#1180 – SK Dnipro-1 : чорно-жовті

Les noir et jaune. Pour un club relativement jeune (fondation le 29 novembre 2015), il s’est fait rapidement une place dans le paysage footballistique ukrainien. Vice-champion de division 3 lors de la saison 2017-2018. L’exercice suivant, le club remporta le titre de champion de division 2. Puis, en 2022-2023, il devint vice-champion de première division. Le club fut fondé à l’initiative de l’homme politique ukrainien Yury Bereza et de l’homme d’affaires Gennady Polonsky. Tout s’accéléra pour Dnipro-1 quand le club historique de la ville, le FK Dnipro, rencontra des difficultés financières qui engendrèrent une crise sportive. En 2019, après 100 ans d’existence et une finale de Ligue Europa en 2015, le FK Dnipro fit faillite et ce qui restait du club, principalement son académie de formation, rejoignit le Dnipro-1. L’ancien footballeur international Andriy Rusol, qui avait joué 8 ans pour le FK Dnipro, s’associa à cette nouvelle aventure. Le Dnipro-1 devenait ainsi le successeur du FK et le club numéro un de la ville. Pour autant, il ne reprit pas les symboles du FK et conserva les siens, dont ses couleurs noir et jaune.

Le fondateur Yury Bereza est un militaire, homme d’affaires et homme politique qui s’illustra lors de l’apparition des manifestions pro-russes en Ukraine et les premières insurrections dans le Donbass. En Avril 2014, les militants pro-russes organisèrent des référendums dans les régions de Louhansk et de Donetsk afin d’obtenir leur sécession de l’Ukraine et leur intégration dans le giron russe. L’Etat ukrainien et son armée étant en faillite financière et organisationnelle, le ministre de l’intérieur Arsen Avakov prit la décision de former des milices armées avec pour objectif de rétablir l’ordre dans les régions de l’Est. Le 14 avril 2014, le bataillon dénommé Dnipro-1 fut créé comme une force spéciale du Ministère de l’intérieur, avec le soutien financier de l’oligarque Ihor Kolomoïsky. Au printemps, le bataillon sévit dans les régions de Donetsk et de Dnipropetrovsk et participa à la libération de Marioupol en juin 2014. Son commandant d’alors était Yury Bereza. Soucieux de ses troupes (et de son image), il poussa à la fondation d’un club de football dont l’objectif principal était de réhabiliter et d’aider les militaires à travers le sport. La nouvelle association reprit le nom du bataillon, Dnipro-1, ainsi que son emblème intégralement noir, qui se compose du trident ukrainien (tryzoub). Mais si le noir et le jaune orangé sont les couleurs apparaissant sur le blason du club, l’équipe évolue dans des maillots bleu et jaune, les couleurs nationales.

#1173 – Incheon United FC : 파랑검정

Bleu et Noir, les couleurs traditionnelles de l’équipe de la ville coréenne d’Incheon. Après l’engouement suscité par la Coupe du Monde 2002 où Incheon avait accueilli un stade flambant neuf, les autorités de la ville prirent la décision de créer une équipe de football pour évoluer dans une première division, K-League, en cours de mutation. Fin 2003, Icheon United vit le jour, avec immédiatement pour couleurs, le bleu et le noir. Aucune explication n’a subsisté jusqu’à aujourd’hui, mais il se pourrait que le bleu représente le ciel et le noir la mer. Pas étonnant pour une ville côtière qui se développa autour de son port, deuxième plus grand de Corée du Sud. Pour célébrer sa fondation, le 1er mars 2004, Incheon United invita les japonais de Gamba Osaka, qui évolue également en noir et bleu.

Au fil des années, les couleurs ne changèrent pas, la seule modification étant l’introduction dans le maillot de rayures verticales. Ces dernières sont devenues une part de l’identité du club. Pourtant, en 2012, en proie à des difficultés financières, le club signa un nouveau partenariat avec l’équipementier français, Le Coq Sportif. La direction marketing décida alors de créer une nouvelle tenue intégralement bleu avec des parements rouges. L’idée était de donner une teinte plus vive au maillot que le mariage noir et bleu qui était jugé trop sombre, notamment pour les matchs nocturnes. Ce choix suscita une forte controverse, les supportèrent considérant que le club manquait de respect à ses traditions. Pour le défendre, l’entraineur Heo Jung-moo eut des mots malheureux « 바뀌었다고 해서 문제 될 건 없다. 세계적인 클럽들의 유니폼도 디자인과 색상이 자주 바뀐다! » (Il n’y a aucun problème avec le changement. Les designs et les couleurs des uniformes des grands clubs mondiaux changent fréquemment !) et surtout « 검정색과 파란색이 우리의 전통이라고 하는데 누가 정한 것인가 » (On dit que le noir et le bleu sont nos traditions, mais qui a décidé cela ?). Le club également tenta de défendre ce changement en indiquant que le nouveau maillot calquait le premier porté par les joueurs en 2004. Seulement, si le premier maillot était effectivement un uni bleu, les parements comme le short étaient noirs. Face à la fronde des fans qui boycottèrent le merchandising, le maillot traditionnel à rayures noires et bleues refit son apparition la saison suivante.

#1135 – DC United : Black and Red

Les noir et rouge, couleurs identifiées de l’équipe de la capitale des Etats-Unis. United faisait parti des 10 nouvelles franchises de la saison inaugurale de la MLS et participa au premier match de la ligue le 6 avril 1996 contre les San Jose Clash (devenu depuis San Jose Earthquakes). Même si le club n’est plus aussi dominant, il constitue une des références de la MLS avec 4 titres de champion, 4 coupes nationales et 1 Coupe des champions de la CONCACAF (la première remportée par un club américain).

Le processus de création du club remonte à 1994. Le nom s’inspirait directement des clubs anglais de Manchester, Newcastle et Leeds, alors au firmament et qui représentaient la culture footballistique, mais le terme United traduisait également la volonté d’unir les fans derrière cette nouvelle bannière sportive. Les couleurs et le logo de l’équipe furent annoncés en octobre 1995, lors d’une présentation à New York. La direction opta pour le noir et le blanc, avec des accents rouges qui venaient soulignaient les deux premières. Outre le mariage parfait de ces trois teintes qui caractérisaient l’unité, elles avaient pour vocation de supporter le symbolisme de l’aigle aux ailes déployées choisi pour apparaitre sur le logo : puissance, passion, intensité et liberté.

Le rouge et le blanc proviennent directement du drapeau du District of Columbia. Il se compose de trois étoiles rouges au-dessus de deux bandes rouges horizontales sur fond blanc, qui correspond simplement aux armoiries de la famille Washington, dont était issu George Washington, premier président des Etats-Unis et qui donna son nom à la capitale américaine. Le District adopta les armes de cette famille dans sa bannière en 1938. La famille Washington trouve ses racines en Angleterre au XIIIème siècle dans le comté de Durham. Les premières armes représentaient un lion rampant en 1203. Des armoiries ressemblantes à celles d’aujourd’hui furent enregistrées la première fois en 1346 (les couleurs étaient alors inversées). À la fin du XIVème siècle, la conception actuelle apparut. On retrouve les armoiries de la famille et donc le drapeau du District of Columbia sur le blason du club de foot.

#1118 – Palerme FC : Rosanero

Le rose et le noir. Contrairement à d’autres, le club ne joue pas en rose pour avoir cédé aux sirènes du marketing. Palerme est l’un des rares clubs de football à avoir opté pour cette couleur si atypique, surtout au début du XXème siècle. Avec le soutien de la communauté britannique présente à Palerme, le club vit le jour officiellement le 1er novembre 1900 sous le nom Anglo-Palermitan Athletic and Foot-Ball Club, rebaptisé plus tard, en 1907, Palermo Foot-Ball Club. Les couleurs des premiers maillots du club étaient le bleu et le rouge. Certainement en hommage à cette communauté britannique.

Le rose et le noir apparurent en 1907 et ne quittèrent plus jamais le club. Il est souvent avancé que ce changement résultait d’un délavage. En effet, les tissus et leurs teintures n’étant pas d’une qualité exceptionnelle à cette époque, à force de les laver, le rouge déteignit en rose et le bleu en noir. D’autres clubs connurent la même mésaventure (cf. #1092, #848, #327, #247, #105, #103). Mais, il n’existe aucune certitude sur cette version et surtout une autre circule, avec des éléments de justification. Une lettre de 1905 adressée par le journaliste Giuseppe Airoldi à son ami Joshua Whitaker, membre de la famille Whitaker et dont le frère Joseph était président d’honneur du club, l’inviter à changer les couleurs du club pour le rosanero. Le contenu était le suivant : « Caro Giosuè, alcuni amici marinai mi hanno fatto osservare che i colori del Vostro Palermo sono sfruttati parecchio. Il Genova ha i Vostri, i nostri colori. Ieri, Michele Pojero era del parere di mister Blak e di Norman di cambiare il rosso e il blu in rosa e nero. Michele dice che i colori sono quelli dell’amaro e del dolce. I Vostri risultati sono alterni come un orologio svizzero. In avvenire, come raccontava Vincenzo Florio al circolo Sport Club di via Mariano Stabile, quando perdete potete bere sempre il suo amaro di colore nero, mentre il rosa potete assaporarlo nel liquore dolce. La mia salute non è più buona e i dolori della vecchiaia sono tanti, perciò affrettatevi a battere le prossime squadre. » (Cher Joshua, des amis marins m’ont fait remarquer que les couleurs de votre Palermo sont très utilisées. Gênes a vos couleurs, nos couleurs. Hier, Michele Pojero était d’accord avec l’entraîneur Blak et Norman pour remplacer le rouge et le bleu par du rose et du noir. Michele dit que les couleurs sont amères et douces. Vos résultats alternent comme une montre suisse. À l’avenir, comme l’a dit Vincenzo Florio au Sport Club de la Via Mariano Stabile, lorsque vous perdez, vous pouvez toujours boire son amer de couleur noir, tandis que le rose peut être dégusté dans la liqueur douce. Ma santé n’est plus bonne et les douleurs de la vieillesse sont nombreuses, alors dépêchez-vous de battre les prochaines équipes).

Nous comprenons que le choix se fit pour se distinguer d’autres équipes. En outre, ces deux couleurs mettaient en valeur des liqueurs dont la famille Whitaker était productrice en Sicile. Cette riche famille était originaire du Yorkshire et le père de Joshua et Joseph vint s’installer en Sicile au XIXème siècle pour aider son oncle Benjamin Ingham dans ses entreprises. Les deux parvinrent à monter une fructueuse entreprise, active dans la production de vin et de liqueur, la finance et le transport maritime entre autre. Etant donné sa puissance, la famille Whitaker, et en particulier Joseph, joua un rôle dans les premières années du club. Parmi les liqueurs produites, il existait un amaro (amer) de couleur noir ainsi qu’un rosolio, une liqueur de couleur rose plus sucrée.

Néanmoins, le changement ne se fit pas immédiatement. A cette époque, il était compliquer de se procurer des tissus de flanelle rose. Le président du club, Ignazio Majo Pagano, se tourna vers l’entreprise Gulì, qui commanda les tissus en Angleterre. Le 27 février 1907, le président Pagano décida, avec le consentement de l’assemblée des membres, d’abolir les chemises rouges et bleues suite à une suggestion de Giuseppe Airoldi et changea également le nom du club en Palerme FC.

#1102 – Shirak FC : Սև հովազներ

Les panthères noires. Shirak est connu pour être l’un des plus anciens clubs de football d’Arménie, le club ayant été fondé en 1958 à une époque où l’Arménie était une république de l’Union Soviétique. Seule équipe à avoir participé à toutes les saisons de la première division arménienne depuis sa création en 1992, le club compte un des plus riches palmarès d’Arménie, avec 4 titres de champion national, 2 Coupes d’Arménie et 5 Super Coupe d’Arménie. Basé dans la ville de Gyumri, deuxième ville d’Arménie, Shirak s’est inscrit dans les traditions de la ville. Tout d’abord, les couleurs du maillot sont le noir et l’orange. Ces deux teintes se retrouvent dans de nombreux bâtiments de Gyumri, en particulier les murs de l’Église du Saint-Sauveur et du Musée Dzitoghtsyan. En outre, le blason de l’équipe reprend un des éléments des armoiries de la ville et de son drapeau, une panthère surmontée d’une croix.

Au IXème siècle, l’Arménie était un état vassal des arabes omeyyades puis abbassides. Mais, les arméniens profitèrent de l’affaiblissement des omoyades et de la concentration des abbassides à défendre leur territoire face aux Byzantins pour créer un état indépendant au début des années 880, le Royaume bagratide d’Arménie. Achot Ier de la dynastie Bagratide et ses descendants furent à la tête de cet Etat jusqu’en 1080 et firent de la ville d’Ani, dans la banlieue Nord de Gyumri, la capitale de ce Royaume. Le bannière de ce dernier représentait probablement une panthère surmontée d’une croix. Ce symbole fut retrouvé sur un bas-relief dans les ruines d’Ani.

Ce nom est également celui du principal groupe de supporteurs du club.

#1069 – CA Chaco For Ever : Albinegro

Les blanc et noir. Le club argentin de la ville de Resistencia, située dans la province du Chaco, fut fondé le 27 juillet 1913, par des jeunes qui décidèrent de quitter le CA Sarmiento et de créer une nouvelle institution sportive. Depuis, les deux clubs sont les grands rivaux de Resistencia. Le choix du nom était important pour les fondateurs car ils voulaient qu’il soit agréable et s’inscrive dans le temps. Une connaissance des fondateurs, d’origine anglaise et surnommée « Mister King », il suggéra « Chaco for Ever » (Chaco – le nom de la province – pour toujours), un cri identitaire et fière. Le choix des couleurs releva finalement du hasard. En effet, un jour, l’équipe fut rejoint par un étudiant en droit nommé Maistegui. Il se présenta sur le terrain avec un maillot rayé noir et blanc qui fit forte impression auprès des autres joueurs. Il s’agissait d’un maillot du club CA Estudiantes de Buenos Aires. Tous les joueurs décidèrent d’opter pour ce maillot qu’ils considéraient élégant mais aussi dont les couleurs rappelaient les richesses de la province : le blanc pour la culture du coton et le noir pour le charbon.

L’agriculture constitue une des principales activités de la province du Chaco. En particulier, la filière du coton. Historiquement (culture développée dès le début du XXème siècle), le Chaco était le principal producteur national de coton depuis les années 1950 même si sa position fut remise en cause ces dernières années avec la réduction de la surface cultivée de coton en raison de la concurrence des céréales et des oléagineux (principalement maïs, tournesol et soja …). Toute la filière (égreneurs, filatures, ateliers de tissage, fabrication de produits textiles) s’est développée dans le Chaco. La culture s’étend dans pratiquement toute la province et les égreneurs représentent 60 % de la capacité argentine. En 2019-2020, la superficie plantée était de 185 000 hectares, avec une production de 338 000 tonnes, principalement tournée vers le marché intérieure, soit respectivement 42% et 32% de la part nationale. En 2021-2022, la production monta à 379 000 tonnes. L’industrie textile représentait 21,3% de l’emploi total de l’industrie manufacturière. En 2019, 36 usines d’égrenage étaient en activité, avec une capacité totale d’égrenage de 890 500 tonnes.

Dans la province du Chaco, la production de charbon ne provient pas de mines car il s’agit de charbon végétal (et non minéral). En effet, la région comprend de vastes forêts de quebracho. Cet arbre, symbole du Chaco, présente un bois extrêmement dur et durable, qui est exploité pour réaliser des meubles, des tanins et du charbon de bois. Dans les années 1950 et 1960, cette production de charbon de bois trouvait un débouché naturel vers la province de Jujuy où étaient situées des usines sidérurgiques en demande de coke. En 1967, le Chaco produisait 11,58% de la production nationale de charbon (environ 50 000 tonnes). Désormais, en 2018, la production de charbon de la province s’élevait à 272 000 tonnes par an et le Chaco représentait 80 % des exportations argentines.

#1053 – Linz ASK : die Schwarz-Weißen

Les noir et blanc. Le 7 août 1899, à Linz, le Athletiksportklub Siegfried fut fondé mais cette association se concentrait sur l’haltérophilie et la musculation. La section football n’apparût qu’en février 1919, en intégrant les footballeurs du Linzer Sport-Klub (et certains du Germania) dont le club n’avait pas survécu à la Première guerre mondiale. Malgré la jeunesse de la section, le football était si populaire que cette activité prit une importance telle au sein du Athletiksportklub Siegfried, que le 14 Septembre 1919, la direction changea le nom du club pour Linzer Athletik-Sport-Klub. L’article 3 des statuts stipulait que les couleurs étaient le noir et le blanc, comme celles de ses deux « prédécesseurs ». En effet, aussi bien Siegfried que LSK évoluaient en noir et blanc.

Le LSK fut fondé le 25 juillet 1908 par la volonté de Ernst Wengraf, un passionné de football et autour des footballeurs Albert Siems et Otto Zwicker. Siems avait déjà joué pour le Vienna Cricket and Football-Club et Zwicker évoluait au Wiener Sportklub. Ce dernier club, fondé le 24 février 1883, possédait également le noir et blanc comme couleurs, qui étaient donc plutôt à la mode dans le football autrichien. J’émettrais une hypothèse concernant cette mode. A la fin du XIXème, même si l’Empire Austro-Hongrois était puissant, un autre Etat montait en puissance et portait haut la germanitude, sous la houlette de la redoutable Prusse : le Reich Allemand. Or, le Reich adopta un drapeau avec trois bandes horizontales de couleurs noir, blanche et rouge (qui reprenaient les couleurs de la Prusse, noir et blanc, et de la Ligue Hanséatique, rouge et blanc). Et justement dans cet Empire Austro-Hongrois qui regroupait une mosaïque de peuple (autrichien, hongrois, tchèque, slovaque, croate, serbe, slovène, italien, roumain, polonais, ukrainien), il y avait certainement un besoin d’affirmer sa germanitude et elle s’exprima dans le sport. Un nombre certain de clubs autrichiens prirent donc ces fameuses couleurs noire et blanche. A noter que si les couleurs principales du LASK sont le noir et le blanc, le rouge apparait sobrement mais régulièrement sur les tenues ou le blason du club (ce qui renforce mon hypothèse). Au delà de la couleur, d’autres s’inspirèrent de l’Allemagne pour leurs noms. Ainsi, on comptait un Germania Linz (Germanie étant le nom latin de l’Allemagne), Deutschen Jungmannschaft Währing à Vienne (Deutschen signifiant Allemand), Deutsche Fußball-Club Prag, Deutscher Sportverein Troppau … . Or, Germania Linz contribua à la création de la section football du LASK. De même, la section football du Wiener Sportklub qui aurait pu inspirer les fondateurs du LASK, était issue de la fusion du Fußball- und Athletik-Club Vorwärts et du Deutschen Jungmannschaft Währing qui prit le nom de Deutschen Sportverein.

Malheureusement, après avoir joué plus de 100 ans avec ces couleurs, le club succomba aux espèces sonnantes et trébuchantes d’un sponsor, BWT. Fabriquant de systèmes de traitement de l’eau autrichien, BWT imposa sa couleur rose au maillot du LASK. Par petite touche en 2019 puis le troisième maillot intégralement rose en 2020, puis lors des matchs importants ou de Coupe d’Europe le rose est privilégié et enfin, le premier maillot en 2022 devient finalement rose (sans rappel des couleurs historiques). Les supporteurs bataillèrent tout au long de ces années pour s’opposer à ce mouvement mais l’argent fut plus important que les traditions pour les dirigeants. Pour les amadouer, la direction modifia les statuts qui précisent que les armoiries restent exemptes de publicité et les couleurs du club sont le noir et le blanc. Mais ils indiquent aussi que la tenue vestimentaire du club est déterminée par le conseil d’administration. Et donc peuvent ne pas être noir et blanc.

#1019 – Orlando Pirates FC : Ezimnyama Ngenkani

Les noirs. Au sein de l’association sportive Orlando Boys Club, une bande de jeunes appréciaient la pratique du football depuis 1934. Andries Mkhwanazi, surnommé Pelé-Pelé, un entraineur de boxe du Boys Club reconnut le talent de ces jeunes et les encouragea à fonder une équipe officielle en 1937. Un an plus tard, cette équipe d’adolescents intégrait la ligue dénommée Johannesburg Bantu Football Association. En manque de moyen, les joueurs jouaient pieds nus et sans maillot commun. En 1940, alors la section football se séparait d’Orlando Boys Club pour donner naissance aux Pirates, le travailleur social, Bethuel Mokgosinyane, devint président du club et offrit aux joueurs leurs premiers kits, qu’il avait déniché auprès d’une autre équipe de Soweto, Phiri-Phiri. Ce maillot noir affichait un grand P sur le plastron.

Les raisons du noir ne sont pas connues. Est-ce le fruit d’un pur hasard ? Bethuel Mokgosinyane n’eut pas de choix et prit les maillots de Phiri-Phiri quelque soit la couleur de ces derniers. Ou est-ce un choix raisonné ? Bethuel Mokgosinyane aurait-il volontairement choisi un maillot noir pour adopter une certaine symbolique ? Ce pouvait être un choix politique pour affirmer la couleur de peau des joueurs qui composaient l’équipe, à une époque où la ségrégation raciale apparaissait et l’ANC était fondé. Par ailleurs, les fondateurs d’Orlando Pirates comprenaient des enfants des travailleurs migrants qui avaient quitté les zones rurales pour travailler dans les mines d’or du Gauteng. Le noir pouvait être un rappel de ces racines ouvrières. Enfin, comme le nom de Pirates fut choisi au même moment, la couleur noir permettait de s’aligner avec celle communément connue des Pirates.

#1008 – Peñarol Montevideo : los Mirasoles

Les tournesols. La grande plante, qui suit la courbe du soleil, présente une fleur (qui n’en est pas une en réalité) aux pétales jaunes et aux graines noires. Or, ces deux couleurs sont celles du club de Montevideo depuis sa création. Le club naquit le 28 septembre 1891 sous le nom de Central Uruguay Railway Cricket Club, sous l’impulsion de 118 salariés de la compagnie ferroviaire anglaise, Central Uruguay Railway Company. Cette dernière, fondée en 1872 à Londres, était l’une des 4 sociétés de chemin de fer de l’Uruguay. Naturellement, les fondateurs du club puisèrent dans leur quotidien les symboles du nouveau club. Ainsi, le premier maillot du club était composé d’un damier (de quatre cases) jaune et noir. Ces deux couleurs rendaient hommage à l’une des premières locomotives à vapeur, the Rocket (la fusée). Construite en 1829, elle fut conçue par l’ingénieur anglais George Stephenson, considéré comme l’un des « pères fondateurs » du chemin de fer à vapeur. Elle combinait plusieurs innovations de précédentes locomotives pour donner la machine la plus avancée de son époque et qui demeura la base de la plupart des moteurs à vapeur au cours des 150 années suivantes. Remportant le concours du Rainhill Trials, cette locomotive traînait treize tonnes à presque 25 km/h et pouvait atteindre la vitesse record de 56 km/h (sans charge). Elle fut exploitée sur la nouvelle ligne Liverpool-Manchester et sa fiabilité et ses performances aidèrent à l’expansion du chemin de fer. Stephenson choisit de peindre sa locomotive en jaune et noir. Il se serait inspiré des diligences les plus rapides de l’époque qui affichaient ces couleurs et ainsi il pensait suggérer vitesse et fiabilité.

#998 – Alemannia Aix-la-Chapelle : Kartoffelkäfer

Les doryphores. Oui, ce petite insecte, ennemi bien connu des cultivateurs de pomme de terre, à l’aspect peu séduisant, est le surnom d’une équipe de football. Or, son aspect est à l’origine direct du surnom des joueurs d’Aix la Chapelle. Ses œufs sont de couleurs jaune vif. À l’état de larve qui mesure environ 1 cm de long, l’insecte est rouge orangé avec des stigmates noirs sur les côtés. Puis, à ,l’âge adulte, il arbore une carapace jaune rayée de bande noire dans le sens de la longueur. Or, les couleurs du club sont le noir et le jaune. Et pendant de nombreux années, le maillot d’Alemannia était rayé de bandes noires et jaunes. De quoi rappeler ce coléoptère que les allemands venaient de découvrir. En effet, l’aire d’origine du doryphore se situait au Mexique central. Puis, au XIXème siècle, il se propagea aux Etats-Unis à partir du Sud-Ouest et attint l’Europe, par la région de Bordeaux, dans les années 1920. A l’aube de la Second Guerre Mondiale, le Doryphore s’installa en Allemagne.

A la fin du XIXème siècle, les étudiants de 3 lycées de la ville, Kaiser-Wilhelm-Gymnasium, Oberrealschule et Realgymnasium, se rencontraient régulièrement sur une aire de jeux de la rue Franzstraße. En mai 1900, ils décidèrent de fonder un nouveau club. Dans un Empire Allemand naissant (sa proclamation datait de 1871, soit à peine 30 ans avant), le sport était un catalyseur de la jeunesse et un moyen d’y affirmer l’identité d’une nation. Ainsi, de nombreuses nouvelles associations sportives firent le choix de s’approprier ou de se référer à des symboles forts d’une prétendue éternelle nation allemande. Dans le nom de clubs, ce choix fut flagrant : Borussia qui signifie Prusse en latin (à Dortmund, Mönchengladbach et un club de Berlin), Preussen qui signifie prusse en allemand (à Hamm et à Berlin), Germania nom latin de l’Allemagne (à Berlin, Brême, Francfort, Mühlhausen, Mannheim et Braunschweig), Arminia, en rapport avec le chef barbare Arminus, présenté comme un héros national (à Bielefeld), Teutonia détivé du peuple germanique Teuton, parfois synonyme d’Allemagne (pour un club de Berlin) et Deutscher, Allemand en allemand (à Hannovre). Pour les étudiants-fondateurs d’Aix-la-Chapelle, le choix se porta sur un peuple germanique qui fut présent dans la région d’Aix-la-Chapelle, les Alamans.

Pour les couleurs, la décision fut plus facile puisque les couleurs de la cité du Land de Rhénanie-du-Nord-Westphalie sont le noir et le jaune. Elles sont tirés directement des armes de la ville qui représentent, sur un fond jaune, un aigle noir, copie quasi-parfaite des armoiries du Saint-Empire romain germanique (d’or, à l’aigle déployé à bec de sable et membré de gueules). Cette tradition de l’aigle noir sur fond jaune comme armes d’une ville était largement diffusée au sein du Saint-Empire tels que pour les villes de Besançon (France – ville impériale en 1290), Dortmund (Allemagne – ville impériale en 1236), Essen (Allemagne – ville impériale en 1377), Lübeck (Allemagne – ville impériale en 1226), Nimègue (Pays-Bas – ville impériale en 1230), Nördlingen (Allemagne – ville impériale en 1215) ou Reutlingen (Allemagne – ville impériale vers 1240). En effet, la cité qui obtenait le statut de ville-libre ou ville impériale, n’était plus soumis à aucun souverain local mais dépendait directement de l’Empereur. Cette grande liberté se traduisait donc dans les armoiries en reprenant le bouclier du Saint-Empire. L’avantage pour les fondateurs étaient donc d’honorer les couleurs de la ville tout en revendiquant une identité allemande, en se référant au Saint-Empire.