Le borgne. Pas évident d’être compétitif quand son équipe est handicapée. Pourtant, la version officielle de ce surnom fait effectivement référence aux « borgnes » ayant joués pour le club. Au milieu des années 1920, l’équipe était constituée de trois joueurs souffrant d’une anomalie de la vue (pour certain ce n’était qu’un strabisme). Il s’agissait d’Alfredo Ghierra (fondateur du club), son frère Adolfo Ghierra et Manuel Bravo. Cet handicap ne fut pas un obstacle à la carrière des deux frères Ghierra puisqu’ils furent internationaux uruguayens et Alfredo fut même champion olympique en 1924 et champion d’Amérique du Sud en 1923, 1924 et 1926. Même si leurs résultats en club furent moins flamboyant, beaucoup de gens allaient les admirer jouer même sans être supporteurs du club. Ils disaient alors « nous sommes allés voir le borgne ». Le surnom prit alors racine. Pour certains (et ce n’est pas le cas de la version officielle), ces problèmes oculaires seraient liés à l’autre métier exercé par les joueurs de l’équipe. En effet, plusieurs auraient été des ouvriers d’une verrerie de Punta Carretas, quartier de Montevideo où naquit le club, et ils se seraient blessés aux yeux avec des éclats de verre. Cette version n’est pas appuyé d’éléments probant et pourrait être un amalgame avec les origines du club. En effet, le nom « Defensor » vient d’une équipe formée en 1906 par des ouvriers d’une verrerie de Punta Carretas, appelée « Defensores de la Huelga ». Enfin, en parallèle de la version officielle, une autre histoire circule sur ce surnom. Dans le quartier de Punta Carretas, il y a un phare, construit en 1876 et mesurant 19 mètres de haut. Symbole du quartier, il apparaît sur le blason du club. Ce phare clignote pour se distinguer des autres (depuis 1948, alternance d’un flash rouge et d’un flash blanc). Cet effet aurait donné l’impression aux personnes qui l’observait qu’ils leur manquaient un œil (ou qu’ils clignaient des yeux).
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#150 – Montevideo Wanderers FC : Bohemios, Vagabundos
Bohémiens, vagabonds. Si vous parlez anglais, vous comprenez immédiatement d’où provient ce surnom puisque wanderers signifie, dans la langue de Shakespeare, vagabond. Ce club de Montevideo, aujourd’hui éclipsé par les mastodontes que sont Peñarol, Danubio et Nacional, demeure une équipe historique du paysage du football uruguayen : 3 fois champions d’Uruguay, notamment dans les premières années d’existence, et club formateur du talentueux Enzo Francescoli. Il eut l’honneur d’être l’un des 3 clubs uruguayens (avec le National et l’Albion), à concourir au niveau international en tant qu’équipe nationale uruguayenne de football. Il joua aussi un rôle fondamental dans la promotion de la Fédération Uruguayenne de Football et l’un de ses membres soutint la fondation de la confédération continentale, CONMEBOL.
Fondé officiellement le 15 août 1902 (même s’il existe des traces d’une existence dès la fin du XIXème siècle), le club fut instauré par une bande de jeunes étudiants qui ne se retrouvaient plus dans la politique du club de l’Albion FC. Parmi ces étudiants, les frères Juan et Enrique Sanderson, qui lors d’un voyage au sein de leur famille expatriée en Angleterre, découvrit l’équipe des Wolverhampton Wanderers. Pour rendre hommage au vainqueur de la Cup en 1893, ils firent adopter par les membres le nom de Wanderers. Ce choix n’était pas uniquement lié à l’équipe anglaise car il faisait état aussi du dénuement du nouveau club. En effet, l’association manquait de moyens : pas de stade attitré et pas de siège. Les joueurs « vagabondaient » donc d’un lieu à un autre pour jouer à leur sport favori (ce qui était d’ailleurs souvent la raison pour laquelle les clubs anglais s’appelaient wanderers). Il s’installa dans son stade actuel, le Stade Alfredo Víctor Viera, une enceinte de 10 000 places, en 1933.
#109 – Danubio FC : la Franja
La bande. Le maillot blanc du club uruguayen affiche une bande noire qui démarre sur l’épaule gauche et finit en diagonale sur l’aine droite. Tout d’abord, avant la fondation du Danubio, une première tentative de club fut réalisée en 1930, connu sous le nom de Tigre. Chaque joueur apporta un maillot blanc, sur lequel María Mincheff de Lazaroff (dont deux des enfants, Mihail (Miguel) et Ivan (Juan), comptaient dans l’équipe) cousit un détail noir au niveau du cœur. En 1932, une nouvelle tentative fut lancée et donna naissance au Danubio FC. Pour financer le premier jeu de maillot, les fondateurs eurent l’idée d’organiser une tombola. Alcides Olivera, frère aîné de deux des fondateurs, acquit 10 billets de tombola, à condition que les maillots soient identiques à ceux du club des Wanderers Montevideo, dernier champion amateur d’Uruguay en 1931. Ainsi, le maillot du club fut rayé noir et blanc.
Mais, en 1936, lors d’un tournoi organisé par la Liga Parque Rodó, l’organisateur exigea que le club changea de maillot car il ressemblait trop à celui d’une autre équipe (Universal Ramírez). Sans vouloir changer les couleurs, la solution fut trouvée par un joueur de l’équipe, Alfredo López, qui déclara « hagámosla como la de River argentino pero con la banda negra » (Faisons-le comme le club argentin de River Plate mais avec une bande noire). La diagonale noire apparut donc sur le maillot blanc et fut le marqueur du club. Pendant quelques années après, le maillot rayé noir et blanc continua d’être utilisé. Puis, en 1942, le club changea de tenu et adopta définitivement la diagonale noire. En 1967 et en 1968, pour une raison inconnue, la diagonale apparaissait bien sur le maillot mais elle démarrait de l’épaule droite pour finir sur l’aine gauche (l’inverse de la direction traditionnelle).
#62 – Peñarol Montevideo : Carboneros
Les charbonniers. Tout remonte aux origines du club. Le 28 septembre 1891, 118 employés de la compagnie Central Uruguay Railway créèrent le Central Uruguay Railway Cricket Club, un club de cricket et de rugby (puis de football dans les années qui suivirent). Parmi ces cheminots, 72 étaient de nationalité anglaise, 45 uruguayens et un allemand. La présence d’autant de cheminots n’était pas le fuit du hasard car le quartier de Peñarol était l’un des centres névralgique du secteur ferroviaire du pays. En 1891, la compagnie Central Uruguay Railway acquit 17 hectares dans le quartier de Peñarol et y installa ses ateliers ferroviaires ainsi qu’une gare. 52 logements furent également construits pour les cheminots, tant pour les ouvriers que pour les cadres supérieurs, ainsi que des installations culturelles (théâtre et cinéma) et sportives dont le Central Uruguay Railway Cricket Club profita. Cet enclave ferroviaire contribua nettement au développement de la région. Jusqu’à la suppression du service voyageurs en 1987, la vie du quartier fut modelé par l’activité ferroviaire. Le quartier se réveillait à 6 heures avec la sirène aigu des ateliers, qui se répétait avec un son plus grave 15 minutes plus tard. Puis, à 14 heures, une nouvelle sirène libérait les ouvriers. La Central Uruguay Railway était une société d’origine anglaise qui avait la charge de la gestion des chemins de fer en Uruguay depuis 1878, avec quatre autres compagnies ferroviaires. Elle était considérée comme la plus importante, car il disposait du plus grand réseau ferré (environ 1 560 kilomètres de voies).
La section football du Central Uruguay Railway Cricket Club devint indépendante en 1913 pour devenir Peñarol. Mais, pour rappeler le lien originel avec le monde ferroviaire, le surnom carboneros s’imposa. Car, les locomotives à vapeur avaient comme source d’énergie le charbon … d’où les charbonniers.
#57 – Nacional Montevideo : Bolsilludos
Bolsilludos signifie petite poche. Le premier maillot, portée depuis la fondation du club en 1899 jusqu’en 1902, était rouge avec un col et une manche bleue. Le 24 mars 1902, l’équipe fut obligée de changer de tenue à la demande de la fédération car son équipement était trop similaire aux couleurs d’un autre club, Albion FC. Ce n’était pas la seule raison. En effet, la teinte rouge des maillots s’estompait au fil de l’usage et aucune autre tenue de qualité put être trouvée.
Le choix du nouvel uniforme se porta alors sur une chemise intégralement blanche. Mais, cette dernière avait la particularité d’avoir une poche, ce qui donna le surnom bolsilludos (ou bolsos – sac à main). Au bout de 4 ans, cette poche disparut des maillots mais l’image resta.
Pour comprendre le choix des couleurs (aussi bien le bleu et le rouge initial puis le blanc), je vous invite à vous reporter aux articles #501 et #1092.
