#882 – Tersana SC : الشواكيش

C’est un terme argotique égyptien qui signifie les marteaux. Fondé en 1921 et basé à Gizeh (dans le quartier de Mit Okba) près du Caire, le club naquit sous le régime du protectorat britannique. Or, l’occupation britannique de l’Égypte depuis 1882 importa le football dans la vallée du Nil, via les expatriés anglais travaillant pour la Compagnie du canal de Suez. La création du club fut donc l’oeuvre d’un anglais, le Major E.W. Slaughter. Initialement basé à Boulaq, un des principaux ports de la capitale égyptienne, le club était destiné au personnel de l’administration maritime et des chantiers navals de ce district. Ainsi, l’ensemble des symboles du club se réfèrent au port et à ses activités. Le nom du club « tersana » est l’équivalent en arabe d’arsenal (parmi les constructeurs navals, certains devaient certainement bâtir des navires militaires). Les couleurs bleu et blanc de son maillot rappellent directement la mer. Enfin, son écusson affiche une ancre, symbole de l’univers marin.

Pour autant, le surnom du club, الشواكيش, ne le relie pas directement au monde maritime. Il existe différentes explications pour ce surnom. La première raconte que ce terme décrivait la rudesse et la force de l’équipe, qui frappait ses adversaires comme un marteau. La deuxième histoire, qui est la plus connue de toute, indique qu’à une époque, Tersana avait recruté dans ses rangs un certain nombre d’anciens fedayins. Dans les années 1940, des nationalistes égyptiens appelés fedayins formaient des petits commandos dont l’objectif étaient d’harceler les troupes britanniques qui défendaient le canal de Suez. Le marteau pouvait donc symboliser leurs actions coup de poing et leurs duretés. Enfin, la dernière version se rapproche des origines du surnom des anglais de West Ham United (cf article #313). Certains des membres initiaux travaillaient sur les chantiers navals de Boulaq. C’était pour la plupart des ouvriers qui travaillaient l’acier pour construire les navires. Le marteau était un symbole qui les représentait bien. Il semble en tout cas que le surnom fut popularisé par les célèbres commentaires sportifs, Abdul Majid Noman, écrivant pour le journal « Al Goumhoria » , et Najib Almstkawi, du quotidien national « Al Ahram » . Ayant attribué des surnoms à la plupart des clubs égyptiens, ils auraient affublé « hammers » à Tersana à la suite d’une intervention rugueuse du défenseur Fouad Gouda, qui provoqua la blessure au pied du joueur adverse, Saleh Selim.

#876 – Sheriff Tiraspol : осы

Les guêpes. Pour ceux qui connaissent les recoins des coupes européennes, le club moldave n’est pas un inconnu, plus en raison de son nom que de ses exploits. Trouver un digne représentant de la conquête de l’Ouest à l’Est de l’Europe, ce n’est pas banal. Son nom provient de son actionnaire bienfaiteur, l’un des plus puissants conglomérats de la région séparatiste de Transnistrie, Sheriff. Ce dernier possède un réseau de stations-services, une chaîne de supermarchés, un média, une maison d’édition, une entreprise de construction, un concessionnaire Mercedes-Benz, une agence de publicité, une fabrique de spiritueux, des réseaux de boulangerie ainsi qu’un opérateur de téléphonie.

Fondé en 1996, l’appui financier de son actionnaire, Sheriff, fut déterminant dans l’ascension du club. En 2000, démarra pour le club un règne sans partage sur le football moldave. De 2000 à 2010, Sheriff rafla tous les titres de champion de Moldavie ainsi que 6 coupes de Moldavie. Pour fêter le 10ème titre de champion en 2010, le club ajouta à son blason traditionnel (une étoile de sheriff) une étoile, à la façon des clubs italiens ou d’autres à travers le monde. Ce ne fut pas le seul changement puisqu’il fut décidé de doter le club d’une mascotte. Trois propositions émanèrent : un sheriff (naturellement étant donné son nom et ses symboles), un tigre et une guêpes (les deux derniers présentant des couleurs fidèles à celles du club, jaune et noir). En mai 2010, l’insecte fut désigné car, à la fois, les joueurs portaient les mêmes couleurs que l’animal et surtout ils piquaient leur adversaire comme la guêpe ses ennemies. Dès lors, à chaque début de match, une mascotte en forme de guêpe venait encourager les joueurs et chauffer les supporteurs. Résultat, au bout d’un moment, la presse commenca à appeler l’équipe тираспольские осы (guêpes de Tiraspol) puis simplement осы (guêpes). 

#872 – CSD Concepción : León de Collao

Le lion de Collao. Ce surnom a une histoire particulière car il fut d’abord attribué à un joueur. Puis, au fil du temps, il se rependit et se confondit alors avec le club. Dans les années 1960, le CSD Concepción recruta un défenseur nommé Haroldo Peña. Il évolua de longues années sous les couleurs lilas du club et avec qui il parvint à atteindre l’élite chilienne. Après un match contre l’Universidad Técnica del Estado, l’entraineur de ce dernier déclara « si perdimos fue porque ellos tenían un león y al medio » (Si nous avons perdu, c’est parce qu’ils avaient un lion au milieu) ou alors que Haroldo Peña défendait comme un lion. En effet, il se battait sur un terrain avec ferveur et détermination. Collao est le nom de l’avenue où se situe le stade du club, Municipal Alcaldesa Ester Roa Rebolledo, et c’est devenu le surnom de l’enceinte. Puis, le surnom fut popularisé par le journaliste de « El Sur » Luis García Díaz. En 1998, les dirigeants de Concepción décidèrent de changer le blason du club. Ne se sentant pas soutenu par la municipalité, ils supprimèrent de l’écusson les armoiries de la ville et rendirent hommage à l’une des grandes idoles de l’histoire des lilas, Haroldo Peña, le León de Collao. A partir de là, le maillot du club affichait la figure du roi des animaux (visage regardant droit devant) dans un cercle blanc. Depuis, le club a modifié son blason pour revenir aux armoires de la ville avec l’aigle impérial de Charles Quint.

#871 – Fortaleza EC : Leão do Pici

Le lion de Pici. Dans les premières années d’existence du club, son siège se trouvait dans le bâtiment appelé Majestic Palace, situé sur la Praça do Ferreira. Cette dernière était à proximité de la Praça General Tibúrcio (Place du Général Tiburcio), plus connue sous le nom de Praça do Leões (Place des Lions). Cette place, aménagée au XIXème siècle, compte 2 statues de lions et une d’un tigre (souvent confondu avec un lion), toutes fondues par la célèbre fonderie française du Val d’Osne et deux d’entres elles, oeuvres du sculpteur français Henri Alfred Jacquemart. La première se trouve en haut de l’escalier et s’appelle « Lion attaqué par un serpent ». La deuxième statue présente un « Lion debout rugissant ». Enfin, la troisième est un « Tigre debout rugissant ». Etant donné que les premiers championnats étaient locaux, toutes les équipes venaient de la même commune et pour les distinguer, elles se nommèrent selon leur quartier d’origine. Ainsi, du fait de cette localisation près de la place aux Lions, les adversaires déclaraient lors des confrontations contre Fortaleza, « vamos enfrentar o time da praça do Leões » (nous allons affronter l’équipe de la place aux Lions). Ce symbole fut renforcé par la voracité du club dès les années 1920 puisque l’équipe domina le championnat régional de l’Etat du Ceará. Entre 1920 et 1940, Fortaleza remporta 11 titres (sur 21 édition). Sur les 9 premières éditions auquel Fortaleza participa, il signa l’exploit d’en gagner 7 et apparut comme un dévoreur de titres et d’adversaires. Dans les années 1940, un caricaturiste d’un journal de la ville croqua des mascottes pour chacun des participants du championnat de Ceará. Pour Fortaleza, comme l’équipe effrayait ses adversaires, la mascotte choisie fut Fortão, qui désignait une personne très forte. Puis, dans les années 1960 , le journaliste Vicente Alencarde de la Rádio Uirapuru utilisa et popularisa le surnom de Leão do Pici pour Fortaleza. Pici faisait référence au quartier du siège alors nouvellement acquis par le club où se trouve maintenant le stade Alcides Santos. Le surnom se répandit rapidement et les membres du club de supporteurs « Charanga de Gumercindo » adoptèrent bientôt l’animal comme mascotte. L’initiative fut soutenue par Silvio Carlos, qui deviendra président en 1982, et le lion devint la mascotte officielle. Cette décision survint après un voyage de Fortaleza à Belém. A cette occasion, Fortaleza affronta Remo en amical. Les joueurs de Fortaleza affichèrent une forte détermination et se battaient comme des lions sur le terrain. A noter que le surnom des joueurs de Remo était également Leão, que ce club avait gagné lors d’un match pour illustrer le comportement de ses joueurs (cf. article #469), ce qui inspira certainement encore la direction de Fortaleza. Ainsi, le surnom et la mascotte traduisaient les lieux historiques du club (Praça do Leãos, Pici) ainsi que les valeurs de dévouement de l’équipe.

#824 – AFC Chindia Târgoviște : Micul Ajax

Le petit Ajax. Le club roumain ne s’étalonne pas directement au héros grec, Ajax, mais son surnom s’inspire du grand club d’Amsterdam. Tout d’abord, l’AFC Chindia Târgoviște a hérité ce surnom de l’ancienne équipe nommée FCM Târgoviște, qui disparut en 2015. En effet, en raison de divergence entre la direction du FCM Târgoviște et la mairie en 2010, cette dernière choisit de fonder une nouvelle entité en association avec l’ancien international Gheorghe Popescu et l’ancien arbitre Ion Crăciunescu. Ce nouveau club reprit quasiment le nom de l’ancienne association, également ses couleurs (bleu et rouge) et reçut son surnom historique. Au début des années 1990, le FCM Târgoviște évoluait en 3ème division roumaine (comme souvent dans son histoire et en l’espèce depuis 12 ans). Mais, bénéficiant d’une génération dorée de jeunes formés au club pratiquant un football tournée vers l’avant, le club obtint deux promotions consécutives, de 3ème en 2ème division lors de la saison 1994-1995 et de 2ème en 1ère en 1995-1996. Couvée par les entraineurs Silviu Dumitrescu et Gică Păsărică, l’équipe s’appuyait sur Adrian Bogoi, Vasile Bârdeș, Bogdan Liță, Cristian Țermure, Cristian Bălașa, Remus Gâlmencea et Laurențiu Reghecampf. Malheureusement, l’apprentissage de l’élite fut plus difficile. L’équipe se classa à la 16ème place lors de la saison 1996-1997. Dans l’édition suivante, elle termina à la même place mais cette fois, ce classement donnait lieu à la relégation de l’équipe. Il n’empêche que la performance de l’équipe basée sur un style de jeu offensif et des jeunes joueurs talentueux formés au club valut au club d’être comparé au mythique Ajax, qui porte ces valeurs au plus haut. Mais, effectivement, il valait mieux le qualifier de « petit » pour remettre les choses en perspective.

#813 – Les Astres FC : les Brésiliens de Bépanda

Fondé en 2002, le club de la capitale économique du Cameroun est jeune mais accéda rapidement au championnat de première division du pays. Malgré le soutien de l’entrepreneur Dieudonné Kamdem et de son conglomérat d’entreprises, la SADIPIN, le club n’est pas parvenu à se constituer un palmarès au niveau national et reste scotché aux places d’honneurs. Pour les 20 ans du club, en mars de cette année, l’équipe avait une occasion d’obtenir son premier titre mais échoua une nouvelle fois en finale de la Coupe du Cameroun. Il avait déjà atteint le stade de la finale en 2007, 2009 et 2010. Côté championnat, le club fut 3 fois vice-champion en 2010, 2011 et 2013. Le club se surnomme les brésiliens de Bépanda et deux raisons semblent justifier ce terme. Evidemment, le maillot jaune à parement vert porté par l’équipe est la motivation la plus logique. Si son explication est méconnue, on peut légitimement pensé que la victoire du Brésil en Coupe du Monde en 2002 avec sa constellation de stars (Ronaldo, Ronaldinho, Rivaldo, Cafu, Roberto Carlos …) n’y est peut-être pas étrangère. Une autre explication serait le style de jeu de l’équipe qui était plutôt léché à l’image de celui souvent pratiqué par le Brésil. Le nom du club, les Astres, provient de l’une des marques de farine de froment de la Société Camerounaise de Transformation de Blé (SCTB), propriétaire du club et filiale principale de la SADIPIN. Enfin, Bépanda est le nom du district de Douala où réside le club.

#812 – Lamontville Golden Arrows FC : Abafana Bes’thende

Les garçons qui font des talonnades. Le club fut fondé en 1943 à Lamontville, un township de Durban, sous le nom de Ntokozo FC. Dans les années 1970, il évolua durant 6 ans dans la défunte ligue sud-africaine. En 1976, ils furent relégués en seconde division et ils y jouèrent jusqu’en 1980, date à laquelle ils ont été impliqués dans un scandale et expulsés de la Ligue nationale de football professionnel. Puis, le club revint en seconde division mais il connut un nouvel envol lorsqu’en 1996, le club fut racheté par la famille Madlala (Mato la soeur et Rocky le frère). Ils le renommèrent Lamontville Golden Arrows. L’équipe a souvent produit un jeu élégant, ce qui donna naissance à ce surnom.

#780 – Ulsan HD : 아시아의 깡패

Les voyous asiatiques. Le club d’Ulsan, propriété du chaebol Hyundai, gagna ce surnom lors de sa victoire à la Coupe des Champions A3 en 2006. Cette compétition réunissait chaque année les champions de 3 pays, la Corée du Sud, le Japon et la Chine. Vainqueur du Championnat national, Ulsan représentait la Corée du Sud. Lors du premier match, Ulsan tomba face au japonnais de Jeff United, sur le score de 3 buts à 2. 3 jours plus tard, Ulsan affrontait le Gamba Osaka, vainqueur de la J-League l’année précédente, et fut sans pitié en passant 6 buts aux japonnais. Au match suivant, Ulsan était opposé à Dalian Shide, qui avait remporté son 8ème titre national. Les attaquants d’Ulsan marquèrent 4 buts (dont 3 en un quart d’heure) aux chinois. Le club coréen remporta cette édition de l’A3 et Lee Chun-soo devint le meilleur buteur de la compétition, marquant 6 buts en 3 matchs, ainsi que MVP du tournoi. Les autres attaquants de l’équipe, le brésilien Leandrão et Choi Sung-Kuk, terminèrent également respectivement à la seconde et troisième place du classement des buteurs. Sa puissance de feu s’exprima de nouveau en Ligue des Champions asiatique, notamment lors de sa victoire en quart de finale aller face au club d’Al-Shabab, 6 buts à 0. Mais, cette fois, son rival local de Jeonbuk Hyundai Motors fut le vainqueur de la coupe, en éliminant Ulsan en demi-finale. Néanmoins, son attaque impitoyable, sans pitié, estimée comme la meilleure de tous les temps du club, amena le surnom des voyous asiatiques.

#766 – Jeonbuk Hyundai Motors FC : 어우전

A Prononcer Uojeon, une sorte de mot-valise qui réduit la phrase 어차피 우승은 전북, qui signifie « le gagnant était Jeonbuk de toute façon ». On est dans l’état d’esprit de la célèbre maxime prononcée par l’ancien attaquant anglais Gary Lineker en 1990 « Et à la fin, les Allemands gagnent toujours » qui illustrait la supériorité de l’Allemagne dans le monde du football. Fondé en 1993, ce club coréen connut des premières années difficiles, confroté à des problèmes financiers récurrents. A peine un an après, le groupe Hyundai Motors reprit le club mais, dans les premières saisons de cette renaissance, les résultats ne suivirent pas à quelques rares exceptions, notamment en Coupe nationale. La nomination de l’entraineur Choi Kang-hee modifia radicalement le club. Dès sa première saison en 2005, il remporta la Coupe de Corée du Sud puis l’année d’après, l’équipe réalisa l’exploit de gagner la Ligue des champions de l’AFC. Grâce au soutien de son ambitieux propriétaire et un jeu offensif, les titres s’enchaînèrent avec en 2009 le premier championnat du pays. Sur les 13 dernières années, Jeonbuk remporta 9 championnats, dont 5 titres consécutifs de 2017 à 2021. A ce palmarès s’est ajouté une Coupe nationale en 2020 et surtout une Ligue des champions de l’AFC en 2016. Jeonbuk est devenu la plus forte formation coréenne, qui imposa sa griffe sur la compétition continentale et établit sa suprématie sur la K-League.

#763 – Mamelodi Sundowns FC : Bafana Ba Style

Les garçons avec du style. A chaque présentation officielle de la nouvelle tenue de l’équipe, l’équipementier du club n’oublie pas de rappeller ce surnom et d’indiquer que le nouveau maillot, de par son style, sa beauté, entretient cette légende. Mais, les joueurs ont du style, non pas par la tenue qu’il porte mais par le jeu qu’ils développèrent dans les années 1980. Modeste club face aux géants qu’étaient au début des années 1980 les Pirates et les Chiefs, Mamelodi fit un bon avant après son rachat par Zola Mahobe en 1985. Il donna les moyens financiers au club pour acheter de très bons joueurs mais aussi de nommer comme entraineur Stanley « Screamer » Tshabalala. Parti dans des camps d’entrainement en Italie et au Brésil, Stanley proposa à ses joueurs un football ryhtmé fait de passes courtes et rapides, à l’image du tiki-taka espagnol. Les supporteurs comparèrent ce style aux mouvements rapides des cireurs de chaussure ou des pianistes, qui le fit surnommer shoeshine and piano (cirage de chaussure et piano). Or, ce style de jeu chatoyant comme le surnom qui faisait référence à des choses élégantes conduit à surnommer l’équipe les garçons avec du style.