#1093 – Sporting Kansas City : Wiz, Wizards

J’ai souvent raconté dans les articles consacrés aux clubs américains que leurs surnoms étaient directement tirés de leurs noms. Et là, il semblerait qu’il y ait une exception. Mais, en réalité non. En 1995, Lamar Hunt, qui était un acteur du sport américain (ayant fondé l’American Football League (football américain), les Chiefs de Kansas City (football américain), l’United Soccer Association (football) et la Major League Soccer (football)), supporta la création de l’équipe de soccer de Kansas City. Le nom de la franchise était l’original mais abstrait « Wiz » . Il ne signifiait rien et son origine demeure encore inconnue aujourd’hui. Toutefois, un an plus tard, suite à une plainte déposée par la chaine de distribution de produits électroniques « The Wiz », la franchise fut contraint de changer de nom et opta pour « Wizards » (Magiciens).

Cela paraissait une évidence que l’inspiration venait du célèbre roman « The Wizard of Oz » (Le Magicien d’Oz). Ecrit par Lyman Frank Baum, une partie du roman se déroule au Kansas. Le livre se dénommait même originellement « From Kansas to Fairyland » (Du Kansas au pays des fées). Toutefois, le livre, et surtout le film de 1939 avec Judy Garland, qui fut un énorme succès, véhiculèrent une image négative de l’Etat. L’héroïne, Dorothy, une petite fille du Kansas, vit dans un environnement sombre et terne (les images sont en noir et blanc dans le film) et une tornade la transporte au-dessus de l’arc-en-ciel dans le pays coloré d’Oz. Mais, finalement, après avoir voyagé à travers le pays merveilleux d’Oz, Dorothy s’exclame « There’s no place like home. There’s no place like home » (Il n’y a pas d’endroit comme chez soi). Pour de nombreux habitants du Kansas, il s’agit du message le plus important de l’œuvre. Pour en revenir au club, l’autre élément qui corrobora cette hypothèse du Magicien d’Oz est le blason et les maillots du club qui intégraient un arc-en-ciel. Pourtant, Lamar Hunt prétendit que le nom de sa franchise n’avait rien à voir avec le Magicien d’Oz.

En 2006, la franchise fut cédée à un consortium d’hommes d’affaire de Kansas City qui mit en œuvre un plan pour donner un nouvel élan à l’équipe. Le changement nom faisait parti de ce plan et en 2010, la franchise fut renommée Sporting. A cette époque (et encore aujourd’hui), il y eut une mode au nom européen qui amenèrent à créer ou renommer le FC Dallas, Toronto FC, Real Salt Lake, DC United ou Houston Dynamo. Pour les propriétaires de Kansas City, l’idée était de s’inspirer des grands clubs omnisports ibériques tels que le Real Madrid, le FC Barcelone ou le Sporting Portugal. Ils voulaient regrouper un club de football, un de rugby (Kansas City Blues Rugby Club) et créer un de Lacrosse. En outre, les propriétaires considérèrent que face aux Chiefs (football américain) et aux Royals (baseball) dont les marques étaient renommées, il fallait tenter quelque chose d’un peu plus audacieux et un peu plus risqué. Tellement audacieux et risqué que ce nouveau nom dérouta les supporteurs historiques du club. Heureusement, les succès sportifs permirent de faire adopter le nouveau nom.

#897 – Atlético San Francisco : los Brujos

Les sorciers. Fondé en 1966, le club réside dans la ville de San Francisco del Rincón, qui est connue comme la capital du sombrero et de la chaussure de sport. Mais, la ville a aussi la réputation d’être un lieu propice aux sorciers et magiciens. Selon le folklore, la plante nommée, cebollines, une sorte d’oignon ou ciboulette locale, qui pousse en abondance dans la région serait la preuve de la présence de personnes ayant des dons pour faire de la sorcellerie. Au delà de ce folklore, il existe également une vieille histoire de sorcières. En 1846, deux femmes du quartier de la Cebolleta étaient accusés d’avoir réalisé des actes de sorcellerie. En effet, au cours de sa tournée dans la commune, un garde jetait un coup d’œil dans la maison d’un de ses anciens amis par la serrure de la porte. Il surprit alors deux femmes (dénommées Antonia Lomeña et Jacinta Parra) qui pratiquaient un rituel de sorcellerie. Selon les dires du garde, pendant qu’une des femmes répétait le nom du garde accompagné de quelques imprécations, l’autre femme tenait un chat, entourée de bougies allumées et faisait des signes cabalistiques. Pour le garde, cela ne faisait pas de doute qu’il était visé par ce sortilège et en conséquence, il courut chez le maire Don José Atanasio Guerrero pour rapporter les faits et s’en plaindre. Le maire fit appréhender les deux femmes qui furent condamnées au bucher. La peine devait être exécutée sur la place de San Francisco, qui était le nouveau lieu du marché qui se déroulait jusqu’à cette date à Purísima. L’histoire du sort déjoué et de la capture réalisée se répandit rapidement dans la petite communauté rurale de San Francisco, qui était avide de ragots pour pimenter leur vie de labeur. Ainsi, le jour de l’execution qui correspondait également à l’inauguration du nouveau marché, de nombreux habitants se rendirent sur la place pour assister au bucher. Toutefois, l’execution fut reportée au dimanche suivant. Ce report encouragea les commérages et attisa la curiosité. Ainsi, le dimanche suivant, la fréquentation de la place du marché augmenta mais de nouveau l’execution fut annulée pour la remettre en 8. Enfin, le troisième dimanche après l’annonce, alors qu’une véritable foule parcourait le marché de San Francisco, l’execution fut définitivement annulée et remplacée par une « simple parade » des deux sorcières, portant des accessoires distinctifs de leur magie (des poupées, des chapelets, des bougies, des plumes de dinde …).

Article réalisé avec le concours de Eduardo Ramirez (du Mexique).

#781 – Ayr United FC : the Honest Men

Les hommes honnêtes. L’air de rien, le surnom est tiré d’un poème célèbre du XVIIIème siècle. Ecrit dans un mélange d’anglais et de dialecte scot par le poète écossais Robert Burns en 1790, « Tam o’ Shanter », comme se titre ce poème, raconte les mesaventures d’un fermier nommé Tam, qui, suite à une nouvelle nuit de beuverie, rencontrera le diable et des sorcières. Il est alors témoin de scènes fantastiques où les socières l’enchantent, le séduisent mais dès qu’il est conquis, elles se mettent à le chasser. Il s’agissait en quelque sorte de la première campagne de prévention contre l’alcool. Long d’environ 228 vers et principal oeuvre du poète, Robert Burns redigea cette histoire de sorcières suite à sa rencontre avec l’antiquaire Francis Grose. Ce dernier écrivit plusieurs livres sur les monuments anciens du Royaume-Uni, illustrés avec ses propres croquis. En 1789, il entama une deuxième tournée en Ecosse pour identifier des bâtiments remarquables. Burns suggéra à Grose d’inclure les ruines de l’Eglise Alloway Auld Kirk dans son livre. Né à Ayr, le poète connaissait bien les lieux puisque son père, sa mère et sa soeur avaient leur sépulture dans le cimetière adjacant. Grose accepta à condition que Burns fournisse un conte de sorcières pour accompagner son dessin. Cette ruine se situait dans le South Ayrshire et donc le poète Burns installa son histoire dans la ville d’Ayr. Ainsi, commence son poème « Auld Ayr, wham ne’er a town surpasses/For honest men and bonnie lasses » (le bon vieil Ayr, bien supérieur à toutes les autres villes en honnêtes hommes et jolies filles). Ce vers donna ainsi le surnom de l’équipe. Mais pas que. Le titre de ce poème est devenu maintenant le nom du berret écossais.

#464 – Benevento Calcio : Stregoni

Les sorciers. Fondé en 1929, le club de la ville de Bénévent ne connut pas de grands succès pendant son histoire et dut réalisé plusieurs fusions et même renaître de ses cendres 4 fois (en 1938, 1962, 1990 et la dernière fois en 2005) pour enfin s’installer en Série A. Mais, ce n’est certainement pas le jeu de l’équipe qui ensorcela les adversaires, ni même sa capacité d’apparaître comme un Phénix. En réalité, la ville de Bénévent est connue pour être città delle streghe (la ville des sorcières) ou plus exactement janare (du nom des sorcières dans la culture populaire de la région de Bénévent).

Après la chute de Rome au Vème siècle, la Campanie où se situe Bénévent subit plusieurs assauts que ce soit des goths ou de l’Empire Byzantin. A la fin du VIème siècle, les Lombards, peuples scandinavo-germanique, envahît la quasi-totalité de la péninsule. Les habitants de Bénévent, qui étaient de confession catholique, virent alors ces barbares pratiquaient des rîtes païens liés au culte du dieu Wothan. Autour d’un noyer à l’extérieure de la ville, près de la rivière Sabato, des femmes hurlantes sautaient alors que des serpents pendaient à ses branches. D’autres fois, les guerriers lombards se tissaient ensemble dans des manèges équestres et des courses sauvages, en lançant des flèches sur une peau de chèvre suspendue au noyer. Bien que la pratique de ces cérémonies prît fin en raison de la conversion au christianisme des Lombards, sous leur chef Romuald II de Bénévent et la persévérance de l’évêque Barbat de Bénévent (qui d’ailleurs fit abattre le noyer), la terreur qu’elles suscitaient parmi les habitants, par ses apparences merveilleuses et démoniaques, fit la renommée de la ville.

La légende se répandît au-delà des limites de la ville dès le VIIIème siècle et à travers les âges, grâce au protomedico (agent public supervisant les médecins) Pietro Piperno dans son écrit De nuce maga beneventana. Ainsi, dans la littérature, elle apparût dans l’oeuvre de Dante, Il Fiore ainsi que dans le roman Il gobbo di Peretola de Francesco Redi ou encore dans les prêches de Bernardin de Sienne. Franz Xaver Süßmayr, élève de Mozart et Salieri, consacra un ballet au noyer dans Il noce di Benevento et Niccolò Paganini s’en inspira pour l’une de ses oeuvres les plus connues, Le Streghe (La danse des sorcières). Enfin, un délicieux ambassadeur dans le monde entretint la légende de Bénévent depuis 1860 : Strega, la liqueur créée par Giuseppe Alberti aux qualités et au goût enchanteur.

#256 – Calcio Catane : gli Elefanti

Les éléphants. L’animal est fortement attaché à la ville de Catane, apparaissant sur ces armes comme sur un des monuments remarquables, la fontaine des éléphants, située au centre de la Piazza del Duomo. L’éléphant est devenu un symbole de Catane avec le personnage semi-légendaire dénommé Héliodore de Catane. Magicien, ce dernier aurait pactisé au VIIIème siècle après Jésus-Christ avec le Diable qui en échange de son abjuration de sa foi chrétienne, lui aurait conféré des pouvoirs. Il aurait alors lui-même sculpté dans de la pierre volcanique de l’Etna un éléphant, puis le chevauchant, il exécutait sa magie et rendait la vie des habitants impossible. Le nom de l’éléphant est Liotru, corruption populaire du nom Heliodorus.