#306 – SS Lazio : Aquile, Aquilotti

L’aigle, l’aiglet. L’aigle aux ailes déployés a quasiment toujours protégé le blason du club romain et demeure son symbole fort. Il apparut sur le blason vers 1906 (une lettre du 17 mars 1906 émanant du président de l’époque, Fortunato Ballerini, affiche cet écusson surmonté de l’aigle). Mais, la découverte récente d’une photo montrant le joueur Bruto Seghettini avec un badge métallique arborant le fameux aigle permet de penser que ce symbole remonte à l’année précédente (la photo datant du 1er octobre 1905).

Pourquoi avoir adopté l’aigle ? Il semble que le président Fortunato Ballerini en soit à l’origine. La première hypothèse est qu’il aurait voulu s’ancrer dans les idéaux du fondateur, Luigi Bigiarelli, qui voulait, avec la création de la Lazio, rendre hommage à l’olympisme et la Grèce antique. Or, l’aigle était l’animal favori de Zeus, le Dieu de tous les Dieux, le Dieu de l’Olympe. En outre, l’animal était dans la mythologie grecque un symbole de puissance, de victoire et de prospérité. Quoi de mieux pour inspirer l’équipe. Enfin, l’oiseau permettait également de se rattacher aux origines de la ville. En effet, l’aigle à l’époque de l’Empire romain était le protecteur des légions sur le champ de bataille et, selon la croyance de l’époque, favorisait les victoires des anciens Romains au combat. Il représentait l’étendard des troupes (l’aquila) qui ne fallait pas perdre aux combats sous peine de défaite. Il fut introduit par Caius Marius, pendant son second consulat, entre 104 et 102 av. J.-C., décernant l’aigle à ses légions comme distinction honorifique. L’oiseau était également attaché au Dieu des Dieux de la mythologie romaine puisqu’il était le messager de Jupiter. L’animal avait alors toutes les qualités pour représenter le club.

Mais il se peut que Fortunato Ballerini s’inspira d’un autre club sportif. Très investi dans le milieu sportif naissant de la capitale, il fut l’un des fondateurs en 1898 de l’Audax Ciclistico Italiano, une association cycliste dont l’emblème était une roue surmontée d’un aigle. Enfin, une autre hypothèse suppose que Fortunato Ballerini puisa cette idée dans une autre de ses passions : la randonnée. D’ailleurs, la Lazio ouvra en 1906 une section randonnée sous son impulsion. Amoureux de la nature et des grands sommets, Fortunato Ballerini adorait les balades en haute altitude et lors de ces excursions, il admirait souvent le rapace pour sa majesté. Ainsi, il décida de doter le club de ce symbole. Certainement que tous ces éléments jouèrent dans l’adoption par la Lazio de l’Aigle. En tout cas, aujourd’hui, il est bien ancré dans la vie du club. Au point, qu’en 2010, le président Lotito, fit voler un aigle dans le stade avant un match face au Milan AC. Depuis, ce spectacle est devenu une tradition et l’aigle adopté fut nommé Olimpia, en hommage à l’olympisme cher au fondateur. Cette tradition fit même des émules auprès du club bulgare du Ludogorets Razgrad.

#305 – Club Universidad de Chile : el León

Le lion. Drôle de surnom pour ce club qui affiche une chouette sur son blason et dont justement son surnom est la chouette (cf article #26). Dans les années 60, le club argentin d’Estudiantes La Plata domina le football sud-américain et même mondial. Sous la houlette de l’entraîneur Osvaldo Zubeldía, le club argentin mit en place une équipe jeune terriblement douée, dont Carlos Bilardo est le capitaine. Cette équipe brisa d’abord l’hégémonie des 5 grands clubs argentins (River Plate, Boca Juniors, Racing Club, Independiente et San Lorenzo) en remportant le championnat de 1967. Dans la foulée, le club remporta la Copa Libertadores 3 fois de suite (1968, 1969 et 1970), première équipe à réaliser cet exploit. Puis, en 1968, Estudiantes grimpa sur le toit du monde en battant le Manchester United de Georges Best lors de la finale de la Coupe Intercontinentale. L’équipe d’Estudiantes était alors surnommé el Léon (le lion). L’une des légende indique que ce surnom fut hérité du style de jeu de cette équipe qui se battait comme un lion sur le terrain et dont les attaques griffaient ces adversaires. A cette époque, la Universidad vivait aussi une époque dorée mais seulement au niveau national (Champion du Chili en 1962, 1964, 1965, 1967 et 1969). L’équipe jouait un football offensif et technique. Les deux équipes s’affrontèrent et l’équipe chilienne battit Estudiantes. La presse chilienne s’emballa devant ce qu’elle qualifia de démonstration de beau football et surnomma alors la Universidad el león chileno (le lion chilien), en référence au surnom de l’équipe argentine. Aujourd’hui, le lion est devenu la mascotte du club.

#291 – SC Corinthians : Mosqueteiro

Les mousquetaires. Le surnom vient de la mascotte du club qui est un mousquetaire. Plusieurs versions existent sur l’origine de ce mousquetaire. La plus ancienne remonte à 1913. A cette époque, la plupart des équipes paulistes rejoignirent la nouvelle ligue créée, l’APEA (Associação Paulista de Esportes Atléticos). Seuls 3 clubs, Germânia, Internacional et Americano, demeurèrent dans la Liga Paulista de Futebol et furent comparés aux 3 mousquetaires, Athos, Porthos et Aramis, du roman d’Alexandre Dumas, qui résistèrent à la nouvelle ligue. Corinthians souhaita intégrer la ligue mais, pour cela, l’équipe devait démontrer sa détermination et sa valeur. Ainsi, Corinthian affronta et défit les autres prétendants qu’étaient Minas Gerais et FC São Paulo et obtint ainsi le droit de participer à la ligue au côté des 3 autres équipes. Naturellement, en tant que 4ème participant, ayant prouvé sa valeur et rejoignant une ligue déjà formée dont les autres équipes étaient déjà comparées aux mousquetaires, l’analogie avec D’Artagnan fut évidente. Mais seul les Corinthians gardèrent ce surnom de Mousquetaires. Toutefois, cette version n’est pas étayée par des documents de l’époque. De plus, le championnat pauliste de 1913 de la LPF a été joué par cinq équipes (incluant Ypiranga), et non par quatre.

La deuxième version apparaît plus plausible et naquit en 1929, lorsque les Corinthiens connurent leur première victoire international. Sur le plan local, l’équipe dominait, ayant remporté les deux derniers championnat pauliste. Le 1er mai 1929, les Corinthiens disputèrent un match amical au Parque São Jorge contre l’équipe argentine de Barracas et le remportèrent 3 à 1 (buts d’Apparicio, Rodrigues et Rato), marquant ainsi la reconnaissance sur le plan international de la qualité de l’équipe. Ce match montra aussi deux équipes déterminées et pratiquant un football flamboyant, séduisant les spectateurs et les journalistes. Le lendemain, Thomaz Mazzoni, journaliste au « Gazeta Esportiva », écrivit une chronique où il compara les joueurs corinthiens aux braves et courageux mousquetaires. Selon le journaliste, les joueurs gagnèrent avec la fibra de mosqueteiro (la fibre de mousquetaire).

#289 – Guangzhou FC : 华南虎

Les tigres de Chine méridionale. Vous ne pouvez pas manqué l’animal sur le logo du club. Affichant une allure féroce et fière, sortant d’un lit de flamme, le tigre occupe la place centrale sur le blason et est le symbole du club, depuis sa reprise en 2010 par le groupe immobilier chinois Evergrande Group. Le tigre porte une symbolique forte, en particulier en Asie. En Chine, il représente le roi des animaux et ne connaît aucun prédateur. Il est traditionnellement une des quatre créatures majeures de l’art chinois avec le dragon, le phénix et la tortue et est le troisième animal, par ordre d’arrivée, dans l’astrologie chinoise. Il symbolise la puissance et l’élégance, ainsi que la capacité d’adaptation. Outre cette symbolique forte, il existe une race de tigre originaire du sud de la Chine, en particulier la province de Guangdong (dont Guangzhou est la capitale), dénommé « tigre de Chine méridionale ». La population était estimée à 4 000 au début des années 50 mais, en raison du braconnage, de la réduction de sa zone d’habitat et des conflits avec l’homme, il n’y aurait plus de tigres à l’état sauvage. Aujourd’hui, sa population se réduirait à 177 d’individus, tous en captivité même s’il existe des tentatives de réintroduction dans la nature. Ce tigre est classifié comme espèce en danger critique d’extinction par l’UICN depuis 1996. Espérons que la mascotte du club, C-Tiger, ne devienne jamais l’unique exemplaire de cette espèce.

#270 – EC Vitória : Leão da Barra

Le Lion de Barra. Fondé le 13 mai 1899 à Salvador da Bahia, le club se concentra d’abord sur le cricket avant d’ouvrir d’autres sections, l’aviron en 1902, le football en 1903, l’athlétisme en 1905, le tennis en 1906 et le tir en 1908. Et c’est un exploit en Aviron qui va donner naissance à ce surnom qui deviendra également la mascotte du club. En 1902, les rameurs du club relièrent Porto da Barra à Porto dos Tainheiros, à Itapagipe, soit environ 9 milles marins. Cet exploit eut un grand retentissement à l’époque et ces athlètes héritèrent du surnom de Leão da Barra. Les fondateurs du club ne pouvaient en être que satisfaits puisque des lions ornaient l’entrée de leur maison. En outre, le lion symbolisait la noblesse et la force. Aujourd’hui, le lion est devenu la mascotte du club, dont le nom est Lelê Leão, et également le titre du deuxième hymne du club.

#263 – PFK Ludogorets Razgrad : Орлите

Les aigles. Généralement, les surnoms des clubs puisent leurs explications dans l’origine des clubs ou au fin fond de l’histoire de la ville. Celui de Razgrad remonte à … 2014. Pourtant le club existe depuis 1945. En tout cas, même si l’emblème est récent, il apparaît depuis sur le blason du club et il est dérivé de la mascotte du club, un aigle female, dénommée Fortuna. D’ailleurs, le club fait voler cet aigle female avant chaque match, suivant le même rituel que les clubs de Benfica (#153 dont l’aigle se nomme Vitoria) et de la Lazio (#306 dont l’oiseau s’appelle Olympia). Ce n’est pas un hasard de copier le club italien.

Lors de la saison 2013-2014, éliminé des barrages de la Ligue des Champions, Ludogorets participa à la Ligue Europa. Premier de sa poule qui était accessible, le club affronta la Lazio de Rome en 1/16ème de finale. Le 20 février 2014, au Stade Olympique de Rome, Ludogorets signa un exploit en remportant le match aller 1-0. Au retour, 7 jours plus tard, le club tint bon (résultat 3-3) et obtint la qualification au tour suivant. Lors du match aller, le président bulgare, Kiril Domuschiev, fut emballé par le vol de l’aigle dénommé Olympia, mascotte de la Lazio, au dessus du Stade Olympique. Ainsi, avant d’affronter Valence au tour suivant, le président du club italien, Claudio Lotito, offrit à son homologue bulgare un aigle en signe de respect suite à la qualification du club bulgare. Malheureusement, ce geste ne porta pas chance puisque Valence balaya le club bulgare (4-0 sur l’ensemble des matchs). Et, même si l’aigle tenta plusieurs fois de partir du stade de Ludogorets, il survole encore aujourd’hui le stade avant chaque match.

#228 – EC Bahia : Esquadrão de Aço

L’équipe d’acier. Bahia gagna ce surnom lors d’un match contre le São Paulo FC en 1946. Le club du Nord-Est brésilien le remporta 7 buts à 2, dominant le match de bout en bout. L’ancien joueur et membre fondateur du club, Aristóteles Góes, devenu journaliste au quotidien local A Tarde, titra son article résumant le match « Esquadrão de Aço« , marquant ainsi la force et la solidité que dégagea l’équipe lors de ce match. Toutefois, ce fut éphémère car le reste de la saison fut plus difficile pour le club, voyant même son rival, Guarany, remporter son premier championnat de l’Etat. En 1947, le surnom fut plus justifié, le club remportant le championnat d’Etat avec 14 victoires en 19 matches, trois nuls et seulement deux défaites. En 1979, le dessinateur Ziraldo créa la mascotte du club, ressemblant à Superman. D’une part, Superman est surnommé l’homme d’acier. D’autre part, il porte un uniforme bleu et rouge, couleurs du club de Bahia. En 2015, Penalty, l’équipementier du club, sortit un maillot du club version third de couleur argenté (Camisa de Aço). Ce fut un véritable succès, les ventes enregistrant des records dès son lancement : 3.000 pièces vendues en 24 heures et plus de 7.500 en une semaine.

#225 – FC Copenhague : Løverne

Les lions. Le FC Copenhague s’est imposé comme l’équipe numéro 1 du Danemark à compter des années 2000 et joue régulièrement les phases de poule de la ligue des champions. Beau résultat pour un club qui ne fut créé qu’en 1992. En effet, il résulte de la fusion de deux clubs historiques de Copenhague : Kjøbenhavns Boldklub (fondé en 1876) et du Boldklubben 1903 (fondé en 1903). Si ces deux clubs étaient des places fortes de Copenhague et du football danois (jusqu’à la fin des années 70 ils avaient remporté en cumulé 22 championnats et 3 coupes du Danemark), ils connaissaient à cette période de nombreuses difficultés sportives ou économiques. L’achèvement du nouveau stade de la sélection danoise, le Parken Stadium, offrit un environnement propice à la fusion en offrant une enceinte moderne pour accueillir la nouvelle formation. Comme dans toute fusion, il fallut choisir de nouveaux symboles. Lors d’une conférence de presse le 21 avril 1992, le logo du club fut présenté et l’idée originale du design fut proposé par Keld Jørgensen, manager de longue date du club de KB: une tête de lion bleu avec la crinière stylisée sur fond blanc (qui comprenait également le nom du club et un drapeau danois). La tête de lion s’inspira des armoiries de la vieille ville de Copenhague (ainsi que celles du Danemark – trois lions sur un écu d’or). En outre, le lion, le roi des animaux, symbolisait le courage et la force, dont l’équipe devait faire preuve. Comme espéré, le club fut rapidement surnommé les Lions et la mascotte du club apparut sous la forme d’un lion nommé Leo.

#199 – Sheffield Wednesday : the Owls

Les hiboux. Fondé en 1867, le club connut plusieurs surnoms avant de connaître celui-ci : Groveites (car le club jouait sur un terrain dénommé Olive Grove), Blades (les lames, surnom donné à toutes les équipes de Sheffield en l’honneur de l’industrie de la coutellerie. Aujourd’hui surnom de Sheffield United). Finalement, le surnom de Owls apparut avec le déménagement du club, en 1899, de son stade d’Olive Grove vers la banlieue nord de Sheffield, dénommé Owlerton. Si la toponymie de Owlerton aboutit à Owl, les supporters prirent la traduction anglaise (les hiboux). Alors qu’en réalité l’origine est différente puisque Owls ou Owler est un ancien mot du dialecte du Yorkshire pour désigner un aulne. L’aulne se trouve dans de nombreux noms de lieux de Sheffield, ce qui témoigne du fait que la ville était bien boisée au début de son histoire et que l’aulne formait une espèce d’arbre clé de la région. Ignorant la véritable signification du nom Owler, le club inscrit le hibou sur son écusson et le joueur écossais du club, George Robertson, présenta en 1912 une mascotte de hibou, qui ancra définitivement le surnom. Certains avancent qu’en 1907, un dessinateur fit publié dans une gazette locale une caricature de l’équipe sous la forme d’un hiboux. En effet, ce dernier ne maitrisait pas l’accent local et quand il entendit que Wednesday jouait à Owlerton (prononcé ole-ler-tun par les habitants de Sheffield), il fit l’analogie avec le Owl.

#196 – Tigres UANL : los Felinos

Les félins. En s’appelant Tigres, le club ne pouvait avoir un autre surnom que celui-ci. Pourtant, lorsque le prédécesseur du club fut fondé en 1957, son surnom était certes animalier mais portait sur un animal moins impressionnant, le sanglier. Le surnom de félin s’attacha au club lorsque ce dernier fut repris par l’Université de Nuevo Leon (Universidad Autónoma de Nuevo León) suite à des problèmes financiers. Or, l’Université avait déjà comme mascotte le Tigre et ses équipes sportives adoptaient ce nom. En particulier l’équipe de football américain qui est à l’origine de ce surnom. Créé en 1944, le nom d’origine de l’équipe de football américain était osos (les ours) qui devint pendant les 3 premières années d’existence cachorros (les oursons). Le 25 janvier 1947, les oursons rencontrèrent une équipe de Monterrey dénommée Gatos Negros (les chat noirs) qui était invaincu. Les oursons remportèrent le match. Tony Corona, chroniqueur pour le journal El Norte, baptisa l’équipe de l’Université les Tigres du Bengale car « les étudiants universitaires se sont comportés sur le terrain avec beaucoup de courage et de substance, cessant ainsi d’être des oursons pour devenir plutôt des tigres avides de victoire ».