#882 – Tersana SC : الشواكيش

C’est un terme argotique égyptien qui signifie les marteaux. Fondé en 1921 et basé à Gizeh (dans le quartier de Mit Okba) près du Caire, le club naquit sous le régime du protectorat britannique. Or, l’occupation britannique de l’Égypte depuis 1882 importa le football dans la vallée du Nil, via les expatriés anglais travaillant pour la Compagnie du canal de Suez. La création du club fut donc l’oeuvre d’un anglais, le Major E.W. Slaughter. Initialement basé à Boulaq, un des principaux ports de la capitale égyptienne, le club était destiné au personnel de l’administration maritime et des chantiers navals de ce district. Ainsi, l’ensemble des symboles du club se réfèrent au port et à ses activités. Le nom du club « tersana » est l’équivalent en arabe d’arsenal (parmi les constructeurs navals, certains devaient certainement bâtir des navires militaires). Les couleurs bleu et blanc de son maillot rappellent directement la mer. Enfin, son écusson affiche une ancre, symbole de l’univers marin.

Pour autant, le surnom du club, الشواكيش, ne le relie pas directement au monde maritime. Il existe différentes explications pour ce surnom. La première raconte que ce terme décrivait la rudesse et la force de l’équipe, qui frappait ses adversaires comme un marteau. La deuxième histoire, qui est la plus connue de toute, indique qu’à une époque, Tersana avait recruté dans ses rangs un certain nombre d’anciens fedayins. Dans les années 1940, des nationalistes égyptiens appelés fedayins formaient des petits commandos dont l’objectif étaient d’harceler les troupes britanniques qui défendaient le canal de Suez. Le marteau pouvait donc symboliser leurs actions coup de poing et leurs duretés. Enfin, la dernière version se rapproche des origines du surnom des anglais de West Ham United (cf article #313). Certains des membres initiaux travaillaient sur les chantiers navals de Boulaq. C’était pour la plupart des ouvriers qui travaillaient l’acier pour construire les navires. Le marteau était un symbole qui les représentait bien. Il semble en tout cas que le surnom fut popularisé par les célèbres commentaires sportifs, Abdul Majid Noman, écrivant pour le journal « Al Goumhoria » , et Najib Almstkawi, du quotidien national « Al Ahram » . Ayant attribué des surnoms à la plupart des clubs égyptiens, ils auraient affublé « hammers » à Tersana à la suite d’une intervention rugueuse du défenseur Fouad Gouda, qui provoqua la blessure au pied du joueur adverse, Saleh Selim.

#876 – Sheriff Tiraspol : осы

Les guêpes. Pour ceux qui connaissent les recoins des coupes européennes, le club moldave n’est pas un inconnu, plus en raison de son nom que de ses exploits. Trouver un digne représentant de la conquête de l’Ouest à l’Est de l’Europe, ce n’est pas banal. Son nom provient de son actionnaire bienfaiteur, l’un des plus puissants conglomérats de la région séparatiste de Transnistrie, Sheriff. Ce dernier possède un réseau de stations-services, une chaîne de supermarchés, un média, une maison d’édition, une entreprise de construction, un concessionnaire Mercedes-Benz, une agence de publicité, une fabrique de spiritueux, des réseaux de boulangerie ainsi qu’un opérateur de téléphonie.

Fondé en 1996, l’appui financier de son actionnaire, Sheriff, fut déterminant dans l’ascension du club. En 2000, démarra pour le club un règne sans partage sur le football moldave. De 2000 à 2010, Sheriff rafla tous les titres de champion de Moldavie ainsi que 6 coupes de Moldavie. Pour fêter le 10ème titre de champion en 2010, le club ajouta à son blason traditionnel (une étoile de sheriff) une étoile, à la façon des clubs italiens ou d’autres à travers le monde. Ce ne fut pas le seul changement puisqu’il fut décidé de doter le club d’une mascotte. Trois propositions émanèrent : un sheriff (naturellement étant donné son nom et ses symboles), un tigre et une guêpes (les deux derniers présentant des couleurs fidèles à celles du club, jaune et noir). En mai 2010, l’insecte fut désigné car, à la fois, les joueurs portaient les mêmes couleurs que l’animal et surtout ils piquaient leur adversaire comme la guêpe ses ennemies. Dès lors, à chaque début de match, une mascotte en forme de guêpe venait encourager les joueurs et chauffer les supporteurs. Résultat, au bout d’un moment, la presse commenca à appeler l’équipe тираспольские осы (guêpes de Tiraspol) puis simplement осы (guêpes). 

#851 – FC Carthagène : Efesé

Le terme n’a aucune signification et provient d’une moquerie journalistique. Dans les années 1920, la pratique du football se développa bien dans le Sud de l’Espagne et la rivalité entre les différentes équipes se construisit, en particulier entre le Real Murcie, Natación de Alicante, Valence FC et Carthagène FC. Plusieurs quotidiens sportifs relataient leur lutte et l’entretenaient. D’ailleurs, certains n’étaient pas neutres car liés aux clubs. Par exemple, « Murcia Deportiva » était le média « non officiel » du Real Murcie. La salle de rédaction de l’hebdomadaire était située au siège du club, tandis que la plupart des employés du magazine étaient d’anciens joueurs ou entraineurs du Real. Ce journal sportif intégrait, parmi ses pages qui avaient un ton sérieux, une rubrique dénommée En serio y en broma (sérieusement et en plaisantant) qui apportait un regard humoristique, satirique voire cinglant sur les nouvelles sportives. Elle fut le recueil naturel des allusions désobligeantes sur les rivaux du Real Murcia. En 1924, le Carthagène FC était devenu le principal opposant du Real Murcia et donc une cible privilégiée pour la section En serio y en broma. Dans ce contexte, un rédacteur en chef (très probablement Fernando Servet Spottorno) décida d’affubler les rivaux d’un sobriquet, évidemment ironique. Pour Carthagène, le terme Efe-se apparaît pour la première fois, le 18 septembre 1924, dans les pages de ce magazine, suite à une défaite du FC Carthagène face à Natación de Alicante, 6 buts à 2. Ce surnom soulignait de manière péjorative la prononciation par les supporteurs des initiales du club, FC. Leur prononciation était influencée par le seseo, une caractéristique linguistique de certaines régions hispanophones où le « z », le « c » et le « s » se prononcent avec le même son [s]. Le trait d’union de Efe-se permettait de bien distinguer les deux lettres « F » et « C » et montrait donc l’origine du terme.

Dès le 25 Septembre de la même année, le sobriquet fut réutilisé dans le journal et cette fois, sans le trait d’union. Enfin, l’accent apparaît sur la dernière lettre le 6 novembre 1924. Dès lors, les mentions du Carthagène FC dans « Murcia Deportiva » en tant qu’Efesé étaient de plus en plus courantes et s’imposa même dans les autres pages plus sérieuses du magazine. Désormais ancré auprès des rivaux de Murcie, il fallait alors qu’il fusse adopté également par les supporteurs de Carthagène, ce qui arriva le 21 décembre 1926. Deux jours auparavant, Carthagène réussit pour la première fois de son histoire à s’imposer face au Real Murcie lors d’un match officiel. Cette victoire incita un journaliste d’ « El Eco de Cartagena », connu sous le pseudonyme de Penalty, à écrire un article le 21 décembre dans lequel il interpellaient les journalistes de Murcie (dont ceux de Murcia Deportiva) qui avaient prédit un large triomphe des leurs. Dans celui-ci, Penalty reprit le terme péjoratif d’Efesé pour donner plus d’ampleur à la victoire et se venger du quolibet (l’équipe dont vous vous moquez, vous a battu sur votre terrain). En clair, c’était l’arroseur arrosé. Peu de temps après, les fans de Carthagène adoptèrent ce terme comme un surnom affectueux, un cri de guerre.

Le Carthagène FC disparut en 1952. Un autre club de la ville, Unión Deportiva Carthagène, reprit le nom Carthagène FC en 1974, refaisant alors survivre le surnom. Puis, en 1995, le club du FC Carthagène (celui de notre article), naquit et hérita également de ce surnom. Aujourd’hui, le débat existe entre les partisans de la « pureté » qui estiment que ce surnom n’appartient qu’au club historique, tandis que d’autres pensent qu’il est attaché à l’histoire footballistique de la ville et donc appartient à tous les clubs de la ville.

#810 – São Paulo FC : o Mais Querido

Le plus aimé. Le club de São Paulo porte ce surnom flatteur, certainement parce qu’il est largement soutenu dans la ville pauliste mais aussi dans tout le pays. Certain sondage estime entre 15 et 20 millions de supporteurs au Brésil. Néanmoins, l’enquête publiée par l’Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística (l’institut public de statistiques, équivalent brésilien de l’INSEE) en juillet 2021 montre depuis plusieurs années que Flamengo demeure le club le plus populaire du pays avec plus de 42 millions de supporteurs. Les Corinthians occupent la seconde place avec près de 30 millions de fans et São Paulo arrive seulement en 3ème position (17 065 411 fans). D’autre part, São Paulo n’est pas le seul club à s’attitrer ce surnom de « plus aimé » à travers le pays. Il faut dire qu’un club peut toujours trouver un périmètre géographique ou temporel qui lui permet d’affirmer cela.

Pour São Paulo, ce surnom puise son origine dans les années 1940 et il est important de se remémorer le contexte. Avant 1930, l’Etat fédéral brésilien, qui était faible face aux Etats régionaux, était présidé par alternance par l’un des gouverneurs des deux grands états producteurs de café, São Paulo et Minas Gerais. Mais, alors que le représentant de Minas Gerais devait arriver au pouvoir, le président en place, un pauliste, Washington Luís, manœuvra pour favoriser l’élection du gouverneur de São Paulo, Júlio Prestes. Après plusieurs tentatives de conciliation, Getúlio Vargas, soutenu par l’Etat de Minas Gerais, arriva à la présidence brésilienne suite à un coup d’Etat, le 4 octobre 1930. A partir de 1937, Vargas imposa un régime autoritaire avec une volonté de réaffirmer la puissance de l’Etat centrale face aux pouvoirs régionaux. Ainsi, Vargas promut l’incinération sur la place publique de tous les drapeaux d’État et l’utilisation des symboles des États régionaux devint strictement interdite et criminalisée. Autant dire que Vargas n’était pas en odeur de sainteté dans l’Etat de São Paulo. En 1936, Vargas lança un programme national de soutien au sport. Comme souvent dans les dictatures, le sport était le principal vecteur de communication pour vanter les mérites du régime. Ainsi, la construction d’un nouveau stade fut démarrée à São Paulo avec l’idée de montrer la modernité et la puissance de l’Etat brésilien (dans la même logique de vitrine politique qui prévalut à la construction du stade olympique de Berlin en 1936 et le Foro Italico à Rome à la même époque).

Le 27 avril 1940, la nouvelle enceinte de São Paulo, du nom d’Estádio do Pacaembu, fut inaugurée devant un public de près de 70 000 personnes, en présence du président Vargas et du maire Prestes Maia. Outre le match inaugural entre Palmeiras et Coritiba, les festivités incluaient également un défilé des principales associations sportives de la ville. São Paulo FC réalisa son entrée dans le stade en dernier et, avec son nom et ses couleurs similaires à ceux de l’Etat de São Paulo (cf. #25), ce fut l’occasion d’une nouvelle manifestation politique par les spectateurs qui avaient déjà hué le président Vargas lors de son apparition. Ainsi, la presse rapporta que la foule se leva en applaudissant et en criant avec enthousiasme « São Paulo, São Paulo, São Paulo ! », en pointant vers la tribune d’honneur où se trouvait le président. Contrairement aux autres équipes qui avaient été applaudit par leurs seuls supporteurs présents, São Paulo FC reçut l’acclamation de l’ensemble du stade, ce qui fit dire qu’elle était l’équipe la plus aimé alors même que le club était récent dans le paysage pauliste (fondation en 1930) et était un nain (en termes de palmarès et de notoriété) face au Corinthians et à Palmeiras, les deux grands de la ville. Le président Vargas aurait déclaré aux personnes présentes après avoir remarqué la réaction du public à la réception de la délégation de São Paulo « Ao visto, este é o clube mais querido da cidade » (Il s’avère que c’est le club le plus aimé de la ville). Le lendemain, le journal « Folha da Manhã » écrivit « O público esportivo propriamente dito demonstrou quanto é querido o S. Paulo F.C., pois, ainda que apresentasse pequena turma, recebeu calorosas palmas, sendo o nome ovacionado deliberadamente » (Le public sportif lui-même a démontré combien le S. Paulo F.C. est aimé, car, bien qu’il avait une petite audience, il a reçu de chaleureux applaudissements, le nom étant ostensiblement acclamé). Le journal « Gazeta » titra « O Clube Mais Querido da Cidade » , accompagné d’une photo de la délégation avec un drapeau de São Paulo. Après les évenements, le Département d’État de la Presse et de la Propagande (en clair l’organe de censure officielle) organisa un sondage public pour savoir quel était le club le plus aimé de la ville. Evidemment, Corinthians et Palmeiras apparaissaient comme les favoris car ils comptaient un grand nombre de supporters à l’époque. Cependant, le résultat fut surprenant puisque sur 11 528 votes, Sao Paulo FC emporta nettement le sondage avec 5 523 votes en sa faveur, soit 47,90% des votants. Il reçut plus du double de votes par rapport au second, Corinthians, avec 2 671 votes, qui devançait de moins de 100 voix l’autre grand, Palmeiras.

#803 – Brentford FC – the Bees

Les abeilles. Avec cette magnifique abeille en majesté sur l’écusson du club, ce surnom s’est imposé pour le club quasiment au début de son existence. Mais, ce n’est pas sa présence sur le blason, ni même l’utilisation de maillot rayé par le club (dont les couleurs ne furent jamais proches de celles des abeilles) qui furent la source d’inspiration de ce surnom. Fondé en 1889, il apparut dans les années 1894-1895 alors que l’équipe comptait dans ses rangs un attaquant d’une vingtaine d’année dénommé Joseph Gettins. Il connaîtra une certaine renommée avec Millwall et Middlesbrough mais dans ces années 1890, il était encore qu’un jeune étudiant du Borough Road College. Lors d’un match, ces camarades de l’école vinrent le voir jouer et scandèrent des tribunes le cri de guerre du collège « buck up Bs » (bougez vous les B – B pour Borough). Mais, le lendemain, les journalistes dans leurs articles retranscrirent mal le chant et le transformèrent en « buck up bees » (bougez vous les abeilles). Et voilà donc plus de 120 ans que ce malentendu perdure. Le blason fit référence à ce surnom qu’à compter des années 1970. D’abord sous forme d’une ruche puis en 1973 avec une abeille. L’actuel date de 2017 et souligne particulièrement l’identité du club en tant que « The Bees » .

#802 – ABC FC : Elefante da Frasqueira

L’éléphant de Frasqueira. Fondé en 1915 une quinzaine de jours avant son grand rival de l’América Natal, le club adopta comme mascotte l’éléphant, lors de la première période de présidence de Judas Tadeu Gurgel (entre 1998 et 2009). En 2010, le service marketing d’ABC donna vie à la mascotte en créant les personnages de Fantão et Fantinho, qui animent les débuts de matchs et les mi-temps. En 2021, ce département poussa un peu plus loin l’exploitation de cette identité en créant un troisième maillot reproduisant la peau du pachyderme. Mais pourquoi avoir pris l’éléphant comme mascotte alors que cet animal ne vit pas du tout au Brésil ? Lors de la saison 1997, le club fit ses débuts en série B (seconde division brésilienne) par un match à domicile contre Santa Cruz de Recife et une victoire 3 à 0. Le lendemain, le 10 août 1997, dans le quotidien « Dário de Natal », le journaliste Edmo Sinedino et le dessinateur Ivan Cabral représentèrent ABC sous la forme d’un éléphant écrasant le serpent corail, mascotte du club de Santa Cruz FC. L’idée de l’éléphant était d’indiquer que le club était aussi grand, de mettre le club au même niveau que l’Etat du Rio Grande do Norte (où se situe la ville de Natal). En effet, cet Etat est souvent comparé à un éléphant car ses frontières dessinent la silhouette d’un pachyderme. En outre, l’animal montrait la force de l’équipe.

Situé sur la Rota do Sol, dans le quartier de Ponta Negra, le stade du club de 18 000 places se nomme Maria Lamas Farache, mais est plus communément connu sous le nom de Frasqueirão.

#790 – Genoa CFC : il Vecchio Balordo

Vieux fou. Le terme fait parfois débat car il semble désobligeant pour l’équipe ligurienne. Pourtant, ce surnom est largement répandu parmi les supporteurs génois et il s’agit du terme affectueux donné par le célèbre Gianni Brera à son bien-aimé club. Journaliste pour « La Gazzetta dello Sport » , « Il Guerin Sportivo » , « La Repubblica » et plusieurs autres publications, Brera couvrit le calcio pendant de nombreuses années et se distingua par son style épique. Surtout, il n’hésitait pas à créer de nouveaux mots qui marquèrent le vocabulaire footbalistique italien comme international (tels que libero, catenaccio, goleador …). Ses néologismes ont même fait l’objet d’un mémoire de fin d’études. Il est considéré comme le journaliste sportif italien le plus influent du XXème siècle.

Outre son amour des mots, il était également un fan du Genoa et déclarait « Quando il Genoa già praticava il football gli altri si accorgevano di avere i piedi solo quando gli dolevano » (Quand Genoa jouait déjà au football, les autres réalisaient qu’ils avaient des pieds que lorsqu’ils avaient mal). Brera était un brin nostalogique de l’âge héroïque du football italien quand le Génoa remporta 9 championnats entre 1898 et 1924. Il possédait notamment l’original de la charte de constitution du Genoa. Evidemment pour décrire son club de coeur, il ne pouvait le faire qu’avec une image riche et il le qualifia de vecchio balordo. Au travers de ces mots, qui ne se voulaient pas offensants ni pour le club, ni pour ses supporteurs, Brera faisait mouche et décrivait le club comme « strampalato, inaffidabile vecchio balordo » (vieux fou bizarre et peu fiable).

Gênes, dont l’étymologie changea au Moyen-Âge pour la lier au dieu romain Janus, protecteur des portes et ayant deux visages, présente également deux faces : l’une tournée vers la mer, l’autre vers les montagnes environnantes. Cette dychotomie donna une réputation à la cité d’être un peu étrange, incertaine. Ce vieux fou relevait donc cette caractéristique de la ville mais aussi l’imprévisibilité de son équipe de football. Car, tout au long de son histoire, le Genoa pouvait alterner football champagne et football moche. Une équipe capable d’exploits impossibles puis de s’effondrer incroyablement face à un club modeste. C’était notamment le cas dans les années 1970 quand le club fréquentait la Serie C.

#782 – AC San Martín de Mendoza : los Chacareros

Les paysans. Le terme ne s’entend pas dans son sens péjoratif et est assumé avec une profonde fierté par les supporters du club. Il fait directement référence à l’une des principales activités économiques de la région de Mendoza, l’agriculture. Située au pied de la cordillère des Andes dans le centre-ouest de l’Argentine, la province de Mendoza offre des sols fertils, des rivières généreuses et des climats à la fois tempérés, continentaux ou méditérrannéen, conditions propices à diverses cultures. L’histoire agricole est donc riche, avec des premiers témoignages qui remontent à 9 000 ans avant J.-C. et des écrits des colonisateurs européens au XVIème siècle. L’activité agricole dans la région est d’abord dominé par la vigne. Mendoza est, sans aucun doute, la province argentine avec la plus grande superficie dédiée à la culture de la vigne et représente 71% de la superficie totale cultivée en vigne dans le pays. 98% de cette production est destinée à la production de vin. Grâce aux oasis, les arbres fruitiers constituent la deuxième culture de Mendoza et produisent des pommes, poires, pêches, nectarines, cerises, prunes, raisins mais également des noix et des amandes. Enfin, la province de Mendoza est l’une des principales productrices de légumes d’Argentine (la deuxième place du pays). La culture maraîchaire constitue la première employeuse de la région. Productrice d’Oignons, de Citrouilles, de Tomates, de Carottes et de Pomme de Terre, Mendoza est surtout le premier fournisseur d’ail du pays et représente 97% des exportations d’ail d’Argentine (80 344 tonnes exportés en 2016, +18 % vs 2014). Pour encore mesurer l’importance de l’activité, il faut rappeller que sur ces 2 denrières années, le gouvernement provincial a consacré 100 millions d’euros de financement pour moderniser les infrastructures, acheter du matériel agricole (dont des filets anti-grêle) et améliorer l’efficacité des systèmes d’irrigation. Enfin, outre les grandes fermes, en 2021, Mendoza était la première province du pays en nombre d’exploitations familiales (8 025 unités).

Ce surnom fut instauré en 1967 par le célèbre journaliste radio José María Muñoz lors du premier match du club dans l’élite du pays face à Independiente de Avellaneda.

#780 – Ulsan HD : 아시아의 깡패

Les voyous asiatiques. Le club d’Ulsan, propriété du chaebol Hyundai, gagna ce surnom lors de sa victoire à la Coupe des Champions A3 en 2006. Cette compétition réunissait chaque année les champions de 3 pays, la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Vainqueur du Championnat national, Ulsan représentait la Corée du Sud. Lors du premier match, Ulsan tomba face au japonnais de Jeff United, sur le score de 3 buts à 2. 3 jours plus tard, Ulsan affrontait le Gamba Osaka, vainqueur de la J-League l’année précédente, et fut sans pitié en passant 6 buts aux japonnais. Au match suivant, Ulsan était opposé à Dalian Shide, qui avait remporté son 8ème titre national. Les attaquants d’Ulsan marquèrent 4 buts (dont 3 en un quart d’heure) aux chinois. Le club coréen remporta cette édition de l’A3 et Lee Chun-soo devint le meilleur buteur de la compétition, marquant 6 buts en 3 matchs, ainsi que MVP du tournoi. Les autres attaquants de l’équipe, le brésilien Leandrão et Choi Sung-Kuk, terminèrent également respectivement à la seconde et troisième place du classement des buteurs. Sa puissance de feu s’exprima de nouveau en Ligue des Champions asiatique, notamment lors de sa victoire en quart de finale aller face au club d’Al-Shabab, 6 buts à 0. Mais, cette fois, son rival local de Jeonbuk Hyundai Motors fut le vainqueur de la coupe, en éliminant Ulsan en demi-finale. Néanmoins, son attaque impitoyable, sans pitié, estimée comme la meilleure de tous les temps du club, amena le surnom des voyous asiatiques.

#752 – Club de Regatas Vasco da Gama : Camisas Negras

Les chemises noires. Le maillot de Vasco da Gama est sujet à quelques débats au Brésil. En effet, malgré les efforts des équipes de marketing pour réinventer les équipements chaque année, les grandes équipes conservent leur maillot principal, au moins pour ce qui est des couleurs (car même la Juventus ou le FC Barcelone ont dû sacrifier leurs célèbres rayures aux sirènes trompeuses du merchandising). Pour Vasco, le maillot principal peut-être noire avec une bande blanche ou blanc avec une bande noire, chacun étant aussi important. Pourtant, leur surnom rappelle un de leur premier kit qui était alors intégralement noir.

Les membres du Vasco da Gama, à sa fondation en 1898, ne pratiquaient que l’aviron et reprirent donc les principaux symboles de la mer pour leur nouveau club : un amiral portugais pour nom (cf #194), la croix du Christ comme écusson (symbole des navires portugais) et un maillot devant rappeler les grandes heures des navigateurs. Pour son président-fondateur, Francisco Gonçalves Couto Junior, qui proposa ses couleurs, le noir symbolisait les tempêtes maritimes, les mers inconnues et les marins morts lors des grandes expéditions. La bande diagonale blanche représentait la lumière et les routes ouvertes par les grands navigateurs portugais.

Pour autant, ce ne fut pas le premier maillot choisi par la section football. En effet, cette dernière naquit au sein du club en 1915 en absorbant un club existant, Lusitânia Futebol Clube. Ces membres voulurent certainement se distinguer des rameurs, tout en respectant les symboles du nouveau club, et optèrent pour un maillot noir, avec le col et les poignets blancs. Dans la foulée, l’équipe s’installa petit à petit dans le gratin footballistique en battant les équipes de Rio telles que Flamengo, Fluminense, América et Botafogo. L’apogée fut la victoire en 1923, premier championnat carioca remporté, avec onze victoires, deux nuls et une défaite. Les journalistes surnommèrent alors le club camisas negras, en l’honneur de leur maillot.

Mais, peut-être pas uniquement car Vasco était également le porte-étendard des classes populaires, laborieuses et colorées du Nord de Rio. Alors que le football était réservé à une élite blanche qui vivait dans les quartiers Sud et étaient représentaient par Flamengo, Fluminense et Botafogo (América était du nord mais était le club des élites de Tijuca), Vasco était le premier club à puiser ses membres et ses supporteurs parmi les populations défavorisées et généralement métissées. Alors quand Vasco gagna ce premier championnat pour sa première participation, vexés, les grands clubs du Sud se retirèrent du championnat en 1924 pour créer une ligue concurrente. Mais, en 1925, face aux succès et à la popularité du Vasco, ils reculèrent et acceptèrent d’affronter de nouveau les pauvres mulâtres du Vasco. Ainsi, dans cette société raciste, cette épisode contribua à élargir l’accès de ce sport d’élite aux noirs et aux pauvres et marqua un tournant dans l’ère du professionnalisme dans le football brésilien. Aujourd’hui, cette réciprocité entre le maillot blanc et le maillot noir serait aussi le symbole de l’égalité des races prônées par le club.