L’association. Le Cercle Sportif Brugeois fut fondé le 9 avril 1899, dans un contexte de tension politique encore vive. Au milieu du XIXème siècle, l’éducation en Belgique était assurée par les autorités catholiques, chaque commune comptant une école catholique. L’Église palliait les insuffisances de l’Etat et assurait une fonction de service public. Mais elle avait aussi une main mise dangereuse et partiale sur l’esprit des générations futures de la Belgique. Face à cette situation de dépendance, les nouveaux gouvernements libéraux entamèrent un processus de laïcisation de l’école. Bien entendu, le mouvement religieux y résista. La création des établissements, le choix des matières enseignées, le contrôle des manuels scolaires et la désignation des enseignants constituèrent des sujets de bataille entre les deux camps. Entre 1879 et 1884, cette affrontement atteignit son paroxysme dans ce qui s’appela la première guerre scolaire. Dorénavant, chaque village possédait son école catholique et son école laïque. En 1899, les anciens élèves de l’Institut Saint-François-Xavier de Bruges (Sint-Franciscus-Xaveriusinstituut) affrontaient au football ceux de l’Athénée royal, école d’Etat. L’établissement catholique décida d’organiser cette jeune équipe de football naissante. Le CS Brugeois fut donc créé au sein de l’association sportive de l’Institut, Vereeniging der Oud Leerlingen Broeders Xaverianen (Association des Anciens Elèves des Frères Xavériens). Cette association comptait déjà d’autres sections sportives comme le tennis, le cyclisme, la course à pied et le cricket et laissa son empreinte sur le surnom de l’équipe de football.
Étiquette : Religion/Mythologie/Croyance
#308 – St Johnstone FC : the Saints
Les saints. Le surnom est directement tiré du nom du club Saint Johnstone, qui fait référence à Saint Jean le Baptiste, saint majeur du christianisme comme de l’islam. A l’Automne 1884, l’équipe locale de cricket cherchaient à occuper son temps une fois la saison terminée. Les joueurs de cricket donnaient alors des coups de pied dans un ballon de football autour du South Inch, un grand parc public au bord de la rivière Tay. Cette pratique incita les joueurs à créer un club spécifique de football et ainsi naquit St Johnstone FC. Pour le choix du nom du club, les fondateurs s’inspirèrent de l’ancien nom de la ville où ils habitaient, Perth. Le nom Perth dérive d’un mot picte désignant le bois ou le bosquet. Mais, pendant la période médiévale, la ville était connue familièrement par ses habitants comme « St John’s Toun » ou « Saint Johnstoun ». Ce nom s’expliquait par le fait que la principale église au centre de la ville était dédiée à St Jean le Baptiste. Perth fut ainsi appelée « St Johns ton » jusqu’au milieu des années 1600. Depuis, ce nom est devenu le surnom de la ville et St Jean le Baptiste demeure le saint patron de la cité. D’ailleurs, le blason de la ville comme celui du club reprennent les couleurs de Saint Jean le Baptiste (rouge et blanc) et son symbole, l’agneau.
#288 – CA San Lorenzo : los Cuervos
Les corbeaux. Au début de 1907, un groupe de jeunes garçons enthousiastes dirigé par Federico Monti et Antonio Scaramusso passait des heures à jouer au football à l’intersection des rues México et Treinta y Tres Orientales, dans le quartier de Almagro à Buenos Aires. Lors d’un match, un tramway faillit renverser un des enfants. Jouer au football devenait alors de plus en plus dangereux avec l’augmentation du trafic. L’arrivée du père Salésien Lorenzo Bartolomé Massa dans le quartier fut décisive pour la fondation du CA San Lorenzo de Almagro. En 1908, il fut nommé directeur de l’Oratoire de San Antonio qui se situait rue México et avait un objectif de sortir les enfants des dangers de la rue. Il proposa alors aux enfants de venir jouer dans le jardin de l’Oratoire en échange de leur présence à la messe du Dimanche.
Avec ce soutien, le 1er Avril 1908, le club fut fondé. En l’honneur du prête, les membres souhaitèrent donner au club son nom mais l’ecclésiastique refusa. Après quelques débats, le prête et les membres validèrent le nom de San Lorenzo en hommage au saint San Lorenzo (Saint Laurent de Rome) et à la bataille éponyme (l’un des combats les plus importants pour l’indépendance de l’Argentine qui se déroula le 3 Février 1813 qui se déroula là où se tint désormais la ville de San Lorenzo, dans la province de Santa Fe, à 30 kilomètres de Rosario). San Lorenzo rendait également indirectement hommage au Père Lorenzo Massa mais mettait officiellement en valeur le Saint, qui était également le saint patron des charbonniers, métiers qu’exerçaient la plupart des parents des jeunes membres fondateurs du club.
Né sous le patronage d’un prête, les adversaires commencèrent à surnommer le club los Cuervos car les corbeaux avaient une robe noire, similaire à la soutane que portaient les prêtes. Evidemment ce terme était utilisé dans un sens péjoratif, l’oiseau véhiculant une image de nuisible. Mais les supporteurs de San Lorenzo se l’approprièrent et il est devenu depuis un des surnoms populaires du club.
#262 – SC Braga : os Arcebispos
Les archevêques. Ce surnom puise ses origines dans l’antiquité. Bati en 16 avant J.-C., Braga (Bracara Augusta en Latin) était une ville importante de la province romaine de Gallaecia, au point d’en devenir sa capitale. Centre commercial notable, la ville et ses habitants se convertirent rapidement au christianisme. Ainsi, Braga fut érigé en diocèse au IVème siècle et, selon la légende, son premier évêque fut São Pedro de Rates (de 45 à 60 après J.-C.). Néanmoins, les premières preuves historiques d’un évêque à Braga remonte au concile de Tolède en 397, avec Monseigneur Paterno. Lorsque le Royaume du Portugal se constitua au moment de la Reconquista (au IXème siècle), si Guimarães devint la capitale politique du nouvel Etat, Braga conserva la suprématie religieuse.
Au XIIème siècle, Braga fut ainsi élevé au rang d’archidiocèse. Résultat, l’archevêché de Braga est l’un des plus anciens de la péninsule ibérique et reçu donc le titre de Primat d’Espagne (qui est contesté par l’Archevêché de Tolède). Ce siège a pour caractéristique d’avoir son propre rite liturgique (rite de Braga), proche de celui romain. Le club est donc attaché à cette histoire et reprit dans son blason les armes de la ville de Braga, ie principalement la présence de la Vierge Marie tenant un lis dans sa main droite et l’Enfant Jésus dans son bras gauche.
#256 – Calcio Catane : gli Elefanti
Les éléphants. L’animal est fortement attaché à la ville de Catane, apparaissant sur ces armes comme sur un des monuments remarquables, la fontaine des éléphants, située au centre de la Piazza del Duomo. L’éléphant est devenu un symbole de Catane avec le personnage semi-légendaire dénommé Héliodore de Catane. Magicien, ce dernier aurait pactisé au VIIIème siècle après Jésus-Christ avec le Diable qui en échange de son abjuration de sa foi chrétienne, lui aurait conféré des pouvoirs. Il aurait alors lui-même sculpté dans de la pierre volcanique de l’Etna un éléphant, puis le chevauchant, il exécutait sa magie et rendait la vie des habitants impossible. Le nom de l’éléphant est Liotru, corruption populaire du nom Heliodorus.
#254 – Aris Salonique FC : Θεός του πολέμου
Le Dieu de la guerre. Surnom belliqueux mais somme toute logique puisque Aris (Arès ou Mars pour les latinistes) est le Dieu de la guerre dans la mythologie. Les fondateurs ne donnèrent pas son nom par hasard. Certes, pour un club grec, faire référence à la mythologie est naturel. Dans le cas du club de Salonique, cette référence avait une portée nationaliste.
Fondé le 25 mars 1914, le club fut créé dans un contexte particulier. En 1912 et en 1913 se produisirent les deux guerres balkaniques qui virent Salonique revenir dans le giron grec après avoir été occupé pendant des siècles par l’Empire Ottoman. Depuis la création du Royaume en 1832, la Grèce n’eut de cesse que de vouloir s’étendre et réunir toutes les populations grecques des Balkans et d’Asie Mineure. La récupération de la cité de Salonique était même l’un des enjeux majeurs pour les nationalistes grecs dans le cadre du rêve de la Grande Idée. La première guerre balkanique en 1912 lui permit d’obtenir la région de Thessalonique au dépend de son allié Bulgare qui la convoitait également. Ce différend fit partie des raisons de la seconde guerre balkanique de 1913.
Les fondateurs voulurent donc rappeler ce combat pour la libération de la ville, fait d’armes du nationalisme grec. Ils choisirent ainsi le jour de la fête nationale grecque (le 25 mars car fut proclamée la déclaration d’indépendance du pays le 25 mars 1821) comme date de fondation du club. Puis, les fondateurs choisirent Arès pour nom. D’une part, le choix d’un dieu grec était clairement un manifeste nationaliste qui rattachait le club à une tradition grecque et pré-ottomane (d’autant plus que les couleurs jaune et noir font référence à l’empire byzantin). D’autre part, le dieu de la guerre était un rappel explicite à ces guerres balkaniques. D’ailleurs, un autre symbolisme apparait dans le blason. En effet, Arès est représenté assis, sans casque, son bouclier sur le côté, ie qu’il est au repos. Cette pose s’inspire de la statue du IVème siècle avant J.-C. nommée l’Arès de la collection Ludovisi. Le choix du motif même d’Arès au repos représente la victoire et la paix obtenues suite aux guerres balkaniques.
En outre, le choix d’Arès permettait de débuter une rivalité avec l’autre club de la ville, fondé en 1908, l’Iraklis Salonique. En effet, ce dernier tirait son nom du demi-dieu Héraclès. Or, selon les légendes mythologiques, Héraclès et Arès n’étaient pas les meilleurs amis du monde et s’opposèrent. Ainsi, Héraclès tua Cicno, fils de Arès. Plus tard, Arès et Hercules se livrèrent un combat terrible, qui se termina par la grave blessure à la jambe d’Arès.
#253 – Athletic Bilbao : los Leones
Les lions. En 1447, sur une colline près de la Ría de Bilbao, se dressait un ancien ermitage voué à San Mamés. Par la suite, un couvent a été construit pour les pères franciscains et plus tard un asile du même nom. En 1913, l’emblématique stade du club fut inauguré et se situait sur un terrain attenant à cet ermitage.
San Mamés (Saint Mammès) est un Saint chrétien qui naquit à Césarée de Cappadoce (Turquie moderne) au troisième siècle. Selon la légende, alors qu’il était encore adolescent, il fut soumis par les Romains à d’innombrables tortures en raison de sa foie chrétienne mais il résista à tous ces supplices. Il réussit alors à s’échapper et rejoignit la montagne où il vécut 3 ans. Dans cet environnement naturel, Mammès devint l’ami des animaux, en particulier des fauves, en leur lisant la vie de Jésus. Mais, les Romains parvinrent à le capturer et il fut envoyé au cirque et jeté aux lions. Mais, au lieu de le dévorer, Mamés apprivoisa les lions qui se prosternèrent à ses pieds. Fou furieux, le gouverneur de Césarée de Cappadoce ordonna de mettre fin à la vie du garçon en enfonçant un trident dans son abdomen. Il mourut de ces blessures quelques jours après et devint un saint chrétien.
Du fait de la présence de l’ermitage, San Mamés s’imposa pour le nom du stade et sa légende des lions inspira le surnom des joueurs. En outre, ce martyr souffrant, obstiné et combatif ressemblait à l’Athletic du début du XXème siècle qui était une place forte du football et dont les joueurs étaient animés par un esprit de sacrifice et une défense féroce.
#247 – Independiente Santa Fe : los Cardenales
Les cardinaux. Plusieurs versions se rapportent à ce surnom mais ils font tous référence à la couleur rouge que les maillots du club arborent. Ainsi, ce maillot rappellerait le rouge des habits des cardinaux ou celui du plumage du Cardinal Rouge (sachant que cette oiseau tire son nom de la couleur rouge du plumage du mâle qui rappelle les vêtements rouges des cardinaux). Au final, tout revient aux cardinaux catholiques. Pourquoi le club joue en rouge et blanc ? Là aussi, il existe plusieurs versions. Une chose est sure, lors de son premier match, l’équipe évoluait avec un maillot bleu. Mais, la couleur souffrit au fil des lavages. Le club confectionna un nouvel uniforme en vert pour le remplacer. Mais, ces derniers se délavèrent également. Les supporteurs et l’un des fondateurs du club décidèrent de passer au rouge et blanc en référence au club anglais d’Arsenal. En mai 1942, Santa Fe fut invité à jouer dans la première division de la Ligue de Bogota. Il affronta alors la puissante équipe de l’Université, match auquel le club porta pour la première fois son maillot rouge à manches blanches. Il le remporta 7 buts à 3.
#243 – Ajax Amsterdam : Godenzonen
Les fils de Dieux. Ce surnom fait évidemment référence au nom du club, Ajax, qui est un héros grec. En réalité, il existe deux héros grecs dénommés Ajax : Ajax le Grand (ou Ajax fils de Télamon) et Ajax le petit (ou Ajax fils d’Oïlée). Les deux firent la guerre de Troie mais le premier a connu à travers les siècles une renommée plus grande. Pour le club d’Amsterdam, les fondateurs voulurent s’inspirer certainement du premier.
3 amis, Han Dade, Carl Bruno Reeser et Floris Stempel fondèrent un premier club de football le 15 octobre 1893 dénommé Union. Mais, après quelques mois d’existence, le nom fut changé pour Footh-Ball Club Ajax. Le club disparut suite à des problèmes administratifs et de terrain. Mais les 3 amis refondèrent un club dénommé Ajax le 18 mars 1900 qui est devenu l’un des plus grands clubs de football néerlandais.
A l’époque, la mode pour les fondateurs de ces toutes nouvelles associations sportives était de prendre un nom anglicisé, pour rendre hommage au pays où a été inventé le football, ou un nom latin ou étranger pour apparaître cultivé (comme la Juventus de Turin, le Velocitas Breda ou le Vitesse Arnhem – cf article #111), ou encore avec une référence mythologique (Hercule Utrecht fondé en 1882, Achille Assen fondé en 1894 et Sparta Rotterdam fondé en 1888). Les 3 fondateurs, encore de jeunes étudiants d’un Hogereburgerschool (école d’enseignement secondaire) du centre d’Amsterdam, prirent en référence ce héros grec qu’ils avaient dû apprendre dans une leçon de mythologie. Ajax symbolisait le courage et l’audace, valeurs que les fondateurs souhaitèrent probablement défendre et infuser dans leur équipe. En outre, il était réputé invulnérable et considéré comme le meilleur des Grecs après Achille. Toutefois, le surnom exagère un peu la valeur de ce héros. En effet, Ajax n’est pas un Dieux, ni le fils d’un des Dieux de l’Olympe. Il n’est en fait que l’arrière petit-fils de Zeus. Mais, au vue du palmarès du club et de la révolution que représenta le football total, les joueurs sont devenus les fils du Dieux football …
#236 – RSC Anderlecht : les Mauves
Le plus grand club belge, avec ses 34 championnats de Belgique et ses 3 coupes européennes, a toujours évolué en mauve et blanc mais l’origine de ces couleurs n’a jamais été établie. Deux versions sont avancées mais sans aucune certitude.
La première serait liée à la princesse Élisabeth de Bavière, femme du futur roi des Belges, Albert. Au XIXème et au début du XXème siècle, à l’apogée du printemps, des festivités dénommées « Longchamp fleuri » se déroulaient au bois de la Cambre. La Haute-Société bruxelloise, principalement l’aristocratie, défilait dans des carrosses fleuris le long de l’avenue Longchamp jusque devant une tribune dressée dans le bois où siégeait la reine Marie-Henriette qui distribuait alors les prix pour les plus beaux attelages. Ce défilé de jeunes filles bien nées dans de magnifiques toilettes assises dans des carrosses fleuris faisait l’animation de toute la population du quartier. A l’une de ces festivités, la princesse Elisabeth s’afficha dans un carrosse victoria ornée d’orchidées mauves et blanches, assorties à sa robe. Peut-être que le fondateur du club, Charles Roos et ses associés furent subjugués par ces couleurs.
L’autre version se rapporte au clergé. Le premier match du club se fit face à l’Institut Saint-Georges, un pensionnat catholique. Charles Roos et ses partenaires auraient pu être convaincus des couleurs mauves et blanches souvent portées par les religieux Catholique de l’Institut. D’ailleurs, aujourd’hui encore, le club est lié à un autre organisation éducative catholique, l’Institut Saint-Nicolas (Sint-Niklaasinstituut), qui accueille les jeunes joueurs du club et constitue son vivier.
En flamand, le surnom devient paars en wit, les violets et blancs.
