#864 – CD Aurora : el Equipo del Pueblo

L’équipe du peuple. Dans la ville bolivienne de Cochabamba, le CD Jorge Wilstermann écrase de son palmarès et sa popularité tout rival. Ses 15 titres de champion de Bolivie rempotés lui ont permis de capter de nombreux supporteurs, estimés à environ 90 % des fans de football de la région. Au niveau national, il est l’un des trois plus grands clubs du pays en nombre de supporters, avec des fans notamment dans les villes de Sucre et Santa Cruz de la Sierra. Pourtant, dans son fief, l’équipe du peuple est son rival, CD Aurora. Face aux origines plus cossues de Wilstermann, fondé par les employés de la compagnie aérienne, Aurora émergea, 14 ans avant Wilstermann, dans un environnement plus modeste grace à des enfants de l’Instituto Americano en rebellion de leur école. En effet, le directeur de cet école avait refusé d’autoriser ses élèves à participer à un tournoi de football et une bande de collégiens reposant sur la famille Ferrel (les 7 frères Wálter, Humberto, Hernán, Remberto, Demetrio, José et Leonardo, plus leurs 2 sœurs Blanca Lía et Rosa, ainsi que leur cousin Daniel) fonda au petit matin du 27 mai 1935, devant l’école, situé à l’époque sur la Plaza Colón, au cœur de la ville, le CD Aurora. Cet esprit rebelle ne pouvait que plaire aux habitants. Ainsi, la grande majorité des fans du club proviennent des couches populaires de la ville. Par la suite, le club forma et compta dans ses rangs de nombreux joueurs de la région qui permettaient aux fans de s’identifier facilement. En outre, pendant de nombreuses décennies, le club avait une philosophie « nationaliste » en employant principalement des joueurs boliviens. Parmi ses joueurs, Arturo Villarroel, Rómulo Terrazas, Hernán Flores, Jaime Herbas, José Luis Balderrama, Jorge Morales, Antonio Quiroga, Carlos Loma, Ramiro Arteaga, Jorge Reyes Salamanca et Ramiro Méndez marquèrent leur époque. Mauricio Soria, Óscar Sánchez, Jhonny Villarroel dans les dernières générations apportèrent également leurs contributions.

#853 – 1. FC Tatran Prešov : Koňare

Les cavaliers. Troisième ville la plus peuplée de Slovaquie, Prešov comptait un important haras au siècle dernier qui donna aux habitants d’être connu sous le surnom de Koňare dans tout le pays. En 1859, la cité finança la construction d’un haras d’Etat qui s’éleva au centre de la ville (dans l’actuel rue Sabinovská). La structure massive se composait d’un bâtiment administratif avec des bureaux, des appartements pour les employés et des écuries, incluant des dépendances et des entrepôts. L’objectif était d’élever des races de chevaux à destination des régions septentrionales de la Hongrie (la Slovaquie était alors intégrée au sein du Royaume de Hongrie) afin qu’ils servent à la vie économique et également pour l’armée. Il servait aussi de relais pour les voyageurs et leurs montures, sur la route qui menait à Budapest. En 1962, ce haras de Prešov cessa d’exister. Le 25 janvier 1975, une forte détonation mit fin à l’existence des bâtiments du haras, à l’exception d’une partie de l’enceinte en brique.

Cette vieille tradition d’élevage marqua la ville et sa réputation dans le pays, donnant ainsi naissance à ce surnom. Le club de hockey local, le HC 21 Prešov, arbore sur son écusson un étalon tout comme le club du 1. FC Tatran Prešov. Pour ce dernier, outre l’histoire de la ville, il existerait un lien direct avec le haras. En 1899, un terrain de football fut édifié près de la rue Sabinovská, où se trouvait les haras. Si les spectateurs voulaient accéder au terrain de football à l’époque, ils devaient passer près des écuries. Les gens entendaient le hennissement des chevaux et supportaient leur odeur. Cet environnement ne plaisait pas à tous les spectateurs, notamment les fans adverses qui le faisaient savoir en criant dans les travées « Koňare ! Koňare ! ».

#852 – Wisła Cracovie : Psy

Les chiens. Ce surnom ne réfère pas à un gentil caniche ou un affectueux toutou. Il s’agit plutôt d’une insulte inventée et scandée par les fans adverses à l’attention des supporteurs du Wisła. Car, les rivalités footballistiques en Pologne demeurent malheureusement conflictuels. Le hooliganisme dans les stades est enraciné et tenace, transformant les chants en couplets d’insultes et les tribunes en champs de bataille. Cracovie n’échappe pas aux mouvements avec ces deux clubs historiques qui s’affrontent pour la suprématie sportive sur la cité : le Wisła et le KS Cracovie. Lors des derbys, appelé la guerre sainte, les affrontements entre supporteurs sont nombreux et se règlent à coup de batte de baseball et de couteau, avec malheureusement des décès. Cette hostilité ouverte s’est diffusée dans les surnoms qui deviennent haineux. Ainsi, le « chien » qui caractérise les fans du Wisła a une connotation négative, rebondissant à la fois sur l’histoire du club et sur l’imagerie populaire.

Créé vers 1906 par un professeur et ses étudiants, le club se trouve, depuis l’époque communiste, attaché à la milice (Milicja Obywatelska – Milice Citoyenne). A partir de 1944 jusqu’en 1990, cette force professionnelle (elle n’était pas constituée de citoyens volontaires comme le mot milice aurait pu le laisser supposer) assuraient les missions de police et notamment de police politique (via sa branche dénommée ZOMO). Je n’ai pas retrouvé les conditions exactes de rattachement du club à la Milice Citoyenne mais selon certains, comme le club comptait de nombreux supporteurs et que l’autre grand club polonais, le Legia Varsovie, dépendait déjà de l’Armée Polonaise, la Milice aurait forcé la main des dirigeants du club pour se soumettre. Or, dépendre de la police n’était pas bien vu et donner lieu à du mépris. En effet, la détermination de la Milice à défendre le gouvernement communiste et à réprimer toute opposition, en commettant des exactions, conduisit à une image déplorable et sa détestation par la population. Pour les adversaires, le club représente donc encore cet appareil de la terreur communiste. Une légende colporte que le souhait de la Milice d’intégrer le club dans son giron avait pour objectif de recruter parmi ses nombreux supporteurs de nouveaux collaborateurs dévoués et bénévoles. D’où ses supporteurs gardent l’image de suppôts au service de cette autorité. Or travailler pour cette police secrète était un acte de traitrise pour la population.

Le chien, animal utilisé par les forces de l’ordre (et donc la Milice), devint donc son symbole. Mais, cette représentation ne mettait pas en avant les qualités de l’animal (fidélité, force …). Il est né dans le vocabulaire des criminels, qui se transposât dans l’argot polonais. Le sens dégradant donnait à l’animal provient du fait que, comme le cochon, dans l’imagerie populaire, le chien, notamment errant, représente un statut inférieur, inspire la répugnance et le mépris. Le transfert de cette symbolique insultante envers l’homme est connu dans de nombreuses cultures : l’homme est dégradé au rang du pire animal pour signifier son absence de toute valeur (notamment morale) et caractériser un comportement indigne (ne dit-on pas en français « sale chien ! »).

Comme vous pouvez le voir, ce surnom exprime la haine et le mépris envers le Wisła mais ses supporteurs le retournèrent aussi en leur faveur. Car ce qui catalyse la haine et la fureur de l’adversaire mérite d’être transformé en une forme capable de susciter sa terreur. Il n’est donc pas rare de voir les fans du Wisła faire vibrer des tifos arborant des chiens, mais cette fois, forts et féroces (aux crocs acérés ou bavant ie ayant la rage).

#836 – CSM Diables Noirs : Yaka dia Mama

Le manioc de sa mère. Sous le nom de l’Association Sportive de la Mission, le club naquit en 1950 par la volonté du Français Aimé Brun. Il est le représentant de l’ethnie Lari. Sous-groupe du peuple Kongo, les Laris compteraient pour 20% à 25% de la population totale du Congo. Outre le soutien naturel apporté par cette large partie de la population, le club gagna aussi sa réputation grace à son palmarès, l’un des plus fournis du pays (7 championnats et 9 coupes nationals). Ce fort soutien populaire ne s’est jamais démenti même dans les périodes difficiles du club. Ceci faisait dire que les fans supportaient leur club quelque soit les résultats comme les enfants mangeaient le manioc préparé par leur mère qu’il soit bon ou mauvais.

#810 – São Paulo FC : o Mais Querido

Le plus aimé. Le club de São Paulo porte ce surnom flatteur, certainement parce qu’il est largement soutenu dans la ville pauliste mais aussi dans tout le pays. Certain sondage estime entre 15 et 20 millions de supporteurs au Brésil. Néanmoins, l’enquête publiée par l’Instituto Brasileiro de Geografia e Estatística (l’institut public de statistiques, équivalent brésilien de l’INSEE) en juillet 2021 montre depuis plusieurs années que Flamengo demeure le club le plus populaire du pays avec plus de 42 millions de supporteurs. Les Corinthians occupent la seconde place avec près de 30 millions de fans et São Paulo arrive seulement en 3ème position (17 065 411 fans). D’autre part, São Paulo n’est pas le seul club à s’attitrer ce surnom de « plus aimé » à travers le pays. Il faut dire qu’un club peut toujours trouver un périmètre géographique ou temporel qui lui permet d’affirmer cela.

Pour São Paulo, ce surnom puise son origine dans les années 1940 et il est important de se remémorer le contexte. Avant 1930, l’Etat fédéral brésilien, qui était faible face aux Etats régionaux, était présidé par alternance par l’un des gouverneurs des deux grands états producteurs de café, São Paulo et Minas Gerais. Mais, alors que le représentant de Minas Gerais devait arriver au pouvoir, le président en place, un pauliste, Washington Luís, manœuvra pour favoriser l’élection du gouverneur de São Paulo, Júlio Prestes. Après plusieurs tentatives de conciliation, Getúlio Vargas, soutenu par l’Etat de Minas Gerais, arriva à la présidence brésilienne suite à un coup d’Etat, le 4 octobre 1930. A partir de 1937, Vargas imposa un régime autoritaire avec une volonté de réaffirmer la puissance de l’Etat centrale face aux pouvoirs régionaux. Ainsi, Vargas promut l’incinération sur la place publique de tous les drapeaux d’État et l’utilisation des symboles des États régionaux devint strictement interdite et criminalisée. Autant dire que Vargas n’était pas en odeur de sainteté dans l’Etat de São Paulo. En 1936, Vargas lança un programme national de soutien au sport. Comme souvent dans les dictatures, le sport était le principal vecteur de communication pour vanter les mérites du régime. Ainsi, la construction d’un nouveau stade fut démarrée à São Paulo avec l’idée de montrer la modernité et la puissance de l’Etat brésilien (dans la même logique de vitrine politique qui prévalut à la construction du stade olympique de Berlin en 1936 et le Foro Italico à Rome à la même époque).

Le 27 avril 1940, la nouvelle enceinte de São Paulo, du nom d’Estádio do Pacaembu, fut inaugurée devant un public de près de 70 000 personnes, en présence du président Vargas et du maire Prestes Maia. Outre le match inaugural entre Palmeiras et Coritiba, les festivités incluaient également un défilé des principales associations sportives de la ville. São Paulo FC réalisa son entrée dans le stade en dernier et, avec son nom et ses couleurs similaires à ceux de l’Etat de São Paulo (cf. #25), ce fut l’occasion d’une nouvelle manifestation politique par les spectateurs qui avaient déjà hué le président Vargas lors de son apparition. Ainsi, la presse rapporta que la foule se leva en applaudissant et en criant avec enthousiasme « São Paulo, São Paulo, São Paulo ! », en pointant vers la tribune d’honneur où se trouvait le président. Contrairement aux autres équipes qui avaient été applaudit par leurs seuls supporteurs présents, São Paulo FC reçut l’acclamation de l’ensemble du stade, ce qui fit dire qu’elle était l’équipe la plus aimé alors même que le club était récent dans le paysage pauliste (fondation en 1930) et était un nain (en termes de palmarès et de notoriété) face au Corinthians et à Palmeiras, les deux grands de la ville. Le président Vargas aurait déclaré aux personnes présentes après avoir remarqué la réaction du public à la réception de la délégation de São Paulo « Ao visto, este é o clube mais querido da cidade » (Il s’avère que c’est le club le plus aimé de la ville). Le lendemain, le journal « Folha da Manhã » écrivit « O público esportivo propriamente dito demonstrou quanto é querido o S. Paulo F.C., pois, ainda que apresentasse pequena turma, recebeu calorosas palmas, sendo o nome ovacionado deliberadamente » (Le public sportif lui-même a démontré combien le S. Paulo F.C. est aimé, car, bien qu’il avait une petite audience, il a reçu de chaleureux applaudissements, le nom étant ostensiblement acclamé). Le journal « Gazeta » titra « O Clube Mais Querido da Cidade » , accompagné d’une photo de la délégation avec un drapeau de São Paulo. Après les évenements, le Département d’État de la Presse et de la Propagande (en clair l’organe de censure officielle) organisa un sondage public pour savoir quel était le club le plus aimé de la ville. Evidemment, Corinthians et Palmeiras apparaissaient comme les favoris car ils comptaient un grand nombre de supporters à l’époque. Cependant, le résultat fut surprenant puisque sur 11 528 votes, Sao Paulo FC emporta nettement le sondage avec 5 523 votes en sa faveur, soit 47,90% des votants. Il reçut plus du double de votes par rapport au second, Corinthians, avec 2 671 votes, qui devançait de moins de 100 voix l’autre grand, Palmeiras.

#803 – Brentford FC – the Bees

Les abeilles. Avec cette magnifique abeille en majesté sur l’écusson du club, ce surnom s’est imposé pour le club quasiment au début de son existence. Mais, ce n’est pas sa présence sur le blason, ni même l’utilisation de maillot rayé par le club (dont les couleurs ne furent jamais proches de celles des abeilles) qui furent la source d’inspiration de ce surnom. Fondé en 1889, il apparut dans les années 1894-1895 alors que l’équipe comptait dans ses rangs un attaquant d’une vingtaine d’année dénommé Joseph Gettins. Il connaîtra une certaine renommée avec Millwall et Middlesbrough mais dans ces années 1890, il était encore qu’un jeune étudiant du Borough Road College. Lors d’un match, ces camarades de l’école vinrent le voir jouer et scandèrent des tribunes le cri de guerre du collège « buck up Bs » (bougez vous les B – B pour Borough). Mais, le lendemain, les journalistes dans leurs articles retranscrirent mal le chant et le transformèrent en « buck up bees » (bougez vous les abeilles). Et voilà donc plus de 120 ans que ce malentendu perdure. Le blason fit référence à ce surnom qu’à compter des années 1970. D’abord sous forme d’une ruche puis en 1973 avec une abeille. L’actuel date de 2017 et souligne particulièrement l’identité du club en tant que « The Bees » .

#750 – Brighton & Hove Albion FC : the Seagulls

Les mouettes. En matière de surnom, le football anglais demeure l’un des plus engagés, développés, et ce dès les premières années de son existence. Fondé en 1901, le pensionnaire actuel de Premier League n’a pas adhéré facilement à cette tradition. Lambs (agneaux) et Shrimps (crevettes) se succédèrent pendant les premières années mais se diffusèrent peu parmi les supporteurs. En 1950, le Brighton Standard, organe non officiel des fans, organisa un concours pour trouver un nouveau surnom mais celui plébiscité, Brovion, dérivé du nom du club, ne rencontra pas plus de succès. A l’été 1972, le club lança un vote pour trouver un surnom. Parmi les suggestions, les références à la situation maritime de la ville furent nombreuses (Coasters, Seasiders et Mariners). D’autres mettaient en avant l’âge d’or de Brighton sous le Prince Régent à la fin du XVIIIème siècle et au début du XIXème (Regents, Sovereigns, Bucks, Royals). Enfin, les oiseaux furent une autre source d’inspiration (Bluebirds, Swifts, Seagulls et Martlets). Mais le choix le plus populaire se porta sur dolphins (dauphins). Un delphinarium avait ouvert ses portes à Brighton en 1968, ce qui avait certainement influencé le choix. Surtout, les armoires de la ville de Brighton affichaient deux dauphins. Ces derniers marquèrent la longue histoire de Brighton mais il n’est pas facile de retracer leur origine. Par une conclusion hâtive, on pourrait penser que les dauphins ont été adoptés afin de rappeler le lien entre cette cité côtière et la mer (en l’occurence la Manche). Mais, les dauphins pourraient provenir des armoiries de deux familles qui firent parti des notables de la ville : la famille Scrase, associée au manoir de Brighton et la famille Lashmar. Le surnom plut en tout cas, au point que l’animal intégra le nouvel écusson du club en 1974. Mais, il ne resta que 3 ans et fut remplaçé rapidement (en 1977) par les mouettes.

Situé dans le Sussex, Brighton se retrouve isolé de la plupart des autres équipes de football, les laissant sans véritable derby à disputer. Pourtant, une rivalité va se construire avec un club situé à plus de 80 km de Brighton. En 1976, Alan Mullery fut nommé manager de l’équipe de Brighton tandis que Terry Venables débutait sa carrière d’entraineur dans le club londonien de Crystal Palace. En 3ème division, les deux clubs bataillèrent toute la saison 1976-1977 pour la montée (ils se recontrèrent 5 fois lors de cette saison) et leurs entraineurs nourrissaient en plus une certaine hostilité (qui remontait à leur passage en tant que joueur à Tottenham). Cette rivalité se renforça les deux saisons suivantes, les deux clubs évoluant dans les mêmes divisions et partageant les mêmes objectifs. Et finalement, bien que séparé de 80 km, l’autoroute A23 reliait aussi directement la ville à ce quartier sud de Londres. Or, Crystal Palace étant connu sous le nom de eagles (aigles), les fans de Brighton ne furent pas séduits de leur opposer un dauphin. Ainsi, face aux supporteurs de Crystal Palace qui scandaient « Eagles, Eagles! » , ceux de Brighton répondirent par des cris de mouettes et des chants « Seagulls, Seagulls! » (un oiseau courant sur la côte). Le surnom prit rapidement et s’imposa donc dès 1977 sur le blason du club.

#730 – CN Capibaribe : Timbu

Le timbu est un marsupial que l’on trouve couramment dans tout le Brésil et qui se nomme communément opossum à oreilles blanches. Il vit aussi bien dans des milieux naturels (marais, cerrado, caatinga) que les zones urbaines. Il est évidemment largement répandu dans la zone forestière de l’état du Pernambouc où se situe la ville de Recife, résidence du club, et c’est là où il est connu sous le petit nom de timbu. Il est devenu la mascotte du club (et donc le surnom des joueurs) suite à un match joué le 19 août 1934. Capibaribe rencontrait América FC, au Campo de Jaqueira, un stade de Recife. Avec une victoire dans ce derby, América pouvait prendre la tête de la compétition et ses supporteurs remplirent donc les travées du stade. Mais le match ne se déroula comme prévu. À la fin de la première mi-temps, le score se résumait à 1 partout. Construit en 1918, l’enceinte du Campo de Jaqueira était vétuste et ses vestiaires insalubres. L’entraineur de Capibaribe décida donc de réunir ses joueurs sur un coin de la pelouse pour son discours de la mi-temps. Avec la pluie diluvienne qui s’abbatait, les joueurs avaient froid et l’un des managers apporta une bouteille de cognac, pour les aider à se réchauffer. Sachant que le marsupial avait un goût prononcé pour l’alcool, les supporteurs d’América scandèrent à l’adresse des joueurs adverses « Timbu! Timbu! » . L’équipe de Capibaribe répondit sur le terrain à la provocation en remportant le match 3 buts à 1. En sortant du terrain, les jouères de Capibaribe s’adressèrent à la foule en criant « Timbu, 3-1! » .

#708 – FK Olimpik Sarajevo : Vukovi

Les loups. En 1993, un groupe d’hommes décida en pleine guerre de Bosnie de créer un nouveau club de football. Comme un message de paix et en souvenir d’un moment important de la ville, ils le dénommèrent Olimpik car en 1984, Sarajevo avait accueilli les XIVèmes Jeux olympiques d’hiver. Pour cette olympiade, le comité d’organisation avait opté pour un flocon de neige stylisé sous la forme d’un motif de broderie local comme emblème et un loup comme mascotte. Pour ce dernier choix, un appel à candidature avait été lancé et 836 participants avaient répondus avec 7 454 propositions. Après une première sélection, 6 idées furent soumises aux lecteurs de plusieurs journaux : une boule de neige, un chamois, une belette, un agneau, un hérisson et un loup. Le canidé l’emporta (avec 3 801 votes contre 2 508 votes pour la boule de neige, 547 pour le chamois, 295 pour la belette, 168 pour l’agneau et135 pour le hérisson) car il était à la fois très présent dans le folklore yougoslave et également un animal typique des forêts de la région des Alpes dinariques, où Sarajevo se situe et où les Jeux se déroulèrent en partie.

Dessiné par le slovène Jože Trobec, ce loup, nommé Vučko, était souriant, porté une écharpe rouge et une paire de ski, et lors de sa présentation, le loup criait « Sarajevoooooo ». Selon le Comité international olympique, grâce à cette mascotte, l’animal, jusqu’alors considéré comme sanguinaire et dangereux dans cette région, devint sympathique. Il incarnait alors le courage et la force et représentait l’hiver. Le club reprit également ce symbole olympique en faisant apparaître des loups sur son écusson et le surnom fut rapidement attribué aux joueurs comme aux supporteurs.

#693 – Antalyaspor : Akrepler

Les scorpions. En 2019, la municipalité fit élevé devant l’enceinte du club, Antalya Stadyumu, une statue de scorpion (4 mètres de haut et 7 mètres de large) qui était déjà la mascotte de l’équipe. L’apparition du scorpion comme mascotte remonterait aux années 1990. Selon Mehmet Yaman, l’un des anciens présidents du groupe de supporteurs, 07 Gençlik’in (07 Jeunesse), et également ancien membre du conseil d’administration du club, les équipes qui évoluaient en Anatolie, région où réside le club, avaient souvent pour symbole l’éclair. Résultat, lors des matchs, les supporteurs de chaque équipe pouvaient scander les mêmes slogans du type de « Şimşek gol gol » (L’éclair but but), ce qui étaient perturbant pour les joueurs comme pour les supporteurs.

Les membres de 07 Gençlik’in proposèrent alors à Mehmet Yaman de prendre comme symbole le scorpion. A cette période, le groupe allemand de Hard Rock dénommé Scorpions, connaissait un certain succès en Turquie. La réputation du groupe de musique ainsi que de l’animal, qui a une charge symbolique (dans la culture musulmane, il est associé aux enfers, une incarnation du diable mais il représente aussi un signe de protection), semblaient aux yeux des fans l’animal qui devait représenter le club. Mehmet Yaman proposa ce changement à la direction, qui après un premier refus, accepta d’en faire le symbole, la mascotte (et donc le surnom) du club.