#255 – Maccabi Haifa FC : הירוקים

Les verts. Fondé en 1913, le club évoluait dans les couleurs traditionnelles du mouvement sioniste et sportif, Maccabi, soit le bleu et le blanc. Puis, en 1953, le club changea pour le vert, un peu par hasard. En effet, le club mandata l’un de ses membres, Avigdor Hershkovitz, de faire une tournée de levée de fonds aux Etats-Unis. Le club avait acquis une petite renommée suite à une tournée américaine réalisée en 1927 où le club remporta de nombreux matchs mais perdit la moitié de son effectif qui préféra rester au pays de l’Oncle Sam. Hershkovich rencontra un millionnaire juif qui possédait un magasin de vêtement. Ce dernier lui proposa d’équiper toute l’équipe avec un nouvel uniforme. Hershkovich consulta alors la direction du club pour connaître s’il y avait une couleur particulière souhaitée. Face à cette générosité et ne voulant pas abuser de la situation, la direction indiqua que la couleur n’était pas importante, tant que les uniformes n’étaient pas rouge, la couleur du rival local, l’Hapoel Haifa (qui comme toutes les équipes du mouvement sportif Hapoel portaient des maillots rouges). Finalement, le confectionneur fournit un kit complet de couleurs vert et blanc . Avec ce nouvel uniforme, l’équipe remporta une série de victoires qui convainquit les joueurs et la direction de conserver ces couleurs.

#229 – Mamelodi Sundowns FC : the Brazilians

Les brésiliens. Ce surnom est dû à la tenue du club sud-africain puisque ce dernier arbore un maillot jaune avec des parements verts ainsi qu’un short bleu, exactement la tenue portée par l’équipe nationale brésilienne. Ce kit fut mis en place à la reprise du club par Zola Mahobe en 1985. Homme d’affaires, il révait depuis son enfance de posséder un club de football. Au début des années 1980, Mamelodi était une modeste équipe de la ligue sud-africaine et, avant son rachat, frolait avec la relégation. Mahobe réalisa un certain nombre d’innovations, jusqu’alors inédites dans le football sud-africain. D’abord, il donna des moyens financiers au club pour recruter de bons joueurs, en leur faisant signer des contrats (choses rares à l’époque) et des salaires importants, ainsi qu’un entraineur qui allait mettre en place un style de jeu particulier. Les joueurs partaient en camp d’entrainement au Brésil et en Italie. Mahobe avait conscience aussi que l’image était importante pour créer un grand club. Il se fixa de transformer ses joueurs en vedettes médiatique, notamment en leur donnant des surnoms comme Harold “Jazzy Queen” Legodi, Harris “TV4” Tshoeu, Sam “Eewie” Kambule et Jan “Malombo” Lechaba. Il prit aussi la décision d’inspirer les joueurs et de séduire les supporteurs en leur faisant porter une tenue identique à l’une des équipes les plus reconnues, qui faisait rêver (déjà détentrice de 3 titres de champion du monde et qui comptait à l’époque Zico et Socrates) : le Brésil.

#174 – AS St Etienne : les Verts

Le club stéphanois a acquis sa popularité grâce à ses campagnes européennes des seventies (en particulier celle de la saison 1976 qui les verra prendre une bain de foule lors de la descente des Champs-Elysées alors qu’il venait de perdre la finale de la C1 face au Bayern Munich), et à une chanson « Qui c’est les plus forts ?… Évidemment c’est les Verts », sorti en 1976 et chanté par Jacques Monty. Car le club est reconnu parmi tous par ses maillots intégralement verts, une couleur assez peu portée par les équipes françaises. Est-ce la couleur du gazon qui inspira le club pour le choix du vert ? Oui et Non. Si la fondation du club remonte officiellement à 1933, le club puise ses origines dans l’équipe corporatiste de la grande enseigne de distribution, Casino. Le fondateur du groupe, Geoffroy Guichard, naquit au sein d’une famille d’épicier à St Etienne. En 1889, il s’allia à son cousin par alliance Paul Perrachon qui dirigeait depuis dix ans une épicerie installée dans l’ancien Casino Lyrique de Saint-Etienne. Ce Casino Lyrique était un cabaret aux mœurs légères, ce qui entraîna sa fermeture en 1858. L’espace rouvrit en 1860 mais pour accueillir une épicerie de détail. Le propriétaire, M. Bréchaud, conserva le nom de « Casino » pour son magasin (une notoriété facile à gagner auprès des clients), comme le feront les suivants, parmi lesquels la famille Perrachon et Geoffroy Guichard. Ce dernier racheta les parts de son cousin par alliance en 1892 puis fonda en 1898 la société des magasins Guichard-Perrachon, à l’origine du Groupe Casino. L’établissement se développa rapidement, comptant déjà 100 succursales dans toute la région en 1904. Comme souvent à cette époque, l’entreprise accompagna ses employés dans la vie courante via des oeuvres sociales et sportives. En 1904, les employés de Casino bénéficièrent d’une caisse de prévoyance et d’assurance décès, puis d’un service médical et pharmaceutique en 1905, de primes aux familles nombreuses et à la naissance en 1910 ou encore d’allocations familiales et d’une participation aux résultats à partir de 1916. En 1912, Casino créa également une association sportive (l’Amicale des employés de la Société des magasins Casino), qui lança une section football en juillet 1919. Réservée aux employés de Casino, cette dernière changea plusieurs fois de nom jusqu’à se fondre en 1933 dans le nouveau club professionnel créé à St Etienne, l’ASSE. Fortement affilié et soutenu par le groupe Casino, le nouveau club adopta les couleurs de l’enseigne, le vert. Pourquoi Geoffroy Guichard et Casino choisirent le vert comme couleur des magasins ? Le bâtiment du Casino Lyrique qui devint le siège du groupe était situé au 5 rue des Jardins. Or, les Jardins firent penser à la verdure, donc au vert.

#165 – CDC Atlético Nacional : el Verde, el Verde y Blanco

Le vert, le vert et blanc. Ces deux couleurs sont celles du club colombien, ayant l’un des plus beaux palmarès du pays. Né en 1947, le club opta pour les couleurs vertes et blanches, celles qui apparaissent sur le drapeau du département d’Antioquia. Le club représente la ville de Medellín, qui est la capital du département d’Antioquia. Ce drapeau remonte à l’indépendance du pays en 1810. Les couleurs choisit faisaient référence à celles de l’Université d’Antioquia, fondée quelques années plus tôt, en 1803. Mais également aux couleurs de la province de Carthagène lorsqu’elle déclara son indépendance de l’Espagne en 1811. Le drapeau est composé de deux bandes horizontales, une blanche en haut et une verte en bas, de largeur égale. Selon la version officielle, la couleur blanche symbolise la pureté, l’intégrité, l’obéissance, l’éloquence et le triomphe. Le blanc rappèle aussi pour le club la couleur de la fleur du Pourpier, une plante endémique de la régio, qui donna également un autre surnom au club. La couleur verte représente les montagnes du département, l’espoir, l’abondance, la foi, le service et le respect. Pour unifier le département, Medellín retiendra également le même drapeau, en rajoutant ses armoiries au centre. D’autres surnom ont dévié de ceux-ci, en particulier el verde de la montaña (le vert de la montagne). Le département d’Antioquia est traversé par deux chaînes de la cordillère des Andes, les chaînes de montagnes occidentale et centrale, qui atteignent plus de 4.000 mètres. Pour cette raison, Medellín est appelée « la capitale de la montagne ». Le club est également surnommé el Verde Paisa, le paisa vert. Paisa est à la fois le nom de la région nord-est de Colombie, englobant plusieurs départements dont celui d’Antioquia, ainsi que les habitants de cette région. Paisa est un apocope du mot espagnol  Paisano, qui signifie paysan (la région étant une important aire de production agricole du pays, notamment le café). Dans certains pays d’Amérique du sud (Panamá, Equateur, Venezuela), le terme est un synonyme de Colombien.

#133 – Sporting Portugal : Verdes e Brancos

Les verts et blancs. Au départ, le Sporting Portugal évoluait dans un maillot blanc, héritage des clubs prédécesseurs. Le 25 octobre 1908, à Feiteira, le Sporting Clube de Portugal présenta son nouveau maillot. Eduardo Quintela de Mendonça, l’un des fondateurs, fit fabriquer en Angleterre un nouveau maillot. Il était divisé en deux parties verticales : une blanche qui reprenait la couleur originelle, et une verte, couleur choisi à la fondation du club et exprimant l’espoir du succès du club. Le short était blanc puis noir à partir de 1915. Ce maillot fut dénommé « Stromp » en l’honneur d’un des autres fondateurs, Francisco Stromp. Même s’il fut utilisé de nombreuses années, ce maillot présentait de nombreux inconvénients (trop lourd en cas de pluie, trop large offrant des prises aux adversaires …). Fin 1926, en regardant un match de rugby dans lequel le Racing Club de France jouait, José Salazar Carreira, président, fut impressionné par les maillots portés par cette équipe, car plus léger et plus près du corps. Hors le Racing évoluait dans un maillot affichant des rayures verticales. José Salazar Carreira fit fabriquer des copies, le club passant alors d’un maillot scindé en deux à un maillot à rayures verticales, mais toujours en vert et blanc.

#115 – Raja CA Casablanca : l’Aigle Vert

Ces deux éléments, l’animal et la couleur, sont des symboles forts du club, qui l’accompagne depuis la création en 1949. Le club se forgea sous le protectorat français et pour ses fondateurs, dont le Père Jégo (un des promoteurs du football au Maroc), les clubs se devaient d’être des associations nationalistes. L’aigle symbolisait alors la force, le prestige ainsi le combat, la résistance. Au fil des années, et de la domination du Raja sur le football marocain, le club, comme l’aigle, survolait ses adversaires, le championnat. Le vert est également la couleur du club (avec le blanc) depuis sa fondation. Le vert est une des composantes du drapeau marocain. Ce dernier intègre une étoile verte à cinq branches sur un fond rouge. Le rouge est la couleur des Alaouites, la dynastie régnante au Maroc. L’étoile à cinq branches représente le « sceau de Salomon » et le vert symbolise l’espoir et le courage. Les cinq branches représentent aussi les cinq piliers de l’Islam et le vert est la couleur de l’Islam (car elle est censée être la couleur préférée de Mahomet). Quant au blanc, il est associé à la ville de Casablanca que le club représente au Maroc (avec son rival, le Wydad).

#94 – CS Marítimo Funchal : Verde-rubros

Les verts et rouges. Le club fut créé par opposition à une autre formation locale, Club Sports Madeira. Le CS Madeira était le club des élites locales, tandis que le CS Marítimo puisait ses origines dans les couches modestes de l’île. Le CS Madeira évoluait en bleu et blanc, les couleurs de la Monarchie. Le CS Marítimo souhaita prendre des couleurs opposés et repris celles du Parti républicain portugais (vert et rouge). Créé en 1876, le premier congrès du Parti Républicain eut lieu le 5 janvier 1891. Les partisans choisirent alors deux couleurs pour leur mouvement : le rouge et le vert. Le rouge représentait le sang versé par les combattants, en particulier les républicains. Le vert avait conquis le titre de couleur de l’espoir depuis l’avènement du courant philosophique du Positivisme d’Auguste Comte. Il eut un grand échos au XIXème siècle, en particulier au Brésil (le drapeau du pays est principalement vert avec comme devise, ordre et progrès, valeurs défendues par le Positivisme) et au Portugal.

Il faut rappeler que la création du club remonte au 20 Septembre 1910. Depuis le début du XXème siècle, le Portugal vivait d’importantes perturbations politiques et sociales. Les partis républicains, libéraux, progressistes, réformistes, socialistes, régénérateurs et monarchistes entre autre s’opposaient régulièrement. Les obstructions étaient donc nombreuses et l’agitation sociale croissante. En 1907, un coup d’Etat se produisit et renversa le système de monarchie parlementaire pour instaurer un pouvoir royal fort au profit du Roi Charles Ier. Mais cette dictature ne résista pas aux mouvements républicains. Ces derniers parvinrent à assassiner le Roi le 1er février 1908. Le fils de Charles Ier, Manuel II, monta sur le trône pour tenter de ramener en vain le calme. Une révolution à Lisbonne renversa la Monarchie et la Première République fut déclaré le 5 octobre 1910. Dans la foulée, en 1911, une commission décida de remplacer le drapeau royal du pays (bleu et blanc) par un nouveau (que nous connaissons encore aujourd’hui), qui reprenait les symboles du Parti Républicain. Le vert et le rouge était donc à la mode.

#72 – Real Betis Balompié : Verdiblancos

Les verts et blancs. Le surnom fait bien évidemment référence aux couleurs du maillot du Real Betis. Dans les premières années, le club jouait en maillot bleu et un short blanc. Fin 1911, le club commença à utiliser une chemise à rayures verticales de couleurs vertes et blanches. L’un des fondateurs, Manuel Ramos Asensio, avait étudié une année aux Maristes de Dumfries, près de Glasgow. Or, les Maristes de Glasgow représentaient le berceau du Celtic Glasgow qui évoluait avec un maillot à rayures blanches et vertes, couleurs traditionnelles de l’Irlande (cf. #249). Il influença donc pour que le club se fournit en Ecosse et que l’équipe portât cette nouvelle tenue blanche et verte.

Après la fusion entre le club et le Betis Football Club en 1914, le club abandonna le maillot vert et blanc pour se tourner vers d’autres couleurs. Parfois, les joueurs portaient un maillot avec des rayures jaunes et noires que le Betis Football Club utilisait par le passé. D’autres fois, un maillot vert intégralement vert était arboré. Cependant, la tenue dominante demeurait le maillot bleu et le pantalon blanc.

Puis, en 1919 ou 1920, le maillot vert et blanc que Manuel Ramos avait proposé en 1911 redevint la tenue principale. Hasard ou pas (personne ne le sait), le retour à ces couleurs coïncida avec l’adoption officielle par l’Andalousie lors de l’Assemblée de Ronda en 1918 de sa bannière qui se composait de deux bandes horizontales vertes (une en haut et l’autre en bas) et d’une centrale blanche. Ce drapeau fut l’oeuvre de Blas Infante, homme politique nationaliste andalou. Dans un article intitulé Las insignias de Andalucía (les insignes de l’Andalousie) publié dans la revue Andalucía le 31 Décembre 1919, le drapeau était ainsi décrit « Verde es la vestidura de nuestras sierras y campiñas prendida por los broches de las habitaciones campesinas blancas (…), blancas son nuestras villas y antiguas ciudades de blancos caseríos con verdes rejerías orladas de jazmines. Pura y blanca como un niño, es la Andalucía renaciente que nuestro regazo calienta. Y es aquella esperanza siempre reverdecida y ya conscientemente sentida y definida por los nacionalistas andaluces (…). La bandera blanca y verde enseña de esa pureza y de esa esperanza. » (Le vert est le vêtement de nos sierras et de nos campagnes épinglées par les broches des chambres blanches des paysans (…), le blanc est celui de nos villages et de nos vieilles villes aux fermes blanches à treillis vertes bordées de jasmin. Pure et blanche comme un enfant, c’est l’Andalousie renaissante que notre giron réchauffe. Et c’est cet espoir qui est toujours vert et déjà consciemment ressenti et défini par les nationalistes andalous (…). Le drapeau blanc et vert est l’enseigne de cette pureté et de cette espérance). Mais ce drapeau eut du mal à se faire connaître des andalous et il fallut attendre les années 1930 pour que son aura investît la population andalouse. En 1932, pour l’imposer aux Andalous, la Commission de l’Assemblée régionale rappelait à la presse que l’interprétation symbolique la plus largement acceptée des bandes alternées vertes et blanches était qu’elles représentaient des maisons blanches sur un champ vert, les villages et les champs andalous.

Depuis le début des années 1920, le kit de l’équipe a été le maillot rayé vert et blanc et le short blanc.