabeira), professeur de dessin et illustrateur du supplément littéraire et de la page pour enfants du journal, la réalisation de ces mascottes qui devaient puiser leur source dans l’univers des fables d’Ésope et de La Fontaine, mais en utilisant des animaux de la faune brésilienne. Pierucetti dessina alors la mascotte des 3 grands clubs de la ville : Atlético, Cruzeiro et América.

S’il put choisir les animaux pour l’Atlético et de Cruzeiro, le symbole pour l’América lui fut imposé. Le directeur du journal avait convaincu Mangabeira d’adopter le canard, sous les traits du plus célèbre : Donald Duck (Pato Donald au Brésil). D’une part, Donald apparaissait comme un personnage colérique et contestataire. Il était le seul club du Minas Gerais à s’être ouvertement et de manière véhémente opposé à la professionnalisation du football en 1933. Même si le club s’y résolut, la direction du club bataillait régulièrement avec la ligue sur ce sujet et d’autres. D’ailleurs, l’América avait quelque fois sollicité les tribunaux afin de régler ses différents avec la ligue, voire même demander l’annulation de matchs. D’autre part, Donald Duck était un personnage de l’univers Disney et donc américain. Or, l’América fut fondée le 30 avril 1912 par un groupe d’élèves du Gymnasium Anglo-Mineiro, une école primaire et secondaire où les cours étaient dispensés en anglais par des professeurs majoritairement nord-américains. Les fondateurs avaient une certaine admiration pour les Etats-Unis et le nom du club, même s’il avait été tiré au sort selon la légende, marquer tout de même cette passion. Ainsi, Donald Duck affronta donc le coq et le renard dans les caricatures de Mangabeira. Mais, les supporteurs de l’América ne furent pas séduit par ce parallèle et après quelques mois, Mangabeira réalisa un dessin de Donald se suicidant avec, en arrière-plan, la présence d’un lapin qui regardait la scène avec un air ironique. Il s’agissait de la première apparition de la nouvelle mascotte pour l’América. Pourquoi avoir choisi le lapin ? L’inspiration pour le choix des animaux est venue, en grande partie, d’éléments qui faisaient déjà partie de l’image des clubs. D’une part, dans les années 1940, América comptait parmi ses directeurs un certain nombre à s’appeler Coelho. D’autre part, l’animal correspondait bien au caractère gentil, doux de l’équipe et ses supporteurs (caractère dénommé fagueira en portugais-brésilien). Mangabeira déclara ainsi « coelho é um bicho que dorme de olho aberto, assim como o time do América dentro de campo e alguns dirigentes que o clube tinha e que mudaram a história da equipe » (Le lapin est un animal qui dort les yeux ouverts, tout comme l’équipe d’América sur le terrain et certains managers du club qui ont changé l’histoire de l’équipe) et « o América era um clube aceso, sempre pronto para o que desse e viesse. Ao mesmo tempo, era um clube de torcida fina. Um coelho, não é ?” (L’América était un club animé, toujours prêt à tout. En même temps, c’était un club de bons supporters. Un lapin, n’est-ce pas ?). Le lapin était donc certes intelligent mais avant tout un peu trop doux. Un animal aux antipodes de l’esprit du canard.

#876 – Sheriff Tiraspol : осы

Les guêpes. Pour ceux qui connaissent les recoins des coupes européennes, le club moldave n’est pas un inconnu, plus en raison de son nom que de ses exploits. Trouver un digne représentant de la conquête de l’Ouest à l’Est de l’Europe, ce n’est pas banal. Son nom provient de son actionnaire bienfaiteur, l’un des plus puissants conglomérats de la région séparatiste de Transnistrie, Sheriff. Ce dernier possède un réseau de stations-services, une chaîne de supermarchés, un média, une maison d’édition, une entreprise de construction, un concessionnaire Mercedes-Benz, une agence de publicité, une fabrique de spiritueux, des réseaux de boulangerie ainsi qu’un opérateur de téléphonie.

Fondé en 1996, l’appui financier de son actionnaire, Sheriff, fut déterminant dans l’ascension du club. En 2000, démarra pour le club un règne sans partage sur le football moldave. De 2000 à 2010, Sheriff rafla tous les titres de champion de Moldavie ainsi que 6 coupes de Moldavie. Pour fêter le 10ème titre de champion en 2010, le club ajouta à son blason traditionnel (une étoile de sheriff) une étoile, à la façon des clubs italiens ou d’autres à travers le monde. Ce ne fut pas le seul changement puisqu’il fut décidé de doter le club d’une mascotte. Trois propositions émanèrent : un sheriff (naturellement étant donné son nom et ses symboles), un tigre et une guêpes (les deux derniers présentant des couleurs fidèles à celles du club, jaune et noir). En mai 2010, l’insecte fut désigné car, à la fois, les joueurs portaient les mêmes couleurs que l’animal et surtout ils piquaient leur adversaire comme la guêpe ses ennemies. Dès lors, à chaque début de match, une mascotte en forme de guêpe venait encourager les joueurs et chauffer les supporteurs. Résultat, au bout d’un moment, la presse commenca à appeler l’équipe тираспольские осы (guêpes de Tiraspol) puis simplement осы (guêpes).